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(Seize heures quarante-huit minutes)
M. Bérubé : Bonjour, tout le
monde. Je suis devant vous aujourd'hui pour commenter la situation
exceptionnelle qu'on retrouve à TVA. La télé la plus écoutée des Québécois fait
face à une crise sans précédent. Près du tiers de ses artisans seront remerciés
dans le cadre d'une restructuration majeure.
Je passe rapidement l'enjeu personnel, qui
est le mien, où ma conjointe est une employée de TVA, qui ne sait pas ce qui va
arriver de son de son poste, elle comme d'autres auront à vivre avec cette
décision, mais d'un point de vue national, c'est une télévision qui est
importante dans la culture québécoise. C'est un véritable jeudi noir pour la
culture québécoise.
Les conséquences sont énormes. À titre d'exemple,
la production des bulletins régionaux sera produite à partir de Québec. Alors
ça, c'est une perte de contrôle importante sur le contenu. Déjà, c'était dans l'air,
donc c'est le cas dans ma région, Rimouski, ça va être fait depuis Québec.
Ici même, à l'Assemblée nationale, nous
avons des raisons de croire que l'annonce qui avait été faite à l'effet que les
journalistes de TVA quitteraient l'édifice André-Laurendeau, juste derrière,
sera confirmée bientôt. Je ne sais pas ce qui va arriver d'eux, mais on m'indique,
encore une fois avec l'entreprise tout à l'heure, de façon très sérieuse, qu'ils
ont l'intention, s'il n'y a pas d'entente significative quant aux coûts, de
quitter l'édifice André-Laurendeau, faute d'entente avec l'Assemblée nationale.
C'est deux enjeux importants. Mais au-delà
de ça, pour ce qui est de l'information, et c'est là que ça m'intéresse
beaucoup comme parlementaire, au nom de ma formation politique, on voit déjà
des efforts considérables qui sont faits par deux journalistes qui couvrent l'Assemblée
nationale avec une équipe de caméramans, de monteurs, de gens qui sont... Qui
assistent, je pense aussi aux relais qui sont faits avec les journalistes, tout
le monde sera regroupé au même endroit, tant à Québec qu'à Montréal, et j'espère
qu'il n'y aura pas un impact sur la couverture des événements, que ça soient
des événements politiques de l'Assemblée nationale, de la Capitale-Nationale ou
ailleurs au Québec.
La démocratie repose beaucoup sur l'information.
Et je sais qu'il y a une grande solidarité entre les artisans et artisanes de
tous les médias du Québec à l'égard de la situation chez TVA. C'est une
évidence. Je mets en garde toute personne, qui, parfois, n'est pas d'accord
avec les productions de TVA, de se réjouir de ce qui se passe. C'est
dramatique. Demain, ce sera un autre média, il n'y a personne qui gagne.
Alors, j'ai appris un peu plus tôt aujourd'hui
cette annonce, je peux vous dire que c'est... les impacts seront considérables.
On essaie de trouver des moyens, là, à TVA pour diminuer l'impact. Mais, pour
ce qui est de l'information à l'Assemblée nationale, dans les régions, ce qui
va se passer à la télévision, la qualité, l'investissement, tout ça, ça n'envoie
pas un bon message pour l'avenir de la profession. Et je sais que ça vous
touche beaucoup, vous, chers collègues, qui sont devant moi. Ce n'est pas le
premier chambardement en matière de médias, et il y en aura certainement d'autres.
Aujourd'hui, c'est TVA, et je crains qu'il y en a d'autres ailleurs.
Alors, je termine en vous disant qu'on me
confirme, à TVA, trois demandes qui ont été adressées au gouvernement du Québec.
Je vous en fais lecture. Je suis allé aux nouvelles là-dessus. On parle d'un
crédit d'impôt en production audiovisuelle et on fait référence à la SODEC,
notamment, donc : ajuster le crédit d'impôt remboursable pour la
production cinématographique ou télévisuelle québécoise afin d'apporter une
aide structurante à l'industrie audiovisuelle d'ici et pérenniser le programme
d'aide temporaire mis en place par la SODEC. Le deuxième point, le crédit d'impôt
universel, journalistes, mettre en place un crédit d'impôt universel totalisant
un maximum de 50 % de la dépense de la main-d'oeuvre, incluant les mesures
fédérales. Troisième demande : attirer les productions étrangères avec des
incitatifs attractifs, ajuster le crédit d'impôt pour les services de production
à un taux de base de 25 % et ajuster le crédit d'impôt pour service de
production à un taux par paliers, jusqu'à 30 % pour les superproductions
et les séries à potentiel de multisaisons.
Vous aurez, dans quelques minutes, le
ministre de la Culture et des Communications qui sera devant vous. Je ne sais
pas quel est l'état des revendications et quel accueil Québecor a reçu, mais on
me confirme, là, par les dirigeants de Québecor que ces trois demandes-là
étaient connues du gouvernement du Québec. Est-ce qu'il est trop tard pour les
appliquer? Est-ce qu'elles ont été refusées? Est-ce qu'il y a eu des
discussions? Je ne peux pas vous en dire plus, mais c'est ce qu'on m'a
communiqué à 16 h 24 aujourd'hui. Donc, il y a des revendications qui
ont été faites. Pour le reste, disponible avec ce que j'ai comme informations
et d'expérience, depuis 16 ans comme parlementaire, de vous témoigner ce
que ça peut vouloir dire.
Journaliste : ...la
télévision, pardon, de TVA est un canal généraliste. Quel sera l'effet ou
l'impact sur la culture québécoise, qui est censée être diffusée et...
M. Bérubé : Bien, c'est un
joueur important. C'est un joueur qui avait des moyens, et qui, là, a
considérablement moins de moyens, et qui a un message différent de la société
d'État, disons-le. Quand on regarde la couverture de la société d'État, on a
intérêt à ce qu'elle soit forte. Il y a beaucoup plus d'effectifs et il y a une
complémentarité avec Télé-Québec, avec la télé d'État. Puis il y a du privé
également chez Noovo. Alors, c'est le joueur qui va chercher le plus de cotes
d'écoute qui est diminué de façon considérable. Il n'y a pas de quoi se
réjouir, mais c'est sûr qu'il y aura un impact. On peut penser, par exemple,
que des émissions d'information... Il y en avait une, le vendredi soir, que
moi, j'appréciais bien, avec Stéphane Bureau, qui est remplacée par du
divertissement. Alors, ça, c'est une perte nette pour s'informer puis parfois
en se divertissant par la même occasion.
Journaliste : Les trois
demandes de TVA, vous, au Parti québécois, vous les appuyez sans réserve...
M. Bérubé : On vient de les
recevoir. Je ne les connaissais pas, TVA n'a pas fait de lobby, là, auprès du
Parti québécois, là, pour ça. Je présume que c'était connu du gouvernement du
Québec. Je les répète : crédit d'impôt en production audiovisuelle, crédit
d'impôt universel journalisme, attirer les productions étrangères avec des
incitatifs attractifs. J'imagine qu'on va vous les faire parvenir. Je ne peux
pas en dire plus. Je sais que le ministre est tout près, je ne veux pas être
trop long, là, c'est lui, le...
Journaliste : ...légiférer
pour...
M. Bérubé : Sur les GAFAM. Il
n'y a jamais eu de suite à ça.
Journaliste : Sur les GAFAM,
les Spotify, les Netflix. Est-ce que c'est une bonne idée?
M. Bérubé : Bien, c'était une
bonne idée, mais il n'y a jamais eu de suite. C'était comme un souhait :
j'aimerais légiférer même si je ne suis pas dans le cadre législatif. Là, je
pense que vous allez pouvoir lui poser la question. On est avec lui là-dessus,
là. S'il faut que l'Assemblée nationale fasse front commun pas juste pour TVA
mais pour tous les médias, qu'ils soient électroniques ou écrits, on va être
là, on va s'unir, soyez assurés de ça. Mais là, si le gouvernement du Québec a
des moyens à mettre en œuvre, il peut les mettre en œuvre. D'ailleurs, il l'a
fait pendant la pandémie, hein, il a aidé un certain nombre de médias, à juste
raison, selon moi, pour qu'ils puissent passer à travers pour l'information.
Journaliste : ...sur les
régions...
M. Bérubé : Oui, ça, boîte à
surprise.
Journaliste : À quoi on peut
s'attendre, justement, quand on connaît l'importance des bulletins régionaux
dans les régions plus éloignées, Côte-Nord, Est du Québec, Outaouais aussi? À
quoi... C'est quoi, vos craintes par rapport à ça?
M. Bérubé : Bien, on l'a déjà
connu. Moi, je me souviens, Radio-Canada Est du Québec, le bulletin était lu à
partir de Québec, et Radio-Canada a corrigé, a ramené à Rimouski, par exemple.
Je me souviens, Jean-Martin faisait... un homme fantastique, qui a fait un
travail très bien, il faisait ça à partir de Québec. On a ramené le bulletin à
Rimouski, on a ramené le bulletin aussi le samedi et le dimanche. Ça, c'est un
gain. TVA, déjà, ne sort plus les fins de semaine en région, à moins, là,
vraiment d'une catastrophe importante. Là, la production, on envoie les
reportages à Québec, il y a un choix éditorial qui va se faire, et ça va être
lu par quelqu'un qui n'est pas de la région. Et souvent celui qui lit en région
est aussi un journaliste. Donc, je pense qu'il y a une perte là. Ça, je vais
être très attentif à ça, et aux effectifs aussi.
Puis, quant à l'Assemblée nationale, très
inquiet, ça, très inquiet sur comment les journalistes... Est-ce qu'ils vont
être localisés au Centre Vidéotron? Est-ce qu'ils vont être dans une
camionnette? Est-ce qu'ils vont devoir squatter la cafétéria? Pour vrai, là,
puis je ne blague pas avec ça, ça me touche beaucoup, ça m'inquiète beaucoup.
TVA est sur la Tribune de la presse depuis de nombreuses années, des
journalistes, là, qui ont été importants dans la scène politique québécoise. On
me confirme, à TVA, que c'est très sérieux, l'idée de quitter s'il n'y a pas
une entente significative, en tout cas une entente qui permet de diminuer de
façon très importante la facture, voire l'éliminer.
Journaliste : ...M. Bérubé?
Parce qu'il n'y a pas d'annonce qui a été faite par M. Péladeau à ce sujet-là.
M. Bérubé : Je discute
avec... Bien, c'est connu, tous les partis ont été informés par Québecor, dans
les dernières semaines, de cette volonté-là.
Journaliste
: ...
M. Bérubé : Non.
Journaliste
: Est-ce que vous seriez
d'accord pour un loyer gratuit pour les médias?
M. Bérubé : On n'est pas
rendus là, mais on va se parler. Mais vous comprenez qu'ils ont des personnes
qui nous ont informés il y a plusieurs semaines déjà, d'ailleurs, vous y avez
fait écho, de cette volonté-là de quitter, et moi, ce que j'ai comme
information est assez sérieuse pour que je vous la communique. Et je ne pense
pas que ça choque, là. Je n'ai pas informé TVA que j'allais dire ça, là, je le
dis parce que ça m'inquiète.
Le Modérateur : Merci
beaucoup.
M. Bérubé : C'est bon?
Une voix : Merci.
(Fin à 16 h 57)