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Point de presse de Mme Ruba Ghazal, cheffe du deuxième groupe d’opposition, et M. Vincent Marissal, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de santé

Version finale

Cette transcription a été réalisée à l’aide d’un logiciel de reconnaissance vocale. Elle pourrait donc contenir des erreurs.

Le vendredi 24 octobre 2025, 11 h 40

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures quarante minutes)

Mme Ghazal : Alors, bien, rebonjour. Donc, on a eu le temps de regarder... bien, peu de temps pour regarder ce projet de loi là, cette loi spéciale, qui est quatre fois plus grande, plus d'articles que le projet de loi n° 106. Sincèrement, avec le temps qu'on a eu d'analyser ce qu'il y a dedans, là, avec les moyens qu'on a, clairement il n'y a personne qui va être servi par cette loi spéciale, certainement pas les patients qui vont avoir plus de soins... ils n'auront pas plus de soins, pas plus de qualité de soins aussi, ni le système de santé. Puis ce qui ne sera pas servi par cette loi spéciale, c'est notre démocratie. Ce n'est pas en nous bâillonnant qu'on va pouvoir régler les problèmes des Québécois et Québécoises à avoir accès à un système de santé de qualité. Je le répète, ce projet de loi là, cette loi spéciale qui est imposée et avec laquelle on est bâillonnés, on va faire un vote pendant la nuit, c'est un projet de loi qui prouve la dérive autoritaire de François Legault, de la CAQ, qui est de plus en plus revanchard et chicanier. C'est vraiment choquant.

M. Marissal : Bon, alors, disons d'abord les choses comme elles sont, le projet de loi n° 106, c'est mort et enterré, là. On a maintenant un autre projet de loi totalement différent, le projet de loi n° 2, qui est passé de 52 articles à 214, de 39 pages à 113 pages. Et on est ici devant un double déni de démocratie.

Le premier déni, c'est évidemment le bâillon, qui met fin aux discussions. Le mot le dit, là. D'ailleurs, dans le jargon parlementaire un peu vieillot, là, vous me permettrez de trahir mon âge, le terme utilisé pour «bâillon», c'est «guillotine», hein? On appelle ça une guillotine, ce n'est pas pour rien. Alors, on vient de couper la tête des débats ici.

Le deuxième déni de démocratie, et ça, c'est une mauvaise habitude de la CAQ, là, c'est que le mot «règlement» revient 115 fois sur 113 pages. Ça, ça veut dire essentiellement que non seulement ce qu'on va se faire rentrer dans la gorge par bâillon ici... les détails seront décidés derrière des portes closes au Conseil des ministres, selon l'humeur du ministre 17867 ou du premier ministre, je présume. Alors, ça devient difficile, là, pour les partis d'opposition de faire un travail sous un bâillon. Puis quand on ne sait pas exactement de quoi on parle... puisque ce sera au bon gré du ministre.

Ce ministre, de toute évidence, s'est gâté, s'est fait plaisir. C'est un très gros projet de loi aux ramifications quasi infinies, qui par ailleurs poussent beaucoup par en avant. Et je vous invite à aller voir la section des objectifs, c'est en annexe du projet de loi. Pour fins de référence, là, ça commence autour de la page 93 ou quelque part par là, là. De toute façon, vous le trouverez, c'est ça, 93. On a... Pardonnez-moi, 92. On a les objectifs nationaux là-dedans, en annexe. Ça, c'est le catalogue des vœux pieux du gouvernement, chiffrés sur ce qu'il veut arriver à faire dans un délai x ou y. Alors, j'ai vu beaucoup de choses étonnantes en sept ans ici, mais je ne savais pas qu'on pouvait légiférer les vœux pieux. C'est ça que ça fait ici, là.

Et, en fait, tout ça, là, c'est l'inventaire des échecs de la CAQ. Alors, ils n'ont pas été capables de le faire. C'était dans leurs promesses depuis 2018. Maintenant, ils le mettent dans un projet de loi en disant : Arrangez-vous avec ça, puis arrangez-vous pour que ça marche. C'est de la pensée magique, c'est de la pensée magique. Alors, de toute évidence, ce projet de loi là, dans les prochaines heures, aujourd'hui ou demain matin, il sera adopté, mais, quant à moi, il ne règle rien. Et j'ajoute qu'il ne fait qu'envenimer les relations avec les médecins, qui sont aussi en train d'étudier ça. Et que ce soient les deux fédérations ou les jeunes médecins, ils n'ont pas l'air bien, bien plus de bonne humeur que nous autres.

Journaliste : J'aimerais ça vous entendre sur l'exode. Parce qu'il y a quand même des contraintes monétaires assez sévères. On comprend que si un groupe de médecins, les orthopédistes, décidaient de se désaffilier pour aller au privé, eux, c'est assez facile à identifier, mais un médecin qui décide de traverser la rivière des Outaouais pour aller à Montfort et que le lendemain, un autre collègue décide de traverser la rivière des Outaouais pour aller à Montfort et que, le jeudi, un autre collègue traverse la rivière des Outaouais pour aller à Montfort, ils sont trois. Ça devient considéré par le ministère de la Santé comme un acte collectif concerté avec une pénalité monétaire. Vous en pensez quoi?

M. Marissal : Bien, d'abord, ces médecins-là peuvent ne jamais revenir ici. De deux, je présume qu'ils auront tout le loisir de faire valoir leurs droits devant les cours de justice habilitées à le faire. Il y a cette chose qui existe, qui s'appelle la mobilité, là, qui est généralement reconnue comme un droit fondamental. Et puis, sur le fond, là, sur le fond, là, on va partir à la chasse aux médecins, on va les attendre l'autre bord de la rivière des Outaouais quand ils vont revenir pour les pénaliser. On va-tu avoir une police des médecins? C'est vraiment de ça dont on a besoin en ce moment au Québec? Non, ce n'est pas de ça dont on a besoin au Québec. On a besoin de réorganiser les soins. Puis, en passant, là, il y en a un sacré paquet de médecins qui ont quitté le Québec. C'est de la faute de la CAQ. Ils les ont poussés à quitter le Québec parce que ce gouvernement est incapable de leur donner les moyens de faire leur travail ici. Que la CAQ prenne ses responsabilités. Ce n'est pas en promettant, là... On va envoyer la GRC en Ontario, aller les rechercher? On va envoyer la SQ? Il va y avoir des shérifs des médecins? C'est tellement contreproductif et ça envoie tellement un mauvais message. Pourquoi est-ce que ces médecins-là quittent? Pourquoi veulent-ils quitter? C'est plus ça qu'il faut se poser comme question.

Mme Ghazal : Puis, tu sais, c'est démotivant. Puis, en plus, toute la liste que tu as appelée la liste des vœux pieux, je veux dire, ces indicateurs de performance, ça ne dépend pas 100 % des médecins, ça dépend du gouvernement puis des ressources qu'ils mettent en place. Donc, même s'il réussit, malgré nos droits puis nos chartes, à les attacher puis à les garder au Québec, les patients n'auront pas plus de soins puis on ne réussira pas à atteindre tous ces vœux pieux ou ces objectifs qui... Je veux dire, on aimerait ça qu'ils soient atteints, ces objectifs-là, si le gouvernement ne met pas en place les ressources nécessaires pour ça. Ça fait que ça ne dépend pas des médecins.

M. Marissal : Avant de se demander comment puis-je punir les médecins, le ministre aurait dû se demander : Comment puis-je réorganiser le réseau pour leur donner les moyens de travailler ici? C'est lui qui dit depuis des années qu'il veut redevenir l'employeur de choix. Là, il est en train de nous dire qu'il va partir à la chasse des médecins qui iraient travailler en Ontario ou au Nouveau-Brunswick ou que sais-je encore. Enfin, c'est la voie qu'il a choisie puis il va nous rentrer ça dans la gorge par bâillon. Il vivre avec son bilan.

Journaliste : Ces pénalités-là, vous dites qu'elles seront contestées. Est-ce que vous pensez qu'il va y avoir d'autres contestations sur lui, ou même, une contestation large de ce projet de loi là?

M. Marissal : Bien, c'est plausible, c'est plausible. Maintenant, je vais laisser les médecins, individuellement et en associations, décider des actes et des recours qu'ils peuvent prendre. Mais, vous savez, il y a beaucoup d'arbitraires dans ce projet de loi là, puis les Cours de justice sont le rempart contre l'arbitraire.

Journaliste : Pensez-vous pouvoir le bonifier, ce projet de loi là? Puis, si oui, ce serait quoi, la priorité, là? Est-ce qu'il y a quelque chose que vous pourriez modifier...

Mme Ghazal : Grosse mission.

M. Marissal : Moi, quand je donnais des cours de journalisme, des fois, je recevais des copies qui étaient tellement mauvaises, au début, que je choisissais de ne même pas les corriger. Je demandais à l'élève de la refaire, sa copie, de recommencer. Et je ne vais pas jouer dans le jeu de la CAQ, à accepter qu'ils nous bâillonnent et à essayer d'améliorer leur torchon. La CAQ a posé un encouragement pour déposer des bâillons, là. On ne va pas jouer dans ce film-là, là.

Mme Ghazal : Bien, tu vas être présent...

M. Marissal : Ah! bien oui.

Mme Ghazal : ...puis on va faire le travail, puis on va... on va rester jusqu'à minuit, 6 heures du matin, on ne le sait pas, là, ça va être quand que... le vote...

M. Marissal : Oui, et à l'heure... à l'heure qu'il faudra, ça va. Mais, non, moi, je n'ai pas l'intention d'essayer... Et j'ai trouvé particulier, et assez indécent, de la part du ministre, ce matin, de me répondre qu'on a une bonne éthique de travail et qu'on arrive à améliorer des projets de loi. Là-dessus, je suis d'accord avec lui, mais ça se fait en commission parlementaire, ça, ça ne se fait pas des nuits de bâillon, là, quand tout le monde est excédé ici, là, puis qu'on nous présente des projets de loi là, énormes comme ça, là, mal foutus. Ça ne peut pas se faire dans des conditions comme ça. Moi, ce n'est pas comme ça que je travaille.

Journaliste : Il y a les réseaux de santé francophones au Nouveau-Brunswick, en Ontario, qui sont vraiment agressifs, actifs, sur les médias sociaux, pour dire : Aïe! les médecins québécois, là...

M. Marissal : J'ai vu ça.

Journaliste : À quel point vous pensez que ça peut se réaliser, là, de façon concrète, là, que les médecins décident de... des enfants, souvent... les jeunes médecins, de prendre leurs cliques puis leurs claques puis s'en aller?

M. Marissal : Savez-vous ce qui m'inquiète bien plus? C'est qu'avec des projets de loi comme ça là, comment on va faire pour attirer des médecins d'ailleurs au Québec? Puis comment on va faire pour garder nos jeunes médecins? C'est bien plus ça qui m'inquiète. Après ça, le Nouveau-Brunswick a bien le droit d'essayer de nous vendre ce qu'il veut, on ne peut pas les empêcher de le faire. Mais si le Nouveau-Brunswick devient plus attractif pour des jeunes médecins ou des médecins étrangers que le Québec, c'est le Québec qui a un problème, ce n'est pas le Nouveau-Brunswick.

Mme Ghazal : On ne souhaite pas que ça arrive, en tout cas. Mais c'est ça, c'est ça que le gouvernement est en train de dessiner, puis c'est très, très malheureux pour les patients.

Journaliste : So, what's your main impression of Bill 2? It seems to be way more strict, coercitive, than Bill 106.

M. Marissal : It is. Bill 106 is dead, we have a new bill, it's Bill n° 2. And it's something else, it's something stronger, they go... they go further with that. And, clearly, they are pushing in time what they really want to achieve with that. Go to the end of the Bill, with all the objectives. It's, basically, all the objectives that the CAQ has not been able to achieve during the seven last years, and now, they put it in a bill, hoping for a miracle that, at some point, all these objectives will be achieved just because it's written in the bill. They failed, since 2018, they just failed to do just that. And, all of a sudden, just because it's written in a bill, it's going to happen? I don't believe this.

Journaliste : So, they are fast-tracking hardcore means?

M. Marissal : Yes. Well, what do you mean exactly by that?

Journaliste : Well, it's just... For example, fines, the fines that... for example, like... doctors could leave Québec to work in Ottawa. You can have fines, you can... you can get a reduction of years of practice. I mean, that's a lot.

M. Marissal : Yes, but the question is: Why would you want to punish your doctors? It's probably because you're not able to retain these doctors in Québec. And it's the CAQ's fault. I mean, they have not been able, over the seven last years, to put in place measures, programs, funding, resources that would make sure that we are able to keep our doctors. Can we blame the doctors 17867that are just fed up with this sick system, that they want to go practice elsewhere? That's the question. At the very beginning, why are they leaving?

Journaliste : Do you think they are creating a... of doctors?

M. Marissal : That... that's my fear. I mean, if you... if you say, in a bill, that... if three doctors go to New Brunswick, or New York State, or Ontario, that you are going to run after these doctors to find them and to punish them, first of all, I think it's crazy, I think it's absurd. And then, yes, I think that we're going just to run after doctor to punish them. I would prefer to see the government act to make sure that we have the doctors working in Québec, in good conditions, not tracking them like criminals. I mean, that's crazy.

Journaliste : And to add this work of surveillance to the system, I mean, what kind of climate do you think that's going to create among doctors, groups of doctors?

M. Marissal : Well, the level of animosity is probably, on a scale of 1 to 10, at 7.5, it's going to reach 9, 9.5. What are you trying to achieve here? Make the doctors even more mad that they are right now? I don't get it.

Journaliste : Do you see anything in there that will improve patient care in your mind?

M. Marissal : Well, you know, the measures are for the most part pushed forward in time in 2026, 2028. So, it's pretty hard for me to say that it's positive. And at the end of the day, when you look at all the objectives, I mean, it's not because you write it in a bill that it's going to work. You have to put in place the resources and the measures that... that will ensure that you are able to achieve these objectives. The fact is that these objectives, the CAQ have failed to achieve them.

Journaliste : And just lastly, what do you make of the idea that they can keep changing things up by... you know, at the cabinet table as they move forward? They've baked into the... I mean, I don't know how to...

Des voix : ...

M. Marissal : Yes, «règlement» in English, that's a good one. If you don't know... if you don't know it, how come us too? I wouldn't know it. «Règlement»... Wait, there's a...

Mme Ghazal : Rules?

M. Marissal : Rules, or... There's a specific term about it, we will find it, but I do understand.

Journaliste : Regulations.

M. Marissal : Yes, I do... the details of the regulation, I do understand your question, though. It's really hard for us, at the beginning, to work such a bill in the closure. Beside that, in surplus, it's really hard for us to work with a bill that works with «règlement» to come, you know. It's basically a blank check to the minister. Do whatever you want, and you don't have to tell me, we don't have to debate it, you will come to the cabinet, and you will decide behind closed doors, giving your humor or the... I don't know, the weather, maybe. Thank you.

Mme Ghazal : Thank you.

M. Marissal : Merci.

(Fin à 11 h 55)

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