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(Onze heures deux minutes)
Mme Ghazal : Alors, bonjour,
tout le monde. Très heureuse d'être ici avec vous, accompagnée de mon collègue Etienne.
Bon, c'était élection fédérale hier. On a tous dormi très tard. Je veux tout d'abord
féliciter M. Mark Carney d'être maintenant le premier ministre du Canada et je
félicite aussi toutes les personnes qui ont été candidates, qu'ils aient gagné
ou pas, d'avoir participé à cet exercice démocratique. Ça prend toujours du
courage de mettre sa face sur une pancarte. Donc, je félicite toutes les
personnes candidates et les personnes aussi qui ont été élues.
Maintenant, dans le contexte actuel, où
est-ce qu'on a un gouvernement minoritaire du Parti libéral, j'invite François
Legault à faire deux choses, tout d'abord de négocier comme du monde, d'arrêter
d'être un mauvais négociateur en matière de transport en commun pour aller
chercher l'argent du fédéral, c'est l'argent des Québécois, pour investir
massivement dans les transports en commun. La crise tarifaire ne vient pas
éliminer la crise climatique comme ça, tout d'un coup. Donc, c'est important qu'on
ait l'argent du fédéral ici puis qu'il y croie, pour commencer, au transport en
commun, pour aller chercher notre argent. La deuxième chose : le Canada,
peu importe qui est à sa tête, c'est un État pétrolier. Ça, c'est un fait.
Donc, j'espère que le premier ministre va refuser tout projet de pipeline que
Mark Carney va vouloir nous passer ici sur la gorge en saccageant notre
environnement puis en ne créant presque pas d'emplois puis en n'ayant aucun
bénéfice économique pour qui que ce soit. Donc, voici les deux demandes que je
fais à François Legault et sur lesquelles je vais... je vais le surveiller face
à ses relations avec M. Mark Carney. Merci.
M. Grandmont : Merci
beaucoup, Ruba. Je vais aller un petit peu plus loin sur l'analyse en termes de
demandes à François Legault en ce qui a trait notamment à l'économie. Ce matin,
François Legault a tweeté qu'il voulait que... il voulait protéger l'économie
du Québec. Bien, l'économie du Québec, il y a deux choses qui... qui plombent
sa balance commerciale, là, c'est le pétrole puis c'est les automobiles qu'on
achète au Québec. Donc, si on veut développer l'économie du Québec alors qu'en
même temps on veut réduire notre impact sur la crise climatique, bien, il y a
une seule façon de le faire, c'est d'investir dans l'industrie que nous avons,
dans les industries que nous avons ici, au Québec. On produit de l'électricité
verte et on produit aussi des systèmes de transport collectif.
Donc, moi, ce que je demande à François
Legault, c'est de faire aussi bien que l'Alberta, de faire aussi bien que
l'Ontario qui, depuis quelques années, réussissent à aller chercher une part du
gâteau qui est considérable. On le sait, il y avait un reportage qui montrait
bien que l'Ontario allait chercher jusqu'à 12 milliards de dollars en
infrastructures, l'Alberta, 4 milliards de dollars, le Québec seulement
4 milliards aussi. Alors, au prorata, là, en taille... par tête de pipe,
là, François Legault a fait très, très, très peu pour aller chercher de
l'argent, notre argent, à Ottawa. En fait, notre argent, actuellement, là, sert
à financer des projets de transport collectif ailleurs au Canada, en Ontario
puis en Alberta. Donc, moi, ce que je lui demande, là, c'est de pousser sur
l'accélérateur, de repartir une relation de négociation forte avec Mark Carney,
tant qu'on fait partie du Canada, puis qu'on aille chercher notre contribution,
notre argent qui dort à Ottawa pour faire le projet de tramway dans les délais
les plus brefs, pour faire le projet structurant de l'est à Montréal dans les
plus brefs délais, pour que le projet de TGV entre Québec et Windsor se fasse
dans les délais les plus brefs aussi. On en a besoin. On a besoin de développer
des quartiers qui sont moins dépendants de l'automobile parce que ça, ça plombe
notre économie au Québec. Merci.
Journaliste
: ...on
veut pour François Legault au lendemain de cette élection générale. Mais quand
vous regardez avec un pas de recul ce qui est arrivé hier, vous ne pensez pas
que tant au niveau des champs de compétence que des transferts vers les
provinces, que c'est du pareil au même, Justin Trudeau et Mark Carney?
Mme Ghazal : François
Legault, là, moi, je n'ai pas beaucoup d'espoir qu'il va faire mieux avec Mark
Carney que ce qu'il a fait avec Justin Trudeau. Toutes les demandes et toutes
les promesses puis les espoirs qu'avaient François Legault et le gouvernement
de la CAQ pour avoir plus d'argent, par exemple, de transferts en santé, pour
avoir le rapport d'impôt unique, pour avoir plein de demandes au fédéral, ça a
toujours été non, non, non. La plus récente demande qui a été faite, c'était
par le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, que le Québec ait son mot
à dire sur la nomination des juges. Mark Carney a dit non, déjà. Donc, je n'ai
pas beaucoup d'espoir que Legault va aller obtenir plus de gains. Nous,
notre...
Journaliste
: ...
Mme Ghazal : Pardon?
Journaliste
: Pardon,
désolé. Vous me parlez de François Legault. Moi, je vous parle de Mark Carney.
Mme Ghazal : Oui, c'est
ça. Je n'ai pas beaucoup d'espoir que Mark Carney va écouter le Québec plus que
ce qui a été fait avec Justin Trudeau. Un, parce que sur les enjeux, disons,
qu'on parle ici, qui sont des priorités prioritaires, c'est-à-dire aller
chercher notre argent pour investir en transport en commun et ne pas faire de
pipeline, François Legault n'y croit pas. Déjà, ça va mal. Puis même s'il y
croyait, faire la demande à Mark Carney, peu de succès parce que le Canada est
un État pétrolier, peu importe qui est à sa tête. Donc, on a peu d'espoir.
Nous, notre espoir, on le fonde pour faire nos propres choix, ici, au Québec,
c'est en étant un pays indépendant. Mais on répète, dans le contexte dans
lequel on est, alors qu'il y a les changements climatiques, alors que tous les
projets de transport en commun brettent, on fait quand même des demandes dans
le contexte où on est encore une province canadienne.
Journaliste
: ...du
Bloc Québécois, de dire qu'il voulait travailler avec M. Carney?
Mme Ghazal : Bien, je n'ai
pas de... Le parti... Le Bloc Québécois est un parti indépendant de Québec
solidaire. Donc, ils font leur propre stratégie. Je n'ai pas de commentaire à
faire avec ça. Chacun des partis politiques a...
Journaliste
: ...vous
demandez essentiellement la même chose, de négocier avec Ottawa?
Mme Ghazal : Bien, lui,
il est dans une autre...
Journaliste
: ...donner
un rapport de force avec...
Mme Ghazal : Moi, je n'ai
aucune attente que les intérêts du Québec vont être mieux défendus au Parlement
d'Ottawa. Les intérêts du Québec vont être défendus ici, au Québec seulement,
par des élus québécois du Québec. Et c'est ici que ces décisions-là doivent
être prises. Après ça, s'il y en a d'autres qui veulent aller chercher des
choses, bien leur fasse, mais je ne veux pas... Je n'ai pas de commentaire à
faire sur la stratégie des autres partis fédéraux.
Journaliste
: ...ça
fait que le Bloc n'est pas utile selon vous.
Mme Ghazal : Je n'ai pas
de commentaire à faire sur l'existence des partis fédéraux. On est dans une
démocratie. On est encore dans le Canada. Il peut y avoir tous les partis
politiques qui font toutes leurs stratégies. C'est tout à fait sain et
légitime. Moi, je n'ai pas de commentaire à faire au fédéral, pour n'importe
quel parti politique. Nous, on fait la politique ici au Québec, et l'État dans
lequel on croit, c'est l'État québécois.
Journaliste
: ...une
réserve par rapport aux conservateurs de Pierre Poilievre... Vous faites des
commentaires... de Pierre Poilievre. Pourquoi vous faites des commentaires sur
eux?
Mme Ghazal : Bien,
d'ailleurs, il y a une chose dont je me réjouis énormément, c'est qu'on n'ait
pas eu un gouvernement de Pierre Poilievre parce qu'il a un recul sur des
principes fondamentaux qui est le principe d'égalité entre les femmes et les
hommes. Les droits des femmes sont attaqués. Donc là, oui, quand les droits des
femmes sont attaqués par un parti qui a beaucoup de gens qui sont antichoix,
oui, là, je n'ai aucune réserve à dire que je suis contre ça, et Québec
solidaire aussi, comme parti féministe, est contre ça.
Journaliste
: Mais
qu'un gouvernement ait... Pardon, qu'un gouvernement? Qu'un parti
indépendantiste comme le Bloc Québécois dit vouloir s'associer avec un parti
fédéraliste comme le Parti libéral, ça, ça ne vous dérange pas.
Mme Ghazal : Bien, c'est-à-dire
qu'ils font leurs propres décisions. Je ne veux pas être... Je ne suis ni pour
ni contre. On est neutres face aux stratégies d'un parti fédéral. Parce que le
Bloc québécois, même s'il est indépendantiste, c'est un parti qui siège à
Ottawa. Ils sont... Ils font la stratégie qu'ils veulent, ça ne me choque pas
puis ça ne me... En fait, je suis indifférente face à ça.
Journaliste
: Vous vous
êtes souvent inquiétée de l'affaiblissement des partis de gauche. Quel signal
envoient, vous croyez, les résultats obtenus par le NPD hier?
Mme Ghazal : C'est sûr que,
moi, ce qui m'inquiète ici, c'est... ce qui est important pour moi, c'est la
gauche ici, au Québec. C'est pour ça que j'ai mis de l'avant beaucoup la
question que Québec solidaire, on doit être le parti des travailleurs et des
travailleuses. On est les seuls à l'Assemblée nationale, alors que la CAQ va à
l'encontre des droits des travailleurs, travailleuses, à les défendre, à porter
leur voix.
Maintenant, ce qui va se passer d'ici
l'élection en octobre 2026... il n'y a pas d'influence de l'élection actuelle
sur ces résultats-là. C'est deux choses différentes. Mais, oui, à travers le
monde, les partis de gauche ont de la difficulté à se faire entendre, partout à
travers le monde. Moi, je me concentre sur ici, le Québec, pour être prêts pour
2026, et ce qui s'est passé dans les élections fédérales n'a aucune... n'a
aucune influence sur ce qui va arriver en 2026 au Québec.
Journaliste
: ...dit la
même chose, il dit qu'il veut être le parti des travailleurs, de la classe
ouvrière. Vraisemblablement, ce message-là ne lui a pas servi. Vous pensez que
ça va vous servir davantage l'an prochain?
Mme Ghazal : Je n'ai pas
d'analyse à faire avec ce qui s'est passé. On sait aussi le contexte avec
lequel toutes les élections se sont passées. Il y a à peine six mois, on ne
savait pas que ça allait être ça, le résultat. En politique, les choses
changent énormément vite, donc tout peut arriver, et tout peut arriver en 2026.
Ce qui s'est passé en ce moment n'a pas d'impact ou n'a pas de relation avec ce
qui va se passer en 2026 pour un parti de gauche ici, au Québec.
Journaliste
: M.
Grandmont, puisque vous en avez parlé, est-ce que vous pensez que le tramway a
été sauvé hier?
M. Grandmont : Moi, je...
Depuis... Depuis que le tramway a été annoncé, hein, puis, vous savez, ça fait
longtemps que je travaille sur ce dossier-là, là, j'ai tout le temps dit que ça
ne serait pas une balade dans le parc, pour reprendre l'expression anglophone.
Donc, je ne pourrais pas dire qu'il a été sauvé, mais je vais travailler
d'arrache-pied avec toutes les personnes qui sont présentes actuellement pour
faire en sorte que ce projet-là se réalise. C'est un projet qui est important
pour Québec solidaire. C'est un projet qui est important pour les gens de la
circonscription que je représente, celle de mon collègue aussi dans
Jean-Lesage. L'échiquier a changé un peu. On a des nouveaux acteurs en
présence. On va prendre des... On va faire des rencontres rapidement avec eux
autres pour se mettre à l'ouvrage, parce que ce projet-là doit se faire dans
les délais les plus brefs. On sait qu'on en a besoin pour les changements
climatiques, on sait qu'on en a besoin aussi pour, comme je le disais tantôt,
là, réduire notre dépendance à l'automobile, redévelopper la ville sur
elle-même. C'est un vecteur de développement économique et social
superintéressant également. Donc, pour moi, là, les acteurs ont un peu changé,
mais on va simplement s'atteler à la tâche pour continuer à travailler. Si le
résultat avait été très différent, on aurait... on aurait foncé avec le même
aplomb pour que ce projet-là se réalise.
Journaliste :
On what happened to Mr. Singh last
night, the fact that he has to resign, how did you react? Because the Québec
solidaire teams and also NDP teams have been helping each other over the years.
Is it heartbreaking for you to see this left-wing political leader that has to
resign?
Mme Ghazal :
Well, I just want to correct an
information. In Québec solidaire, we have members that... «appuient»...
Journaliste :
Support.
Mme Ghazal : Yes. In Québec solidaire, we have members that support a lot of parties
in the federal. Some of them support Bloc, some other NDP. So...
Journaliste :
...some cases that QS...
Mme Ghazal : No, no. If you go at Saguenay-Lac-Saint-Jean, you can see that they
support other...
Journaliste :
...all I'm saying is that you had
volunteers of Québec solidaire that did help, in the past, NDP in different
campaigns...
Mme Ghazal :
And also the Bloc. This is a fact.
That's important to say it.
Journaliste :
...but this is not... it's not a
mistake to say that this parallel... I'm not saying the opposite. All I'm
saying is that it was a nightmare for Jagmeet Singh last night. He is the
left-wing political leader. So, how did you react personally to see this?
Mme Ghazal :
Well, for... in politics, it's hard.
There's good days and there's bad days. And, behind the politicians, there's
people, human being who... and sometimes politics is hard. And I'm sure that
it's hard for M. Singh, or even M. Poilievre also, it should be hard, because
he lost his own riding. So...
Journaliste :
What does that tell you for the
left-wing parties?
Mme Ghazal :
So, for... So, humanitarian... in a
human way, it's hard for people. And this is... this is politics.
Now, for the left, here
I'm concerned about our political party, Québec solidaire, in Québec, and what
happened in the federal election has no influence of what's happening here, in
Québec, and what will happen in the election in one year and a half. But it's
true that, in all around the world, we see all these right-wing parties being
in power and we see also women and equality going back. So, the left-wing
parties have difficulties to be here. So, I can't concentrate on what's
happening in Ottawa or all other countries in the world, I'm concentrating
here. And my focus with Québec Solidaire is that we continue to be the voice of
the workers here, in Québec, especially when the CAQ and M. Legault is
attacking worker... worker class here, in Québec, and their rights. We are the
only party who speaks for them in the National Assembly of Québec and we will
continue until 2026.
Journaliste :
And do you trust Mark Carney to make a
difference for Québec, a good difference?
Mme Ghazal :
I have only confidence with people
here, in Québec, to make good decisions for Québec. Unfortunately, in the past,
M. Legault tried to negotiate, negotiate with Justin Trudeau and it was all «un
échec».
Journaliste :
A failure.
Mme Ghazal : Yes. And it was a failure, and I think it will be also a failure with
Mark Carney. The only way to defend the interests of Québec is to be a country.
La
Modératrice : Merci beaucoup.
(Fin à 11 h 16)