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Point de presse de Mme Diane De Courcy, ministre responsable de la Charte de la langue française

Version finale

Wednesday, October 24, 2012, 15 h 05

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Quinze heures trois minutes)

Mme De Courcy: Alors, bien le bonjour à tous et toutes. Je vous remercie de votre patience. J'ai pu parcourir, donc, après le Conseil des ministres, en gros, les statistiques que vous avez déjà commencé d'ailleurs à diffuser.
Alors, je vais vous faire part d'abord d'une première réaction qui est en quatre points. Alors, je ne suis pas très surprise, c'était quelque chose qu'on anticipait, mais là qui se révèle. Je suis par ailleurs déçue, je vous avoue, déçue que tous les moyens que nous avons mis en place depuis plusieurs années ont permis de se sortir un peu la tête de l'eau, mais n'ont pas permis d'avoir les résultats escomptés.
Et je suis aussi préoccupée, et ainsi je fais écho à des préoccupations qu'on entendait déjà depuis... et qui étaient lancinantes depuis plusieurs années, et je partage cette préoccupation-là. Dans certains cas, les gens expriment aussi une grande inquiétude à laquelle je suis très sensible, et là les données, qui ne sont pas des données émotives, mais qui sont des données objectivées par Statistique Canada, bien, révèlent bien, là... donnent écho, en tout cas, à ces préoccupations-là.
Mais je ne suis pas découragée. Alors, ça, c'est... l'autre versant, il y a... il faudra agir, mais je ne suis pas découragée. Alors, ce qu'on peut se dire, c'est: Manifestement, les moyens choisis devront être modernisés et être de tous les ordres incitatifs, administratifs, législatifs et, dans certains cas, éducatifs. Et il y a ce que les chiffres nous disent et ce qu'ils ne nous disent pas aussi. J'ai cherché dans tout ça les statistiques qui étaient le degré d'attraction du français et quelle est la langue de travail dans nos entreprises. Tout comme moi, vous avez dû constater que ce sont des statistiques qui n'existent pas, là, qui ne sont pas présentes dans ce qui nous a été soumis aujourd'hui.
D'ailleurs, l'Office de la langue française va... l'OQLF va présenter, au cours de l'automne, des chiffres sur la langue de travail, là. Il y a des enquêtes qui vont sortir, mais il n'en demeure pas moins qu'aujourd'hui, ici, maintenant, non, il n'y a pas ces chiffres-là.
Alors, quand on sait que la langue de travail est un puissant déterminant de l'intégration des immigrants, bien, le Québec doit avoir accès à d'importantes données. Manifestement, ce ne sera pas par Statistique Canada. Donc, dorénavant, nous allons nous inscrire dans ce courant-là et dans cet examen-là année après année.
Il est profondément déconcertant, d'ailleurs, de constater qu'un grand nombre de nouveaux arrivants francophones doivent suivre des cours d'anglais pour espérer trouver du travail. Ce n'est pas dans les statistiques, mais c'est dans les inquiétudes et les préoccupations que nous avons. Exiger le bilinguisme devient la norme et non pas l'exception. Alors, le discours inaugural de notre première ministre, Mme Marois, donnera le rythme et le moment des actions que notre gouvernement prendra. Une chose est sûre, c'est que les données fédérales révèlent sans ambiguïté et sans équivoque la pertinence d'agir.
Sur les trois volets, d'ailleurs, ce qu'on constate, c'est que... et je vais parler plus particulièrement de l'île de Montréal parce que - on a souvent utilisé l'expression vaisseau amiral, hein - parce qu'évidemment c'est la plus grande concentration de familles immigrantes, là, qui est sur l'île. Et c'est... on a souvent fait une relation entre l'immigration, la langue, sa protection, son évolution... D'ailleurs, notre première ministre a lié la question de l'immigration et la question de la langue en instaurant mon ministère.
Cependant, ce que l'on constate, c'est que le français sur l'île de Montréal déclaré comme unique langue maternelle a légèrement reculé. L'anglais déclaré comme unique langue maternelle recule aussi, également. Et les uniques langues maternelles tierces ont pour leur part progressé. Et, là-dessus, c'est la même chose au Canada, c'est la même chose au Canada. Mais, ce qui nous différencie des Canadiens, c'est que, dans notre cas, il y a cette protection-là de la langue et de notre identité qui devient très préoccupante quand on accuse des reculs. La connaissance des langues officielles aussi, on peut le voir.
Et je ne commenterai pas tous ces chiffres-là, parce que vous avez eu l'occasion de les lire, mais, ce qu'on remarquera, c'est qu'entre le recensement de 2006 et maintenant, on peut maintenant, maintenant, observer une tendance longue. Et d'habitude, toutes les recherches disent que, quand il y a une tendance longue, cette tendance-là devient lourde. Donc, conséquemment, ça va nous conforter dans le fait de dire: Il faut, il faut absolument agir et réagir.
Alors... Je vous dirais par ailleurs qu'il y a une chose que l'on doit constater qui devrait rassurer la communauté anglophone, c'est que, par rapport à l'anglais, cependant, l'anglais n'est pas menacé. Alors, quand nous allons parler de sécurité linguistique, nous allons donc être en mesure de partager probablement avec la communauté anglophone québécoise le fait de s'assurer que nous sommes en juste équilibre partout, sur l'île, bien sûr, et partout au Québec.
Une observation qui m'est personnelle, à partir des rencontres que j'ai faites au cours des derniers jours: je commence à faire une tournée au Québec, et la première journée de cette tournée a été à Laval, et, en rencontrant la communauté lavalloise, on voit aussi que la situation a progressé. Alors, la vigie autour de la langue, autour de l'immigration, ses effets, notamment, en termes de recherche d'emploi, de main-d'oeuvre, de la langue de travail, oui, c'est vrai, à Montréal, qu'il faut être vigilants, mais c'est aussi vrai dans les grands centres, Et, puisque nous observons une tendance lourde et qu'un ministère comme le mien veut une régionalisation de l'immigration, c'est-à-dire que plusieurs personnes aillent, partout au Québec, s'installer, bien, il faudra que les mesures soient, bien sûr, montréalaises, pour les grands centres, mais aussi pour l'ensemble du Québec.
Vous ne serez pas surpris si je conclus ce point de presse en vous disant que je ne vous annoncerai pas aujourd'hui toutes les modifications, les mesures que j'ai dit que nous devrions prendre, mais je vous dirai que ceci accélérera le calendrier que nous aurons à proposer. Alors, en conséquence, je travaillerai donc avec encore, je dirais, plus d'intensité à rencontrer différents groupes et à nous concerter sur le plan québécois à cet égard.

M. Journet (Paul): Est-ce que le projet de loi pour la nouvelle charte française va donc être déposé d'ici la fin de l'année?

Mme De Courcy: C'est Mme Marois qui va faire les annonces des progressions législatives, incitatives, administratives et éducatives qui seront reliées à ceci. Alors, le discours inaugural est prévu pour la semaine prochaine, il ne reste pas beaucoup de temps à attendre pour connaître les échéanciers.

M. Journet (Paul): Mais vous venez de dire que les échéanciers allaient être plus serrés, entre autres à cause de ces constats-là, puis c'est votre dossier. Est-ce que c'est votre intention, à tout le moins?

Mme De Courcy: Oui. Bien, vous comprenez que je... les mêmes préoccupations que nous avons et que Mme Marois a annoncées que, pour les grandes priorités gouvernementales, nous irions dans cette année, alors on peut très bien conclure que ce sera cette année. Je ne peux pas vous dire à quelle session, à quel moment, mais ce sera cette année, bien entendu.

M. Laforest (Alain): Est-ce que les chiffres de Statistique Canada vous confortent dans votre idée de renforcer la loi 101, d'abolir les écoles passerelles, d'imposer le français à la maternelle?

Mme De Courcy: Non. Là, vous êtes en train de citer des choses qui sont dans le...

M. Laforest (Alain): Mais c'est dans votre programme électoral, là.

Mme De Courcy: Oui, je vais vous répondre avec grand plaisir. Vous êtes en train de citer ce qui est dans le programme électoral. Ce que ces statistiques-là font, c'est qu'elles disent: La situation est importante. Il est vrai qu'on avait des choses dans le programme électoral, elles sont actuellement en étude. J'examine toutes ces dimensions-là. Est-ce que ça passe par des projets de loi? Est-ce que notre perception, qui est nommée, qui était nommée, on peut la vérifier, là, quand on examine le résultat au niveau des écoles passerelles? Est-ce que, pour les CPE, il y a une incidence? Ces statistiques-là, trouvent-elles leur écho dans les CPE? Ces choses sont en cours. Ces choses sont en cours. Mais ce que ça me dit, c'est que, nécessairement, il va falloir agir sur plusieurs fronts de façon différente.
Je vous rappelle, par ailleurs, je vous rappelle que toutes les statistiques dont nous nous parlons ou toutes les dimensions qui ont été nommées dans le programme électoral ont, bien sûr, un ordre de préoccupation important. Mais la langue de travail - et c'est ce que j'observe et c'est probablement ce qui est le plus difficile à cerner présentement - à mon avis, est le premier intégrateur des personnes immigrantes, mais aussi la chose qui nous déstabilise le plus, présentement, par rapport à quelles exigences on doit avoir pour les personnes immigrantes qui arrivent de partout et quelles exigences devons-nous aussi avoir dans le système d'éducation.
Plus loin que ça, je n'irai pas plus loin que ça, parce que, je vous l'ai dit à plusieurs reprises, ce plan de travail là a été tracé. Il est dans le programme électoral. Les données de Statistique Canada nous confortent d'aller vérifier plus loin, mais plus loin que ça, il faut nous laisser travailler.

M. Salvet (Jean-Marc): Est-ce que, selon vous, Mme De Courcy, il faut revoir les niveaux d'immigration?

Mme De Courcy: Bien, normalement, vous savez que la loi prévoit qu'à tous les mois de novembre les niveaux d'immigration doivent être présentés à l'Assemblée nationale. Ce sera dans la première semaine de novembre, mais suivant, là, les détails du calendrier législatif. Alors, nécessairement que j'aurai une proposition à soumettre à l'Assemblée nationale dès le début de novembre. Je signale aussi que je participerai à la conférence des ministres de l'Immigration au Canada, qui a lieu au mois de novembre, ce qui fera en sorte qu'après cette conférence je serai en mesure de faire des propositions.

M. Salvet (Jean-Marc): Si vous permettez, vous suggérez des choses mais sans les dire clairement. Par exemple, revoir les niveaux d'immigration, quand vous dites: J'aurai une proposition à faire, ça veut dire quoi? Parce que, sinon, ça ne veut rien dire, là. C'est très difficile de comprendre, là. C'est quand même majeur, s'agissant du dossier.

Mme De Courcy: Bon. Mais vous n'êtes pas sans savoir qu'il y a un plan présenté sur trois ans. Le niveau d'immigration prévoyait qu'il y avait 50 000 personnes immigrantes par année en moyenne, en moyenne. Là, ce qu'on a constaté, c'est que... on est à calculer, mais ce qu'on a constaté, là, c'est qu'on est autour de ces chiffres-là. Ce qu'il me reste maintenant à analyser, ce qu'il me reste à analyser - c'est pour ça que je ne vous donnerai pas de chiffre aujourd'hui - ce qu'il me reste à analyser, c'est: est-ce que nous sommes dans cette démarche-là - qui était consensuelle, hein, ces chiffres-là, là, tout le monde avait été consulté - est-ce que nous sommes dans cette vague-là présentement?
On a des calculs qui vont nous arriver, des bilans, et c'est pour ça qu'aujourd'hui je ne suis pas en mesure de vous dire quels chiffres ce sera, mais ce que je vous dis, c'est que bien sûr, bien sûr, que je vais regarder si ces chiffres-là sont encore valides et faire une proposition à l'Assemblée nationale. Au moment où j'irai à l'Assemblée nationale, si je juge qu'il faille réviser, je réviserai. Mais, si je juge que les chiffres sont encore bons par rapport à ce plan-là, on les maintiendra. Les statistiques d'aujourd'hui ne me permettent pas de tirer une conclusion ici, maintenant.

M. Laforest (Alain): Donc, ce que vous dites, c'est que le gouvernement précédent n'a pas eu... n'a pas minimisé la situation, ce n'est pas si inquiétant que ça.

Mme De Courcy: Oh! Ce n'est pas ce que je dis. Ce que je dis, d'ailleurs, et je l'ai dit d'entrée de jeu, je ne l'ai peut-être pas dit de façon précise, mais c'est qu'entre les deux recensements, de 2006 à maintenant, la situation s'est détériorée.
Alors, je sais que c'est une situation complexe, mais il n'en demeure pas moins que des mesures gouvernementales fortes, ou bien des mesures incitatives, ou bien des mesures administratives, ou bien en éducation, auraient pu, auraient dû être prises.
Maintenant, la question est la suivante, c'est: Lesquelles? À ça, je ne suis pas prête à vous répondre. Mais ce que je sais, c'est que, manifestement, l'absence de force, d'intensité de ces mesures-là de 2006 à maintenant n'a pas permis de briser la tendance longue, et ça, c'est inquiétant.

M. Dutrisac (Robert): La tendance longue, ça, c'est par rapport à la langue maternelle, par rapport au... Et, ça, c'est lié au niveau d'immigration, à l'immigration qui est surtout à Montréal. Par contre, dans les statistiques, on voit qu'il y a une progression des allophones qui parlent français à la maison, qui est supérieure, toutes proportions gardées, à la progression des allophones qui parlent anglais à la maison comme deuxième langue. Et c'est là que se fait le transfert...

Mme De Courcy: Je vous dirai que c'est le début, hein, d'une bonne nouvelle. C'est le début d'une bonne nouvelle. Ce qu'il me manque pour m'en réjouir complètement, m'en réjouir complètement, c'est: Si ça va bien à la maison, est-ce que ça va aussi bien au travail?

M. Dutrisac (Robert): Oui. Vous aviez parlé de bilinguisme...

Mme De Courcy: Est-ce que ça va aussi bien au travail? Et ça, cette réponse-là, je ne l'ai pas aujourd'hui. Les statistiques ne nous permettent pas de dire ça maintenant.

M. Dutrisac (Robert): On croit comprendre cependant que vous avez... vous comptez agir sur l'exigence du bilinguisme. Vous avez dit que c'est la norme, alors que ce devrait être l'exception. Donc, il y a des mesures...

Mme De Courcy: Oui, ça me préoccupe beaucoup. Ça me préoccupe beaucoup, et ce n'est pas une nouvelle que la question de la langue de travail soit préoccupante au Québec. Je crois, par ailleurs, qu'il faille interroger cette affaire pour être en mesure d'avoir des chiffres qui fassent consensus. Actuellement, on est sur l'ordre des perceptions, on est sur l'ordre de différentes enquêtes de différents groupes qui veulent faire valoir un certain nombre de points de vue. On a l'OQLF, bref on a différentes sources.
Mais, à ce stade-ci, je n'ai pas observé encore un endroit neutre, dit neutre, qui nous permet... qui nous permettrait d'établir un consensus autour de ces questions-là. Et ce que je vous dis, je l'ai vérifié auprès de ceux et celles qui sont à la défense des droits, qui sont, des fois, dans le milieu des entreprises, qui sont un peu partout, et M. et Mme Tout-le-monde que j'ai pu rencontrer notamment dans différentes régions du Québec, et tous, sur cette question-là, butent, parce que, manifestement, il y a là un champ de recherche et un champ d'interrogation que nous n'avons pas fouillés, ce qui nous permet donc... ne nous permet pas, actuellement, de faire des relations, là, de cause à effet, comme vous voyez.

M. Dutrisac (Robert): Donc, vous n'êtes pas prête à changer des choses sur le plan de la langue du travail parce que vous n'avez pas les données...

Mme De Courcy: Pas ici, maintenant. Pas ici, maintenant. Maintenant, nous allons être prêts quand nous aurons une compréhension commune de ça. Maintenant, avoir une compréhension commune de ces choses ne devrait pas prendre beaucoup de temps.

M. Séguin (Rhéal): Étant donné les changements apportés, la façon de procéder avec le recensement de 2011, est-ce que ces chiffres-là, on peut dire qu'ils sont valables?

Mme De Courcy: Bien, à ce stade-ci, j'ai confiance dans les chiffres qui sont mis sur la table, mais vous comprenez que ça ne fait que quelques heures, là, que j'ai pu prendre connaissance. La méthodologie, d'habitude, de Stat Canada est assez bonne.
Maintenant, dans d'autres fonctions que j'ai occupées, puis en fonction de ce que le recensement et les formulaires, long et court, et toute cette saga a permis de mettre en lumière, est-ce qu'il nous manque des détails? La réponse, c'est oui.
Mais, à ce stade-ci, ce que je vous dirai, ça nous éclaire, et, pour ce qui est des compléments, bien, il y a des instruments gouvernementaux qu'on a, entre autres Statistique Québec, Emploi-Québec, bon, etc., et l'OQLF, l'Office québécois de la langue française, bien entendu.

M. Séguin (Rhéal): Mais, quand vous dites que la situation est préoccupante, qu'est-ce qui vous préoccupe précisément?

Mme De Courcy: Ah! Bien, écoutez, fondamentalement, c'est le recul, le recul du français. Nous ne sommes pas dans la position canadienne. La position canadienne, dans le fond, est reflétée, à savoir une immigration très importante, hein? Il y a un nombre très important d'immigrants au Canada, et, manifestement, les Canadiens, en tout cas, à ce stade-ci, je n'ai pas entendu de commentaire aujourd'hui qu'ils pourraient se sentir menacés par rapport à leur langue, etc. Ici, quand le français recule, nous sommes dans une drôle de dualité: Nous voulons accueillir, mais, en même temps, cet accueil-là doit être conditionnel à un maintien et un renforcement de la langue.
Mais ce serait trop lourd porté aux seules personnes immigrantes, hein? Attention, et je veux être très claire là-dessus, je ne voudrais pas que l'on fasse porter la question de la progression du français seulement sur les personnes immigrantes. Non. C'est quelque chose qui appartient à l'ensemble de la société québécoise, entre autres aux employeurs, aux employeurs qui doivent s'assurer que la langue de travail, de façon générale, soit le français; de façon exceptionnelle, soit l'anglais, pour des raisons évidentes de mondialisation et etc. Mais on comprend qu'on n'est pas confrontés à la mondialisation quotidiennement.

M. Lacroix (Louis): Mais est-ce que vous pourriez modifier les cibles d'immigration provenant de pays francophones, par exemple, provenant des pays du Maghreb ou de...

Mme De Courcy: Je vais examiner toutes les possibilités, tout ce que nous avons comme outil gouvernemental pour faire progresser une cause qui nous est tous chère, c'est-à-dire la progression et le maintien du français. Dans ce cas-ci, c'est le maintien du français, là.

M. Lacroix (Louis): Donc, vous n'avez pas exclu de revoir les...

Mme De Courcy: Je revois tout. Je n'ai pas de tabou. Je revois tout, tout dans l'entièreté, dans l'entièreté, les tenants, les aboutissants. C'est pour ça que c'est un peu plus long et que je ne veux pas vous faire état d'études, de mesures, où est-ce qu'on est rendus. Il me semble que, quand on décide de reprendre, de revoir la charte, une charte qui est aussi importante et qui a fait l'objet, il y a 30 ans, d'autant de discussions, quand on décide de la revoir, bien, il faut la revoir dans son entièreté et avec beaucoup de délicatesse et sérénité.
Je dois souligner que tous les groupes que je rencontre actuellement font preuve d'une grande ouverture, d'une générosité du point de vue, quel qu'il soit, quel qu'il soit, et ils me semblent être assez en accord avec cette approche du raisonné et du raisonnable.

M. Journet (Paul): Comme c'est le français, langue de travail, qui vous inquiète, est-ce que vous allez revoir...

Mme De Courcy: Tout m'inquiète, monsieur. Tout m'inquiète. Cette facette-là m'inquiète particulièrement, mais, actuellement, tout me préoccupe. Je regarde toutes les facettes, il y a des intensités différentes. Dans le cas de la langue de travail, dans le cas de la langue...

M. Journet (Paul): Si vous permettez, est-ce que je peux...

Mme De Courcy: Oui, mais je veux juste vous préciser, dans la langue de travail, là, l'absence de données me préoccupe aussi, donc, un peu plus.

M. Journet (Paul): Mais il y a déjà des permis, comme vous le savez, spéciaux qui sont octroyés à de grandes entreprises depuis les années quatre-vingt, entre autres la Banque Nationale, Bombardier, etc. Est-ce que c'est quelque chose qui va être revu assez à court terme, puisque la langue de travail est une préoccupation?

Mme De Courcy: Là, je ne vous donnerai pas tout mon échéancier de travail, toutes les personnes que je rencontre...

M. Journet (Paul): ...mais je veux l'intention...

Mme De Courcy: ...toutes les intentions cachées ou pas que vous pourriez voir...

M. Journet (Paul): ...c'est assez simple, là, de revoir ça.

Mme De Courcy: ...que vous pourriez voir. Je vous dis que toutes les dimensions touchées par la charte m'intéressent. Alors, je vais tout regarder... et la réglementation, en fait, je suis en train de le faire. Et c'est vrai pour la charte, c'est vrai pour l'immigration aussi. Je lis les deux.
Alors, il n'y a pas de situation que je n'examinerai pas. Il y en a qui vont plus vite que d'autres, évidemment, parce qu'il y en a qui sont moins problématiques que d'autres, mais j'examinerai tout.

M. Robillard (Alexandre): Mais est-ce que ces exceptions-là ont leur place quand même?

Mme De Courcy: Bien sûr. Bien sûr, évidemment, parce que le Québec n'est pas isolé du monde. Et il ne faudrait pas... Et il ne faudrait pas s'isoler. Mais, entre s'isoler et être au niveau d'une langue de travail qui, pour le moment, nous interroge, est-ce que le parler anglais au travail... est-ce que le parler anglais au travail est aussi nécessaire? Et, si c'est aussi nécessaire, comment faire pour bien préserver le français? Et, si ce n'est pas nécessaire, bien, pourquoi l'exige-t-on? Et, dans les cas où on l'exige, sommes-nous dans une dimension qui est raisonnable et correcte? Et je serai la première à favoriser ce qui est de l'essor économique du Québec, mais dans cet équilibre-là.
Donc, les questions que vous posez et que la société pose à cet égard-là ne peuvent pas être des oui et des non. Il faut qu'il y ait absolument, absolument, des choses qui nous permettent d'avoir l'opinion de tous, des études qui nous confortent puis une projection dans l'avenir sur les impacts économiques...

M. Robillard (Alexandre):

Et vous allez réévaluer les critères qui permettent...

Mme De Courcy:

Pardon, excusez-moi.

M. Robillard (Alexandre):

Vous allez réévaluer les critères qui permettent ces...

Mme De Courcy: Bien sûr. Bien sûr. En tout cas, je vais d'abord examiner ces critères-là, est-ce qu'ils sont bons, et, s'ils sont bons, on les maintient. On ne change pas pour changer. Mais, s'ils nous questionnent davantage et qu'on considère que ce n'est pas des bons critères ou, en tout cas, qu'on les a trop étirés ou qu'ils sont désuets, bien, on les revisitera.

M. Robillard (Alexandre): ...toujours 100 jours, c'est ça? Parce que vous aviez dit: Peut-être à la prochaine session. Là, on va être après 100 jours, là.

Mme De Courcy: C'est Mme Marois qui détermine le calendrier puis elle va l'annoncer à son discours inaugural.

Mme Montgomery (Angelica): Mais, Mme De Courcy, quand on constate que ce n'est pas la langue... c'est l'anglais qui se passe. On ne voit pas ça, et presque toutes vos annonces ou vos propositions, c'est pour limiter l'anglais. Est-ce que vous n'êtes pas en train de ne pas attaquer le problème?

Mme De Courcy: Moi, à ce stade-ci, je vous rappelle que je n'ai pas fait de proposition. Et, ça, je sais que, par moment, donc...

Mme Montgomery (Angelica): ...propositions électorales.

Mme De Courcy: Je vais juste terminer. Je vais juste terminer, madame. Alors, il y avait le programme électoral, bien sûr, et il est encore là. Et il y a... il n'y a pas que des choses concernant la langue anglaise dans le programme électoral, là. C'est un tout, et il y a aussi tout ce que l'on connaît à travers tous nos collègues et tout ce qui est dit, tous les groupes que je rencontre. Et, à ce stade-ci, je me suis bien gardée de faire l'ombre du début d'une proposition. Mais, non, je ne ferai pas ça.
Maintenant, d'autres ont fait des propositions, les gens en parlent beaucoup, et, en temps et lieu, quand j'aurai fini ce travail-là, je déposerai toutes les mesures qui seront nécessaires. Je vous répète, elles seront incitatives, législatives, administratives et dans le domaine de l'éducation.

M. Salvet (Jean-Marc): Mme De Courcy, il est étonnant de vous entendre dire que vous devez faire des propositions, alors qu'il y a un programme électoral... il y a des mesures dans le programme électoral.

Mme De Courcy: Il y a des mesures dans le programme électoral, lesquelles sont toutes en train d'être examinées. Ne me demandez pas aujourd'hui de dire comment je vais interpréter, sur le mode gouvernemental et législatif, chacune de ces mesures-là avant que j'aie pris connaissance des impacts pour chacune.
Alors, les engagements électoraux seront toujours respectés, toujours respectés. Dans quelle mesure, comment allons-nous calibrer ces mesures-là? Bien, écoutez, vous allez avoir l'occasion de prendre connaissance de ceci lorsque je déposerai l'ensemble des travaux.

M. Dutrisac (Robert): Mais c'est une réforme costaude...

Mme De Courcy: Oui, c'est une réforme costaude, vraiment costaude, et c'est pour ça qu'elle demande patience, temps, pas de précipitation et certainement pas de lancer des mesures à hue et à dia, bon, dans le cadre de points de presse divers. Ce n'est absolument pas mon intention. J'ai trop de respect pour toutes les personnes qui, actuellement, ont travaillé à ce programme électoral, d'abord; deuxièmement, ont élu un gouvernement du Parti québécois; troisièmement, qui viennent avec nous travailler à ces grandes manoeuvres et puis, quatrièmement, à l'Assemblée nationale qui regroupe là des représentants de tous les partis avec lesquels nous aurons, bien sûr, à discuter de ces différentes mesures.
Alors, je n'irai pas plus loin aujourd'hui sur ce terrain-là. Je vous remercie beaucoup. Je vous remercie beaucoup.

(Fin à 15 h 28)

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