(Huit heures quarante-six minutes)
M. Leduc : Bonjour, tout le
monde. J'espère que vous allez bien, jeudi matin, avant-dernière journée. Deux
sujets pour vous, de ma part, ce matin. D'abord, sur Amazon, vous le savez, on
a rencontré des travailleurs, des travailleuses d'Amazon, des entrepôts, là,
notamment à Montréal, il y a quelques semaines. Il y en a quelques-uns qui ont
fait... qui sont en train de faire le voyage au moment où on se parle, qui
seront dans les gradins tantôt, parce qu'on veut continuer d'interpeller le
ministre du Travail, M. Jean Boulet, pour qu'il s'implique davantage sur
le dossier d'Amazon, qu'il fasse ce qu'on lui réclamait dans la pétition de 7 000 noms
qu'on a déposée il y a quelques jours déjà, à savoir une enquête, qu'il
déclenche une enquête sur les conditions de travail d'Amazon. C'est une
entreprise qui importe des méthodes de travail des États-Unis qui ne s'appliquent
pas au Québec, qui ne respectent pas les lois du Québec. C'est une usine à
blessures. La santé-sécurité n'est pas prise au sérieux dans ces entrepôts-là.
Alors, nous, ce qu'on souhaite, aujourd'hui, c'est d'envoyer un cri du cœur au
ministre et l'inviter à ce qu'il les rencontre, les travailleurs et
travailleuses d'Amazon, comme nous l'avons fait, Gabriel et moi, il y a
quelques semaines, et qu'il soit sensibilisé à leur réalité.
Deuxième sujet, vous avez peut-être vu
dans le feuilleton, ce matin, qu'il y a un préavis sur le fameux projet de loi
sur le logement. On est à la fois contents et déçus. Pourquoi? Parce que, bien
là, vraisemblablement, il va être déposé demain, hein, vous connaissez la
méthode, on fait un préavis, on le dépose souvent le lendemain, mais déçus
parce que ça aurait dû être fait il y a plusieurs semaines, plusieurs mois
déjà. On assume, évidemment, qu'on n'adoptera pas ce projet de loi là demain de
manière expresse. Ça veut dire qu'il ne sera pas appliqué avant le 1er juillet,
alors que le gouvernement est au courant qu'il y a une crise du logement, que
ça fait des dommages importants pour de nombreuses familles, de nombreuses
personnes, notamment à Montréal, mais pas juste à Montréal, dans toutes les
villes, dans toutes les circonscriptions du Québec. Et, vraiment, en matière de
logement, là, la CAQ, ça fait dur. On est déçus. On aurait voulu beaucoup plus
d'actions, beaucoup plus rapidement.
Mme Zaga Mendez : Merci,
Alex. Bonjour, tout le monde. Moi, ce matin, bien sûr, je veux vous parler des
forêts. On est, tout le monde, je pense, très, très inquiets par la situation
qu'on vit en ce moment au Québec. Et, à cet égard, hier, Gabriel et moi avons
envoyé une lettre à la commission des ressources naturelles pour demander un
mandat d'initiative sur l'avenir de nos forêts face aux changements
climatiques. Ce qu'on vit ce printemps... Le printemps 2003, en fait, doit
être un point tournant. On doit... Ça doit générer, tout ce qu'on perçoit, une
grande réflexion, et c'est pour ça qu'on propose une commission, dès le retour,
à l'automne, pour réfléchir sur l'adaptation aux changements climatiques en
matière de gestion forestière.
La forêt, c'est un bien public et c'est à
nous. La forêt, c'est notre ressource collective, puis il faut s'assurer de
bien la protéger, et on a un retard à rattraper en matière de lutte et
adaptation aux changements climatiques. Bien sûr, en ce moment, en ce moment
même, dans l'immédiat, la priorité, c'est d'éteindre les incendies, la
priorité, c'est accompagner les nombreuses familles et communautés qui sont
délogées et touchées par les feux de forêt. Mais évidemment il va falloir
rassurer ces communautés-là. On espère que ces communautés, ces familles vont
pouvoir retourner à la maison.
Mais, après l'été, qu'est-ce qu'on va
dire? C'est quoi, le message, comme élus, qu'on va envoyer? Et c'est ça, l'objectif
de cette commission-là, de réfléchir, d'entendre des experts, puis se dire qu'est-ce
qu'on va faire pour prévenir les feux à l'avenir, qu'est-ce qu'on va faire pour
aménager notre forêt et qu'elle soit adaptée aux changements à venir, et, en
même temps, protéger notre nature. Une fois qu'on aura pris le dessus, suite à
l'été, il faut qu'on se donne ce grand rendez-vous là, où tous les partis, on
discute, on entend les experts puis on entend les gens qui sont sur le terrain,
parce que ce n'est pas possible qu'on n'ait pas, en ce moment, un plan d'action,
et il faut que l'adaptation aux changements climatiques, ce soit une priorité.
M. Denis (Maxime) : Quand
vous entendez, justement, hier, François Legault parler de la pénurie de
pilotes à la SOPFEU, vous parlez de l'inquiétude de la communauté, donc qu'est-ce
que ça exprime? Puis qu'est-ce qu'on peut faire?
Mme Zaga Mendez : Hier, ma
formation politique, on a mis une motion, qui a été adoptée à l'unanimité, qui
reconnaît qu'on a un enjeu en termes de ressources, qui reconnaît qu'il faut
donner plus de ressources à la SOPFEU pour combattre les incendies. Alors, oui,
c'est une préoccupation. Et là le gouvernement s'est engagé, donc il doit
saisir cette opportunité pour aller plus loin, pour mettre les ressources à la
bonne place. Mais avec qu'est-ce qu'on voit, avec les centaines... là, on est
presque à 150 feux, un peu plus, qui sont sur le terrain, bien là, il faut
se poser la grande question, là : Comment on est en train de gérer les
forêts? Quand on parle de la gestion des forêts, c'est les essences qu'on
plante, comment on fait ou pas des gestes d'aménagement sylvicole en
prévention. Et puis c'est ça, le message qu'on devrait envoyer : Bien sûr,
pas aujourd'hui, peut-être pas demain, mais au retour, dès l'automne, on veut
se pencher là-dessus.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Rapport
Dubreuil, est-ce qu'à Québec solidaire vous avez une ligne rouge à partir de
laquelle vous ne voulez pas aller de l'autre bord, là? Par exemple, les
libéraux ont dit : Nous, là, quand on commence à parler de la langue des
immigrants parlée à la maison, là, on ne veut pas aller là. Est-ce que vous, il
y a quelque chose dans ce rapport où vous trouvez que ça va trop loin?
M. Leduc : Il n'y a pas de
tabou, à Québec solidaire, sur la langue. L'indicateur de la langue parlée à la
maison, c'est un indicateur. Est-ce que ça doit être le principal? Non. C'est
la langue de travail sur laquelle, nous, on met beaucoup plus d'énergie. C'est
là-dessus que ma collègue Ruba Ghazal avait mis beaucoup de propositions au jeu
dans le cadre de la discussion alentour du projet de loi n° 96.
Donc là, moi, je ne l'ai pas lu, là, le rapport Dubreuil, il faudrait demander
à ma collègue Ruba, justement. Mais il n'y a pas de tabou, à Québec solidaire,
il faut... la langue, il faut en parler de différents angles.
M. Bossé (Olivier) : Mme Zaga
Mendez, est-ce... — vous n'avez pas terminé, excusez — sur
les incendies de forêt, est-ce que la SOPFEU devrait entraîner les pompiers de
Montréal et Laval pour aller éteindre les feux en forêt? C'est ce que la
mairesse a laissé entendre hier.
Mme Zaga Mendez : Oui, j'ai
entendu ça ce matin. Pour être sincère, je pense que ça nous pose des
questions. Moi, je ne pourrais pas vous répondre oui ou non, mais je pense que
c'est au gouvernement de nous dire quels sont les moyens qui sont pris, quels
types d'équipements puis de personnes sont mobilisés. Je pense que ça va être
au gouvernement de faire le bilan. En ce moment, ce qui est plus important,
selon nous, c'est de rassurer les communautés, de les accompagner, d'être
solidaires — c'est quand même très, très difficile, ce qui se passe
en ce moment — puis de prendre un pas de recul, dès qu'on arrive ici,
à l'automne, et mettre sur la table c'est quoi, les options qu'on a pour s'adapter
aux changements climatiques au niveau de la foresterie.
Mme Lajoie (Geneviève) : Sur
la décision du gouvernement, là, d'annuler un événement antiavortement, j'aimerais,
là, savoir vous vous situez où aujourd'hui, ce matin. Parce qu'il y a eu
beaucoup de changements de position, là. Vous êtes où? Est-ce que vous êtes d'accord
avec le gouvernement, avec cette décision-là?
M. Leduc : Je pense qu'avec
les reculs majeurs que l'on voit aux États-Unis, notamment, par rapport à l'accès
à l'avortement, par rapport au droit à l'avortement, je pense que tout le monde
a eu une réaction forte lors de cette annonce-là du gouvernement, il y a
quelques jours. Maintenant, quand on a commencé à voir des articles être
publiés sur le fait que le gouvernement disait que c'était lui qui allait gérer
au cas par cas qu'est-ce qui allait se passer, là, on s'est un peu posé des
questions, tout un chacun. Ce n'est pas un débat simple. Ce n'est pas un débat
qui peut se régler autour d'un coin de table. Donc, nous, ce qu'on ce qu'on dit,
c'est que ce n'est certainement pas au gouvernement tout seul de son bord à
commencer à gérer au cas par cas, en effet, comme il l'a dit lui-même, ces
dossiers-là. Il faut qu'il y ait des balises, il faut qu'on les détermine
ensemble, de manière transpartisane, avec des experts, des éthiciens, des
philosophes, etc. Mais ce qu'il faut à tout prix éviter, justement, c'est un
gouvernement qui s'arroge ce pouvoir-là de dire : C'est à moi qui... c'est
moi qui vais trancher ça, qu'est-ce qui cadre ou pas dans x ou y valeur.
Mme Lajoie (Geneviève) : Mais
donc, est-ce que... finalement, est-ce que vous appuyez la décision du
gouvernement ou pas?
M. Leduc : Bien, la décision
a peut-être été un peu trop rapide. Là, avec un peu de pas de recul, tout un chacun,
je pense qu'on réalise qu'il y a des dangers à commencer à aller dans cette...
dans ce chemin-là. Il ne nous mène pas à des belles places, je pense, ce
chemin-là. Alors, on prend un pas de recul, on constate qu'il faut aborder ça
avec beaucoup de philosophie, avec beaucoup de sérénité, et on...
Mme Lajoie (Geneviève) : Vous
aspirez quand même à, un jour, former le gouvernement, là.
M. Leduc : Exact.
Mme Lajoie (Geneviève) : Un
gouvernement solidaire ferait quoi avec ça?
M. Leduc : Bien, un
gouvernement solidaire se pencherait sur le dossier avec des experts, avec des
éthiciens, essaierait de trouver des balises beaucoup plus claires que le cas
par cas, pour ne pas que ça soit quelque chose qui commence à être un... pour
ne pas pas qu'on devienne des censeurs des bonnes valeurs du Québec.
Mme Lajoie (Geneviève) : ...critère
qui vous permettrait d'annuler un événement?
M. Leduc : Comme je vous dis,
moi, je ne vous dessinerai pas ça au coin d'une table, là, je ne suis pas un
éthicien, je ne suis pas un philosophe. Moi, j'aurais besoin d'être alimenté
par des gens beaucoup plus compétents et beaucoup plus connaisseurs de ce
dossier-là que moi pour prendre cette décision-là.
M. Denis (Maxime) : Mais
d'intervenir dans les activités de la société d'État, il n'y aurait pas de
problème avec ça?
M. Leduc : Ce n'est pas ça qu'on
dit. Dans le fond, est-ce qu'il peut y avoir des moments où est-ce qu'on peut
se donner le droit d'intervenir? Je pense que oui. On n'est pas en train de
dire qu'il ne faut absolument jamais toucher à ça, on n'est pas là. Mais
comment et quand intervenir, c'est une question compliquée, puis on reconnaît
que c'est une question compliquée, puis une question compliquée, on ne la règle
pas sur un coin de table.
Mme Plante (Caroline) : Entre
temps, il y a une mise en demeure. Qu'est-ce qu'on fait avec ça? Est-ce qu'on
rétablit le contrat de l'organisation?
M. Leduc : Ça, c'est au
gouvernement, avec ses experts, ses avocats, son service de contentieux, de
prendre la décision. C'est le droit qu'ils ont, hein, de faire ça.
Une voix : ...
M. Leduc : Bien, je pense que
la conclusion en clair de ça, c'est que, justement, il faut faire attention, il
faut se donner des balises claires. Là, ils vont devoir aller, probablement, en
cour pour expliquer c'était quoi, leur rationnel. Ça va être peut-être un défi
pour eux d'expliquer ça. Donc, faisons attention avec ces dossiers-là. C'est
des dossiers complexes, gérons-les avec toute la complexité qu'ils nécessitent.
Mme Boisvert (Louise) : Juste
une petite dernière. Est-ce que ce qui se passe avec les feux en ce moment, ça
ne donne pas des munitions aux municipalités de demander de l'argent pour de
l'adaptation aux changements climatiques? M. Legault a encore fermé la
porte hier, là.
Mme Zaga Mendez : Les
municipalités, c'est la ligne de front, c'est un peu notre première ligne face
aux changements climatiques. Ça fait des années que les municipalités sonnent
l'alarme, et ils nous l'ont dit très clairement, c'est 2 milliards par
année qu'ils ont besoin pour s'adapter contre les changements climatiques. Ce
n'est pas seulement la question de feux, là, je parle... je disais que le
printemps doit être un point tournant, on parle aussi des inondations, de la
gestion des aqueducs. Il y en a plusieurs au niveau des infrastructures. Donc,
là-dessus, nous, on va continuer à appuyer les municipalités, c'est-à-dire
qu'il faut qu'on ait assez de fonds et que ce soient eux, nos élus municipaux, nos
MRC, qui aient tous les outils pour s'adapter aux changements climatiques. Tout
ce qui arrive en ce moment, là, ça nous fait réfléchir, de dire : Il est
où, le plan pour l'adaptation au niveau de la forêt? Il est où? Puis juste pour
vous dire que, dans notre loi de l'aménagement forestier, là, le mot
«adaptation aux changements climatiques» n'apparaît pas. Et ça, ça nous pose
des grandes, grandes questions. Et c'est la même chose au niveau des
partenariats qu'on doit créer avec les municipalités.
Mme Boisvert (Louise) : Visiblement,
le premier ministre n'a pas senti ça encore?
Mme Zaga Mendez : Bien, on va
continuer à faire de la pression, puis les municipalités vont continuer à faire
de la pression. Pour nous, on l'a dit plusieurs fois, ce n'est pas normal qu'on
n'entende pas leurs demandes puis qu'on n'est pas en train de donner les
ressources nécessaires pour s'adapter aux changements climatiques.
Mme Plante (Caroline) : ...plusieurs
événements comme ça au Québec cette année, des inondations, des feux de forêt
majeurs. Je sais que votre parti, dans le passé, a abordé la question
d'écoanxiété. Est-ce que vous... Qu'est-ce que vous entendez, là, dans vos
comtés? Est-ce que, d'après vous, là, ça fait juste accentuer l'écoanxiété,
notamment des jeunes?
Mme Zaga Mendez : Je pense
que ça nous met devant nous qu'est ce que ça veut dire, les changements
climatiques. Les changements climatiques, on peut le vivre directement, mais on
peut aussi le voir à la télé ou sortir dans la rue puis voir le smog. C'est
certain que tous les Québécois et Québécoises, en ce moment, sentent une
préoccupation, et c'est notre devoir, comme élus, de saisir cette
préoccupation-là et s'attaquer sérieusement... Et c'est ça, l'objectif avec
l'initiative, par exemple, de cette commission, on doit entendre les experts,
on doit entendre les gens. Parce que ça ne veut pas dire que tout est fini puis
qu'on arrête là, ça veut dire qu'il faut qu'on mette les ressources nécessaires
pour s'attaquer aux changements climatiques.
Mme Henriquez (Gloria)
: Should financing for municipalities to
fight climate disasters be a case by case situation, or should it be just:
Here's more money to everybody?
Mme Zaga Mendez : The Union of municipalities of Québec had already done a study that shows that it's around $2 billons
per year that it will cost to adapt to climate change. So, in that sense, they
already made a case that they are united, they need... that's the amount of
resources that they're asking from the Government. So, it has to go, yes, beyond case by case. We have to listen to them;
they are calling for this in just one voice. And, for us, that should be done.
Mme Henriquez
(Gloria) : You mentioned that, at the beginning
of the session, you're going to ask for a commission on managing forces.
Mme Zaga Mendez : Yes. So, our demand today is to have a... ask for kind of a special
commission in terms of the
adaptation to climate change in management of forest in Québec. What we have seen in the past days
and today is that we need to ask ourselves the question:
What is the Government doing to adapt forest management to climate change
disasters or any type of further damages that we're going to have? Immediately,
today, we have to go and fight the fires. Today, it's normal that we have to go
and fight the urgence. However, when we come back, in the Fall, this needs to
be a priority. And that's why we're pushing for this commission, in order to
ask to all the experts. We have so many experts, in Québec, in terms of forest
management. We have communities that know how to better manage the forest. And
we have to make a decision, and we need a plan to adapt our forest to climate
change. Merci beaucoup.
M. Leduc : Merci. Bonne
journée.
(Fin à 9 heures)