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Point de presse de M. Pascal Bérubé, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière d’éducation et d’enseignement supérieur

Version finale

Thursday, May 4, 2023, 14 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Quatorze heures)

M. Bérubé : Bonjour, tout le monde. À mon tour de vous livrer mes commentaires sur cette nouvelle réforme des structures en éducation de la Coalition avenir Québec, la deuxième en trois ans — c'est d'abord une réforme de structure — à la fois comme porte-parole en matière d'éducation du Parti québécois, mais également comme enseignant diplômé en enseignement au secondaire, le nouveau bac de quatre ans, et qui connaît bien le réseau, qui a encore des contacts importants dans le monde enseignant, et qui reçoit régulièrement de mes concitoyens d'ailleurs au Québec des témoignages sur les priorités en éducation.

Rappelons que le ministre de l'Éducation et la CAQ se sont donné sept priorités. Le Parti québécois, on en a une, la réussite scolaire, et tout le reste, c'est des moyens pour y arriver. Alors, quand le ministre décide de proposer une réforme, de légiférer, on s'attend que ça soit prioritairement pour les enjeux importants dans la réussite scolaire : le soutien aux enseignants, par exemple, la présence de professionnels, des écoles de qualité, s'assurer qu'on a tous les moyens pour la réussite scolaire.

Or, ce qu'on nous annonce aujourd'hui, pour une deuxième réforme en trois ans, c'est une centralisation jamais vue des pouvoirs en éducation auprès du ministre actuel. Est-ce que c'est lui qui réclame tous ces pouvoirs, celui, notamment, de nommer l'ensemble des directeurs généraux des centres de services scolaires, qui vont se rapporter à lui, qui seront nommés par le gouvernement du Québec? Qu'est-ce que ça veut dire pour les élèves? On ne le sait pas. Qu'est-ce que ça veut dire pour le pouvoir du ministre? On le sait. Alors, le principal bénéficiaire de cette réforme des structures, c'est le ministre de l'Éducation, qui ne se fera jamais contredire sur la place publique et, qui sait, qui pourra peut-être nommer à sa convenance les gens qui siègent dans ses instances.

Moi, je m'inquiète parce que j'ai vu, du côté des sous-ministres, des nominations partisanes comme on n'avait jamais vu. Et je prends un exemple récent. J'ai fait l'étude des crédits en tourisme et j'ai eu la surprise de voir une sous-ministre pour qui l'occupation précédente était d'être candidate de la Coalition avenir Québec dans Maurice-Richard. Et c'est le cas dans d'autres postes de sous-ministre également.

Donc, une réforme des structures qui ne répond pas aux attentes des enseignants et enseignantes, des professionnels, des parents. Je ne sais pas où est-ce qu'on s'en va avec ça. CAQ, on dirait que ça veut de plus en plus dire Centralisation avenir Québec.

Je veux rappeler également que le gouvernement du Québec semble combattre sa propre créature. Le projet de loi n° 40 a consacré la création des centres de services scolaires, qui, eux, remplaçaient les commissions scolaires. C'est les mêmes bâtiments, c'est le papier à lettres qui a changé. Grande différence, on a éliminé les élus scolaires. Est-ce que c'était utile, est-ce que c'était nécessaire, ce n'était pas le critère. C'était : C'était populaire, voire populiste de dire : Le taux de participation n'est pas élevé, puis on va couper ces élus. Résultat des courses, pour les élus de l'Assemblée nationale, quand vient le temps de discuter avec les représentants des centres de services scolaires, ils n'ont pas grand-chose à nous dire, ils se méfient un peu. Ils se rappellent... Ils se rapportent au ministre, et là encore plus parce que c'est le ministre qui va les nommer.

De la démocratie scolaire, il y en a de moins en moins. Les conseils d'administration, les conseils d'établissement, et tout ça, tout le monde va avoir peur des décisions du ministre, qui sera le seul à décider. En fait, on dirait que Bernard Drainville réalise le rêve que Gaétan Barrette avait pour la santé : être maître absolu du réseau de l'éducation. Un leadership fort, ce n'est pas de tout contrôler, c'est de faire confiance aux professionnels, où qu'ils soient.

Quand le ministère de l'Éducation a été créé, quand un de ses plus illustres ministres, Paul Gérin-Lajoie, a occupé ce poste, je ne pense pas qu'il avait en tête que la priorité était d'avoir tous les pouvoirs pour lui. C'était une vision qui était très grande pour l'éducation, et c'est un ministre, moi, qui m'inspire particulièrement, le grand Paul Gérin-Lajoie, qui a été ministre libéral pendant la Révolution tranquille.

Qu'est-ce qu'on retrouve également dans le projet de loi? Outre les structures, bien, il y a la création d'un institut national d'excellence en éducation, un genre d'INESSS de l'éducation. On n'est pas contre, ça vient uniformiser les pratiques et aussi, bien, ça repose sur la science. Alors, il se fait beaucoup d'études de qualité en éducation au Québec et il est sain que le ministère puisse s'en inspirer, voire appliquer les mesures. Et je compte sur le ministre pour s'appuyer sur la science de l'éducation. D'ailleurs, on dit souvent «les sciences de l'éducation», j'en suis un diplômé moi-même. Très bien. Qu'on en tienne compte.

Donc, que retenir de nos échanges que nous aurons? C'est déjà prévisible. Alors que les besoins sont criants au quotidien pour le ministre quant à la réussite scolaire, quant aux enseignants et enseignantes qui ont besoin de soutien, qui sont épuisés, qui quittent le réseau, quant aux écoles qui sont vétustes, quant aux enfants qui ne mangent pas à leur faim avant d'entrer à l'école, quant à l'école à trois vitesses où on réussit beaucoup mieux au privé et mieux aussi dans les écoles à vocation particulière avec des projets éducatifs que dans l'école publique, quand on envoie trois quarts de milliard dans les écoles privées sans questionner trop, quand on maintient les écoles religieuses parce qu'on considère que c'est bien correct que la foi soit au cœur du projet éducatif de certaines écoles, il me semble qu'on s'éloigne de l'essentiel.

Les grandes fédérations d'enseignants et enseignantes, la CSQ, la FAE nous disent essentiellement que les solutions sont connues. Elles demandent à M. le ministre d'y mettre les ressources, d'y mettre la volonté politique. Mais ce que je retiens essentiellement de ce qui est présenté aujourd'hui, c'est une centralisation jamais vue du réseau de l'éducation. Et, en cette semaine où on va procéder à, je dirais, la concrétisation, le couronnement d'un roi en Angleterre, bien, il semble que, pour la première fois de l'histoire, on aura un véritable monarque à la tête du réseau de l'éducation, qui n'aura pas de contre-pouvoir et qui va régner, comme on n'a jamais vu, sur le réseau. Si on était convaincus que ça donne des résultats, déjà là, ça serait mieux, mais, je le répète, et ça sera ma conclusion, on sait que ça ne rapporte rien aux élèves, aux enseignants de façon concrète. Par contre, on sait qui en est le principal bénéficiaire : le ministre de l'Éducation, qui obtient tous les pouvoirs. Et ça, je ne crois pas que ça soit la priorité du réseau de l'éducation. Je vous remercie.

(Fin à 14 h 06)

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