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Conférence de presse de M. Jean-Martin Aussant, député de Nicolet-Yamaska

Le climat politique au Québec

Version finale

Thursday, June 14, 2012, 13 h 30

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Treize heures trente et une minutes)

 

M. Aussant: Bien, bonjour. Merci d'être ici. Mon rôle se limite aujourd'hui à parrainer des citoyens qui veulent vous dire des choses dans leur Parlement. Donc, à vous la parole.

 

M. Parenteau (François): Le Québec est secoué depuis des mois par des mouvements de contestation sociale sans précédent: trois manifestation historiques en deux mois, un conflit étudiant qui perdure et un mouvement des casseroles qui se fait entendre tous les soirs, voilà qui est plutôt inédit au Québec.

 

Mme Rochette (Geneviève): Malgré cela, le parti politique en place reste sourd aux revendications actuelles. C'est un gouvernement qui divise comme nul autre auparavant, qui ne veut rien entendre, rien négocier ni rien régler. Il laisse pourrir le climat social en espérant se poser en sauveur lors du prochain scrutin. Il se montre incapable de défendre l'intérêt public et place les intérêts du parti devant ceux de la nation. Il brime les libertés de son peuple avec une loi répressive. Il adopte des politiques publiques qui nous spolient de nos terres, comme pour les gaz de schiste, ou dépossèdent, comme pour le Plan Nord. Borné, usé et corrompu, ce gouvernement doit partir.

 

M. Parenteau (François): Les Québécois le savent, le taux d'insatisfaction envers ce gouvernement se maintient à des niveaux records depuis des mois. Mais la division actuelle des votes entre plusieurs partis aux valeurs pourtant bien proches mais aux différences trop grandes pour former un seul parti est néfaste. En raison du mode de scrutin actuel, cela ouvre la voie à la réélection de ce gouvernement indigne.

 

Mme Rochette (Geneviève): Nous, signataires de cet appel, avons senti le besoin d'intervenir. Nous souhaitons reprendre le contrôle démocratique de nos institutions. Nous souhaitons rétablir la confiance publique en refondant les liens entre les citoyens et leurs institutions. Les circonstances historiques que nous vivons demandent du champ et de la grandeur. Le caractère exceptionnel de la présente conjoncture politique appelle à une démarche exceptionnelle.

 

M. Parenteau (François): Pour cette raison, nous appelons le Parti québécois, Québec solidaire, Option nationale et les députés indépendants à se rassembler pour former un seul front uni lors de la prochaine élection capable de gouverner en suscitant les consensus plutôt qu'en attisant les divisions. Nous invitons ces partis à une négociation en vue de former ce front uni.

Nous savons que c'est là une entreprise délicate que ces partis disent avoir déjà tentée, mais, à la veille d'une élection déterminante, ce qui nous unit devrait l'emporter sur ce qui nous divise.

 

Mme Rochette (Geneviève): À cette fin, nous proposons à ces partis et députés indépendants un médiateur prêt à aider à la conduite de telles négociations en la personne de Réjean Parent, président de la… CSQ, pardon, qui accepte de jouer ce rôle. Et nous invitons aussi les citoyens du Québec désireux de voir se former un tel front uni à le faire savoir à leurs députés ou candidats membres de chacune de ces formations en visitant le site www.unfrontuni.org.

 

M. Parenteau (François): Un front uni deviendrait un puissant outil de changement au service des citoyens québécois et de notre indépendance. Un front uni permettrait aux citoyens de se réapproprier le politique ainsi que leurs institutions démocratiques, de rétablir l'intérêt public national au-dessus des intérêts particuliers avec un gouvernement à l'écoute des préoccupations des citoyens et de leurs aspirations.

 

Mme Rochette (Geneviève): C'est un appel à des gestes politiques audacieux et d'envergure. La principale leçon du printemps québécois, c'est l'union des forces et la solidarité des leaders étudiants. Le même principe doit s'appliquer aux forces souverainistes et progressistes.

 

M. Parenteau (François): Les Québécois savent s'unir lorsque la situation l'exige. En arrivant à vous entendre pour proposer un tel front uni, vous leur donneriez enfin l'instrument de changement qu'ils réclament.

 

M. Deschênes (Alexis): Bonjour. Je m'appelle Alexis Deschênes. Je m'associe à cette démarche parce qu'elle se base sur une prémisse solide: l'union fait la force. Plus les forces progressistes et les forces souverainistes seront unies lors de la prochaine campagne électorale, plus elles feront des gains. Une entente ponctuelle entre le Parti québécois, Québec solidaire, Option nationale, le Parti vert permettrait à chacun d'eux d'augmenter ses gains. Tout le monde serait perdant, sauf les libéraux, bien sûr.

Une telle entente aurait un impact significatif, et ce qui me permet de vous dire ça, c'est que j'ai vérifié les chiffres de 2008 pour faire un petit exercice assez facile. Si, lors de l'élection de 2008, il y avait eu une entente entre les forces progressistes et souverainistes, et s'il y avait eu transfert direct de votes vers le Front uni, les libéraux auraient perdu six comtés et non les moindres: M. le premier ministre, Jean Charest lui-même, aurait perdu dans son comté de Sherbrooke; M. le ministre des Transports, Pierre Moreau, aurait perdu dans son comté de Châteauguay; M. le ministre délégué aux Finances, Alain Paquet, aurait perdu dans son comté de Laval-des-Rapides; Marguerite Blais aurait perdu dans Saint-Henri—Sainte-Anne; Danielle St-Amand aurait perdu dans Trois-Rivières; et Gerry Sklavounos aurait perdu dans Laurier-Dorion. Si on fait le calcul, six députés de moins pour les libéraux en 2008, le gouvernement aurait été libéral, oui, mais ça aurait été un gouvernement libéral minoritaire. Imaginez comment les choses auraient pu être différentes, notamment lors de la crise étudiante.

D'un autre coté, tous les partis souverainistes et progressistes auraient fait des gains. Le Parti québécois serait allé chercher six députés de plus. Il aurait pu, dans une entente préalable, retirer certains de ses candidats — disons trois — dans des comtés plus sûrs et permettre notamment, disons, par exemple, au Parti vert d'avoir un candidat sans opposition, permettre à Québec solidaire d'avoir deux candidats sans opposition du Parti québécois.

Et donc, le résultat, s'il y avait eu une telle entente en 2008: on aurait pu assister à l'entrée, à l'Assemblée nationale, d'un premier député du Parti vert; Québec solidaire aurait pu avoir non pas un, mais trois députés; le Parti québécois aurait pu avoir non pas 51, mais 54 députés; et le gouvernement aurait été, oui, libéral, mais libéral minoritaire.

Et, moi, c'est ce qui me donne espoir. Parce que l'idée d'un front uni est noble, mais aussi, ce qu'on voit, c'est qu'il y a possibilité pour tous les partis de faire des gains. Ils y gagneraient, le Québec y gagnerait. Le message, donc, qu'on veut lancer ici, c'est aux chefs de partis politiques: Parlez-vous! Aux citoyens: Ralliez-vous! Allez signer, sur le site, le manifeste. Déjà, 2 400 citoyens en 24 heures l'ont signé. Ça ne fera qu'accentuer la pression sur les partis politiques. Et nous croyons, donc, que cette idée est faisable, que c'est possible, et que, s'il y a un moment au Québec où il faut et où c'est possible de tenter quelque chose de nouveau en politique, c'est maintenant.

 

M. Desjardins (Jocelyn): Alors, juste pour rappeler, donc: Parlez-vous! L'appel à la signature est fait. Tous les citoyens du Québec qui souhaitent qu'un tel front uni se réalise, en visitant le site www.unfrontuni.org, c'est notre deuxième message qu'on lance à tout le monde. Et le troisième message, bien entendu, c'est que nous proposons un médiateur, et celui-ci a déjà engagé des discussions, comme ça se fait lors de tout processus de médiation, afin de s'assurer que les partis... enfin, qu'un certain travail d'avance soit fait. Alors, il y a déjà un travail qui a été fait de la part de ce médiateur-là. C'était Jocelyn Desjardins.

 

Mme Clermont-Dion (Léa): Léa Clermont-Dion, étudiante. Ce que j'aurais envie de vous dire aujourd'hui, c'est que le mouvement étudiant nous a forcé à dialoguer et à discuter, ce printemps. Le mouvement étudiant nous a certainement donné toute une leçon d'unité. Donc, nous pensons que nous devrions peut-être prendre exemple du mouvement étudiant pour s'asseoir afin de discuter de l'avenir du Québec et l'avenir de notre société. C'est tout ce que j'ai à dire.

 

M. Champagne (Dominic): Moi, j'ai envie de dire que, le 22 avril dernier, on a réuni 250 000, 300 000 citoyens sur la place publique. Et je suis persuadé que, ce jour-là, si on avait fait un sondage d'opinion à savoir pour qui ces gens-là allaient voter, on aurait retrouvé un taux d'indécis à peu près aussi grand que le taux d'insatisfaits.

Il y a, depuis un an et demi, deux ans, certainement, des forts mouvements populaires qui ont été souvent à l'avant-garde, même, des partis politiques. Je pense, notamment, à ce qui a pu se passer comme mobilisation autour du gaz de schiste, ce qui a pu se passer comme mobilisation autour des ressources. Il y a une grande volonté des citoyens de s'inscrire dans la vie démocratique, et cette voix-là ne se traduit pas nécessairement dans les partis politiques, et je pense qu'il faut, en ouvrant ce dialogue-là, frapper les esprits et donner une voix qui puisse se traduire par l'exercice du pouvoir, qui manque cruellement aux forces les plus dynamiques, les plus progressistes du Québec. Alors, je pense qu'il y a un effort d'imagination, il y a un effort de mobilisation.

On sait que l'appel peut passer pour candide, on sait qu'il y a beaucoup de plomberie, qu'il y a des mécaniques, qu'il y a beaucoup de résistance, mais je pense qu'il y a un devoir des partis en place, des chefs de partis, d'être ouverts au dialogue pour pouvoir vraiment s'inscrire, être plus en phase avec la volonté démocratique assez forte qui se manifeste présentement. Et, moi, j'ai été au coeur d’une mobilisation extraordinaire. Je sais qu'il y a un appétit des citoyens pour prendre part à la vie politique et j'espère qu'on ne va pas... C'est évident que le taux d'insatisfaction doit se traduire, quelque part, par un changement, non pas strictement de gouvernement, mais par une nouvelle pratique politique. Alors, j'espère que notre appel va être entendu.

 

M. Desjardins (Jocelyn): Pour nous, au Nouveau Mouvement pour le Québec, cet appel-là est très important. Nous avons tenu une assemblée citoyenne le 3 juin dernier. Dans la salle, il y avait un quart des gens qui étaient des partisans du Parti québécois, un quart qui étaient d'Option nationale, un quart de Québec solidaire et il y en avait un quart qui étaient des non alignés. Et tous nous ont demandé, sans distinction aucune, qu'il y ait un tel front uni qui se forme.

Donc, nous, on propose aux partis de se concentrer sur ce qui les unit, parce qu'au fond, en raison du jeu politique, les partis sont nécessairement appelés à se phagocyter l'un l'autre et, donc, par conséquent, pour se distinguer l'un l'autre, ils ne parlent pas de ce qui les unit, mais plutôt de ce qui les distingue. Ceux qui doivent se distinguer, ce sont les Québécois et ceux-ci le demandent sans ambages, avec ces signatures qui ont été récoltées depuis 24 heures.

Il faut rétablir, au Québec, la confiance publique. Les Québécois se sont mis à douter: douter des institutions, douter de l'administration publique, douter de certaines politiques publiques, avec les gaz de schiste et le Plan Nord, douter, évidemment, des partis politiques qui, en ce moment, ne semblent pas vouloir prendre le relais d'un véritable projet politique à offrir à la suite de ce printemps. Donc, il faut rétablir la confiance publique, et, nous, on pense que ça passe nécessairement par une démarche, une démarche exceptionnelle qui est celle de former un front uni.

 

Le Modérateur (M. Paul Journet): Si vous le voulez bien, on va prendre des questions, vu que c'est une conférence de presse, ou...

 

M. Parenteau (François): O.K., bien, j'avais peut-être un autre point à apporter, moi, qui était plutôt d'un ordre émotif. C'est que, moi, je me souviens, le 17 mai, alors qu'il y avait une rumeur de loi spéciale, d'avoir eu un point de presse avec Pauline Marois, avec Amir Khadir, avec Jean-Martin Aussant, avec des carrés rouges, des carrés blancs et même un carré vert — moi, je dirais, à ce moment-là, que ce sont des carrés patriotes — et on avait les leaders étudiants. Ils étaient tous ensemble et j'avais devant les yeux, j'en étais ému, honnêtement, chez nous, le parti pour lequel je veux pouvoir voter aux prochaines élections, celui qui veut qu'on négocie, qu'on fasse de la concertation sociale, et non qu'on fasse peur au monde et qu'on ait recours à la répression dès qu'il y a un problème et que ça bloque. Moi, c'est le parti que j'avais vu. Je pensais que ça donnerait le jour. Ça tarde un peu. Alors, nous, on pousse dessus, on veut le voir, ce parti-là.

 

Le Modérateur (M. Paul Journet): On peut passer aux questions. Antoine...

 

Mme Clermont-Dion (Léa): Juste une chose, avant de passer aux questions, pour spécifier que le mouvement puis la déclaration a été signée par des gens de tous milieux, donc pas juste des artistes, mais des infirmiers, des professeurs, des médecins, des professionnels de tout acabit. Donc, juste préciser ça.

 

Le Modérateur (M. Paul Journet): O.K. Antoine Robitaille, Le Devoir.

 

M. Robitaille (Antoine): Non, Paul.

 

Le Modérateur (M. Paul Journet): Non? Pas de question? Alors, Michel David, Le Devoir.

 

M. David (Michel): Ce n'est pas la première fois, évidemment, que ce sujet-là est discuté. Il y a, disons, à l'automne, au printemps, on avait quand même identifié, à l'intérieur des deux principaux partis dont vous parlez, des gens qui étaient favorables, à tout le moins, à l'idée. Depuis ce temps-là, il n'y a plus tellement d'interlocuteurs, me semble-t-il. Mme Marois a clairement signifié, dans sa réponse à Pierre Curzi, que ça ne l'intéressait pas, et vous avez certainement tous lu la lettre que M. Khadir et Mme David, qui ne semblaient pas sur la même longueur d'onde pendant longtemps, mais qui, maintenant, semblent s'entendre pour dire que le PQ est finalement un représentant, un suppôt du néolibéralisme à peine plus fréquentable que le PQ. À qui vous allez parler?

 

M. Desjardins (Jocelyn): Ce que...

 

Une voix: Veux-tu répondre?

 

M. Desjardins (Jocelyn): Oui. Rapidement, ce que la lettre de M. Khadir et Mme David dit, par essence, ça légitime le fait que cette question-là doit être dans le débat public. Ils viennent le légitimer en répondant directement dans les journaux. Ils posent la question eux-mêmes, ils en discutent. Donc, il y a quelque chose qui a changé entre le mois d'août et maintenant, c'est que maintenant les partis le prennent assez au sérieux pour signer des lettres publiques et en discuter. Donc, ils savent que c'est dans le débat public.

 

M. David (Michel): On n'en a peut-être pas la même lecture, mais ils en parlent pour en disposer.

 

M. Desjardins (Jocelyn): Bien, un jour ou l'autre, il va falloir qu'ils se posent la question. 2 600 signatures en 24 heures — et on verra, dans une semaine, où on en sera rendus — c'est un signe qu'il y a un mouvement de la base. Il y a des gens de QS qui ont signé cette déclaration-là.

 

M. Latulippe (Hugo): Et ça, je pense que c'est important de dire qu'on est... Moi, je pense, ça fait huit mois que je me promène à travers le Québec avec un film et que j'entends des gens dire, après le film, que ce qui se passe sur notre place publique n'est pas représentatif de ce qui se passe au Québec en ce moment. Donc, moi, je pense que c'est important de rappeler que c'est un mouvement de la base. C'est pour ça qu'on appelle la population à redire ce que j'entends tous les soirs dans les salles de mes films, moi, c'est-à-dire que, d'une part, on ne veut pas se retrouver avec un désastre politique, que les libéraux soient reconduits, et, d'autre part, un PQ minoritaire ou majoritaire ne serait pas à la hauteur de ce que le Québec a été ce printemps. C'est ça qu'on exige.

 

Mme Clermont-Dion (Léa): Et, si je peux me permettre, il y a aussi le fait qu'on est dans une situation exceptionnelle de crise sociale. Là, en ce moment, ce ne sont pas des députés, ce ne sont pas des anciens députés du Parti québécois qui prennent la parole, ce sont des citoyens. On fait partie de la société civile. En ce sens, le caractère de notre action est singulière parce que ça ne s'est jamais fait dans le passé comme ça, à proprement dit. Donc, je pense que le caractère exceptionnel de la chose nous permet aujourd'hui de nous exprimer puis de faire un appel à la négociation par un médiateur.

 

M. Deschênes (Alexis): Et je pense aussi qu'on va... on s'adresse au peuple, d'un côté, et on s'adresse à la raison des chefs politiques en leur disant: Prenez le temps d'analyser la situation. Moi, en tout cas, je crois qu'il y a manière d'en venir à une entente, et ça n'a pas besoin d'être un mariage, ça n'a pas besoin d'être une fusion, ça peut être une entente électorale ponctuelle, qui sera à être renouvelée s'ils veulent le renouveler, mais ils ne seraient pas obligés de le faire, qui permettrait à tous les partis d'augmenter leurs gains. C'est beaucoup là-dessus que, je pense… À un moment donné, il y a de la partisanerie, mais la raison va prévaloir.

 

M. David (Michel): Les calculs que vous avez fait, je suis convaincu qu'ils les ont tous faits et qu’ils en sont pourtant arrivés à la conclusion que ça ne les intéressait pas. Vous le savez aussi bien que moi, les problèmes, les détails sont souvent plus importants que les principes, et ça a toujours buté dans ces négociations-là sur des questions de répartition de comtés, puis Françoise va-tu s'effacer devant Nicolas, ou l'inverse, puis...

M. Curzi proposait le mécanisme des primaires. Vous autres, avez-vous exploré ça? Avez-vous une approche que vous recommanderiez d'examiner?

 

M. Parenteau (François): Nous ce qu'on... On n'est pas là pour proposer un modèle, on est là pour proposer un processus pour le trouver, c'est celui de la médiation, avec Réjean Parent. Donc, tous les modèles sont sur la table. Ce n'est pas nécessairement du mur-à-mur non plus, c'est... la nouveauté, c'est qu'il y ait un interlocuteur qui écoute les parties et qui cherche, lui aussi, une solution aux oppositions qu'ils peuvent apporter.

 

M. David (Michel): À votre connaissance, est-ce que M. Parent a réussi à se trouver des interlocuteurs?

 

Des voix: Oui.

 

M. David (Michel): Qui sont dûment mandatés par leur direction respective?

 

M. Deschênes (Alexis): Nos informations, c'est que M. Parent est un médiateur qui est déjà actif et qui a déjà entrepris des discussions préliminaires.

 

M. Champagne (Dominic): On en est aux préliminaires, mais il y a quelque chose d'engagé; quelque chose est en voie de se passer. Il y a quelque chose qui arrive...

 

M. David (Michel): Je ne veux pas insister indûment, mais il y a toujours eu, dans chaque parti, des gens qui étaient prêts à écouter, mais ça a toujours été considéré comme les outsiders qui n'avaient pas de mandat. Est-ce que les gens dont vous me parlez ont un mandat?

 

M. Latulippe (Hugo): Encore une fois, moi, je pense qu'il faut s'en remettre à l'intuition populaire. La réponse qu'on a eue en 24 heures de 2 400 signataires, moi, je pense, est représentative de ce que les Québécois ressentent. Alors, si cette intuition-là est partagée largement, ce qu'on espère, c'est qu'on espère qu'il y ait beaucoup d'adhésions, beaucoup de signataires dans les prochains jours. Je pense que ça, ça va légitimer et ça va parer un peu toutes les résistances qu'il peut y avoir.

Sur Facebook, on a vu beaucoup, dans les derniers jours, des gens disent: Oui, mais untel ne veut pas, untel ne veut pas. On l'a vu, on l'a entendu plusieurs fois. Je pense que, là, après le printemps qu'on a passé, je pense que l'intuition collective est suffisamment forte pour dire: O.K. Faisons... Réfléchissons, là. Soyons raisonnables un petit peu. Il faut exiger ça des gens qui sont devant nous, c'est dans l'intérêt du Québec. C'est pour ça qu'on est tous, là, hein? On a tous des adhésions différentes, mais on se rejoint sur d'autres points et on est tous d'accord là-dessus. Soyons raisonnables et exigeons ça de nos élus. Je pense que la population va répondre à ça, moi.

 

M. Champagne (Dominic): Et, moi, j'ai envie de dire aussi que Réjean Parent, s'il s'adresse à la tête, de gens, je pense, dûment mandatés ou, en tout cas, très... qui sont au leadership de leurs partis respectifs, je pense que, nous, on peut représenter, jusqu'à un certain point, un certain enracinement dans plusieurs couches de la société... Et ce n'est pas strictement un phénomène montréalais.

Et je pense que c'est sûr qu'il y a, dans l'appel d'aujourd'hui, un relais de celui de Pierre Curzi de la semaine dernière ou de ce qui a pu se passer dans les récents mois. Mais il y a... je pense que ce qui est significatif aujourd'hui, c'est que les citoyens — et, on est persuadés — une large part des citoyens se reconnaissent dans l'appel qu'on fait aujourd'hui. Et on espère que ça, ça va frapper les esprits en haut pour forcer une négociation qui va servir l'intérêt public plus que l'intérêt à court terme, électoral ou partisan.

Mais ultimement c'est quand même aussi pour favoriser le jeu électoral de faire en sorte que les libéraux soient battus. Je pense que le dénominateur commun à tout le monde, c'est qu'on ne veut pas... Moi, je pense à tous les citoyens qui ont milité, les dizaines de milliers de citoyens qui ont milité contre le gaz de schiste depuis un an et demi. On ne peut pas s'imaginer que le gouvernement libéral soit reconduit. Imaginez les pertes, le recul de cette situation-là, même si on a confié une étude environnementale stratégique.

Donc, il y a un message qui doit passer, un message fort de militants, par exemple, dans le gaz de schiste, qui ont été, je le répète, à l'avant-garde des partis politiques. Le leadership démocratique, ce sont des citoyens qui l'ont assumé dans le dossier du gaz de schiste. Et je pense que, dans la stratégie qui s'en vient, si on veut vraiment que la démocratie soit entendue, respectée et pratiquée au Québec, les chefs des partis ont le devoir d'entendre ce mouvement de fond là, qui n'est pas strictement lié aux ressources, aux gaz de schiste.

Mais les étudiants nous en donnent une leçon, et ceux qui ont sorti la casserole nous en donnent une leçon. Il y a des gens qui restent dans leurs cuisines puis qui sont en phase avec les étudiants ou ceux qui sonnent leurs casseroles. On sait qu'il y a un mouvement de fond, et, ce qu'on s'en vient dire, c'est que ce mouvement-là, il existe. Et je pense qu'on a fait la preuve qu'on est capables de mobiliser. On est nous-mêmes très heureux de voir que 2 400 personnes en 24 heures, ça fait 100 personnes à l'heure qui appuient, avant même qu'on lance cet appel-là, on est en train de le faire. Alors, pour nous, c'est un signe qu'on est l'expression d'une volonté populaire assez forte...

 

M. Desjardins (Jocelyn): ...qui veut reprendre le contrôle démocratique sur ses institutions. Je pense que c'est ça aussi, le message.

 

Mme Rochette (Geneviève): Ce n'est pas tout de porter le carré rouge à l'Assemblée. Pour tous ceux qui le portent, il faut aussi porter les idées qui vont avec. Donc, moi, je... c’est la dernière chose…

 

M. Robitaille (Antoine): Qu'est-ce que vous voulez dire?

 

Mme Rochette (Geneviève): Bien, c'est-à-dire qu'il y a beaucoup de gens qui s'affichent avec le carré rouge, ici, à l'Assemblée. Donc, on aimerait ça voir les idées qui sont véhiculées par ce mouvement-là émerger ici aussi, pas juste le carré rouge en fait.

 

M. Hébert (Michel): Quelles sont-elles, ces idées?

 

M. Robitaille (Antoine): Oui, c'est ça.

 

Mme Rochette (Geneviève): Bien, ce sont des idées...

 

M. Parenteau (François): Ah! Excuse-moi... Non, non, non, vas-y, poursuis...

 

Mme Rochette (Geneviève): Non, non, mais c'est... Je ne veux pas... Je pense que...

 

M. Parenteau (François): Notamment sur le carré rouge, il y avait l'idée de négocier au lieu d'imposer des lois spéciales, tu sais, l'idée de faire fonctionner la démocratie au lieu d'y aller par injonction, tout ça, l'idée d'un renouveau démocratique. Je pense que...

 

Mme Rochette (Geneviève): ...de redonner un sens à la démocratie, en fait.

 

M. Parenteau (François): Tu sais, on a essayé de coller la violence à ça, mais, nous, ce n'est pas ça qu'on voit, là, on voit des sourires quand on voit les carrés rouges et les casseroles, là, tu sais.

 

Mme Clermont-Dion (Léa): Cependant, nous sommes ici pas pour vous donner ou vous transmettre une liste d'épicerie à transmettre aux partis politiques. Ce n'est pas ça. Ce qu'on fait, c'est un appel à la négociation. On n'est pas là pour vous parler de la crise étudiante, on n'est pas là pour parler de la réforme du scrutin. On est là pour faire un appel au bon entendement de nos élus.

Je pense qu'encore une fois... quand je disais que les étudiants nous ont donné une leçon d'unité, le fait que la CLASSE, que la FEUQ, que la FECQ, que la TACEQ se soient... soient restées unies ensemble, en gardant une ligne puis en gardant leur objectif, je pense que c'est un bon exemple, les étudiants, à avoir dans le contexte actuel. Mais, rappelons...

 

M. Robitaille (Antoine): …aussi qu'à travers ces associations-là il y a eu une modification des lignes de force, là, c'est-à-dire que la CLASSE était beaucoup plus puissante qu'en 2005. Donc, ça, ça avait changé aussi les rapports entre les partis... pas entre les partis, mais entre les associations.

 

Mme Clermont-Dion (Léa): Donc, il va y avoir un travail...

 

M. Robitaille (Antoine): Est-ce que c'est le cas entre les partis politiques?

 

Mme Clermont-Dion (Léa): On ne le sait pas. Nous, ce qu'on fait, c'est un appel à la négociation. Ça va être à M. Parent et avec l'ensemble des partis politiques de regarder ce qu'il y a sur la table. Nous, on ne peut pas vous dire ce qui va être discuté. Ce qu'on dit, cependant, c'est qu'on porte quand même le carré rouge puis on a quand même certaines valeurs, certains projets de société qui nous sont chers. Cependant, on ne peut pas vous dire ce qui va...

 

M. Robitaille (Antoine): Trouvez-vous que le Parti québécois est toujours à la hauteur du carré rouge? Dans le fond, c'est ça, la question, hein, Mme Rochette...

 

Mme Clermont-Dion (Léa): Bien, on n'est pas ici... on n'est pas ici pour...

 

M. Parenteau (François): ...quoi qu'on en dise, les députés du Parti québécois l'ont quand même porté alors qu'il y avait une entreprise de démoniser qui était là partout. Alors, qu'on les trouve timorés ou, au contraire, trop révolutionnaires, ils l'ont porté. Et donc il y a une ligne, là, de famille politique qui se dessine là.

 

M. Hébert (Michel): ...comprendre votre inquiétude. Je comprends tous vos principes, toutes les idées que vous défendez depuis plusieurs mois, notamment en gaz de schiste, mais Argenteuil, ça faisait 46 ans que c'était libéral, ça a basculé. Ça ne vous satisfait pas? Vous pensez qu'il y a encore un risque de réélection du Parti libéral?

 

M. Deschênes (Alexis): Bien, ce qu'on sait, c'est que, plus il y aura d'unité, plus les forces progressistes et les forces souverainistes seront fortes. Peut-être qu'à partir d'Argenteuil le Parti québécois est même justifié de croire qu'il peut prendre le pouvoir sans faire une telle entente. C'est possible, mais il n'y a personne qui le sait vraiment.

 

Mme Clermont-Dion (Léa): De toute façon, la situation d'Argenteuil, c'était assez exceptionnel dans son cas, 2 % de plus comparativement aux anciennes élections. De plus, Mario Laframboise était au Bloc avant, donc le candidat de la CAQ avait quand même un certain rayonnement au sein de la circonscription.

 

M. Plouffe (Robert): Vous disiez que ne vouliez pas parler de politique. Moi, je trouve ça un petit peu surréaliste, votre action aujourd'hui, là. Là, vous voulez mandater un Réjean Parent, qui cherche une job, peut-être, après, de la CSQ pour essayer de négocier avec les partis souverainistes et progressistes. Qu'ils s'entendent entre eux autres. C'est quoi, le problème?

 

Une voix: Est-ce que vous avez une opinion ou une question à formuler?

 

M. Plouffe (Robert): Bien, c'est quoi, le problème dans...

 

M. Latulippe (Hugo): Le problème, monsieur, c'est... Je vais répéter ce que j'ai dit. C'est que, nous, on est l'expression, c'est ce qu'on pense. On est l'expression de ce que la population exige.

 

M. Plouffe (Robert): Voter pour le PQ?

 

M. Latulippe (Hugo): D'une part, les gens ne sont pas satisfaits et pensent que ce serait un désastre que les libéraux soient reconduits. D'autre part — puis ça répond à ce que vous posiez comme question, M. Robitaille — on pense que le PQ, minoritaire ou majoritaire, ne suffit pas à la situation, n'est pas à la hauteur de la situation. On pense que le foisonnement d'idées qu'il y a dans le Québec en ce moment doit être... doit accéder au Parlement. Donc, ce qu'on dit, nous, c'est: Parlez-vous parce qu'on veut que notre Parlement représente ce qu'on est.

 

M. Plouffe (Robert): La proportionnelle, dans le fond, que vous voudriez avoir. C'est ce que M. Curzi voudrait avoir aussi.

 

M. Parenteau (François): On veut s'en "faker" une le plus possible avant de l'avoir, là, mais...

 

Une voix: Ça ressemble à ça.

 

M. Parenteau (François): ...ça nous semble s'imposer.

 

Mme Clermont-Dion (Léa): Ultimement, oui.

 

M. Plouffe (Robert): Et, comme les partis politiques ne réussissent pas à la faire passer... parce qu'à chaque fois qu'il y en a un qui veut prendre... qui prend le pouvoir il ne la fait pas passer, vous trouvez que le public ne se reconnaît pas dans les partis qui prennent le pouvoir à partir de maintenant. C'est ça?

 

M. Latulippe (Hugo): Et on est toujours bloqués par cette question, hein, de dire: Oui, mais untel ne veut pas, untel ne veut pas. Nous, on pense que, s'il y a un mouvement de Québécois qui vient de la base — et c'est ça qu'on veut déclencher — bien, les partis, ils sont là pour travailler pour nous autres, ils n'auront pas le choix. C'est ça qu'on souhaite, au fond. Puis, comme disait Dominic, on est dans la rue avec les étudiants, on est dans les salles de projection de nos films, on est dans le 22 avril. On est en contact avec la population et on entend, de manière récurrente... Ce qu'il y a à l'Assemblée, ce n'est pas ce qu'on est.

 

M. Hébert (Michel): Vous n'êtes peut-être pas assez en contact avec les politiciens.

 

M. Latulippe (Hugo): C'est peut-être vrai, c'est...

 

M. Hébert (Michel): Il y a eu une cassure entre les progressistes et les nationalistes depuis les élections fédérales. Même que Gilles Duceppe l'a dit il n'y a pas longtemps, là. Il a même dit, dans une entrevue télévisée, qu'il n'avait pas apprécié le positionnement de Québec solidaire. Et ça fait quand même un certain temps, et il ne l'a pas encore pardonné. Il en a encore parlé la semaine passée. Il n'était pas question pour lui de revenir là-dessus. Alors, si Gilles Duceppe n'a pas l'intention de bouger, qui est un nationaliste progressiste, je pense que votre projet est mal barré.

 

M. Parenteau (François): Mais, nous, on a entendu ces refus-là de la part de certains chefs de parti, puis, hein, on est là pour dire: On a entendu votre refus. On insiste, on veut que ça se fasse. La population le dit, les signatures s'empilent. La diversité des gens qui veulent que ça se fasse, écoutez ça, trouvez une façon. Puis, la nouveauté dans le processus, c'est que là on ne dit pas: Parlez-vous entre vous autres. On a une personne qui fait le lien entre tout ça, tu sais.

 

M. Robitaille (Antoine): Mais pourquoi ne pas investir les partis politiques? Est-ce qu'il y en a un d'entre vous qui est prêt à se présenter aux élections ou à militer activement dans un parti?

M. Desjardins (Jocelyn): Je pense, en tout cas, qu'en faisant l'appel qu'on fait, s'il y a un front uni, peut-être qu'à ce moment-là on se posera la question. Mais, tant qu'il n'y en a pas, je pense qu'on va être conséquents avec ce qu'on est, là, puis ce qu'on dit.

 

M. Robitaille (Antoine): C'est facile de rester à l'extérieur, de dire: Ah! Vous devriez faire ça. Pourquoi ne pas investir Option nationale ou...

 

M. Desjardins (Jocelyn): Pourquoi c'est facile? Je veux dire, on mobilise des gens. On travaille activement à ce que...

 

M. Robitaille (Antoine): Parce que vous dites: Les autres vont se débrouiller avec la plomberie. Or, prenez un Nicolas Girard, O.K., qui travaille depuis des années dans son comté, vous lui dites: C'est de la plomberie, ton attachement à ton comté. Ou Françoise David qui habite son comté, c'est de la plomberie. Pensez-vous vraiment que c'est juste de la plomberie?

 

M. Champagne (Dominic): Non, mais ce qu'on peut signifier, c'est qu'il y a un foisonnement présentement et qui va s'inscrire dans plusieurs partis politiques. Il y a un foisonnement d'idées, mais il y a aussi... ce foisonnement-là n'est pas toujours récupéré par les partis politiques ou ne se traduit pas nécessairement par les partis politiques. Alors, ce qu'on appelle aujourd'hui, c'est...

 

M. Robitaille (Antoine): Alors, pourquoi ne pas les investir de votre part?

 

M. Champagne (Dominic): ...on appelle les partis politiques à fusionner, à écouter ce foisonnement-là dont on est les témoins, dont on est aussi les instigateurs. Et il y a, en ce qui me concerne, si mon travail politique ne s'inscrit pas dans un parti politique, je suis absolument citoyen dans l'exercice démocratique de mon droit de citoyen assez... de façon assez engagée depuis un certain temps pour me sentir légitimé de relayer cet appel-là.

Quand vous parliez de cassure entre les partis politiques et la population, moi, je peux... à l'inverse, je peux voir que, de la population vers les partis politiques, il y a un danger du fractionnement. Alors, ce qu'on appelle, c'est un dialogue qui mène à une fusion, qui soit à l'écoute de ce foisonnement-là et qui mène à une fusion.

Et, moi, je peux vous dire que j'ai eu de nombreuses discussions avec les leaders des partis politiques ces dernières semaines, et, quoi qu'il se dise dans les médias, il y a une écoute. Il n'y a personne qui est imbécile, tout le monde le sait que la situation, elle est assez... que tout peut arriver. On peut s'imaginer un gouvernement libéral minoritaire avec la balance du pouvoir à la CAQ. On pourrait imaginer l'inverse, quoi que c'est peut-être moins évident ces jours-ci. On peut imaginer un PQ minoritaire qui ne durera pas six mois. On peut imaginer un PQ majoritaire, c'est sûrement ce que Pauline Marois souhaite. On n'a pas la tête dans le sable.

Nous, on pense que si on veut donner les meilleures chances à ce que les idées progressistes prennent le pouvoir, c'est la fusion de ces partis-là dans un pacte momentané qui est la voie royale. C'est ça qu'on pense.

 

M. Hébert (Michel): Pensez-vous que M. Parent va avoir le temps de faire ça? Parce que les élections sont attendues à la mi-août, pour un scrutin en septembre?

 

M. Champagne (Dominic): On n'est pas maîtres de l'agenda, on le souhaite. Souhaitons-le. C'est sûr qu'il y a une part de candeur dans le geste qu'on pose aujourd'hui, mais je pense qu'on est à l'écoute aussi, on s'est senti le devoir de monter à Québec et de venir lancer cet appel-là, parce que c'est dans l'air, parce qu'on prend cette température-là quotidiennement chez les gens.

 

M. Parenteau (François): Il faudrait que ça sorte des coulisses, là.

 

M. Plouffe (Robert): Vous dites... Quand vous dites: J'ai parlé à des politiciens puis, oui, ils le sentent aussi. Sauf qu'à partir du moment où on entend Mme Marois, la chef du Parti québécois, dire à Curzi: Je m'excuse, ça ne m'intéresse pas, si ça vous intéresse, venez-vous-en chez nous, tu sais, on dirait que, oui, quand ils vous parlent à part, là, ils sont tous d'accord, mais quand il s'agit de prendre... devant les médias puis devant leurs membres, bien là, ce n'est plus... ils ferment la porte, c'est clair.

 

M. Deschênes (Alexis): Mais qu'est-ce qu'on fait face à ça? On continue, on croit que l'idée est bonne, on fait appel à la raison. Pour ce qui est des susceptibilités, je comprends tout à fait que c'est difficile de dire à un candidat: Tu ne te présenteras pas. Autant à Nicolas Girard que le candidat de Québec solidaire dans Bonaventure. Mais ce qu’il faut leur dire, c'est: Votre sacrifice ne sera pas vain, il va servir la cause. Au bout du compte, il va y avoir plus de gains pour le Parti québécois, pour Québec solidaire, pour Option nationale, pour le Parti vert. Et je pense que les partis politiques seront capables de trouver des endroits où faire atterrir ces gens-là, il y a sûrement moyen. Il y a toujours certains qui quittent, il y en a d'autres qui arrivent, il y a sûrement moyen de moyenner, je pense que c'est possible.

 

M. Plouffe (Robert): Maintenant, vous me dites, c'est sûr: C'est tout sauf Charest, là, on vous comprend bien, tout sauf Charest. J'aimerais ça profiter de votre présence, M. Charest aujourd'hui a fait un appel. Mise en demeure, vous connaissez tous le groupe, sûrement, Mise en demeure, qui avait des paroles blessantes à l'endroit d'une ministre. Est-ce qu'un premier ministre s'exprimant de la sorte vient bafouer le droit d'un groupe musical de participer à une fête nationale, selon vous?

 

M. Parenteau (François): Ça n'a pas rapport avec ce qu'on fait là, là.

 

M. Plouffe (Robert): Bien, c'est dans le foisonnement dont vous parlez. Il y a du foisonnement de nouveaux groupes émergents qui écorchent le gouvernement Charest.

 

M. Champagne (Dominic): On est là vraiment pour lancer cet appel-là, pour le lancer aux leaders des partis politiques, pour annoncer qu'il y a un médiateur qui est prêt à servir, qu'il y a des travaux qui s'enclenchent. On lance un appel à la population à appuyer ce mouvement-là parce qu'on sait que c'est dans l'air. Et c'est là-dessus, je pense, que le message devrait se limiter pour aujourd'hui.

 

M. Plouffe (Robert): Vous dites: Nous, c'est tout sauf Charest, puis dans leurs paroles, à ces gens-là, on écorche aussi le gouvernement Charest. Alors, je voulais savoir si tout ça, ça ne fait pas partie, justement, d'une espèce de montée contre le gouvernement Charest.

 

M. Champagne (Dominic): Moi, je n'ai pas de commentaire là-dessus.

 

M. Desjardins (Jocelyn): Moi, je n'ai pas de commentaire. J'ai pour seul commentaire: Allez signer unfrontuni.org.

 

M. Journet (Paul): Moi, j'ai une question, je veux renchérir sur ce que mon collègue a dit. Est-ce que vous reconnaissez la légitimité du processus démocratique puis des instances de Québec solidaire? Québec solidaire, eux, ont un mandat de leurs membres qui leur disent qu'ils ne sont pas pour les alliances, et, ce que les deux coporte-parole de Québec solidaire disent, c'est: Il faut que nos membres se prononcent là-dessus, selon nos instances, en congrès. Vous, vous demandez à Québec solidaire de court-circuiter le processus démocratique de leur parti.

 

Une voix: Non, non...

 

Une voix: Non, ce n’est pas ça…

 

Une voix: C’est… au contraire…

 

M. Parenteau (François): S'ils doivent retourner à leurs membres, qu'ils le fassent, mais par contre...

 

Le Modérateur (M. Paul Journet): Mais pourquoi n'allez-vous pas, dans ce cas-là, faire le "pitch" que vous faites aujourd'hui dans un congrès de Québec solidaire pour qu'ils puissent respecter leurs instances?

 

M. Parenteau (François): On ira peut-être le faire, c'est une bonne idée. C'est une maudite bonne idée.

 

M. Latulippe (Hugo): Bien, ici, c'est plus pratique, là, on a tout le monde devant nous en même temps. Nous, encore une fois, ce qu'on fait ici, c'est qu'on exprime l'intuition collective. Moi, je trouve ça bien important, on a l'impression que c'est le voeu de la population, ça. Sur la mécanique, François l'a dit, on ne le sait pas, on n'a rien à proposer ici. Nous autres, ce qu'on dit, c'est: Parlez-vous. Et puis on dit à la population: Mettez-vous avec nous autres et puis exigeons ça de nos élus. C'est tout ce qu'on dit.

 

M. David (Michel): Mais est-ce que vous ne sous-estimez pas les dimensions... les divisions idéologiques qu'il peut y avoir entre les composantes de votre éventuelle alliance? Alexis tantôt nous parlait d'un transfert direct de votes, là, quand il parlait des comtés, mais une des objections, en particulier, qui est venue du PQ mais aussi de Québec solidaire, c'est que, le transfert, il ne se ferait pas parce qu'il y a des gens qui ne peuvent pas accepter, par exemple, de voter pour Québec solidaire ou pour le PQ. Et c'étaient beaucoup, m'a-t-il semblé, des objections qui venaient de députés de régions où Québec solidaire est non seulement pas très implanté, mais est presque démonisé, et qui disaient: Écoutez, là, nos électeurs, ils vont dire: Si vous faites des "deals" avec le diable, nous autres, on vous lâche. Alors, au-delà des arrangements raisonnables, les politiques que la direction des partis pourraient faire, il y a une base à ces gens-là, il y a des électeurs sur lesquels ils n'ont aucun contrôle, et il y a peut-être un danger là que vous sous-estimez.

 

M. Deschênes (Alexis): C'est sûr que ce serait une entente qui va devoir être expliquée, être publicisée. Mais, moi, je pense que présentement, au Québec, il y a un climat social qui fait que c'est un bon moment pour l'essayer. Puis je pense qu'il y a plusieurs citoyens qui vont être ouverts à entendre cette proposition-là. Et, si, moi, je suis un électeur de Québec solidaire dans Bonaventure et que je dois... et qu'on me dit: Bien, je n'ai pas de candidat mais je n'ai comme pas vraiment le choix de voter PQ, mais en échange il y a un comté à Montréal où j'ai une bonne chance de gagner, je trouve que c'est un "deal" qui a de l'allure.

 

M. David (Michel): Ça, c'est un vote stratégique. Ce n'est pas évident que les gens votent de façon stratégique, ils votent selon leurs tripes généralement.

 

M. Deschênes (Alexis): Mais s'ils n'ont pas de candidat pour Québec solidaire, si on leur explique, il y a peut-être une... en tout cas il y a moyen de l'essayer, je pense.

 

M. Desjardins (Jocelyn): Moi, dans les discussions que j'ai eues avec certaines formations, on m'a indiqué que les calculs dont vous mentionnez ont été faits au mois de février, alors on parle quand même de démarches qui ont été faites... on est conscients que les démarches ont été faites auparavant par d'autres partis. Mais, février, en vertu du printemps que nous avons vécu et de la loi n° 12, c'est déjà une autre époque. Il y a un trait qui a été tiré par M. Charest.

Lorsque la loi n° 78 a été proposée, le projet de loi n° 78, tous les partis, toutes les couleurs de carton... de feutre et tous les leaders étudiants étaient présents. Moi, c'est ça que je veux qu'on retrouve, je crois que c'est ça, l'énergie qu'on doit retrouver. Et je pense qu'il y a quelque chose qui a été fait, qui s'est passé au printemps, et la donne est complètement nouvelle.

Maintenant, on est conscients que l'exercice est difficile, on ne demande pas à des navires qui sont existants de faire des exercices périlleux en ne considérant pas le fait qu'il y a des risques pour eux. Il y a des risques, oui, mais on le fait en toute connaissance de cause avec...

Puis c'est très réel, je veux dire, on est très réalistes dans nos appels qu'on fait. Vous voyez, on a déjà un médiateur, on a déjà demandé à ce médiateur-là d'engager des pourparlers pour préparer cette médiation-là, puis on a 2 600 signataires en 24 heures. Ce qui est réel, là, c'est que les gens veulent ça, et c'est ce qu'on est venus dire aujourd'hui, on est venus se faire les porte-voix des citoyens.

 

M. Champagne (Dominic): Et ce qu'on sent aussi, c'est que, bien sûr, il y a des dissidences importantes d'un parti à l'autre, mais il y a quand même aussi des consensus importants, et on va faire le pari qu'il y a un accord possible autour de ces consensus-là parce qu'ils sont nombreux par rapport à l'utilisation des ressources, par rapport à l'intégrité de l'État, par rapport... la réforme des institutions démocratiques. Il y a quand même un nombre de consensus assez important qui devrait à la fois pouvoir servir l'intérêt d'un certain nombre de ces partis-là et l'intérêt public.

Alors, ce qu'on appelle, c'est, oui, bien sûr, un compromis sur un certain nombre de dissidences, parce que les avancées, les gains possibles sur ces consensus-là sont importants. Et, si les partis politiques ne font pas l'effort, à tout le moins, d'entamer ce dialogue-là, et qu'on se retrouve avec un gouvernement libéral dans six mois, dans deux mois, dans un an et demi, ils auront sérieusement à refaire cet exercice-là de réflexion pour savoir comment on peut, au Québec, bâtir des consensus pour faire en sorte que les progressistes exercent le pouvoir et ne se retrouvent pas systématiquement dans des positions d'opposition ou d'esprit critique.

 

M. Desjardins (Jocelyn): Au moment de la loi n° 78, les seuls partis qui ont voté contre cette loi, ce sont des partis indépendantistes, ils étaient tous ensemble. Nous, c'est ça qu'on veut retrouver: progressistes, indépendantistes, unis, unseulfrontuni.org.

 

Le Modérateur (M. Paul Journet): C'est une belle conclusion. Merci.

 

Une voix: Merci beaucoup.

 

(Fin à 14 h 8)

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