Point de presse de M. Sam Hamad, porte-parole de l'opposition officielle pour le Conseil du trésor, et de M. Raymond Bachand, porte-parole de l'opposition officielle en matière de finances
Version finale
Le vendredi 30 novembre 2012, 9 h 34
Salle Bernard-Lalonde (1.131),
hôtel du Parlement
(Neuf heures trente-quatre minutes)
M. Bachand: Bonjour. Alors, ce matin, c'est la fin du débat budgétaire, les 25 heures prennent leur terme. Dans ce budget, bien sûr, nous avons salué un certain nombre d'éléments positifs pour lesquels nous nous sommes battus pendant de nombreuses années, entre autres le contrôle de la dette par le Fonds des générations, par le dégel du bloc patrimonial d'électricité. Et le plan global de réduction de la dette est maintenu dans ce budget, avec des moyens différents, mais la vision d'une dette à 45 % du PIB en 2025 est maintenue. Ils ont reculé sur la surtaxe des gains en capitaux et des dividendes et affirment qu'ils vont maintenir l'indépendance de la Caisse de dépôt. Voilà des points positifs.
Il y a des points très mauvais dans ce budget. Entre autres, ça sera le déficit le plus... cette année, à cause de leur décision de Gentilly, le déficit le plus élevé depuis 1995, et c'est la Banque Royale qui, d'ailleurs, dans son analyse, le dit. À 3,3 milliards de dollars, c'est le déficit le plus élevé que nous avons eu depuis des années, deux fois plus que la cible prévue dans la loi. Et d'ailleurs, on a Nicolas Marceau qui est là puis qui dit: Je respecte la cible, mais il faut que j'amende la loi. Il ne respecte pas la cible. Ça fait trois ans qu'on fait des déficits moins élevés que les cibles prévues dans nos lois, puis, eux, ils font un déficit du double prévu dans la loi. Ça, c'est très clair. Les débats de la commission parlementaire aident à trouver ces choses-là.
Deuxièmement, c'est un budget qui augmente les impôts. Troisièmement, ce qu'on a appris aussi en commission parlementaire, il a été très candide, le ministre des Finances, c'est qu'il a fait des choix. Il a fait des choix de geler les frais de scolarité et il a fait des choix de piger dans les poches de 100 000 personnes de plus de 65 ans, où il va chercher 1 100 $ dans leurs poches. Il protège... Il n'a pas été rétroactif sur le 400 $ de baisse d'impôt que ces gens-là ont cette année, en 2012, mais ces baisses d'impôt là augmentaient graduellement jusqu'à 1 500 $. Il bloque ça. Il va dire qu'il ne pige pas dans leurs poches.
Moi, je vais vous dire: Si vous avez une augmentation de salaire prévue dans votre convention collective, de 2 % par année pendant cinq ans, puis quelqu'un se lève puis qu'il dit: Je gèle ça, tu ne l'as plus, moi, je dis qu'il pige dans vos poches. Vous avez une baisse d'impôt prévue qui allait jusqu'à 1 500 $. 100 000 personnes de plus de 65 ans chez qui le Parti québécois va piger dans leurs poches. Ça, c'est scandaleux, et il le fait parce qu'il fait des choix de nouvelles dépenses ou de moins de revenus. Juste le gel des frais de scolarité, c'est trois fois la somme d'argent qui était donnée aux personnes âgées. Alors, il a troqué à peu près 90 millions, qu'il enlève dans la poche des gens de 65 ans et plus qui sont sur le marché du travail, dont nous avons besoin au Québec, contre le gel des frais de scolarité. Ça, c'est terrible. Sam.
M. Hamad: Merci, Raymond. D'abord, le point positif, pour commencer, les cibles des croissances de dépenses. Ils ont maintenu les mêmes cibles que nous avons. Par contre, il y a trois points ce matin. Le premier point, le gouvernement n'a pas déposé les crédits, c'est-à-dire la colonne des dépenses est complètement absente, et ça, c'est important. Quand un Québécois veut aller voir sa Caisse populaire pour une hypothèque, le banquier, la Caisse va lui demander: Quels sont tes revenus puis quelles sont tes dettes et tes dépenses? Et aujourd'hui, on va voter sur un budget sans connaître exactement la colonne des dépenses. Premier point.
Le deuxième, il y a des coupures majeures qui ont été mentionnées dans le budget, sur les programmes d'infrastructures, de 1,5 milliard par année. Alors, autrement dit, sur cinq ans, nous allons se rendre à 7,5 milliards de dollars de coupures dans les programmes d'infrastructures. La question qui se pose, et le citoyen doit le savoir: Est-ce que c'est son école de quartier qui va être coupée? Est-ce que c'est son hôpital dans sa région qui va être coupé? Est-ce que c'est le pont ou quelle route qui vont être coupés dans ces mesures-là? Et le citoyen aujourd'hui ne connaît rien là-dedans. On ne connaît pas l'intention du gouvernement pour ces coupures-là.
Le troisième élément, évidemment, c'est... Vous savez, c'est un manque de respect lorsqu'on dépose un budget, on ne dépose pas de crédits puis on dit: Allez-y, votez, là, fermez les yeux puis votez pour ça. C'est un manque de respect pour le payeur de taxes, parce que les citoyens sont des payeurs de taxes, et le gouvernement, qui gère l'argent des citoyens, doit, par esprit de transparence, démontrer aux Québécois qu'est-ce qu'il a fait avec leur argent. Elles sont où, les dépenses, dans quel ministère, dans quel programme et l'argent va où? Et ça, c'est inquiétant lorsqu'on ne sait pas qu'est-ce que c'est. C'est inquiétant lorsqu'on n'a pas vraiment une idée très claire des coupures.
Donc, l'autre inquiétude que nous avons, qui est importante aussi, comment ils vont arriver à respecter le 1,8 % en sachant très bien qu'ils ont ajouté d'autres promesses, d'autres dépenses. Et nous, nous l'avons évalué l'année prochaine à 900 millions de dollars, s'ils respectent ce qu'ils ont dit. Ils ont donné des promesses, par exemple, comme les garderies et d'autres, et ces promesses-là correspondent à 900 millions de dollars de plus, et, en plus, Gentilly, les dépenses de Gentilly, le manque de revenus. Alors, nous, on a des sérieux doutes sur le respect des cibles de dépenses.
Pour terminer, je vous rappelle que 2011-2012 - et Raymond va être très content, très fier de ça - 2011-2012, notre objectif de croissance de dépenses était de 2,4 % - c'est écrit, en passant, dans les rapports présentés par le gouvernement - et nous avons atteint 2,5 %, c'est-à-dire c'est 0,001 % de différence avec notre objectif.
Évidemment, pour le faire, parce qu'il y avait une gestion très rigoureuse des dépenses, il fallait faire des coupures. Cependant, notre objectif était toujours de respecter les services aux citoyens. C'est-à-dire on fait les coupures dans l'administration, on fait des coupures qui ne touchent pas le service direct aux citoyens. Notre inquiétude, ce budget-là, ce gouvernement-là actuellement ne nous rassure pas sur les coupures de services aux citoyens. Merci.
M. Laforest (Alain): Au-delà des inquiétudes... Je sais que ça va très vite, là. Au-delà des inquiétudes, la grande question, c'est: Allez-vous voter pour le budget?
M. Bachand: On ne votera pas pour ce budget-là. On ne peut pas voter pour ce budget-là qui est un budget incomplet. D'ailleurs, il y a des pans de mur, là... Vous écouterez ma réplique, on ne peut pas tout faire ici parce que vous êtes pressés aussi. Mais on ne votera pour ce budget-là...
M. Salvet (Jean-Marc): Vous confirmez, M. Bachand, que tous les députés libéraux ne seront pas en Chambre pour s'opposer, que vous ne ferez donc pas tomber le gouvernement.
M. Bachand: Nous ne déclencherons pas des élections générales aujourd'hui, parce que des élections qui auraient lieu le 4 janvier, dès élections anticipées la veille du jour de l'an puis un débat des chefs la veille de Noël, là, moi, je n'en veux pas, vous n'en voulez pas, les Québécois que je croise à travers le Québec n'en veulent pas. Puis je ne commente pas les sondages sur les popularités de partis, mais regardez le sondage Léger & Léger, 65 % des Québécois disent: Mettez-nous pas en élections au mois de décembre, s'il vous plaît. On va respecter les Québécois.
M. Hamad: En fait, nous allons voter contre le budget, mais nous allons être responsables et nous allons mettre le gouvernement en sursis. On va les suivre dans ses décisions. C'est très important. On ne suivra pas...
M. Laforest (Alain): ...gouvernement minoritaire, c'est en sursis. Vous pouvez le faire tomber sur une motion de confiance quand vous le voulez, là. Alors, ça ne change pas...
M. Hamad: C'est ça. Exactement, mais on va les suivre puis on va les suivre. Pour le moment, on va être responsables, on va voter contre, mais nous allons demeurer responsables contrairement à l'ego de M. Legault qui n'a pas de responsabilité. Il a dit qu'il va voter contre le budget avant de voir le budget. Il a dit qu'il va voter... Il dit: La raison pour voter contre ça, c'est l'augmentation des impôts. Lui-même, il y a trois mois, M. Legault, il a présenté, dans son programme électoral , l'augmentation des impôts, l'impôt aussi sur le gain de dividendes et le gain de capital. Alors, c'est lui-même qui a présenté ça. Aujourd'hui, il dit qu'il va voter contre le budget avec des raisons contraires à ce qu'il a mentionné pendant sa campagne électorale.
M. Laforest (Alain): M. Bachand, j'aimerais vous entendre sur une décision que va prendre le gouvernement Harper ce matin, que vous avez dénoncée, le Bas-Churchill. Comment vous réagissez au fait qu'on va confirmer le prêt, là, pour la ligne sous-fluviale?
M. Bachand: Bien je trouve ça inacceptable que le gouvernement canadien, par sa force financière, vienne concurrencer Hydro-Québec, intervienne donc dans un marché de l'énergie qui est à chaque province. Il vient changer les règles du jeu du marché. Ce n'est pas acceptable.
M. Hamad: Il y a eu une motion à l'Assemblée nationale, déjà votée, unanime, et le Québec demandait une compensation suite à la décision de M. Harper d'aller financer, faire un prêt à Terre-Neuve. Alors, nous, on n'a jamais eu de prêt du gouvernement fédéral cependant. Je pense que le gouvernement fédéral doit avoir une compensation pour sa décision pour Terre-Neuve pour le Québec.
M. Laforest (Alain): Vous allez mener le combat avec le Parti québécois là-dessus?
M. Hamad: Comme on l'a fait dans le passé, mais avec notre façon à nous.
M. Poinlane (Pascal): Comment le gouvernement devrait, justement, réagir par rapport à ça, le gouvernement provincial?
M. Bachand: Bien, le gouvernement du Québec devrait s'opposer à ça. Nous nous opposons à ça. Maintenant, le gouvernement du Canada, là, il a son banquier, puis il a la main sur le chèque, puis il va garantir un prêt à Terre-Neuve. Et puis ça vient changer toutes les règles du jeu. Alors, il faut à la fois le dénoncer fortement, et on verra pour la suite. Nous ne sommes pas au pouvoir.
M. Laforest (Alain): Le maire Marcotte a démissionné, là. Vous en pensez quoi? C'est le troisième, là, en...
M. Bachand: Bien, vous me l'apprenez, ou je l'ai appris il y a quelques secondes, là, qu'il a démissionné. Bien, il a probablement pris la meilleure décision pour lui-même et pour les citoyens de sa ville.
Mme Johnson (Maya): Mr. Bachand, you characterized this budget as incomplete and you can't support it. But you're not willing to bring down the Government over it. Why that division?
M. Bachand: Because Quebeckers don't want an election the 4th of January with the poles by anticipation on New Year's Eve and with the leaders' debate before Christmas. Two thirds of Quebeckers say they don't want an election in December and they're telling us: Please don't call an election in December. And you know what? I think they're right in that, and I'll respect the will of Quebeckers less than a hundred days in this new Government. We have other means to beat them when they continue destroying this economy. So there will a rendez-vous in history. But it... You can put the turkey in the oven and you don't have to listen to advertising from political parties at Christmas.
Mme Montgomery (Angelica): What do you think of the fact that the budget expenses are coming out next week?
M. Bachand: Well, this is a total lack of respect on Parliament. This is an incomplete budget. You're asking people to vote on the budget when you don't have the books, the five books of all expenses. This is of course a first in history, in the recent years. You're asking to vote for a budget where they are saying they're going to cut infrastructures. They are not saying what is not going to be repaired in Québec, because they are pushing that forward. It's a budget where you don't know why the mining royalties are going to be. So, all the mining investments are stopped right now, all the new investments. That's a concern of the chamber of commerce.
This is an incomplete budget. Municipalities don't know what's going to happen to them, December 31st next year, because they have chosen to do a 16-months budget. So it's a budget... basically, the worst thing in this budget is they've chosen to freeze tuition rights and, in order to get the money, they are picking in the pockets of a 100,000 Quebeckers over 65 years-old, more than $1 000 in their pockets because they had income taxes decreases in the law for next year in the past... in the next for years, and they are freezing that.
M. Duboyce (Tim): I just need to understand that. I mean, if this budget is so detrimental to the development of Québec's economy and it's such a breach of democratic principles, shouldn't that override the fact that Quebeckers don't want to quote an election right away? Isn't it so important that this Government shouldn't be brought down right and to correct the situation?
M. Bachand: Well, in democracy, in which you have an election less that what, 65, 70 days ago, this Government has chosen its course. It's a bad course, but you don't go on election every three months. And I don't want that, and Quebeckers don't want that. They are telling us that it would not be the responsible... There are positive aspects in this budget, which I saluted, because we've gained and we've asked for, so they've given us that to maintain the Generations Fund. They are maintaining the target of bringing down the debt of Québec to 45% the GDP in 2024. Our major policy is there, it's in the budget, with different means but it's still there. And they've backed off on income taxes, higher taxes on dividends and capital gains. So, we have gained some aspects which are important, including a balanced budget in 2013.
Now, this year, it's going to be the worst deficit in the past seven years, and that's why our banks are saying that. We haven't seen that in that many, many years. They are missing their target and they're critically saying that they are going to... having the... respecting the target. But you know what? They have to amend the law because they are violating the target. So there are bad things in the budget, there are a few fundamental good things, but fundamentally Quebeckers don't want an election, and two thirds of Quebeckers don't want an election and they are right.
M. Hamad: Merci. Thank you.
(Fin à 9 h 48)