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(Onze heures cinquante-cinq minutes)
M. Paradis : Bonjour à toutes
et à tous. Alors, dimanche, le gouvernement a déposé sa nouvelle offre aux
travailleurs du secteur public. Et il insiste beaucoup sur le chiffre de 14,8 %
d'augmentation. Mais en réalité, pour la très grande majorité des travailleurs concernés,
on parle d'une augmentation de 10,3 % sur cinq ans. Ça veut dire 2,06 %
par année. Et ça, c'est sous le taux actuel d'inflation. Alors, ce n'est
manifestement pas dimanche qu'on a eu l'offre qui a du bon sens, que tout le
monde attendait, que toutes les Québécoises puis que tous les Québécois
attendaient.
Là, on parle d'un demi-million de
travailleurs qui se préparent à une grève. On parle de gens qui sont des
enseignants, des éducatrices en service de garde, des travailleurs sociaux, des
préposés aux élèves handicapés, des infirmières, des psychoéducatrices. Ça, c'est
des gens qui livrent à tous les jours des services qui sont absolument
essentiels pour les Québécois, et là ils pourraient être en grève sous peu.
Un sondage vient d'être publié qui
démontre que les Québécois et les Québécoises appuient les travailleurs du
secteur public. Les travailleurs, les gens, disent : Ils méritent des
conditions de travail qui sont améliorées puis ça doit être minimalement indexé
au coût de la vie puis que ça devrait être équivalent aussi à ceux du secteur
privé. Ça, c'est ce que le sondage révèle ce matin.
Les gens aussi savent que les travailleurs
du secteur public achètent la même pinte de lait que nous autres, là, que tout
le monde, qu'eux-mêmes au dépanneur, puis ils savent c'est quoi, les impacts de
l'inflation et du coût de la vie. Alors là, c'est le temps que le gouvernement
nous évite une crise sociale majeure. C'est le temps de déposer au secteur
public une offre qui a du bon sens. J'ai d'ailleurs posé la question il y a
quelques jours, il y a quelque temps, à la présidente du Conseil du trésor, à
quel moment on aurait une offre qui a du bon sens. Manifestement, elle n'est
pas encore arrivée.
Par ailleurs, on sait que le... on a vu
que le conflit au Moyen-Orient continue de s'envenimer. Nous savons que Québec
solidaire entend déposer demain une motion à cet effet-là. On a hâte de la
considérer et d'en discuter avec eux.
M. Arseneau : Et, puisqu'on
parle d'offres qui ne sont pas suffisantes ou qui ne viennent pas, j'aimerais
parler rapidement du transport collectif. Les villes au Québec réclament une
contre-offre de la part du gouvernement. Ça presse. Ils sont à élaborer leur
budget dans les villes que les sociétés de transport, puis on voit que le
gouvernement traîne la patte, n'est pas prêt, n'est pas prêt à prendre le
leadership, surtout de cette question-là. Encore une fois, toute la question
des services et de la compression des services qu'on peut anticiper, le
gouvernement ne semble pas très sensible à cette question-là. Il a un rôle à
jouer. Il faut qu'il puisse soutenir les villes et les sociétés de transport
pour pouvoir maintenir et développer le service. Évidemment, tout ça, c'est en
lien avec des services dont on a besoin, mais aussi le développement dont on a
besoin pour favoriser un transfert modal et pouvoir atteindre les objectifs de
la politique de mobilité durable que le gouvernement a lui-même adoptée et fait
sienne, donc d'augmenter les services de 5 % par année, là. Évidemment, si
on continue d'appauvrir les villes et les sociétés de transport, là, dans leurs
moyens d'intervenir, on n'avance pas. On est prêt à prendre vos questions là-dessus.
Journaliste
: Concernant
le projet de tramway, on apprend que c'est cette semaine que ça passe ou ça
casse. Le maire Marchand doit faire le point demain. Il y a une rumeur qui
court aussi à l'effet que le projet comme on le connaît, ça ne se fera pas. Si
ça se confirme, donc, qui devra porter l'odieux de cet échec?
M. Paradis : Bon, je ne sais
pas si c'est cette semaine que ça passe ou ça casse. La ville de Québec a
annoncé qu'il y aurait une certaine mise à jour sur le projet. Des sondages ont
été publiés, là, récemment sur le taux d'appui. Je pense que, pour nous, le
message reste toujours le même. On a entendu certaines déclarations de la part
du premier ministre encore en fin de semaine, et je pense que les gens de la
Capitale-Nationale sont en droit de se demander, bien, c'est quoi, ces
signaux-là différents qui nous sont envoyés d'une semaine à l'autre, d'une
journée à l'autre.
Nous, on a été constants, dans notre
message, depuis le début de la campagne dans Jean-Talon, où c'était un des
enjeux qui étaient discutés, le transport, le réseau de transport collectif :
transparence, on a besoin de savoir où est-ce qu'on en est, la mise à jour de
la part du bailleur de fonds principal du projet, puis du leadership, de nous
dire où est-ce qu'on s'en va, quelles sont les intentions, quelle est la
stratégie du gouvernement dans ce projet-là. Et je ne sais pas si c'est ce qu'on
obtient, notamment depuis le vote dans l'élection partielle de Jean-Talon.
Journaliste : ...la ville de
Québec ne voulait pas, là, que le gouvernement prenne les devants en dévoilant
le coût, parce que c'est son projet, c'est d'abord et avant tout le projet de
la ville de Québec. Il y a un processus d'appel d'offres qui se termine le 2 novembre.
M. Paradis : Le maître d'oeuvre
du projet, ça demeure la ville de Québec, mais, néanmoins, le bailleur
principal, c'est le gouvernement du Québec, et ce gouvernement-là doit, lui
aussi, faire preuve de leadership, doit mieux exprimer sa vision aux gens de la
Capitale-Nationale puis à l'ensemble des Québécois et des Québécoises aussi,
parce que c'est un projet d'infrastructure avec des coûts importants pour l'ensemble
des contribuables. C'est son devoir de le faire, d'exercer ce leadership-là. Ce
que le sondage semble montrer, là... moi, je ne suis pas un expert en
interprétation de sondages, puis je sais qu'il y a eu des correctifs qui ont
été apportés, mais ce que ça semble démontrer, c'est que plus les gens sont
proches des lieux où est implanté le réseau de transport structurant, plus ils
sont en faveur. Plus les gens connaissent le projet, plus les gens sont
informés sur le projet, plus ils sont en faveur. Donc, c'est là qu'on arrive à
ce devoir de leadership, à ce devoir de transparence du gouvernement du Québec.
Journaliste : ...depuis
vendredi, là, que M. Legault parle d'ajuster, qu'il faudrait peut-être ajuster
le projet pour qu'il réponde mieux aux besoins. Est-ce que ça, c'est un signal
qui est de nature à nuire? Ou est-ce que c'est nécessaire de revoir le projet,
de l'ajuster si c'est trop cher, finalement?
M. Paradis : Cette diversité
de signaux lancés par le gouvernement, je pense que ça fait partie des éléments
sur lesquels on doit s'interroger. Est-ce qu'on a la clarté requise ou est-ce
que c'est de la confusion qui est entretenue? Ça fait partie, je pense, de l'ensemble
de la problématique actuellement. Donc, qu'est-ce que le premier ministre a
voulu dire et qu'est-ce que ça veut dire pour la stratégie du principal
bailleur de fonds du projet? Point d'interrogation. Et c'est là-dessus qu'on a
besoin de leadership, c'est là-dessus qu'on a besoin de plus de transparence de
la part du premier ministre.
Journaliste : Selon vos
analyses de ces différents signaux là, là, qu'on reçoit de la part du
gouvernement, là, est-ce que ça regarde bien ou ça regarde mal pour le tramway?
M. Paradis : Ce qu'on a... ce
dont on a besoin, là, pour répondre aux questions essentielles relativement à
ce projet-là, qui doit aboutir, là... Québec mérite son projet de transport
collectif structurant. On a un projet de tramway sur lequel on travaille depuis
des années, qui a été discuté lors de l'élection partielle dans Jean-Talon,
lors de la dernière élection générale, qui a été discuté lors des dernières
élections municipales, qui a fait l'objet de plusieurs consultations de la part
de la ville de Québec. Ce dont on a besoin, actuellement, de la part du
gouvernement du Québec, c'est, justement, des indications pour mieux répondre à
cette question-là. C'est le gouvernement du Québec qui doit exercer le
leadership de sa part en respectant l'autonomie de la ville de Québec.
Journaliste : Si jamais le
projet était tronqué ou était abandonné tout simplement, est-ce que vous allez
vous indigner de ça ou vous allez dire : Bof...
M. Arseneau : Bien, juste
avant, si vous permettez, puis je pense qu'on va être d'accord là-dessus, il y
a un signal positif qui a été donné par le premier ministre en fin de semaine,
c'est lorsqu'il dit qu'on a besoin, à Québec, dans notre capitale nationale, d'un
mode de transport... il a qualifié ça un mode de transport lourd. Nous, on
parle d'un réseau structurant, mais je pense qu'on parle de la même chose, là,
c'est le point de départ. Alors, si le gouvernement, si le premier ministre
lance ce message-là, ça s'adresse aux députés de la CAQ qui essaient, depuis un
certain temps, de saboter le projet. Alors, le message, je pense, il est très
clair de la part du premier ministre, et moi, je suis d'accord avec ce
message-là, il faut collaborer avec la ville pour doter la Capitale-Nationale d'un
système de transport structurant. C'est le tramway.
Maintenant, quand le premier ministre dit :
On va attendre de voir les chiffres, on est d'accord. On pense qu'il a plus de
chiffres que nous, mais on pense qu'il va y avoir une mise à jour puis on va
savoir où on en est rendus. Là, où c'est inquiétant, c'est lorsqu'il dit :
On va peut-être devoir le redéfinir. La dernière fois que le gouvernement a
voulu redéfinir ça, là, sur le coin d'une table, ça n'avait pas de bon sens.
Puis là on voyait que chaque député, chaque ministre essayait d'ajouter son
petit bout de tramway pour se faire plaisir. On souhaite que la ville donne
l'heure juste demain et collabore avec le bailleur de fonds principal, comme
Pascal le disait, pour avoir, oui, un système de transport lourd, un système de
transport structurant, mais qui réponde aussi aux besoins des citoyens qui ont
été évalués par la ville. Et moi, c'est là-dessus que j'ai une réserve. Si le
gouvernement vient encore une fois se mêler du projet de la ville pour dire :
Coupe ici, ajoute là, on ne s'en sortira pas.
Journaliste : C'est dans
votre circonscription, M. Paradis, je pense, qu'il y a le plus important
appui au tramway.
M. Paradis : Oui.
Journaliste : À quel point,
selon vous, c'est indispensable qu'il y ait un tronçon de tramway dans
Sainte-Foy-Sillery? Puis est-ce que c'est possible, par exemple, qu'on
abandonne un tronçon, que ce soit dans Cap-Rouge ou...
M. Paradis : À mon souvenir,
en tout cas, toutes les itérations du projet ont toujours eu des lignes puis
des parties du réseau qui passent par la circonscription de Jean-Talon. Puis ça
me paraît une évidence parce qu'on est quand même au coeur de plusieurs des
interconnexions dans la région. Donc, je pense que, depuis le début, en tout
cas, la plupart des projets, là, à moins d'erreurs de ma part, ont toujours
fait passer une partie du réseau dans la circonscription de Jean-Talon.
Maintenant, même chose sur qu'est ce qui
va advenir puis est-ce qu'il doit y avoir des nouvelles itérations puis des
changements? Encore une fois, ces questions-là s'adressent d'abord et avant
tout à la ville de Québec, avec la mise à jour, et au gouvernement du Québec sur
sa stratégie globale, donc en matière de transport en commun. Je pense que
c'est quand même aussi significatif puis qu'à chaque fois qu'on parle de
transport en commun puis d'infrastructures de transport collectif, ça semble
toujours être compliqué sous ce gouvernement-là. Et est-ce que c'est aussi
compliqué lorsqu'on parle d'autres types d'infrastructures? Je pose la
question. Je pense que c'est important d'avoir aussi ce changement de paradigme
en matière de transport collectif structurant. Ce sont des investissements qui
sont nécessaires pour nous placer dans la voie du XXIe siècle. Québec a besoin
de ce réseau-là.
Journaliste : Vous parlez de
Jean-Talon, mais c'est aussi Louis-Hébert, là, Sainte-Foy, Sillery, Cap-Rouge.
Ça, c'est la circonscription de Mme Guilbault. Est-ce qu'elle devrait se
battre davantage pour être certaine que le projet se fasse?
M. Paradis : Ce n'est pas une
question de la circonscription ou de quel parti, c'est un projet qui est
essentiel pour la Capitale-Nationale et pour le Québec. Je pense que c'est un
projet significatif pour mettre le Québec sur la voie de cette modernité en
matière de réseau de transport collectif structurant. Alors, ce n'est pas une
question de couleur politique, c'est une question, encore une fois, de
leadership, de transparence et de vision, et là il faut se poser la question si
on l'a suffisamment actuellement, cette vision-là.
Journaliste : J'aimerais vous
entendre sur les rabais d'électricité qui sont consentis aux entreprises, je ne
sais pas si vous avez vu l'article à Radio-Canada. Est-ce que c'est justifié
aujourd'hui, ces rabais importants là?
M. Paradis : Bon, je pense
que ça va être important d'avoir aussi de la transparence sur ce qu'on apprend
aujourd'hui, donc qu'il y aurait des rabais additionnels qui sont consentis sur
un tarif préférentiel concédé à certaines grandes entreprises. Donc, il faut de
l'information pour savoir combien, à combien le gouvernement renonce-t-il avec
ces tarifs préférentiels et ces rabais? Ça prend de la transparence.
Là, moi, aujourd'hui, au moment où je vous
parle, je n'ai pas les chiffres. Mais pour moi, en tout cas, c'est, encore une
fois, une question de choix fiscaux de la part de ce gouvernement. Parce qu'on
apprend cette nouvelle-là aujourd'hui, alors qu'on est à l'aube d'une crise
sociale majeure, avec un demi-million de travailleurs du secteur public qui
exigent des conditions décentes, puis une offre qui a du bon sens, et qui ne
l'ont pas. Et là, bien, les choix qu'on fait, c'est : on renonce à des
milliards là, on donne des milliards à Northvolt, on donne des milliards en
réductions d'impôts, mais là on dit : Ah! bien, on n'a pas suffisamment
d'argent pour nos enseignants des écoles primaires puis des écoles secondaires,
on n'a pas suffisamment d'argent pour nos éducatrices en garderie, on n'a pas
suffisamment d'argent pour nos éducatrices spécialisées qui aident les
personnes handicapées au Québec. C'est une question de choix fiscal du
gouvernement.
M. Arseneau : Et on n'aura vraisemblablement
pas assez d'argent au gouvernement pour soutenir les services de transport
collectif, les transports en commun, peut-être même le tramway, là. On va voir
quel sera le discours du gouvernement. Alors, je pense qu'à un moment donné il
faut mettre le gouvernement face à ses contradictions, et il a un devoir de
s'expliquer là-dessus.
Journaliste : Il y a un
sondage ce matin qui indique que le nombre de Québécois qui trouvent qu'il y a
trop d'immigrants au Québec a augmenté de 12 points de pourcentage depuis
l'année dernière. Comment vous l'expliquez?
M. Paradis : Cette
question-là de la perception de la population sur les questions d'immigration,
c'est important de le considérer, et je pense que ça pose cette question de la
capacité d'accueil, c'est-à-dire d'avoir un niveau d'immigration au Québec qui
soit conscient, qui soit respectueux de la capacité d'accueil. Si je pense que
le Québec est une terre d'accueil généreuse
et doit le demeurer, et tout le monde, je pense,
s'entend là-dessus au Québec, la question est de savoir : Quand les
nouveaux arrivants arrivent, est-ce qu'il y a du logement pour eux? Est-ce
qu'il y a des services sociaux qui sont disponibles? Est-ce qu'il y a des
emplois qui correspondent aux qualifications des nouveaux arrivants qui
arrivent? Et là je pense que plusieurs commencent à se rendre compte qu'on a
peut-être atteint un point de rupture là-dessus.
Et ce n'est pas une question de... ça, ce
n'est pas une question pour les... ce n'est pas la responsabilité des nouveaux
arrivants, c'est la responsabilité de l'État québécois d'être capable d'offrir
des conditions adéquates à nos nouveaux arrivants. Et je peux vous le dire que
je l'ai vu, moi, pendant toute la campagne électorale dans Jean-Talon, je suis
allé visiter un très grand nombre d'organisations qui disent : Là, on
tient quelque chose à bout de bras, et on manque de ressources, et on n'a plus
ce qu'il faut pour permettre aux gens d'arriver, de trouver un logement, de
trouver un emploi, d'avoir accès à des services, à de la francisation, et là on
tient ça à bout de bras, et ça va péter. Alors donc, là, on est à un moment où
il faut considérer, je pense, ces questions-là dans tout le débat national sur
la question de l'immigration.
Journaliste : I'm interested in your take on the public sector offers that were
tabled on the weekend. You're saying they have money for Northvolt, but not
enough for the workers.
M. Paradis :
Well, we... I think the workers of the
public sector were expecting a reasonable offer, and they reacted so swiftly, I
think it's an indication that... the fact that it was not a reasonable offer.
We've been waiting for that offer for a long time, I asked questions to the
president of the Treasury Board about when it would come, and it's still not on
the table. We are facing the threat of a major social crisis, a strike
involving half a million workers who are delivering essential services to
Quebeckers everyday. We're talking about teachers, we're talking about
specialized educators for handicapped students in our schools. We're talking
about social workers. We're talking about nurses. So, these are essential
services, and we must avoid that crisis, and the ball is in the field of the
Government, right now, to retable a reasonable offer.
Journaliste :
Was the offer insufficient, in your
view, the Sunday offer?
M. Paradis :
The reasonable... The offer... Well,
the Government is saying that it's offering 14.8% over five years. However,
this is the top offer because it's making differentiated offers to different
workers. The fact... The real number offered to a great majority of the workers
involved is 10.3% over five years. This means 2.06% a year. The important fact
here is that it's below the inflation level at the present time, which means
impoverishing the workers. This is, of course, not an offer that the workers
will accept, because it means impoverishment over five years.
(Fin à 12 h 12)