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Point de presse de M. Guillaume Cliche-Rivard, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’immigration, de francisation et d’intégration

Version finale

Cette transcription a été réalisée à l’aide d’un logiciel de reconnaissance vocale. Elle pourrait donc contenir des erreurs.

Tuesday, September 19, 2023, 12 h 30

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Douze heures trente et une minutes)

La Modératrice : Bonjour, tout le monde. Donc, bonjour et bienvenue à ce point de presse de Québec solidaire. Prendront la parole M. Guillaume Cliche-Rivard, député de Saint-Henri—Sainte-Anne et responsable solidaire en matière d'immigration, suivi de trois témoignages différents. Je vous enverrai les noms à chacun des journalistes. Merci.

M. Cliche-Rivard : Merci beaucoup. Merci d'être là. Le Devoir a révélé, en juillet dernier, qu'il existe un arriéré de 36 800 personnes visées par une demande de parrainage qui se destine au Québec. Ce sont des époux, des conjoints, des enfants, principalement, qui sont séparés de leurs familles. En ce moment, les délais de traitement sont de 24 à 25 mois, et on anticipe qu'ils pourraient monter jusqu'à 36 mois pour les dossiers du Québec mais seulement autour de 10 mois pour les autres provinces canadiennes. Au Québec, le délai est donc de deux à trois fois plus long que dans les autres provinces, et c'est inacceptable.

La ministre doit régler la situation le plus vite possible et permettre à ces familles d'être ici, ensemble, au Québec. Derrière ces chiffres... On va en parler aujourd'hui, derrière ces chiffres, il y a des histoires qui sont déchirantes, il y a des vies. Et, en ne prenant pas les moyens pour faire réunir ces familles, la CAQ, finalement, prolonge leur insécurité et la détresse de milliers de Québécois et de Québécoises, prolonge et retarde la francisation de leurs futurs conjoints ou de leurs conjoints, en fait, de leurs enfants, retarde la scolarisation des enfants aussi et retarde leur intégration.

Je vais passer la parole à ces femmes-là, qui, aujourd'hui, ont beaucoup de courage de venir ici, à l'Assemblée nationale, vous exprimer ce qu'elles ont sur le cœur. Vous allez entendre, comme moi, des témoignages qui sont bouleversants, des histoires de vie, et je les remercie profondément d'être là aujourd'hui, c'est extrêmement touchant de les entendre. Taline.

Mme Nehme (Taline) : Bonjour. Je m'appelle Taline, je suis infirmière clinicienne. Je vis à Laval avec mon fils canadien. Mon histoire a commencé quand j'ai commencé à faire le parrainage de mon mari et de ma fille. Maintenant, elle a six ans, ma fille. Depuis décembre 2022, j'ai déposé mon dossier de parrainage. Ça fait neuf mois, jusqu'aujourd'hui, que mon dossier n'a pas encore commencé. Si, aujourd'hui, l'officier commence par mes papiers de parrainage, aujourd'hui, je dois attendre 24 mois, peut-être 36 mois, pour pouvoir voir ma fille.

Ma fille, elle a six ans. Déjà, elle m'accuse que je l'ai abandonnée parce que je suis partie au Canada avec son frère. Déjà, ma fille, elle dit à sa grand-mère : Bon, moi, j'ai une mère, mais, en fait, je n'ai pas une mère. Ma fille, elle souffre de maladie chronique. Je lui ai amenée à plusieurs pédiatres, ils m'ont dit que c'est quelque chose de psychologique, parce qu'elle passe dans un état pénible vu la séparation de sa mère.

Moi, je suis infirmière clinicienne. Je travaille jour et nuit pour prendre soin de mes patients, mais, en fin de compte, quand je retourne à la maison, je ne cesse que de pleurer. Mon fils de 17 ans ne cesse que de voir sa mère pleurer jour et nuit. Il me dit que ça va y aller. Mais quand est-ce que ça va y aller? Dans deux ans? Dans trois ans? Quand ma fille, ça va être... elle va être huit ans, neuf ans? Je n'ai pas passé l'enfance avec elle.

Je vais juste dire : Aucune culture, aucune religion, aucun pays n'accepte de séparer une mère de ses enfants, n'accepte de briser une famille. Nous sommes une famille brisée en deux, c'est inacceptable, c'est inhumain. Au nom de l'humanité, au nom de l'humanité, ayez pitié sur nous. Au nom de l'humanité, juste diminuez le délai du processus du parrainage, diminuez... augmentez le seuil au lieu d'avoir 10 000 et 10 000 quelque chose... personnes par année pour parrainer. Non, on a le droit de vivre avec notre famille, on a le droit de vivre au nom de l'humanité, juste ça. Merci.

Mme Coursin (Nathalie) : Bonjour. Moi, c'est Nathalie. J'ai 40 ans et je suis arrivée au Canada en 2020, comme ça, je voulais juste voir, avec un permis de travail, comment ça allait être. Et puis j'ai rencontré mon futur mari. Donc, il est citoyen canadien, et depuis j'habite avec lui. On a déposé notre demande de parrainage il y a 19 mois.

Donc, moi aussi, je suis directrice de projet dans une grosse entreprise, donc je paie mes impôts ici, je travaille ici et j'ai eu un accès difficile à la RAMQ. Donc, comme j'ai dit, j'ai 40 ans, mon mari aussi. On a essayé d'avoir des enfants, je n'ai pas eu accès à un soin gynécologique, etc. Donc, pour l'instant, on met cette envie de maternité en suspend, mais c'est quand même assez dur à vivre. Tous les matins, je regarde le trackeur, on a la possibilité de voir si notre dossier avance. Ça fait 19 mois qu'il n'avance pas, alors que je suis ici aussi et qu'on a envie de fonder une famille, et ça, ça bloque nos envies de faire une famille.

Comme je le répète, je suis Française, donc la francisation avec moi, il n'y a aucun problème. On habite déjà aussi ensemble, donc le côté logement, et tout ça... Donc, on n'est pas des immigrés non intégrés et qui ne veulent pas s'intégrer, on est une famille, et on habite ici, et on aime le Québec, on aime le Canada. Et c'est ça, on veut juste vivre notre vie et on en a marre de la mettre entre parenthèses. Donc là, moi, ça fait déjà 19 mois, on me dit qu'il faut attendre encore six mois. C'est vraiment très, très long. Voilà pour moi.

Mme Lachapelle (Laurianne) : Donc, bonjour. Bonjour, merci de nous donner la parole aujourd'hui. Moi, je m'appelle Laurianne, je travaille comme directrice des finances et des ressources humaines dans une PME à Montréal. Moi, je suis citoyenne canadienne, québécoise. Je suis née, j'ai grandi au Québec.

Mon mari, c'est un citoyen du Guatemala. En janvier 2022, on s'est mariés avec une promesse que mon mari allait pouvoir venir au Québec en 13 mois. Puis, du jour au lendemain, 14 mois plus tard, il n'y a aucune nouvelle et les délais sont passés à 24 mois, peut-être même 36. La nouvelle nous a vraiment fait un choc. Nous, on a l'ambition de fonder une famille puis on n'est pas capable de voir le jour où ça va arriver.

Puis je dois aussi vous confier que, dans tout ce processus-là, bien, je suis tombée enceinte puis j'ai dû mettre fin à la grossesse contre mon gré parce que je ne voulais pas vivre une grossesse, un accouchement, peut-être même les premières années de la vie d'un enfant sans mon mari, toute seule. Pour moi, l'avortement, ce n'était pas mon choix, c'était le choix du gouvernement.

Vous ne pouvez pas vous imaginer la détresse psychologique qu'on vit, la tristesse, l'anxiété qu'on vit au quotidien, l'insécurité. On n'est pas capables de rien planifier. Mon mari, c'est un avocat, un homme brillant. Il parle déjà trois langues, il veut apprendre le français, ce n'est rien de plus pour lui. Il veut travailler. Je ne comprends pas, il y a une pénurie de main-d'œuvre. Pourquoi on ne fait pas venir les familles? Pourquoi? Il n'y a pas de problème de logement, j'ai déjà mon logement, mon mari va venir vivre avec moi.

Le Québec, c'est ma maison, puis j'ai juste l'impression que ma maison me rejette. J'aimerais juste dire au gouvernement que la vraie menace au français, ce n'est pas les immigrants, c'est les 37 000 familles qui, comme moi, sont en attente d'avoir leurs familles au Québec puis qu'on ne sait pas si ça va arriver, donc, dans l'insécurité, on va probablement devoir se résigner à quitter le Québec. Ça, c'est une vraie menace au français, parce qu'on est des Québécois et des Québécoises qui pensent juste à ça, avec des délais de 36 mois, potentiellement à quitter le Québec. Merci beaucoup.

M. Cliche-Rivard : Ouf! Merci pour ces témoignages touchants. J'espère que la ministre vous entend. Mme la ministre, j'espère que vous entendez. Pardon, c'est difficile.

Les consultations sur la planification de l'immigration se poursuivent, et je vais continuer à défendre la vision solidaire. Et, évidemment, deux visions, il y a la vision de la CAQ et du PQ et il y a celle positive, inclusive, humaine et pleine de compassion que Québec solidaire met de l'avant. Merci beaucoup.

La Modératrice : On va maintenant passer à la période de questions. Merci de mentionner à qui votre question s'adresse. Premièrement en français, ensuite en anglais. M. Carabin.

M. Carabin (François) : Bonjour. D'abord, pour M. Cliche-Rivard, j'aimerais juste que vous nous précisiez c'est quoi exactement, la position de Québec solidaire, dans le sens que le fédéral reproche à Québec de ralentir le traitement des demandes en limitant ses cibles d'accueil en termes de regroupement familial. Donc, vous, est-ce que vous avez un chiffre? Est-ce que vous demandez à Québec d'augmenter ces cibles-là?

M. Cliche-Rivard : C'est définitif que c'est ça qui est demandé. Moi, j'ai parlé beaucoup des arriérés dans cette catégorie-là puis dans les autres. Je pense qu'on ne peut pas faire de planification de l'immigration sans savoir qui est dans l'arriéré. On parle des 36 000 dans le familial, on parle aussi des délais qui vont augmenter de... jusqu'à 10 ans dans le refuge, 25 ans dans l'humanitaire, Le Devoir le titrait. Donc, pour moi, c'est impossible qu'on fasse des programmes d'immigration qui prennent des décennies, donc ça n'a juste pas de sens. Et là les familles en parlent aujourd'hui, puis c'est important. Donc, oui, il faut hausser les seuils dans l'immigration, dans le regroupement familial spécifiquement, c'est de ça qu'on parle aujourd'hui.

Historiquement, on avait à peu près 12, 13 mois de délai de traitement dans ces catégories-là. En ce moment, si Le Devoir nous dit 36 000 demandes en traitement et qu'il y a 10 000 places par année dans la planification jusqu'en 2027, bien, si on fait une règle de mathématiques, ce n'est pas très compliqué, ça fait 36 mois. 36 mois, c'est trois ans. Elles vous en ont parlé, je ne pense pas qu'elles ont encore... bien, en tout cas, elles l'ont, la force, là, elles vont l'avoir, la force, mais attendre 36 mois, ça ne serait juste pas humain.

M. Carabin (François) : Donc, juste pour être précis, là, actuellement, pour 2023, la cible est à 10 600, à combien vous souhaitez que ça augmente?

M. Cliche-Rivard : C'est une question qui est délicate, parce que je ne sais pas, par année, combien de demandes de celles-ci sont en traitement depuis combien de temps. Donc, je n'ai pas voulu fixer un chiffre, mais je pense qu'on devrait se donner comme objectif maximum 12 mois, et qu'en fonction de ça, si j'avais, par exemple, le nombre de dossiers déposés par année, je serais capable de vous dire c'est quoi, mon chiffre pour 2023, 2024, 2025, pour arriver à cet objectif-là de 12 mois.

C'est d'ailleurs un engagement que la ministre prend, dans ses orientations, pour les travailleurs immigrants économiques. On vise 12 mois pour l'économique, pourquoi on ne viserait pas 12 mois pour les familles? Pourquoi on ne viserait pas 12 mois pour l'humanitaire? À ce que je sache, tout le monde est égaux devant la loi, et donc il ne devrait pas y avoir de différence dans le délai de traitement par catégorie.

Journaliste : Une petite question pour Mme Coursin, si c'est possible. Vous avez mentionné, là, bon, que votre... vous êtes ici sur un permis de travail, si je comprends bien.

Mme Coursin (Nathalie) : Oui.

Journaliste : La limite est fixée à quand? Puis est-ce que vous voyez venir un jour où vous allez peut-être être forcée de retourner en France?

Mme Coursin (Nathalie) : J'ai.... En fait, j'ai déjà dépassé la limite, j'ai dû faire une redemande de permis de travail. En fait, avec le parrainage, on a le droit, quand on est sur le territoire, de demander un permis de travail ouvert, et j'ai déjà passé la première période de limite, et donc là j'ai déjà enclenché la deuxième. Donc, j'ai dû réenclencher de l'argent pour pouvoir travailler ici.

Journaliste : Est-ce que vous craignez, un jour ou l'autre, de devoir quitter le Québec?

Mme Coursin (Nathalie) : Ce n'est pas dans mes craintes, parce que, malheureusement, j'ai le droit de le prolonger encore une autre fois, mais c'est juste que, là, mon échéance, elle est dans deux ans, donc, normalement, j'espère que, d'ici là, je n'aurais pas besoin de le rerelonger là.

M. Cliche-Rivard : Puis la famille...

Mme Coursin (Nathalie) : Comment?

M. Cliche-Rivard : La famille, ton délai pour avoir la famille.

Mme Coursin (Nathalie) : Oui, moi, c'est ça. C'est surtout mon délai pour avoir une famille. C'est vrai, merci. Puisque, comme j'ai déjà dit, j'ai 40 ans, je n'ai jamais eu d'enfant, et on essaie d'avoir un enfant avec mon conjoint. Puis on a un accès à la RAMQ qui a été quand même assez restreint au départ aussi. Ce n'est pas parce qu'on est ici qu'on est comme tous les autres. On n'a, voilà, pas forcément accès à la RAMQ dès le départ. Et donc tout ça, ça a prolongé aussi mes délais. Donc, mon délai, il est là, moi, oui.

La Modératrice : Une dernière question, ensuite on passe en anglais.

Journaliste : Oui, une petite question pour Mme Lachapelle, si possible. J'aimerais savoir... Donc, vous avez parlé, à la fin de votre témoignage, des possibilités que vous quittiez le Québec. À quel point c'est une possibilité qui est réelle, là, que vous deviez...

Mme Lachapelle (Laurianne) : C'est une possibilité plus que réelle. Je... Si les délais ne changent pas, s'il n'y a rien qui change, après cette commission parlementaire, si ça empire, je vais regarder, soit aller en Ontario, peut-être, ou peut-être changer de pays, tout simplement. Je vais en discuter avec mon mari, puis on va voir comment qu'on peut se rejoindre, parce que, là, on est à bout.

Journaliste : Merci.

La Modératrice : In English.

Journaliste : Mr. Cliche-Rivard, can you start by explaining, first of all, why are we seeing these delays?

M. Cliche-Rivard : Why we what?

Journaliste : Seeing the delays.

M. Cliche-Rivard : Ah! With the new CAQ immigration plan, the total of cases accepted per year, in this category, so in the sponsorship category for families, was set at around 10,000 applications, or 10,000 people related to those applications. There is a backlog of 36,000 of them. So, if you divide 36,000 by 10,000, this makes about 36 months of process, so... of non-process, to be said, because people are just waiting for nothing to happen. If we compare to other provinces in Canada, it's about 10 to 13 months of process. So, it's going to be twice or three times, the delay for Québec, and that's unacceptable.

And were asking the Minister, the Québec Minister of Immigration to accept more cases and to request RICC to give permanent residency to those families, to make sure that families are reunited, to make sure that kids are here, that their spouses, husbands are here, to make sure they can start learning French, to make sure they can start being in school, to make sure they can start working and to make sure they can simply go and move on with their lives, which is not happening now. They did testify to the fact they're blocked now, that their life is suspended, and they don't know when and what resolution they will be facing, so this is very depressing for them.

Journaliste : You're standing here with three people who shared their stories today. What message are you hoping that will send the Government? Are you hoping they are listening?

M. Cliche-Rivard : Behind every decision that politicians will do or make, there is a.. someone that is impacted. There are lives, there are stories, and these are those stories. There are three women here that came today, took their courage, and express their feelings, and express how distressed they are at facing humongus delays in this sponsorship problem. And I'm hoping that every Quebeckers and, of course, the CAQ Government can show some compassion, empathy and allow their spouses and kids to be reunited with them here, in Canada.

Journaliste : Est-ce qu'il y en a, entre vous, qui parlent du tout en anglais ou...

La Modératrice : On pourrait faire des entrevues après en anglais.

Journaliste : Oui, on pourrait faire ça.

La Modératrice : Good. Perfect. Merci, tout le monde. Merci beaucoup.

M. Cliche-Rivard : Merci. Thank you.

(Fin à 12 h 47)

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