(Huit heures deux minutes)
M. Nadeau-Dubois : Bonjour. Bonjour,
tout le monde. Plus sérieusement, ce matin, c'est important pour moi de
commencer par témoigner à nouveau de notre solidarité envers tous les
Québécois, toutes les Québécoises qui sont touchés par les feux de forêt. On a
appris comme tout le monde, hier soir, les évacuations en Jamésie. C'est
bouleversant de voir ça. Je regardais les images, hier, aux nouvelles, puis je
trouvais que ça avait l'air d'images qu'on voit dans les films, dans les films
de catastrophe. On dirait des images de séries télé, mais non, c'est ce qui se
passe au Québec, c'est la nouvelle réalité du Québec de 2023. Je veux réitérer
nos encouragements, bien sûr, avec tous les... avec les pompiers forestiers au
Québec, avec toutes les équipes de la SOPFEU.
Et je déteste jouer les bonhommes sept-heures,
mais je pense qu'il faut être honnête avec les Québécois et les Québécoises, le
printemps qu'on vient de vivre là, avec, coup sur coup, des inondations très
importantes et des feux de forêt historiques, c'est la nouvelle normalité. Ce n'est
pas l'avenir, c'est la nouvelle réalité du Québec à l'heure des changements
climatiques. Les scientifiques nous ont avertis pendant des décennies. Ce qu'ils
avaient prédit maintenant se produit, on a les deux pieds dedans.
Notre responsabilité, comme élus, bien
sûr, c'est d'être sur le terrain. Je vois que le premier ministre y est encore
aujourd'hui, puis je salue sa présence sur le terrain, auprès des gens puis
auprès des équipes. Mais notre responsabilité, c'est aussi de trouver des
solutions, et il faut que le printemps 2023 soit un point tournant. Moi,
je souhaite que le printemps 2023 soit un point tournant et qu'à partir de
maintenant l'adaptation aux changements climatiques, ça soit une véritable
priorité nationale. On ne peut plus traiter ça comme un dossier comme les
autres, on ne peut plus voir ça comme une question, parmi les autres questions,
sur un pied d'égalité, là. Les changements climatiques sont commencés, ils nous
frappent de plein fouet, et il faut qu'à partir de maintenant ça devienne une
priorité nationale, l'adaptation aux changements climatiques.
Ce matin, Québec solidaire va déposer une
motion pour faire une proposition au gouvernement. Je pense qu'il y a déjà un
consensus là-dessus. Il y a, en ce moment, plus d'une centaine de feux. On
essaie de suivre, là, on parlait de plus de 150 feux, je pense, qui sont
en activité. Ce qu'on constate, c'est que les équipes de la SOPFEU, malgré leur
dévouement extraordinaire, ont seulement des capacités pour en contrôler quelques
dizaines. Le consensus s'installe à l'effet qu'il faut augmenter les capacités
d'intervention de la SOPFEU. C'est la motion qu'on va déposer aujourd'hui, une
motion qui se veut constructive, générale. On n'est pas là pour pointer du
doigt personne, mais pour générer un consensus autour de l'idée selon laquelle
il faut augmenter les capacités de la SOPFEU rapidement au Québec. Il y a
plusieurs moyens de le faire. Je ne suis pas là ce matin en prétendant qu'on a
tous les points de solution, mais voilà un premier geste qu'on peut poser pour
envoyer le message aux Québécois, aux Québécoises qu'on prend ça au sérieux et
que la classe politique est mobilisée pour trouver des solutions en matière
d'adaptation aux changements climatiques. C'est notre responsabilité en 2023.
Une voix : ...
M. Nadeau-Dubois : Je vais
laisser ma collègue Ruba, puis je vais répondre à vos questions avec plaisir.
Mme Ghazal : Parfait. Merci
beaucoup, Gabriel. Donc, aujourd'hui, c'est la dernière journée de consultation
où on va entendre des groupes sur la réforme en éducation, la réforme
Drainville. Puis il y a unanimité, unanimité, même les gens qui sont d'accord
avec le projet de loi de M. Drainville disent qu'il ne faut pas abolir le Conseil
supérieur de l'éducation. C'est un organisme public indépendant qui a un bras
de distance avec le gouvernement, extrêmement important, qui se prononce sur
des enjeux fondamentaux dans notre système d'éducation. Et c'est important que
le ministre soit à l'écoute des gens qui sont venus en commission, des acteurs
du milieu, soit à l'écoute de cette unanimité-là qui dit que le Conseil
supérieur de l'éducation doit demeurer, garder sa mission, qui est
fondamentale. Donc, moi, j'invite le ministre de l'Éducation, Bernard Drainville,
à faire preuve d'humilité, d'écoute et de reculer sur l'abolition du Conseil
supérieur de l'éducation. Puis, aussi, c'est une opportunité pour lui de
démontrer qu'il ne veut pas tout contrôler dans le système d'éducation.
Sur un autre sujet, ce matin, on apprend
que les municipalités sont en furie, et elles ont raison de l'être, à cause de
la réforme Roberge. Dans le projet de loi n° 40,
adopté sous le bâillon, à la dernière seconde, il y a une disposition qui a été
mise dans cette loi-là pour que le gouvernement puisse demander, le ministère
de l'Éducation, des terrains aux municipalités... en fait, même pas demander,
prendre des terrains de façon gratuite, sans même consulter les municipalités.
Et donc c'est une preuve, là, que cette réforme-là a été bâclée. Aujourd'hui,
avec le projet de loi de M. Drainville, il essaie de corriger le tir de
cette réforme-là de M. Roberge. Bien, c'est rare qu'on ouvre ces lois-là.
Moi, j'invite aussi M. Drainville à profiter de l'ouverture de la loi
actuelle, sur l'instruction publique, puis de mettre une... puis de reculer sur
cette disposition-là. On ne peut plus... Le gouvernement ne peut plus traiter
les municipalités avec paternalisme. Il faudrait qu'il travaille en partenariat
avec les municipalités pour avoir des terrains puis construire des écoles.
Donc, une autre occasion pour le ministre Drainville de démontrer son écoute,
son humilité et sa bonne foi. Merci.
M. Nadeau-Dubois : Merci.
M. Desrosiers (Sébastien) : Vous
parlez d'augmenter les capacités d'intervention de la SOPFEU, je sais que vous
avez dit que vous n'avez pas toutes les solutions, mais comment?
M. Nadeau-Dubois : Bien, on
constate qu'il y a un manque de main-d'oeuvre, il y a certains équipements qui
manquent. Et il faut, pour parler en bon québécois, se mettre les yeux devant
les trous, là, ce que les scientifiques nous disent, c'est que la superficie
brûlée par les feux de forêt au Québec pourrait doubler, voire quadrupler à
cause des changements climatiques. Ça, c'est la science qui nous dit ça. Donc,
de toute évidence, il faut se préparer. Et la bonne manière de se préparer, il
y en a plusieurs, mais il y en a une qui est évidente, déjà, je pense, pour
tout le monde, c'est qu'il faut investir pour qu'on ait des équipes et des
équipements pour intervenir sur de plus... sur un plus grand nombre de feux.
C'est vraiment, je pense, le strict minimum. Et là je ne parle même pas de tous
les efforts qu'il faut faire en termes de prévention, tous les efforts en
termes d'aménagement forestier, tous les efforts en termes d'aménagement du
territoire pour prévenir le plus possible les feux, mais le consensus, je
pense, déjà, est en train de s'installer à l'effet qu'il faut investir pour
avoir des capacités plus importantes d'intervention quand ça arrive.
M. Lecavalier (Charles) : Ça
va être difficile, par exemple, de... Je sais que M. Legault, hier, a dit
qu'il faudrait peut-être moderniser la flotte, acheter de nouveaux avions. Là,
on apprend que Bombardier a vendu Canadair, que ça pourrait prendre jusqu'à
2030 pour essayer de mettre la main sur de nouveaux avions-citernes. On ne
semble pas être capables de pouvoir renouveler cette flotte-là ou l'agrandir de
sitôt.
M. Nadeau-Dubois : Moi, je ne
prétends pas que c'est facile, personne ne prétend que c'est facile, mais c'est
nécessaire. Et je me permets d'ajouter que, si on avait commencé il y a 10, il
y a 15 ou il y a 20 ans, on serait dans une meilleure position
aujourd'hui. On ne réécrira pas l'histoire, mais là, à partir de maintenant, il
faut mettre les bouchées doubles en adaptation aux changements climatiques. Il
y a des obstacles, il y a des défis, mais moi, je regarde ce qu'on a été
capable de faire pendant la pandémie, là, quand le peuple québécois se
mobilise, quand on réalise l'urgence d'une crise, on est capables de se
mobiliser, de poser des gestes puis d'y arriver. Ce sont des crises
différentes, bien sûr, je ne veux pas qu'on comprenne mal mes propos, mais je
pense que, là, on est dans une situation où il faut que le printemps 2023
soit un point tournant, là. On a, pendant trop longtemps, considéré que
l'adaptation aux changements climatiques, c'était un sujet parmi d'autres. On
n'a pas écouté les scientifiques qui nous avertissaient. Moi, je ne suis pas
ici ce matin pour pointer du doigt, mais je suis ici pour dire : Là, à
partir de maintenant, ça doit devenir une vraie priorité nationale. Et la
première étape, c'est de s'engager, tout le monde, à augmenter les capacités
d'intervention de la SOPFEU. Et là, je répète, on ne fera pas l'économie du
débat sur la prévention des feux de forêt au Québec. Que ce soit la
préservation des milieux humides, par exemple, autour des villes, ce qui permet
de les protéger, que ce soit des travaux d'aménagement forestier, notamment en
plantant des espèces qui sont plus résistantes, il y a des investissements à
faire dans des équipements de télédétection des feux de forêt aussi, des pistes
de solutions, il en existe, les scientifiques nous les donnent. Moi, je n'ai
pas la prétention ce matin d'avoir le plan détaillé sur la question, mais
l'augmentation de la capacité de la SOPFEU, je pense que ça, c'est un point de
consensus. Il faut aller de l'avant.
M. Robillard (Alexandre) : Comment
vous pourriez préciser, justement, les besoins, compte tenu qu'actuellement on
couvre environ une trentaine de feux? Est-ce que, pour vous, ce serait
satisfaisant de doubler cette capacité-là, de la tripler, ou comment vous
pouvez un peu...
M. Nadeau-Dubois : J'ai assez
d'humilité pour ne pas m'embarquer dans ce genre de détails là, mais ce que je
pense, c'est qu'il faut envoyer un message aux Québécois, Québécoises que la
classe politique est consciente qu'on est dans une nouvelle réalité, que cette
réalité-là exige de nous des gestes forts. On ne peut plus pelleter par en
avant la question de l'adaptation aux changements climatiques, on ne peut plus
faire comme si c'était un enjeu théorique, on ne peut plus parler de ça comme
d'un sujet secondaire. Je veux dire, regardez le printemps qu'on vient de
connaître, là. Ça, là, c'est la nouvelle réalité, pas juste pour ma génération,
c'est la nouvelle réalité pour la génération qui s'en vient aussi. Puis il n'y
a pas de plus grande responsabilité pour la classe politique au
XXIe siècle, il n'y en a pas de plus grande que celle de se préparer pour
les bouleversements climatiques.
M. Robillard (Alexandre) : Mais
donc, là, il y a une trentaine de feux qui sont couverts par la SOPFEU.
M. Nadeau-Dubois : Il faut
que ce chiffre-là monte, c'est certain, absolument essentiel.
M. Robillard (Alexandre) : Mais
donc, c'est ça, mais est-ce que... donc, dans la situation actuelle, qu'est-ce
que vous déplorez directement à cause de ces manques d'effectifs là?
M. Nadeau-Dubois : Moi, je ne
suis pas... je répète que moi, je ne suis pas ici ce matin pour pointer des
gens du doigt, mais je pense qu'il faut avoir quand même l'honnêteté de
reconnaître que les scientifiques nous avaient avertis, ont tiré l'alarme
pendant des décennies. Et, si on avait commencé à investir massivement en
adaptation aux changements climatiques il y a quelques années ou il y a
10 ans, aujourd'hui, on serait dans une meilleure posture. Mais là, dire
ça, là, ça n'aide personne. Ça fait que moi, je me concentre sur l'avenir puis
je me dis : À partir de maintenant, qu'est-ce qu'on contrôle? On contrôle
les gestes que l'on pose. Puis nous, comme parti dans l'opposition, notre
travail, c'est de faire des propositions constructives, puis c'est ce qu'on
fait aujourd'hui.
M. Robillard (Alexandre) : Précisément,
qu'est-ce qu'on éviterait aujourd'hui si on avait fait ce que vous souhaitez?
M. Nadeau-Dubois : Moi, ça ne
m'intéresse pas de faire des scénarios hypothétiques ou fictionnels, mais il
faut avoir l'humilité de reconnaître que des gens avaient sonné l'alarme, qu'on
ne les a pas écoutés suffisamment. À partir de maintenant, qu'est-ce qu'on
fait? On trouve des solutions. Moi, c'est ça qui m'intéresse, trouver des solutions.
On en propose une première aujourd'hui. Il y en aura d'autres.
M. Gagnon (Marc-André) : Parlant
de scénarios fictionnels, là, est-ce que ça vous inquiète de voir,
essentiellement sur les réseaux sociaux, la quantité de gens qui nient les
changements climatiques et le lien à faire, entre autres, avec les feux de
forêt?
M. Nadeau-Dubois : Vous
demandez si ça m'inquiétait, c'est ça?
M. Gagnon (Marc-André) : Bien,
vous inquiète, bien, tu sais...
M. Nadeau-Dubois : C'est plus
qu'inquiétant, je veux dire, c'est vraiment triste de voir ça, franchement, là.
Mais je vais vous dire, pour être bien honnête, ne donnons pas trop d'attention
à cette infime minorité-là. Ce que les chiffres sérieux montrent, là, c'est
qu'il y a une forte majorité de Québécois, de Québécoises qui réalisent que les
changements climatiques, bien sûr, existent, sont provoqués par l'activité
humaine. Il y a une forte majorité de Québécois. Il y avait un sondage récent
encore qui demande au gouvernement, aux différents paliers de gouvernement d'en
faire plus. Moi, je... Voir ça, c'est très désagréable, c'est... même, je vais
vous dire, c'est déprimant, mais ne nous laissons pas distraire par ces
affaires-là sur les médias sociaux, là. Il y a une majorité forte au Québec de
gens qui veulent qu'on agisse sur les changements climatiques. Le peuple
québécois est capable de se mobiliser, est capable de faire de grandes choses.
C'est facile... Quand on voit ce qui se
passe aux nouvelles et sur les médias sociaux, là, c'est facile d'être déprimé,
c'est facile de désespérer. Moi, je ne veux pas qu'on désespère, là. On a la
responsabilité de ne pas désespérer, de se relever les manches et de faire ce
qu'on a à faire au Québec. Puis on est capables, on est capables de le faire. Il
faut avoir de la volonté politique, il faut que tout le monde travaille dans le
même sens. Nous, on va être là pour faire des propositions.
M. Gagnon (Marc-André) : ...pas
la pandémie, là, à certains égards?
M. Nadeau-Dubois : Bien, il
faut faire attention avec ces parallèles-là, là, mais je pense que...
M. Gagnon (Marc-André) : ...nie
la science et...
M. Nadeau-Dubois : Oui, bien,
je pense qu'il y a... tu sais, le phénomène de la désinformation,
malheureusement, connaît des belles années, et ça s'est vu dans plusieurs
circonstances, c'est vrai, la pandémie, là, c'est les feux de forêt. Mais je
pense que les médias sociaux ont tendance à rendre visibles ces choses-là
peut-être un peu trop. Et n'oublions pas, là, que ces énergumènes-là ne
représentent pas le peuple québécois, là. Je veux dire, il y a une grande
majorité des Québécois, des Québécoises qui veulent qu'on agisse. Puis nous, on
est là pour relayer leur volonté que le gouvernement en fasse plus.
M. Gagnon (Marc-André) : Vous
pensez quoi, par exemple, de ce que Maxime Bernier a déclaré?
M. Nadeau-Dubois : Ah! ça, en
parlant d'énergumène, ce n'est pas sérieux. Je ne veux pas prendre trop de
temps pour commenter des propos qui sont franchement... qui relèvent de la... Je
ne sais pas de quoi ça relève. Je ne veux pas dire des affaires qui ne se
disent pas.
M. Laberge (Thomas) : M. Nadeau-Dubois,
vous le dites, là, les gens croient aux changements climatiques, pensent qu'il
faut en faire davantage, puis évidemment, là, les propos qui ont été rapportés,
c'est des propos qui sont peut-être plus extrêmes. Mais est-ce que vous pensez
que les Québécois sont prêts aussi à faire des sacrifices? Parce que ce n'est
pas juste le gouvernement qui doit agir, c'est toute la population, et, des
fois, on a l'impression que c'est au moment où ça vient toucher notre confort
personnel que c'est plus difficile de mobiliser les gens. Est-ce que vous
pensez que les Québécois sont prêts, peut-être, à mettre un peu de côté leur
confort lorsque vient le temps de combattre les changements climatiques?
M. Nadeau-Dubois : Moi, je
pense que les choses vont changer plus vite qu'on pense à partir du moment où
les gens en position de leadership vont avoir la bonne attitude puis vont donner
l'exemple. Si les gens sentent que, pour le premier ministre du Québec, que,
pour le gouvernement du Québec, ces choses-là sont réellement prioritaires et
réellement importantes, ça va envoyer un signal de mobilisation à travers toute
la société. Moi, c'est ça, le message que je veux qu'on envoie, que la classe
politique a pris acte, là, qu'on a vu le printemps qu'on vient d'avoir et
qu'au-delà de nos désaccords on va travailler, tout le monde, à trouver des
solutions. Parce que les jeunes, là, qui sont dans nos écoles en ce moment, là,
que leurs parents votent pour la CAQ ou pour Québec solidaire, là, c'est le
même avenir qui les attend, puis ce n'est pas un bel avenir.
M. Gagnon (Marc-André) : Parlant
des jeunes dans les écoles, trouvez-vous que ça fait... que ça a du bon sens
que, dans certains cégeps, comme à Longueuil, on doive placer les étudiants
dans des roulottes? Il y en a 40 000, là, additionnelles, là, qui s'en
viennent.
M. Nadeau-Dubois : Bien, il y
a un problème de sous-financement du système d'éducation postsecondaire
francophone, on le sait. Il faut réinvestir dans les cégeps francophones,
particulièrement en région. Il y a vraiment un phénomène, en ce moment, de
sous-financement dans ces cégeps-là qu'il faut régler. Cet exemple de roulottes,
c'est juste une illustration de ce problème-là.
M. Robillard (Alexandre) : Est-ce
que M. Legault aurait pu, dû être au vote sur le projet de loi pour
hausser le salaire, hier, selon votre analyse de son emploi du temps, qui est
public, là?
M. Nadeau-Dubois : Écoutez,
les Québécois et les Québécoises, là, ils savent qui est le patron, là, ils
savent que c'est François Legault qui décide, ils savent que ce projet de loi a
été avancé par François Legault, ils savent que c'est François Legault qui a
décidé d'en faire une priorité, alors qu'on attend toujours son projet de loi
en logement. Je pense que l'absence ou la présence symbolique du premier
ministre au moment du vote ne change rien au fond de l'affaire. Les Québécois,
Québécoises vont s'en rappeler, de cette loi-là, ils vont se rappeler de
l'empressement du premier ministre à augmenter le salaire de ses députés de 30 000 $.
Ils vont comparer ça à son empressement à lutter contre la crise du logement,
puis ils vont tirer des conclusions, j'en suis convaincu.
M. Robillard (Alexandre) : Est-ce
qu'il y aura un seuil minimal de dons que vos députés devront obligatoirement
faire à partir de la hausse qu'ils vont recevoir?
M. Nadeau-Dubois : Ma
collègue Manon a eu l'occasion de répondre à cette question-là hier. Il n'y a
aucun député solidaire qui va garder la hausse au complet. Tout le monde va la
redonner, soit au complet, soit de manière très substantielle. Il n'y a pas de
ligne de parti, je vous l'ai déjà dit, sur les finances personnelles des
députés, surtout qu'on n'aura pas tous la même augmentation. Ça fait que moi,
je vais respecter ça. Tout ça va être transparent, tout ça va être transparent,
tout ça va être rendu public. On n'a rien à cacher puis on est fiers de s'être
tenu jusqu'au bout debout contre cette mauvaise décision-là. Moi, je vous le
dis, là, le vote d'hier, là... avec le vote d'hier, là, la CAQ et les libéraux
viennent de souffler dans la voile du cynisme. C'est ça qu'ils ont fait.
M. Robillard (Alexandre) : ...tout
en acceptant la hausse, là?
M. Nadeau-Dubois : Moi, je la
donne au complet. Je pense que Ruba aussi s'est engagée de la donner au
complet. Il y a de très nombreux de nos collègues qui font ça. D'autres vont la
donner de manière très, très, très importante. Moi, je ne vais pas microgérer
les finances familiales de mes députés, mais, sur le fond, je suis très fier
qu'on se soit opposés. Et ce qui est le plus important... et on va le rendre
public, là, mais ce qui est plus important, ce n'est pas à quel organisme les
députés de Québec solidaire vont donner, tout comme les députés du Parti
québécois qui ont pris une position similaire à la nôtre, le plus important,
c'est qu'on se rappelle qu'il y a deux partis, les libéraux et la CAQ, qui ont
voté, en tout cynisme, pour une augmentation de leur propre salaire.
M. Desrosiers (Sébastien) : ...ce
n'est pas juste M. Legault qui était absent, hier, il y avait Simon
Jolin-Barrette, plusieurs ministres. Est-ce que vous avez l'impression que
certains députés de la CAQ, certains ministres, ont voulu se cacher au moment
du vote?
M. Nadeau-Dubois : Peut-être.
Moi, ce que je sais, c'est que le premier ministre parle souvent avec fierté de
certaines de ses décisions sur sa page Facebook. Je n'ai toujours pas vu de
publication sur ce sujet-là. Je n'ai toujours pas vu de communiqué de presse ni
de la part de l'opposition officielle ni de la part du gouvernement pour
célébrer l'adoption de leur projet de loi. Pourquoi? Parce qu'ils ne sont pas
fiers de leur décision, parce qu'ils ne sont pas fiers de leur vote. Ils savent
bien que ça ne passe pas dans la population. Ils ont vu le même sondage que
nous, trois Québécois sur quatre qui s'opposent.
La CAQ et les libéraux sont très conscients
qu'ils ont pris une décision impopulaire. Ils sont très... Pourquoi? Notamment
parce que leurs bureaux de comté sont, comme les nôtres, inondés de messages de
citoyens qui ne sont pas contents. Parce que les gens qu'on représente, là, le
double standard, là, vous pensez qu'ils ne le voient pas? Les gens qu'on
présente, là, le double standard de députés qui se lèvent un après l'autre, en
Chambre, pour s'octroyer une augmentation, alors qu'eux autres ont de la misère
avec le loyer, l'hypothèque, l'épicerie, ce double standard-là, il est évident
pour tout le monde. Pas besoin d'être un observateur attentif de la joute
politique, pas besoin d'avoir un doctorat en science politique pour voir que ce
système-là, il est tout croche. Et moi, je pense que les Québécois, les
Québécoises vont s'en rappeler
M. Gagnon (Marc-André) : Est-ce
que ça témoigne d'un malaise?
M. Nadeau-Dubois : Moi, je
constate que ni les libéraux ni la CAQ ne sont particulièrement fiers de leur
vote d'hier. Ils ne s'en sont pas vantés sur leurs médias sociaux, il n'y a pas
eu de communiqué de presse. Je veux dire, ça ne prend pas la tête à Papineau
pour comprendre pourquoi. C'est une décision qu'ils savent très bien être
impopulaire. Ils ont lu les mêmes rapports que nous depuis 10 ans. Ils
savent très bien que la solution raisonnable, c'était celle de Québec solidaire,
et de la juge L'Heureux-Dubé, et de la commissaire Mignolet, et du commissaire
Saint-Laurent, un processus indépendant et décisionnel sur cette question-là.
Ils savent très bien qu'on leur a proposé une porte de sortie honorable avec le
report en 2026. Ils sont gênés dans leur vote, et je les comprends, c'est
gênant.
M. Carmichael (Simon) : M. Nadeau-Dubois,
je vous ramène sur les feux de forêt. Ce matin, le maire de Roberval parlait
de... on a un centre de réfugiés à Roberval pour les gens de Chibougamau.
Est-ce que vous croyez qu'on assiste au premier déplacement climatique au
Québec?
M. Nadeau-Dubois : Les
scientifiques nous le disent, les changements climatiques vont occasionner des
déplacements de population sans précédent. Ça va être vrai à la surface du
globe. Et c'est vrai qu'à une échelle différente, dans des proportions
différentes, on assiste en ce moment à des déplacements de population à l'intérieur
du Québec qui sont provoqués par les changements climatiques. Mais, si on
parlait de l'érosion des berges, par exemple, je veux dire, il y a des
communautés en ce moment qui sont en train d'arriver à la conclusion qu'il va
devoir... oui, il va falloir déplacer des routes, il va falloir déplacer des
maisons.
Et soyons clairs, là, oui, les changements
climatiques sont commencés, oui, ils vont se produire encore pendant plusieurs
années, mais chaque degré, chaque dixième de degré de moins de réchauffement,
là, c'est des centaines de milliers de personnes déplacées de moins. Ça, la
science nous dit aussi ça, que la bataille n'est pas perdue et que, si on
commence à poser des gestes forts maintenant en lutte et en adaptation aux
changements climatiques, on est encore capables de préserver les changements
climatiques dans des proportions qui sont gérables. C'est encore possible.
Donc, il ne faut pas désespérer, mais il faut virer de bord, il faut virer de
bord vite. Il faut que le printemps 2023 soit un point tournant.
M. Carmichael (Simon) : Vous
parliez de prévention tantôt. Est-ce que vous pensez que le Québec est prêt à
agir pour ce qui est des déplacements de sa propre population?
M. Nadeau-Dubois : Moi, je
regarde l'histoire du Québec, là, puis ce que je vois, c'est un peuple
résilient, un peuple fort, un peuple qui est capable de prendre des virages
rapides. Quand on a décidé de prendre le virage de l'égalité hommes-femmes, on
est passés, en une génération, d'un des endroits où il y avait le plus
d'enfants par femme à une société où les femmes avaient largement accès au
milieu du travail. Quand on a décidé de prendre le virage de la social-démocratie...
Je veux dire, on est capables au Québec. Et on pourrait parler, même... encore une
fois, il faut faire attention que les parallèles... mais même quand il y a eu
la pandémie, c'était un gros choc pour la société québécoise, là...
M. Carmichael (Simon) : Mais
là on parle du béton quand même, ce n'est pas... Tu sais, ce n'est pas un changement
de société, là, on parle de changer...
M. Nadeau-Dubois : Bien, on
ne parle pas juste de béton, on parle d'aménagement du territoire, de
protection des milieux humides, d'aménagement de la forêt, d'augmentation de
nos capacités d'intervention, de mieux planifier ces scénarios-là de feux,
d'inondations, de déplacements de population. Les solutions existent. Il y a
plein de scientifiques talentueux au Québec qui offrent des solutions au
gouvernement depuis des années. Moi, je dis : Là, il est temps qu'on
écoute, il est temps qu'on arrête de pelleter par en avant. Je vous le dis,
puis je le pense, il n'y a pas de plus grande responsabilité en 2023. Il n'y en
a pas. Il n'y en a pas. C'est la priorité nationale qu'il faut avoir, l'adaptation
aux changements climatiques. Et, au-delà des débats que j'ai eus avec François
Legault par le passé, au-delà de ce qui s'est passé dans la dernière campagne
électorale, moi, ce qui m'intéresse, c'est l'avenir. On a la responsabilité de
trouver des solutions ensemble.
La Modératrice :
En anglais.
Mme Henriquez
(Gloria) :
So,
what kind of solutions? Yesterday, Mme Massé brought forward a motion
asking for a «fonds de prévention». But what other solutions can we adopt?
M.
Nadeau-Dubois : Well, we've beenpromoting
that idea of a climate urgence fund for quite some time at Québec solidaire. I
think it's very pertinent idea, because it really makes sure that we have funds
that are reserved for those situations and that are easily accessible for those
situations. Because the climate debt is the debt that future generations and
actual generations are actually frightened about.
But today, we are
proposing another constructive solution. I think there is already a strong
consensus that we need to invest to have better intervention capacities against
forest fires. The SOPFEU is able, right now, to fight a few dozen of those
fires. But there are more than a hundred, and what the science is telling us is
that the area covered by those fires can double or even quadruple because of
climate change. So, I think the facts are already lying there. I mean, we need
to invest to have better intervention capacities. I think there is already a
consensus on that issue. That's the motion we are putting forward today.
And I think we need to be
honest with Quebeckers. And I
hate to play… I don't want to scare anyone, but what we are seeing this Spring
with the water and with the fire is that this is the new normal. This is going
to happen more and more. So, whatever my disagreements and my debates with
François Legault in the past, now, we need to find solutions. There is no
greater responsibility for the political class in our days than to find
solutions to fight and to adapt to climate change. It is our first and foremost
responsibility.
Mme Henriquez
(Gloria) :
What
do you make of the fact that several MNAs from the CAQ were absent from last
night's vote on salary?
M.
Nadeau-Dubois :
Honestly, it's a… I understand the symbol is strong, I understand
that, and I agree, but this will not foul anyone. Quebeckers will remember that a few days before July 1st, in the midst of one
the worst housing crisis in recent history, the priority of the Liberals and
the CAQ was to increase their own salaries. And I know because we've been
receiving hundred of messages. I'm sure it's the same for Liberals and Caquists.
And I know because a lot of citizens are writing to them and forwarding to me,
after that, their emails. So, I receive them, I am receiving the messages that
a lot of those MNAs receive. So, people will remember this. And I think it's
interesting to note that Mr. Legault uses very often its social media to
promote his decisions. I haven't seen any post on that decision because he
knows that it's an unpopular decision, he knows that it's a decision that fuels
cynicism towards the political class, he knows that it's completely
disconnected and that a vast majority of Quebeckers opposes that idea, he knows it. That why they're not promoting it.
Mme O'Malley
(Olivia) : What kind of message does this send
to unions, teachers unions, nurses unions, who are in…
M.
Nadeau-Dubois : I've been saying… From the
first day that that bill was tabled, I said: It's a lack of respect towards the
people that we represent. Because when we vote our salaries, we are using a
privilege that no one has in the society. Don't you think that single mothers,
don't you think that nurses doing mandatory overtime… Do you think that they
wish they could adopt a law by themselves to raise their own salaries? Wouldn't
they wish that? Of course, they would. They don't have that privilege. We
should not have that privilege. We've been knowing this for years. By doing
that, the Liberals and the CAQ have really fueled cynicism, and it's sad. It's
sad for them, but I will say it's sad for everyone that is a MNA, because we
are all impacted by that cynical move.
Mme O'Malley
(Olivia) :
When
it comes to the forest fires right now, we saw the floods in the Spring, there
is still Quebeckers who don't believe in climate change, who don't support
motions to change and supply money for climate change. What do you think it
will take to show these people that this is real?
M.
Nadeau-Dubois :
I think social medias have a tendency to... how do you say...
Une voix :
...
M.
Nadeau-Dubois :
…yes, to make visible, to… but there is a word, like, to...
Mme O'Malley
(Olivia) :
Highlight.
M.
Nadeau-Dubois :
…highlight. I think the social media have that tendency to highlight
some individuals that have opinions that are not representative of the Québec I
know. A vast majority of Quebeckers know that climate change is real, that it
has started, and that we need to do something. So, let's focus on that
majority. Disinformation exists, we need to fight it, but, honestly, there is a
strong majority, in Québec, of people that wants us to go forward. And that's
the majority we're speaking for at Québec solidaire. We need to find solutions;
we need to find solutions right now. The Spring of 2023 has to be turning
point. You know, we cannot continue to consider that issue like an issue like
the others, like any other, just like health care, just like education. This is
the first crisis of our time. It needs to be the first priority. Merci
beaucoup.
(Fin à 8 h 32)