(Dix heures trente et une minutes)
M. St-Pierre Plamondon : Bonjour,
tout le monde. Je veux évidemment revenir sur l'Initiative du siècle, un sujet
qui est revenu dans l'actualité grâce à un dossier qui est paru samedi. C'est
important pour nous, au Parti québécois, de rappeler que c'est une question qu'on
a soulevée bien avant que les médias s'en saisissent. Et on l'a soulevé en
écrivant directement au premier ministre du Québec. La lettre, ici, est datée
du 18 février 2021, et elle soulève des questions fondamentales sur le
droit du Québec de faire ses choix démocratiques sur des questions comme l'immigration,
sur l'impact de l'Initiative du siècle sur le français. Et ce n'est pas la
seule initiative qu'on avait prise. Joël, notamment, a posé plusieurs questions
au premier ministre.
Puis, essentiellement, on revenait
toujours sur les mêmes deux questions fondamentales : Avez vous été
consulté d'une quelconque manière par rapport à cette initiative du siècle? Et,
si vous n'avez pas été consulté, avez-vous nommé publiquement, officiellement,
votre désaccord? Avez-vous demandé d'être consulté? Parce que l'entente de 1991
Québec-Canada sur l'immigration oblige le gouvernement fédéral à consulter le
Québec. Et, comme pour le chemin Roxham, parce que vous vous souviendrez que j'ai
posé la question au gouvernement, tant à la ministre qu'au premier ministre :
Avez vous été consulté par rapport à l'entente sur Roxham?, la réponse était
non. Cette missive-là est demeurée lettre morte, aucun suivi par rapport au
Parti québécois, aucun suivi dans l'espace public et, je me doute fort, aucun
suivi formel par rapport au gouvernement du Canada.
Donc, je veux bien que Jean-François
Roberge... maintenant que c'est médiatique, maintenant que c'est dans les
médias, je veux bien que Jean-François Roberge s'exclame en parlant de lubie du
siècle puis là qu'on fasse des déclarations. Moi, ma question à M. Roberge,
c'est : Où étiez-vous depuis un an et demi? Où était le premier ministre
lorsqu'on lui posait des questions fondamentales? Est-ce que c'est normal que
le gouvernement du Québec fasse son travail seulement lorsqu'un dossier devient
médiatique, surtout lorsque ce sont des questions fondamentales comme la
pérennité du français, les questions de logement?
Je souligne qu'il y a plusieurs aspects
qui ont été traités dans ce dossier, samedi, mais il y en a un qui pourrait...
qui a été passé sous silence et qui pourrait faire l'objet d'un suivi, c'est l'énergie.
J'ai demandé à M. Fitzgibbon, au ministre, lors des crédits, je lui ai
demandé : Votre planification de l'énergie des prochaines années, avec les
barrages que vous considérez construire, est-ce que c'est sur la base de la
démographie actuelle ou la démographie que veut nous imposer le Canada avec 100 millions
de personnes pour 2100? Et sa réponse fut : Démographie actuelle, c'est
les besoins qu'on a en fonction des tendances actuelles, non pas d'une
accélération de l'immigration. Et il convenait que, si la population du Québec
passe de 9 millions, environ, à 20 millions, environ, il y a des
enjeux très, très importants également d'énergie qui se posent. Donc, ce sera
également un aspect qu'on pourra évaluer.
Et vous comprendrez que nous sommes bel et
bien devant une dépossession démocratique, c'est-à-dire que ces aspects-là
doivent être discutés, doivent être réfléchis, mais ce que le gouvernement du
Canada veut faire, c'est nous imposer cette vision-là, sans débat. Et ça place
le gouvernement de la CAQ dans un dilemme, à savoir est-ce que... Puis moi, je
veux une réponse du premier ministre, là. Vous savez qu'en fin de semaine la
CAQ a retiré de son programme la volonté de rapatrier les pouvoirs en
immigration. Donc, désormais, il faut comprendre que la CAQ n'a plus cette
prétention-là, donc, dans quel cas je veux savoir de la part du premier
ministre : Si vous n'êtes plus pour obtenir les pouvoirs en immigration et
que votre engagement envers le Canada est absolu et éternel, j'aimerais que
vous me disiez si vous optez pour l'affaiblissement, voire la disparition, à
long terme, du français dans le Canada, ou si vous optez pour la diminution du
poids politique du Québec dans le Canada, qui devrait osciller, là, autour du
12 %, 13 %, 14 % de la population canadienne?
Mais, puisqu'il tient à demeurer dans le
Canada et puisqu'il abdique sur ses engagements électoraux en matière de
rapatriement des pouvoirs en immigration, il ne demeure que deux options, puis
je veux savoir s'il choisit le déclin du français ou s'il choisit le déclin de
notre pouvoir politique dans le Canada, deux options qui sont inacceptables à
nos yeux. Nous voulons l'indépendance du Québec. Nous voulons un pays qui
choisit ses propres orientations suite à des débats démocratiques, transparents
et sains, et non pas suite à des trucs occultes organisés entre McKinsey et
Justin Trudeau. Sur ce, je vais prendre vos questions.
M. Bossé (Olivier) : C'est le
grand remplacement, monsieur...
M. St-Pierre Plamondon : Non,
ça, c'est... les seuls qui utilisent cette expression-là, qui, je pense, relève
du débat européen, c'est ceux qui tentent d'empêcher toute réflexion sur ce
sujet-là. Mais il n'est absolument pas question de théorie du complot, il est
question de lettres en bonne et due forme que j'ai rédigées au premier ministre
et pour lesquelles je n'ai toujours pas de réponse, il est question de légitime...
il est question d'enjeux légitimes, comme comment planifier le logement, la
langue française, l'énergie, l'urbanisme et pourquoi prenons-nous cette
orientation-là si on n'en a pas débattu. Ce sont toutes des questions qui n'ont
rien à voir avec le complot, qui sont absolument légitimes dans le débat
démocratique, et je ne me laisserai pas... et je vous l'ai déjà dit, je ne me
laisserai pas intimider par des accusations de complotisme qui visent essentiellement
à nous empêcher de réfléchir et discuter librement de cet enjeu-là.
M. Denis (Maxime) : ...l'immigration
temporaire, on exclut cet enjeu-là aussi, dans tout ça, là.
M. St-Pierre Plamondon : Évidemment.
M. Denis (Maxime) : Ça, c'est
majeur, on en reçoit de plus en plus, on en profite de plus en plus. Qu'est-ce
qu'on fait avec ça?
M. St-Pierre Plamondon : J'ai
posé la question en Chambre. Je pense que c'était mercredi dernier. Et je
posais la question à la ministre : Trouvez-vous ça normal qu'on puisse
renouveler à l'infini son statut d'immigrant temporaire sans avoir à apprendre
le français, sans avoir à démontrer une maîtrise du français? Je n'ai jamais
obtenu de réponse. Mais, à nouveau, la question au gouvernement de la
CAQ : Que faisiez-vous? Quand on vous interpelle à répétition puis que
vous ne répondez pas à nos questions, que faites-vous de concret, à part
attendre que le sujet devienne la première page d'un journal, puis là, ensuite,
gérer votre image? Le gouvernement a une responsabilité d'agir en temps utile
sur les questions qui déterminent notre avenir et de le faire de manière
transparente.
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
que l'identité québécoise est menacée?
M. St-Pierre Plamondon : La
langue française et la culture québécoise sont définitivement menacées. Ces
deux éléments-là sont déjà en déclin. Dans le modèle actuel, nous sommes déjà
dans un déclin de la langue française et de la culture québécoise, de la
consommation culturelle en français. Donc, imaginez si on augmente
substantiellement les seuils d'immigration de manière unilatérale à Ottawa, imaginez
les effets sur la langue, la culture, mais également sur le logement, parce que
nous sommes déjà en crise du logement, sur l'énergie. Il y a beaucoup d'enjeux.
Et ce qui est surprenant, c'est que moi,
ça me fait plaisir de débattre avec quelqu'un qui croit que l'Initiative du
siècle est nécessaire. Je suis vraiment ouvert à un débat respectueux, mais ce
n'est pas ça qu'on tente de faire ici, on tente de nous empêcher de réfléchir
et de débattre de manière transparente. Ottawa tente de nous l'imposer sans
pour autant en faire une politique officielle, là. Puis je ne veux pas mal
citer Mme Petitpas Taylor, hier, là, mais elle dit : Ce n'est pas la
politique officielle du gouvernement du Canada. La réponse, c'est : Ce
n'est peut-être pas votre politique officielle, mais c'est bel et bien votre
politique effective, c'est ce que vous êtes en train de faire sans le nommer
pour éviter d'avoir à débattre avec tout le monde de si la population est
d'accord avec cette approche-là ou non.
M. Duval (Alexandre) : Votre
propre cible de 40 000...
M. St-Pierre Plamondon : 35 000.
M. Duval (Alexandre) : ...35 000,
selon les projections qui ont été faites, mènerait à un déclin du poids du
Québec au sein du Canada. Est-ce que ça va vous amener à réviser vos propres
cibles?
M. St-Pierre Plamondon : Non,
ça va nous amener à faire l'indépendance du Québec.
M. Lachance (Nicolas) : Bien,
malgré l'indépendance du Québec, là, si vous avez l'indépendance du Québec, le
poids de ce pays-là à travers l'Amérique du Nord, qu'est-ce qu'il va être, si
on n'accueille pas plus de personnes, en termes d'emploi, d'économie?
M. St-Pierre Plamondon : En
termes d'emplois, d'économie, d'environnement, de langue et de culture, il y a
très peu... probablement aucun scénario dans le cadre duquel on demeure dans le
Canada et dans le cadre duquel on ne connaîtra pas un déclin marqué. C'est vrai
pour les francophones dans toutes les autres provinces canadiennes.
M. Lachance (Nicolas) : ...inversé,
là, c'est : On a un Québec souverain, là, sur le plan économique,
démographique, là, comment on fait pour suivre la parade si on n'accueille
personne?
M. St-Pierre Plamondon : La
parade de qui?
M. Lachance (Nicolas) : Bien,
si le Canada prend de l'ampleur, fait rentrer des immigrants, donc l'économie
continue à rouler, on peut faire croître des entreprises. Si on n'a personne
pour travailler dans nos entreprises au Québec parce qu'on n'accueille plus
d'immigrants, parce qu'on les restreint à 35 000, mais qu'on en aurait
besoin du double, par exemple, pour faire rouler l'économie, pour qu'il y ait
du monde dans nos restaurants, dans nos entreprises, on fait quoi, au Québec?
M. St-Pierre Plamondon : Vous
présumez que l'immigration...
M. Lachance (Nicolas) : ...je
vous pose la question.
M. St-Pierre Plamondon : Oui,
il y a une prémisse dans votre question.
M. Lachance (Nicolas) : Qu'est-ce
que vous faites?
M. St-Pierre Plamondon : Il y
a une prémisse dans votre question, c'est celle que l'économie ne peut pas
fonctionner sans des seuils d'immigration élevés. C'est une prémisse qui est
non vérifiable, c'est-à-dire que l'Ontario mise sur des seuils d'immigration
très élevés depuis des années, puis, pour autant, la pénurie de main-d'œuvre
est toujours là. Pourquoi? Parce que c'est pas mal... comme le disait Pierre
Fortin, l'économiste, c'est pas mal à effet neutre. L'immigration amène du
travail et de la consommation de manière assez équivalente. Par contre, ça a un
impact très important sur le logement si on n'est pas capables de suivre la
cadence. Donc, le Québec s'autodéterminera en fonction d'une discussion
transparente. Le sujet de ce matin, c'est la dépossession démocratique,
l'incapacité de débattre de choix importants pour notre avenir, parce qu'Ottawa
a décidé qu'avec McKinsey ils allaient décider et imposer au Québec des
orientations qu'on commence à peine à découvrir et sur lesquelles on commence à
peine à réfléchir parce qu'on nous empêche ou on tente de nous décourager
d'exercer notre droit démocratique à faire ces choix-là.
M. Lachance (Nicolas) : ...de
le dire, c'est comme s'il y avait un complot avec McKinsey puis Trudeau, là.
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
ce n'est pas un complot, c'est un mépris. Ce n'est pas un complot. Un complot,
c'est quelque chose de difficile à cerner. C'est explicite, là. Quel respect du
Québec dans l'épisode de Roxham, où est-ce que, finalement, on a fermé puis on
a signé une entente, sans même informer le premier ministre du Québec? François
Legault, là, n'en parle pas beaucoup, là, mais c'était très méprisant. De la
même manière que les orientations sur plein de questions, les transferts en
santé, les milliards qu'on envoie dans les sables bitumineux, ce sont tous des
exemples de mépris du Québec, parce qu'en fait, au Canada, on s'en fout de ce
que les Québécois pensent, on ne les consulte pas, on ne veut pas les
consulter. Et c'est pour ça que moi, je dis aux Québécoises et aux
Québécois : Pourquoi on ne déciderait pas par nous-mêmes? Pourquoi on ne
serait pas normaux, comme tout autre peuple? Pourquoi on n'aurait pas une
démocratie?
M. Lecavalier (Charles) : ...actuellement,
là, actuellement, M. St-Pierre Plamondon, le nombre d'immigrants
francophones dans les autres provinces canadiennes explose, notamment parce que
c'est plus difficile de venir au Québec. Pendant ce temps là, l'immigration
temporaire, elle, est en forte hausse au Québec, puis c'est assez difficile de
savoir, là, quelle est la langue parlée. Donc, la question que je veux vous
poser, c'est : Il y a-tu... là, en ce moment, est-ce qu'on ne fait pas,
finalement, entrer l'immigration par la porte d'en arrière plutôt que par la
grande porte de l'immigration permanente? Puis, dans le fond, est-ce que ça ne
devrait pas être ça, la solution, c'est-à-dire d'avoir plus d'immigrants, mais
francophones, au Québec?
M. St-Pierre Plamondon : Ah!
mais c'est sûr. Nous, on demande une immigration permanente 100 %
francophone depuis 2017. Ça fait depuis 2017 qu'on dit ça.
M. Lecavalier (Charles) : ...ailleurs
au Canada, puis ils ne viennent pas au Québec.
M. St-Pierre Plamondon : D'ailleurs,
par contre, il faut nuancer, le fédéral a sa part de responsabilité dans le
blocage de dossiers d'immigrants francophones de manière constante et répétée,
là. Donc, il y a une négligence du gouvernement du Québec — vous
m'avez entendu, en Chambre, la semaine dernière, en disant : Si vous avez
le pouvoir en matière d'immigration temporaire, s'il vous plaît, faites votre
travail et allez chercher des francophones — mais il y a également
une part de responsabilité du côté du fédéral. C'est largement documenté, ils
ont ralenti ou bloqué les dossiers d'immigration francophone en direction du
Québec pendant plusieurs années. Je ne sais pas si c'est entièrement corrigé en
date d'aujourd'hui, mais c'est vastement... c'est très documenté ça aussi.
M. Lecavalier (Charles) : Mais
est-ce ce serait possible de suivre le rythme, à peu près, d'Ottawa, vers 2100,
mais avec une immigration 100 % francophone, et de s'assurer que la
culture québécoise puis la langue française, ça reste bien vivant?
M. St-Pierre Plamondon : Notre
évaluation en termes de capacité d'accueil sur le plan linguistique, culturel,
intégration au marché du travail, logement, énergie, urbanisme, puis, je pense,
ça vaudrait la peine d'avoir un débat très transparent avec des experts, mais
notre évaluation qu'on a pu faire en préparation de la dernière campagne
électorale, c'est que notre capacité d'accueil oscille autour de 30 000,
35 000. Et, là-dessus, je veux dire que, dans les années où on avait à peu
près ces seuils-là, le français progressait à Montréal. Donc, l'immigration a
déjà permis au français de progresser à Montréal, l'intégration aussi, le
logement ne posait pas problème. Donc, évidemment, il n'y a pas de chiffre
exact, mais on évalue grosso modo que c'est autour de 35 000, notre capacité
d'accueil, dans quel cas, si le Canada, lui, juge que notre capacité d'accueil
devrait osciller autour de 120 000, jusqu'à 150 000 par année, vous
comprendrez qu'on n'est pas du tout dans les mêmes univers et que les questions
comme celles sur la crise du logement doivent être posées rapidement, parce que
moi, je ne comprends pas comment on va loger autant de personnes sur une base
annuelle avec le rythme auquel on construit.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : ...là-dedans, le 35 000 n'est pas
indépendant du nombre à côté, là, de...
M. St-Pierre Plamondon : De
l'immigration temporaire.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : ...exactement, d'immigrants temporaires, parce
qu'eux aussi, ils en prennent, des logements, puis ils prennent des services,
là, si on le regarde de cette façon-là. Donc, qu'est-ce qu'on fait avec
l'immigration temporaire?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
sur le plan linguistique, nous, on propose que l'immigration temporaire qui
sont les étudiants, on ait un quota, un maximum d'étudiants qui ne maîtrisent
pas le français, de manière à ce que l'écosystème linguistique montréalais
bénéficie d'un nombre de francophones. Puis il y en a plusieurs qui veulent
venir étudier à Montréal. Donc, on a fait cette proposition-là, et, à nouveau,
la CAQ... ça, c'est quand même particulier, les libéraux et les solidaires, QS,
les libéraux étaient en faveur de cette proposition-là et c'est le gouvernement
de la CAQ qui nous a bloqués. Donc, on a des propositions par rapport à l'immigration
temporaire, mais on... c'est juste de souligner que, sous la CAQ, on aura
augmenté par sept fois l'immigration temporaire. Donc, il y a peut-être une
réflexion aussi. Si les libéraux avaient sept fois moins d'immigration
temporaire, il y a peut-être une réflexion à avoir sur la capacité d'accueil en
matière d'immigration temporaire également, et l'avoir de manière planifiée et
sereine, c'est-à-dire laisser tout le monde s'exprimer puis essayer d'arriver à
une conclusion qui soit... qui donne un modèle durable, tout simplement.
M. Lecavalier (Charles) : ...bien,
juste pour conclure sur l'immigration temporaire, l'explosion du nombre
d'immigrants temporaires, en maintenant un seuil, disons, plus bas
d'immigrations permanentes, est-ce que ce n'est pas la démonstration qu'on en a
besoin, de ces gens-là, pour travailler dans les entreprises agricoles, dans
les restaurants, dans les hôtels? Ils travaillent, ces gens-là, là. Donc,
est-ce qu'on en a... Mais, je veux dire, est-ce que ce n'est pas la démonstration
qu'on en a besoin? S'il y a une hausse aussi fulgurante, là, depuis quelques
années, qui risque d'augmenter, là, c'est ce que le ministre a dit en février,
est-ce que ce n'est pas la démonstration qu'ils sont nécessaires pour faire
rouler l'économie?
M. St-Pierre Plamondon : Mais
je ne prétends pas que l'immigration temporaire est appelée à disparaître, je
prétends que, du côté des étudiants, on peut mettre des mesures en place pour
que le français soit plus présent. Je prétends également que, lorsqu'un
immigrant devient permanent, il consomme presque autant et relativement
autant...
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Je m'excuse de vous interrompre, mais là on
parle des travailleurs, ceux qui vont venir cueillir les fraises, là, sur l'île
d'Orléans, là...
M. St-Pierre Plamondon : Exact.
Mais on ne s'oppose pas à ça.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : ...ceux qui nous permettent d'avoir des
services comme ça, là. Ce que dit mon collègue, je pense, c'est : Ça ne
prouve pas qu'on a besoin de ces gens-là? Parce que, sinon, il n'y a personne
qui va les cueillir, les fraises, tu sais.
M. St-Pierre Plamondon : Je
ne m'oppose pas à l'immigration temporaire, mais la présence d'immigration
temporaire ne prouve pas que l'immigration permanente est une solution
structurelle à la pénurie de main-d'œuvre. La preuve, c'est : quand on
regarde des données dans le Canada, qui est allé beaucoup plus loin en matière
d'immigration, ils sont toujours en pénurie de main-d'oeuvre. Je pense,
l'Ontario, c'est près de 1 million par année de personnes accueillies,
puis la pénurie de main-d'oeuvre est plus prononcée, la crise du logement
également. Donc, il faut regarder les données macroéconomiques. Et c'est pour
ça que nous, on parlait, lors de la campagne électorale, notamment, de la
participation au marché du travail chez les aînés, des incitatifs, dans la
réflexion sur ce qui va amener des solutions durables en matière de pénurie de
main-d'œuvre. Donc, il faut être également, là... regarder les données attentivement.
M. Lecavalier (Charles) : Mais,
si je comprends bien... les consultations sur la politique d'immigration de la
ministre, on ne va pas discuter d'immigration temporaire. Donc, est-ce que ça
devrait faire partie de ces discussions-là à votre avis?
M. St-Pierre Plamondon : Bien
sûr.
M. Lecavalier (Charles) : Puis,
et vous, il devrait y en avoir combien? Tu sais, vous avez une cible, là, pour
l'immigration permanente, à peu près 35 000 par année. Pour l'immigration
temporaire, ça se chiffre à combien, selon vous?
M. St-Pierre Plamondon : On
n'a pas déclaré de cible en matière d'immigration temporaire. On a demandé
simplement que le gouvernement se penche sur la maîtrise du français au niveau
des étudiants et au niveau des permis temporaires qui sont renouvelés, dans
quel cas on pourrait peut-être s'entendre sur les secteurs économiques où les
immigrants temporaires sont en contact avec le grand public, supposons, la
restauration, un exemple comme celui-là, on pourrait s'entendre que, lorsqu'on
renouvelle, bien, on s'attend à ce que le français soit évalué, de manière à
donner une chance au français. Donc, à date, à ce jour, on a simplement demandé
une ouverture du gouvernement sur les questions linguistiques entourant
l'immigration temporaire, et on n'a même pas été capables d'obtenir une réponse
positive ou une forme d'ouverture. Donc, vous comprenez qu'on va commencer par
le commencement.
M. Bourassa (Simon) : Est-ce
que c'est payant présentement les questions d'immigration, politiquement, pour
le Parti québécois, avec la position du gouvernement fédéral, votre position
politique au Québec aussi, votre montée dans les sondages?
M. St-Pierre Plamondon : Je ne
pense pas que les sondages récents sont liés à un sujet spécifiquement. En tout
cas, ce n'est pas la rétroaction qu'on obtient. Dans chacun des sujets, on se
concentre sur donner l'heure juste et proposer les solutions qui sont les plus
durables et les plus... à notre avis, les plus porteuses pour notre avenir.
Mais ensuite je ne sais pas.
M. Denis (Maxime) : Sur les
deux chefs de département qui claquent la porte au CIUSSS de l'Estrie-CHUS,
qu'est-ce que ça témoigne de notre réseau de la santé? Puis est-ce qu'on doit
craindre une vague de départs comme ça?
M. Arseneau : Bien, en fait,
on ne souhaite pas, là, que les gestionnaires quittent le navire, mais
visiblement on a encore cette perte, je dirais, de responsabilité puis de prise
sur leur propre profession, leur propre rôle. Donc, ce qu'on voit, c'est qu'ils
ne sont pas entendus et qu'ils n'ont pas l'impression de pouvoir faire la
différence. On déplorait exactement la même chose lorsqu'on parlait des
infirmières qui quittent le réseau parce qu'elles ne sont pas entendues, elles
ne sont pas valorisées, essentiellement, dans leur rôle.
Et là la grande question qui se pose,
c'est : Avec la réforme dont on parle présentement, le projet de loi n° 15,
est-ce que... la concentration des pouvoirs et des responsabilités entre un
nombre plus restreint encore de personnes, est-ce que ça va accentuer cette
espèce de décrochage de la part des gens un peu partout à travers le Québec?
Moi, je pense que ça fait l'objet d'une préoccupation réelle puis qu'on va
certainement pouvoir discuter durant les consultations, qui se compléteront
d'ici quelques semaines, et dans l'étude du projet article par article, parce
qu'en fait on fait un brassage de structure, mais, sur le terrain, les
problèmes demeurent et même s'accentuent, là, notamment avec la démission des
gens, effective ou non, c'est-à-dire un certain découragement, une certaine
démission, puis, dans ce cas-là, c'est carrément de claquer la porte. Alors,
c'est de mauvais augure. Je pense que le ministre doit prendre bonne note du
fait que, pendant tout le temps où il veut réformer la structure, les problèmes
continuent de s'accumuler. Donc, il faut faire aussi attention à ce qui se
passe présentement, là, dans le réseau.
M. Lachance (Nicolas) : Vous
avez sans doute vu, à Warwick, le conflit entre Boralex et le milieu agricole.
Avec l'augmentation de la flotte, là, d'éolien, est-ce que vous craignez, justement,
que ce genre de conflit apparaisse de plus en plus au Québec?
M. Arseneau : Bien, je peux amorcer
une réponse. On veut développer, là, des parcs éoliens un peu partout, puis on
semble, avec cet épisode-là, revivre une certaine époque où on développait des
projets sans nécessairement aller chercher l'approbation ou, comment on appelle
ça, là... le...
Une voix : ...
M. Arseneau : ...oui,
l'acceptabilité sociale. Alors, je pense que c'est un cas où l'acceptabilité
sociale n'est pas au rendez-vous. Alors, moi, je pense qu'on peut développer
des sources d'énergies renouvelables en concertation avec le milieu. Le Bas-Saint-Laurent,
la Gaspésie en sont des exemples probants, où on a des projets communautaires,
où l'ensemble des communautés peuvent en tirer profit. Le harnachement de la
ressource éolienne, elle peut être profitable pour les régions, peut être
profitable aussi pour... dans le secteur agricole aussi, mais, pour ça, il faut
que les gens se sentent dans le coup, qu'ils soient partenaires. Visiblement,
il y a encore du travail à faire de ce côté-là.
M. Lachance (Nicolas) : Est-ce
qu'il y a matière à conflit, par exemple, entre le concept d'autonomie
alimentaire, autonomie énergétique pour le Québec, là? On en a besoin, de cette
énergie-là. Mais, si on ne veut pas être obligés de harnacher des rivières,
mais, en même temps, on souhaite avoir une autonomie alimentaire, est-ce que
c'est particulier de voir, peut-être, qu'en ce moment, au Conseil des
ministres, il y ait des... une espèce de conflit en ce qui a trait à ces deux
concepts-là?
M. Arseneau : Bien, moi, je
ne suis pas certain que le cas dont on fait état aujourd'hui est symptomatique
de ce qui se passe partout au Québec. Le territoire est immensément grand au
Québec. Le potentiel, il est vaste. Si on a choisi des endroits où on est trop
à proximité des villages ou des terres agricoles puis qu'il y a une opposition,
je pense qu'il faut en prendre bonne note, puis qu'on est capables de trouver
des sites alternatifs, ils sont légion, ou encore de s'entendre avec les
communautés. On n'est pas là, justement, dans l'urgence, puis on ne va surtout
pas appuyer une démarche, là, de type bulldozer pour pouvoir imposer des
projets énergétiques à ceux qui nous nourrissent, là. Ça, c'est absolument hors
de question.
Le Modérateur : On va prendre
une dernière question.
M. Denis (Maxime) : ...vous
entendre peut-être sur Airbnb cet après-midi, l'encadrement des plateformes
comme Airbnb, ce que va présenter Caroline Proulx.
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
évidemment, on va commenter après avoir eu l'occasion d'étudier ce qui se doit
d'être un changement de cap complet par rapport à l'encadrement des Airbnb, de
manière à assurer la sécurité du public, assurer la vie des gens, mais
également à créer de l'équité dans un système, là, qui fonctionnait un peu
comme le Far West, sans aucune raison valable. Donc, on va commenter après
avoir...
M. Lacroix (Louis) : Mais
est-ce que ça doit être adopté rapidement? Parce que la saison touristique
commence.
M. St-Pierre Plamondon : Évidemment,
on offre toute notre collaboration pour accélérer ça.
Le Modérateur : Merci
beaucoup.
(Fin à 10 h 56)