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(Neuf heures vingt-deux minutes)
M. Paradis : Bonjour, tout le
monde. C'est lundi prochain que se déroulera le vote pour l'élection fédérale.
Et on peut croire ou on pourrait imaginer qu'une élection fédérale c'est un bon
moment pour le Québec de faire encore entendre sa voix, de faire des demandes
en matière de respect de l'autonomie du Québec, et c'est ce que l'Assemblée
nationale a fait dans les derniers jours. Et c'est aussi ce que le ministre de
la Justice Simon Jolin-Barrette a fait dans les derniers jours.
D'une part, l'Assemblée nationale a adopté
une résolution unanime demandant à ce que le Québec ait une participation
minimale à la nomination des juges des cours supérieures du Québec parce qu'actuellement
c'est un processus qui est enterrement... entièrement contrôlé par le
gouvernement fédéral. L'Assemblée nationale ne demande même pas que ce soit le
Québec qui soit responsable de ces nominations, mais il demande que les
nominations soient effectuées à partir d'une liste fournie par le Québec. Ça, c'est
la première résolution adoptée par l'Assemblée nationale.
Par ailleurs, on a adopté une motion aussi
à l'Assemblée nationale demandant à ce que le Québec reçoive une part équitable
du chèque de remboursement qui est fait de la taxe carbone qui a été éliminée.
Parce que comment ça fonctionne, c'est que, la taxe, elle est payée, mais avant
ça, le gouvernement fédéral remboursait cette taxe carbone qui ne s'applique
pas au Québec. Donc, il y a à peu près 3,7 milliards de dollars
d'argent des contribuables, y compris l'argent des Québécois, qui va servir à
envoyer des chèques ailleurs au Canada pour rembourser une taxe qui est
maintenant éliminée. Alors, c'est un cadeau électoral dans le reste du Canada.
On a demandé, bien, que le Québec reçoive sa juste part.
Qu'est-ce qui s'est passé cette semaine?
«Carney ferme la porte aux deux demandes de l'Assemblée nationale formulées
aujourd'hui», en droite ligne avec l'historique du fédéralisme canadien. Et ce
qui est intéressant, c'est que ça nous fait... ça nous ramène à la raison
d'être de la Coalition avenir Québec. Et c'est de ça dont je vais parler
aujourd'hui avec le ministre de la Justice puis avec d'autres collègues des
autres partis, faire le bilan du programme de la CAQ, Un nouveau projet pour
les nationalistes du Québec. Parce que j'écoutais ce matin une émission à la
radio de Québec, ici, où il y avait quelqu'un qui se demandait c'est quoi la
raison d'être de la CAQ, c'est... c'est quoi la philosophie de la CAQ, où
est-ce qu'ils veulent amener le Québec. Et, si on revient au départ, c'est
qu'ils disaient constater l'échec de la voie, là, du Parti libéral, qui est de
dire : Bien, on accepte le Canada tel qu'il est, puis c'est comme ça, puis
celle de l'émancipation du peuple québécois, de l'indépendance proposée par le
Parti québécois. Alors, eux, ils proposent... ils pensent arriver avec une
nouvelle voie, la troisième voie, celle qui a été essayée tant de fois dans
l'histoire du Québec et qui n'a jamais marché.
Et là, ils proposent... Il faut s'en
souvenir, c'est en novembre 2015 que ces propositions-là sont faites. Et là ça
fait sept ans de gouvernement de la CAQ avec des promesses faites aux
Québécois. Puis on entretient l'illusion qu'on va obtenir des changements à
l'intérieur de la Fédération canadienne. Et le bilan des 21 demandes, des
21 points qui sont vus comme minimaux par la CAQ, c'est zéro. C'est zéro,
comme le dit la chanson.
Je ne pourrais pas toutes les passer
aujourd'hui avec vous, là, mais on va... on va... on va les passer au peigne
fin tout à l'heure en interpellation. On va avoir 2 h de débats. Mais
remarquez que la motion, cette semaine, la résolution de l'Assemblée nationale,
c'était sur la nomination des juges des cours supérieures, alors que la demande
historique, c'est que ce soit l'Assemblée nationale qui désigne trois juges à
la Cour suprême du Canada. Ça n'arrivera pas. Ce n'est pas arrivé. Transfert de
points d'impôt, c'est quand la dernière fois que vous avez entendu le
gouvernement de la CAQ parler de ça? Zéro. Des transferts fédéraux, à chaque
fois, c'est la même chose, on demande tant, on reçoit ça. Rapport d'impôt
unique, élimination du déséquilibre dans les investissements, recherche et
développement, transfert de fonds pour les infrastructures : qu'est-ce
qu'on a entendu dans les dernières semaines depuis la présentation du budget?
Les ministres de la CAQ se plaignent du fait que le gouvernement fédéral ne
fait pas sa part pour les infrastructures. Toujours les mêmes rengaines, aucun
gain. Rapatriement des budgets fédéraux en culture, c'est quand la dernière
fois que vous avez entendu parler le gouvernement de la CAQ de ce point-là?
Zéro. Loi 101 appliquée aux entreprises à charte fédérale, toujours pas.
Ah, les fameux pouvoirs en matière de langue, d'immigration et de culture,
aucun gain. Reconnaissance constitutionnelle pleine et entière du Québec en
tant que nation, aucun gain. Pouvoir fédéral de dépenser, pire que jamais,
c'était vu comme une menace il y a 50 ans, il y a 75 ans, ça s'est
empiré. Puis là, on ne parle même pas de droit de veto du Québec sur les
modifications constitutionnelles, abolition aux réformes du Sénat, abolition de
la fonction de lieutenant-gouverneur, le gouvernement de la CAQ n'en parle même
pas.
Dans ce programme-là, c'est intéressant
parce que le mot «résultat», «avoir des résultats», c'est utilisé sept fois
dans leur document de 2015, le mot «gain», cinq fois, «on va aller chercher des
gros gains». Aucun résultat, aucun gain. Et c'est là-dessus que va être jugé le
gouvernement de la CAQ. Et c'est là-dessus que va être jugée cette troisième
voie proposée par la CAQ. Elle aurait au moins le mérite de démontrer une fois
pour toutes que c'est une illusion, cette troisième voie, et que la solution
pour l'avenir du Québec, c'est l'indépendance, c'est de faire un pays.
Là-dessus, je pourrais prendre vos questions.
Journaliste : Hier, M.
Legault a interpelé les chefs par rapport à l'immigration, par rapport à la
situation à la frontière. Est-ce que vous croyez donc qu'il aurait dû demander
plus aux chefs en cette période électorale? Ça semble être sa demande
maintenant, là, principale.
M. Paradis : Les demandes du
gouvernement Legault et du premier ministre Legault en matière d'immigration
sont une illustration patente, criante de ce qu'on dit aujourd'hui. Il a
commencé là, hein : Le Québec, c'est une question de survie, il doit avoir
tous les pouvoirs en immigration. Puis, mois après mois, il a été obligé de
baisser ses demandes puis d'arriver au strict minimum. Puis là il est rendu à
dire : Oui, mais là est-ce que, s'il vous plaît, on pourrait peut-être
faire ceci et cela? Donc, le Québec est encore en situation de quêter sa place
à la table des décisions en ce qui concerne l'immigration. Il n'y aura pas de
solution à cet imbroglio qui est le système de l'immigration qui a été saboté
par le gouvernement fédéral tant que le Québec n'aura pas réellement les pleins
pouvoirs en étant un pays indépendant.
Journaliste : ...à voter
Bloc, comme votre chef, aujourd'hui?
M. Paradis : Oui, tout à
fait. On l'a dit avant les élections, on l'a dit à plusieurs reprises pendant
l'élection. Vous avez questionné plusieurs fois Paul St-Pierre Plamondon...
Journaliste : Mais M. Paul
St-Pierre Plamondon avait dit : Je ne veux pas m'immiscer dans cette
campagne-là, je ne veux pas être impliqué là-dedans, puis là, hier, un long
message sur Facebook, fond de train contre Mark Carney, finissant en
disant : Je vote Bloc. Ce n'est pas un peu contradictoire tout ça?
M. Paradis : Non, parce que,
de fait, Paul St-Pierre Plamondon a fait ce qu'il avait dit qu'il ferait, puis
ça a été la même chose aussi dans les élections fédérales précédentes,
c'est-à-dire de ne pas s'immiscer dans la campagne, mais de commenter, par
contre, lorsqu'il s'agit du premier ministre du Québec... du Canada, parce que Mark
Carney est le premier ministre du Canada. Et ça, on l'a toujours fait parce que
ce qui se passe à Ottawa, ce qui se passe au fédéral a évidemment un impact au
Québec. Donc, ça, on peut commenter Mark Carney comme premier ministre du
Canada.
Et, notre vote, il est clair depuis le
début, tous les députés du Parti québécois votent Bloc. Mais moi, je suis
intéressé à savoir ce que répondent à cette question-là les autres partis. Que
fait François Legault avec son vote lundi? Que fait M. Tanguay? Que fait Ruba
Ghazal? Que font les députés de la région de Québec des autres partis ici? Moi,
je suis intéressé à le savoir. Nous, en tout cas, notre choix est clair.
Journaliste : Mais est-ce que
ce message-là à trois, quatre jours du jour du vote, ce n'est pas un signe que,
peut-être, il y a de l'inquiétude qu'il y ait des sièges bloquistes qui soient
perdus puis que, là... Il sort un peu de ce qu'il avait dit, de ne pas
s'immiscer dans cette campagne-là, au fond.
M. Paradis : On ne s'immisce
pas dans la campagne. C'est un rappel de ce qu'on a dit depuis le début de la
campagne, de ce qu'on a dit avant la campagne. Nous, on sait qu'il y a un parti
qui est fidèle aux intérêts du Québec à Ottawa et qui n'a aucune autre attache
que celle des intérêts du Québec, c'est le Bloc québécois. On le dit et on le
redit, et que, notre chef tout comme... comme tous les députés du Parti
québécois, on n'arrêtera pas de commenter l'action du gouvernement fédéral et
du premier ministre du Canada parce qu'il y a une campagne électorale.
Journaliste : Oui, mais tous
les ministres à quelques... le premier ministre à quelques semaines. M.
Paradis, vous dites : On parle du premier ministre. On parle du chef du
Parti libéral en campagne, là.
M. Paradis : Mais c'est le
premier ministre du Canada. Et, bien qu'il soit là depuis peu, c'est le premier
ministre du Canada. Et, comme Paul St-Pierre Plamondon l'indique dans son
message, on voit clairement qu'il va continuer l'héritage de Justin Trudeau,
auquel il a d'ailleurs participé en tant que conseiller de l'ancien premier
ministre Justin Trudeau.
Journaliste : Mais qu'est-ce
qui rend ça une menace existentielle, selon vous, la présence de Mark Carney,
comme potentiellement premier ministre?
M. Paradis : Paul St-Pierre
Plamondon l'indique dans son message, c'est qu'il va continuer les politiques
de Justin Trudeau qui ont nui au Québec au fil des dernières années. On vient
de parler d'immigration. Pour des raisons idéologiques, il y a eu un réel
sabotage d'un système d'immigration qui fonctionnait au Canada, qui était jugé
comme un des plus efficaces, des... généreux et efficaces dans le monde. Et,
aujourd'hui, on se retrouve avec une situation où ça a été saboté, ce
système-là. Et, on a comme proche conseiller du premier ministre du Canada Mark
Carney, l'idéateur de l'Initiative du siècle. L'Initiative du siècle, c'est
cette volonté de faire passer la population du Canada à 100 millions
d'habitants en une courte période de temps, notamment via l'immigration. Et
cette idéateur, lui, il a dit : Bien, que ça noie le Québec. Ils
continueront à aboyer, au Québec. Nous, on y va, on va par là. C'est un proche
conseiller du premier ministre actuel.
Les dépenses inconsidérées, comme si
l'argent était de l'argent de Monopoly, parce qu'on est tellement loin des
priorités du terrain. On dépense plus que jamais dans les compétences des
provinces et donc dans les compétences du Québec. Il fallait suivre la campagne
électorale pour voir à quel point on discutait des juridictions du Québec,
croissance exponentielle de la fonction publique, des dépenses du fédéral, qui
nous endettent, qui endettent les Québécois, pour à peu près aucun service.
Alors, au dernier calcul, on envoie 82 milliards de nos impôts au fédéral.
Imaginez ce qu'on pourrait faire avec cet argent-là au Québec, avec les
priorités du Québec, en respectant nos volontés, nos valeurs, nos façons de
faire les choses.
Journaliste : Puisque c'est
intime, j'ai deux questions sur un dossier régional, M. Paradis, si vous
permettez. Je voudrais avoir votre réaction sur l'abolition du programme de
régionalisation des demandeurs d'asile pour ces demandeurs d'asile là à Québec.
Je comprends, là, qu'il y a une dizaine de postes qui sont touchés. On parle
d'aide à l'emploi, d'hébergement, en francisation. C'est un programme de
15 millions que le gouvernement a décidé d'abolir. Comment vous réagissez
à ça?
M. Paradis : Bien, c'est
encore un programme du gouvernement de la CAQ qui ne fonctionne pas, qui est
annoncé en grande pompe, mais, ensuite, qui est coupé. Ça vient de l'idée, à
l'époque, de la ministre Christine Fréchette, là, de régionaliser
l'immigration, de faire en sorte que des gens, qui arrivent principalement à
Montréal, puissent être régionalisés, y compris à Québec. Ça va être à eux de
nous expliquer pourquoi il est aboli, pourquoi il est aboli, qu'est-ce qui fait
qu'alors qu'on l'a annoncé puis qu'on a dit que c'est une partie importante de
la solution, comment ça se fait qu'après si peu de temps il est aboli? Quelles
sont les données qui expliquent cette décision-là? Pour l'instant, on n'a pas
ces explications-là. On a des acteurs du milieu qui disent : Bien, c'est
inquiétant ce qui se passe. Mais au gouvernement de nous dire ce qui se passe.
Puis il faut revenir à la base. C'est... ce sabotage du régime d'immigration
dont je parlais, le gouvernement fédéral a sa part de responsabilité, le
gouvernement du Québec aussi. Le gouvernement du Québec a participé à la hausse
des seuils qui sont devenus invivables compte tenu de notre capacité d'accueil,
mais surtout aussi à bâtir un régime qui... où il n'y a pas d'adéquation entre
les besoins puis entre les services qu'on livre.
Journaliste : Mais le cabinet
de M. Roberge dit avoir observé — la raison pour laquelle il a
coupé, là, M. Paradis — une diminution des usagers cet hiver. La
question que je vous pose : Est-ce que ça justifie de couper ce
programme-là? Car vous avez vu ou vous avez lu, les intervenants du milieu, ils
disent... pas le chiffre exact de ces demandeurs d'asile dans la Capitale-Nationale,
mais il y en aurait des centaines. Puis ces gens-là se sont retrouvés avec plus
rien, là, plus d'aide, là. Donc, c'est là où je veux vous faire réagir.
M. Paradis : Bien, j'ai lu
les réponses qu'on a obtenues, je ne les trouve pas très satisfaisantes.
J'aimerais en savoir plus, parce que ça ressemble un peu à ce qui s'est passé
en francisation, un dossier sur lequel j'ai été très actif. On avait notamment,
ici, dans la capitale nationale, un système qui fonctionnait, où il y avait des
gens compétents qui, depuis très longtemps, participent à l'accueil et
l'intégration réelle des personnes migrantes avec des services de qualité. Et
on a mis la hache là-dedans. On a mis à la porte ces gens-là pour créer quelque
chose d'autre dont on ne sait toujours pas exactement c'est quoi à côté. Alors,
même chose pour ce service-là. Il était là, il fonctionnait. Qu'est-ce qui fait
qu'on l'a coupé? C'est quoi les données? Par quoi on le remplace ou par quoi on
ne le remplace pas?
Mais il faut revenir aussi sur les
priorités. Il faut revenir à des seuils qui sont raisonnables et qui nous
permettent de faire une intégration et un accueil réussis des personnes
migrantes avec des services de qualité. Parce que, nous, on est de cette
école-là : une fois que les gens sont chez nous, il faut s'en occuper puis
il faut s'assurer qu'ils soient accueillis dignement et qu'ils soient intégrés
de manière... bien, en français, mais avec des services comme tous les autres
Québécois, avec un accès à l'emploi équivalent aux autres Québécois. Ça, c'est
l'essence même de notre position. Mais ça, ça veut dire que ça prend des seuils
raisonnables. Puis ça veut dire aussi, notamment, parce que, là, on parle
beaucoup des temporaires, c'est beaucoup des temporaires. Donc, nous, on le dit
depuis le début, il faut revenir à un système efficace. Là, on est toujours
dans le plan b, dans la solution de remplacement. Qu'est-ce qu'on fait avec les
temporaires pendant l'immense période de temps qu'on prend à traiter les
demandes? C'est là-dessus qu'il faut travailler, donc des seuils raisonnables
puis aussi une capacité de traitement des dossiers qui font en sorte qu'on
donne une réponse rapidement aux demandes de citoyenneté et aux demandes de
certificats des gens qui sont ici sur une base temporaire.
Journaliste
: Entendu.
M. Paradis : Merci. Bonne
journée.
(Fin à 9 h 37)