Point de presse de M. Amir Khadir, député de Mercier
Version finale
Thursday, May 10, 2012, 11 h 12
Salle Bernard-Lalonde (1.131),
hôtel du Parlement
(Onze heures douze minutes)
M. Khadir: Alors, bonjour, merci d'être là. Québec solidaire tient à donner tout son appui à la motion qui a été présentée par le PQ tout à l'heure à l'Assemblée nationale pour condamner sans hésitation les gestes qui ont été posés dans le métro de Montréal aujourd'hui, perturbant la vie de milliers de citoyens, semant un climat, je dirais, de peur et d'appréhension parmi la population et aggravant, en quelque sorte, le conflit qui perdure depuis trois mois.
Je ne peux pas trouver de mots pour décrire à quel point je trouve ça regrettable, parce que ceux qui ont fait ça, non seulement ont porté atteinte aux droits et à la sécurité de citoyens ordinaires, mais ils portent gravement atteinte aux droits démocratiques de ceux qui veulent manifester pacifiquement, ils portent atteinte à la cause des étudiants qui réclament que le gouvernement s'assoie avec eux en toute sincérité.
Et, en plus, ce qui est vraiment troublant, c'est que c'est juste au lendemain d'une conférence de presse d'une coalition de groupes de citoyens qui demandent que la lumière soit faite sur les agissements de la Sûreté du Québec. C'est un événement qui se produit le matin même où la Sûreté du Québec doit répondre de ses actes. Alors, ces gens-là, ceux qui ont commis cet acte, n'ont fait que détourner l'attention du vrai problème qui est le conflit qui oppose les étudiants, des centaines de milliers d'étudiants qui sont en train de perdre leur session et qui ont hâte de retourner en classe, et le gouvernement qui s'entête à vouloir humilier les étudiants, à vouloir les rouler dans la farine, à vouloir les... se moquer de leur avenir.
Maintenant, ceci étant dit, ce qui est clair, c'est qu'au moment où on se parle, le meilleur service qu'on pourrait se rendre collectivement à nous-mêmes, c'est de ne pas oublier que, si tout ça arrive, c'est qu'il y a un conflit qui perdure, qui pourrit. Il y a un gouvernement qui refuse d'apporter une solution logique à la chose qui est d'ouvrir le dialogue sans tenter d'humilier l'adversaire, sans tenter de rouler dans la farine son adversaire, sans tenter de faire dérailler les choses, comme on l'a vu la fin de semaine dernière, quelques heures après la signature de l'entente, le premier ministre et la ministre de l'Éducation qui viennent se bomber le torse pour dire qu'on a tous gagné.
Donc, je demande aux citoyens, je demande à la population, je demande au mouvement étudiant de faire en sorte - évidemment aussi aux journalistes - que l'attention ne soit pas détournée, que le problème principal, c'est le conflit qui oppose les étudiants au gouvernement, c'est la grève étudiante qu'il faut régler. Tant et aussi longtemps que le gouvernement va s'entêter et va laisser s'envenimer les choses, on va voir se reproduire ce genre d'incidents malheureux.
Et j'aimerais demander une dernière chose à la police. Il me semble, à moins que ça soit juste de la fiction, qu'on voit la police, les services de sécurité, un peu partout... les autorités policières arriver même à identifier un pneu d'un bandit ou d'un assassin une fois qu'un crime a été commis. Ça fait trois mois qu'on voit, dans les rues de Montréal, des fusées fumigènes comme celles qui ont été lancées dans le métro de Montréal, être projetées un peu partout; ça fait trois mois que la police, un peu partout, évoque le lancement de ces fusées fumigènes pour mettre fin aux manifestations et les déclarer illégales. Et, après trois mois, on n'a pas pu trouver qui achète ces fusils-là? Il me semble que ce n'est pas sorcier, là. Ce n'est pas des mandarines, ce n'est pas des balles de golf, c'est des fusées fumigènes. Il doit y avoir des fournisseurs, et ça devrait être facile de les identifier. Qu'est-ce que fait la police? Peut-être qu'ils pourraient, au lieu d'aller casser de l'étudiant puis matraquer des étudiants, ils pourraient allouer une partie de leur énergie à essayer d'identifier qui sont ceux qui s'approvisionnent en fusées fumigènes. On pourrait peut-être y voir un peu plus clair.
M. Ouellet (Martin): Elle ne fait pas son travail, la police, M. Khadir? Elle ne fait pas son travail?
M. Khadir: La police fait ce que le gouvernement lui demande.
M. Ouellet (Martin): C'est-à-dire?
M. Plouffe (Robert): M. Khadir, ne pensez-vous pas que, par vos propres propos, au cours de tout ce conflit, vous n'avez pas vous-même participé, contribué à faire en sorte que ce genre d'événements malheureux se produisent, M. Khadir?
M. Khadir: Par nos propres propos, on a rappelé le gouvernement à sa responsabilité. Par nos propres propos, on a voulu demander à la Sûreté du Québec d'agir de manière responsable pour ne pas envenimer les choses. Quand on voit des agents de la Sûreté du Québec empêcher les ambulances de se rendre au chevet de patients qui sont dans le coma, il y a un problème grave, c'est que ça envenime...
M. Plouffe (Robert): Aujourd'hui, on a l'impression...
M. Khadir: Un instant! Excusez-moi!
M. Plouffe (Robert): ...que vous dénoncez encore plus les policiers, M. Khadir, que vous ne dénoncez les gestes qui ont été posés ce matin dans le métro.
M. Khadir: Si vous voulez que je réponde, je suis tout à fait disposé à répondre à toutes vos questions, mais il faut m'entendre jusqu'à la fin.
Ce que je dis, c'est que, tant et aussi longtemps que ceux qui sont dans la rue et sont en train de perdre leur session puis ceux qui utilisent ce conflit pour faire d'autre chose, qui sont malveillants, qui sont criminels, c'est-à-dire de menacer la vie de citoyens, de menacer la vie de policiers, de menacer la vie d'autres manifestants, tout ce beau monde là a gagné. Tant qu'on ne se concentre pas à mettre toute la pression pour que le gouvernement s'assoit et discute sincèrement avec les étudiants pour trouver une solution, et tant qu'on ne rappelle pas la police à l'ordre en disant: Écoutez, votre devoir, c'est de maintenir la paix, d'apaiser, non pas envenimer... Écoutez, vous n'allez pas me dire que je suis responsable de ce qui arrive, ou Québec solidaire, ou ceux qui appellent le gouvernement et les policiers à leurs responsabilités. Ça fait trois mois que les policiers et le gouvernement utilisent les tactiques qu'on voit, toujours un affrontement, toujours sans concession et l'intransigeance, voyez ce que ça donne. Alors, peut-être - peut-être - que, collectivement, on pourrait se ressaisir, rappeler le gouvernement à l'ordre, dire: Il y a un seul moyen de mettre fin à tout ça, c'est que le gouvernement soit sincère, le gouvernement cherche à négocier, le gouvernement prenne ses responsabilités... et un peu de souci pour les 150 000 étudiants qui sont en train de perdre leur session.
M. Nadeau (Rémi): Mais, M. Khadir, ce qui s'est produit ce matin, est-ce que ce n'est pas la preuve, justement, que les policiers font face à des gens dangereux qui, bien au-delà des droits de scolarité, sont en train de causer du dommage, de vouloir faire des bris, et que ça expliquerait aussi un peu le comportement des policiers pendant la manifestation à Victoriaville?
M. Khadir: Et ces gens dangereux, leur acte, à qui ça profite actuellement? Le lendemain de la journée où la Sûreté du Québec est sur la sellette, ces gens-là, là, doivent vraiment se poser des questions. Personne dans le mouvement étudiant ne demande que ce genre de gestes soient commis. Personne, dans ceux qui appuient le mouvement étudiant, n'a jamais cautionné ces gestes-là. On l'a dénoncé avec le plus de clarté possible.
Une voix: Qu'est-ce que vous êtes...
M. Khadir: Un instant, laissez-moi terminer. Cependant, ce qui est la réalité, c'est que, si, ce faisant, le résultat que, pendant toute une semaine, tout un mois, on se concentre juste sur ça puis on oublie qu'il y a quelque chose qui est pourri, qui est le conflit étudiant, on n'a rien réglé. C'est comme si vous m'arrivez... vous m'amenez un patient à l'urgence qui est en train de saigner, puis vous me demandez que, ma responsabilité comme médecin, tout ce que ça consiste à faire, c'est de mettre le doigt sur l'endroit où ça saigne. Non. Un médecin responsable, comme un gouvernement responsable, essaie de corriger la cause des problèmes, et la cause des problèmes, c'est le conflit étudiant qui pourrit. Tout ça, c'est les conséquences. Alors, concentrons-nous. Je fais un appel à tout le monde, y compris les médias, qui ont un rôle dans la société. Il faut apaiser. Si vous lancez encore... en essayant de concentrer les choses sur le chaos puis en ne rappelant pas le gouvernement à l'ordre, tout ce qu'on fait, c'est envenimer les choses...
Une voix: ...M. Khadir, à ne pas condamner les gestes de désobéissance civile...
M. Khadir: ...et de donner prise aux casseurs et à ceux qui veulent créer le chaos. Maintenant, tout ceci étant dit, les tactiques d'intimidation, les tactiques d'infiltration, les tactiques de provocation, là, je ne sais pas, mais ça existe. Alors, c'est pour ça qu'on aimerait avoir une enquête publique. J'aimerais avoir une enquête publique et indépendante de la police pour voir si les informations que je reçois de toutes sortes de sources... est-ce que c'est fiable ou on est en train de nous mentir?
M. Nadeau (Rémi): Mais vous pensez que le gouvernement peut agir et volontairement agiter davantage la situation parce que...
M. Khadir: C'est quelque chose que j'aimerais savoir. C'est une question que vous devriez poser au gouvernement. Oui, il y avait une autre question.
M. Lacroix (Louis): M. Khadir... Vous avez été le premier, M. Khadir, à refuser de dénoncer les actes de désobéissance civile.
M. Khadir: Ça, ce n'est pas un acte de désobéissance civile, là; ça, c'est un acte criminel. Quand on met la vie de gens en danger, ça, c'est un acte criminel. Acte de désobéissance civile, c'est quand des gens s'étendent dans la rue, pacifiquement, se mettent en chaîne pour empêcher que quelque chose arrive, qu'un geste d'injustice soit posé. Des actes de désobéissance civile, c'est ce que faisait Martin Luther King, c'est ce que faisait Gandhi, c'est ce que faisait Nelson Mandela.
M. Journet (Paul): Ça ne serait pas trop compliqué pour la police d'identifier les gens qui ont acheté les fumigènes qui sont en cause dans le métro...
M. Khadir: Je leur demande: Comment ça se fait que c'est si compliqué?
M. Journet (Paul): Mais donc... Mais qu'est-ce que vous insinuez? Donc, qu'ils ne déploient pas la... que la police ne déploie...
M. Khadir: Je n'insinue rien. Je les appelle à agir de manière responsable. Il me semble que ce n'est pas une fiction. La police...
Une voix: ...vous avez dit qu'ils faisaient ce que le gouvernement demandait.
M. Khadir: Bon. Je réponds à cette question. Si vous voulez bien. Vous dites que j'insinue que la police ne fait pas son travail. Je ne sais pas. Moi, je n'insinue rien. Je pose la question : Pourquoi? Je voudrais que vous posiez cette question aux policiers. Comment se fait-il... Ça fait trois mois, là, et, à toute les manifestations, souvent ces fusées-là sont invoquées par la police pour dire que c'est illégal et de déclarer que c'est illégal puis, là, de se ruer puis de ramasser tout le monde. D'accord? Je veux bien. Mais j'aimerais qu'on m'explique: après trois mois, comment ça se fait qu'on n'a pas trouvé ceux qui achètent ces fusées-là, là? Mais je n'insinue rien, je vous pose la question.
M. Plouffe (Robert): Non, non. M. Khadir... M. Khadir, s'il vous plaît. Si vous me le permettez, M. Khadir. Vous insinuez que, ce matin, il y a...
M. Khadir: Je n'insinue pas. J'affirme que la police n'a pas encore trouvé.
M. Plouffe (Robert): Alors, vous affirmez. O.K. Parfait. Alors, vous affirmez que, ce matin, il y a un événement qui s'est passé dans le métro, qui contribue à détourner l'attention sur le fait que la Sûreté du Québec devrait rendre des comptes sur des événements qui se sont produits à Victoriaville. Donc, je crois comprendre, à moins que vous me disiez que ce n'est pas ça, là, que vous, vous pensez que la Sûreté du Québec ou quelqu'un au sein de l'État a lui-même aidé à fomenter ce qui s'est passé dans le métro pour détourner l'attention vers la Sûreté du Québec.
M. Khadir: Je le répète: Les étudiants n'ont aucun... Tous ceux qui ont de la sympathie pour le mouvement étudiant, comme Québec solidaire, comme le Parti québécois, comme une partie de la population, ont en horreur ce qui est arrivé dans le métro. On le condamne depuis trois mois, ce genre d'actions là. C'est illégal, c'est immoral, c'est irrespectueux des étudiants qui ont dit...
Une voix: ...
M. Khadir: D'accord. Mais, ceci dit, ce que je dis à ceux qui ont commis ça, là, c'est que vous allez être jugés sévèrement par nous, les sympathisants des étudiants, parce que, ce que vous faites, vous êtes en train d'aider le gouvernement dans son intransigeance. Ce que vous faites est en train d'aider la Sûreté du Québec à détourner le regard de sa responsabilité de Victoriaville. C'est ça, que vous êtes en train de faire, ceux qui commettent ces actes-là. Alors, l'autre chose, les insinuations dont vous parlez, ça, c'est votre interprétation de ce que je dis, mais, il faut, à un moment donné, qu'on se pose des questions. Si on est toujours là, des béni-oui-oui devant les affirmations du gouvernement ou devant l'apparence des choses, bien, on n'ira pas très loin en démocratie.
M. Séguin (Rhéal): M. Khadir, on voit depuis certains... quelques jours maintenant, des commentateurs qui voient des communistes partout. Ça, on a vu ça, là, dernièrement, là.
M. Khadir: Comme à l'époque de René Lévesque, d'ailleurs.
M. Séguin (Rhéal): Bien, à l'époque de McCarthy, je pense, aussi. On va...
M. Khadir: Non, mais René Lévesque et les péquistes étaient accusés d'être des communistes, vous rappelez-vous, par les gens de l'Union nationale.
M. Séguin (Rhéal): Puis on identifie tout ça avec le mouvement étudiant puis ce qui semble faire l'affaire d'une idéologie, là, qui semble dominer, en tout cas, là. Mais ce que je veux savoir de vous, est-ce que vous pensez que les gestes posés aujourd'hui, ça, c'était presque... si je vous interprète comme... c'est ce que ça fait, ça fait alimenter...
M. Khadir: Absolument.
M. Séguin (Rhéal): ...l'opposition au mouvement étudiant.
M. Khadir: Absolument. Ça ne fait qu'alimenter l'intransigeance du gouvernement, le réconforter dans sa posture, lui donner, en fait, une légitimité, ce qu'elle n'a pas, parce que c'est le résultat du pourrissement de la situation politique que le gouvernement a laissé aller par son intransigeance, son incapacité à être ouvert au dialogue, de respecter les étudiants, de dialoguer avec eux comme des adultes et de manière sincère.
Ce qui arrive aujourd'hui, ce qui est arrivé à Victoriaville, ce qui arrive depuis trois mois, la responsabilité ultime, c'est entre les mains de ceux qui ont le pouvoir, le gros bout du bâton, et qui sont capables de dénouer les choses, et les premiers à pouvoir le faire, c'est le gouvernement. Et ceux qui posent ces gestes-là, ceux qui cassent des têtes, ceux qui cassent les vitrines, ceux qui jettent des bombes fumigènes dans le métro, aident ce gouvernement.
M. Plouffe (Robert): Est-ce que les agents infiltrateurs de la police pourraient en être responsables, M. Khadir?
M. Khadir: C'est déjà arrivé dans des pays. Je ne sais pas si, au Québec, ça pourrait être responsable, j'espère que non, j'espère que non. Mais on a vu, au Canada, on a vu les événements des années soixante-dix, on avait des terroristes qui utilisaient les moyens violents pour arriver à leurs fins, mais on avait aussi des infiltrateurs qui mettaient même des bombes pour envenimer les choses. On a vu à Montebello... Moi, en fait, j'étais là, moi, avec mes beaux-parents et une gang de personnes, on a vu même des gens déguisés en manifestants puis qui ont été identifiés, puis ils se sont réfugiés de l'autre côté, et on a su que c'étaient des provocateurs de la police, qu'ils s'étaient déguisés en provocateurs pour créer des incidents malheureux.
Donc, ce genre de choses là, malheureusement, existent. J'espère seulement que les informations que je reçois, les témoignages que je reçois, c'est de la fabulation, que les gens s'imaginent des choses, parce que j'en reçois. Mais je ne suis pas prêt à le dire parce que je n'ai aucune preuve. C'est pour ça qu'on a besoin d'une enquête qui soit indépendante de la police pour qu'on élimine cette possibilité-là, parce que le jour...
M. Lacroix (Louis): Est-ce que vous le soupçonnez?
M. Khadir: Non, je ne le soupçonne pas, mais sauf que ma responsabilité et votre responsabilité, comme média, c'est qu'on ne peut pas rejeter du revers de la main quelque chose qui a déjà eu lieu dans le passé. Quand des hypothèses comme ça sont évoquées, on ne peut pas juste dire: Ah! C'est de la fabulation. Il faut s'assurer d'éliminer cette hypothèse, hein? Quand je reçois un patient à l'urgence, qui a un mal de tête sévère survenu de manière inattendue, que je dise que c'est juste un mal de tête banal, c'est l'hypothèse la plus plausible et probable, mais, comme médecin responsable, je serais irresponsable de ne pas chercher à éliminer la possibilité que ce soit un cancer. Donc, je dois faire un certain nombre de choses, une investigation pour m'assurer que ce n'est pas autre chose. C'est ce que je demande au gouvernement, c'est ce que nous réclamons du public. Il faut une enquête publique sur ce qui s'est passé à Victoriaville qui va nous permettre de comprendre ce qui s'est passé ailleurs également.
M. Ouellet (Martin): M. Khadir, est-ce que ça suffit, là, toujours de blâmer le gouvernement et la police? Je comprends votre point de vue, mais en même temps, on a assisté aujourd'hui à un crime de droit commun, et là vous dites que le gouvernement a ce qu'il mérite parce qu'il n'a pas négocié avec le gouvernement.
M. Khadir: Qui a dit ça?
M. Ouellet (Martin): Bien, vous dites que c'est une conséquence logique de son attitude.
M. Khadir: M. Ouellet, vous voulez me faire dire des choses que je n'ai pas dites. D'accord? Ce que j'ai dit au début, c'est que je trouve ces actions-là condamnables et criminelles.
M. Ouellet (Martin): Je vous ai entendu. Mais vous dites que le gouvernement, par son intransigeance à l'égard des étudiants...
M. Khadir: Oui, comme j'ai dit hier que les trois personnes qui sont blessées à la tête, ultimement, la responsabilité vient au gouvernement parce que c'est un gouvernement qui a laissé pourrir une situation et survenir tout ce conflit social dans lequel il y a des dérapages, il y a des incidents et des accidents.
M. Ouellet (Martin): Et ça va se continuer. C'est ce que vous dites.
M. Khadir: Si le gouvernement ne négocie pas de manière sincère, de manière honnête, en s'adressant aux étudiants comme des personnes responsables, en arrêtant d'essayer de manipuler l'opinion et les étudiants, en les mettant les uns contre les autres, en arrêtant de les humilier publiquement, là on va voir un apaisement. Là, là, il n'y aura aucune ambiguïté sur qui est responsable de quoi.
M. Plouffe (Robert): M. Khadir... une dernière, peut-être. Il y a quatre signatures au bas d'une entente, qui viennent des représentants étudiants. Ce n'est pas d'humilier les étudiants, ça, de les avoir fait...
M. Khadir: Je ne sais pas mais...
M. Plouffe (Robert): ...participé à une négociation qui était encadrée par des présidents de syndicats, qui étaient probablement là aussi pour les aider. Ils n'étaient certainement pas du côté du gouvernement.
M. Khadir: L'entente était très bien... Le processus qui a...
M. Plouffe (Robert): Comment on peut dire que le gouvernement n'a pas quand même été, à la limite, là, quand même responsable dans sa démarche auprès des étudiants? Il les a quand même invités à négocier.
M. Khadir: C'est vrai que ça a pris beaucoup de temps de la part du même gouvernement qui a mis deux ans à accepter une idée logique qui s'appliquait à... que tout le monde acceptait, qu'il fallait une commission d'enquête publique, un gouvernement qui nous a menti, qui a dit que c'était incompatible avec... Ça, c'est le même gouvernement... Attendez. Laissez-moi terminer, c'est important pour comprendre, parce que les choses sont liées; c'est toujours les mêmes acteurs. C'est le gouvernement, c'est le même premier ministre qui nous a dit pendant deux ans que c'était incompatible d'avoir une commission d'enquête publique et l'enquête de la police. Et, aujourd'hui, on voit que c'était un mensonge. D'accord? Et il a fini par admettre et accepter une commission.
Il a mis trois mois, il a laissé les choses s'empirer pendant trois mois avant de s'asseoir. Ça, le processus était bien, il était obligé. D'accord? Et il l'a fait, et nous lui rendons grâce, et, d'ailleurs, je les ai félicités. Mais le lendemain même, sa ministre s'est dépêchée à essayer de se montrer comme ayant été victorieuse et que, dans le fond, les étudiants n'ont rien obtenu.
Alors, comment voulez-vous après que les étudiants pensent que c'était sincère?
Mme Plante (Caroline): Mr. Khadir, why are you spending most of your time here today criticizing police's work when what we are witnessing this morning is a serious crime?
M. Khadir: Well, the serious crimes are happening and they're condemnable, and nobody in the students' movement, in their supporters can ever support such actions. We condemned it without hesitation. These are acts that put in danger people, that hassle and harass people in their day-to-day life, and it is just unacceptable.
But, what I'm saying is that a government which acts so irresponsibly and refuses to talk with sincerity, with open mind and with a spirit of dialogue and respect with the students is creating a situation... that such things happen. So, ultimately, the Government, which is in charge, which has the power to decide, which also has the power to say to the police: «Do that» or «Do not do that», is responsible of the increment - how do you say it? - of the escalating situation of violence and instability that we're seeing. So, we need the Government and the police to appease, not to increase the gravity of the situation.
Mme Plante (Caroline): What does this situation remind you of? Of events in your past, events... What does it remind you of ?
M. Khadir: Well, it personally reminds me of the riots in London, last year, in Great Britain, where students were protesting also, where people were protesting. But the Government of Great Britain, of the United Kingdom didn't act like the Charest Government; they didn't act with so much violence and inability to negotiate. They resolved the conflict, they didn't obey to the street, they didn't accept the conditions that were asked of them, but they found a solution of dialogue which ended the crisis, which is not the case of Mr. Charest.
M. Duboyce (Tim): Just... this might sound like a dumb question; I just want to clarify something. So, you're saying that, if the Charest Government resolves the crisis involving students, that, therefore, things like what we saw in the metro today wouldn't be happening, even though it's not students who caused that, probably?
M. Khadir: Well, I don't think these things happened just out of, you know, out of the blue, out of context. Did you see these things happening last November, last December, last October? Maybe I have missed something. These things are happening, people are injured by rubber bullets in the head since all this conflict is ongoing and... - pourrit, comment on dit ça?
Une voix: Rotten.
M. Khadir: ... - rottening. And there is one person, in Québec, in charge, who can put an end to that by opening up the dialogue, by respecting the students, by negotiating with sincerity, and this person is Jean Charest.
M. Dougherty (Kevin): The government's ministers are at pains to say the students are not responsible. But you seem to be suggesting that there may be... you're opening the possibility that there may be agents provocateurs. You know, we had, in the past, Robert Samson, from the RCMP, who planted a bomb. You know, we know that there were...
M. Khadir: We have also seen, in Montebello, the RCMP and security forces of Québec putting provocateurs. That was proved. We have seen it in 2001, in Québec City, remember? There were provocateurs which were identified by those who have organized the... people summit. So, when these past possibilities are evoked, I see a lot of commentators just, you know, rejecting that all the time. OK, but it's not responsible. It may be... not the most plausible possibility, but, as a democratic society, the media and me, as an opposition member, we have the responsibility to exclude that possibility. We cannot just say... just act if... as this possibility didn't exist, O.K.?
On top of that, I'm telling to you that I've received comments, OK, since more than two weeks now. Have you seen me coming here, and attacking the police, and accusing them? Have you seen me pretending that the police planted these bombs or planned these things? No. But, when we arrive in a situation like, today morning, just a day after... with such, you know, important accusations made to the Sûreté du Québec, which has to respond to what happened to Victoriaville... just the next morning, such things happening, you know, it's just not responsible to not consider that hypothesis as the hypothesis which requires appropriate attention and exclusion. And I will be the first one happy to exclude that possibility.
M. Dougherty (Kevin): Is it possible that's just some people who were misguided, who were...
M. Khadir: Of course. That's...
M. Dougherty (Kevin): ...very angry and decide: Well...
M. Khadir: Of course.
M. Dougherty (Kevin): ...we're going to do something and we're going to bring down the system or something?
M. Khadir: Stupid people exist. Malevolent... Malevolent? «Malveillant»...
Une voix: ...
M. Khadir: Malevolent people exist. It can be gangs, it can be stupid - adolescents? - teenagers, as one day I was, OK? It can be all that. That is the most probable thing. But there is... there are lots... Anyhow, I don't want to go further than that. Let's pray it's just that, OK? Let's pray it's just that.
M. Séguin (Rhéal): How far can we take the interpretation of what happened today? I mean, how far is this an expression of the social context and, perhaps, even social crisis Québec has been witnessing now for the last months?
M. Khadir: Of course, all that is in the backdrop of the corruption, of a government which doesn't have la lot of legitimacy because of all what has happened, a government which has gone through nine years of upheavals and which is at the end of its political legitimacy. You know, it's a used government with a lot of... you know, Mr. Charest made some mistakes. I don't think they were premeditated. The worst, he said in the... you know, his conference in the Palais des congrès about Plan Nord, you know, making fun of students demonstrating outside. Theses are all mistakes they have committed because they are tired, they're used, they're in a context of, you know, a conflict, and they don't act with sincerity. They don't act with sincerity. They were not opened to dialogue with students; they didn't want to resolve this crisis. It's evident. You know, a lot of observers, not Québec solidaire, lot of you have, you know, commentators in the medias, have noticed that the government seems to benefit electorally from that. So, all this is the backdrop in which... on the other side, all things can happen. When you create a situation of anger, a lot of things can happen.
M. Nadeau (Rémi): Brièvement, la Sûreté du Québec, justement, ce matin, a rencontré La Presse. Ils n'ont pas présenté de vidéo parce qu'il y a comme circulé un peu des rumeurs qu'ils pourraient déjà avoir identifié d'où provenaient les projectiles qui ont blessé, par exemple, Maxence Valade. Il n'y en a pas eu. Donc, ils ont quand même plusieurs jours pour regarder ça. Est-ce que, pour vous, ça indique qu'ils ne pourront pas dire clairement qui a blessé les gens qui ont été blessés gravement?
M. Khadir: Ça ne m'appartient pas. Il y a d'autres vidéos et d'autres preuves qui vont venir graduellement. La Sûreté du Québec, je pense, réalise la gravité de ce qui s'est passé, et je les appelle, honnêtement, sincèrement, à la plus grande prudence, une exercice, disons, utile en société, c'est-à-dire de reconnaître les choses telles qu'elles sont parce qu'heureusement on est à l'ère de l'Internet et du - comment dit-on? - ...des petites caméras, et il y a beaucoup, beaucoup d'informations qui existent. Évidemment, les gens n'ont pas eu le temps de tout colliger ça, mais, quand il y aura une enquête indépendante, tout ça sera soumis. Il y a des gens qui s'en chargent, ça ne m'appartient pas. Je leur laisse à eux de revenir. Ce que je souhaite, c'est que la Sûreté du Québec fasse un exercice digne de mention pour elle, mais ça ne nous satisfera pas, parce que ce n'est juste pas crédible, d'accord? Un corps policier ne doit pas enquêter sur lui-même. Il faut que ça soit indépendant. Il faut que ça soit...
M. Séguin (Rhéal): Savez-vous s'il y a un groupe actuellement qui est en train de recueillir toutes ces vidéos-là, ces renseignements-là pour pouvoir, justement, les rendre publics?
M. Khadir: Oui, il y a beaucoup de personnes qui s'agitent alentour de ça. Pas un groupe spécifique, mais ils sont en lien. C'est à l'ère des médias sociaux et de Facebook, hein, c'est des trucs informels. Mais la coalition opposée à la tarification des services publics, qui a fait la conférence de presse hier, est quand même un carrefour où beaucoup de ces informations-là sont disponibles. Mais je ne pense qu'ils sont rendus à l'étape... parce qu'ils attendent de voir un peu qu'est-ce que la Sûreté du Québec va faire. J'invite tout le monde à la prudence, y compris les médias.
Journaliste: ...
M. Khadir: Parce qu'il y a beaucoup de gens sur la sellette et il y a beaucoup de gens qui peuvent être tentés d'essayer d'éviter leurs responsabilités. Voilà, je ne peux pas en dire plus, merci beaucoup, c'est gentil.
(Fin à 11 h 39)