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Point de presse de M. Gabriel Nadeau-Dubois, chef du deuxième groupe d’opposition, et Mme Ruba Ghazal, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’éducation

Version finale

Wednesday, June 7, 2023, 8 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Huit heures deux minutes)

M. Nadeau-Dubois : Bonjour. Bonjour, tout le monde. Plus sérieusement, ce matin, c'est important pour moi de commencer par témoigner à nouveau de notre solidarité envers tous les Québécois, toutes les Québécoises qui sont touchés par les feux de forêt. On a appris comme tout le monde, hier soir, les évacuations en Jamésie. C'est bouleversant de voir ça. Je regardais les images, hier, aux nouvelles, puis je trouvais que ça avait l'air d'images qu'on voit dans les films, dans les films de catastrophe. On dirait des images de séries télé, mais non, c'est ce qui se passe au Québec, c'est la nouvelle réalité du Québec de 2023. Je veux réitérer nos encouragements, bien sûr, avec tous les... avec les pompiers forestiers au Québec, avec toutes les équipes de la SOPFEU.

Et je déteste jouer les bonhommes sept-heures, mais je pense qu'il faut être honnête avec les Québécois et les Québécoises, le printemps qu'on vient de vivre là, avec, coup sur coup, des inondations très importantes et des feux de forêt historiques, c'est la nouvelle normalité. Ce n'est pas l'avenir, c'est la nouvelle réalité du Québec à l'heure des changements climatiques. Les scientifiques nous ont avertis pendant des décennies. Ce qu'ils avaient prédit maintenant se produit, on a les deux pieds dedans.

Notre responsabilité, comme élus, bien sûr, c'est d'être sur le terrain. Je vois que le premier ministre y est encore aujourd'hui, puis je salue sa présence sur le terrain, auprès des gens puis auprès des équipes. Mais notre responsabilité, c'est aussi de trouver des solutions, et il faut que le printemps 2023 soit un point tournant. Moi, je souhaite que le printemps 2023 soit un point tournant et qu'à partir de maintenant l'adaptation aux changements climatiques, ça soit une véritable priorité nationale. On ne peut plus traiter ça comme un dossier comme les autres, on ne peut plus voir ça comme une question, parmi les autres questions, sur un pied d'égalité, là. Les changements climatiques sont commencés, ils nous frappent de plein fouet, et il faut qu'à partir de maintenant ça devienne une priorité nationale, l'adaptation aux changements climatiques.

Ce matin, Québec solidaire va déposer une motion pour faire une proposition au gouvernement. Je pense qu'il y a déjà un consensus là-dessus. Il y a, en ce moment, plus d'une centaine de feux. On essaie de suivre, là, on parlait de plus de 150 feux, je pense, qui sont en activité. Ce qu'on constate, c'est que les équipes de la SOPFEU, malgré leur dévouement extraordinaire, ont seulement des capacités pour en contrôler quelques dizaines. Le consensus s'installe à l'effet qu'il faut augmenter les capacités d'intervention de la SOPFEU. C'est la motion qu'on va déposer aujourd'hui, une motion qui se veut constructive, générale. On n'est pas là pour pointer du doigt personne, mais pour générer un consensus autour de l'idée selon laquelle il faut augmenter les capacités de la SOPFEU rapidement au Québec. Il y a plusieurs moyens de le faire. Je ne suis pas là ce matin en prétendant qu'on a tous les points de solution, mais voilà un premier geste qu'on peut poser pour envoyer le message aux Québécois, aux Québécoises qu'on prend ça au sérieux et que la classe politique est mobilisée pour trouver des solutions en matière d'adaptation aux changements climatiques. C'est notre responsabilité en 2023.

Une voix : ...

M. Nadeau-Dubois : Je vais laisser ma collègue Ruba, puis je vais répondre à vos questions avec plaisir.

Mme Ghazal : Parfait. Merci beaucoup, Gabriel. Donc, aujourd'hui, c'est la dernière journée de consultation où on va entendre des groupes sur la réforme en éducation, la réforme Drainville. Puis il y a unanimité, unanimité, même les gens qui sont d'accord avec le projet de loi de M. Drainville disent qu'il ne faut pas abolir le Conseil supérieur de l'éducation. C'est un organisme public indépendant qui a un bras de distance avec le gouvernement, extrêmement important, qui se prononce sur des enjeux fondamentaux dans notre système d'éducation. Et c'est important que le ministre soit à l'écoute des gens qui sont venus en commission, des acteurs du milieu, soit à l'écoute de cette unanimité-là qui dit que le Conseil supérieur de l'éducation doit demeurer, garder sa mission, qui est fondamentale. Donc, moi, j'invite le ministre de l'Éducation, Bernard Drainville, à faire preuve d'humilité, d'écoute et de reculer sur l'abolition du Conseil supérieur de l'éducation. Puis, aussi, c'est une opportunité pour lui de démontrer qu'il ne veut pas tout contrôler dans le système d'éducation.

Sur un autre sujet, ce matin, on apprend que les municipalités sont en furie, et elles ont raison de l'être, à cause de la réforme Roberge. Dans le projet de loi n° 40, adopté sous le bâillon, à la dernière seconde, il y a une disposition qui a été mise dans cette loi-là pour que le gouvernement puisse demander, le ministère de l'Éducation, des terrains aux municipalités... en fait, même pas demander, prendre des terrains de façon gratuite, sans même consulter les municipalités. Et donc c'est une preuve, là, que cette réforme-là a été bâclée. Aujourd'hui, avec le projet de loi de M. Drainville, il essaie de corriger le tir de cette réforme-là de M. Roberge. Bien, c'est rare qu'on ouvre ces lois-là. Moi, j'invite aussi M. Drainville à profiter de l'ouverture de la loi actuelle, sur l'instruction publique, puis de mettre une... puis de reculer sur cette disposition-là. On ne peut plus... Le gouvernement ne peut plus traiter les municipalités avec paternalisme. Il faudrait qu'il travaille en partenariat avec les municipalités pour avoir des terrains puis construire des écoles. Donc, une autre occasion pour le ministre Drainville de démontrer son écoute, son humilité et sa bonne foi. Merci.

M. Nadeau-Dubois : Merci.

M. Desrosiers (Sébastien) : Vous parlez d'augmenter les capacités d'intervention de la SOPFEU, je sais que vous avez dit que vous n'avez pas toutes les solutions, mais comment?

M. Nadeau-Dubois : Bien, on constate qu'il y a un manque de main-d'oeuvre, il y a certains équipements qui manquent. Et il faut, pour parler en bon québécois, se mettre les yeux devant les trous, là, ce que les scientifiques nous disent, c'est que la superficie brûlée par les feux de forêt au Québec pourrait doubler, voire quadrupler à cause des changements climatiques. Ça, c'est la science qui nous dit ça. Donc, de toute évidence, il faut se préparer. Et la bonne manière de se préparer, il y en a plusieurs, mais il y en a une qui est évidente, déjà, je pense, pour tout le monde, c'est qu'il faut investir pour qu'on ait des équipes et des équipements pour intervenir sur de plus... sur un plus grand nombre de feux. C'est vraiment, je pense, le strict minimum. Et là je ne parle même pas de tous les efforts qu'il faut faire en termes de prévention, tous les efforts en termes d'aménagement forestier, tous les efforts en termes d'aménagement du territoire pour prévenir le plus possible les feux, mais le consensus, je pense, déjà, est en train de s'installer à l'effet qu'il faut investir pour avoir des capacités plus importantes d'intervention quand ça arrive.

M. Lecavalier (Charles) : Ça va être difficile, par exemple, de... Je sais que M. Legault, hier, a dit qu'il faudrait peut-être moderniser la flotte, acheter de nouveaux avions. Là, on apprend que Bombardier a vendu Canadair, que ça pourrait prendre jusqu'à 2030 pour essayer de mettre la main sur de nouveaux avions-citernes. On ne semble pas être capables de pouvoir renouveler cette flotte-là ou l'agrandir de sitôt.

M. Nadeau-Dubois : Moi, je ne prétends pas que c'est facile, personne ne prétend que c'est facile, mais c'est nécessaire. Et je me permets d'ajouter que, si on avait commencé il y a 10, il y a 15 ou il y a 20 ans, on serait dans une meilleure position aujourd'hui. On ne réécrira pas l'histoire, mais là, à partir de maintenant, il faut mettre les bouchées doubles en adaptation aux changements climatiques. Il y a des obstacles, il y a des défis, mais moi, je regarde ce qu'on a été capable de faire pendant la pandémie, là, quand le peuple québécois se mobilise, quand on réalise l'urgence d'une crise, on est capables de se mobiliser, de poser des gestes puis d'y arriver. Ce sont des crises différentes, bien sûr, je ne veux pas qu'on comprenne mal mes propos, mais je pense que, là, on est dans une situation où il faut que le printemps 2023 soit un point tournant, là. On a, pendant trop longtemps, considéré que l'adaptation aux changements climatiques, c'était un sujet parmi d'autres. On n'a pas écouté les scientifiques qui nous avertissaient. Moi, je ne suis pas ici ce matin pour pointer du doigt, mais je suis ici pour dire : Là, à partir de maintenant, ça doit devenir une vraie priorité nationale. Et la première étape, c'est de s'engager, tout le monde, à augmenter les capacités d'intervention de la SOPFEU. Et là, je répète, on ne fera pas l'économie du débat sur la prévention des feux de forêt au Québec. Que ce soit la préservation des milieux humides, par exemple, autour des villes, ce qui permet de les protéger, que ce soit des travaux d'aménagement forestier, notamment en plantant des espèces qui sont plus résistantes, il y a des investissements à faire dans des équipements de télédétection des feux de forêt aussi, des pistes de solutions, il en existe, les scientifiques nous les donnent. Moi, je n'ai pas la prétention ce matin d'avoir le plan détaillé sur la question, mais l'augmentation de la capacité de la SOPFEU, je pense que ça, c'est un point de consensus. Il faut aller de l'avant.

M. Robillard (Alexandre) : Comment vous pourriez préciser, justement, les besoins, compte tenu qu'actuellement on couvre environ une trentaine de feux? Est-ce que, pour vous, ce serait satisfaisant de doubler cette capacité-là, de la tripler, ou comment vous pouvez un peu...

M. Nadeau-Dubois : J'ai assez d'humilité pour ne pas m'embarquer dans ce genre de détails là, mais ce que je pense, c'est qu'il faut envoyer un message aux Québécois, Québécoises que la classe politique est consciente qu'on est dans une nouvelle réalité, que cette réalité-là exige de nous des gestes forts. On ne peut plus pelleter par en avant la question de l'adaptation aux changements climatiques, on ne peut plus faire comme si c'était un enjeu théorique, on ne peut plus parler de ça comme d'un sujet secondaire. Je veux dire, regardez le printemps qu'on vient de connaître, là. Ça, là, c'est la nouvelle réalité, pas juste pour ma génération, c'est la nouvelle réalité pour la génération qui s'en vient aussi. Puis il n'y a pas de plus grande responsabilité pour la classe politique au XXIe siècle, il n'y en a pas de plus grande que celle de se préparer pour les bouleversements climatiques.

M. Robillard (Alexandre) : Mais donc, là, il y a une trentaine de feux qui sont couverts par la SOPFEU.

M. Nadeau-Dubois : Il faut que ce chiffre-là monte, c'est certain, absolument essentiel.

M. Robillard (Alexandre) : Mais donc, c'est ça, mais est-ce que... donc, dans la situation actuelle, qu'est-ce que vous déplorez directement à cause de ces manques d'effectifs là?

M. Nadeau-Dubois : Moi, je ne suis pas... je répète que moi, je ne suis pas ici ce matin pour pointer des gens du doigt, mais je pense qu'il faut avoir quand même l'honnêteté de reconnaître que les scientifiques nous avaient avertis, ont tiré l'alarme pendant des décennies. Et, si on avait commencé à investir massivement en adaptation aux changements climatiques il y a quelques années ou il y a 10 ans, aujourd'hui, on serait dans une meilleure posture. Mais là, dire ça, là, ça n'aide personne. Ça fait que moi, je me concentre sur l'avenir puis je me dis : À partir de maintenant, qu'est-ce qu'on contrôle? On contrôle les gestes que l'on pose. Puis nous, comme parti dans l'opposition, notre travail, c'est de faire des propositions constructives, puis c'est ce qu'on fait aujourd'hui.

M. Robillard (Alexandre) : Précisément, qu'est-ce qu'on éviterait aujourd'hui si on avait fait ce que vous souhaitez?

M. Nadeau-Dubois : Moi, ça ne m'intéresse pas de faire des scénarios hypothétiques ou fictionnels, mais il faut avoir l'humilité de reconnaître que des gens avaient sonné l'alarme, qu'on ne les a pas écoutés suffisamment. À partir de maintenant, qu'est-ce qu'on fait? On trouve des solutions. Moi, c'est ça qui m'intéresse, trouver des solutions. On en propose une première aujourd'hui. Il y en aura d'autres.

M. Gagnon (Marc-André) : Parlant de scénarios fictionnels, là, est-ce que ça vous inquiète de voir, essentiellement sur les réseaux sociaux, la quantité de gens qui nient les changements climatiques et le lien à faire, entre autres, avec les feux de forêt?

M. Nadeau-Dubois : Vous demandez si ça m'inquiétait, c'est ça?

M. Gagnon (Marc-André) : Bien, vous inquiète, bien, tu sais...

M. Nadeau-Dubois : C'est plus qu'inquiétant, je veux dire, c'est vraiment triste de voir ça, franchement, là. Mais je vais vous dire, pour être bien honnête, ne donnons pas trop d'attention à cette infime minorité-là. Ce que les chiffres sérieux montrent, là, c'est qu'il y a une forte majorité de Québécois, de Québécoises qui réalisent que les changements climatiques, bien sûr, existent, sont provoqués par l'activité humaine. Il y a une forte majorité de Québécois. Il y avait un sondage récent encore qui demande au gouvernement, aux différents paliers de gouvernement d'en faire plus. Moi, je... Voir ça, c'est très désagréable, c'est... même, je vais vous dire, c'est déprimant, mais ne nous laissons pas distraire par ces affaires-là sur les médias sociaux, là. Il y a une majorité forte au Québec de gens qui veulent qu'on agisse sur les changements climatiques. Le peuple québécois est capable de se mobiliser, est capable de faire de grandes choses.

C'est facile... Quand on voit ce qui se passe aux nouvelles et sur les médias sociaux, là, c'est facile d'être déprimé, c'est facile de désespérer. Moi, je ne veux pas qu'on désespère, là. On a la responsabilité de ne pas désespérer, de se relever les manches et de faire ce qu'on a à faire au Québec. Puis on est capables, on est capables de le faire. Il faut avoir de la volonté politique, il faut que tout le monde travaille dans le même sens. Nous, on va être là pour faire des propositions.

M. Gagnon (Marc-André) : ...pas la pandémie, là, à certains égards?

M. Nadeau-Dubois : Bien, il faut faire attention avec ces parallèles-là, là, mais je pense que...

M. Gagnon (Marc-André) : ...nie la science et...

M. Nadeau-Dubois : Oui, bien, je pense qu'il y a... tu sais, le phénomène de la désinformation, malheureusement, connaît des belles années, et ça s'est vu dans plusieurs circonstances, c'est vrai, la pandémie, là, c'est les feux de forêt. Mais je pense que les médias sociaux ont tendance à rendre visibles ces choses-là peut-être un peu trop. Et n'oublions pas, là, que ces énergumènes-là ne représentent pas le peuple québécois, là. Je veux dire, il y a une grande majorité des Québécois, des Québécoises qui veulent qu'on agisse. Puis nous, on est là pour relayer leur volonté que le gouvernement en fasse plus.

M. Gagnon (Marc-André) : Vous pensez quoi, par exemple, de ce que Maxime Bernier a déclaré?

M. Nadeau-Dubois : Ah! ça, en parlant d'énergumène, ce n'est pas sérieux. Je ne veux pas prendre trop de temps pour commenter des propos qui sont franchement... qui relèvent de la... Je ne sais pas de quoi ça relève. Je ne veux pas dire des affaires qui ne se disent pas.

M. Laberge (Thomas) : M. Nadeau-Dubois, vous le dites, là, les gens croient aux changements climatiques, pensent qu'il faut en faire davantage, puis évidemment, là, les propos qui ont été rapportés, c'est des propos qui sont peut-être plus extrêmes. Mais est-ce que vous pensez que les Québécois sont prêts aussi à faire des sacrifices? Parce que ce n'est pas juste le gouvernement qui doit agir, c'est toute la population, et, des fois, on a l'impression que c'est au moment où ça vient toucher notre confort personnel que c'est plus difficile de mobiliser les gens. Est-ce que vous pensez que les Québécois sont prêts, peut-être, à mettre un peu de côté leur confort lorsque vient le temps de combattre les changements climatiques?

M. Nadeau-Dubois : Moi, je pense que les choses vont changer plus vite qu'on pense à partir du moment où les gens en position de leadership vont avoir la bonne attitude puis vont donner l'exemple. Si les gens sentent que, pour le premier ministre du Québec, que, pour le gouvernement du Québec, ces choses-là sont réellement prioritaires et réellement importantes, ça va envoyer un signal de mobilisation à travers toute la société. Moi, c'est ça, le message que je veux qu'on envoie, que la classe politique a pris acte, là, qu'on a vu le printemps qu'on vient d'avoir et qu'au-delà de nos désaccords on va travailler, tout le monde, à trouver des solutions. Parce que les jeunes, là, qui sont dans nos écoles en ce moment, là, que leurs parents votent pour la CAQ ou pour Québec solidaire, là, c'est le même avenir qui les attend, puis ce n'est pas un bel avenir.

M. Gagnon (Marc-André) : Parlant des jeunes dans les écoles, trouvez-vous que ça fait... que ça a du bon sens que, dans certains cégeps, comme à Longueuil, on doive placer les étudiants dans des roulottes? Il y en a 40 000, là, additionnelles, là, qui s'en viennent.

M. Nadeau-Dubois : Bien, il y a un problème de sous-financement du système d'éducation postsecondaire francophone, on le sait. Il faut réinvestir dans les cégeps francophones, particulièrement en région. Il y a vraiment un phénomène, en ce moment, de sous-financement dans ces cégeps-là qu'il faut régler. Cet exemple de roulottes, c'est juste une illustration de ce problème-là.

M. Robillard (Alexandre) : Est-ce que M. Legault aurait pu, dû être au vote sur le projet de loi pour hausser le salaire, hier, selon votre analyse de son emploi du temps, qui est public, là?

M. Nadeau-Dubois : Écoutez, les Québécois et les Québécoises, là, ils savent qui est le patron, là, ils savent que c'est François Legault qui décide, ils savent que ce projet de loi a été avancé par François Legault, ils savent que c'est François Legault qui a décidé d'en faire une priorité, alors qu'on attend toujours son projet de loi en logement. Je pense que l'absence ou la présence symbolique du premier ministre au moment du vote ne change rien au fond de l'affaire. Les Québécois, Québécoises vont s'en rappeler, de cette loi-là, ils vont se rappeler de l'empressement du premier ministre à augmenter le salaire de ses députés de 30 000 $. Ils vont comparer ça à son empressement à lutter contre la crise du logement, puis ils vont tirer des conclusions, j'en suis convaincu.

M. Robillard (Alexandre) : Est-ce qu'il y aura un seuil minimal de dons que vos députés devront obligatoirement faire à partir de la hausse qu'ils vont recevoir?

M. Nadeau-Dubois : Ma collègue Manon a eu l'occasion de répondre à cette question-là hier. Il n'y a aucun député solidaire qui va garder la hausse au complet. Tout le monde va la redonner, soit au complet, soit de manière très substantielle. Il n'y a pas de ligne de parti, je vous l'ai déjà dit, sur les finances personnelles des députés, surtout qu'on n'aura pas tous la même augmentation. Ça fait que moi, je vais respecter ça. Tout ça va être transparent, tout ça va être transparent, tout ça va être rendu public. On n'a rien à cacher puis on est fiers de s'être tenu jusqu'au bout debout contre cette mauvaise décision-là. Moi, je vous le dis, là, le vote d'hier, là... avec le vote d'hier, là, la CAQ et les libéraux viennent de souffler dans la voile du cynisme. C'est ça qu'ils ont fait.

M. Robillard (Alexandre) : ...tout en acceptant la hausse, là?

M. Nadeau-Dubois : Moi, je la donne au complet. Je pense que Ruba aussi s'est engagée de la donner au complet. Il y a de très nombreux de nos collègues qui font ça. D'autres vont la donner de manière très, très, très importante. Moi, je ne vais pas microgérer les finances familiales de mes députés, mais, sur le fond, je suis très fier qu'on se soit opposés. Et ce qui est le plus important... et on va le rendre public, là, mais ce qui est plus important, ce n'est pas à quel organisme les députés de Québec solidaire vont donner, tout comme les députés du Parti québécois qui ont pris une position similaire à la nôtre, le plus important, c'est qu'on se rappelle qu'il y a deux partis, les libéraux et la CAQ, qui ont voté, en tout cynisme, pour une augmentation de leur propre salaire.

M. Desrosiers (Sébastien) : ...ce n'est pas juste M. Legault qui était absent, hier, il y avait Simon Jolin-Barrette, plusieurs ministres. Est-ce que vous avez l'impression que certains députés de la CAQ, certains ministres, ont voulu se cacher au moment du vote?

M. Nadeau-Dubois : Peut-être. Moi, ce que je sais, c'est que le premier ministre parle souvent avec fierté de certaines de ses décisions sur sa page Facebook. Je n'ai toujours pas vu de publication sur ce sujet-là. Je n'ai toujours pas vu de communiqué de presse ni de la part de l'opposition officielle ni de la part du gouvernement pour célébrer l'adoption de leur projet de loi. Pourquoi? Parce qu'ils ne sont pas fiers de leur décision, parce qu'ils ne sont pas fiers de leur vote. Ils savent bien que ça ne passe pas dans la population. Ils ont vu le même sondage que nous, trois Québécois sur quatre qui s'opposent.

La CAQ et les libéraux sont très conscients qu'ils ont pris une décision impopulaire. Ils sont très... Pourquoi? Notamment parce que leurs bureaux de comté sont, comme les nôtres, inondés de messages de citoyens qui ne sont pas contents. Parce que les gens qu'on représente, là, le double standard, là, vous pensez qu'ils ne le voient pas? Les gens qu'on présente, là, le double standard de députés qui se lèvent un après l'autre, en Chambre, pour s'octroyer une augmentation, alors qu'eux autres ont de la misère avec le loyer, l'hypothèque, l'épicerie, ce double standard-là, il est évident pour tout le monde. Pas besoin d'être un observateur attentif de la joute politique, pas besoin d'avoir un doctorat en science politique pour voir que ce système-là, il est tout croche. Et moi, je pense que les Québécois, les Québécoises vont s'en rappeler

M. Gagnon (Marc-André) : Est-ce que ça témoigne d'un malaise?

M. Nadeau-Dubois : Moi, je constate que ni les libéraux ni la CAQ ne sont particulièrement fiers de leur vote d'hier. Ils ne s'en sont pas vantés sur leurs médias sociaux, il n'y a pas eu de communiqué de presse. Je veux dire, ça ne prend pas la tête à Papineau pour comprendre pourquoi. C'est une décision qu'ils savent très bien être impopulaire. Ils ont lu les mêmes rapports que nous depuis 10 ans. Ils savent très bien que la solution raisonnable, c'était celle de Québec solidaire, et de la juge L'Heureux-Dubé, et de la commissaire Mignolet, et du commissaire Saint-Laurent, un processus indépendant et décisionnel sur cette question-là. Ils savent très bien qu'on leur a proposé une porte de sortie honorable avec le report en 2026. Ils sont gênés dans leur vote, et je les comprends, c'est gênant.

M. Carmichael (Simon) : M. Nadeau-Dubois, je vous ramène sur les feux de forêt. Ce matin, le maire de Roberval parlait de... on a un centre de réfugiés à Roberval pour les gens de Chibougamau. Est-ce que vous croyez qu'on assiste au premier déplacement climatique au Québec?

M. Nadeau-Dubois : Les scientifiques nous le disent, les changements climatiques vont occasionner des déplacements de population sans précédent. Ça va être vrai à la surface du globe. Et c'est vrai qu'à une échelle différente, dans des proportions différentes, on assiste en ce moment à des déplacements de population à l'intérieur du Québec qui sont provoqués par les changements climatiques. Mais, si on parlait de l'érosion des berges, par exemple, je veux dire, il y a des communautés en ce moment qui sont en train d'arriver à la conclusion qu'il va devoir... oui, il va falloir déplacer des routes, il va falloir déplacer des maisons.

Et soyons clairs, là, oui, les changements climatiques sont commencés, oui, ils vont se produire encore pendant plusieurs années, mais chaque degré, chaque dixième de degré de moins de réchauffement, là, c'est des centaines de milliers de personnes déplacées de moins. Ça, la science nous dit aussi ça, que la bataille n'est pas perdue et que, si on commence à poser des gestes forts maintenant en lutte et en adaptation aux changements climatiques, on est encore capables de préserver les changements climatiques dans des proportions qui sont gérables. C'est encore possible. Donc, il ne faut pas désespérer, mais il faut virer de bord, il faut virer de bord vite. Il faut que le printemps 2023 soit un point tournant.

M. Carmichael (Simon) : Vous parliez de prévention tantôt. Est-ce que vous pensez que le Québec est prêt à agir pour ce qui est des déplacements de sa propre population?

M. Nadeau-Dubois : Moi, je regarde l'histoire du Québec, là, puis ce que je vois, c'est un peuple résilient, un peuple fort, un peuple qui est capable de prendre des virages rapides. Quand on a décidé de prendre le virage de l'égalité hommes-femmes, on est passés, en une génération, d'un des endroits où il y avait le plus d'enfants par femme à une société où les femmes avaient largement accès au milieu du travail. Quand on a décidé de prendre le virage de la social-démocratie... Je veux dire, on est capables au Québec. Et on pourrait parler, même... encore une fois, il faut faire attention que les parallèles... mais même quand il y a eu la pandémie, c'était un gros choc pour la société québécoise, là...

M. Carmichael (Simon) : Mais là on parle du béton quand même, ce n'est pas... Tu sais, ce n'est pas un changement de société, là, on parle de changer...

M. Nadeau-Dubois : Bien, on ne parle pas juste de béton, on parle d'aménagement du territoire, de protection des milieux humides, d'aménagement de la forêt, d'augmentation de nos capacités d'intervention, de mieux planifier ces scénarios-là de feux, d'inondations, de déplacements de population. Les solutions existent. Il y a plein de scientifiques talentueux au Québec qui offrent des solutions au gouvernement depuis des années. Moi, je dis : Là, il est temps qu'on écoute, il est temps qu'on arrête de pelleter par en avant. Je vous le dis, puis je le pense, il n'y a pas de plus grande responsabilité en 2023. Il n'y en a pas. Il n'y en a pas. C'est la priorité nationale qu'il faut avoir, l'adaptation aux changements climatiques. Et, au-delà des débats que j'ai eus avec François Legault par le passé, au-delà de ce qui s'est passé dans la dernière campagne électorale, moi, ce qui m'intéresse, c'est l'avenir. On a la responsabilité de trouver des solutions ensemble.

La Modératrice : En anglais.

Mme Henriquez (Gloria) : So, what kind of solutions? Yesterday, Mme Massé brought forward a motion asking for a «fonds de prévention». But what other solutions can we adopt?

M. Nadeau-Dubois : Well, we've beenpromoting that idea of a climate urgence fund for quite some time at Québec solidaire. I think it's very pertinent idea, because it really makes sure that we have funds that are reserved for those situations and that are easily accessible for those situations. Because the climate debt is the debt that future generations and actual generations are actually frightened about.

But today, we are proposing another constructive solution. I think there is already a strong consensus that we need to invest to have better intervention capacities against forest fires. The SOPFEU is able, right now, to fight a few dozen of those fires. But there are more than a hundred, and what the science is telling us is that the area covered by those fires can double or even quadruple because of climate change. So, I think the facts are already lying there. I mean, we need to invest to have better intervention capacities. I think there is already a consensus on that issue. That's the motion we are putting forward today.

And I think we need to be honest with Quebeckers. And I hate to play… I don't want to scare anyone, but what we are seeing this Spring with the water and with the fire is that this is the new normal. This is going to happen more and more. So, whatever my disagreements and my debates with François Legault in the past, now, we need to find solutions. There is no greater responsibility for the political class in our days than to find solutions to fight and to adapt to climate change. It is our first and foremost responsibility.

Mme Henriquez (Gloria) : What do you make of the fact that several MNAs from the CAQ were absent from last night's vote on salary?

M. Nadeau-Dubois : Honestly, it's a… I understand the symbol is strong, I understand that, and I agree, but this will not foul anyone. Quebeckers will remember that a few days before July 1st, in the midst of one the worst housing crisis in recent history, the priority of the Liberals and the CAQ was to increase their own salaries. And I know because we've been receiving hundred of messages. I'm sure it's the same for Liberals and Caquists. And I know because a lot of citizens are writing to them and forwarding to me, after that, their emails. So, I receive them, I am receiving the messages that a lot of those MNAs receive. So, people will remember this. And I think it's interesting to note that Mr. Legault uses very often its social media to promote his decisions. I haven't seen any post on that decision because he knows that it's an unpopular decision, he knows that it's a decision that fuels cynicism towards the political class, he knows that it's completely disconnected and that a vast majority of Quebeckers opposes that idea, he knows it. That why they're not promoting it.

Mme O'Malley (Olivia) : What kind of message does this send to unions, teachers unions, nurses unions, who are in…

M. Nadeau-Dubois : I've been saying… From the first day that that bill was tabled, I said: It's a lack of respect towards the people that we represent. Because when we vote our salaries, we are using a privilege that no one has in the society. Don't you think that single mothers, don't you think that nurses doing mandatory overtime… Do you think that they wish they could adopt a law by themselves to raise their own salaries? Wouldn't they wish that? Of course, they would. They don't have that privilege. We should not have that privilege. We've been knowing this for years. By doing that, the Liberals and the CAQ have really fueled cynicism, and it's sad. It's sad for them, but I will say it's sad for everyone that is a MNA, because we are all impacted by that cynical move.

Mme O'Malley (Olivia) : When it comes to the forest fires right now, we saw the floods in the Spring, there is still Quebeckers who don't believe in climate change, who don't support motions to change and supply money for climate change. What do you think it will take to show these people that this is real?

M. Nadeau-Dubois : I think social medias have a tendency to... how do you say...

Une voix : ...

M. Nadeau-Dubois : …yes, to make visible, to… but there is a word, like, to...

Mme O'Malley (Olivia) : Highlight.

M. Nadeau-Dubois : …highlight. I think the social media have that tendency to highlight some individuals that have opinions that are not representative of the Québec I know. A vast majority of Quebeckers know that climate change is real, that it has started, and that we need to do something. So, let's focus on that majority. Disinformation exists, we need to fight it, but, honestly, there is a strong majority, in Québec, of people that wants us to go forward. And that's the majority we're speaking for at Québec solidaire. We need to find solutions; we need to find solutions right now. The Spring of 2023 has to be turning point. You know, we cannot continue to consider that issue like an issue like the others, like any other, just like health care, just like education. This is the first crisis of our time. It needs to be the first priority. Merci beaucoup.

(Fin à 8 h 32)

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