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Point de presse de M. Dave Turcotte, porte-parole de l'opposition officielle en matière d'emploi et de solidarité sociale, et de M. Bernard Drainville, porte-parole de l'opposition officielle en matière d'affaires intergouvernementales canadiennes

Version finale

Monday, May 28, 2012, 13 h 30

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Treize heures trente-trois minutes)

M. Turcotte: Donc, bonjour à vous tous pour notre point de presse sur l'amélioration des conditions de vie des Québécois. Nous allons faire une interpellation dans quelques minutes à la ministre responsable de l'Emploi et de la Solidarité sociale.
Aujourd'hui, on voulait aborder notamment la question de l'assurance-emploi parce que nous avons toujours été, au Québec, près des valeurs des Québécois, faire en sorte que toutes les Québécoises et tous les Québécois puissent avoir une chance, et, selon nous, le programme d'assurance-emploi, tel qu'il avait été fait à l'origine et qui est maintenant modifié par le gouvernement Harper, ne répond plus aux préoccupations des Québécoises et des Québécois, des gens du Québec. On voit que c'est une autre preuve que le gouvernement Harper ne comprend pas la réalité du Québec, les valeurs québécoises quand on voit le nombre de jeunes, le nombre de femmes qui sont touchés par ces coupures, qui étaient déjà en grand nombre en... qu'il y avait déjà en grand nombre des problèmes avec le régime d'assurance-emploi tel qu'il était avant, et... mais là c'est encore pire.
Donc, nous, ce qu'on veut, c'est proposer une solution durable, une solution efficace, une solution d'avenir pour les travailleurs, pour les entrepreneurs, donc de rapatrier le régime d'assurance-emploi au Québec pour faire en sorte qu'on puisse le gérer en fonction de nos valeurs, de notre réalité, de notre monde, de nos régions pour le mieux de notre monde et pour notre développement économique.
Donc, Bernard, pour compléter.

M. Drainville: Oui. Bien, Dave a bien résumé les raisons pour lesquelles on veut créer un régime québécois d'assurance-emploi. Il faut faire le lien également avec la décision de M. Harper de réformer à nouveau le régime d'assurance-emploi fédéral. Nous, on a l'impression que cette réforme, qui a été annoncée la semaine dernière par le gouvernement Harper, qu'elle s'appuie, dans le fond, sur une sorte de préjugé à l'effet que les gens qui se retrouvent sur l'assurance-emploi sont des paresseux, qu'ils sont trop paresseux pour travailler ou qu'ils ne veulent pas travailler. Et, nous, on pense que dans la vaste majorité des cas les gens qui se retrouvent sur l'assurance-emploi, ils se retrouvent à l'assurance-emploi parce qu'il n'y a pas d'emplois, pas parce qu'ils ne veulent pas travailler ou qu'ils sont trop paresseux. Et on est très inquiets de cette réforme-là, très inquiets en particulier pour les industries saisonnières, les industries saisonnières comme le tourisme, comme la pêche, comme la forêt, comme l'agriculture dans certains cas également. Ces industries-là, elles sont cycliques, elles ont besoin d'une main-d'oeuvre spécialisée. Le problème, c'est qu'elles n'en ont pas besoin à l'année longue.
Alors, le danger avec la réforme qui a été mise de l'avant, qui a été proposée la semaine dernière, c'est que ces industries saisonnières vont se retrouver sans main-d'oeuvre parce que les gens qui sont formés, par exemple, dans l'hôtellerie vont être obligés de prendre un emploi ailleurs que dans leur domaine de spécialité, et, lorsque la saison du tourisme va reprendre, bien, les hôtels, les auberges, par exemple, n'auront plus la main-d'oeuvre qu'ils ont formée et dont ils ont besoin pour reprendre leurs activités.
L'autre danger, c'est que certains de ces gens-là, voyant qu'ils ne peuvent plus avoir accès à l'assurance-emploi, voyant qu'ils sont pris pour prendre un emploi dans un domaine autre que celui qu'ils souhaitent, décident carrément de déménager, de quitter les régions. Et là la question, en fait, que nous posons, on se pose la question, nous autres: Est-ce que l'intention inavouée et inavouable du gouvernement Harper, ce n'est pas de fermer les régions ressources? En atteignant ainsi, en abîmant, en affaiblissant les industries saisonnières, est-ce qu'on ne risque pas d'avoir un impact économique très grand, très fort, très dommageable sur les régions ressources et amener notamment des jeunes à quitter en nombre encore plus grand qu'ils ne le quittent présentement les régions ressources?
Alors, nous, voyant ça, on était déjà convaincus que ça prenait un programme québécois d'assurance-emploi, mais je vous dirais que la réforme qui a été annoncée par M. Harper justifie encore plus qu'on rapatrie au Québec le régime d'assurance-emploi et qu'on crée un programme, comme Dave l'a dit, qui est en fonction de nos besoins, en fonction de nos valeurs et en fonction également de nos besoins économiques et humains aussi. On a l'impression que l'être humain est complètement discarté de la réforme qui a été annoncée la semaine dernière par M. Harper.

M. Journet (Paul): Est-ce que ce n'est pas peut-être un peu exagéré de dire que le gouvernement Harper a dans son intention de vouloir fermer les régions ressources quand même?

M. Drainville: Bien, je pose la question. Je pose la question et je ne suis pas le seul à la poser. On a l'impression que ce programme-là, on a l'impression que cette réforme-là, que ce nouveau programme a été créé pour les besoins de l'Alberta bien plus que pour les besoins des régions ressources du Québec ou d'autres coins du pays. Si vous écoutez les commentaires, si vous écoutez... si vous lisez le sous-texte, là, de certaines des déclarations de certains ministres du gouvernement Harper, on a l'impression que le message, dans le fond, c'est de dire: Si vous ne pouvez pas vous trouver une job à temps plein dans votre région, quittez votre région puis allez-vous-en là où il y a des emplois.
Je ne suis pas sûr que c'est une bonne façon, moi, de gérer une société, je ne suis pas sûr que c'est une bonne façon de parler à ceux et celles qui sont attachés à leur coin de pays puis qui veulent développer l'économie de leur coin de pays. Et, nous autres, on trouve ça drastique, on trouve ça radical, on pense que ça manque de respect pour l'être humain puis on n'est pas du tout convaincus que ça va être bon pour les régions, les régions ressources. On pense qu'elles vont être gravement pénalisées par cette réforme-là. Et, au net, on pense qu'on serait encore mieux servis avec un régime québécois.

M. Lavallée (Jean-Luc): De quelle façon on économiserait, au Québec, en rapatriant le régime?

M. Turcotte: Bien, on a toute la question de l'administration du programme. En ce moment, on a déjà ce qu'on appelle les centres locaux d'emploi, au Québec, qui sont des guichets qui offrent des services pour l'employabilité aux Québécois. Ces endroits-là, ces centres locaux d'emplois, pourraient offrir le service à la population. On a déjà, avec Revenu Québec, toute la collecte de la Régie des rentes, de toutes les autres prestations qui sont offertes aux Québécois. Revenu Québec perçoit déjà ça sur les revenus, donc pourrait faire pour l'assurance-emploi. Donc, on a déjà toute l'infrastructure, donc on pourrait demander à notre infrastructure, qui est déjà en place, de le faire et on pourrait économiser plusieurs centaines de millions de dollars.

M. Lavallée (Jean-Luc): Non seulement ça se ferait à coût nul, mais, en plus, on sauverait de l'argent. C'est ce que vous dites? Même si un gouvernement du Parti québécois serait peut-être plus généreux que le gouvernement Harper?

M. Turcotte: Bien, nous, ce qu'on dit, c'est qu'en rapatriant le régime d'assurance-emploi au Québec, on ne veut pas que changer la couleur du drapeau sur le chèque, on veut faire en sorte que le régime d'assurance-emploi québécois réponde vraiment aux préoccupations des Québécois. Parce que visiblement, que ça soit les libéraux ou les conservateurs à Ottawa, rien n'a été fait pour faire en sorte que le régime d'assurance-emploi fédéral réponde au Québec.

Mme Tremblay (Marie-Hélène): Mais ça serait quoi les changements les plus rapides ou les plus importants à faire dans un laps de temps où on rapatriait, justement, l'assurance-emploi ici?

M. Turcotte: Bien, il y a la question des travailleurs saisonniers pour les régions, il y a la question aussi, on le voit, avec les délais administratifs. Ça a sorti il y a quelques semaines, quelques mois, d'attendre 90 jours avant de recevoir son premier chèque d'aide... pas d'aide sociale, mais d'assurance-emploi, c'est problématique. Pendant ce temps-là, ces travailleurs-là qui ont perdu leur emploi, en plus déjà d'avoir le stress de se trouver un emploi, qui n'ont pas de revenu, c'est souvent les poteaux dans la famille, là, donc les gens qui sont responsables d'amener de l'argent à la maison pour leur famille. Les hypothèques se payent comment? Le compte d'Hydro se paye comment? Ces gens-là attendent pendant trois mois, près...
Donc, nous, on dit qu'il faut modifier, à ce niveau-là, pour les délais, pour les gens qui reçoivent enfin leurs prestations d'aide... pas d'aide sociale, pardonnez-moi, c'est... déformation professionnelle, dossier de l'emploi et solidarité. Je ne veux pas donner des scoops de ce que je vais poser tantôt comme questions à l'interpellation, là, ça fait que je m'excuse d'utiliser le mauvais terme. À l'assurance-emploi.

La Modératrice: On prendra une dernière question.

M. Drainville: Vous savez qu'il y a plus de la moitié des gens qui paient des cotisations à l'assurance-emploi et qui n'ont pas accès à l'assurance-emploi présentement. C'est quand même incroyable, c'est plus de 50 %. Des gens qui cotisent à l'assurance-emploi, lorsqu'ils se retrouvent au chômage, n'ont pas accès au programme. Alors, ça, c'est drôlement problématique.
Pour enchaîner avec ce que Dave disait, c'est dans le fascicule qui a été distribué, on vous en a apporté des copies, si vous le souhaitez, c'est Michel Bédard, qui est actuaire, il a été l'actuaire en chef du programme fédéral de l'assurance-emploi entre 1990 et 2003, et c'est lui qui dit, pas nous, qui le dit. Il dit que «l'élimination des dédoublements administratifs permettrait de récupérer jusqu'à 200 millions de dollars annuellement».
Alors, on ne vous dit pas nécessairement que, si on le rapatriait au Québec, que tout s'équilibrerait d'un coup. Mais, ce qu'on dit, c'est qu'à partir du moment où tu as un régime d'assurance-emploi qui correspond davantage aux besoins des chômeurs puis aux besoins des entreprises également, parce qu'il y a beaucoup de chômeurs qui n'ont pas d'emplois, mais il y a beaucoup d'entreprises qui offrent des emplois pour lesquels il y a... ils ne trouvent pas preneurs, pour lesquels ils ne trouvent pas de travailleurs.
Alors, nous, on dit qu'en créant ce régime québécois non seulement on va régler un certain nombre de problèmes qui sont vécus présentement, mais on va être capables, grâce à ce programme-là, on va être capables d'inciter les gens qui sont au chômage à suivre des programmes de formation qui vont permettre, par la suite, de combler la pénurie de main-d'oeuvre. Donc, il y a un avantage, je te dirais, pour le chômeur, il y a un avantage aussi pour les entreprises qui font face à une pénurie. Et donc, au net, il y a un avantage pour l'économie québécoise.
Donc, il faut le regarder à long terme également. Il ne faut pas juste prendre le montant des cotisations puis regarder après ça le montant des prestations. Il faut également voir plus loin que notre nez et se dire que, dans une économie où tes travailleurs répondent davantage aux besoins des entreprises et où les entreprises peuvent, de cette façon-là, chercher moins longtemps, combler plus rapidement leurs postes... nous autres, on pense qu'à terme les employés vont y trouver leur compte, puis on pense qu'également les entreprises vont y trouver leurs comptes. Et donc on pense qu'à long terme on va pouvoir baisser graduellement les cotisations. Ça, c'est notre objectif. Mais, tu sais...

M. Lavallée (Jean-Luc): Très rapidement, sur... bien, sur un autre sujet, là, sur le conflit étudiant, qu'est-ce que vous espérez, vous, de la rencontre dite de la dernière chance?

M. Drainville: Bien, avez-vous... Est-ce qu'on a terminé? On a terminé sur les...

Des voix: Oui.

M. Drainville: Oui. Bien, écoutez, sur la rencontre d'aujourd'hui, on espère une entente. On le dit depuis combien de mois, maintenant, là? Nous, on veut une entente. On pense que ça passe par une négociation, et le gouvernement semble avoir compris ça, parce qu'ils ont décidé de reprendre les négociations.
Maintenant, est-ce que M. Charest a donné à Mme Courchesne un mandat qui va permettre à Mme Courchesne de régler? Ça, cette question-là, elle reste entière pour le moment. On ne connaît pas la réponse à cette question-là. Alors, ça prend un règlement, il faut mettre fin à la crise. Nous autres, on souhaite que ça se règle, mais on dit depuis le début que ça va se régler autour d'une table avec une bonne discussion et on espère que de cette discussion-là aujourd'hui va sortir une entente qui va permettre à tout le monde de dire: Écoutez, c'est réglé.

M. Journet (Paul): Est-ce que c'est urgent pour vous que ce soit réglé ou est-ce qu'au contraire, comme l'ont soutenu certains leaders étudiants, il serait préférable vraiment de prendre son temps pour en arriver à la bonne entente, bref, qu'il n'y a pas... ce n'est pas un contre-la-montre avant le Grand Prix?

M. Drainville: Bien, ce n'est pas un contre-la-montre. Ça prend une bonne entente. Si tu n'as pas une entente...

M. Journet (Paul): Ce n'est pas une urgence.

M. Drainville: ...bien, non, je ne dirai pas ça. Attention, là. Ça fait plus de 100 jours que ça dure. Non, non, on veut que ça se règle. On veut que ça se règle et le plus tôt sera le mieux, sauf que ça va se régler autour d'une bonne entente. Si l'entente n'est pas, comment dire, acceptable, elle ne passera pas. Tu vois? Alors, il faut que les étudiants soient capables de sortir de cette négociation-là en disant: Écoutez, on a été entendus. Le gouvernement a changé son fusil d'épaule, ils ont fini par comprendre, et donc c'est possible pour nous de se tourner vers nos membres et leur dire: Écoutez, on a l'entente que ça nous prend pour que ça se règle, pour régler, hein? Alors, tu ne peux pas... Tu sais, il faut que ça se règle, mais il faut que ça se règle avec une bonne entente.

(Fin à 13 h 47)

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