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(Huit heures quarante-deux minutes)
M. Paradis : Bonjour. 125
collègues, c'est ce que nous sommes, les députés, à l'Assemblée nationale. Et
aujourd'hui j'aimerais, au nom de ma formation politique, exprimer toute notre
solidarité envers notre collègue Caroline Proulx, qui a vécu un événement assez
dramatique à la suite du décès accidentel de sa mère. Elle a évoqué dans son
témoignage hier le fait que, dans sa première activité publique, elle a vécu
beaucoup d'émotions. J'étais là parce qu'il se trouve que c'était un événement
dans la circonscription de Jean-Talon. Et, quand ça s'est passé, je me suis
empressé d'exprimer notre solidarité. En fait, je l'ai prise dans mes bras
parce que je comprenais qu'il se passait quelque chose, sans connaître tous les
détails. Alors, on va continuer de penser à elle, de lui souhaiter un prompt
rétablissement et un retour avec nous dans les meilleures conditions possibles.
Bonne chance, Caroline!
M.
Bérubé
:
Merci. J'ajoute ma voix à celle de mon collègue. Caroline est une collègue
estimée, qui a tout notre support.
On a eu confirmation hier : 10 %
de compressions à la Sûreté du Québec. Ça, c'est confirmé. Il reste à voir quel
sera le plan. Les premiers éléments qui émanent de la Sûreté du Québec, qui,
manifestement, veut passer un message au gouvernement, c'est : Vous nous
demandez des compressions, voici notre marge de manœuvre. Alors, douzaine de
postes de police qui seraient fermés, une escouade des crimes économiques, la
patrouille de nuit, vente d'hélicoptères. Je veux dire, c'est quand même
impressionnant. C'est les plus grandes compressions depuis très longtemps à la
Sûreté du Québec. Et j'en appelle aux députés de l'Assemblée nationale qui ont
ces postes de police sur ce territoire de faire pression sur le ministre de la
Sécurité publique pour les maintenir. Alors, Daniel Bernard, pour le poste de
police de Témiscamingue, Kateri Champagne Jourdain pour Havre-Saint-Pierre,
Yves Montigny pour Tadoussac, Denis Lamothe pour Radisson, Stéphane
Sainte-Croix pour Grande-Vallée, Catherine Blouin pour Matapédia et New
Carlisle — Matapédia, c'est la municipalité de Matapédia, qui n'est
pas dans la Matapédia, mais ça, c'est un autre enjeu — et Nancy
Guillemette pour Roberval.
On a une motion aujourd'hui qui demande d'exclure
la fermeture de postes de police et le maintien de l'escouade économique. Vous
faites régulièrement cas de... état de fraudes, d'usurpations d'identité, entre
autres. C'est un crime très fréquent. Et je pense qu'on envoie un mauvais
message. Donc, confirmation de 10 % des... du financement de la Sûreté du
Québec. Maintenant, quel sera le plan du ministre? Bien, on lui envoie une
première indication que ça ne peut pas être fermer des postes de police et
réduire une escouade qui est fort pertinente, d'autant plus que le gouvernement
évoque la loi et l'ordre. J'ai entendu ça. Vous étiez, là, vous? Bon. Alors,
comment ça va se matérialiser, je ne sais pas, mais comment nous, on va
défendre les régions et la sécurité, nous, on sait.
Journaliste : Est-ce que le
ministre responsable de l'Abitibi doit intervenir?
M. Bérubé : Bien, en toutes
circonstances. D'ailleurs, c'est assez... je ne sais pas qu'est-ce que ça dit
sur la Gaspésie, mais d'avoir à choisir l'Abitibi-Témiscamingue et pas la Gaspésie,
qui n'a pas de ministre sur son territoire... Bien là, il y a trois postes de
police qui seraient abolis : New Carlisle, Matapédia et Grande-Vallée.
Alors, oui, le ministre peut intervenir, doit intervenir, et les députés aussi.
Les députés, leur premier rôle, c'est de défendre leur population, et je les
invite à se faire entendre auprès du ministre. Je ne pense pas qu'on les
entende auprès des médias ou auprès de nous, mais, à tout le moins, qu'ils
fassent les représentations nécessaires. On va les aider un peu avec une motion
aujourd'hui. Si le gouvernement est en accord, au moins on aura exclu les
postes de police régionaux.
Journaliste : Qu'est-ce que
vous dites aux médecins qui sont en processus de quitter le Québec?
M. Paradis : Bien,
évidemment, il n'y a personne qui souhaite ça au Québec. Et le gouvernement de
la CAQ, pour des raisons électoralistes, a décidé de déclencher une guerre avec
les médecins. C'est voulu par le gouvernement de la CAQ, et c'est ce qui se
passe. Alors, c'est triste qu'on en soit rendu là parce qu'on a bulldozé un
tout nouveau projet de loi au milieu de la nuit de vendredi à samedi. C'était
un bâillon qui était injustifié. C'était ce que le gouvernement voulait,
déclencher ce genre de chose là. Maintenant, il l'a.
Journaliste : ...qu'il y a 100
médecins qui vont quitter ou c'est une opération pour mettre de la pression sur
le gouvernement?
M. Paradis : On ne souhaite
pas que ça arrive. Ce qu'on sait, c'est qu'il y a des médecins qui vivent très difficilement
avec ce qui s'est passé dans la nuit de vendredi à samedi. Je pense que
plusieurs d'entre nous avons reçu des témoignages sur la façon dont ça s'est
passé. Parce qu'encore une fois je pense qu'il n'y a personne qui conteste au
Québec le fait qu'un gouvernement peut modifier le mode de rémunération.
D'ailleurs, il y a... je pense qu'il y a beaucoup de gens qui s'entendent sur
le fait qu'à la base la réforme était nécessaire, mais c'est la manière de le
faire, du travail bâclé, du travail bulldozé au milieu de la nuit. Ça, c'est
sûr que ça cause ce genre de réaction là des principaux concernés, qui se
sentent exclus, qui se sentent visés par ce processus-là au milieu de la nuit.
Maintenant, on ne peut pas nier non plus que la Fédération des médecins
spécialistes du Québec fait des communications. Il y a eu cette volonté-là du
gouvernement de déclencher le conflit. La Fédération des médecins spécialistes
répond, bien sûr, en faisant des relations publiques.
Journaliste : Qu'est-ce que
vous dites aux médecins qui font ce choix-là? Parce que là, je veux dire, c'est
des milliers de patients québécois qui viennent... peut-être des dizaines de
milliers de patients québécois qui vont perdre leurs médecins de famille, là,
s'il y a un exode. Qu'est-ce que vous dites aux médecins qui font le choix de
quitter, là?
M. Paradis : Pas de décision
précipitée. Ça, ça vient de se passer dans la nuit de vendredi à samedi, et à
peu près tous les partis d'opposition ont indiqué qu'ils voudraient apporter
des modifications. En tout cas, c'est le cas de notre... c'est le cas de notre
formation. On l'a dit, sur le mode de rémunération, il y a des choses qui sont
valables dans le projet de loi. Maintenant, il y a tout un paquet de
dispositions, qu'on a nous-mêmes identifiées au milieu de la nuit, là, on a
proposé... D'ailleurs, le Parti québécois est le seul parti à avoir proposé des
amendements au milieu de la nuit pour essayer de contrecarrer les éléments... les
erreurs claires qui étaient dans le projet de loi puis les principaux
problèmes. Mais donc pas de décision précipitée.
Pensez aux patients. J'ai entendu le
ministre, j'ai entendu le gouvernement dire ça, moi, à plusieurs reprises :
Pensez aux patients. Est-ce que vraiment le gouvernement de la CAQ a mis le
patient au centre de ses décisions? Je pense que tout le monde est à même d'en
douter. Même chose pour les médecins. Pensons aux patients d'abord et avant
tout. Je pense que, 19999 autant le
gouvernement de la CAQ, que les médecins et notamment les fédérations de
médecins, doivent penser au principal devoir de tout le monde, quand l'objet de
politique publique... ne pas nuire.
Journaliste
: Vos
adversaires libéraux et solidaires disent que leur message aux médecins,
c'est : Attendez dans un an, puis nous, on va scraper la loi. Vous, vous
ne pouvez pas tenir le même discours puisque vous avez dit que vous garderiez
la loi en la modifiant. Est-ce que vous pensez que votre message est aussi
convaincant pour les médecins?
M. Paradis : L'idée, c'est de
faire la bonne chose pour les patients, pour le système de santé, pour l'accès
à un médecin, pour la réduction des délais dans les urgences, etc., les grandes
promesses du gouvernement de la CAQ qui n'ont pas été tenues. Nous, c'est ça,
nos objectifs, et on le dit dans la loi, il y a des éléments qui sont
intéressants. Par exemple, le mode de rémunération par capitation, le mode de
gestion de cette capitation-là, il y a des éléments... même la plupart des
médecins sont d'accord avec ça. Donc, il y a des éléments qui tiennent la
route. Il y a plein d'éléments qui sont complètement bâclés. C'est comme ça
quand on prépare une loi dans l'urgence, qu'on la présente sans avoir eu le
dialogue avec les députés. On a identifié, au milieu de la nuit, tout un paquet
d'erreurs. Par exemple, dire que la rémunération, sur certains actes, va être
dépendante de l'action ou de l'inaction de certains médecins dont ce n'est pas
la tâche de faire ça.
Donc, il y a des éléments qui ne
fonctionnent pas. Il y a toutes sortes de dispositions qui ratissent beaucoup
trop large sur les sanctions, ce qui est une action concertée des médecins, qui
réduiraient l'accès aux services. Il y a beaucoup, beaucoup d'exagération dans
cette loi-là. Et, oui, on peut garder des éléments sur lesquels il y a des
consensus tout en travaillant sur ce qui ne fonctionne pas, ce qui a été bâclé
dans cette loi.
Journaliste
: Plus de
deux ans de négociations, quelle est la part de responsabilité des fédérations
de médecins pour la situation qu'on a actuellement?
M. Paradis : Bien, si tout le
monde avait mis le patient au centre des préoccupations, peut-être qu'on n'en
serait pas là. Mais on le réitère, le gouvernement de la CAQ a cherché ce
conflit, a cherché cette situation sciemment. Parce que vous dites... C'est
vrai qu'il y a eu des négociations pendant deux ans, il y a eu des
consultations particulières, mais le projet de loi qui nous a été présenté
vendredi matin, à 9 h 45 et qui a été adopté à 4 heures du
matin, c'est tout nouveau, c'est un projet de loi tout neuf qui a des
éléments... Le gouvernement disait : Mais c'est parce qu'il y a urgence,
il y a urgence, notamment, parce qu'il parlait des moyens de pression des
médecins. Mais il y a tout un paquet de nouvelles dispositions que jamais
personne, au Québec, n'avait vues avant 9 h 45, vendredi matin.
Alors, quand on regarde pourquoi on en est rendus là, voici les causes.
Journaliste
: Est-ce
que vous dites que personne n'a mis le patient au centre de ses préoccupations?
M. Paradis : Mais tout le
monde dit ça. Mais, actuellement, est-ce que ce qui se passe... On demande la
même chose au gouvernement de la CAQ, on demande la même chose aux fédérations
de médecins : Est-ce que ce qui est en train de se passer est au bénéfice
des patients? Est-ce qu'il y a plus d'accès aux soins aujourd'hui que vendredi
dernier? Est-ce qu'il y a moins d'attente dans les urgences? Bien, on est dans
une situation, on est dans une situation de conflit puis d'incapacité à se
parler. Beaucoup de communication, peu de solutions centrées sur les médecins.
Ce qu'on demande actuellement, c'est un retour au calme pour qu'on se concentre
sur ces questions-là.
Journaliste
: Est-ce
que vous vous excluez d'avoir recours au bâillon pour faire votre réforme
souhaitée dans un an, disons?
M. Paradis : Bon, d'abord, il
va se passer beaucoup de choses. Nous allons travailler très fort pour avoir la
confiance des Québécois. Et on a dit qu'un gouvernement du Parti québécois va
reprendre le travail sur... sur ce projet de loi bâclé, mal ficelé, présenté
dans un bâillon inutile, complètement inutile, complètement injustifié. Puis il
y a moyen d'y arriver en se parlant et en travaillant correctement.
Journaliste
: ...
M. Paradis : Ce qu'il faut
viser, c'est d'arriver à une réforme du mode de rémunération qui est négociée,
qui est entendue et qui fait en sorte qu'il y a une transition vers un système
qui fonctionne et qui favorise l'accès aux soins, les services aux patients, la
réduction des délais d'attente, etc., qui sont les promesses, ne l'oublions
pas, du gouvernement de la CAQ en 2018, qui a attendu sept ans pour en arriver
à ce bâillon au milieu de la nuit, avec un projet de loi qui a été présenté à
9 h 45.
Journaliste
:
...François Legault dit s'être inspiré de Lucien Bouchard.
M. Paradis : Pardon?
Journaliste
:
Trouvez-vous ça ironique que François Legault dise s'être inspiré de Lucien
Bouchard pour la loi spéciale?
M. Paradis : Ce gouvernement
de la CAQ a excellé, au moins, dans une chose, on va lui donner ça, c'est ses
relations publiques et ses communications. C'est peut-être une bien bonne ligne
pour faire des communications, mais, à la fin, ce qu'on sait, c'est les
résultats qu'on voit aujourd'hui, une guerre, avec les fédérations de médecins,
qui a été cherchée, déclenchée sciemment par le gouvernement qui a présenté un
projet de loi bâclé, mal ficelé, un 19999 tout
nouveau projet de loi à 9 h 45, vendredi dernier, alors que, comme on
le disait tout à l'heure, ça faisait longtemps qu'il y avait des discussions.
Ce n'est pas un bon travail. Alors, peu importe qui seront les inspirations, ce
qu'on sait, c'est qu'il faut que ce gouvernement-là soit jugé sur ses résultats
et sur ses actions.
Journaliste : ...bâclé, mal
ficelé, plein de choses qu'on ne comprend pas dans le projet de loi. À ce
compte-là, ce n'est pas de la confusion de dire que vous allez le conserver en
faisant des modifications? Pourquoi ne pas tout simplement déposer une nouvelle
loi qui remplacerait? Il me semble que...
M. Paradis : Bien, d'abord,
nous, on n'a même pas terminé d'analyser tous les tenants et aboutissants de ce
projet de loi là. On vous le rappelle, là, 214 articles, 113 pages, 1 013
pages de notes explicatives, voici pourquoi on fait ça. On commence à peine à
comprendre tout ce que ça veut dire, ce projet de loi là. Il y a des éléments,
on le réitère, qui ont du sens. Je le répète, le mode de rémunération par
capitation, je pense qu'à peu près tout le monde s'entend là-dessus là, qu'il y
a du bon, puis de fixer des objectifs puis d'avoir un mode de répartition.
Maintenant, il y a beaucoup, beaucoup de dispositions... d'ailleurs, qui vont
être contestées devant les tribunaux, on verra ce que ça va donner... mais,
oui, il y a beaucoup d'éléments qu'il faut continuer à analyser. Mais même
pendant la nuit, on en a déjà vu beaucoup de choses qui ne fonctionnaient pas
dans cette loi-là.
Journaliste : À ce compte-là,
ce n'était pas prématuré, dans ce cas-là, de votre chef de dire qu'il voulait
conserver la loi?
M. Paradis : Bien, ce qu'on
dit, c'est qu'il y a des éléments qui sont intéressants dans ce projet de loi
là. Je vous nomme expressément... Le centre du projet, c'est l'établissement
d'un nouveau mode de rémunération par capitation, sur lequel plusieurs sont d'accord.
Donc, de dire qu'on ne repart pas complètement à zéro puis qu'on bâtit sur une
partie du travail, ça me semble avoir beaucoup de sens, puis de dire :
Tout ce qui est bâclé, tout ce qui ne marche pas, tout ce qui a été fait pour
chercher ce conflit avec les médecins puis en retirer un profit politique à des
vues électoralistes, ça, il faut tout retravailler ça, puis il faut s'asseoir
avec les parties prenantes pour y arriver.
(Fin à 8 h 56)