Point de presse de M. Alexandre Leduc, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’institutions démocratiques, et Mme Maïté Blanchette Vézina, députée de Rimouski
Version préliminaire
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Le mercredi 12 novembre 2025, 11 h
Hall principal de l'hôtel du Parlement,
hôtel du Parlement
11 h 09 (version non révisée)
(Onze heures dix minutes)
M. Leduc : Bonjour, tout
le monde. Je suis très heureux d'être ici aujourd'hui, très bien entouré de
plusieurs collègues, et amis, et partenaires pour qu'on parle de la réforme du
mode de scrutin. J'ai déposé un peu plus tôt aujourd'hui le projet de loi n° 199,
Loi établissant un nouveau mode de scrutin. Je ne vous relirai pas les notes
explicatives parce que ça a pris quand même quelques minutes tantôt au salon
rouge, mais le nouveau mode de scrutin, dans le fond, c'est un mode de scrutin mixte
proportionnel compensatoire. C'est quelque chose qui a été travaillé de longue
date. C'est une réforme qui est demandée par la société civile, qui est
demandée par beaucoup de citoyens pour redonner confiance au système. Et je
veux juste vous dire que je suis content qu'on puisse en parler aujourd'hui,
parce que ce n'est pas évident de placer ce sujet-là dans l'actualité, de
placer la question de la réforme du mode de scrutin. Et le fait de redéposer le
projet de loi aujourd'hui nous ouvrait cette fenêtre-là pour avoir de nouveau
cette discussion-là ici. Et je laisse sans plus tarder la parole à mes
collègues qui sont venus nous appuyer dans ce dépôt de projet de loi, là.
M. Charbonneau
(Jean-Pierre) :Bien, merci beaucoup,
Alexandre, madame, messieurs. Ce projet de loi, c'est, dans le fond, la suite
du projet de loi qui avait été déposé aussi par Québec solidaire, en
collaboration avec le Parti québécois à l'époque, pour faire en sorte que, dans
le débat public à l'Assemblée nationale, dans l'agenda politique des Québécois
et des Québécoises, la réforme du mode de scrutin soit là. Ce n'est pas parce
que le gouvernement actuel a renié son engagement en 2021 et a promis de ne rien
faire en 2022, alors qu'il avait promis de tout faire en 2018, que ce dossier-là
n'est pas fondamental. Et donc un projet de loi avait été déposé. Et
incidemment, le modèle qui est proposé par ce projet de loi là, qui est, dans
le fond, l'héritier du projet de loi n° 499, qui avait été déposé en 2023,
c'est un modèle mixte compensatoire... régional qui a été le modèle proposé par
le Parti québécois de René Lévesque en 1969, par le Parti libéral de Jean
Charest et par la CAQ de François Legault. Donc, ce n'est pas un modèle qu'on
n'a jamais... dont on n'a jamais parlé. Ce n'est pas un modèle qui n'est pas...
qui n'a pas été expérimenté dans le monde, c'est le modèle allemand adapté par
les Écossais et aussi, d'une certaine façon, par les gens de la Nouvelle-Zélande.
Alors, ce qu'on veut dire, c'est que ce
projet de loi là, pour nous, est fondamental dans la mesure où il maintient
dans le débat public à l'agenda de l'Assemblée que cet enjeu là, il est
fondamental. La deuxième chose, on voudrait remercier les partis de continuer à
croire. On aurait aimé que le Parti québécois soit avec nous, mais on peut... On
ne pourra pas discuter de la raison, mais de deux choses l'une, il faut que
vous sachiez que le Parti québécois m'a envoyé, comme président du MDN et porte-parole
de la coalition, une lettre qui confirme leur maintien de leur engagement et la
volonté, comme les autres, de faire en sorte que la prochaine élection soit la
dernière avec le mode de scrutin actuel. Et d'autre part, cet engagement-là se
perpétue dans le temps.
Et finalement, il y a une chose qu'on me
disait il y a quelque temps et qu'on redit aujourd'hui, on l'a dit lors de la
Journée de la démocratie où on a fait un point de presse avec tous les membres
de la coalition, c'est-à-dire les grandes centrales syndicales, les
organisations étudiantes, les groupes de femmes, les groupes de la communauté...
les groupes communautaires, on leur avait... On avait demandé à ce moment-là
que des partis s'engagent à ce que la prochaine élection soit la dernière. Et
on répète cet engagement-là aujourd'hui. Les partis ont la possibilité. Et ce
matin, j'avais une certaine anxiété. Je me disais : Comment qu'on va... certains
partis vont voter pour la première lecture. Est-ce qu'ils vont refuser dès le
départ de recevoir le projet de loi? Ça n'a pas été le cas. Ils ont tous voté
en faveur. Et ce que j'aimerais dire aux députés de la CAQ en particulier, c'est
que vous avez l'occasion, même si les sondages ne sont pas bons et même si,
actuellement, les projections vous donnent à peu près zéro siège, vous avez la
possibilité de faire l'histoire...
11 h 14 (version non révisée)
M. Charbonneau
(Jean-Pierre) :...et de faire en sorte
que les prochaines élections soient les dernières avec ce mode de scrutin là, donc
de revenir à l'engagement vertueux que vous avez pris depuis plus d'une dizaine
d'années et que vous avez répété à l'élection de 2018. Alors, c'est l'appel qu'on
lance aujourd'hui. Il n'est pas trop tard pour faire les choses correctement et
pour terminer cette législature-là en laissant en héritage un mode de scrutin
qui est réclamé au Québec depuis 1870. Merci.
M. Duhaime (Éric) : Merci
beaucoup, M. Charbonneau. Moi, je suis ici aujourd'hui en tant que chef du
Parti conservateur pour la première fois à prendre position publiquement en
faveur d'une réforme du mode de scrutin. Je ne l'ai pas fait lors de la
dernière élection parce que le parti ne s'était pas démocratiquement prononcé
lors d'un congrès sur la question. Ça a été fait à notre congrès de novembre
2023. Depuis, j'ai participé aux célébrations du 25e anniversaire du Mouvement
Démocratie nouvelle, mais je n'ai jamais fait de point de presse, là, avec les
autres partenaires, et ça me fait plaisir, donc, d'être ici aujourd'hui.
Je ne pensais pas que le sujet allait être
aussi d'actualité qu'il l'est aujourd'hui, étant donné la publication, comme
vous l'avez vu ce matin, d'un sondage où on apprend que 32 % des Québécois
voteraient pour le parti qui serait élu majoritaire, donc 68 % des
Québécois voteraient contre un parti qui se retrouverait majoritaire au
gouvernement. Je pense que c'est... S'il y a un besoin de rappeler l'importance
démocratique d'une réforme du mode de scrutin, je pense que celle-là, elle est
indéniable.
Je pense qu'on a une occasion politique
aussi. M. Charbonneau vient de le mentionner, là. Le parti au pouvoir à l'heure
actuelle avait pris un engagement ferme, a reculé, un recul historique, on s'en
souvient. Mais, aujourd'hui, ils goûteraient à leur médecine. C'est-à-dire que
nous, on l'a subi à la dernière élection, hein, on a eu 530 000 Québécois
qui ont voté conservateur, plus d'un Québécois sur huit a voté conservateur, puis
il y a zéro député sur 125 présentement à l'Assemblée nationale. C'est la pire
distorsion de l'histoire démocratique du Québec. Mais, s'il y avait une
élection aujourd'hui, ce n'est pas nous qui serions les victimes du mode de
scrutin, c'est la Coalition avenir Québec du premier ministre, qui aurait un
seul député ou même zéro avec 17 % des intentions de vote. Donc, je pense
que, maintenant, la CAQ a toutes les raisons, même des raisons partisanes, de
changer son fusil d'épaule et de revenir à sa position d'origine.
Puis, tu sais, vous savez, c'est... des
fois, la partisanerie, il faut laisser ça au vestiaire, là. Si vous m'aviez dit,
il y a quelques années, que je me retrouverais dans un point de presse organisé
par Québec solidaire pour appuyer un de leurs projets de loi, je vous aurais
demandé qu'est-ce que vous fumez. Mais, des fois, la réalité démocratique fait
en sorte qu'on est obligé de collaborer pour faire avancer la démocratie
québécoise. On a la chance de vivre dans une des plus vieilles démocraties du
monde, et je pense qu'il faut tous et toutes s'unir pour s'assurer que le
cynisme en politique cesse. Parce que, moi, mon véritable adversaire, depuis
deux, trois ans, ce n'est pas Québec solidaire, ce n'est pas le Parti
québécois, ce n'est pas la CAQ, ce n'est pas les libéraux, c'est le cynisme en
politique puis c'est de convaincre les Québécois, les 530 000 qui ont voté
pour nous, que ce n'est pas inutile de voter, que, oui, on peut élire des gens,
même quand on vote pour un parti politique, ce n'est pas des votes jetés à l'eau.
Et, si on veut combattre le cynisme, bien, il faut s'assurer que chaque vote
compte, puis ça, ça commence par une réforme du mode de scrutin. Merci
beaucoup.
Mme Blanchette Vézina : Merci.
En fait, j'ai entendu régulièrement, là, dans les derniers mois, des gens qui
me disaient : À quoi ça sert de voter si mon vote est perdu de toute façon?
Dans certaines circonscriptions, on sait presque à l'avance, là, qui peut rentrer.
Puis ça, c'est... ça alimente le cynisme dont parlait M. Duhaime. Ça fait des
dizaines d'années qu'on parle de mieux représenter la volonté des citoyens, de
s'assurer aussi de soutenir la confiance du public envers notre démocratie,
puis la réforme du mode de scrutin, bien, c'en est une, façon, c'est la bonne
façon de le faire pour que chaque vote de citoyen compte, qu'on n'ait pas l'impression
d'avoir jeté son bulletin de vote lorsque... lorsqu'on ne vote pas pour le
parti qui est en avance, par exemple, ou qui va gagner. Ça a fonctionné dans d'autres
juridictions. On parlait de la Nouvelle-Zélande, là, notamment. Ça a amené une
culture aussi où les députés doivent travailler ensemble.
Puis, bien, vous vous posez peut-être la
question : Pourquoi une députée indépendante vient? Ce n'est pas
nécessairement avantageux, dans un système démocratique comme le nôtre, d'être
député indépendant. Mais, moi, ça m'amène à, en ce moment, travailler avec des
partis de manière transpartisane. Puis je pense que les Québécois ont aussi
envie qu'on travaille comme ça, comme députés. De travailler ensemble, au-delà
de la partisanerie, dans l'intérêt commun, c'est ce que peut amener cette
réforme du mode de scrutin. Donc, c'est pour ça que moi aussi, je joins ma voix
aux autres qui sont présents avec moi aujourd'hui pour envoyer le message à la
Coalition avenir Québec, aux députés, dire : Bien, c'est une occasion à
saisir pour reconnecter avec la population québécoise, reconnecter avec les
citoyens et offrir... et s'assurer que chaque vote compte. Merci, tout le
monde.
Le Modérateur : Merci. Nous
allons maintenant ouvrir la période de questions aux journalistes. Je vous
demanderais d'adresser votre question puis aussi de garder vos questions sur le
sujet du jour. Si vous voulez poser des questions sur d'autres sujets, vous
pourrez le faire après le point de presse...
11 h 19 (version non révisée)
Journaliste
: ...merci.
Journaliste
: Parfait! Bien,
bonjour, Rémi Léonard, Le Soleil. M. Charbonneau, d'abord, et votre
mouvement cherche toujours, évidemment, à chaque élection, à rallier le plus de
gens, le plus de partis possible autour de l'idée. Cette fois-ci, êtes-vous
satisfait du ralliement et des gens qui ont... qui ont appuyé aujourd'hui?
M. Charbonneau
(Jean-Pierre) :Oui, parce que, même si le
Parti québécois n'est pas à cette conférence de presse là, il l'a appuyée, j'ai
la lettre, si jamais vous voulez la lire. Et puis j'ai... regardez, à l'assemblée
aujourd'hui, ils ont applaudi aussi au dépôt du projet de loi fait par
Alexandre Leduc. Alors, quand on regarde le nombre de... Les partis qui ont
appuyé ou qui appuient actuellement, il y a une majorité de la population
derrière cette partie-là. On parlait du sondage de ce matin. Prenons les gens
qui appuient Québec solidaire, qui appuient le Parti conservateur, qui appuient
le Parti québécois, c'est pas mal de monde. Sans compter des gens qui avaient
fait confiance au gouvernement et qui ont été déçus quand... pour ce... ce
reniement-là. Alors, il y a une majorité de la population qui continue d'appuyer
ce mode de scrutin là et surtout cette nécessité d'une réforme. Je pense qu'on
a tous plaidé sur l'importance de cette réforme-là.
Et ce que moi, je voudrais ajouter comme
plaidoirie, c'est au niveau des médias. Les citoyens sont devenus... cyniques
parce que les gens qui promettent ne respectent pas leurs engagements pour de
faux prétextes. Et ça se traduit aussi par une espèce de cynisme de la part des
médias. Et, quand on parle de tout ça, c'est comme si on nous regardait un peu
de travers, en disant : Oui, vous savez, ils le promettent avant puis ils
ne le feront pas finalement. Alors, de voir des journalistes qui sont ici, ça,
c'est important, parce que ce qu'il faut, c'est que ce soit dans le débat
public et on veut que cet enjeu-là redevienne et soit un des enjeux importants
pour la prochaine élection. Et plus vite après la prochaine élection, on
passera à l'action, plus vite on réglera cette question-là.
Et idéalement, c'est ce qu'on a dit tantôt,
si on pouvait régler ça avant la fin de la législature pour que ce soit
derrière nous et qu'en avant, le Directeur général des élections puisse
préparer les élections de 2030 avec un nouveau mode de scrutin. C'est ça qui
serait l'idéal. Et ça donnerait la chance finalement d'avoir au Québec une
pluralité de... en fait, la plupart des régions, dans le texte qui a été déposé
ce matin, bénéficieraient de cette réforme-là. Pourquoi? Parce qu'ils auraient
une pluralité de représentants politiques de différents partis dans chacune des
régions. Ça, c'est important. Le soir des élections, quand vous regardez la
carte, ce n'est pas bleu pâle partout, là, ce n'était pas bleu pâle partout, il
y avait... Quand on regarde chacune des régions, c'est multi-idéologique. Et ce
qu'on veut, c'est que l'Assemblée nationale reflète la réalité des citoyens,
des votes. Quand on dit : Chaque vote compte, bien, chaque vote compte, ça
veut dire aussi que chaque parti important a sa place au Parlement. Et c'est
anormal qu'un parti qui a 15 %, 16 % du vote n'ait pas de place au
Parlement. C'était anormal que le Parti conservateur n'ait pas de député aux
dernières élections. Et ce serait anormal que la CAQ n'ait pas de député avec
les... le pourcentage d'appui qu'ils ont actuellement. C'est ça qu'il... qu'il
faut que les gens comprennent.
Et ça fonctionne ailleurs. Alors, pourquoi
ça ne fonctionnerait pas au Québec? Ça fonctionne en Écosse, ça fonctionne en
Allemagne, ça fonctionne en Nouvelle-Zélande, sans compter toutes les autres
sociétés où ils ont des modes de scrutin proportionnel différents, mais ces
trois-là, c'est des modes de scrutin qui nous inspirent, parce que c'étaient
des modèles politiques ou, en fait, des modèles électoraux comme celui qu'on a
actuellement qui a été modifié pour le meilleur.
M. Duhaime (Éric) : Je veux
juste ajouter que, pour l'absence du Parti québécois ici aujourd'hui, j'espère
juste que Paul St-Pierre Plamondon n'est pas en train de se transformer en
François Legault, parce qu'on sait que M. Legault, comme... comme Paul
St-Pierre Plamondon, à une autre époque, hein, était favorable à une réforme du
mode de scrutin. Il avait même signé un engagement ferme et solennel. Et
aujourd'hui on voit ce qui est arrivé. Et de voir que le Parti québécois refuse
de participer aujourd'hui au point de presse, moi, ça m'inquiète, et j'espère
que ce n'est pas un signe annonciateur d'un autre recul de la part du Parti
québécois. Merci.
Journaliste
: Puis, Mme
Blanchette Vézina, vous vous êtes déplacée pour nous dire... on connaît la
position que François Legault a prise, mais le caucus de la CAQ, lui, a-t-il un
appétit pour une réforme du mode de scrutin?
Mme Blanchette Vézina : Bien,
moi, je n'étais pas de... Je suis de celles qui sont arrivées lorsque l'engagement
avait été pris de ne pas faire cette réforme, mais c'est un sujet qui est
discuté, qui est réfléchi, qui, pour certains, il y a de l'intérêt, là. Donc, c'est
pour ça aussi qu'on envoie un peu le message aux... aux partis au pouvoir, au
gouvernement, c'est qu'il y a de l'intérêt et il peut y avoir de la place pour
un parti comme la CAQ aux prochaines élections ou après, même s'ils ont moins
de pourcentage de voix qu'aujourd'hui. Donc, la réforme du mode de scrutin
pourrait les avantager. Alors, pourquoi ne pas le faire maintenant, comme M.
Charbonneau le mentionne, régler ça avant la prochaine élection et qu'on n'en
parle plus pour l'année...
11 h 24 (version non révisée)
Journaliste
: Oui.
Olivier Lemieux, Radio-Canada. Peut-être une complémentaire pour vous, M. Duhaime.
On connaît essentiellement la chanson, là. Les partis d'opposition plaident
pour une réforme, justement, dans l'opposition. Et une fois au pouvoir, on trouve
que le système a beaucoup de bienfaits. On vous entendu évidemment à plusieurs
reprises plaider pour une réforme du mode de scrutin. Mais même vous, vous nous
dites que, dans une situation plus avantageuse, vous ne vous changeriez pas d'idée.
M. Duhaime (Éric) :
Bien, d'abord, je n'ai pas pris position lors de la dernière campagne
électorale. Je pense qu'on était le seul parti qui n'avait pas pris d'engagement
ni d'un côté ni de l'autre pour la simple et bonne raison que je ne voulais
justement pas être comme tous les autres, c'est-à-dire promettre une réforme du
mode de scrutin puis me... François Legault le dire, ou Justin Trudeau le dire
au lendemain de l'élection et devenir un ardent défenseur du statu quo. Donc,
je ne l'avais pas fait parce que je voulais que ce soit les militants qui
décident. On a fait un colloque sur la réforme démocratique. M. Charbonneau
a d'ailleurs participé à notre activité. On a aussi eu un conseil général, M. Charbonneau
est même venu s'adresser aux militants au conseil général, on a eu un congrès
où, très, très majoritairement, près de 80 % de nos membres ont appuyé l'idée
d'une réforme du mode de scrutin. Donc, aujourd'hui, si je suis ici aujourd'hui,
je ne parle pas en mon nom personnel, je parle au nom de l'institution que je
représente, le Parti conservateur du Québec. Et la position, elle est ferme,
effectivement.
Journaliste
: Mais donc
ça ne pourrait pas changer. Parce que même vos militants, dans une situation
plus avantageuse, pourraient dire : Hey! Sais-tu quoi? Maintenant, ça va bien.
On n'y touche plus.
M. Duhaime (Éric) : C'est
ça. Bien, ce que j'ai compris, là, la façon quand il y a des reculs,
habituellement, c'est beaucoup parce que quand le premier ministre arrive au
caucus, tous ces députés qui ont été élus avec le mode de scrutin historique
trouvent que c'est une bien bonne idée, puis que c'est très bon, le mode de
scrutin pour les avoir élus. Puis je pense que la pression vient davantage du
caucus, là, que de la base militante comme telle, là. Donc, mais je... Non, c'est
sûr et certain que c'est un engagement qui est ferme. Puis je n'ai pas l'intention
de reculer. Vous me connaissez, je suis un gars de conviction. Ce n'est pas...
J'ai bien des défauts, là, mais j'ai celui de tenir mes engagements.
Journaliste
: Peut-être,
M. Leduc. On comprend l'appui, là, je ne veux pas dire théorique, mais l'appui
du Parti québécois. Qu'il ne soit pas ici, est-ce que vous ne pensez pas que ça
enlève, disons à tout le moins, de l'impact à votre sortie?
M. Leduc : Bien, on les a
invités. Je vous invite à les contacter pour qu'ils puissent expliquer leur
absence. C'est sûr que, tu sais, si je reprends un peu ce que mon collègue, ce
que M. Duhaime disait à l'instant. Historiquement, ça a souvent bloqué, la
chute d'une réforme par rapport à un parti qui l'avait promis, avec le caucus.
C'est là que ça bloque souvent. C'est donc un test de leadership du premier
ministre qui avait promis la réforme du scrutin, de voir s'il est capable d'asseoir
son leadership sur son caucus et de la faire, la réforme, malgré que son caucus
ait envie de la laisser tomber. Cet échec-là... Ce leadership-là a échoué avec
M. Lévesque à l'époque, malheureusement. Il a échoué chez M. Charest
aussi. Il a donc échoué avec M. Legault. Donc, il appartiendra à n'importe
quel autre chef de parti, fût-il M. St-Pierre Plamondon, fût-il Mme Ghazal,
fut-il M. Duhaime ou peu importe, appartiendra à ce chef de parti là, qui
aura promis la réforme, de faire... d'asseoir un test de leadership auprès de
ses collègues. Et j'invite donc les futurs chefs de parti dans cette position-là
à réfléchir à la situation suivante qui est celle de la CAQ, un parti, comme on
le disait tantôt, qui est menacé de disparition si jamais c'est ça qui se passe
en octobre prochain. Je ne sais pas si c'est dans les annales de l'histoire de
l'Assemblée nationale, il y a eu quelque chose de similaire, où est ce qu'un
parti va avoir passé de 90 sièges à l'élection précédente à zéro. Quelle
situation complètement hallucinante!
Et il y a une chose que j'invite tout le
monde à réfléchir, là, le bipartisme, c'est terminé au Québec. Il y a eu une phase
où est-ce qu'on se demandait si c'était juste une phase. C'est terminé, le
bipartisme. Il y a plusieurs partis politiques au Québec, bien implantés, qui
ont leur propre réseau, leur propre idéologie, leur propre façon de
fonctionner, puis c'est très bien comme ça. Malheureusement, notre système n'est
pas adapté à cette réalité-là. Alors, il faut juste qu'on adapte le système à
la nouvelle réalité. On est en retard. On aurait dû le faire dans le passé,
mais le bipartisme est là pour rester. Et le plus tôt on va le mettre à jour, la
réforme électorale, pour reconnaître ce bipartisme... ce pluralisme-là, le
mieux le Québec va se porter, le plus il y aura, je pense, des initiatives
transpartisanes de ce genre-là. Et c'est ce qu'on souhaite qu'il se passe d'ici
la fin de la législature. Merci.
M. Charbonneau
(Jean-Pierre) :Juste une chose que je
voudrais ajouter si tu me permets. C'est la culture politique qu'il faut
changer. Et la culture politique va changer au Québec le jour où les partis
vont se rendre compte qu'on vit dans une démocratie représentative. Et qu'est
ce que ça veut dire, ce concept-là, cette expression d'une démocratie représentative?
Ça veut dire que le Parlement doit être représentatif des votes des citoyens et
des citoyennes. Ça veut dire que chaque grande tendance politique doit être
présente à l'Assemblée nationale, et débattre, et organiser le bien commun en
fonction non seulement de leurs intérêts partisans ou de leur vision partisane,
mais également dans l'intérêt supérieur de la nation. Et c'est ça, une vraie...
11 h 29 (version non révisée)
M. Charbonneau
(Jean-Pierre) :...démocratie
représentative, pourquoi ça fonctionne dans les autres sociétés et la plupart
des grandes sociétés occidentales sont régies par des modes de scrutin de type
proportionnel, ce n'est pas des pays du Tiers-Monde, ce n'est pas des gens qui
sont en élection à chaque fois, régulièrement, mais c'est des sociétés où des
compromis sont possibles. Est-ce qu'il n'y a pas... Il y a des rivalités
politiques? Bien sûr. Est-ce qu'il y a des combats politiques? Bien sûr. Mais
en bout de piste, il y a une façon de se comporter dans la plupart de ces
sociétés-là qui devraient nous... faire envie et qui devraient nous rappeler
que ce n'est pas normal, que quand tu as moins de 40 % du vote, que tu aies
80 % des députés. C'est ça notre réalité actuellement et ça l'est depuis
toujours. Ce n'est pas normal et c'est ça qu'il faut changer et ça prend juste,
un jour, un monarque élu, parce que dans notre système parlementaire
britannique, le premier ministre est un monarque élu, il est de droit divin, ses
ministres... ses ministres, il peut les démettre quand il veut, le jour où un
premier ministre décidera qu'il va respecter sa parole, vraiment, puis qu'il va
faire en sorte que ce qu'il a dit, il l'a fait, les choses vont changer, puis
elles peuvent changer rapidement et pourraient même changer en moins d'un an si
le chef du gouvernement actuel revenait sur son engagement de ne rien faire et
revenait à ces vertus de départ qui était de le faire et d'être meilleur que
René Lévesque et que tous les autres.
Une voix : Merci beaucoup.
M. Leduc : Bien, merci, tout
le monde. Bonne journée.
Mme Blanchette Vézina : Merci,
tout le monde.
(Fin à 11 h 31)