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(Sept heures quarante-cinq minutes)
Mme Setlakwe : Bonjour. Nous
sommes ici, nous, à l'opposition officielle, pour travailler aujourd'hui. On va
travailler fort, on va poser les questions. Évidemment, il aurait été, selon
moi, dans l'intérêt supérieur que la CAQ écoute, consulte, prenne le temps d'entendre
l'avis des autres, notamment les partis de l'opposition, comme nous, pour
étudier en profondeur ce projet de loi qui est fondamental pour les Québécois.
La CAQ a choisi d'imposer, de forcer l'adoption du projet de loi, mais nous,
nous sommes au rendez-vous aujourd'hui. Nous allons travailler fort en équipe,
utiliser... utiliser le temps, justement, pour le bonifier dans la mesure du
possible, ce projet de loi. Je cède la parole à mon chef, Pablo Rodriguez.
M. Rodriguez (Pablo) : Merci
beaucoup, Michelle. Bon matin, tout le monde. On est... on est en année huit de
ce gouvernement. Ils ont eu sept ans pour faire quelque chose au niveau de la
santé. Rappelez-vous aussi leurs promesses, hein? Tout le monde allait avoir un
médecin à l'intérieur de 90 minutes. Tout le monde aurait accès à un
médecin de famille. Les listes d'attente pour les chirurgies allaient
raccourcir. C'était ça, là, c'est ça les promesses, là. Ils ont promis mer et
monde dans le dossier de la santé. C'est quoi, le résultat? Un constat d'échec,
constat d'échec sur toute la ligne. Et encore une fois, encore une fois, le
ministre de la Santé fait ce que le gouvernement dans son ensemble fait tout le
temps, c'est-à-dire choisir la confrontation. Le ministre de la Santé, comme l'ensemble
du gouvernement, a encore une fois choisi la confrontation.
Alors, ils veulent une victoire, ils
veulent une victoire à tout prix. Ils veulent une victoire à court terme, mais
à quel prix pour la population? Une victoire pour la CAQ, mais une défaite pour
les Québécois. Alors, nous, on est... Et Marc l'a dit souvent, on est du côté
des patients, patients, patients, patients, on est du côté des patients, et du
dialogue. On veut rebâtir les liens de confiance avec nos professionnels de la
santé. On a besoin d'eux. Les Québécois ont besoin d'eux. On a besoin de ce
lien de confiance qui est complètement brisé à cause de la CAQ.
Et d'ailleurs, je veux saluer la FMOQ qui
a entendu ma proposition de cesser les moyens de pression, mais c'est dommage
que le gouvernement, lui, de son côté, n'ait rien entendu, n'ait rien écouté,
qu'il aille encore de l'avant avec cette confrontation, confrontation,
confrontation. Et on l'a vu ce matin, ils ont renvoyé deux fonctionnaires
simplement parce qu'ils ne pensaient pas comme eux. Ça ne vous fait pas penser
à Pierre Dufour, ça, vous ne pensez pas, comme moi? Dehors. C'est ça, la
philosophie de la CAQ. C'est toujours comme ça avec la CAQ. Si vous ne pensez
pas comme moi, dehors, bien là, je pense que c'est le temps de dehors, la
CAQ. Merci.
Journaliste
: Qu'est-ce
que vous pensez des mesures... pardon, des mesures qui seraient incluses, là,
pour empêcher un éventuel exode des médecins en réaction au bâillon, et tout ça?
M. Rodriguez (Pablo) : Bien, on
va voir qu'est-ce qu'il y a dans le projet de loi tantôt, mais en partant, ce
type de confrontation là fait mal. Il mine la confiance, dire : Ils vont
peut-être avoir une petite victoire politique à court terme, mais lundi matin,
là, que c'est qu'il y a de réglé? Il n'y a absolument rien de réglé. Alors, moi,
je pense que c'est un échec pour la CAQ et un défi énorme pour l'ensemble des
Québécois.
Journaliste
: Allez-vous
voter contre?
M. Rodriguez (Pablo) : Bon, on
verra... on verra ce que... ce qu'il y a dedans. Mais honnêtement, je ne vois
vraiment pas comment on pourrait appuyer un projet de loi qui est mis dans la
gorge, qui n'est pas basé sur une négociation. Parce qu'ils avaient l'opportunité
de négocier, de collaborer depuis le début, là, les seules bonnes ententes se
négocient et se signent autour de la table. Mais ils ont choisi encore une fois
la confrontation. Le climat de confiance est à terre, la motivation est à
terre, l'exode des médecins est possible et c'est un problème fondamental.
Encore une fois, ce qu'ils font aujourd'hui, il n'y a rien de réglé lundi matin.
Journaliste
: Sur le
principe de lier une partie de la rémunération à des cibles de performance, ça,
est-ce que vous l'appuyez, ça?
M. Rodriguez (Pablo) : On n'est
pas contre, mais des performances, des cibles qui sont juste quantitatives, là,
ça vous fait de la médecine fast food. Il faut que tu fasses autant de monde. Ça
fait que là, on va passer du monde, un après l'autre.
Journaliste
: ...
M. Rodriguez (Pablo) : C'est...
s'il faut qu'il y ait... pardon, ce ne sera pas long, mais il faut aussi qu'il
y ait des éléments qualitatifs. Il faut que notre système puisse donner des
soins de santé de qualité à l'ensemble des Québécois.
Journaliste
: La
capitation qui assure la prise en charge, ça, est-ce que c'est une bonne
affaire, dans la... dans la loi no 106?
M. Rodriguez (Pablo) : Bien...
pardon, excusez?
Journaliste
: La
capitation, qui assure la prise en charge, qui fait en sorte qu'on... les
médecins sont payés pour prendre... prendre en charge des patients, est-ce que
ça, c'est une bonne chose?
M. Rodriguez (Pablo) : Bien
oui. Bien, je pense que... il faut qu'ils... qu'ils puissent... Oui. Bien oui,
c'est un des éléments, c'est ça, mais on...
Journaliste
: ...
M. Rodriguez (Pablo) : ...bien,
on va voir, on va... Pardon?
Journaliste
: Vous
n'êtes pas super opposés, finalement?
M. Rodriguez (Pablo) : Bien,
je ne suis pas...
Journaliste
: Vous
n'êtes pas contre le principe, pas contre la capitation, vous dites : Par
contre, il faudrait rajouter un élément de... qualitatif.
M. Rodriguez (Pablo) : Bien, c'est
parce que l'élément où est-ce qu'on dit : Vous allez devoir passer tant de
monde, ça, c'est de la médecine fast food. Ça, ça fait en sorte que.... ça fait
en sorte que vous... vous n'avez pas cet élément d'évaluation en termes de
qualité. Et ça, c'est un problème... c'est un problème fondamental, mais aussi
tout le processus. Quand on regarde le lien de confiance qui est complètement
brisé entre nos professionnels de la santé et le gouvernement, il y a un
problème de fond et en bout de ligne, ce sont les Québécois qui paient le prix.
Journaliste
: Est-ce
que c'est réaliste de penser qu'on pourrait freiner un potentiel exode des
médecins? Est-ce que c'est réaliste de penser qu'on pourrait faire ça?
M. Rodriguez (Pablo) : Commençons
par ne pas les décourager. On regardait ce matin, on voyait, là, que les jeunes
médecins, les étudiants se disent : Bien, voyons, dans quel milieu on va
travailler, dans quel environnement on va travailler, où on est encore en
confrontation perpétuelle avec le gouvernement. Alors, donnons-leur la
possibilité de bien travailler chez nous. Lorsqu'on dit à nos spécialistes :
Vous allez devoir opérer plus, et moi, j'en suis, je suis d'accord avec ça... mais
qu'ils aient accès aux salles d'opération, qu'ils aient accès à l'équipement,
qu'ils aient accès aux gens qui ont de besoin autour d'eux lorsqu'ils opèrent.
Si le gouvernement ne peut pas leur donner ce type de garanties là, c'est très
difficile de dire : Oui, on va opérer plus, lorsque vous avez des salles
d'opération qui sont fermées.
Journaliste : ...ça ne
revient pas à défendre un peu le statu quo, dans le fond, comme le dit le
premier ministre, ce que vous proposez?
M. Rodriguez (Pablo) : Non,
il n'y a pas... Non, parce qu'on est tous d'accord de revoir la rémunération
des médecins. Tout le monde, tout le monde est d'accord. Nous, on l'est, les
médecins eux-mêmes sont d'accord là-dessus. Mais si ceux qui subissent ça,
c'est-à-dire ceux qui le vivent, ne font pas partie des discussions et de la
solution, vous avez un problème de fond. Vous allez avoir une victoire
politique, à court terme, mais vous allez avoir une défaite pour l'ensemble des
Québécois sur le long au gouvernement.
Journaliste : Il y a une
époque où il y avait beaucoup de médecins au gouvernement. M. Couillard a dit à
M.... M. Barrette de ne pas imposer des pénalités comme il voulait dans sa loi.
Vous, vous auriez été plus Couillard ou Barrette?
M. Rodriguez (Pablo) : Ah!
moi, je suis du côté du bon sens puis du patient, également. Vous savez,
lorsqu'on pense qu'on détient la solution, comme gouvernement, puis on
dit : Bien, voici ce qu'on va vous imposer, plutôt que de vous écouter,
plutôt que de s'asseoir avec les médecins... Parce que les médecins ont cette
expérience-là du terrain. Ils savent exactement... Ils savent...
Journaliste : Mais ma
question c'est... c'est : Est-ce que ça prend des pénalités? M. Barrette
trouvait que ça prenait des pénalités. M. Couillard l'a arrêté. Et là...
M. Rodriguez (Pablo) : Moi,
je pense que ça prend une solution négociée pour... puis qu'on en arrive...
pas...
Journaliste : Donc, pas de
pénalités?
M. Rodriguez (Pablo) : Moi,
ce que je dis, c'est que... assoyons-nous avec les médecins puis regardons ce
sur quoi on s'entend de façon collective, indépendamment du résultat à la fin.
Mais, la différence, c'est que...
Journaliste : Il me semble
que ça fait des décennies qu'on s'assoit avec les médecins.
M. Rodriguez (Pablo) : Bien,
pas récemment, en tout cas. Parce que, si vous avez les médecins actuellement
qui sont mécontents, si vous avez les médecins qui disent : Aïe! Moi, je
menace de m'en aller, si vous avez des médecins qui sont sur le bord de la
retraite, il y en a beaucoup qui disent : Sais-tu quoi, moi, je vais
peut-être la prendre, ma retraite, quant à vivre ça. Lorsque vous avez des
étudiants, comme on vient de le lire, qui se disent : Ah! ça devient
décourageant, on a un problème de fond. Et qui subit ça, en bout de ligne,
c'est le patient.
Journaliste : ...du fait que
la FAE pourrait avoir dépensé 2.4 millions pour contester la laïcité en Cour?
Donc, c'est de l'argent des cotisations des membres qu'on utilise,
2.4 millions.
M. Rodriguez (Pablo) : Bien,
c'est de l'argent de... du syndicat lui-même, qui appartient au syndicat. Moi,
je ne me mêlerai pas de leur... Mais je me mêle...
Des voix : ...
M. Rodriguez (Pablo) : Je ne
me mêle pas de leur gestion interne. Mais, ça, c'est quelque chose qui doit
être débattu dans leurs assemblées publiques, en événements publics. Puis que,
si les... si les militants, si les syndiqués ne sont pas contents, à ce
moment-là, qu'ils... que ça se débatte entre eux. Mais je ne m'ingère pas dans
la gestion interne d'un organisme.
Journaliste : ...pour vous,
il n'est pas question de venir interdire l'utilisation, par exemple, de fonds
comme ça pour les causes qui peuvent être, selon le gouvernement, à
l'extérieur, là, du mandat d'un syndicat?
M. Rodriguez (Pablo) : Bien,
là où... là où il y a un problème, par exemple, c'est d'interdire comme ils le
font, au niveau de leur constitution, dire : Tu es un organisme public, tu
ne peux pas rien faire. Par exemple, le Conseil du statut de la femme, bien,
qui joue un rôle superimportant, on lui dit : OK, tu joues un rôle
important, mais tu n'auras pas le droit de contester. Là, il y a un problème de
fond, à ce niveau-là. Pour le reste, c'est vraiment de la démocratie interne.
C'est au syndicat de... de gérer puis voir, s'ils ne sont pas contents, à ce
moment-là, de faire des changements.
Journaliste : ...il y a une
autre cheffe syndicale, Magali Picard, qui a dit : La FAE aurait dû
attendre d'avoir un cas particulier avant de contester la loi. Trouvez-vous que
c'est... que c'est une...
M. Rodriguez (Pablo) : Bien,
encore... encore une fois, ça, c'est... c'est de la gestion interne du
syndicat. Moi, je ne me mêle pas de leur gestion. On en a assez du côté... du
côté du gouvernement, là.
Journaliste : Est-ce que les
syndicats devraient attendre d'avoir un cas particulier avant de contester une
loi où ils devraient contester les lois comme un organisme militant?
M. Rodriguez (Pablo) : Bien...
Bien, encore une fois, c'est... c'est du... ça, c'est du cas par cas, puis
c'est s'ingérer dans la gestion actuelle des syndicats. Puis, moi, je ne
m'ingère pas. Ils ont ce pouvoir-là, les syndicats, les délégués, de voter, de
nommer des gens, de les... de les tasser puis les changer également aussi. Donc
c'est de la gestion interne. Puis c'est à eux de se gérer, là. Qu'ils se...
Qu'ils se gèrent...
La Modératrice : On va passer
en anglais parce qu'il faut aller en Chambre.
Des voix : ...
M. Rodriguez (Pablo) : Je...
Je ne vous entends pas.
Journaliste : Donald Trump
qui envoie promener le Canada ce matin?
M. Rodriguez (Pablo) : C'est...
Bien, il est spécial, le bonhomme, là. J'ai déjà fait partie de l'équipe des
ministres qui a négocié le premier traité de libre-échange sous lui. Et c'est
imprévisible. C'est... C'est normal. Nous, on doit... on doit, comme Québécois,
mais aussi comme Canadiens, se tenir debout et diversifier notre économie. Les
Québécois, on doit diversifier notre économie, comme... comme l'ensemble du
Canada de le faire. On est trop dépendants face aux Américains. On doit faire
tomber les barrières tarifaires. On doit faire en sorte de profiter des traités
de libre-échange. Le Canada est le seul pays du G7 qui a un traité de
libre-échange avec tous les autres pays du G7, avec... avec l'Angleterre, avec
des pays en Amérique latine, des pays en Asie. Profitons-en!
Journaliste :
On the idea of preventing doctors from
leaving, what do you think of it?
M. Rodriguez
(Pablo) : Well, we'll see what… what's in the
bill. The problem is that, why would doctors want to leave? Because they don't
feel respected, they don't feel hurt and… and that's a major problem with the
Government. So, instead of putting this special law, they should just put it
aside, sit down with… with the doctors and negotiate something.
Journaliste
: And just on the strategy in general invoking closure, I mean, how
does it make you feel?
M. Rodriguez
(Pablo) : Well, they're… they're taking the
same approach all the time, it's my way or the highway. And in this case, maybe
they have... they're going to have a short-term political win, but it's a big
loss for Quebeckers.
(Fin à 7 h 57)