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Point de presse de M. Paul St-Pierre Plamondon, chef du troisième groupe d’opposition

Version finale

Cette transcription a été réalisée à l’aide d’un logiciel de reconnaissance vocale. Elle pourrait donc contenir des erreurs.

Le mercredi 4 juin 2025, 11 h 36

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures trente-six minutes)

M. St-Pierre Plamondon : Bonjour, tout le monde. Donc, on vient de sortir de la période de questions, et il s'est passé à mes yeux quelque chose de grave et d'inacceptable, et je veux préciser en quoi c'est inacceptable.

Le premier ministre du Québec, François Legault, a refusé de nier qu'il a manqué à son devoir fondamental de loyauté envers l'Assemblée nationale et le Québec. En clair, le premier ministre du Canada, pas n'importe qui, là, a dit en Chambre que François Legault lui a dit en privé exactement l'inverse de ce que François Legault affirme publiquement, mais surtout l'inverse de ce que l'Assemblée nationale a unanimement voté le 1er avril dernier. François Legault aurait dit à Mark Carney, en privé, selon les dires de Mark Carney en Chambre : Je suis d'accord avec le fait qu'il y ait une seule économie canadienne. La motion de l'Assemblée nationale dit exactement l'inverse.

Et ce n'est pas un débat frivole, parce que ce concept d'une seule économie canadienne, c'est un prétexte pour centraliser davantage les pouvoirs à Ottawa et éventuellement passer, au Québec, des projets économiques qui ne sont pas dans l'intérêt du Québec mais qui sont dans l'intérêt des autres provinces, donc bâtir un autre cycle d'empiétement sur les pouvoirs du Québec.

Et la question était très simple : Est-ce que vous pouvez démentir ce que Mark Carney vient d'affirmer? Est-ce que vous avez vraiment dit en privé à Mark Carney l'inverse de ce que nous, on a voté à l'Assemblée nationale? Est-ce que vous affirmez? Et vous avez vu le cabotinage dans toutes les directions et surtout le refus de préciser s'il a manqué à son devoir, s'il a renié sa parole en privé, alors qu'en public et à l'Assemblée nationale, les choses sont claires.

Donc, étant donné l'importance du sujet pour la suite des choses, je réclame une réponse. Qu'il corrige Mark Carney si Mark Carney a menti sur ce qu'il a affirmé en privé. Et, s'il ne corrige pas, ça veut dire qu'il manque à son devoir fondamental de loyauté envers non seulement l'Assemblée nationale, qui a un vote unanime, mais surtout envers le Québec, qui a le droit de s'autodéterminer, de déterminer lui-même si un projet est dans l'intérêt économique du Québec, indépendamment de l'intérêt de l'Alberta, de la Saskatchewan ou de l'Ontario.

Journaliste : Qu'est-ce que la FTQ peut offrir en retour au Parti québécois en échange du retrait du 89, là?

M. St-Pierre Plamondon : Bien, j'ai été très, très clair là-dessus, je le répète, il n'y a jamais eu d'entente ni d'échange à ce niveau-là. Ça fait que la question ne se pose pas.

Journaliste : ...Mme Picard a dit qu'il y a eu des échanges avec le Parti québécois sur...

M. St-Pierre Plamondon : Avec tous les partis pour plaider ce qu'eux pensent du projet de loi.

Journaliste : Elle vous a nommé, vous, personnellement...

M. St-Pierre Plamondon : Non, elle a nommé... elle a nommé tous les partis, non? Elle a dit...

Journaliste : Elle a dit... parti qui peut prendre le pouvoir, M. St-Pierre Plamondon, puis retrait du 89, là.

M. St-Pierre Plamondon : Moi, je vais réécouter, mais je pense qu'elle a mentionné qu'elle faisait des représentations auprès de tous les partis sur ce projet de loi là. Nous, notre position était déjà prise. Et d'insinuer qu'il y a une contrepartie... J'ai été superclair que non seulement ce n'est pas vrai, mais ce n'est pas dans notre intérêt. Il n'y a personne en 2025 qui dit aux autres comment voter, ce serait une catastrophe. On prend des positions en fonction de ce qu'on pense qui est l'intérêt public. Et vous nous avez vus prendre des positions qui ont déplu aux syndicats, notamment sur la bureaucratie, mais on n'a pas les mêmes positions sur le wokisme, sur l'immigration, sur plein de sujets. Donc, il n'y a rien de plus à dire, à mon avis, sur ce sujet.

Journaliste : Mais, à ce moment-là... Bien, c'est juste que ça a comme l'air embarrassant pour vous. Allez-vous contacter Mme Picard pour lui dire que ce qu'elle a dit était faux?

M. St-Pierre Plamondon : Bien, moi, j'ai écouté l'entrevue, puis elle a dit : On a fait des représentations auprès... Je pense, c'est l'intervieweur qui n'arrête pas de répéter Parti québécois. Puis elle mentionne en disant : Bien, nous autres...

Journaliste : Non, elle vous a mentionné directement...

Des voix : ...

Journaliste : Vous demanderez à Paul St-Pierre Plamondon ce qu'il a l'intention de faire...

M. St-Pierre Plamondon : Moi, ce que j'ai compris...

Journaliste : ...discussions avec les partis qui pourraient être au gouvernement l'an prochain. Vous demanderez à Paul St-Pierre Plamondon qu'est-ce qu'il a l'intention de faire. Elle parle de vous très précisément.

M. St-Pierre Plamondon : O.K. Mais dans quel cas... Moi, je vous répète ce que moi, j'ai vécu et ce que je sais. Notre position sur le 89 est le même depuis très longtemps, et je n'ai pas eu d'entente avec la FTQ, je n'en ai pas eu.

Journaliste : ...dit que vous êtes, finalement, le lobby des syndicats, là, vous vous retrouvez à être le lobby des syndicats.

M. St-Pierre Plamondon : La CAQ est en... est complètement désespérée et complètement dépourvue de contrôle de ses dossiers et s'accroche à peu près à n'importe quoi. Donc, moi, l'entrevue de radio de Magali Picard parle de faire son travail puis de parler à tous les partis. Nous recevons les représentations de tous les groupes de la société civile sur une base quotidienne, puis notre position sur le 89 est la même depuis très longtemps. Et évidemment qu'on ne fait jamais d'entente. Puis vous l'avez vu, là, il y a plusieurs cas où est-ce que les syndicats sont en désaccord avec nous, puis ça ne nous empêche pas de prendre nos positions.

Journaliste : Sur le fond, là, il y a beaucoup de grèves au Québec depuis quelques années. C'est la raison qui justifie, là, l'action de M. Boulet, c'est ce qu'il dit. Là, vous vous opposez au projet de loi, alors... mais est-ce que c'est un problème, vous estimez, qu'il y ait trop de grèves au Québec?

M. St-Pierre Plamondon : Bien, c'est-à-dire que le moins qu'il y a de grèves et le plus qu'il y a de résolution des conflits de travail avant que ça se rende à une grève, le mieux pour le Québec. Est-ce que le projet de loi de Jean Boulet va dans la bonne direction? Non. Pourquoi? Parce qu'il n'y a pas eu les consultations des groupes au préalable, et, de l'avis de tous les experts, c'est davantage une opération de communication politique qu'une loi qui va durer, parce qu'elle va être invalidée par les tribunaux. Elle a été mal faite.

Mon engagement, en passant, c'est de refaire le travail. Donc, on consultera tout le monde, et ça pourra se faire de manière très publique pour voir qu'est-ce qu'on peut améliorer dans le régime. Donc, ce n'est pas... La question, ce n'est pas : Est-ce qu'on améliore les choses? La question, c'est : Est-ce que le travail est bien fait ou mal fait? Si le travail est mal fait, on vote contre puis on refait le travail éventuellement, dans l'éventualité d'un parti... gouvernement du Parti québécois.

Le Modérateur : On va prendre une dernière question.

Journaliste : Sur votre demande d'origine, là, de ce que vous avez demandé à M. Legault en Chambre, vous dites que M. Legault manque de loyauté envers l'Assemblée nationale et vous faites référence à la motion qui avait été adoptée.

M. St-Pierre Plamondon : Manque à son devoir de loyauté envers... oui.

Journaliste : Son devoir de loyauté, excusez-moi. Est-ce que vous envisagez des moyens, par exemple... parce que l'Assemblée nationale a des moyens d'intervenir si quelqu'un manque de loyauté à son égard, etc.?

M. St-Pierre Plamondon : J'ai été très clair que, sur celle-là, je voulais une réponse du premier ministre, parce qu'à peu près à toutes les questions qu'on pose à François Legault, il ne répond pas puis lance de la boue. Il le fait encore aujourd'hui, mais, sur celle-là, je veux absolument obtenir une réponse, parce que c'est fondamental. Si le premier ministre du Québec va à l'extérieur du Québec et il dit l'inverse de ce qu'on vote puis de ce qu'il dit publiquement, là, il y a les questions de loyauté mais il y a les questions de franchise et de confiance, là. Sur la question fondamentale de l'autodétermination du Québec, je veux dire, c'est... à mon avis, c'est très gros et très grave. Et ça m'inquiète énormément de voir un premier ministre du Québec qui ne dément pas ce que le premier ministre du Canada prétend à savoir que François Legault dit l'inverse en privé de ce qu'on vote à l'Assemblée nationale. Ce n'est pas rien, là.

Journaliste : Je comprends, sauf que, si vous vous contentez de dire : J'exige de répondre, puis il ne vous en donne pas, puis qu'il n'y ait pas de conséquence à côté...

M. St-Pierre Plamondon : Mais vous... bien, c'est-à-dire... Oui, mais au moins...

Journaliste : Vous comprenez ce que je veux dire?

M. St-Pierre Plamondon : ...tout le monde aura compris c'est quoi, la vraie réponse. Si vraiment on insiste et qu'on trouve... on met sur la table que c'est complètement inacceptable comme comportement, d'aller dire l'inverse de ce que vote l'Assemblée nationale en privé, si c'est dit et qu'il ne répond pas et qu'il ne dément pas les propos de Mark Carney, tout le monde aura compris que ça veut dire que c'est vrai, qu'il tient un double discours en privé et qu'il manque à son devoir de loyauté envers l'Assemblée nationale — un devoir qui est fondamental. Donc, je pense qu'une non-réponse, le fait de ne pas démentir ce que Mark Carney a affirmé en Chambre est une réponse en soi.

Le Modérateur : On va en prendre une dernière.

Journaliste : Est-ce que le projet de loi de M. Skeete, là, déposé vendredi dernier, c'est un pas vers, disons, une économie canadienne, faire sauter les barrières tarifaires entre les provinces?

M. St-Pierre Plamondon : Bien, ça, je n'ai pas l'analyse de fait. Je ne sais pas... je ne sais pas si ce matin ça a été commenté en point de presse, ce... Donc, on va vous revenir, là. Je n'ai pas d'analyse à ce stade-ci.

Journaliste : Mais, à votre réflexion, une grande réflexion sur un Québec souverain, il y aurait, j'imagine, une entente de libre-échange avec le Canada.

M. St-Pierre Plamondon : Bien, c'est-à-dire qu'il y a déjà des ententes internationales qui...

Journaliste : Oui, mais on se rend compte, avec ce projet de loi là notamment, qu'il existe quand même des barrières à l'intérieur d'un même pays, là.

M. St-Pierre Plamondon : Oui, oui. Bon point. Le Parti québécois a dit que, si des barrières entre les provinces étaient inutiles puis on pouvait les faire sauter, ça nous faisait plaisir de collaborer. Ce qui ne fonctionne pas, c'est qu'il y a un État fédéral qui gobe les pouvoirs des provinces durant toute l'histoire du Canada et il le fait toujours lorsqu'il y a une crise. Il s'est servi de la Première Guerre mondiale pour commencer à prélever des impôts. Ce n'était pas l'intention des fondateurs. Une fois qu'il y a eu prélevé des impôts, il a monté les impôts perçus pour ensuite s'inventer un pouvoir de dépenser dans les champs de compétences des provinces. Ce n'est pas ce que la Constitution dit. Et là la prochaine twist, c'est ce concept de projet dans l'unité canadienne ou de projet d'intérêt national qui va servir potentiellement, éventuellement à dire à une province qui est récalcitrante, parce qu'elle regarde un projet en disant : Ce n'est pas dans mon intérêt, de dire : Bien, ce n'est peut-être pas dans ton intérêt, mais c'est nous qui décidons pour toi. Et, à chaque fois qu'on laisse Ottawa décider à notre place, t'as un parlement où 80 % des élus ne sont pas québécois, les décisions ne se prennent pas en fonction de l'intérêt du Québec.

Journaliste : Je comprends, mais je veux juste préciser...

Le Modérateur : Merci beaucoup, on va conclure.

Journaliste : Non, mais je veux juste préciser ma question parce que je pense que c'est important. Quand on devient par exemple... Tous les pays ont des barrières tarifaires entre eux, par exemple, plus ou moins élevées, il y a des ententes avec certains pays, il y a des... certains pays où il n'y a pas d'entente, donc des tarifs plus importants, etc. Le Québec, en devenant un pays, est-ce que la situation économique entre... avec les autres provinces resterait la même ou est-ce qu'il y aurait aussi des barrières tarifaires qui seraient placées comme on le fait avec d'autres pays?

M. St-Pierre Plamondon : L'indépendance du Québec ou l'indépendance de l'Alberta, si elle survient avant l'indépendance du Québec, mènerait à une négociation où le fédéral n'est pas là, là, et que, directement, on s'entende pour qu'il y ait le moins de barrières possibles. Je suis certain qu'il y aurait des ententes assez facilement. Et la posture du Québec indépendant serait d'alléger le plus possible ce genre de barrières là, d'avoir une collaboration, à la différence que toutes les décisions seraient en fonction de notre Parlement, de nos intérêts et non pas ce que Mark Carney est en train de préparer, c'est-à-dire des décisions du fédéral imposées au Québec, dans un Parlement où 80 % des élus décident en fonction d'autres choses que le Québec.

Le Modérateur : Merci.

M. St-Pierre Plamondon : Merci.

(Fin à 11 h 47)

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