Cette transcription a été réalisée à l’aide d’un logiciel de reconnaissance vocale. Elle pourrait donc contenir des erreurs.
(Dix heures six minutes)
M. Arseneau : Bonjour. Avant
de laisser la parole à mon chef, Paul St-Pierre Plamondon, je voudrais revenir
sur un événement qui est passé sous silence dans l'actualité, parce que l'actualité,
vous le savez, est foisonnante ces jours-ci. Mais ce n'est pas banal. La
situation dont je veux vous parler s'est déroulée dimanche dernier à l'Hôtel-Dieu
d'Arthabaska à Victoriaville, une situation inacceptable où on a retenu une
vingtaine de professionnels en soins contre leur gré après leur quart de
travail parce qu'il manquait une personne pour le quart de nuit. Et on les a
donc retenus alors qu'on savait très bien que ce quart-là n'était pas couvert
depuis le 28 février dernier. Les gestionnaires savaient qu'il manquerait
du personnel, mais rien n'a été fait jusqu'à 23 h 40 cette soirée-là,
donc des gens qui ont été retenus une heure et quarante sur les lieux de leur
travail, payés en temps supplémentaire le temps qu'on décide qui allait faire
le remplacement. Coup de théâtre, finalement, aucun remplacement. Un
professionnel en soins a dû s'occuper de 29 patients dans cette unité de
médecine pendant toute la nuit, ce qui met à risque, évidemment, à la fois le
professionnel en soins, mais également les patients de l'hôpital.
C'est une situation qui est inacceptable,
qui dénoncée par la FIQ, mais qu'on veut également dénoncer dans la mesure où,
depuis quelques semaines, on en parle pas mal moins, depuis que Santé Québec veut
aller chercher 1,5 milliard de dollars dans les compressions en santé, en
abolissant des postes, notamment en réduisant la main-d'oeuvre indépendante et
en réduisant le temps supplémentaire obligatoire. Mais ça crée un problème de
sous-effectifs dans certains hôpitaux. On l'a vu dans la circonscription de
Terrebonne à l'hôpital Pierre-le-Gardeur. On le voit encore dans cet
exemple-là, dans Arthabaska. Et les infirmiers, les infirmières qui travaillent
en sous-effectif, bien, je viens de le mentionner, c'est dangereux, c'est
dangereux pour le personnel, c'est dangereux également pour les patients. Et ce
qu'il y a de pire encore, c'est qu'on a des informations à l'effet qu'il y a au
moins trois infirmières qui ont levé la main pour prêter main forte aux équipes
de l'Hôtel-Dieu d'Arthabaska, mais l'administration est dans l'incapacité de
faire leur embauche, parce qu'il y a gel d'embauche actuellement dans les
services publics en santé, décrété par le gouvernement du Québec pour résorber
son déficit.
Alors, nous, on en appelle évidemment à
des gestes forts de la part du ministre et de Santé Québec pour s'assurer que
les soins de santé aux Québécoises et aux Québécois soient assurés en toute
sécurité, puis une situation inacceptable comme celle-là ne doit jamais être
tolérée.
M. St-Pierre Plamondon : Merci,
Joël. En effet, inacceptable comme situation. Évidemment, vous comprendrez
aujourd'hui que je dois revenir sur cette situation où on apprend ce matin que
le juge Gallant s'entête et veut absolument prendre le mandat, là, de la
commission d'enquête, alors que les partis d'opposition lui demandent de se
récuser devant les faits qu'on a nommés, mais des nouveaux faits ce matin
rendent la question encore plus pointue, encore plus épineuse.
Donc, on apprend ce matin dans La
Presse qu'en fait les liens entre le juge Gallant et Sonia LeBel sont plus
forts que ce qu'on a voulu nous laisser croire, là. Donc, ce que Sonia LeBel
nous a dit, et je la cite : «Depuis la commission Charbonneau, si on s'est
vus cinq fois, la plus récente, c'est lors de la... de sa nomination comme juge
municipal, le 19 février dernier.» Donc, une tentative de minimiser les
liens. En passant, quand on va... quand on fait partie des 40 personnes
qui vont à la cérémonie de nomination d'un juge, c'est parce qu'on a plus qu'un
lien ténu, c'est parce qu'on a un lien d'amitié, c'est parce qu'on est une
personne significative dans la vie de la personne qui est nommée. Mais ce qu'on
se rend compte ce matin dans La Presse, c'est qu'en fait cette
affirmation de Sonia LeBel, elle est inexacte, elle est fausse, on a tenté de
minimiser un lien, parce que, là, on découvre d'autres moments où ils se sont
côtoyés.
Et là j'invite la population à visualiser,
là. Donc, Sonia LeBel était le boss, était le patron du juge Gallant dans la
commission Charbonneau. Ils ont un lien qu'ils ont entretenu. Ça sort dans les
médias. Et le juge Gallant va devoir poser des questions à Sonia LeBel sur
comment on a fait pour rédiger pour 500 millions de chèques, fractionnés,
pour ne pas que ça paraisse trop, dans un projet de 1,2 milliard qui n'a
servi à rien.
C'est une question non pas d'intégrité du
juge et de compétence du juge, mais d'apparence de conflit d'intérêts,
d'apparence de partialité. Et, dans le contexte où on en apprend de plus en
plus, on va peut-être en apprendre d'autres, la chose à faire si l'objectif,
c'est de maintenir la confiance du public, c'est de se récuser. Donc, je
réitère ma demande au juge. C'est une question de confiance en fonction de
l'apparence de partialité que ça crée, spécifiquement en fonction des
révélations de ce matin.
Ce qui m'amène également à poser une
question à Sonia LeBel. Puisque vous avez minimisé publiquement vos liens avec
le juge Gallant, avez-vous mentionné à vos collègues, dont le ministre de la
Justice, Simon Jolin-Barrette, ces liens-là au moment de la décision
unilatérale du gouvernement, sans consulter les oppositions? Est-ce que Mme
LeBel s'est retirée du Conseil des ministres en disant : Écoutez,
là-dessus, je ne peux pas être dans la réunion parce que j'ai des liens, ou
est-ce qu'elle a gardé le silence à ce niveau-là?
Et là-dessus je veux citer Simon
Jolin-Barrette, parce que c'est inquiétant. Lui, il nous répond... Il a admis
ne pas avoir vérifié si la ministre LeBel et le juge Gallant se côtoyaient
toujours aujourd'hui. Ouvrez les guillemets : «J'ignore personnellement
s'ils se fréquentent.» Comment voulez-vous qu'on ait confiance dans cette
affaire-là?
Et là un autre mot sur le fait que le juge
Gallant nous dit : Moi, ce n'est pas... je ne me récuserai pas, mais je
vais faire une mise en garde. Premièrement, personne n'empêchera les élus de
l'Assemblée nationale de poser des questions et de faire leur travail en
démocratie, première des choses. Deuxième des choses, on pense qu'il doit se
récuser et non pas faire cette mise en garde, mais imaginez cette mise en
garde. S'il fait cette allocution initiale sur son lien avec Sonia LeBel, il va
devoir répondre à des questions que les Québécoises et les Québécois se posent
depuis la commission Charbonneau, puisque les organisateurs ou les architectes
de cette commission, c'est Sonia LeBel et le juge Gallant, de même que M.
Pigeon. Ce sont les mêmes personnes.
Donc, dans quel cas, les Québécois se
posent la question : Pourquoi, dans la commission Charbonneau, on n'a
jamais interrogé Jean Charest et les ministres responsables si le but était de
découvrir la collusion et le lien entre le politique et la construction?
Pourquoi le politique n'a jamais été interrogé? Pourquoi il n'y a eu aucun
blâme, alors que la preuve, quand même, là... souvenez-vous de Mme Trépanier,
Violette Trépanier, là, la preuve était volumineuse? Comment expliquer la
mystérieuse dissidence de Renaud Lachance? Parce que, là, essentiellement, là,
c'est les mêmes personnes, sauf que Sonia LeBel est rendue du côté de
l'équivalent du Parti libéral à l'époque.
Donc, ces questions-là se posent dans la
population, et là il faudrait qu'ils nous fassent une mise en garde puis nous
expliquer en quoi, cette fois-ci, ça va être différent. Parce qu'évidemment la
crainte légitime des partis d'opposition comme de la population, c'est qu'on va
passer complètement à côté de l'implication ou non du politique, et donc passer
à côté de la... du concept fondamental de responsabilité ministérielle, au
moment même où François Legault a repris le discours de Jean Charest en
Chambre. C'est du copier-coller de l'époque de la commission Charbonneau. Il
dit : Moi, je ne réponds plus aux questions en Chambre, je ne participe
plus à la démocratie parce qu'il y a commission d'enquête.
Autre fait bizarre, il dit : Il n'y a
pas de fraude, il n'y a pas de corruption, mais on a quand même lancé l'UPAC
dans ce dossier-là, et vous comprenez ce que ça implique, ça implique que des
témoins pourront répondre : Je ne veux pas nuire à l'enquête criminelle en
cours, dans quel cas je ne peux pas répondre à votre question dans le cadre de
la commission d'enquête.
Journaliste : On ne le sait
pas s'il y a une enquête criminelle.
M. St-Pierre Plamondon : C'est-à-dire
que l'UPAC a été sollicité, de ce qu'on... de ce qu'on nous dit.
Journaliste : Bien, en fait,
l'UPAC, la lettre qui avait été envoyée, c'était pour dire... la lettre de Mme
Guilbeault, moi, je l'ai vue, c'était pour dire : À la lumière de ce qu'on
pense, puis des articles dans les médias, on pense que vous allez peut-être
enquêter là-dessus, mais il n'y avait pas de demande de le faire, puis l'UPAC
ne nous... n'a jamais voulu nous confirmer s'ils enquêtaient ou pas.
M. St-Pierre Plamondon : Mais
ça demeure une possibilité évoquée par le gouvernement. Je veux juste rappeler
que, dans le cadre de la commission Charbonneau, ça amenait des situations où
ces enquêtes de l'UPAC sur Jean Charest, qui n'ont jamais débouché, servaient
également d'argument pour ne pas répondre en disant : Je ne veux pas nuire
à l'enquête en cours. Jean Charest a dit ça, là, un paquet de fois : Il ne
faut pas nuire aux enquêtes en cours. Donc, moi, quand j'entends François
Legault vanter cinq, six fois le juge Gallant puis nous accuser de procès
d'intention, là, moi, je n'ai jamais remis en question l'intégrité ou la
compétence du juge Gallant. Je dis simplement : Il y a une apparence de
partialité, puis pour le bien commun, ce n'est pas l'intérêt individuel ou je
ne sais pas quel autre intérêt qui doit primer, mais l'intérêt du grand public
de placer quelqu'un qui est hors... qui n'a aucun de ces liens personnels là,
là.
Journaliste : On peut lire
dans l'article que, si Sonia LeBel doit être interrogée comme témoin à huis
clos ou l'ordre d'audience publique, ce sera par un enquêteur ou un procureur
qui n'a pas de lien avec elle. Ce n'est pas de nature à vous rassurer?
M. St-Pierre Plamondon : Non,
parce que, dans la commission Charbonneau, on a juste passé à côté des acteurs
politiques. Et ça demeure un des plus grands mystères de la politique
québécoise et de... récente et de la... l'évolution de ces commissions
d'enquête là, commissions d'enquête qui, souvent, on entend dans la population
dire : Ça ne sert à rien. Puis souvenez-vous aussi de la commission
Gommery, là, tu sais, on a tapé sur des Chuck Guité, là, mais est-ce qu'on est
allé chercher les... est-ce qu'on a interrogé comme il faut les Pellletier puis
les responsables politiques?
Journaliste : ...que les
ministres ne seront pas interrogés?
M. St-Pierre Plamondon : ce
que je dis, c'est que, dans la commission Charbonneau, les acteurs politiques
n'ont pas été interrogés. Et c'était l'oeuvre...
Journaliste : ...
M. St-Pierre Plamondon : Attends,
laissez-moi faire le raisonnement, là. Et c'était l'oeuvre de Sonia LeBel et du
juge Gallant, cette commission Charbonneau. Moi, je dis, pour des raisons qui
n'ont rien à voir à ça, mais pour les raisons de proximité évidente, des liens
clairs et forts entre Sonia LeBel et le juge Gallant, c'est au juge Gallant,
pour le bien du Québec, de se retirer. Mais, s'il fait ce qu'il a dit ce matin,
c'est-à-dire qu'il ne se retire pas, mais ensuite il se permet une mise en
garde, je ne sais pas ce que ça veut dire, je suis obligé de lui dire :
Mais comprenez-vous dans quelle situation vous placez tout le monde? Vous allez
devoir nous expliquer pourquoi la dernière fois qu'on a fait une commission
d'enquête dans des situations analogues, vous avez complètement escamoté et
contourné la responsabilité et les témoignages des politiciens directement
impliqués. Puis on le sait qu'ils étaient directement impliqués parce qu'il y a
eu des témoignages comme ceux de Violette Trépanier. Ils ont juste passé
complètement à côté.
Journaliste : Je m'excuse,
là, mais j'ai de la misère quand même à comprendre votre raisonnement puis les
liens que vous faites avec la commission Charbonneau, mais je comprends que
vous dites : Le juge Gallant a des liens avec Sonia LeBel, il doit se
récuser.
M. St-Pierre Plamondon : Il
doit se récuser.
Journaliste : Mais après ça
quand vous faites des liens avec Violette Trépanier, puis avec le fait que les
ministres à l'époque n'avaient pas été interrogés, j'ai de la misère à
comprendre où vous allez exactement.
M. St-Pierre Plamondon : ...simple,
une apparence de partialité entre deux personnes, c'est quoi, la crainte? C'est
que le processus ne se fasse pas de manière complète, pour des raisons de lien,
O.K.? Puis ce que la population, à juste titre, a retenu de la commission
Charbonneau, c'est justement que le processus ne s'est pas fait au complet pour
des raisons qu'on ignore.
Journaliste : ...vous
craignez que le processus ne soit pas fait au complet cette fois-ci?
M. St-Pierre Plamondon : Oui,
c'est ça, c'est... c'est ça, une crainte de partialité. C'est que ce n'est pas
un examen de l'intégrité de la personne elle-même ou de sa compétence,
c'est : Est-ce qu'une personne raisonnable, qui regarde ça, trouve que ça
a du bon sens puis se sent en confiance, ou est-ce qu'on n'est pas mieux, parmi
les centaines de juges disponibles pour faire le travail, trouver quelqu'un qui
n'a aucun lien avec Sonia LeBel puis qui n'a aucun lien avec une commission
Charbonneau dans le cadre duquel Sonia LeBel et le juge Gallant ont travaillé
ensemble, pour donner un résultat pour le moins étrange sur le plan de la
responsabilité politique? À savoir que Jean Charest n'est jamais venu
témoigner, les responsables libéraux ne sont pas venus, ils n'ont pas défilé, et
on a complètement contourné les blâmes ou les questions fondamentales sur
l'implication du politique dans cette commission-là. C'est le coeur de la
confiance envers le processus de commission d'enquête dont il est question.
Journaliste
: Si on
avait consulté les partis d'opposition, avez-vous une suggestion à faire de
juge?
M. St-Pierre Plamondon :
Ah! On peut en trouver cinq, six, sept. Écoutez, là, ce n'est pas comme si,
nous, on insiste. Ce qui est bizarre aussi, c'est de voir François Legault
insister sur un juge et marteler, marteler, marteler, alors qu'il ne nous a pas
consultés. Ça accentue les questions. Puis là, il y a un juge qu'on interpelle
en disant que c'est pour le bien du... puis la confiance de tout le monde,
pouvez-vous juste laisser la place à quelqu'un qui n'a pas de lien avec Sonia
LeBel? Non, non, il dit, moi, j'en rajoute. Donc, tout ça crée une espèce de...
Les questions ne font que s'accentuer, de sorte qu'on n'a pas commencé le
processus, puis on est déjà dans la mauvaise direction. Et la solution, elle
est simple. Simplement, le juge dit, j'aurais été compétent, je suis intègre,
ce que je lui reconnais. Mais pour le bien du processus et de la confiance
envers les institutions, je reconnais que d'être allé à l'assermentation,
d'avoir fait des numéros d'humour, d'avoir un lien de proximité avec la
personne que je vais enquêter, ce n'est pas convenable. Donc, je vais favoriser
la confiance du public avant mes intérêts ou les intérêts de je sais pas quoi
dans cette histoire-là, parce qu'honnêtement, c'est difficile à comprendre.
Journaliste
: Si on
prend un contre-exemple, par exemple, la commission Bastarache, qui avait été
amenée par le gouvernement Charest, et qui a interrogé M. Charest, et des
ministres, et son ancien ministre. À ce moment-là, vous voyez vraiment une
différence parce qu'il n'y avait pas de lien entre Bastarache et les ministres,
ou il n'y avait pas de lien...
M. St-Pierre Plamondon :
Je ne crois pas que je me souvienne, là. Tu sais, j'ai rarement vu une
situation où... Tu sais, c'est politique, une commission d'enquête parce qu'on
enquête sur comment politiquement le gouvernement dépense les fonds, puis
comment, oui ou non, il se place dans des conflits d'intérêts ou des décisions
vraiment douteuses. Tu sais, on parle de dilapidation de fonds publics, là. Ce
n'est pas rien. Je n'ai jamais vu une situation où la personne en charge de
l'enquête a une proximité de plus en plus avérée avec la personne qui est au
Conseil du trésor et qui donc doit répondre de chacune de ces décisions-là. Et
c'est vraiment une question de confiance du public, de prévenir les apparences
de partialité. Et je réitère que dans la commission Charbonneau, tout le monde
a trouvé... Moi, en tout cas, j'ai trouvé que le travail de la juge Charbonneau
était vraiment bon. Mais il s'est passé des choses inexplicables qui demeurent,
en tout cas pour moi, qui demeurent dans mon esprit, à savoir pourquoi, si
l'objet de la Commission, exactement comme celle-ci, c'est de déterminer
comment, dans le politique, on aurait pu faire autrement pour ne pas se retrouver
dans des conflits d'intérêts entre la construction puis le politique, je n'ai
jamais pu expliquer pourquoi on a complètement éludé les ministres et Jean
Charest. Je n'ai pas d'explication à vous donner ce matin.
Journaliste
:
...au-delà du fait que vous voulez que le juge Gallant se récuse, là, peu
importe le juge qui va être là, disons, vous vous attendez à ce que qui
témoigne? Vous seriez satisfaits d'entendre les témoignages de qui?
M. St-Pierre Plamondon :
Les ministres impliqués et le premier ministre.
Journaliste
: Donc, vous
vous attendez à ce que François Legault témoigne.
M. St-Pierre Plamondon :
Bien sûr parce que, lorsqu'on décide, à même le Conseil du trésor, c'est de
l'argent public, ça n'appartient pas à François Legault ni à Sonia LeBel, quand
on décide de rédiger des chèques à la hauteur de 1,2 milliard pour quelque
chose qu'on sait ne fonctionne pas, puis pour le quelque chose qu'on sait qu'on
a embauché même une firme de vérificateurs à coût de 700 000 $, on a
toute l'info, il faut comprendre comment on en arrive à cette décision-là et
pourquoi le gouvernement, initialement dans les dernières semaines, a tenté de
nous faire croire qu'il n'en savait rien, alors que c'est faux. Une commission
d'enquête, c'est de découvrir la vérité. Et pour découvrir la... Pour avoir le
sentiment partagé qu'on va découvrir la vérité pour s'améliorer, il faut éviter
les apparences de conflit d'intérêts, éviter les apparences de partialité. Et
la commission Charbonneau là-dessus laisse quand même sur la table des
questions importantes sur pourquoi les ministres et Jean Charest n'ont pas été
interrogés, alors que c'était ça l'objet de l'exercice.
Journaliste
: Can you just explain why you
are learning just this morning about the process and the... Mr. Gallant will be
issued a warning instead of recusing himself?
M. St-Pierre
Plamondon : So, judge Gallant, I'm sure, is
competent. I don't doubt he's an honest person. However he has very strong ties
with Sonia LeBel, and Sonia LeBel is in the center of what we need to inquire.
And the ties are stronger than Sonia LeBel actually told us. So, she said… She tried to minimize the relationship by
saying: Listen, I only saw him maybe five times since the… not the Gomery, the
Charbonneau commission.Actually, what we learned this morning, is
that it's not true. And when one of those meetings is actually the inauguration of his nomination as a judge and you invite only
40 people at that event, you're obviously dealing with a relationship that is
not a far and unsignificant professional relationship, we're talking about a
friendship here.
And so, the right thing
to do... because there's a political move by the CAQ, that's obvious, because
they didn't consult the other parties, they went unilaterally on one nomination
and they insist on it, so that's political. And given that Judge Gallant sees
that and sees that we cannot have trust in the circumstances given that link,
given a few questions also because they worked together on the commission
Charbonneau, given the many factors, we say: I think it's best for Quebec and
the confidence we have in our institutions that you revoke and that we put one
of the hundred judges that has no relationship whatsoever to anyone so that we
can do the job correctly and that people can trust the result.
Because the goal here is
to find the truth, and for people to trust that we'll find the truth, we need
to deal with those appearances of conflict of interest, appearances of
partiality. So, it's very serious. And I also asked Sonia LeBel: Did you
actually mention those links to your Government, to your teammates before that
nomination of Judge Gallant? Because when you ask Jolin-Barette, he's just: Oh!
I never asked, I was not aware and I never asked whether they had a
relationship. So, it means that Sonia LeBel would have not stepped down during
the meeting that nominated Judge Gallant, maybe they didn't have the
information. All of this is not normal.
Journaliste :
And the fact that they're going to ask
a judge or somebody without any ties with her when she's going to be called to
talk in the commission, is that not sufficient for you?
M. St-Pierre
Plamondon :
No,
because she was his boss and he's in charge of the inquiry. So, making the
question being asked by someone else will not change that appearance of
conflict of interest that is obvious. And, moreover, they actually worked
together, and Mr. Pigeon, who's been nominated as well, they worked on the
Charbonneau Commission. And when he says: I'm going to make an initial warning
to everyone, I have to say: t's not what we want, we want him to revoke. But
in which case he will need to answer a few questions that Quebeckers have had
since the Charbonneau Commission. If you and Sonia LeBel and Mr. Pigeon
actually ran the Charbonneau Commission, can you please explain to us why Jean
Charest and ministers who were involved were never interrogated, were never a
witness, were totally... «contournés»...
Journaliste :
Bypassed.
M. St-Pierre
Plamondon : ...bypassed. How is that? How is
that we never had any blame nor conclusion as to the involvement of the politicians
in a clear mix between the construction industry and the political power? How
is that possible? Since you created that commission, we need to understand what
you're about to create and we need to understand why you insist so much on
staying ahead of that commission, while given that opposition parties, the
Parliament tells you we're not comfortable.
Journaliste :
So, you think that we're never going to
go to the bottom of this scandal. That's pretty much what you're saying, no?
M. St-Pierre
Plamondon : We think Judge Gallant, although a
competent and honest person, must resign so that the process has not a problem
right from the start. Given the strong ties with Sonia LeBel, it's just common
sense and it's basic prudence if we care about democracy and trust in our
institutions. The best interest of Quebec and of public inquiries must come
before personal interests or any other interest that might be at stake here.
Journaliste :
On another subject, what are your
expectations for the budget Tuesday? What would you like to see in that
document, given the context of terrorists and...
M. Arseneau :
Yes, well, we expect Minister Girard to
be transparent about the situation, the budget situation of Quebec. We've been
asking the Government to tell us where the cuts are being made in the health
system, for example, in the health network, and we still don't know, we see the
effects here and there and everywhere. So, that's one of the things. We need
Mr. Girard to tell us where he's at in the process of optimization that he
started back a year ago, he said that we could get $2.9 billion in better
practices. Where is he at? And what is the consequence of these, you know,
measures, if he's taken any measures?
We also need to know,
obviously, how he's going to make things go without or... I'll word it in
another way, what is the amount that we can calculate missing from the federal
government and from the Québec, you know, demands on all sorts of topics such
as, you know, dealing with the flow of immigrants and all sorts of, you know,
different sums that we were expecting in terms of the health system, for
example.
Journaliste :
...also expecting to have some relief
measures for the effects of the tariffs, of Trump's tariffs? He's obviously
going to be putting some stuff in there to deal with that crisis.
M. Arseneau :
Obviously. Obviously. He's already
promised that he would give $50 million... up to $50 million per business,
including businesses that are American businesses. We'll see how that goes,
but, you know, this... the basic question when it comes to the budget is :
How will they resorb the deficit that they created and where are they going to
get the money in, you know, spending more to help businesses? Are they going to
cut more the services that we need? You know, that's basically the question.
M. St-Pierre
Plamondon :
I
would add... The situation here is : we just had the worst deficit in
Québec's history, and it plays out that it's at the same time than a potential
economic crisis because of the United States policies, in which case our margin
to react is very tight, and it may and it does translate into cutting into
services for the population. It is also a matter of how you spend the money if
you're to intervene, because as we've seen during the pandemic, money was not
well spent. We don't know the bottom of this, but we know that, let's say,
Birks got $10, $11 million, and we never understood why. We knew... We know
also that companies abroad that we don't know nothing of got money and we
didn't sue afterwards. So, there's a few questions that we'll look at in terms
of how it is put in place. But what is the margin we have to intervene and
where does the government go and cut in order to fix a deficit that was
historic last time, that's what we're looking after.
Journaliste
:
Vous vous attendez à ce que le budget soit au moins inférieur... le déficit,
pardon, soit au moins inférieur à ce qu'il était l'année passée, là.
M. St-Pierre Plamondon : Oui,
mais il n'a pas le choix de l'être parce que, si tu augmentes le déficit par
rapport au pire déficit de l'histoire du Québec, c'est ta cote de crédit, là,
qui commence à être en jeu. Si notre cote de crédit se détériore, les coûts
d'intérêt vont augmenter, puis là tu tombes dans une spirale. Donc, je ne vois
pas d'hypothèse où le gouvernement peut se permettre, en fait, un déficit pire
que le 11 milliards. Mais, une fois que ça, c'est dit, quand on regarde
Santé Québec puis la commande de couper 1,5 milliard, là, puis qu'on nous
dit que ça n'impactera pas les services, on sait que c'est faux.
Journaliste
: ...a déjà
envoyé des signaux que ça pourrait être assez important étant donné l'aide aux
entreprises, et tout. Il a déjà envoyé des signaux il y a quelques semaines.
Donc, il y a peut-être un risque quand même que ce soit...
M. St-Pierre Plamondon : Ah!
je serais surpris, je serais abasourdi qu'on fasse pire que le déficit
historique de 11 milliards en raison des impacts potentiels sur notre
réputation et notre cote de crédit. Par contre, ce que je surveille et ce que
je trouve plus probable, c'est l'idée qu'on va nous dire qu'on ne coupe nulle
part, mais, en fait, on coupe à bien des endroits qui font mal, et c'est comme
ça qu'on s'y prend pour arriver à un déficit un peu moins pire que la dernière
fois. Ça, on va le surveiller parce que les services à la population souffrent
en ce moment, là. Peu importe ce qu'on peut entendre de vertes et de pas mûres
en Chambre, les témoignages sont nombreux et sont factuels.
M. Arseneau : ...je peux
résumer. En fait, la question qu'on se pose, puis on se l'est posée, là :
Comment est-ce que le gouvernement, dans le cadre du prochain budget, va
renflouer les coffres de l'État, qu'il a vidés? C'est vraiment ça, son défi. Et
actuellement, bien, on voit qu'il coupe à tort et à travers en santé, dans les
infrastructures, les infrastructures en santé, les infrastructures en
éducation, et il a des... plusieurs projets à inscrire au PQI, là. Encore hier,
il y avait une pétition de la députée de Bonaventure pour la reconstruction des
urgences de Maria. Il y a Amos où il y a eu une pétition il y a quelques
semaines. Il y a Sainte-Croix où tous les députés, y compris toutes les
oppositions, ont dit : Vous vous êtes donné le mandat d'aller de l'avant
avec la réfection à cet hôpital-là qui croule littéralement sous le poids des
années. Et donc les engagements de la CAQ doivent être respectés, et c'est la
responsabilité du ministre de nous dire comment il va y arriver. On va regarder
ça de très près.
Journaliste
: Je
voulais juste vous poser une question sur la campagne électorale parce que le
déclenchement est imminent, là. Il y avait eu un petit peu de bisbille avec le
Bloc concernant le partage des ressources, là. Maintenant que Terrebonne, c'est
terminé, est-ce que vous allez aider le Bloc québécois dans sa campagne?
M. St-Pierre Plamondon :
Oui. J'ai envoyé le signal. Maintenant que Terrebonne est terminé, j'ai dit à
tous les bénévoles, à toute l'équipe, d'aller aider le Bloc. Il n'y a pas de problème.
Journaliste
: Est-ce
que vous-même, personnellement, parfois, vous allez sur le terrain, là?
M. St-Pierre Plamondon :
On ne l'a pas fait en 2021, hein? C'est une campagne du fédéral. En 2021, vous
ne m'avez vu nulle part. Je n'étais pas impliqué d'aucune manière. C'est ça,
notre politique, en principe. Mais tu sais...
Journaliste
: ...elle
peut aider le Bloc, il n'y a pas de problème là-dessus.
M. St-Pierre Plamondon :
On a envoyé le feu vert à tout le monde, puis évidemment que je ne vous
surprendrai pas quand je ferai ma déclaration comme en 2021 de voter Bloc, pour
la seule et simple raison que le Parti libéral du Canada et le Parti
conservateur du Canada sont des partis qui ont été et qui seront toujours
déloyaux envers les intérêts du Québec, alors que la loyauté du Bloc envers les
intérêts du Québec n'est plus à prouver.
Journaliste
:
Pensez-vous, par exemple, que le Bloc va avoir certaines difficultés liées au
fait que, tu sais, il y a comme un nationaliste canadien...
M. St-Pierre Plamondon :
Bien, c'est justement pour ça que je ne m'implique pas dans la campagne
fédérale. Je ne veux pas être un commentateur d'une campagne fédérale, alors
que le Bloc est un parti distinct du Parti québécois. Ce n'est pas mon rôle,
là. On tombe dans une phase qu'on a connue en 2021, où c'est la politique
fédérale qui va prendre l'espace. Je vais continuer à talonner François Legault
sur un paquet de choses ici, à Québec, mais ce n'est pas mon rôle de jouer le
rôle de commentateur. Il y a amplement de commentateurs sur les télévisions
aujourd'hui. Je vais leur laisser ce rôle-là.
(Fin à 10 h 36)