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(Dix heures trente-quatre minutes)
M. Paradis : Bonjour! La
commission d'étude détaillée du projet de loi n° 69 réformant le secteur
de l'énergie se continue cette semaine. Se continuera-t-elle à l'automne? C'est
ça, la question. Le gouvernement de la CAQ est en train de jouer à la roulette
avec notre avenir énergétique et économique. Et ça sent le bâillon, de toutes
les réponses qu'on a eues jusqu'à maintenant. Et le gouvernement a réussi un
tour de force, il a fait l'unanimité contre ce projet de loi et contre ses
amendements. L'industrie, les PME, les groupes environnementaux, la société
civile, tout le monde est contre. Alors, on espère que le gouvernement va
entendre raison et ne pas bâillonnera pas l'Assemblée nationale et qu'il va
retirer le projet de loi n° 69.
M. St-Pierre Plamondon : Merci,
Pascal. Je veux vous parler ce matin d'immigration parce qu'il y a des nouveaux
chiffres qui devraient nous amener à se pencher là-dessus davantage que sur l'imagination
de Mark Carney et des premiers ministres des provinces sur des projets
économiques. Et je vous explique pourquoi. On est rendus, au Québec, seulement
pour les quatre premiers mois de l'année à 14 000 demandeurs d'asile.
Et, ça, c'est une des catégories en immigration. Mais ça veut dire que, pendant
que le gouvernement prépare un document où est-ce qu'on va nous dire que les
seuils sont maintenant à 30 000, 35 000, 40 000, dans les faits,
on continue à accueillir nettement plus de personnes. Et on n'a aucun contrôle
là-dessus. La CAQ a littéralement perdu le contrôle sur le nombre de personnes
qu'on accueille au Québec. Peu importe ce qu'il dit par après, ça ne correspond
pas à la réalité.
Donc, juste pour vous donner une
impression, là, au mois d'avril, on parle de 2 875 entrées à Lacolle,
c'était 654 l'année dernière. On est pas mal, donc, dans des chiffres qui
ressemblent à l'époque de Roxham. Donc, on est vraiment dans un délire
idéologique, et la CAQ choisit de se fermer les yeux.
Donc, je vous parle de ça parce qu'on a un
François Legault tout sourire hier, il se rend à sa première rencontre avec
Mark Carney, et moi, je lui avais demandé : Allez vous demander les pleins
pouvoirs en immigration, là? C'est une question de survie de la nation, de
louisianisation. Allez-vous le faire? Moi, je n'ai pas entendu parler de ce
sujet-là. J'ai entendu parler seulement d'économie. Or, qu'en est-il de
l'économie du Canada depuis 10 ans? Ça, c'est le tableau de la croissance
économique per capita du Canada de 2015 à 2024. Vous avez de la misère à le
voir dans le fond, là, mais la croissance économique du Canada, là, elle est
ici, elle est minuscule. Et, ce matin, là, notamment, le National Post,
mais d'autres médias rapportent le rapport de l'OCDE, qui est très clair :
la croissance économique du Canada, dans les 10 dernières années, est
minuscule, en raison d'un choc démographique, ce qu'on appelle...
Dans notre document sur l'immigration, on
vous a donné plusieurs études qui parlent d'un piège démographique.
C'est-à-dire que, si on impose une hausse de l'immigration trop forte, trop
soudaine, ça crée une crise du logement, ça crée beaucoup de ressources en
adaptation, et ultimement, donc, ça crée une stagnation de la création de
richesse. Donc, de voir... puis vous avez vu mes tableaux des dernières fois,
là... donc, on a connu une hausse incroyable du prix du logement. Pourquoi?
Parce que la population du Canada explose, par rapport à n'importe quel autre
pays de l'OCDE.
Et je vous parle de ça donc, parce qu'on
doit constater que d'une part, ce sont des discussions très, très hypothétiques,
avec lesquelles je n'ai aucun problème, là... Parler d'économie, c'est correct.
Mais passer à côté du principal sujet, du principal aspect problématique de
l'économie canadienne depuis 10 ans, selon le rapport de l'OCDE, et
omettre son engagement, comme premier ministre, de demander les pleins pouvoirs
en immigration, parce que François Legault sait ce qu'il va lui arriver,
c'est-à-dire un autre refus, je trouve ça irresponsable.
Donc, j'aimerais rappeler à nouveau que le
sabotage de notre modèle d'immigration, qui fonctionnait, c'est un sabotage qui
vient du fédéral. J'aimerais rappeler que jamais on n'aura vu un premier
ministre perdre le contrôle sur l'immigration que François Legault. Et
j'aimerais rappeler que, pour tous les Québécois, incluant les Québécois issus
de l'immigration, personne n'a intérêt à être dans un modèle où la crise du
logement s'exacerbe, continue de... à croître, où on n'est plus capables de
livrer les services, et où le français recule de manière spectaculaire, comme
vous pouvez le voir à nouveau avec les plaintes à l'Office québécois de la
langue française. Donc, personne n'a intérêt à ça.
Et on ne peut pas accueillir des centaines
de milliers... Il y aurait peut-être des millions de personnes qui veulent
venir au Québec, du jour au lendemain, et qui ont des bonnes raisons, mais il y
a... à un moment donné, il va falloir se pencher sur un modèle durable, en
fonction de notre capacité d'accueil, parce que tout ça ne fonctionne pas. Et
je pense que, malheureusement, François Legault joue à l'autruche.
Journaliste : Il joue à
l'autruche ou est-ce qu'il s'est fait enfirouapé, hypnotisé par M. Carney?
M. St-Pierre Plamondon : Non,
non, je pense que... Je lui ai... je lui ai rappelé assez souvent ses
engagements de baisser l'immigration, les seuils d'immigration, alors qu'on a
une explosion du nombre de personnes sur le territoire. Vous connaissez les
chiffres, là, on est passés de 100 000 temporaires, environ, à plus
de 600 000. Moi, je ne serais pas surpris qu'on approche des 700 000
lors de la prochaine recension. Il le sait très bien, mais il connaît la
réponse, et, pour changer de sujet, ou faire semblant que ça n'a pas lieu, il
nous parle d'économie. Mais l'essentiel de l'économie canadienne, ce que l'OCDE
nous dit, c'est que le modèle migratoire est contre-productif et insoutenable,
sur le plan économique comme sur le plan social, en raison du logement.
Donc, on joue à l'autruche, tout le monde
joue à l'autruche, puis on nous vend des bonnes nouvelles, alors que ce régime
fédéral ne respecte pas la volonté démocratique des Québécois, ne respecte pas
notre capacité d'accueil, et est responsable de la pire crise du logement, de
manière délibérée, parce que leurs fonctionnaires avaient averti Justin Trudeau
que ce qu'ils étaient en train de faire allait créer une crise du logement
majeur. Ils ont procédé quand même. Et Mark Carney va continuer. À date, là, on
ne voit pas de changement à ce niveau-là.
Journaliste : Vous en êtes où
dans vos négociations avec la FTQ? Mme Picard a dit, la semaine dernière, qu'en
fait vous étiez peut-être en train, même, de marchander le fait d'enlever la
loi n° 89, qui a été adoptée...
M. St-Pierre Plamondon : Elle
n'a pas dit ça.
Journaliste : ... en échange
d'un appui de la FTQ.
M. St-Pierre Plamondon : Mais
ça, je vous corrige tout de suite.
Journaliste : Vous en êtes où
là-dedans? D'abord, c'est quoi, ces négociations-là?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
votre affirmation est erronée.
Journaliste : Bien, c'est
elle qui l'a dit.
M. St-Pierre Plamondon : Non,
elle n'a pas dit... J'ai écouté l'entrevue. Est-ce que vous êtes sérieusement
en train d'affirmer que Magali Picard a dit à Cogeco qu'elle marchandait
l'appui...
Journaliste : Bien, c'est ce
qu'elle a laissé entendre.
M. St-Pierre Plamondon : Non,
non, elle n'a pas dit...
Journaliste : Elle dit :
Vous poserez la question au Parti québécois, ce qu'il pense du...
M. St-Pierre Plamondon : Non,
non, elle n'a pas dit ça.
Journaliste : Puis là elle a
parlé de négociation avec vous.
M. St-Pierre Plamondon : Ça,
je regrette, mais ce n'est pas acceptable, là, c'est...
Journaliste : O.K. Bien,
c'est quoi, d'abord, les négociations?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
je vais vous dire... puis je vais vous inviter à réécouter l'entrevue, parce
que c'est une question de rigueur factuelle, elle a dit...
Journaliste
: Ah! vous
dites que je manque de rigueur?
M. St-Pierre Plamondon : Votre
affirmation est erronée. Votre affirmation est nettement erronée.
Journaliste
:
J'interprète... J'interprète... Tout le monde a interprété de la même façon.
M. St-Pierre Plamondon : Non,
non, vous faites une affirmation qui est manifestement erronée à la lumière de
cette entrevue-là.
Journaliste
: D'accord.
Alors, c'est quoi, les négociations?
M. St-Pierre Plamondon : Elle
dit : Je parle à tous les partis pour voir ce qui peut être fait pour le
89. Nous avons déjà dit qu'on allait voter contre et qu'on était en désaccord.
Il n'y a jamais eu puis il n'y aura jamais de marchandage des positions du
Parti québécois vis-à-vis un quelconque groupe en échange d'appuis. Puis jamais
elle ne ferait ça aussi. Elle connaît trop bien son travail, puis jamais,
vraiment, je ne peux imaginer qu'elle ferait cette erreur-là.
Maintenant, on pense que le projet 89
est un projet qui est voué à l'échec, à l'invalidation par les tribunaux et ne
sert même pas les objectifs qu'on nous vend, là. C'est un autre truc caquiste
pour essayer de s'accrocher à quelque chose dans les sondages, qui a été bâclé,
fait sur un coin de table, et donc on va tout refaire le travail. J'ai fait des
déclarations en ce sens.
Journaliste : Donc, un gouvernement
du Parti québécois... soyons clairs, un gouvernement du Parti québécois va
quoi, va retirer ce projet de loi là, va l'invalider?
M. St-Pierre Plamondon : Va
le retirer et le réécrire. Et, en ce moment, je n'ai pas fait ces travaux-là,
là. On sait qu'on vote contre.
Journaliste : Et va le
réécrire comment? Pour faire... Pour faire quoi exactement?
M. St-Pierre Plamondon : On
va faire les étapes une par une, notamment consulter toutes les parties prenantes,
ce qui n'a pas été le cas, là. C'est un... C'est un projet de loi qui s'est
fait, là... qui est sorti un peu du champ gauche, là.
Journaliste
: Mais
est-ce que vous auriez les mêmes objectifs que M. Boulet?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
c'est-à-dire que oui, si on peut faciliter puis rendre plus efficace la
résolution de conflits de travail, oui, on va se pencher. C'est juste qu'en ce
moment c'est presque certain... en tout cas, tous les experts, puis Pascal peut
en parler, sont venus dire : Ça va être invalidé. Donc, c'est vraiment...
on essaie de s'accrocher à une confrontation syndicats-gouvernement à des fins,
à mon avis, électoralistes. Mais le projet de loi lui-même ne vaut rien en
termes d'amélioration des relations de travail. Est-ce qu'on peut donc
convoquer tout le monde, faire le travail correctement puis travailler à une
amélioration potentielle? Certainement. Je pense que tous les partis sont prêts
à faire ça. Mais jamais, jamais il n'y a eu une quelconque discussion autre que
simplement la FTQ qui fait son travail en disant : Est-ce qu'on peut
savoir votre position sur le 89? Et notre position a toujours été très claire
sur le fait que c'est du travail bâclé et c'est du caquisme pur jus.
Journaliste : Est-ce que donc
votre position plaît à la FTQ quand même?
M. St-Pierre Plamondon : Oui,
mais ce n'est pas... il n'y a aucune... Premièrement, en général, les syndicats
ne disent pas à leurs membres comment voter, puis les gens font ce qu'ils
veulent. Et les positions du Parti québécois peuvent plaire ou déplaire à un
groupe comme les syndicats ou à d'autres groupes. Nous, on fait notre
évaluation, puis Pascal peut parler de notre processus, on fait notre
évaluation, puis, si c'est tout croche, c'est tout croche dans tous les cas.
Journaliste : Allez-vous
solliciter l'appui de la FTQ lors des prochaines élections comme dans le temps,
là? On se souvient, Henri Massé appuyait le Parti québécois.
M. St-Pierre Plamondon : On
n'a aucune démarche dans ce sens-là, ni intention, dans le sens que nous...
Journaliste : Aimeriez-vous
qu'ils appuient le Parti québécois?
M. St-Pierre Plamondon : On
ne sollicitera pas d'appui. On sollicite l'appui de chaque électeur en disant
quelque chose de bien bâti puis de réfléchi. Mais l'idée, là, qu'en 2026, l'an
prochain, des groupes puissent dire aux gens comment voter, on n'est plus là
aujourd'hui, là. Les gens se font leur propre idée. Moi, ce qui m'intéresse...
Journaliste : Mais les
syndicats ont déjà eu un poids assez important au Parti québécois.
M. St-Pierre Plamondon : Oui,
oui.
Journaliste
: On se
souvient tous du SPQ Libre, là. C'étaient des gens qui poussaient pour la
souveraineté, etc. Est-ce que vous craignez le retour en force, par exemple, de
partis, un peu, de ce type-là, qui sont plus revendicateurs?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
fut une époque, en effet, où il y avait le SPQ Libre puis des groupes de
pression de cette nature-là. Aujourd'hui, je vous dirais que c'est le PQ Libre.
On est une petite équipe libre de notre jugement le meilleur sur chaque
événement, sur chaque projet de loi. Il n'y a pas plus libre dans la prise de
position que le Parti québécois. On ne répond de personne. Personne, personne,
personne.
Journaliste
:
N'empêche, pour le...
M. St-Pierre Plamondon : À
part mes membres, en passant, à part mes membres qui ont donné 10 $, eux,
je réponds d'eux autres. Mais, tout le reste, on n'est plus à l'époque de bâtir
des positions en fonction d'une tactique, d'un groupe qui t'appuie. Les gens ne
veulent pas se faire dire comment voter. Posez la question à Denis Coderre puis
Éric Duhaime si les gens d'Arthabaska aiment ça, se faire dire comment voter.
On n'est plus là.
Journaliste
: Mais vous
avez... vous avez quand même des accointances avec les syndicats.
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
c'est-à-dire qu'on est naturellement à la défense des travailleurs si on juge
qu'une iniquité est en train de se développer. On l'a toujours été.
Journaliste
: Mais vous
avez quand même...
M. St-Pierre Plamondon : Mais
ça ne veut pas dire qu'une position d'un syndicat qu'on jugerait exagérée ou
erronée va nous empêcher d'agir, et ils le savent. On est très, très libres.
Journaliste : Est-ce que, par
exemple, vos positions récentes comme : Il faut réduire le nombre de
fonctionnaires de l'État... est-ce que ça... Ça, ça entre un petit peu en
contradiction avec ce que...
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
c'est un très bon exemple. Moi, de mon avis, il y a trop de bureaucratie, puis
il va falloir revoir ça. Ça a amené un des syndicats à dire que René Lévesque
se revirerait dans sa tombe. Est-ce que ça change ma position? Aucunement. Vous
regarderez les syndicats, certains d'entre eux, sur l'immigration, eux ne
voient pas autre chose que toujours une hausse sans cesse des seuils
d'immigration. Ils n'ont pas du tout le... Donc, nous, on essaie de servir
l'intérêt du Québec au meilleur de nos capacités intellectuelles, et on va
avoir des fois des accords ou des désaccords avec certains groupes, mais c'est
l'intérêt public qui nous intéresse. Et, contrairement à la CAQ, on considère
que les syndicats sont des acteurs légitimes et importants quand on procède sur
un sujet de droit du travail. Et la CAQ va simplement ignorer plusieurs groupes
pour arriver avec une bébelle qui, à mon avis, à nouveau, je m'excuse, c'est
toujours le même mot en anglais, «wedge», mais c'est encore une stratégie de
clivage à des fins électoralistes de la CAQ, ça ne sert à pas grand-chose sur
le plan de l'intérêt public.
Journaliste : Mais, si j'ai
bien compris, vous avez un préjugé favorable aux travailleurs, comme le
disait...
M. St-Pierre Plamondon : Toujours.
Journaliste : ...le disait
René Lévesque dans...
M. St-Pierre Plamondon : J'ai
toujours... Oui, ça, j'ai toujours dit ça. Parce qu'ultimement le bien commun,
c'est de s'intéresser à la santé puis à la sécurité de notre monde, puis le monde
y travaille. Donc, évidemment.
Journaliste : Sur la réforme
du régime forestier, justement, là, vous nous parlez des positions du Parti
québécois, est-ce que le Parti Québécois s'est développé une position dans les
dernières semaines sur la réforme du régime forestier?
M. Paradis : C'est
intéressant que vous fassiez cette question-ci à ce moment-ci parce que c'est
un autre exemple d'un projet de loi qui, manifestement, était très mal préparé,
personne n'a été consulté. Et aujourd'hui, encore une fois, je l'ai dit, sur le
projet de loi relatif à l'énergie, consensus contre ce qui est en train de se
passer, tout le monde, des groupes environnementaux jusqu'à l'industrie.
Régime... Réforme du régime forestier, même chose, les Premières Nations, les
PME, les groupes concernés, le monde municipal, tout le monde vient dire :
Bien, on n'a pas demandé ça, puis d'où est-ce que ça sort. Alors, on va
continuer à écouter les gens qui viennent en consultations particulières, mais,
jusqu'à maintenant, la tendance se dessine que c'est un projet de loi mal
préparé, mal planifié où il n'y a pas eu un travail de rigueur. Et, pour
l'instant, en tout cas, on en est là, le processus se continue.
Journaliste : ...voter
contre, mais ça semble s'enligner vers ça.
M. Paradis : Bien, écoutez,
là, les chances qu'on vote en faveur sont... en fait, sont à peu près
inexistantes dans l'état actuel des choses, là, et c'est... c'est ce qui se
dessine. Puis je vais faire le lien, là, avec le projet de loi n° 89 dont
on vient de parler, là, parce que c'est moi qui est en commission
parlementaire, et là il y a une chose qui est très importante à dire, c'est que
c'est encore une fois un projet de loi qui touche des aspects fondamentaux des
relations de travail, pas préparé, pas de consultation, Paul St-Pierre
Plamondon vient de le dire. Mais, excluez les représentants des employeurs et
les représentants du monde des travailleurs, tous les experts indépendants,
tous, tous sans exception, qui sont venus en commission parlementaire, nous ont
dit : Ce projet de loi est un danger pour les relations de travail.
Spécialistes en relations industrielles, spécialistes en relations de travail,
spécialistes en droit du travail, tout le monde nous a dit : On se dirige
vers 15 ans de litiges devant les tribunaux, ça n'aidera pas, c'est
probablement inconstitutionnel. Donc, faire du travail de rigueur, c'est
écouter ces gens-là puis dire : Bien, M. le ministre, si tous ceux qui
sont dans le milieu sont contre votre projet de loi, pourquoi vous continuez à
aller de l'avant avec ça? C'est ça faire du travail de rigueur.
Journaliste : Mais de vouloir
réduire le nombre de grèves, sur le fond, ça, ça, vous êtes d'accord avec ça.
M. Paradis : C'est ce qu'on a
dit. Il y a un modèle québécois qui fonctionne, c'est quand on se parle puis on
se dit : Bon, bien, là, on va trouver des solutions aux problèmes qui
existent, en se souvenant que 95 % des négociations de travail ne résultent
pas en un conflit de travail et qu'au Québec, quand il y a conflit de travail,
en moyenne, c'est moins de quatre jours. Souvenons-nous de ça. Maintenant, en
disant... Il y a peut-être des éléments sur lesquels on va travailler, mais on
va le faire ensemble. On n'arrive pas avec un projet de loi qui semble sorti de
nulle part et qui touche des éléments essentiels. Ce n'est pas des petits... La
notion de service essentiel puis la notion de droit de grève, là, c'est le
fruit d'une longue jurisprudence...
Journaliste : Mais Ottawa
s'est donné la possibilité d'intervenir dans des conflits avec
l'article 107 du Code du travail pour... c'était une sorte de réplique,
là, à l'arrêt Saskatchewan, et tout ça, qui donnait... qui peut-être créait un
déséquilibre, non, en faisant du droit à la grève un droit fondamental découlant
du droit d'association. Est-ce que ce n'était pas... Tu sais, même le juge en
chef Wagner, dans sa dissidence, dans Saskatchewan, il dit que ça va être
déséquilibré, et, depuis, on voit le nombre de grèves se multiplier, et de
lock-out, non? Est-ce que...
M. Paradis : Écoutez le
ministre...
Journaliste : Vous n'êtes pas
d'accord avec ce déséquilibre-là qui a été installé et qui est dénoncé aussi
par certains experts?
M. Paradis : Écoutez le
ministre du Travail nous parler de ce qu'il pense du Code du travail canadien,
lui dit : C'est un large pouvoir discrétionnaire que le ministre s'est
donné. Puis moi, je... moi-même, je ne suis pas d'accord avec ça.
Journaliste : ...des critères
plus serrés?
M. Paradis : Il n'y en a pas,
de critères. Les deux mécanismes qui sont prévus dans le projet de loi
n° 89, c'est un des problèmes fondamentaux, commencent par un pouvoir
discrétionnaire du ministre de décider que lui, s'il estime que, il va faire
ceci. Ça, c'est une marque de commerce de ce gouvernement : gouvernance
par décret. On remplace un droit existant, parce qu'on trouve que ça ne fait
pas notre affaire, puis on y va avec un pouvoir discrétionnaire. Donc, le
ministre s'est donné à peu près les mêmes pouvoirs qu'au fédéral, et c'est là,
le problème.
Journaliste : Juste un...
Oui, allez-y.
M. St-Pierre Plamondon : Juste
terminer là-dessus, parce que c'est intéressant, là, mais c'est un
gouvernement, de manière constante, qui s'intéresse aux communications. La CAQ
s'intéresse à de quoi ça a l'air. Est-ce que ça va m'aider dans mon sondage?
C'est ça, le raisonnement. Et le danger...
Journaliste : Ça ne vous
arrive jamais?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
je regrette, là, mais un gouvernement du Parti québécois va démontrer du
travail pas mal plus rigoureux puis pas mal plus sérieux que l'énergie, le 89,
un paquet d'autres projets, ou le troisième lien, là. On continue à pelleter
des millions là-dedans, là. Ils sont étonnamment axés sur leurs communications
et non pas sur la politique publique. Et quand on bâcle l'élaboration d'une
politique publique, comme vous venez de le souligner, du jour au lendemain, tu
peux avoir une situation ingérable parce que tu n'as pas réfléchi, tu n'as pas
écouté, tu n'as pas consulté. Et combien de projets de loi en ce moment sont
complètement bâclés par la CAQ? Combien d'amendements qu'on pitche à la
dernière seconde, comme pour Santé Québec la session dernière? C'est régulier.
Et ça a des conséquences. Quand les gens qui nous écoutent se demandent
pourquoi ça va ne pas bien au Québec en ce moment, un des facteurs, c'est cette
manière de gouverner, non pas en fonction de la meilleure politique publique
puis une réflexion préalable, mais en fonction du prochain sujet puis du
prochain «wedge» qui peut-être va t'aider dans les sondages.
Journaliste : Justement,
là-dessus, ce matin, le troisième, on voit qu'il y a un sondage, là, qui sort,
que dans la région de Québec, c'est encore très populaire, 70 %. Vous, il
n'y a pas de chance que ça vous fasse changer d'idée, un sondage comme ça, un
tel appui à un projet?
M. Paradis : Quelle belle
introduction que Paul St-Pierre Plamondon vient de faire pour ce sujet-là, qui
est un... c'est une marotte électoraliste. C'est un sujet qui est utilisé à des
fins électoralistes par la CAQ. On promet des choses avant les élections, puis
là, aïe! On se... là, on se dirige vers des élections générales en 2026.
Soudainement, on revient avec le troisième lien, et ça nous coûte très cher. Le
troisième lien, ce n'est que ça, une marotte électoraliste. On l'utilise avant
les élections. Ce n'est pas préparé. Il n'y a pas d'études. Il n'y a rien, pas
de travail, pas rigoureux. Là, on pose des questions aux gens. Mais attendez
qu'il y ait un projet. De quel projet parle-t-on?
M. St-Pierre Plamondon : Combien
ça coûte?
M. Paradis : Combien ça va
coûter? Si ça coûte 10, 20, 30 milliards de dollars, combien d'écoles
on ne rénovera pas à Québec, au Québec? Combien d'Hôpital Maisonneuve-Rosemont
on ne fera pas pour ça? Combien de routes à entretenir, combien
d'infrastructures à entretenir on ne fera pas parce qu'on va mettre de l'argent
sur ce projet de loi qui n'est qu'une lubie électoraliste de la CAQ? Ce n'est
que ça depuis le début.
Journaliste : Comment vous
expliquez un tel appui quand même à ce projet-là? Tu sais, vous nous parlez des
marottes, puis on connaît toute la saga qu'il y a eu autour de ce dossier-là.
Comment vous expliquez qu'encore 70 % de la région de Québec, de la
population de la région de Québec appuie un projet hypothétique comme ça?
M. Paradis : Les
communications! Les communications. On communique, et il n'y a pas de projet.
Il n'y a pas de projet. On fait... Écoutez, on fait des communications avec des
belles photos, là, dans lesquelles Québec est à l'envers, là, puis le Château
Frontenac n'est pas à la bonne place. On met des... Non, mais c'est vrai, là.
Puis là on dit : On va creuser peut-être un tunnel là, ou peut-être qu'on
va faire un pont là. On dit à tout le monde toutes sortes de choses. C'est de
la communication électoraliste. Il n'y a pas encore de véritable projet.
M. St-Pierre Plamondon : Si
je peux me permettre, quand les gens vont réaliser combien ça coûte, là, puis
qu'est-ce qu'on peut faire d'autre avec la même somme, on aura une discussion.
Puis ça me ferait plaisir de considérer l'opinion publique évidemment. Mais
là...
Des voix : ...
M. St-Pierre Plamondon : Monsieur.
Journaliste : Sur les grands
projets, parce que vous avez parlé d'immigration, mais il y a quand même eu des
grands projets, là, qui ont été évoqués dans cette rencontre hier, le premier
ministre... Il y a toujours cette question de pipeline, là, qui revient. Le
premier ministre a dit : Il n'y a pas de projets, puis qu'est-ce que ça
peut rapporter, finalement? Mais est-ce que vous avez ressenti, là, cette
pression des provinces de l'Ouest sur le Québec à se positionner clairement
puis à essayer de se placer au Québec?
M. St-Pierre Plamondon : Le
Canada a toujours utilisé les crises pour abuser de ses pouvoirs et centraliser
ce qui est supposé être une confédération. À l'origine, le Canada ne pouvait
même pas prélever des impôts. Ils se sont servis des guerres comme prétexte.
Aujourd'hui, il prélève presque la moitié de nos impôts puis ensuite il invite
chaque premier ministre des provinces, avec notre propre argent, là, à venir
quémander puis à venir danser pour peut-être obtenir quelque chose.
Ce qui se prépare en ce moment, c'est un
autre empiétement sur notre démocratie. On ne pourra plus décider de nous-mêmes
parce que le fédéral va décider à notre place, un Parlement où est-ce qu'on a
juste 20 % des sièges. Notamment, J'ai hâte de voir le contenu de cette loi
sur le projet d'unité nationale et l'unité canadienne, parce que je crains que
ça va servir à imposer des projets qui ne sont pas le reflet de la volonté du
Parlement de l'Assemblée nationale.
Journaliste : Avez-vous
l'impression que c'est conditionnel? On va... On va payer votre ligne si vous
faites passer le pipeline?
M. St-Pierre Plamondon : Tout
ça est possible puis tout ça est anormal. Moi, je ne veux pas, pour l'avenir du
Québec, des premiers ministres qui vont quémander à Mark Carney pour de
l'argent qui est à nous dans un contexte où, clairement, l'intention du
fédéral, Carney l'a dit, c'est une seule économie. Ça veut dire que c'est lui,
Mark Carney, qui, discrétionnairement, va déterminer si l'intérêt du Québec est
retenu ou pas. Et on s'embarque dans un recul substantiel de nos droits et de
notre démocratie, et... Tu sais, je veux dire, quel est le rapport avec Donald
Trump? Ça aussi, il faut se poser la question, là. L'économie du Canada est
chancelante, je vous l'ai dit, parce qu'on a fait des choix absolument
injustifiables sur le plan migratoire. Et l'étude de l'OCDE qui est rapportée
dans tous les médias aujourd'hui démontre qu'on est un cancre en croissance
économique parce qu'on a fait venir... on a créé une crise, un choc démographique
et les études sont très claires là-dessus. C'est de ça dont on devrait parler
et non pas d'un Marc Carney qui semble vouloir aller plus loin dans
l'empiétement et l'abus de pouvoirs à l'échelle fédérale.
Journaliste :
Nadia Poirier, c'est-tu le PQ qui est allé la chercher?
M.
St-Pierre Plamondon : Je ne sais pas. Je ne sais pas, ça s'est fait un
peu...
Journaliste :
La militante de Québec...
M.
St-Pierre Plamondon : Oui, je sais. Bien, évidemment, je sais c'est
qui, mais je pense que ça s'est fait un peu tout seul, c'est-à-dire qu'elles
étaient des adversaires...
M.
Paradis : ...
M.
St-Pierre Plamondon : Oui, c'est ça, c'est elles-mêmes, elles étaient
des adversaires. Je pense que Catherine Gentilcore avait un bon lien ou, en
tout cas, il y avait du respect entre les candidates lors de la partielle et...
Journaliste :
Ça ne paraissait pas dans les débats, par exemple...
M.
St-Pierre Plamondon : Oui, mais il y a quelque chose qui...
probablement le fait qu'ils sont d'accord sur l'essentiel. C'est quoi,
l'essentiel? C'est qu'on est un parti indépendantiste qui essaie de créer la
coalition la plus large possible pour former un pays et on... Tu sais, Jacques
Parizeau, on vient de célébrer les 10 années de son décès. Que le dernier
entré laisse la porte ouverte, s'il vous plaît. C'est juste ça, la doctrine.
Journaliste
:
Est-ce que vous invitez tous les solidaires qui s'en tirent un peu comme elle à
venir au Parti québécois?
M.
St-Pierre Plamondon : Bien, un peu comme on disait pour les groupes de
la société civile, on ne fait pas de clientélisme, on trouve les meilleures
politiques publiques qu'on peut, on donne l'heure juste dans la mesure de nos
capacités, avec le plus de rigueur possible, et chaque individu, qu'il soit à
droite ou à gauche, s'il est d'accord avec l'essentiel, à savoir qu'on devrait
décider par nous-mêmes puis exister à l'international, ils sont très bienvenus.
Tout le monde est bienvenu. Je veux dire, c'est ça qu'on est. On est une
coalition de gens qui n'ont peut-être pas la même opinion sur tout, mais qui
s'entendent sur l'essentiel, le Québec.
Journaliste :
Ce qu'on appelait la convergence jadis, c'est fini?
Le
Modérateur : On va devoir passer en anglais. Merci.
Journaliste :
On the meeting yesterday, do you feel
that Premier Legault was represented Québec's interests properly? When it comes
to, you know, large infrastructure projects, do you feel that he put enough on
the table?
M.
St-Pierre Plamondon :
Well, it's all talks, right? So, it's really difficult to assess
what's the real value or the real outcome of such a meeting. What I'm saying
this morning is that Canada, Canada's economy is in deep trouble for the past
ten years. So, the very, very small figure here at 1.4% is the growth of Canada
between 2015 and 2024. And why is that? Well, the OCD says this morning in many
newspapers and a complete study that the immigration policies of Canada create
a shock whereby all our resources are used to try to adapt to that... so many
people coming into the territory, in which case there's no economic growth. And
I'm very surprised that the premier Legault never asked for the full powers in
immigration, because that should be the conversation that... the first topic.
All those other projects, where might an «oléoduc» go? Would it go through
Manitoba or through Québec or... I mean, it's okay to have conversations like
this between provinces, but it's not sufficient. It's kind of irresponsible if,
as a premier, you don't raise the main topics and the main demands of Québec
and you act as if everything's fine, nothing's happening. This morning, we
learned that there are 14,000 asylum seekers that came into the territory of
Québec in the first months since... from January to April. So, that's way
beyond what we can do in terms of housing and services. And we know it. But
he's not talking about it anymore. He's not asking anything. He's talking about
economic projects while not noting that the economy of Canada is hindered by
policies that are purely ideological.
Journaliste
: But you have some concerns as well for... My understanding is that
you have some concerns as well when it comes to this federal bill to allow for
some of these infrastructure projects to be built. What are your concerns when
it comes to the potential impact of that on Québec?
M.
St-Pierre Plamondon : Well, historically,
Canada has always used... the Federal Government has always used crisis to gain
power, even though it's unconstitutional. So, it's supposed to be a
confederation where Canada, the Federal Government, only deals with very
specific points and leave provinces to decide on their own. And they used the
wars, for instance, to start taking income tax and to gain revenues. So, they're
using Trump right now to prepare a bill that, basically, will say : The
Government of Canada will now decide on which project is going through, whether
the province is agreeing or not. It looks like a way to gain more power over
provinces. We know that there's an abuse of power of the spending of the
federal Government in provinces' competencies, and it doesn't look good. So,
yes, Trump is an important topic, and we should think about how we can adapt,
but that's not... that should not be a reason or an excuse to furthermore abuse
the Constitution of Canada that is already not respected.
Journaliste
: And just quickly, just quickly, M. Paradis, on Bill 69, for people
who are listening from home, who have perhaps other concerns as the session
wraps up, why should it matter to the common Quebecer that the CAQ might invoke
closure on it?
M. Paradis :
Well, it's the electricity rate every
one of us is paying. It will change because, although there's a lot of
communications saying : We will protect your rights, the Government is
making sure that it has all the tools within the project to do exactly the
contrary. Because it's our economical and energetic future, and environmental
future... which is at stake. And we were thrown a number of amendments at the
last minute. They are completely changing the bill. This is very important,
what's happening, and everyone should be aware, because it will have an impact
on every single one of small and medium sized businesses, industries and
citizens of Québec.
(Fin à 11 h 03)