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(Douze heures cinquante-sept minutes)
Le Modérateur : Alors,
bonjour à tous et bienvenue à ce point presse du Parti québécois portant sur la
rémunération des stages étudiants. Pendront la parole, pendant ce point de
presse, Mme Catherine Gentilcore, députée de Terrebonne et porte-parole du
Parti québécois en matière d'enseignement supérieur, Jacob Parisée, qui est
vice-président de la Fédération étudiante collégiale du Québec, et de Flora
Dommanget, qui est présidente de l'Union étudiante du Québec.
Mme Gentilcore : Bonjour,
bonjour, tout le monde! Aujourd'hui, j'ai le plaisir d'accueillir Flora Dommanget,
qui est juste ici, de l'Union étudiante du Québec, et Jacob Parisée, qui lui
est de la Fédération étudiante collégiale du Québec.
Vous le savez, au Parti québécois, il y a
une question qui nous préoccupe énormément depuis le début de l'actuel mandat
de la CAQ, et c'est celle de la rémunération de tous les stages étudiants. On a
eu, à plusieurs reprises, des engagements de la CAQ, que ce soit par des votes
dans le cadre de motions ou encore des annonces qui ont été faites, qui nous
laissaient croire que, vraiment, on y était presque, que les stages allaient
tous été... être rémunérés. Ça fait deux ans de ça, et on est en... maintenant
en mai 2025. On est encore très loin du compte, le ministère en éducation a
trouvé une formule trois plus un qui est loin de convenir à tout le monde, qui
est loin de faire l'unanimité. Et pour ce qui est des autres ministères, il n'y
a absolument rien qui a bougé depuis.
J'aimerais insister sur le fait qu'on
parle surtout d'étudiantes parce que les secteurs concernés sont vraiment à
prédominance féminine. L'équité salariale, à mon sens, débute au tout début de
la chaîne, donc dès la rémunération des stages étudiants. J'aimerais dire aussi
que j'ai questionné non pas un, non pas deux, mais trois ministres, la semaine
dernière, au sujet de la rémunération des stages, dont la ministre de la
Condition féminine, parce que je juge que c'est un enjeu qui est féministe
aussi, évidemment, la ministre de l'Enseignement supérieur et le ministre à la
Jeunesse, et ils m'ont tous dit la même chose, c'est-à-dire que c'était une
priorité pour eux et qu'ils espéraient vraiment qu'on puisse rémunérer les
stages d'ici la fin de leur mandat. Donc, je pense que là, c'est vraiment le
moment pour la ministre de l'Enseignement supérieur de se saisir de l'enjeu, de
faire preuve de leadership et d'amener ses collègues ministres à trouver des
solutions concrètes et tangibles. Nous n'accepterons plus un non comme réponse
à la rémunération des stages. Ce qu'on nous a servi comme réponse pendant les
crédits, ce n'est ni viable ni respectueux du travail des stagiaires et qui
oeuvrent dans des... Dans des secteurs de notre... de nos services publics qui
sont névralgiques, où il y a une grande pénurie de main-d'œuvre.
Il y a de l'argent dans les ministères
pour rémunérer le personnel. Il y a pénurie de main-d'oeuvre dans plusieurs de
ces secteurs, je le disais. Donc, il y a une solution directe et évidente à ce
problème-là, et c'est de rémunérer tous les stages. Et on a aussi des modèles
qu'on peut suivre. Je parlais avec le recteur de l'Université du Québec à
Trois-Rivières la semaine dernière et lui, il disait qu'il avait trouvé et mis
une politique en place au sein de leur... de leur université pour rémunérer les
stages sans pour autant, là, empiéter sur les stages d'observation. Donc, les
solutions sont là et on demande au gouvernement d'agir. Je passe la parole à
Jacob.
M. Parisée (Jacob) : Parfait!
Donc. Bonjour à toutes et à tous. D'abord, merci, Catherine, de nous accueillir
aujourd'hui, on apprécie vraiment ton soutien. Je m'appelle Jacob Parisée, je
suis vice-président de la Fédération du Québec. La FEQ représente 28 des
associations étudiantes réparties dans 13 régions administratives pour un
total de plus de 70 000 membres. Ce qui en fait la voix la plus
importante pour les personnes étudiantes collégiales au Québec.
Je vais aller tout droit au but, les
stagiaires méritent d'être rémunérés. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est la
ministre de l'Enseignement supérieur elle-même, Pascale Déry, en avril 2023. C'est
aussi la même ministre qui, ici même, a voté à deux reprises en faveur de
motions pour la rémunération des stages, mais c'est également la même ministre
qui, il y a quelques jours à peine, affirmait, en disant être transparente et
très franche, qu'elle n'allait pas rémunérer les stages. Eh bien, nous aussi,
aujourd'hui, on va être transparents et très francs. En 2025, c'est encore
84 % des stages au Québec qui ne sont toujours pas rémunérés. Ça
représente des dizaines de milliers de personnes étudiantes, majoritairement
des femmes, à qui on demande de faire jusqu'à 40 heures de stage par
semaine sans même recevoir une cent.
Ce qu'on envoie comme message, ce que la
ministre Déry envoie comme message, c'est que leur travail, leur travail ne
vaut pas la peine d'être payé, et ça, c'est profondément injuste et surtout
complètement incompréhensible. Parce que, quand les personnes étudiantes sont
en stage, elles jouent déjà un rôle essentiel en contribuant activement à
pallier à la pénurie de main-d'œuvre. C'est nos futures enseignantes, nos
futures infirmières, nos futures éducatrices, nos futures travailleuses
sociales. Elles sont la relève. Et, sans elle, cette pénurie-là, elle ne va que
s'aggraver. Mais, au lieu de les appuyer, on les épuise, puis après ça on ose
se demander comment est-ce que ça se fait qu'on manque de monde encore dans nos
services publics.
Eh bien, évidemment, ne pas rémunérer nos
stages, c'est aussi plonger les stagiaires dans la précarité, c'est leur
demander de concilier un stage, des études, un emploi, parfois même des
responsabilités familiales, tout ça dans un contexte où le loyer, l'épicerie et
le transport coûtent de plus en plus cher. Aujourd'hui, c'est 40 % des
personnes étudiantes qui vivent de l'insécurité alimentaire. Et, non,
contrairement à ce que la ministre de l'Enseignement supérieur répète sans
cesse, l'aide financière aux études, ça ne suffit pas. Chez les personnes qui
en bénéficient, ce chiffre grimpe à 46 %.
Puis, comme si ce n'était pas déjà assez
difficile, le gouvernement a aussi décidé de couper les bourses Perspective
Québec, des bourses qui, rappelons-le, étaient principalement destinées à des
domaines où les stages ne sont pas rémunérés. On vient donc enlever une aide
financière essentielle à des personnes à qui on demande déjà de travailler
gratuitement. Je vous dis tout ça, mais j'entends déjà la réponse de la
ministre Déry. Elle va nous dire qu'elle assume avoir appuyé la rémunération
des stages, mais que, bon, son gouvernement a dû faire des choix.
Alors, nous, on aimerait ça savoir :
Quand est-ce qu'on va enfin faire le choix de la population étudiante? Parce
que, tant qu'on ne le fera pas, ce sont ces personnes qui vont devoir continuer
de faire des choix, des choix comme : Est-ce que je paie mon loyer ou je
mange trois repas par jour, est-ce que je continue mes études ou je vais
travailler à temps plein? C'est pour ça que, le mois dernier seulement, plus de
37 000 personnes étudiantes étaient en grève partout à travers la
province pour la rémunération des stages et qu'une lettre ouverte signée par
49 organisations représentant plus de 1 million de personnes a été
publiée, pour demander la même chose, que le gouvernement respecte sa parole et
rémunère tous les stages. Parce que ce n'est pas un caprice, ce n'est surtout
pas un luxe, c'est la moindre des choses. Donc, aujourd'hui, on est ici pour le
redire, le travail des stagiaires doit être rémunéré.
Mme Dommanget (Flora) : Bonjour
à vous. Je m'appelle Flora Dommanget et je suis présidente de l'Union étudiante
du Québec.
L'UEQ regroupe 14 associations
étudiantes universitaires, soit actuellement 110 000 personnes
étudiantes à travers le Québec. Encore une fois, l'enjeu de la rémunération des
stages est au cœur de nos priorités. On demande au gouvernement de venir
rémunérer l'ensemble des stages.
La semaine dernière, on constatait, encore
une fois, un retour en arrière des promesses de la ministre Pascale Déry. Si on
rappelle le déroulement des dernières années, mars 2023, une première motion à
l'Assemblée nationale du Québec pour la rémunération des stages adoptée à
l'unanimité. Septembre 2023, une deuxième motion à l'Assemblée nationale du
Québec pour la rémunération des stages adoptée à l'unanimité. Mars 2024, un
retour en arrière, le gouvernement arrive avec un budget avec aucune mesure
pour la rémunération des stages. En automne 2024, deux motions déposées à
l'Assemblée nationale du Québec pour la rémunération des stages rejetées pour
la CAQ. Pourtant, en septembre dernier, le ministre de l'Éducation, Bernard
Drainville, et la ministre de l'Enseignement supérieur, Pascale Déry,
réouvraient la porte pour venir rémunérer les stages. Il y a quelques semaines,
la ministre de l'Enseignement supérieur revenait, encore une fois, sur sa
parole. Ce n'est pas acceptable.
Les partis de l'opposition l'ont pourtant
bien compris, eux. Ils sont unanimes sur la question. Il y a un consensus au
Québec, et pourtant la CAQ décide, encore une fois, de ne pas écouter sa
population. Nos futures enseignantes, nos futures infirmières, nos futures
travailleuses sociales et bien d'autres dans les domaines à prédominance
féminine sont complètement oubliées et délaissées. Ce n'est pas... Ce n'est pas
normal qu'on ne reconnaisse pas leur travail à leur juste valeur, surtout dans
un contexte où on a de plus en plus besoin de ces métiers. Ce n'est pas normal
que nos personnes étudiantes, particulièrement en situation de précarité,
soient encore délaissées. Je suis en... Je suis en ingénierie, mes stages sont
payés, je vois à quel point c'est vraiment essentiel. Il est clair que sans
cette paie, avec une charge de travail à temps plein, je n'aurais pas pu
concilier mes études à mon travail. J'aurais dû faire de nombreux sacrifices. Ça
aurait été difficile, voire même impossible, pour moi, surtout avec l'inflation
des dernières années et avec l'augmentation des loyers.
Dans le contexte actuel où la population
étudiante a un besoin criant de soutien, le gouvernement coupe dans le réseau
universitaire. Le gouvernement est actuellement en train de s'acharner sur la
population étudiante, et ce n'est pas normal. Alors, au lieu de répondre
présente, la ministre veut que les stagiaires continuent de travailler sans
être payés. Au lieu de répondre présente, la ministre préfère couper un
programme destiné à donner des bourses aux personnes étudiantes. Au lieu de
répondre présente, la ministre préfère couper dans l'enquête sur les violences
à caractère sexuel en milieu postsecondaire qui devait avoir lieu sur les
campus du Québec.
L'UEQ est aujourd'hui ici, à côté de la
FEQ et à côté du Parti québécois, parce qu'on en a assez. Quand la ministre
évite ses responsabilités, ce sont les stagiaires et les personnes étudiantes
qui en paient le prix. Merci.
Journaliste : Oui. Bonjour.
Simon Carmichael, pour Le Soleil. Est-ce qu'on sait, la rémunération des
stages, ça ressemblerait... ça ressemblerait à quoi en termes de coût pour les
finances publiques?
Mme Gentilcore : J'ai posé la
question à la ministre et il ne semblait pas y avoir de réponse claire
là-dessus. Je n'ai pas obtenu de montant, non, de mon côté pour combien ça
pourrait être...
Journaliste : En 2014, Mme
Marois, dans une entrevue avec l'Exemplaire de l'Université Laval, disait que
c'étaient des sommes considérables, donc elle ne voulait pas prendre
d'engagement en lien avec la rémunération des stages. Pourquoi la position du
Parti québécois a changé? Puis, si vous êtes élus, comment vous allez payer ça
essentiellement?
Mme Gentilcore : Bien, en
fait, là, l'engagement est du côté de la CAQ. C'est-à-dire que la CAQ s'est
clairement engagée à rémunérer les stages à plusieurs reprises.
Journaliste : Est-ce que vous
vous engagez clairement à rémunérer les stages?
Mme Gentilcore : Évidemment
que, si le gouvernement du... si le Parti québécois prend le gouvernement, la
tête du gouvernement en 2026, on devra aussi regarder ce qui va être fait au
niveau... au niveau de... ce qui va être laissé comme contexte.
Journaliste : Vous dites
«regarder», mais est-ce que...
Mme Gentilcore : Non, non,
non...
Journaliste : Est-ce que vous
vous engagez à rémunérer les stages?
Mme Gentilcore : La position
du Parti québécois est très claire là-dessus. Le Parti québécois soutient la
rémunération des stages absolument. Ça fait à plusieurs reprises, mon collègue
Pascal Bérubé l'a dit et l'a redit, donc nous, on soutient absolument la
rémunération des stages. En ce moment, par contre, c'est vraiment à la CAQ
d'agir parce que ça fait plusieurs années qu'ils le promettent aux étudiants,
aux étudiantes. Ils l'ont promis de multiples façons, on l'a dit, que ce soit
par des votes dans des motions, que ce soit par des déclarations qu'ils ont
faites aussi publiquement. Les trois ministres que j'ai questionnés à ce
sujet-là la semaine dernière étaient sans équivoque, il faut rémunérer les
stages étudiants. Maintenant, c'est l'argent qui semble manquer. Ils l'ont dit,
il faut faire des choix. Mais c'est une promesse qui a été faite. Donc, ça va
être un autre exemple parfait de cas où la CAQ promet quelque chose et fait
l'inverse par la suite. Donc, pour l'instant, la pression est sur eux et c'est
à eux d'agir. C'est eux qui sont au gouvernement.
Du côté du Parti québécois, on soutient la
rémunération des stages. On pense que c'est essentiel, surtout dans des
secteurs névralgiques de notre système public comme la santé et l'éducation. Il
y a de l'argent, dans les ministères, d'embauche pour rémunérer les stages. Donc,
oui, c'est un... c'est la ligne du Parti québécois.
Journaliste : Puis, si vous
devenez ministre ou première ministre, je ne sais pas, là, on verra ce qui se
passe...
Mme Gentilcore : C'est bien
loin.
Journaliste : C'est bien
loin. Mais, au terme des prochaines élections, si le Parti québécois forme le
prochain gouvernement, comment est-ce qu'il va financer la rémunération des
stages?
Mme Gentilcore : Bon,
écoutez, comment financer la rémunération des...
Journaliste : Quels choix
vous allez faire?
Mme Gentilcore : Il y aura
plusieurs choix à faire. On l'a... On l'a dit à plusieurs reprises, la première
chose qu'on ferait, c'est couper dans le bar ouvert des subventions aux
entreprises. Ça, c'est la première place où on irait chercher de l'argent.
Notre chef Paul St-Pierre Plamondon, mon collègue Pascal Paradis en a parlé à
plusieurs reprises, il y a une façon facile d'aller chercher de l'argent à ce
niveau-là. Ensuite de ça, réduire la paperasse, réduire tout ce qui est...
comment on appelle ça, des fonctionnaires, là...
Journaliste : La
bureaucratie.
Mme Gentilcore : Bon. Donc,
les hauts fonctionnaires, les postes de hauts fonctionnaires, la taille de
l'état qui a explosé dans les dernières années sous la CAQ, il y a des
économies à aller faire là, fort probablement, de réduire, là, la paperasse,
réduire tout ce qui est bureaucratie, faire en sorte d'aller faire des gains là
en efficacité. Donc, ça, c'est déjà deux postes majeurs où on pourrait couper
et où on pourrait aller rechercher de l'argent. Évidemment, je l'ai dit et je
le redis, si le Parti québécois venait prendre le pouvoir en 2026, il y aurait
évidemment tout un contexte financier qui sera laissé par le gouvernement en
place actuellement. Et il y aura évidemment une étude exhaustive à faire de ce
contexte-là. Mais, la rémunération des stages, c'est prioritaire pour le Parti
québécois.
Journaliste : Puis est-ce que
le contexte financier ou budgétaire au Québec, en ce moment, sous le gouvernement
de la CAQ, permet aux Québécois de s'offrir la rémunération des stages selon
vous?
Mme Gentilcore : Je pense que...
C'est un engagement qui a été pris par la CAQ. Eux, ils étaient en mesure, dans
leur budget, de prévoir la rémunération des stages. Je ne vois pas pourquoi ça
aurait changé à ce point-ci. On l'a dit, il y a eu du gaspillage d'argent
récurrent qui a été fait par la CAQ, il y a... il y a des places où était
l'argent où on croit que l'argent aurait pu aller ailleurs. Je pense que c'est
là-dessus qu'il faut se pencher aujourd'hui. C'est une promesse qui a été faite
et c'est une promesse qui doit être tenue.
Journaliste : Une dernière
question : Est-ce que vous pensez que Mme Déry, elle souhaite vraiment la
rémunération des stages? Pensez-vous qu'elle, dans sa conviction profonde, elle
pense que ça doit être rémunéré?
Mme Gentilcore : Oui.
J'espère que oui. Si ce n'est pas le cas, elle n'aura pas dit la vérité dans le
cadre de l'enquête des crédits. Mais, dans le cadre de l'enquête des crédits,
elle a dit que c'était véritablement une volonté de sa part. C'est ce qu'on...
ce que m'a dit aussi M. Lacombe à la Jeunesse et Mme Biron à la Condition
féminine. Donc, les ministres semblent s'entendre pour dire que c'est la chose
à faire, qu'ils veulent le faire. Et c'est la commande d'en haut au niveau de
l'argent qui semble ne pas venir. Donc, c'est pour ça que j'en appelle au
leadership de Mme Déry dans cette situation-là. Actuellement, c'est à elle de
prendre les ministres avec elle et de s'assurer que cette promesse-là soit
tenue.
Journaliste : Merci beaucoup.
Mme Gentilcore : Merci.
Le Modérateur : Merci
beaucoup. C'est ce qui met fin à ce point de presse.
(Fin à 13 h 12)