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Point de presse de M. Pascal Bérubé, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière d’immigration, de francisation et d’intégration

Version finale

Thursday, May 25, 2023, 14 h 35

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Quatorze heures trente-huit minutes)

M. Bérubé : Bonjour, tout le monde. Au nom du Parti Québécois, à notre tour de vous faire part de nos commentaires quant à la politique en matière d'immigration de la Coalition Avenir Québec, qui est intimement liée à l'avenir du français. D'abord, une grande victoire pour le Parti québécois. En 2018 puis en 2022, on demandait qu'à l'entrée on parle français. Et il faut se souvenir que François Legault demandait à l'origine que ce ne soit pas un critère fondamental. C'est un virage important. On s'en réjouit. Ce n'était pas le cas il y a quelques années. Il faut quand même rappeler un certain nombre de choses.

D'abord, l'OQLF, grande organisation, l'Office québécois de la langue française, nous indique que l'immigration francophone, même à 100 % francophone, ne va pas jouer un rôle fondamental dans l'inversion du déclin. Ça, de façon scientifique, données probantes, ça ne suffira pas. Mais regardons les mesures qui ont été mises en place et les objectifs du gouvernement de la CAQ.

D'abord, souvenons-nous qu'en 2018 l'engagement, c'était 40 000 immigrants. 2018. 2022, c'était 50 000. Donc, on normalise les taux de Jean Charest et de Philippe Couillard sur le Parti libéral du Québec. Ça se fait en douce, hein, ça devient 50 000. C'est le chiffre qui a été choisi. Et le premier ministre nous dit : Au-delà de 50 000, c'est suicidaire, c'est la louisianisation si on n'a pas tous les pouvoirs. Depuis la dernière élection, malgré 90 députés, le gouvernement du Québec n'obtiendra pas tous les pouvoirs.

Alors, ce qu'il nous présente aujourd'hui, c'est ce qu'il peut faire avec ce qu'il a. Ça n'empêche pas le Canada d'arriver maintenant avec 500 000 immigrants par année, et, pour suivre, bien, le Québec va devoir augmenter de façon significative avec tous les défis que ça représente. La capacité d'accueil, elle existe, c'est la capacité de bien intégrer les gens à l'expérience québécoise, à notre société, de bien les accueillir, de les franciser, de trouver un appartement, des places en CPE, de trouver une façon qu'ils soient heureux chez nous. Je n'ai pas entendu parler de la régionalisation de l'immigration. C'est une mesure que le Parti québécois propose depuis des années : 25 % dans les régions du Québec. Je n'ai rien entendu là-dessus.

Comment le gouvernement du Québec va réussir à nous expliquer qu'ils n'auront plus deux engagements : le 40 000 en 2018, le 50 000 en 2022? Et même, je vous suggère que, même s'il indique 60 000, avec le Programme de l'expérience québécoise, c'est plutôt 70 000, et, à terme, ça sera 100 000. Donc, il met la barre haute en matière de mesures de francisation pour y arriver.

Quelques questions. Comment on va mesurer l'inversion du déclin du français? Quel organisme, quel outil va pouvoir nous dire que c'est fait? Est-ce que c'est l'OQLF, est-ce que c'est une nouvelle instance? C'est une bonne question. Qui va trancher ça? Parce que, si on écoute le gouvernement de la CAQ, tout est historique. Moi, je suis d'avis, pour avoir étudié en histoire, qu'il vaut mieux que ce soit un tiers indépendant qui dise ça, que ça soit le promoteur de la mesure. Alors, avant que ce soit historique, il va falloir vérifier un certain nombre de choses.

Au début, le gouvernement disait : On va stopper le déclin. Puis là, ensuite, ils ont réalisé que ce n'était pas assez : On, va inverser le déclin. Je vous suggère que l'augmentation de l'immigration n'est pas une solution qui va régler tout ça. Pierre Fortin a déposé un rapport au gouvernement du Québec qui indique que, si on augmente l'immigration, bien, on augmente autant les demandes pour du loyer, pour la francisation, pour des infrastructures. Donc, ça ne règle rien. Et Pierre Fortin est cité de façon aléatoire par le gouvernement, mais pas là-dessus. Il devrait peut-être le faire.

Évidemment, c'est intimement lié à la langue. Et il me semble que j'ai passé au moins deux ans à travailler sur la loi n° 96, qui semble n'avoir jamais existé, à telle enseigne que le ministre le plus proactif a été tassé du comité de suivi sur la langue. Simon Jolin-Barrette voulait y participer, on lui a dit non. Vous lui demanderez. Alors, il ne participe plus. Ce qui devait être une loi costaude, suite au débat à l'interne, est devenu une loi relativement banale, à telle enseigne que Bernard Drainville, nouveau candidat de la CAQ, dit à vos collègues anglophones : «It's moderate». En français, «c'est costaud», en anglais, «c'est modéré».

Une des mesures significatives qui démontrerait le sérieux de la Coalition avenir Québec, c'est le cégep en français. Pourquoi? Les nouveaux arrivants qui passent par le primaire et le secondaire en français, lorsque vient l'âge adulte, donc 17 ans, 18 ans, 19 ans, ils doivent prendre des décisions quant à leur métier, leur lieu d'implantation, leurs amis, bien, on leur donne le libre choix, et le transfert linguistique des allophones vers l'anglais est à 43 %. Donc, il est très élevé. Puis on a même un transfert linguistique de francophones de plus en plus important. Donc, le gouvernement refuse d'appliquer cette mesure qui est une des plus importantes.

Et, s'il ne veut pas l'écouter de moins, il peut l'écouter du grand Guy Rocher, une des personnes qui a contribué à écrire la Loi 101, qui nous dit : C'est la mesure qui nous manque, ne serait-ce que pour les allophones. Pourquoi on accepte de financer l'anglicisation du Québec en donnant ce libre choix? Pourquoi on met beaucoup d'efforts au primaire puis au secondaire et, quand il y a des choix décisifs, bien, on a des collèges qui sont surpondérés, comme Dawson et d'autres? Pourquoi on ne permet pas, par exemple, à des allophones de vivre l'expérience en région dans les collèges francophones? Je vous donne l'exemple du Cégep de Matane, mais il y en a bien d'autres.

Quand j'entends le premier ministre dire : Jamais on n'a eu des avancées aussi significatives depuis la Loi 101, le premier ministre a la mémoire sélective. La loi n° 14 du gouvernement Marois permettait plusieurs avancées, mais le gouvernement était contre, notamment parce qu'il trouvait que ça allait trop loin, notamment, la francisation en entreprise. On a perdu un temps précieux là-dessus, il trouvait que ça allait trop loin.

Mais, le plus important de tout, et je le gardais pour la fin, 40 000 proposés en disant : C'est le maximum. On a dit ça en campagne électorale pour se faire élire en 2018, après, 50 000, comme Jean Charest et Philippe Couillard. Après : C'est suicidaire d'augmenter, on est rendus à 60 000, 70 000. Il y a 300 000 temporaires sur le territoire du Québec présentement et ça ne se retrouve pas dans le plan qui est présenté aujourd'hui. Il y en a sept fois plus que sous les libéraux. Alors, conclusion, le gouvernement a bien écouté le lobby des affaires et les chambres de commerce. Ce n'est pas nationaliste, c'est affairiste. Ça rime, mais ce n'est pas pareil. Alors, pourquoi ne pas nous avoir parlé des immigrants temporaires? Toutes les questions que j'ai posées à l'étude des crédits, on ne veut pas répondre à cette question-là. Il y en a sept fois plus que sous les libéraux, beaucoup plus que l'immigration permanente.

Et, quant au pouvoir, le premier ministre dit : il y a de l'ouverture à Ottawa. Est-ce que l'avenir du français doit reposer entre les mains de Justin Trudeau ou de Pierre Poilievre? C'est ridicule. Le gouvernement est coincé, et ce sera ma conclusion, soit c'est la marginalisation du Québec à l'intérieur du Canada pour ce qui est de son poids politique, soit que c'est le déclin de la langue. Et, dans les deux cas, il y a des conclusions politiques à tirer. Le premier ministre est rendu au bout, au bout de sa logique, il ne peut plus avancer. Et maintenant qu'il a rompu deux engagements électoraux sur les seuils, 2018 et 2022, il arrive avec des mesures qui seront débattues cet automne, mais pas tant que ça.

Alors, quel était le slogan à l'origine: En prendre moins, mais en prendre soin. Maintenant : En prendre beaucoup plus, et on n'en parle plus. Et je parle des immigrants temporaires. Ils sont 300 000 sur le territoire du Québec, mais on nous dit : Non, non, non, ne regardez pas là, regardez là. Ces gens-là travaillent sur le territoire du Québec. Est-ce qu'ils parlent français? Est-ce qu'ils le parlent à la maison? Est-ce qu'ils ont une connaissance suffisante? Ils travaillent dans quel domaine, des domaines à risque, par exemple, comme on a vu dans les derniers jours? Pourquoi le gouvernement refuse d'aborder cette question-là? Alors, je me réjouis qu'à l'entrée on demande la connaissance du français, mais ça ne suffira pas pour inverser le français. Et, si le gouvernement est sérieux en ces matières-là puis écoutait le Parti québécois, qui connaît ça pour vrai, qui n'a personne à convaincre à l'intérieur de son caucus de l'importance du français... Et je sais de source on ne peut plus sûre que, sur ces questions d'immigration, il y a énormément de débats à l'intérieur de la CAQ, comme il y en a eu en matière linguistique. Et je ne suis pas convaincu que les trois personnes qui nous ont présenté le plan tout à l'heure s'entendaient sur les objectifs et sur les mesures. Et on le verra.

Alors, on va demander de participer à la commission et on aura notre propre plan qu'on va déposer. Et, sur ce, en espérant avoir été assez complet, je suis disponible pour vos questions.

Journaliste : Vous auriez voulu trois scénarios, hein? Un qui diminuait les seuils?

M. Bérubé : 35 000. C'est la cible de la dernière campagne qui tient compte, effectivement, du fait qu'on a 300 000 temporaires sur le territoire du Québec. Nous, on le savait, avec l'équipe qu'on avait à la dernière campagne. Le premier ministre aussi, il le savait, mais il a quand même choisi de dire 50 000 et de dramatiser la situation. Alors, c'est certain que, dans notre plan, on va tenir compte des 300 000. Où sont-ils, dans quel domaine, quelle est leur connaissance du français, quelle est leur formation? Et je rappelle que, malgré le terme temporaire, on peut renouveler à l'infini, hein? Une fois, deux fois, trois fois. Alors, on devient presque que des permanents, ils sont sur le territoire du Québec.

Journaliste : Bien, sur les seuils d'immigration permanente, une fois qu'on dit que la plupart des nouvelles arrivées, qui va nous mener à 60 000, on leur... c'est des immigrants économiques puis qu'on va leur demander de maîtriser le français, est-ce que c'est une mauvaise chose de monter de 60 000?

M. Bérubé : Non. Je l'ai dit d'entrée de jeu, c'est ce qu'on demande depuis le début, c'est qu'au point d'entrée il faut parler le français. Mais il y a quelques années, M. Legault nous disait que ça ne devait pas être le facteur fondamental, ça devait être la compétence. Il a complètement changé. Je me suis souvenu de nos engagements de 2018 et de 2022 et des débats avant et après ses élections. C'était exactement ce qu'on demandait puis on riait de nous. Alors, on ne rit plus de nous maintenant, on nous copie. C'est une forme d'hommage, mais ce n'est pas à propos de nous, c'est à propos de l'avenir du Français. Et si on est vraiment sérieux dans ce qu'on entreprend, que ce soit en matière d'immigration, de mesures linguistiques, ça va prendre beaucoup plus que ça. J'ai l'impression que la loi n° 96, ça devait être cette loi robuste. On l'a déjà oubliée, ça ne sert pas grand-chose, puis on recommence à zéro. Je trouve ça très particulier. Alors, le gouvernement de la CAQ, sur cet enjeu, en oubliant les 300 000 temporaires, est davantage affairiste que nationaliste.

Journaliste : Auriez-vous aimé qu'on parle davantage des valeurs québécoises, de la cohésion sociale au-delà de la simple reconnaissance du français?

M. Bérubé : On n'est jamais entré là-dedans, nous. On n'est jamais entré là-dedans. Je veux dire... D'ailleurs, c'est assez ironique, parce qu'à l'étude des crédits j'ai posé la question à la ministre de l'Immigration. Je lui ai dit : Quand vous avez quitté le Parti québécois, le cabinet de Jean-François Lisée, il me semble que c'était à cause de la charte des valeurs. Elle me dit : Oui. Mais là vous vous retrouvez dans le parti de la loi n° 21 puis un de vos collègues à la table du Conseil des ministres, c'est lui qui l'a amené. Donc, ce n'est plus un enjeu maintenant? C'est leur truc à eux. Nous, ce qui est important, c'est la connaissance du français, la capacité de s'intégrer à l'emploi puis aussi en région. J'insiste là-dessus, ça fonctionne bien, la régionalisation. À Matane, là, le collège de Matane, la moitié des étudiants, ils sont Français ou de l'île de La Réunion. Ils travaillent partout dans la ville. C'est fascinant. L'intégration est là, ils sont appréciés, ils font partie de nos vies. On les aime terriblement. J'aurais aimé avoir un objectif de régionalisation, je n'en ai pas, à moins d'avoir mal entendu, mais j'ai vraiment écouté avec attention.

Journaliste : Ils sont rendus à 24 % maintenant.

M. Bérubé : 24 %?

Journaliste : 24,7 %.

M. Bérubé : Est-ce qu'on a des cibles? Puis, encore une fois, qui va juger qu'on a atteint les objectifs? Est-ce que c'est l'OQLF? Est-ce que c'est le nouveau commissaire à la langue française? Je ne le sais pas. Moi, je... Il ne suffit pas que le premier ministre dise que c'est historique puis qu'on n'a jamais rien fait avant lui et que rien n'existait avant lui pour que ça suffise. Il faut être capable de valider ça. Et là, évidemment, il manque d'autres choses, il manque les mesures en langues de promotion de la langue. Et le message qu'on envoie aussi, c'est que le français doit être une langue de prestige, une langue de promotion, une langue rayonnante, une langue vivante. Puis là il y a des efforts qu'on peut faire, mais sur lesquels on n'a aucun contrôle.

Je parlais avec le président de l'Université du Québec, Alexandre Cloutier, dans les dernières heures. Je l'ai croisé dans une activité. Il parlait des fonds fédéraux. Ils vont essentiellement dans les universités anglophones. Ça, c'est du prestige pour les sujets de recherche, pour le rayonnement de la science, le rayonnement des sciences humaines. Ça, on ne contrôle pas ça. Alors, le Québec fait le maximum qu'il peut avec ce qu'il a, mais ça ne suffira pas.

Journaliste : Je veux revenir sur ce que M. Bourassa a dit par rapport à la cohésion sociale, que ce n'était pas votre dossier. Votre chef a déjà dit que le modèle d'Immigration au Québec pouvait contribuer à la montée des extrêmes lorsqu'on était à 50 000. Est-ce qu'à 60 000 on contribue à la montée des extrêmes?

M. Bérubé : Je n'ai pas souvenir de cette déclaration, mais ce n'est pas... vous l'avez davantage, mais je vais le poser dans des termes différents. Les partis ont des philosophies différentes. Québec solidaire, je les écoutais, tant qu'il y a du monde, ils entrent. Moi, je pense que la vraie responsabilité, c'est d'être capable de bien accueillir les gens selon notre capacité. Vous savez que les groupes communautaires de Montréal, ils s'adressent à nous, pas à Québec solidaire, pour nous dire : Gérez ça un peu parce que ça va être compliqué. On n'a pas les ressources pour bien accueillir les gens. Alors, c'est une question, pour moi, pas de valeur, c'est une question de bien accueillir les gens et ça passe par... Je vous le dis, là, la ministre a mis la barre haute sur la francisation, là, j'ai hâte de voir c'est qui, ces enseignants-là. Puis ils n'ont même pas pris tous les budgets fédéraux qu'ils avaient. Le logement, il faut loger ces personnes, et la capacité de travailler. Donc, il y a aussi toutes ces mesures-là.

Alors, les valeurs, le premier ministre avait l'air amusé que vous lui posiez les questions tout à l'heure. Moi, je pense que, vous habitez sur le territoire du Québec, vous êtes un Québécois, et un des vecteurs importants, c'est la langue commune, le français. Ce serait ma réponse.

Journaliste : Merci beaucoup.

(Fin à 14 h 52)

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