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(Onze heures)
Le Modérateur : Bienvenue à
cette conférence de presse de la Vérificatrice générale du Québec, Mme Guylaine
Leclerc. Elle est accompagnée de Martin St-Louis, directeur principal, Jacques
Hébert, vérificateur général adjoint, Caroline Rivard, vérificatrice générale
adjointe. Mme Leclerc, à vous la parole.
Mme Leclerc (Guylaine) : Merci.
Alors, mesdames, messieurs, bonjour. C'est avec plaisir que je vous présente
aujourd'hui les résultats des travaux que nous avons menés au cours des
derniers mois. Pour l'occasion, je suis accompagné de Jacques Hébert,
vérificateur général adjoint, Caroline Rivard, vérificatrice générale adjointe,
et Martin St-Louis, directeur principal d'audit.
Dans un premier temps, je fais, dans le
chapitre, un très court compte rendu de l'audit des états financiers du
gouvernement du Québec au 31 mars 2023 et je présente aussi un suivi du
rapport préélectoral 2022 en comparant les prévisions que nous avions
examinées avec le résultat anticipé de la première année. Ensuite, mon rapport
présente les audits que mon équipe a réalisés.
Tout d'abord, le réseau routier supérieur
montre des signes de vieillissement. Une grande partie du réseau a été
construit dans les années 60 et 70 et des travaux importants doivent
maintenant être effectués pour permettre les chaussées... pour remettre les
chaussées en bon état. Cependant, l'information que le ministère des Transports
et de la Mobilité durable divulgue, notamment l'information qu'elle communique
au gouvernement, ne permet pas de prendre la juste mesure de l'évolution de
leur dégradation. En fait, le ministère met davantage l'accent sur la
proportion des chaussées en bon état, proportion qui est relativement stable
depuis 2018. Pourtant, les chaussées se dégradent d'année en année au point que
près du tiers des chaussées revêtues ont atteint leur fin de leur durée de vie
en 2022.
De même, le déficit de maintien d'actif
des chaussées a augmenté de 3 milliards de dollars de 2018 à 2022,
atteignant ainsi 10 milliards en 2022, en décembre 2022. Or, le ministère
n'a pas évalué les investissements nécessaires pour maîtriser le déficit de
maintien d'actifs. Il faut s'attendre à ce que ce déficit augmente
considérablement au cours des prochaines années si le niveau d'investissement
actuel reste le même. Cela est sans compter que des travaux nécessaires à la
pérennité de ce réseau routier ne sont pas réalisés. Par exemple, aucun projet
de réhabilitation n'est planifié pour des chaussées ayant atteint la fin de
leur durée de vie utile. De plus, lorsque des projets majeurs sont planifiés,
une portion importante d'entre eux ne sont pas réalisés, ils sont plutôt
reportés.
Au sujet de la protection des
renseignements personnels numériques, il est de notoriété publique que le
ministère de la Santé et des Services sociaux ainsi que les établissements du
réseau détiennent une multitude de renseignements personnels sur la majeure
partie des personnes qui vivent au Québec. Notre travail consistait à
déterminer si ce ministère et des établissements appliquent des mesures
efficaces pour protéger les renseignements qu'ils détiennent, sachant que le
ministère et son réseau comptent plus de 10 000 systèmes informatiques.
Nous avons constaté que ces entités ne
contrôlent pas suffisamment les accès à des renseignements personnels
numériques des patients. En réalité, les contrôles en place ne permettent pas
de s'assurer que seuls les utilisateurs dont les fonctions le requièrent
accèdent aux renseignements personnels numériques des patients. Par exemple,
des configurations minimales servant à l'authentification des utilisateurs sont
insuffisantes.
Cela dit, le ministère s'est doté de
mesures de cybersécurité reconnues comme nécessaires en matière de protection
des renseignements personnels numériques. Seulement, ces mesures sont à
améliorer, notamment en raison pour les raisons suivantes : la
journalisation et les alertes sont manquantes pour détecter certaines activités
suspectes; la surveillance exercée par les activités des fournisseurs de
services informatiques est insuffisante; la protection contre les fuites
massives des données est déficiente.
Nous avons aussi également relevé que le
ministère ainsi que les établissements audités manquent de rigueur dans la
gestion des risques et des incidents liés à la confidentialité des
renseignements personnels numériques. Cette conclusion découle du fait qu'il
n'y a aucun véritable portrait des renseignements personnels détenus. Il n'y a
pas d'assurance que les mesures nécessaires pour en préserver la
confidentialité sont en place. Finalement, des mesures importantes sont
absentes des ententes avec des fournisseurs et des chercheurs qui ont accès à
des renseignements personnels. Nous avons aussi observé que la sensibilisation
du personnel de même que la formation et l'encadrement sont insuffisants. Cela
augmente les risques liés à la protection des renseignements personnels numériques.
Quant au régime d'aide juridique, il a été
mis en place en 1972 pour permettre aux personnes ayant un peu de ressources
financières de bénéficier de services juridiques gratuitement ou à peu de
frais, et sa structure n'a jamais été revue depuis sa création. Dans ce
contexte, notre question était : Est-ce que la Commission des services
juridiques et son réseau prennent les moyens pour offrir rapidement aux
personnes en situation de vulnérabilité des services d'aide juridique de
qualité, et ce, de manière cohérente dans l'ensemble des régions du Québec?
Nous avons remarqué que la façon d'évaluer
l'admissibilité financière de l'aide juridique ne permet pas d'établir la
capacité réelle du demandeur à payer des frais juridiques. Ce sont, par
exemple, les revenus passés du demandeur qui sont pris en compte plutôt que les
revenus dont il dispose au moment où il fait sa demande. De plus, plusieurs
étapes du processus administratif d'admissibilité sont inefficientes, ce qui
cause une perte de temps, alourdit les démarches du demandeur et met à risque
d'accepter des personnes non admissibles à l'aide juridique. Ensuite,
l'information de gestion déficiente ne permet pas à la Commission des services
juridiques et aux centres d'exercer pleinement leur rôle d'assurer la
performance du réseau. Enfin, la gestion des ressources est inefficiente en
raison d'une lourdeur administrative, de dédoublements de tâches et
d'incohérences de pratiques entre les centres.
De notre analyse de l'accessibilité et de
la qualité des services aux citoyens rendus par Services Québec, il ressort que
Services Québec n'est pas parvenu à devenir un guichet multiservice d'envergure
qui devait simplifier l'accès des services gouvernementaux aux citoyens. Il n'a
pas été en mesure de regrouper les centres d'appels des ministères et
organismes. De plus, nous observons une diminution constante de ses
responsabilités. Certaines d'entre elles sont désormais assumées par le
ministère du Conseil exécutif et le ministère de la Cybersécurité et du Numérique.
Ce point conclut ma présentation. Je suis
prête à répondre à vos questions portant sur ce rapport.
Le Modérateur : Parfait.
Donc, on va aller... Je vais vous nommer. Posez vos questions. Caroline Plante,
La Presse canadienne.
Journaliste : Bonjour, Mme Leclerc.
Mme Leclerc (Guylaine) : Bonjour.
Journaliste : Bonjour à vous
tous. Donc, on parle, dans le rapport, de chaussées qui sont arrivées en fin de
vie utile, on parle de 8 075 kilomètres. La question que je me pose,
c'est : Est-ce que ça constitue un danger pour la sécurité publique si
c'est des routes qui sont arrivées en fin de vie?
Mme Leclerc (Guylaine) : On
parle de fin de leur... fin de leur durée de vie. Et c'est important de savoir
que le ministère du Transport fait, sur une période de deux ans, le tour de
l'ensemble de ses routes au Québec. Et, en faisant l'ensemble... la revue de
l'ensemble de ses routes, il identifie s'ils sont acceptables, je vous dirais,
là, A, B ou C, donc qui sont en bon état, ou, s'ils sont en mauvais état, D,
ou, très mauvais état, E. Et celles qui sont en mauvais état feront l'objet de
travaux palliatifs, qu'on appelle. Donc, c'est des travaux qui sont
temporaires, qui ne corrigent pas la situation de façon permanente, mais qui
sont palliatifs, comme le dit le mot, qui sont temporaires. Donc, s'il y a
danger, bien, le ministère va l'identifier par ses travaux et va faire... va
mettre en place des travaux palliatifs, ce qui ne corrigera pas sur une longue
période la situation des routes.
Journaliste : Qu'en est-il
des viaducs, ponceaux, ponts, tunnels? Qu'est-ce que vous avez observé ou
avez-vous observé quelque chose?
Mme Leclerc (Guylaine) : Ça
ne faisait pas partie de notre audit.
Journaliste : O.K. J'ai
plusieurs autres questions, mais je vais laisser mes collègues.
Le Modérateur : Nicolas
Lachance, Journal de Québec, Journal de Montréal.
Journaliste : Oui, bonjour.
Mme Leclerc (Guylaine) : Bonjour.
Journaliste : Je me
questionnais sur la nouvelle méthode de calcul du ministère des Transports dans
ce dossier-là. On voit que c'est difficile de comparer avec les années
précédentes parce que, si on avait utilisé cette manière de calculer, là, on ne
serait pas à 10 milliards mais à 11 milliards, donc on aurait eu un
bond de 4 milliards sur trois ans, au lieu de trois, là. Oui, c'est bien
ça, de 7 à 11 au lieu de 7 à 10. Est-ce que vous êtes en accord avec cette
nouvelle façon de calculer au ministère, alors que les routes restent les mêmes
d'une année après...
Mme Leclerc (Guylaine) : Je
vais te laisser préciser, là, c'est quoi, la différence dans le modèle de
calcul.
M. Hébert (Jacques) : C'est
des paramètres techniques qui ont été corrigés, et on n'a pas regardé ces
paramètres-là. En fait, on n'avait pas... ce n'était pas un sujet qu'on
couvrait. Et, nous, ce qu'on voulait mettre en évidence, c'est qu'il y avait
quand même un 700 millions de plus qui était dû à des changements techniques et
non pas à une amélioration. Mais, une fois ça dit, on n'a pas...
Journaliste : C'est quand
même ça, le détail, c'est que, l'état des routes, si on avait pris le calcul de
2021, on serait arrivé à environ 11 milliards de déficit et non de 10,2,
c'est ce que je comprends.
M. Hébert (Jacques) : Tout à
fait. Tout à fait.
Journaliste : Donc, on ne
compare pas vraiment des pommes avec des pommes dans ce dossier-ci.
M. Hébert (Jacques) : Exact.
Journaliste : O.K. Merci. Je
n'ai pas d'autre question.
Le Modérateur : Isabelle
Porter, Le Devoir.
Journaliste : ...juste pour
clarifier la réponse à ma collègue. Donc, si je comprends bien, dans le fond,
les gens n'ont pas à s'inquiéter de leur sécurité sur les routes dont on parle.
Ça, ça ne pose pas de problème, parce que, quand il y a des enjeux de cet
ordre-là, on vient patcher, entre guillemets, les problèmes. Ce que vous dites,
c'est que c'est vraiment plus un problème, là, sur l'état des infrastructures.
Donc, il n'y a pas d'enjeu de sécurité?
Mme Leclerc (Guylaine) : Il
n'y a pas d'enjeu de sécurité, je vous dirais, à court terme. Le problème,
c'est qu'on n'est pas en mesure d'évaluer, à long terme, quels seront les
investissements nécessaires pour s'assurer que nos routes seront pérennes.
Alors, c'est l'enjeu que nous mentionnons. Et il y a une notion qui est
importante, qui est le déficit de maintien des actifs. Donc, ça, ça présente le
coût pour remettre en ordre notre système routier, et le ministère ne présente
pas les données des cinq dernières années. Donc, on verrait toute l'évolution
qui est faite depuis les cinq dernières années. Alors, on va... on passe, en
2018, de 7,2 milliards en déficit de maintien, selon... si on garde la
même méthodologie, à 11 milliards en 2022. Donc, on voit qu'il y a une
croissance de plus de 3 milliards de dollars en cinq ans. Donc,
ce que nous mentionnons, c'est que ce serait important qu'ils soient en mesure
d'évaluer quels sont les investissements qui seront nécessaires, dans le futur,
pour s'assurer que nos routes demeurent pérennes.
Journaliste : Si je peux me
permettre, dans sa réponse, le ministère est un peu cinglant, il laisse
entendre que les méthodes de planification que vous suggérez ne sont pas,
disons, utilisées nulle part, finalement. Est-ce que c'est votre lecture des
choses? Est-ce que vous demandez vraiment au ministère quelque chose qui est
réaliste et possible?
Mme Leclerc (Guylaine) : Premièrement,
le ministère a adhéré à toutes nos recommandations, dont celle-ci. Une partie
de sa réponse est de dire que c'est une information qui serait intéressante ou
pertinente, là, je ne me souviens plus du terme, et ce qu'il mentionne, c'est
que ça nécessiterait des hypothèses et des modèles pour pouvoir... Mais toute
projection nécessite des hypothèses et des modèles, et, si on veut être en
mesure de planifier adéquatement et, surtout, d'identifier les investissements
qui seront nécessaires, qu'on parle pour les routes, ou quoi que ce soit, nos
écoles ou notre système de santé, on a besoin de faire des projections et
d'identifier nos besoins dans le futur, et c'est ce que nous mentionnons au
ministère.
Le Modérateur : Fanny
Lévesque, LaPresse.
Journaliste : Bonjour. De
façon globale, là, votre critique sur le MTQ, bon, en fait, le ministère des
Transports, qui touche au volet, là, de l'entretien des chaussées, tout ça,
diriez-vous qu'il y a aussi une perte d'expertise, au niveau du ministère, qui
explique, en partie, ce résultat-là?
Mme Leclerc (Guylaine) : On
n'a pas évalué si le ministère avait une perte d'expertise. Par contre, ce
qu'on a constaté, c'est que le ministère, avant 2015, il a fait des travaux
de... palliatifs, donc, je l'ai dit tantôt, travaux palliatifs. C'est pour
compenser. Alors, on a voulu voir : Est-ce que ces travaux qui avaient été
faits pour... à court terme ont, finalement, fait l'objet de planifications pour
être corrigés plus à long terme? Et on a examiné 55 dossiers, et, de ces 55
dossiers là, 40 % n'avaient pas été planifiés dans les cinq années
suivantes en 2015, et, de ce 40 % qui n'avaient pas été planifiés, il y en
avait près de 80 % qui étaient en fin de durée de vie en 2022. Alors, je
vous dirais que c'est un enjeu qui est important, qui est, pour le ministère,
de planifier adéquatement ces travaux.
Et ce... Une des réponses pourquoi les
travaux nécessaires à la pérennité du réseau ne sont pas faits, pour revenir à
votre question, c'est, entre autres, parce qu'il y a des ressources financières
qui peuvent être utilisées à d'autres effets. Par exemple, s'il arrive une
inondation, un bris majeur, donc il y a un besoin de ressources financières.
Ils ont mentionné des ressources humaines, aussi, qui sont insuffisantes, la
capacité des fournisseurs aussi. Donc c'est pour ça que, dans certains cas, on
n'a pas planifié, mais, dans certains cas on a été obligés de reporter la
planification de façon importante.
Journaliste : Donc, vous avez
dit 55 dossiers.
Mme Leclerc (Guylaine) : Qu'on
examinés, oui.
Journaliste : Ça, c'était des
dossiers, donc, qui avaient fait l'objet, là, de travaux palliatifs, là?
Mme Leclerc (Guylaine) : Avant
2015.
Journaliste : O.K.
Mme Leclerc (Guylaine) : 2015...
2015 et avant, et... Avant 2015 ou...
Une voix : Avant 2015.
Mme Leclerc (Guylaine) : Avant
2015. Et 40 % de ces 55 dossiers là qu'on a examinés n'ont pas fait
l'objet de planification pour être réhabilités dans les cinq années suivantes.
Journaliste : Donc, ils sont
restés patchés?
Mme Leclerc (Guylaine) : Ils
sont restés patchés.
Journaliste : ...je comprends
qu'il y a plusieurs motifs au report, mais donc l'absence de planification,
mais est-ce que, donc, le ministère des Transports, en ce moment, a les
ressources humaines suffisantes pour organiser des planifications?
Mme Leclerc (Guylaine) : Mais
ce n'est pas ce qu'on a examiné. Tu sais, on n'a pas examiné dans quelle mesure
ces ressources étaient suffisantes pour faire... À moins que tu aies quelque
chose à ajouter?
M. Hébert (Jacques) : Non,
tout à fait, c'est vrai. Cependant, une donnée importante, là, c'est que, dans
une des régions qui peut illustrer un peu le fond du problème, dans une des régions
qu'on a visitées, il y avait 45 % de leur budget, l'année qui venait, qui
était attribué à des travaux palliatifs. Alors, c'est sûr que, d'année en
année, quand on fait du palliatif puis qu'on n'est pas en mesure de faire la
réhabilitation en profondeur, bien, c'est un peu comme si on traîne les
problèmes. Alors, est-ce qu'ils ont assez de ressources? On ne l'a pas évalué.
Ce qu'on voit, par ailleurs, c'est qu'il y a quand même une partie importante
de leurs ressources qui sont à des travaux palliatifs et non pas à de la
réhabilitation.
Le Modérateur : Caroline...
Journaliste : ...
Le Modérateur : Bien oui,
bien oui, en même temps, allez-y. Caroline Plante, La Presse canadienne.
Journaliste : O.K. Dans le
rapport, vous parlez d'amiante, comme quoi l'amiante peut aider à bien
conserver les chaussées, et on indique que le ministère a mis fin à
l'utilisation d'amiante dans les chaussées en 2011. Pourquoi?
Mme Leclerc (Guylaine) : Jacques,
est-ce que tu as une réponse?
M. Hébert (Jacques) : Bien,
c'est des raisons de santé, là. L'INSPQ... On n'est pas allés très en détail
là, mais l'INSPQ a mentionné que ce n'était pas des taux qui sont alarmants
pour la santé des citoyens. Mais on a quand même décidé d'arrêter cette
pratique-là, pour les raisons qu'on connaît avec l'amiante, là.
Journaliste : Mais, dans
votre rapport, vous dites que c'est... les taux, ça... c'est très faible. Donc,
est-ce que vous recommandez qu'on recommence à utiliser l'amiante?
M. Hébert (Jacques) : On
n'est pas du tout dans cette avenue-là, on n'a pas analysé la question en
profondeur. Ce qu'on dit dans le rapport, c'est que, dans leur évaluation des
coûts de réhabilitation de ces chaussés-là, ils n'ont pas tenu compte que ça
coûte plus cher de réhabiliter des chaussées qu'il y a de l'amiante, là, parce
qu'il faut la traiter différemment, là, décontaminer. Mais, au-delà de ça, là,
on n'est pas allés plus loin.
Journaliste : Si on remonte
dans le temps, on va voir des vieux articles, là, 2003, 2004, on disait, à
cette époque-là, qu'il y avait 56,8 % du réseau routier qui était en bon
état. Ça, c'était un rapport du ministère des Transports. Ma question,
c'est : Est-ce que, donc, on peut conclure que ça fait plusieurs années,
plusieurs décennies que le réseau est mal en point?
Mme Leclerc (Guylaine) : Bien,
une chose qu'il faut savoir, c'est que, lorsqu'on dit qu'il est en bon état, il
est peut-être en bon état parce qu'on a fait des travaux palliatifs. Donc, il y
a ça à considérer. Là, je n'ai pas regardé les études de 2003, 2004, là. Est-ce
que tu...
M. Hébert (Jacques) : Nous
non plus, d'ailleurs, là, on n'a pas été... On a commencé en 2018, là.
Journaliste : ...question
pour ma part. Est-ce qu'il est possible de faire des comparatifs avec d'autres
provinces? Est-ce qu'on a comparé la qualité des chaussées ici avec l'Ontario,
par exemple? Est-ce qu'on sait comment le Québec se compare avec les autres
provinces?
Mme Leclerc (Guylaine) : Notre
rapport n'en fait pas mention. Et, comme vous le savez, tout ce que je mentionne,
c'est ce qui est dans notre rapport, donc... Mais sachez que souvent, dans nos
travaux, nos travaux comportent une panoplie de choses, là, qui ne sont pas
nécessairement présentées dans le rapport, puis on se doit d'être limités dans
le... mais c'est... Le rapport n'en fait pas mention.
Journaliste : Je comprends
qu'il n'y a pas de risque pour l'humain, là, mais est-ce qu'il y a un risque
pour le matériel roulant, qui est croissant dans les dernières années, selon
vous? Vous comprenez, ma question, bris d'un véhicule.
Mme Leclerc (Guylaine) : Est-ce
qu'on a regardé ça? Non.
M. Hébert (Jacques) : On n'a
pas été jusqu'à aller voir sur les routes ce qui se passait.
Journaliste : ...qui sont
parallèles, là, le CAA, tout ça, peut-être, auraient pu vous informer de...
M. Hébert (Jacques) : Oui,
non, on n'a pas... on n'est pas en mesure de vous le dire, là, tu sais.
Journaliste : Parfait.
Mme Leclerc (Guylaine) : Mais
par contre, eux, ce qu'ils font, lorsqu'ils regardent si c'est une situation bon
état, ou mauvais état, et très mauvais état, c'est le confort de roulement,
l'indice d'ornières, l'indice de fissuration et la susceptibilité au gel. Donc,
ce sont ces quatre éléments-là qui sont regardés pour déterminer si la route
est en bon état, ou en mauvais état, ou en très mauvais état.
Journaliste : Bien, c'est
quand même... Quand on parle de l'ornière, par exemple. C'est des... Parfois,
ça reste des éléments qui peuvent causer des accidents.
Mme Leclerc (Guylaine) : Absolument.
Ah oui! C'est pour ça que c'est un des quatre indices qui va déterminer si
c'est en bon état ou en mauvais état. Et, si c'est en mauvais état, on va faire
des travaux palliatifs ou de réhabilitation.
Le Modérateur : Fanny
Lévesque.
Journaliste : Sur la santé,
je n'ai pas lu de façon détaillée, là, cette partie-là du rapport jusqu'à
présent, mais est-ce que ça tient compte... ou est-ce que ça a une influence
avec la nouvelle loi, là, qui... Vous aviez été entendus, là. À l'époque,
c'était M. Dubé. Ça a été adopté sous M. Caire, là. Je pense, c'est
la loi... en tout cas, le numéro de projet de loi, 3, là, mais qui est supposé
donner, apporter une meilleure fluidité des données en santé dans le réseau.
Est-ce que donc cette loi-là passe à côté des enjeux qui sont soulevés dans
cette problématique... dans la problématique ou est-ce qu'elle lui répond en
partie ou ça ne la concerne pas du tout?
Mme Leclerc (Guylaine) : C'est
deux choses complètement différentes.
Journaliste : O.K.
Mme Leclerc (Guylaine) : Alors,
ce qu'on a fait au ministère de la Santé, c'est de voir dans quelle mesure les
données étaient... les données dans les établissements qu'on a audités et au
ministère de la Santé étaient protégées et dans quelle mesure ces entités-là
contrôlaient l'accès à ces données-là, entre autres.
Journaliste : Je ne sais pas
si... Je sais qu'il n'y a pas de cas qui sont indiqués là, mais, comme vous
dites dans le rapport, il y en a qui ont été médiatisés, tout ça. Est-ce qu'il
est arrivé certaines situations plus préoccupantes que vous pourriez nous
décrire, par exemple, pour nous expliquer un peu l'ampleur du problème?
Mme Leclerc (Guylaine) : Bien,
l'enjeu, c'est... Il y a un enjeu de contrôle. Donc, par exemple un contrôle...
des choses que beaucoup de gens savent, hein? Donc, un mot de passe, hein? Un
mot de passe générique, on ne met pas ça sur un papier jaune pour mettre ça sur
les écrans. Bien, on a vu ça, O.K.? On a vu des mots de passe génériques qui...
Journaliste : ...à un dossier
médical?
Mme Leclerc (Guylaine) : Pour
avoir accès à un système qui comportait des données de renseignements
personnels. Vous comprendrez qu'on a été très prudents dans la rédaction de ce
rapport-là pour ne pas dire quels étaient les systèmes qu'on a examinés et pour
ne pas inciter à la malveillance. Mais il faut savoir que le ministère de la
Santé a 10 000 systèmes informatiques. Les systèmes qu'on a examinés
dans les deux établissements et au ministère de la Santé sont des systèmes
importants, qui vont être encore actifs pour les cinq prochaines années,
minimalement, et qui comportent beaucoup d'informations personnelles. Et on a
identifié plusieurs lacunes et on a fait des recommandations aux établissements
et au ministère relativement à ces lacunes-là.
Journaliste : J'en aurais une
question aussi pour vous, Mme Leclerc, sur un autre sujet. Depuis le début
de la semaine... Olivier Bossé, journal Le Soleil, excusez-moi. Au début
de la semaine, vous avez reçu des demandes d'enquête de partis politiques de
vous pencher sur la subvention qui va être donnée par le gouvernement du Québec
pour la venue des Kings de Los Angeles à l'automne prochain. Qu'est-ce que vous
pouvez nous dire? Est-ce que vous avez pris une décision? Est-ce que vous vous
êtes penchés là-dessus? Est-ce que vous y allez de l'avant ou pas?
Mme Leclerc (Guylaine) : On a
reçu effectivement des demandes pour faire audit ou enquête sur cette
activité-là. Il faut savoir que la Loi du Vérificateur général prévoit deux
situations où je suis tenue de faire enquête ou de faire un audit. C'est si le
Conseil du trésor me demande de faire enquête ou un audit, ou si c'est le
Conseil exécutif qui me le demande. Ce sont les deux situations qui sont
prévues à ma loi. Outre ça, bien, le Vérificateur général planifie ses mandats,
et, dès que nous avons fait le choix et que nous avons envoyé la lettre-mandat,
là, à l'entité, bien, l'information est divulguée sur notre site. Alors, il
s'agira de... Si on prend la décision, ce sera publié sur notre site.
Journaliste : ...faire l'objet
d'un mandat ou... C'est ça, la décision n'est pas prise. C'est ce que vous nous
dites?
Mme Leclerc (Guylaine) : Ce
que je dis, c'est que l'on a reçu des délais, et à partir du moment où la
décision est prise et que les fils sont attachés, c'est publié sur le site Web.
Journaliste : ...bientôt
ou... C'est à quelle fréquence, vous faites ça, par exemple, là, quand vous
recevez des demandes?
Mme Leclerc (Guylaine) : Ah!
on le fait de façon régulière, au fur et à mesure que... Comme là, vous pouvez
voir les mandats qu'on va réaliser en juin, qu'on va déposer en mai, qu'on va
déposer en novembre 2024. Alors, tout est publié sur notre site Internet.
Journaliste : Donc, si vous
décidez de ne pas aller de l'avant, il n'arrive juste rien.
Mme Leclerc (Guylaine) : Exact.
Le Modérateur : Est ce qu'il
y a d'autres questions? Oui, Caroline.
Journaliste : Dernière sur...
est-ce que vous pensez que le ministère prend assez en compte les changements
climatiques? Est-ce que... Parce qu'on parle de défis qui s'en viennent, et
tout. Est-ce qu'au ministère on est on est conscients, vous pensez, là, des
changements à apporter à nos façons de faire pour... dans le contexte où il y a
des changements climatiques?
Mme Leclerc (Guylaine) : Au
Vérificateur général, on se préoccupe beaucoup de cet enjeu là,
particulièrement par la Commissaire au développement durable, qui fait
régulièrement des mandats, qui en a fait un dernièrement avec le ministère des
Transports sur les... elle en fait de façon régulière. Donc, un des enjeux...
tantôt, on disait que, pour le modèle, bien, le ministère des Transports
dit : Il faut qu'elle utilise plusieurs hypothèses, plusieurs modèles,
bien, ça, c'en est un des enjeux, c'est les changements climatiques, dans quelle
mesure ça vient affecter les hypothèses. Donc, c'est un enjeu pour lequel le
ministère se doit de tenir compte. On n'a pas fait de mandat spécifique dans
quelle mesure le ministère est sensibilisé à ce fait là, mais une chose est
certaine, il y a, à la fin de notre rapport, les commentaires de la
commissaire, qui n'est pas un audit, mais qui apporte ses commentaires
justement sur cet élément-là. Et je suis certaine que le ministère va lire les
commentaires de la commissaire.
Journaliste : Est ce que vous
avez d'autres questions? Est-ce que, Mme Leclerc, vous avez quelque chose
à ajouter? Ça va?
Mme Leclerc (Guylaine) : Non,
je vous remercie.
Journaliste : Parfait. Merci.
Merci beaucoup, tout le monde.
(Fin à 11 h 28)