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(Huit heures quarante-cinq minutes)
M. Tanguay
: Alors, bon
matin à chacun et à chacune. Aujourd'hui, on vous parle, bien évidemment, du
budget qui a été dépassé... déposé mardi. Voyez-vous, j'ai dit «dépassé», il
est déjà dépassé, le budget. Le budget de François Legault, déficit record,
13,6 milliards de dollars, est, entre autres, le résultat de
nombreux gaspillages. Et nous vous avons fait un tableau, ce matin, non
exhaustif, non exhaustif, mais qui cumule plus de 2 milliards de dollars
de gaspillage des fonds publics, des fonds publics qui ont été mal investis et
qui sont autant de pertes au compte de l'État. François Legault est responsable
de cette mauvaise gestion là.
Alors, c'est le temps des impôts, il y en
a, de l'argent, qui rentre à Québec. Les Québécois et Québécois sont en train
de faire leurs rapports d'impôt. Des taxes et impôts, il en rentre à coups de
milliards à Québec. C'est la responsabilité de Francois Legault de bien
dépenser. Maintenant, une fois qu'on a dit ça, il n'est pas capable de bien
dépenser, il n'est pas capable d'offrir les services. Nous réitérons l'importance
d'avoir un directeur parlementaire du budget, qui ne viendrait pas faire double
emploi avec la Vérificateur général du Québec, parce que ce serait de façon
prospective, dans l'avenir, les politiques fiscales, le retour à l'équilibre
budgétaire, les investissements majeurs dans les projets, et, je vous
donne un exemple, de la filière batterie.
Ce matin, on voit le contexte de Donald
Trump, Donald Trump qui impose 25 % sur les véhicules du Canada, qui
viennent du Canada. Le 25 % de Trump sur l'industrie automobile aura
nécessairement un impact sur la filière batterie. Le directeur parlementaire du
budget pourrait s'asseoir et aider à avoir un état des lieux sur quel est l'avenir
de cette industrie-là, considérant, entre autres, les milliards que Québec et
Ottawa ont investis.
Alors, ça, c'est ce que nous demandons, notamment
au lendemain de l'imposition de tarifs sur l'industrie automobile, qu'il y ait
un état des lieux quant à l'avenir de l'industrie de la filière batterie au
Québec et, de façon plus globale, au Canada. Fred.
M. Beauchemin : Merci, Marc.
Le budget de Girard de mardi, là, il est caduc déjà. Puis juste pour revenir
sur sa méthode pour prévoir les déficits du Québec, on se souviendra qu'en 2023
il avait prévu initialement que ça allait être 4 milliards, ça a fini à
7,5 milliards. Ça, c'est presque du simple au double. Pour 2024, il avait
prévu 3 milliards, et ça a fini 3,5 fois plus élevé. Pour l'année
2025, Girard nous disait : En novembre, 9,2 milliards. Puis, mardi,
on apprend que c'est 13,6 milliards, et ce n'est pas fini. Avec les tarifs
automobiles qu'on a entendus hier, de M. Trump, évidemment, il va y avoir des
conséquences sur l'économie canadienne, sur l'économie ontarienne. Il va y
avoir des ramifications au Québec, ça, c'est sûr et certain. Mais le 1,1 %
de croissance économique est déjà caduc, lui aussi. Desjardins disait d'ailleurs
qu'on était en recul au Québec actuellement et que les trois prochains
trimestres débutant le 1er avril vont être des reculs du produit intérieur
brut. Donc, à la base, les prémisses pour le budget de mardi dernier ne
tiennent déjà plus la route. Le budget d'Eric Girard est caduc.
Journaliste : Avez-vous peur
pour Paccar, pour l'industrie de l'automobile, puis est-ce qu'on doit laisser
entrer les Chinois pour venir prendre le pas des Américains?
M. Beauchemin : Moi, je pense
que c'est certain qu'il y a des ramifications pour l'ensemble de l'économie
canadienne. Il va y avoir des ramifications sur l'industrie spécifique, là, au
Québec. Mais ce qu'on demande, nous autres, c'est un état des lieux. On a
besoin que le gouvernement s'assoie avec les partenaires canadiens, fasse une
analyse. Je pense que c'est ce qui doit être fait dès maintenant, pour
comprendre les ramifications et les conséquences pour l'ensemble de l'industrie,
autant au niveau des manufacturiers que des concessionnaires.
Journaliste : ...un peu plus,
là, concernant les véhicules électriques, là? C'est un peu flou. Est-ce qu'on
devrait ouvrir le marché au secteur chinois puis enlever la taxe de 100 %?
M. Beauchemin : Bien, je
pense que c'est important qu'on comprenne les ramifications de l'ensemble de l'œuvre,
c'est-à-dire...
Journaliste : Ce n'est pas ça,
la question.
M. Beauchemin : Bien, c'est
parce que, dans la réponse, il faut qu'on comprenne c'est quoi les
conséquences...
Journaliste : ...est-ce que,
pour sauver la filière batterie, sauver le secteur automobile, on devrait
commencer à regarder vers d'autres secteurs que celui des États-Unis?
M. Beauchemin : Bien, on n'est
pas là encore en ce moment. Je veux dire, là, là... O.K., c'était peut-être un
petit peu prématuré de réagir tout de suite en ouvrant la porte à d'autres.
Journaliste : ...en réaction,
est-ce qu'on ne devrait pas commencer à regarder ailleurs?
M. Tanguay : Il faut
réfléchir avant.
M. Beauchemin : Il faut
réfléchir avant de réagir. Puis, selon moi, la chose la plus importante à
faire, c'est de comprendre l'ensemble des ramifications. Ça ne se fait pas sur
un 10 cent, ce n'est pas un petit «spreadsheet» que tu ouvres demain
matin, puis que là, tu as toutes les ramifications sur l'ensemble de l'économie.
On doit s'assir, on doit comprendre c'est quoi. Avant de réagir, on doit
vraiment réfléchir.
Journaliste : Pouvez-vous
expliquer à M. et Mme Tout-le-monde, là, ça veut dire quoi? Est-ce que... Ce
serait quoi, les avantages ou les désavantages d'aller vers un secteur comme la
Chine?
M. Tanguay : Le Canada a
imposé 100 % des tarifs sur le véhicule électrique chinois. Il y avait une
raison pour ça. Au-delà de faire miroir avec les États-Unis, on voulait
développer, au Canada et au Québec, notre propre industrie de l'automobile
électrique. Il y a, quoi, septembre 2023, octobre 2023, Northvolt. On va être
les «kingpins» de l'industrie des véhicules électriques. Ça a beaucoup changé.
Ça nous prend — d'où directeur parlementaire du budget, je referme la
parenthèse — un état des lieux. On s'en va où, nous, quant à notre
capacité de développer notre industrie de véhicules électriques? Et, en ce
sens-là, ce n'est pas, à matin, de dire : Oh! Trump a signé de quoi hier — qu'il
peut dédire dans une semaine ou dans un mois — on enlève les tarifs
sur les véhicules chinois. Ça prend un état des lieux, et ça prend de nos
gouvernants, tant à Québec qu'à Ottawa, une transparence sur on s'en va où, là.
Parce que nous, on pense qu'on s'en va dans le mur.
Journaliste : ...porte d'emblée,
là. Tu sais, vous auriez pu dire : Les Chinois, c'est non, à cause de X
raisons, le régime politique, etc.
M. Tanguay : Ça doit être
évalué, ça doit être évalué, effectivement.
Journaliste : ...évalué avant
de dire non?
M. Tanguay : Ça doit être
évalué. Mais, ce matin, là, on n'est pas prêts à dire : On enlève ces
tarifs-là. Non, parce qu'il y avait une rationnelle derrière ça, au-delà de l'impact
de l'industrie américaine, au-delà du fait que c'était un tremplin pour des
Européens, le marché américain, de venir s'installer au Canada. Beaucoup de
choses ont changé, et je pense qu'on doit être rationnels en économie, puis on
ne doit pas dire : Ça, on fait ça, un coup de tête à matin. On ne va pas
commencer à se gouverner comme le fait Trump, à coups de crayon Sharpie.
Journaliste : Est-ce que vous
avez peur que, avec, bon, toute la menace qui plane, là, sur l'Ontario, le
Québec soit sacrifié dans des négociations éventuelles, là, de la part du
gouvernement fédéral?
M. Tanguay : ...tout à fait.
Puis, je veux dire, j'avais pris des notes ce matin, là, puis, si vous m'aviez
posé la question, là — je vais vous donner un scoop, là — c'est
quoi, notre priorité de nos demandes au fédéral, là, c'est de protéger l'économie
québécoise. Et, en ce sens-là, quand François Legault, là... j'aimerais ça qu'il
se dédise de ce qu'il est allé dire l'autre fois, en... à Washington, quand il
avait dit qu'il était prêt à faire des compromis sur l'aluminium, l'aéronautique,
sur la foresterie. Et, également, si l'Ontario a un dur coup avec les tarifs
sur l'industrie automobile, ça va avoir un impact sur l'économie québécoise
également. Fred me rappelait, ce matin, qu'il y a 60 000 emplois
notamment, au niveau des concessionnaires au Québec, 900 concessionnaires.
Ça, c'est une industrie qui vit et qui est importante.
Alors, oui, il faut que le Québec... puis
je l'ai déjà dit puis je termine là-dessus, le Québec doit assumer son rôle de
leadership dans la vision canadienne et doit s'imposer, le Québec, dans la
vision canadienne.
Journaliste : Bien, c'est
beau, large et vague, dire : On veut absolument protéger l'économie du
Québec. Mais vous êtes non négociables sur quoi?
M. Tanguay : Non négociables
entre autres sur la... évidemment sur la gestion de l'offre. Non négociables
sur la gestation de l'offre et je vous dirais... je veux dire, nos industries.
L'aluminerie, là, on a huit alumineries sur neuf au Canada qui sont au Québec.
Alors, la foresterie, c'est nos régions. Évidemment, dans le domaine culturel,
c'est important également. Alors, on a des priorités et des éléments
excessivement forts sur lesquels, là, François Legault ne peut pas aller à
Washington puis dire : On est prêts à faire des compromis.
Journaliste : Il y a le Parti
conservateur du Canada, le Parti libéral du Canada qui promettent tous les deux
des baisses d'impôt. Est-ce que le Québec devrait ou pourrait aller récupérer
ce champ fiscal là? Jean Charest l'a déjà fait à l'époque de Stephen Harper,
là. Donc, est-ce que c'est une réflexion qu'il faut avoir et quand on regarde
l'état des finances publiques?
M. Tanguay : Bien, écoutez,
il va falloir qu'eux, là... il va falloir qu'eux justifient comment ils vont
financer leurs baisses d'impôt. C'est correct qu'ils le promettent. C'est à ça
que ça sert, je veux dire, une élection, c'est d'être clairs avec... et
transparents. Maintenant, il faut savoir où est-ce qu'ils vont aller, comment
ils vont financer ça. Puis il faudrait voir par quelle mécanique, c'est-tu sur
l'impôt aux revenus, je n'ai pas les détails, c'est-tu sur la taxation, et
ainsi de suite. Mais il est clair qu'au Québec, nous, je pense qu'avec François
Legault, on n'a pas eu notre part du butin des transferts fédéraux, notamment
avec... en santé, on demandait 6 milliards, on a eu 900 millions.
Mais, à matin, je ne suis pas en train de vous dire, là, que l'avenue pour
Québec, c'est d'augmenter les taxes et impôts. Pas du tout. Pas du tout.
Journaliste : Est-ce que vous
avez l'impression qu'il va y avoir un bâillon sur Stablex? Les deux autres
partis de l'opposition ont dit que ça s'en vient, c'est soit aujourd'hui...
M. Tanguay : Je pense que le
gouvernement me fait penser un peu à la tour de Pise. Il n'est pas tombé, mais
s'il tombe, on sait à peu près de quel côté il va tomber, là. Alors, le
gouvernement, il est en situation de tour de Pise sur un bâillon.
Journaliste : Sur le projet
de loi n° 94, il y a le Collège des médecins qui s'inquiètent, là, en ce
qui a trait au port du masque dans les écoles chez les enfants. Dans le fond,
ça pourrait avoir pour effet que les enfants puissent ou n'osent pas le porter
et puis que ça complique la tâche des médecins. Comment vous réagissez à ça?
M. Tanguay : Je pense que
c'est au gouvernement... Je pense que c'est une... c'est une préoccupation qui
doit être entendue. Puis c'est au gouvernement de nous dire comment il gérerait
ça, le cas échéant.
Journaliste :
Desjardins said that the farm sector
may be extremely affected by...
M. Tanguay :
Farm? Yes.
Journaliste :
Yes, farm sector. Like, we talked a lot
about cars, automobile industry for Ontario, steel and aluminium for Québec,
but then, like the farm sector, producers will be quite affected by tariffs.
So, you said it's... Why is it so pivotal for Québec to ask Canada to protect
as much as possible the supply management?
M. Tanguay :
Because this is our own distinct way in
Québec to make sure that our farms will be able to have... to grow in a
sustainable economy. I think that it's important to protect that Québec model.
And it's important. It goes... It's about our regions, it's about our
industries and our capacity to produce. You want to add something, please?
M. Beauchemin :
Yes. And, above that, every nation on
earth will do the same as it relates to food security. You see the issues that
we have right now when they're imposing tariffs, they could also impose a cut
of supply if they wanted to. So, at the end of the day, food security is
priority number 1. I'm sure that they will understand because they are facing
the same situation in the US for some aspects.
Journaliste :
Supply management will protect food
security?
M. Beauchemin :
It's part of the mix for sure.
Absolutely. It helps Quebeckers, it helps the farms in Québec, it helps our
agricultural industry to thrive in Québec and in Canada. So, we need to... we
need to protect that because it's really an issue of food security.
Journaliste :
Mr. Legault today is going to issue his
list of demands for the federal election, from the other leaders. What are your
expectations there? He does this every time there is a federal election, and
you get different kinds... various results. What do you think he's doing?
M. Tanguay :
I think that it's important for a
Québec Premier, as it is the tradition, to present to all the federal parties
their demands. We already announced that we, the Québec Liberal Party, we will
do the same in a few days. That being said, I think that it's important for
François Legault to put on the top on priority to protect Québec's economy. And
it goes to include at the very heart of the eventual... the strategy and the
eventual negotiation conducted by the federal in front of the US to put Québec
at the center of that strategy, so it's important to protect our economy. That
being said, we...
Journaliste :
...supply management as well?
M. Tanguay :
Absolutely, absolutely. So, we have to
protect our farms, we have to protect our industries. And it's in contradiction
as to what François Legault has said, a couple of weeks ago, when he went to
Washington saying that he was ready to compromise on a very important sector of
our economy, which is... which is a nonsense as Québec Premier.
Journaliste :
...
M. Tanguay :
A very big one.
Journaliste :
How?
M. Tanguay :
Because it goes against the Québec's
interests, economically, to say... to send a message to Washington, to Donald
Trump that : Oh! by the way, we haven't even started yet to negotiate, but
we are ready to compromise on aluminum, aeronautic, and forestry, which goes
against Québec's fundamental economical interests.
Journaliste :
Too soon?
M. Tanguay :
And how about compromise? Can we...
What does he have in mind? Compromise in what? Aluminum is a very flourishing
industry. And we have very strong partners in the U.S. as well. And the leaders
of that industry already said, back in that time, that that wasn't the proper
way to initiate any negotiation, to say : I'm ready to compromise.
Journaliste :
He very quickly wanted a new trade
deal, and, if I remember correctly, you guys were saying : Maybe we should
pump the brakes a little bit on that. Where do you guys stand on that now?
Should a new Prime Minister, at the end of next month, negotiate a new NAFTA as
quickly as possible?
M. Beauchemin :
I think that what needs to occur is we
need to see the overall agenda from the Trump administration first. There's no
need for us to bend our knees right away up until the moment we actually...
what the game plan is from the U.S. administration... If the U.S. plan is to
never renegotiate, what's the point in saying : We want to renegotiate?
Let's just, you know, have a common ground and let's just see what their first
reaction as it relates to that. Do they want to renegotiate U.S., Mexico,
Canada? Yes, O.K., then, then we should.
M. Tanguay :
And it's important to mention... that
we already have in place a deal. There's already a deal in place, and Trump is
not even respecting it. So, what's the point of trying to renegotiate something
that Trump will not be respecting? So, we have to put in place our strategy and
to make it feel that we are serious, and we have ourselves a certain leverage
to put pressure on them as well. It's about negotiation.
Journaliste :
What makes you think that the Trump
administration will sort of put their cards out there? It doesn't sound like
they will, because they're changing the tariff numbers...
M. Beauchemin :
You're confirming what I just said,
that what's the point, therefore, for us to pull our pants down? There's no
need for us do so, up until the moment that we see that there is a need for
them or a desire by the US administration to do something. So, in the meantime,
if they're not illustrating any, you know, intent for some kind of
negotiation... there's no need for us offer anything on the table. You know,
it's like, if we take the hockey analogy, it's as if we start the game in our
goal. Like, why don't we just wait till, like, the puck is dropping in the
middle of the ice?
M. Tanguay :
And also, we have to let time to our
allies within the U.S. as well to put pressure on Trump's administration. We
have very strong allies. We have certain states who have a very strong
political power, that we have to let them the time to put in place their own
strategy to make sure that Trump will understand the message. Because, if there's
negative impacts on the economic side, here, in Canada and Québec, there's a
lot of negative impacts as well in the US. So, it's not... it's bad in a
negotiation to let them feel that pressure a little bit. And, prior to
say : Ah! I'm ready to sign something that... what will be the value in
the face of Donald Trump of that new agreement? So, it's too soon. The
short answer.
Le Modérateur
: Merci, tout
le monde.
M. Beauchemin : Merci.
(Fin à 9 h 02)