To use the Calendar, Javascript must be activated in your browser.
For more information

Home > News and Press Room > Press Conferences and Scrums > Point de presse de M. Vincent Marissal, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de sports, de loisirs et de plein air, Mme Suzanne Tremblay, députée de Hull, M. Enrico Ciccone, porte-parole de l’opposition officielle en matière de sports, de loisirs, de plein air et de saines habitudes de vie, M. Mario Asselin, adjoint parlementaire de la ministre de l’Enseignement supérieur, et M. Mathieu Rivest, président de séance

Advanced search in the News and Press Room section

Start date must precede end date.

Point de presse de M. Vincent Marissal, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de sports, de loisirs et de plein air, Mme Suzanne Tremblay, députée de Hull, M. Enrico Ciccone, porte-parole de l’opposition officielle en matière de sports, de loisirs, de plein air et de saines habitudes de vie, M. Mario Asselin, adjoint parlementaire de la ministre de l’Enseignement supérieur, et M. Mathieu Rivest, président de séance

Version finale

Tuesday, May 30, 2023, 15 h 50

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Quinze heures cinquante-neuf minutes)

La Modératrice : Bonjour à tous et à toutes. Bienvenue à ce point de presse transpartisan suivant le dépôt du rapport des consultations particulières et auditions publiques dans le cadre du mandat d'initiative portant sur les révélations de violences lors des initiations dans le milieu du hockey junior.        Prendront la parole, lors de ce point de presse, le porte-parole du deuxième groupe d'opposition en matière de sports et de loisirs, M. Vincent Marissal, suivi de la députée de Hull, Mme Suzanne Tremblay, ainsi que le porte-parole de l'opposition officielle en matière de sports, de loisirs et de plein air, M. Enrico Ciccone. La parole est à vous.

M. Marissal : Bien, merci, Sandrine. Chers collègues, chers journalistes, merci d'être d'être là. Vous noterez quand même que c'est un signe positif, en fin de session comme ça, que tous les partis soient représentés, main dans la main, à présenter quelque chose en commun. Ça arrive qu'on fait ça, ça arrive qu'on est capables de faire ça et ça arrive même plus souvent qu'on pense, quand on est capable de prendre un problème ici, de l'amener dans l'arène du peuple qu'est l'Assemblée nationale, de considérer qu'on a notre mot à dire, qu'on a des actions à prendre.

Puis, évidemment, bien, comme tout le monde, moi, comme père de famille, mais je suis sûr que c'est vrai pour mes collègues aussi, comme tout le monde au Québec, j'ai été renversé, dégoûté, même, de lire certains rapports de presse sur des initiations qui ont eu lieu. C'était, dans ce cas-là, au hockey en particulier quand ça s'est mis à éclater de nouveau l'hiver dernier, en février. Évidemment, ça a probablement lieu ailleurs, il y a eu des cas aussi dans d'autres sports. Peu importe, ce n'est pas un concours. Ce que ça a fait, c'est que ça a créé chez moi une indignation profonde qui était partagée par mes collègues.

Évidemment, la première question qu'on se pose dans ce temps-là, c'est : Comme député, qu'est-ce que je peux faire? Est-ce que je peux faire quelque chose? Est-ce que je peux aider d'une façon ou d'une autre? Est-ce que je peux contribuer à ce débat? Donc, j'avais demandé à ce moment-là, vers la fin février, un mandat d'initiative à la commission culture et éducation, mandat d'initiative qui m'avait été accordé. À partir de là, on s'est mis à travailler, on s'est mis à travailler rapidement, de façon constructive, tous les partis ensemble. On a entendu des témoins. Vous avez suivi, comme moi, certaines péripéties, parfois plus spectaculaires, notamment, bon, la démission de l'ancien commissaire de la Ligue de hockey junior majeur. Évidemment, ce n'était pas l'objet de nos travaux, ça s'est passé comme ça, mais visiblement on a mis le doigt sur un bobo. Et je pense qu'on peut être fiers d'avoir fait ça puis on va être encore plus fiers d'être arrivés avec un rapport, un rapport unanime, consensuel, qui a 23 recommandations, qui, je le souhaite, auront une suite politique, qui peuvent changer des choses. Parce que le but à la fin, comme je l'ai dit, après l'indignation, c'est l'action, c'est d'être capable de prendre des moyens pour protéger notamment les jeunes joueurs, mais aussi leurs familles qui vivent des situations horribles avec lesquelles ils vont vivre toute leur vie. Après, on le voit, il y a encore des cas qui sortent récemment d'histoires qui se sont passées il y a 10, 15, 20 ans.

Puis, en même temps, ce qu'on voulait faire, et je souhaite que c'est ça que nous fassions, c'est libérer la parole. Et on le voit d'ailleurs, les gens qui reçoivent les plaintes dans le milieu sportif nous disent : On en reçoit plus, il s'est passé quelque chose, vous avez ouvert une brèche, la digue s'est ouverte. Et puis tant mieux si on a réussi à faire ça. Maintenant, la suite, elle est beaucoup dans les mains du gouvernement. Nous ferons les suivis, mais, dans l'immédiat, je veux juste présenter le rapport avec mes collègues et les remercier aussi du travail qu'on a fait. Suzanne.

Mme Tremblay : Alors, bonjour, tout le monde. Je suis vraiment aussi heureuse, moi, d'être ici avec mes deux collègues aujourd'hui, parce qu'on a fait un travail important ensemble. Puis je pense, c'est important de le répéter, parce que ça nous tenait à cœur de faire la lumière sur des situations — puis tu l'as dit, hein? — totalement déplorables puis inacceptables.

On a rencontré de nombreux intervenants du milieu du sport. Puis, pour en nommer quelques-uns : Sport'Aide, le RSEQ, l'INSPQ, M. Dany Bertrand, qui est un docteur en psychologie, un avocat, Me Michaud, ainsi que Michel Dorais, qui est un professeur titulaire à la retraite qui a passé une grande partie de sa vie à prévenir les violences dans le sport. Je les remercie, tous ceux qui sont venus nous parler, parce que ça a enrichi grandement nos réflexions, puis ça, c'était important.

On a travaillé ensemble à proposer des solutions qui sont concrètes puis qui sont réalisables. Tu l'as dit, Vincent, c'est 23 recommandations qui sont axées notamment sur la prévention puis le changement de culture et de valeurs. Notre objectif, c'est de protéger nos jeunes. Il y a des milliers de jeunes au Québec qui pratiquent le sport. On veut que ça soit une expérience qui est positive, que ça ait une... qu'ils vivent ça pleinement puis dans des milieux qui sont stimulants, mais surtout sécuritaires puis exempts de toutes formes de violences. Je suis moi-même une maman de deux jeunes filles qui pratique le sport puis je veux que ça soit positif dans leur vie. Donc, des histoires comme on en a entendu parler dans les derniers mois, dans les dernières années, dans les dernières semaines, on ne veut plus jamais que ça arrive au Québec. Donc, merci à mes collègues pour le travail qu'on a fait dans les dernières semaines.

M. Ciccone :Merci. Alors, bonjour à tous. Bien, premièrement, j'aimerais remercier l'initiateur de ce mandat d'initiative. Vincent, merci beaucoup de l'avoir déposé. Également, merci au gouvernement d'avoir accepté d'entendre ce mandat d'initiative. On sait, à l'Assemblée nationale, ça n'arrive pas souvent, mais, en même temps, on l'a fait dans un but commun pour aider notre jeunesse. Aussi, je ne voudrais pas oublier les rédacteurs de ce rapport-là, qui a été écrit, qui reflète exactement, exactement, nos discussions, nos propositions. Et je vous invite à le lire, il a été déposé il y a quelques instants.

J'ai le sentiment... puis je suis persuadé que mes collègues également avec moi ont le sentiment du devoir accompli. C'est sûr et certain qu'on aurait souhaité ne pas se retrouver à être obligés de faire des recommandations sur ce mandat d'initiative, mais que voulez-vous, quand l'industrie... quand un milieu n'est pas capable de prendre soin à la pleine mesure de ses membres — puis ici on parle de jeunes hommes puis on parle de jeunes filles, parce que, comme ma collègue l'a dit, ce n'est pas seulement au hockey, mais c'est dans d'autres sports également — alors c'est le devoir du législateur de prendre les choses en main. On a 23 bonnes recommandations et je pense sincèrement que ces recommandations vont aller de l'avant. Je le souhaite. Maintenant, c'est dans les mains du gouvernement.

Et je suis persuadé qu'il va y avoir un changement parce qu'une des recommandations qu'on a faites, on en a plusieurs, puis on pourra discuter avec vous, là, mais une recommandation qui était archi importante, c'est de s'assurer et de dire clairement au milieu sportif, que ce soit privé, amateur et même scolaire, qu'on se réserve le droit de faire un suivi advenant également... pour s'assurer que les mesures qui ont été demandées soient en place. Alors, ça fait le tour. Alors, on est maintenant prêt à prendre vos questions.

La Modératrice : Merci. On va pouvoir prendre les questions d'abord en français. On va commencer avec Maxime Denis, TVA.

M. Denis (Maxime) : Bonjour. D'abord, concrètement, c'est quoi, le pouvoir de force face à la ligue pour changer le C.A. ou la direction?

M. Marissal : Bien, le rapport, il est d'abord et avant tout politique, hein? Je vous l'ai dit, moi, quand j'ai lancé cette idée-là et que les collègues ont embarqué avec enthousiasme, l'idée n'était pas de faire rouler des têtes, ce n'était pas ça, ce n'était pas ça du tout. La pression populaire nous a suivis, nous a même poussés à faire plus. Les dirigeants, après ça, de la ligue de hockey junior, pour ne parler que d'eux-mêmes, ont pris leur décision. Alors, la preuve est faite de façon peut-être un peu brutale, j'en conviens, mais c'était allé très, très, très loin. La preuve a été faite en mettant la pression politique et populaire, parfois les deux en même temps, l'une avant l'autre. Peu importe, ça met une pression sur ces gens-là qui, je vais employer un anglicisme, là, qui vivent dans l'œil du public, hein?

La Ligue de hockey junior majeur, on l'a vu d'ailleurs, là... Puis je pense qu'on aurait dû commencer peut-être par féliciter les Remparts, puis on ne l'a pas fait encore, parce qu'ils sont en train, en plus, de faire un beau parcours à Kamloops, je pense, mais prenons les Remparts, par exemple. Ils remplissent des arénas, là, de 17 000 personnes à Québec, là. C'est un produit de consommation, ça, le hockey, on le sait au Québec, là. Puis il se vend des chandails, il se vend toutes sortes de produits dérivés. La ligue aussi fait de l'argent. Puis c'est donc une activité commerciale qui n'est pas soumise à beaucoup de règlements parce que ces gens-là, la plupart, les joueurs sont mineurs, ils ne sont pas syndiqués, ils n'ont pas d'association de joueurs. D'ailleurs, nous suggérons qu'ils soient représentés comme joueurs au sein de l'administration de la ligue. C'est important qu'ils le soient parce que c'est d'abord et avant tout eux qui sont concernés.

Alors, la ligue doit montrer patte blanche. Les autres sports aussi doivent montrer patte blanche. Puis je pense qu'on a fait la démonstration que, quand on s'y intéresse politiquement et que la pression populaire suit ou que la pression populaire nous demande de faire quelque chose... Vous savez, moi, je ne suis pas un spécialiste du hockey, là, plutôt la course à pied, mon truc, là. Puis les gens m'arrêtaient dans la rue. Je suis allé voir un match de hockey à un moment donné, à Laval. Les gens venaient me voir en faisant des blagues, puis savoir si ça allait se battre ou quoi. Puis les gens sont hyper intéressés par ce travail-là. Puis je pense que, nous, on a fait le boulot de relais, puis d'envoyer le message, de dire : On sait ce qui s'est passé, on veut qu'il y ait des changements puis on va faire un suivi.

M. Denis (Maxime) : Sur les sanctions possibles pour les différents gestes qu'on pourrait donc limiter, ça pourrait ressembler à quoi comme sanctions?

M. Marissal : Veux-tu y aller, Enrico?

M. Ciccone :Bien, oui. Oui. Bien, écoutez...

M. Denis (Maxime) : Enrico, le connaisseur.

M. Ciccone :Oui, oui. Non, mais écoutez, c'est sûr et certain que les recommandations, ici, n'ont pas force de loi, là. Je veux dire, s'il y a des abus sexuels, s'il y a de la violence, ça va toujours passer par des enquêtes, des accusations, là, je veux dire, on ne protège pas personne ici, là. Nous, c'est pour éviter justement qu'on arrive à avoir des débordements comme on a vu, là, dans les dernières années, ou même dans les 40 dernières années, je vais dire. Alors, c'est pour ça que nos recommandations, c'est pour éviter que ce genre de chose là arrive. Puis ça, c'est notre mandat.

Puis je veux juste venir avec ce que vous aviez dit tantôt, il n'y a pas une ligue, il n'y a pas un dirigeant qui veut se retrouver en commission parlementaire, là. Il n'y a personne qui veut faire ça parce qu'ils savent sincèrement que ça fait mal au produit quand ils se retrouvent là. On a demandé à des gens de venir nous voir, de venir nous expliquer, de venir répondre à nos questions parce que c'était notre devoir de le faire. Maintenant, ils doivent se gouverner. Ils doivent se gouverner, mais le message qu'on envoie aujourd'hui, c'est : Gouvernez-vous parce que si vous ne vous gouvernez pas, bien, on va passer à une autre étape, là.

M. Marissal : Et par ailleurs, il y a une dimension politique, je l'ai dit, là. Aujourd'hui, vous comprendrez que je n'ai pas de... à part les recommandations que nous appuyons tous et toutes, ici, là, je n'ai pas de commande particulière à faire à la ministre. Ce serait mal venu de le faire ici avec les collègues. Je ne veux pas mettre personne mal à l'aise, mais tout le monde sait qu'il y a une suite politique à ça. Je sais que la ministre travaille sur des choses. Je ne suis pas dans le secret de tous les Dieux ou tous les secrets de Dieu, mais je sais qu'elle travaille sur des choses. Je le souhaite, qu'elle le fasse. Le fédéral a bougé. Quant à moi, ça ne va même pas assez loin au fédéral. Alors, il y a une suite politique à ça. À partir du moment où le rapport est dans... il est sur la place publique, on le débat, vous le commenterez, il sera commenté. Nous, on fera nos suivis aussi, puis si on a des demandes plus politiques à faire, on le fera. Mais je pense qu'il y a une base de travail intéressante.

M. Denis (Maxime) : Merci.

M. Marissal : Merci.

La Modératrice : Gabriel Côté, QMI.

M. Côté (Gabriel) : Bonjour.

M. Marissal : Bonjour.

M. Côté (Gabriel) : Pourquoi est-ce qu'un C.A. indépendant pour la Ligue de hockey junior majeur du Québec c'est important? Puis comment est-ce qu'un C.A. indépendant, ça va faire en sorte qu'il va y avoir moins d'initiations dégradantes dans le sport?

M. Ciccone :Un C.A. de la façon que ça fonctionne, avec la ligue junior majeur du Québec, là, c'est que le C.A. est composé de membres qui sont des partenaires de la ligue junior majeur du Québec. Nous, ce qu'on veut, notre demande, c'est d'avoir quelqu'un d'indépendant parce que vous savez que... puis ce n'est pas juste la Ligue junior majeur du Québec, là, c'est partout, puis on l'a vu dans d'autres sphères, on l'a vu avec Hockey Canada. On l'a vu dans des grosses compagnies aussi, qui est à l'extérieur du sport, c'est qu'on veut protéger notre marque. On va tenter toujours de vouloir peut-être même cacher des choses. On va toujours essayer de s'assurer que la marque, notre image n'est pas entachée. Alors, qu'est-ce qu'on va faire? On l'a vu avec Hockey Canada, on a payé une jeune femme pour garder le silence. Avec un C.A. indépendant, bien, c'est comme un chien de garde dans le fond. Le C.A. n'a rien à gagner, là. Le C.A., c'est de s'assurer justement que les jeunes en premier lieu... puis la chose la plus importante, c'est nos enfants, de bien protéger les enfants. Je ne dis pas qu'il y a... il n'y aura plus jamais de gestes déplacés. Nous, on le souhaite, là, mais je veux dire l'être humain fait en sorte qu'il va toujours y avoir, à un moment donné, des débordements, mais il faut absolument, absolument, que ce soit le bureau des plaintes de la Ligue junior majeur du Québec ou le C.A. qui soit complètement indépendant des propriétaires de la Ligue junior majeur du Québec, là.

M. Côté (Gabriel) : La recommandation stipule aussi que le C.A. devrait comporter plus de membres issus de la diversité culturelle, puis qu'il soit composé aussi de plus de femmes. Comment est-ce que ça, ça va aider à ce qu'il y ait moins de violence, là, justement?

M. Ciccone :Je vais laisser Suzanne...

Mme Tremblay : Écoutez, je pense qu'aujourd'hui, là, puis c'est ce qu'on souhaite... c'est important dans la société dans laquelle on est que, justement, ça représente le sport, qu'il y ait des femmes. Ça amène une autre dimension, une autre perspective, une autre sensibilité, puis tout ça, ce que je répète, c'est important, c'est que ça reste le plus... que ce soit indépendant. Donc, moi, je pense que... puis, dans le sport, il y a une diversité culturelle, il y a des femmes qui jouent au hockey, ça fait que moi, je pense que c'est important que ça se reflète dans la Ligue junior majeure de hockey puis partout dans le sport. Non seulement, là... puis nos recommandations, il faut le dire ici, aujourd'hui, là, ils touchent l'ensemble des sports fédérés, scolaires, privés parce que la violence dans les sports, on souhaite qu'il n'y en ait pas. Et on a été très clair dans les recommandations là-dessus aujourd'hui.

M. Côté (Gabriel) : Merci beaucoup.

M. Marissal : On veut casser le moule du boy's club, là, le fameux boy's club. C'est vrai, en politique aussi, hein, il n'y avait pas tant de femmes que ça, moi, quand j'ai commencé à couvrir la politique, il y a 30 ans, là, puis les mœurs ont changé en politique et pour le mieux. Tant mieux si on amène de l'air frais, là, je l'ai souvent dit, là, il faut ouvrir les fenêtres, laisser rentrer, là, des idées fraîches, du monde qui ont aussi des intérêts ailleurs, qui sont capables aussi de voir plus loin que la rentabilité de l'équipe. Ce pour quoi il faut ouvrir les C.A. aussi à des gens qui ne sont pas intimement liés à l'opération commerciale qui est, dans ce cas-ci, la Ligue de hockey junior majeure du Québec.

Mme Tremblay : Puis que les athlètes soient au cœur des décisions qui sont prises à l'intérieur de ces conseils d'administration là.

La Modératrice : Merci. Sébastien Desrosiers, Radio-Canada.

M. Desrosiers (Sébastien) : Bien, justement, sur le conseil d'administration, peut-être une précision sur la composition du conseil d'administration que vous envisagez, parce que, présentement, le C.A. de la LHJMQ, si je ne m'abuse, c'est 18 propriétaires des 18 équipes de la LHJMQ.

M. Ciccone :C'est ce que j'ai dit, oui.

M. Desrosiers (Sébastien) : Alors, vous, votre conseil d'administration indépendant, ça ressemblerait à quoi?

M. Ciccone :Bien, un peu ce qui est écrit dans le rapport, là, tu sais, je veux dire avec une diversité, avec d'autres personnes qui vont justement être impliquées au niveau de la Ligue junior majeur du Québec.

M. Desrosiers (Sébastien) : Mais vous ne voulez pas que les propriétaires soient majoritaires, c'est ça que je comprends?

M. Ciccone :Bien, c'est sûr qu'il faut avoir une participation des propriétaires, c'est sûr et certain. Je vais vous donner mon exemple à moi qui a fait partie d'un conseil d'administration, mais tu avais plusieurs sphères de la société qui étaient représentées pour bien représenter tout le monde, là. Quand... tu sais, Vincent a utilisé le terme boy's club, mais quand tu rencontres le conseil exécutif de la Ligue junior majeur du Québec, c'est comme dans la Ligue nationale, là... je fais un parallèle avec la ligue nationale, le Conseil exécutif de la ligue nationale, c'est huit ou neuf ou 10 propriétaires qui, eux, vont prendre les décisions finales pour le bien-être de la Ligue nationale. Oui, mais c'est toujours les mêmes gars qui sont propriétaires qui prennent les décisions. Mais là on parle de jeunes puis de jeunes mineures, là, tu sais, je veux dire, c'est une... c'est comme un chien de garde, dans le fond.

M. Desrosiers (Sébastien) : Je comprends, mais j'imagine que ces propriétaires-là ne voudront pas céder leur place au sein du C.A. Est-ce que, par exemple, on pourrait nommer 19 nouveaux membres, comme ça, ils seraient minoritaires? Est-ce que c'est une formule? J'hypothétise, là.

M. Ciccone :Bien là, nous...

M. Desrosiers (Sébastien) : Est-ce que c'est une formule qui vous conviendrait?

M. Ciccone :Bien, je veux dire, on a fait des propositions, on fait des propositions, puis on parle... On a utilisé le terme C.A., justement pour avoir quelqu'un d'indépendant, mais appelez-le comme vous voulez, là, puis la façon que vous voulez, mais ce n'est pas vrai qu'il faut que ce soient les mêmes personnes qui veulent protéger leur image de marque, qui veulent protéger leurs poches, mais en même temps qui prennent les décisions aussi pour nos jeunes hommes, là.

M. Desrosiers (Sébastien) : O.K. je comprends mieux. Je voulais juste comprendre la mécanique, mais une autre question sur l'officier aux plaintes. Vous proposez aussi... vous recommandez que cette personne-là, ce soit un poste puis que ce soit une personne, pas juste un bureau. Pourquoi cette recommandation-là? Puis qu'est-ce que ça changerait?

M. Ciccone :Bien, Vincent...

M. Marissal : Parce que, vous savez que ça partait d'une bonne idée, là. Puis c'est assez nouveau, on peut encore changer, là, ce n'est pas trop, trop enraciné, on peut encore le changer. C'est qu'en fait on dit l'officier aux plaintes, mais l'officier aux plaintes, ce n'est personne en ce moment, c'est un bureau. Puis là je le dis en tout respect pour les gens qui travaillent là, qui font du bon travail puis qui reçoivent les plaintes, mais il n'y a pas une personne physique, là, qui est l'entité de... Quand vous rencontrez la Vérificatrice générale, vous savez que c'est Mme Leclerc, ainsi de suite. Et ce sont des postes d'officier, des postes d'ombudsman, en quelque sorte, qui doivent être représentés, qui ont une autorité, puis ça permet aussi de convoquer cette personne au moins une fois par année aux crédits ou dans d'autres forums parlementaires, ici, pour faire le suivi, justement, puisqu'il y aura de l'argent public là-dedans. Alors, moi, je pense que ça enverrait un bon message que ce n'est pas juste un bureau, c'est quelqu'un, vraiment, qui peut aussi faire des conférences, qui peut s'impliquer, qui va participer à la rédaction des projets de loi, si d'aventure il y a des projets de loi qui suivent, quelqu'un qui a vraiment... qui est vraiment le porteur de ce dossier-là et le visage de ça.

M. Desrosiers (Sébastien) : Ça fait que, quand vous parlez de suite politique, est-ce que c'est ça que vous envisagez?

M. Marissal : Bien, moi, j'aimerais bien, effectivement, que cette recommandation prenne forme sous forme de loi, une personne, donc, qui est nommée aux deux tiers de l'Assemblée nationale, une personne qui a une constituante, une constitution, effectivement, des pouvoirs, un bureau, un budget. Ce n'est pas la seule recommandation qui va demander des suites politiques. Puis là, encore là, je vais me garder une petite gêne pour aujourd'hui, j'aurai probablement l'occasion, là, de poser des questions à la ministre là-dessus, mais je pense qu'il faut qu'on bouge, il y a des choses qu'on peut faire qui ne passeront pas toujours par une loi mais parfois par une loi.

M. Laberge (Thomas) : Bonjour à tous. Bien, je vais faire un peu du pouce, là, sur ce que mon collègue a dit. Est-ce que vous demandez, là, aujourd'hui à la ministre de se saisir de ces recommandations-là et qu'elles se traduisent, finalement, en loi ou qu'il y ait quelque chose, finalement, de contraignant pour la ligue?

M. Marissal : Bien, je pense que je parle au nom de mes collègues, que nous souhaitons... Bien, personne n'écrit un rapport pour qu'il soit tabletté puis qu'il prenne la poussière, là, on n'a pas fait ça pour ça. Je pense qu'on a fait la démonstration qu'il y a urgence et nécessité d'agir. Maintenant, je le redis, je ne veux pas, aujourd'hui, mettre toute la pression sur la ministre et les membres du gouvernement qui sont ici, là, on l'a fait ensemble, le rapport. Je pense que, de bonne foi, tout le monde peut lire le rapport puis décider qu'il y a des suites à donner à ça. Est-ce que c'est ce que je souhaite, moi? Oui, absolument.

M. Ciccone :Je peux-tu juste ajouter? Je veux juste ajouter une chose. Je veux qu'on comprenne bien, là, que le rapport, ce n'est pas une punition, là, ce n'est pas des punitions. Je veux dire, non, ce n'est pas des punitions, ce qu'on fait, c'est qu'on vient protéger, des suggestions pour protéger... selon nous, là, on n'a pas la science infuse, mais on a rencontré des gens exceptionnels qui sont venus nous voir.

Puis je vais vous donner un exemple. Le Pr Labeau, de McGill, j'avais insisté, j'avais proposé, j'ai dit : Il faut absolument entendre McGill. Ils ont été réticents au début parce qu'ils pensaient qu'on était pour faire leur procès, ce n'était pas du tout le cas. Parce qu'eux avaient mis une politique en place qui était superintéressante, puis on l'a mise, on l'a mise dans nos recommandations. Et la proposition, c'était que... Justement, quand il est venu devant nous, Dr Labeau, il a dit une chose très intéressante, mais en même temps inquiétante, parce qu'il nous a dit : Ce n'est pas tout le monde qui a la même définition de l'abus puis du bizutage. Ça fait qu'imaginez-vous, là, tout le monde va faire leur politique, mais n'ont pas la même définition de l'abus. Alors, qu'est-ce que McGill a fait? McGill a mis noir sur blanc qu'est-ce qui détermine le bizutage et qu'est-ce qu'on n'a pas le droit de faire? On l'a repris, et c'est un peu... Bien, encore là, est-ce que c'est une punition, ça? Pas du tout. On dit : Les jeunes n'ont pas le droit de faire ça parce que vous n'avez pas été capables d'empêcher vos jeunes de le faire, tout simplement.

M. Laberge (Thomas) : M. Ciccone, vous avez lancé un avertissement à la ligue, vous avez dit : Gouvernez-vous, il va y avoir une prochaine étape. Ça serait quoi, la prochaine étape?

M. Ciccone :Non, ce que je dis, c'est qu'on va faire des suivis. Tantôt, j'ai dit... Ce que j'ai dit, tantôt, là, il n'y a personne qui aime ça se retrouver devant une commission, puis je vous le dis, là, puis c'est écrit dans le rapport qu'on se réserve le droit, là, si on trouve nécessaire, de les faire venir devant nous. Moi, si c'était juste de moi, personnellement, je les ferais revenir pendant les trois prochaines années, le temps qu'on est là, mais, je veux dire, de la façon qu'on l'a écrit, là, on va donner un peu... Moi, je suis un peu plus raide, là, mes collègues peuvent en témoigner, là, je suis un peu plus direct, mais, en même temps, on a donné une latitude, on va vous laisser travailler. Parce qu'à un moment donné on va être obligés de vous ramener, là, puis c'est plate, là. Puis il faut passer quoi? Vous avez dit une autre étape, mais là, quoi? On va-tu être obligé de légiférer pour protéger nos enfants encore plus? Ça n'a pas de bon sens, là.

Mme Tremblay : Puis ils ont des rôles puis des responsabilités, les fédérations.

M. Ciccone :Exactement, exactement.

M. Marissal : Et la bonne foi se présume, la bonne foi se présume, là. M. Cecchini vient d'arriver en poste, il a donné des entrevues. Il est venu d'ailleurs, deux fois plutôt qu'une, nous voir. On a apprécié. Il s'est engagé à des changements. Bien, la balle est dans son camp, là, ou la puck est dans son camp, là. Alors, qu'il fasse les changements qu'il souhaite, et qui sont nécessaires, et qui conviennent aussi aux recommandations du rapport. Vous savez, à la fin, s'il faut sévir pour protéger des mineurs qui subissent des abus, je n'aurai aucune gêne à le recommander. Ce n'est pas moi qui est ministre, là, mais si vous dites... s'il faut aller plus loin, bien, je souhaite qu'on aille plus loin. Puis, là-dessus, je vais vous dire, la bonne foi se présume aussi pour la ministre, là, elle connaît le milieu du sport, là. Je ne pense pas qu'elle non plus souhaite qu'on revive des affaires comme ça puis qu'on se retrouve dans un an ou deux avec des nouveaux cas d'abus épouvantables pour lesquels on va encore devoir faire des commissions.

M. Laberge (Thomas) : Peut-être que c'est une question un peu plus philosophique, là. Dans le rapport, vous dites au fond que le hockey est plus propice à ce genre de situation là, notamment à cause qu'il y a une forme de hiérarchie ou si on survalorise la victoire, mais, en même temps, c'est un sport, il y a des coachs. Vous ne vous attaquez pas un peu à l'essence du hockey avec ce genre d'affirmation là dans le rapport?

M. Marissal : Bien, est-ce que, pour gagner, il faut absolument violer les lois et ses coéquipiers? Je ne crois pas. Je ne pense pas que ça fait partie de la philosophie d'un sport. Puis gagner, tout le monde veut gagner quand on fait des sports, là, je veux dire, normalement, quand on se lance dans une équipe ou dans un marathon, ce n'est pas pour finir dernier, on... Cela dit, est-ce qu'on a des règles à respecter? Oui. On dit par ailleurs que les rites d'initiation peuvent être positifs et peuvent apporter quelque chose.

M. Ciccone :On les encourage.

M. Marissal : Ce qu'on dit, essentiellement, c'est qu'il y a des lignes à ne pas traverser, que tu sois au hockey ou dans un autre sport, mais essentiellement, c'est ce que ça dit. Tu sais, gouvernez-vous en conséquence. Les abus dont on a lu les détails ces dernières années ne participent en rien à la réussite et à l'accomplissement sportif, au contraire, parce que les gens qui ont subi ça, là, ils en subissent encore les conséquences, des fois, 20, 30, 40 ans plus tard. Bien, ils ont peut-être gagné un trophée, mais ils ont perdu leur vie.

M. Laberge (Thomas) : Merci.

La Modératrice : Merci, on va pouvoir passer en anglais.

Mme Greig (Kelly) : Just to pick up on a similar theme from the question from earlier, for parents, for young athletes who are listening today, why are you confident that things will change this time?

M. Marissal : Well, I'm confident that things could change, because what we have done over the last month is basically raising a bell and saying : Wo! Wo! Wo! Stop that, there's something wrong with this, we should act, and we should do something about it. And that's what we did, that was the first step, that was the step that belongs to us. Now, the puck is in the zone of the political leaders, the Minister, and the Ligue de hockey junior majeur as well, for that matter, and other… in sports in Québec. So, I'm quite confident that sport is not only a business, sports concern everybody in Québec, and we love sports in Québec, so I'm quite confident that we can pull together to reach something constructive, to make sure that we protect our kids, and that's basically what we did, that's the first brick of this new house.

Mme Greig (Kelly) : How can you make sure…

M. Marissal : Enrico, veux-tu y aller?

M. Ciccone : Oui.

Mme Greig (Kelly) : Sorry, do you want to comment?

M. Ciccone : Ah! Sure, sure, sure.

Mme Greig (Kelly) : Do you want to keep going on that…

M. Ciccone : No, no.

Mme Greig (Kelly) :OK. You mentioned McGill and that they were one of the actors that had a policy. How important is it to actually have it written down what hazing is or intimidation or bullying, whatever you would like to call it? And, you know, this came out during the hearings that you were surprised that not everybody had that. So, to have it, what do you think that's going to add to stop it?

M. Ciccone : Well, it's to make it uniform, it's to make it uniform because, as we've seen, Mr. Labeau that came representing McGill, what he has told us is that the abuse, the definition of abuse is different for everybody, a different level, initiation, also, is different for everybody. For some leagues, some sports, some teams, you know, doing something might be OK, might be OK, like we've seen in the last 40 years. Because, you know, me, I went through this process, and, you know, for me, when I was there, it was normal, because why? Because they did it before me, they did it after me, and it was a part of the culture, that's the way it is. So, you know… So, it's important to put it in black and white what you're not aloud to do. And why McGill did that? Because in 2005, something happened in the football program, you know, about this story, but… And I think they did something well, but you know what? It happened again with the girls in basketball and the boys in the basketball program also, again. So, they said: Where can we go? Because McGill did that work before, before us, and we used their experience to put it across sports in Québec. Thank you.

Journaliste : How can you make sure those recommendations are implemented?

M. Ciccone : Well, you know, like my colleague, Vincent, said, you know, now, what we've done with the report, we transferred this now to the Government. Now, the minister has the full power, the Government has the full power to apply them. You know… And for me, there's 23 recommendations, and I can talk for all my colleagues, we hope that they will apply them. You know, they will help, they will help the federations, they will help the sports in schools to… because they will need some help from the Government also.

Journaliste : There was a lot of alleged cases of abuse in the last… you know, in the last few months, in the last few years. What is your message today to the victims?

M. Ciccone : Well, you know, we tell the victims : Don't be afraid. You know, don't be afraid. You've been heard. Don't be afraid. You've been heard. I'm talking, I have chills, because for me, you know, going back to see all the sports and all the players that I've been with, you know, and to tell them that you're not alone anymore, you can speak freely and please do so. Still, please do so. If something happened 20, 25, 30 years ago, you know, there is no limitation, please speak, you know, and somebody will help you. We have organizations like Sport'Aide that can help you. They will listen to you, you know. So, they will accompany you to whatever you need to do to put a band aid on what happened in your life.

Journaliste : Thank you.

M. Ciccone : Thank you very much.

La Modératrice : Merci beaucoup. Bonne fin de journée.

(Fin à 16 h 28)