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Point de presse de M. Alexandre Leduc, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’institutions démocratiques, et Mme Maïté Blanchette Vézina, députée de Rimouski

Version préliminaire

Cette transcription a été réalisée à l’aide d’un logiciel de reconnaissance vocale. Elle pourrait donc contenir des erreurs.

Le mercredi 12 novembre 2025, 11 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement


 

11 h 09 (version non révisée)

(Onze heures dix minutes)

M. Leduc : Bonjour, tout le monde. Je suis très heureux d'être ici aujourd'hui, très bien entouré de plusieurs collègues, et amis, et partenaires pour qu'on parle de la réforme du mode de scrutin. J'ai déposé un peu plus tôt aujourd'hui le projet de loi n° 199, Loi établissant un nouveau mode de scrutin. Je ne vous relirai pas les notes explicatives parce que ça a pris quand même quelques minutes tantôt au salon rouge, mais le nouveau mode de scrutin, dans le fond, c'est un mode de scrutin mixte proportionnel compensatoire. C'est quelque chose qui a été travaillé de longue date. C'est une réforme qui est demandée par la société civile, qui est demandée par beaucoup de citoyens pour redonner confiance au système. Et je veux juste vous dire que je suis content qu'on puisse en parler aujourd'hui, parce que ce n'est pas évident de placer ce sujet-là dans l'actualité, de placer la question de la réforme du mode de scrutin. Et le fait de redéposer le projet de loi aujourd'hui nous ouvrait cette fenêtre-là pour avoir de nouveau cette discussion-là ici. Et je laisse sans plus tarder la parole à mes collègues qui sont venus nous appuyer dans ce dépôt de projet de loi, là.

M. Charbonneau (Jean-Pierre) :Bien, merci beaucoup, Alexandre, madame, messieurs. Ce projet de loi, c'est, dans le fond, la suite du projet de loi qui avait été déposé aussi par Québec solidaire, en collaboration avec le Parti québécois à l'époque, pour faire en sorte que, dans le débat public à l'Assemblée nationale, dans l'agenda politique des Québécois et des Québécoises, la réforme du mode de scrutin soit là. Ce n'est pas parce que le gouvernement actuel a renié son engagement en 2021 et a promis de ne rien faire en 2022, alors qu'il avait promis de tout faire en 2018, que ce dossier-là n'est pas fondamental. Et donc un projet de loi avait été déposé. Et incidemment, le modèle qui est proposé par ce projet de loi là, qui est, dans le fond, l'héritier du projet de loi n° 499, qui avait été déposé en 2023, c'est un modèle mixte compensatoire... régional qui a été le modèle proposé par le Parti québécois de René Lévesque en 1969, par le Parti libéral de Jean Charest et par la CAQ de François Legault. Donc, ce n'est pas un modèle qu'on n'a jamais... dont on n'a jamais parlé. Ce n'est pas un modèle qui n'est pas... qui n'a pas été expérimenté dans le monde, c'est le modèle allemand adapté par les Écossais et aussi, d'une certaine façon, par les gens de la Nouvelle-Zélande.

Alors, ce qu'on veut dire, c'est que ce projet de loi là, pour nous, est fondamental dans la mesure où il maintient dans le débat public à l'agenda de l'Assemblée que cet enjeu là, il est fondamental. La deuxième chose, on voudrait remercier les partis de continuer à croire. On aurait aimé que le Parti québécois soit avec nous, mais on peut... On ne pourra pas discuter de la raison, mais de deux choses l'une, il faut que vous sachiez que le Parti québécois m'a envoyé, comme président du MDN et porte-parole de la coalition, une lettre qui confirme leur maintien de leur engagement et la volonté, comme les autres, de faire en sorte que la prochaine élection soit la dernière avec le mode de scrutin actuel. Et d'autre part, cet engagement-là se perpétue dans le temps.

Et finalement, il y a une chose qu'on me disait il y a quelque temps et qu'on redit aujourd'hui, on l'a dit lors de la Journée de la démocratie où on a fait un point de presse avec tous les membres de la coalition, c'est-à-dire les grandes centrales syndicales, les organisations étudiantes, les groupes de femmes, les groupes de la communauté... les groupes communautaires, on leur avait... On avait demandé à ce moment-là que des partis s'engagent à ce que la prochaine élection soit la dernière. Et on répète cet engagement-là aujourd'hui. Les partis ont la possibilité. Et ce matin, j'avais une certaine anxiété. Je me disais : Comment qu'on va... certains partis vont voter pour la première lecture. Est-ce qu'ils vont refuser dès le départ de recevoir le projet de loi? Ça n'a pas été le cas. Ils ont tous voté en faveur. Et ce que j'aimerais dire aux députés de la CAQ en particulier, c'est que vous avez l'occasion, même si les sondages ne sont pas bons et même si, actuellement, les projections vous donnent à peu près zéro siège, vous avez la possibilité de faire l'histoire...


 
 

11 h 14 (version non révisée)

M. Charbonneau (Jean-Pierre) :...et de faire en sorte que les prochaines élections soient les dernières avec ce mode de scrutin là, donc de revenir à l'engagement vertueux que vous avez pris depuis plus d'une dizaine d'années et que vous avez répété à l'élection de 2018. Alors, c'est l'appel qu'on lance aujourd'hui. Il n'est pas trop tard pour faire les choses correctement et pour terminer cette législature-là en laissant en héritage un mode de scrutin qui est réclamé au Québec depuis 1870. Merci.

M. Duhaime (Éric) : Merci beaucoup, M. Charbonneau. Moi, je suis ici aujourd'hui en tant que chef du Parti conservateur pour la première fois à prendre position publiquement en faveur d'une réforme du mode de scrutin. Je ne l'ai pas fait lors de la dernière élection parce que le parti ne s'était pas démocratiquement prononcé lors d'un congrès sur la question. Ça a été fait à notre congrès de novembre 2023. Depuis, j'ai participé aux célébrations du 25e anniversaire du Mouvement Démocratie nouvelle, mais je n'ai jamais fait de point de presse, là, avec les autres partenaires, et ça me fait plaisir, donc, d'être ici aujourd'hui.

Je ne pensais pas que le sujet allait être aussi d'actualité qu'il l'est aujourd'hui, étant donné la publication, comme vous l'avez vu ce matin, d'un sondage où on apprend que 32 % des Québécois voteraient pour le parti qui serait élu majoritaire, donc 68 % des Québécois voteraient contre un parti qui se retrouverait majoritaire au gouvernement. Je pense que c'est... S'il y a un besoin de rappeler l'importance démocratique d'une réforme du mode de scrutin, je pense que celle-là, elle est indéniable.

Je pense qu'on a une occasion politique aussi. M. Charbonneau vient de le mentionner, là. Le parti au pouvoir à l'heure actuelle avait pris un engagement ferme, a reculé, un recul historique, on s'en souvient. Mais, aujourd'hui, ils goûteraient à leur médecine. C'est-à-dire que nous, on l'a subi à la dernière élection, hein, on a eu 530 000 Québécois qui ont voté conservateur, plus d'un Québécois sur huit a voté conservateur, puis il y a zéro député sur 125 présentement à l'Assemblée nationale. C'est la pire distorsion de l'histoire démocratique du Québec. Mais, s'il y avait une élection aujourd'hui, ce n'est pas nous qui serions les victimes du mode de scrutin, c'est la Coalition avenir Québec du premier ministre, qui aurait un seul député ou même zéro avec 17 % des intentions de vote. Donc, je pense que, maintenant, la CAQ a toutes les raisons, même des raisons partisanes, de changer son fusil d'épaule et de revenir à sa position d'origine.

Puis, tu sais, vous savez, c'est... des fois, la partisanerie, il faut laisser ça au vestiaire, là. Si vous m'aviez dit, il y a quelques années, que je me retrouverais dans un point de presse organisé par Québec solidaire pour appuyer un de leurs projets de loi, je vous aurais demandé qu'est-ce que vous fumez. Mais, des fois, la réalité démocratique fait en sorte qu'on est obligé de collaborer pour faire avancer la démocratie québécoise. On a la chance de vivre dans une des plus vieilles démocraties du monde, et je pense qu'il faut tous et toutes s'unir pour s'assurer que le cynisme en politique cesse. Parce que, moi, mon véritable adversaire, depuis deux, trois ans, ce n'est pas Québec solidaire, ce n'est pas le Parti québécois, ce n'est pas la CAQ, ce n'est pas les libéraux, c'est le cynisme en politique puis c'est de convaincre les Québécois, les 530 000 qui ont voté pour nous, que ce n'est pas inutile de voter, que, oui, on peut élire des gens, même quand on vote pour un parti politique, ce n'est pas des votes jetés à l'eau. Et, si on veut combattre le cynisme, bien, il faut s'assurer que chaque vote compte, puis ça, ça commence par une réforme du mode de scrutin. Merci beaucoup.

Mme Blanchette Vézina : Merci. En fait, j'ai entendu régulièrement, là, dans les derniers mois, des gens qui me disaient : À quoi ça sert de voter si mon vote est perdu de toute façon? Dans certaines circonscriptions, on sait presque à l'avance, là, qui peut rentrer. Puis ça, c'est... ça alimente le cynisme dont parlait M. Duhaime. Ça fait des dizaines d'années qu'on parle de mieux représenter la volonté des citoyens, de s'assurer aussi de soutenir la confiance du public envers notre démocratie, puis la réforme du mode de scrutin, bien, c'en est une, façon, c'est la bonne façon de le faire pour que chaque vote de citoyen compte, qu'on n'ait pas l'impression d'avoir jeté son bulletin de vote lorsque... lorsqu'on ne vote pas pour le parti qui est en avance, par exemple, ou qui va gagner. Ça a fonctionné dans d'autres juridictions. On parlait de la Nouvelle-Zélande, là, notamment. Ça a amené une culture aussi où les députés doivent travailler ensemble.

Puis, bien, vous vous posez peut-être la question : Pourquoi une députée indépendante vient? Ce n'est pas nécessairement avantageux, dans un système démocratique comme le nôtre, d'être député indépendant. Mais, moi, ça m'amène à, en ce moment, travailler avec des partis de manière transpartisane. Puis je pense que les Québécois ont aussi envie qu'on travaille comme ça, comme députés. De travailler ensemble, au-delà de la partisanerie, dans l'intérêt commun, c'est ce que peut amener cette réforme du mode de scrutin. Donc, c'est pour ça que moi aussi, je joins ma voix aux autres qui sont présents avec moi aujourd'hui pour envoyer le message à la Coalition avenir Québec, aux députés, dire : Bien, c'est une occasion à saisir pour reconnecter avec la population québécoise, reconnecter avec les citoyens et offrir... et s'assurer que chaque vote compte. Merci, tout le monde.

Le Modérateur : Merci. Nous allons maintenant ouvrir la période de questions aux journalistes. Je vous demanderais d'adresser votre question puis aussi de garder vos questions sur le sujet du jour. Si vous voulez poser des questions sur d'autres sujets, vous pourrez le faire après le point de presse...


 
 

11 h 19 (version non révisée)

Journaliste : ...merci.

Journaliste : Parfait! Bien, bonjour, Rémi Léonard, Le Soleil. M. Charbonneau, d'abord, et votre mouvement cherche toujours, évidemment, à chaque élection, à rallier le plus de gens, le plus de partis possible autour de l'idée. Cette fois-ci, êtes-vous satisfait du ralliement et des gens qui ont... qui ont appuyé aujourd'hui?

M. Charbonneau (Jean-Pierre) :Oui, parce que, même si le Parti québécois n'est pas à cette conférence de presse là, il l'a appuyée, j'ai la lettre, si jamais vous voulez la lire. Et puis j'ai... regardez, à l'assemblée aujourd'hui, ils ont applaudi aussi au dépôt du projet de loi fait par Alexandre Leduc. Alors, quand on regarde le nombre de... Les partis qui ont appuyé ou qui appuient actuellement, il y a une majorité de la population derrière cette partie-là. On parlait du sondage de ce matin. Prenons les gens qui appuient Québec solidaire, qui appuient le Parti conservateur, qui appuient le Parti québécois, c'est pas mal de monde. Sans compter des gens qui avaient fait confiance au gouvernement et qui ont été déçus quand... pour ce... ce reniement-là. Alors, il y a une majorité de la population qui continue d'appuyer ce mode de scrutin là et surtout cette nécessité d'une réforme. Je pense qu'on a tous plaidé sur l'importance de cette réforme-là.

Et ce que moi, je voudrais ajouter comme plaidoirie, c'est au niveau des médias. Les citoyens sont devenus... cyniques parce que les gens qui promettent ne respectent pas leurs engagements pour de faux prétextes. Et ça se traduit aussi par une espèce de cynisme de la part des médias. Et, quand on parle de tout ça, c'est comme si on nous regardait un peu de travers, en disant : Oui, vous savez, ils le promettent avant puis ils ne le feront pas finalement. Alors, de voir des journalistes qui sont ici, ça, c'est important, parce que ce qu'il faut, c'est que ce soit dans le débat public et on veut que cet enjeu-là redevienne et soit un des enjeux importants pour la prochaine élection. Et plus vite après la prochaine élection, on passera à l'action, plus vite on réglera cette question-là.

Et idéalement, c'est ce qu'on a dit tantôt, si on pouvait régler ça avant la fin de la législature pour que ce soit derrière nous et qu'en avant, le Directeur général des élections puisse préparer les élections de 2030 avec un nouveau mode de scrutin. C'est ça qui serait l'idéal. Et ça donnerait la chance finalement d'avoir au Québec une pluralité de... en fait, la plupart des régions, dans le texte qui a été déposé ce matin, bénéficieraient de cette réforme-là. Pourquoi? Parce qu'ils auraient une pluralité de représentants politiques de différents partis dans chacune des régions. Ça, c'est important. Le soir des élections, quand vous regardez la carte, ce n'est pas bleu pâle partout, là, ce n'était pas bleu pâle partout, il y avait... Quand on regarde chacune des régions, c'est multi-idéologique. Et ce qu'on veut, c'est que l'Assemblée nationale reflète la réalité des citoyens, des votes. Quand on dit : Chaque vote compte, bien, chaque vote compte, ça veut dire aussi que chaque parti important a sa place au Parlement. Et c'est anormal qu'un parti qui a 15 %, 16 % du vote n'ait pas de place au Parlement. C'était anormal que le Parti conservateur n'ait pas de député aux dernières élections. Et ce serait anormal que la CAQ n'ait pas de député avec les... le pourcentage d'appui qu'ils ont actuellement. C'est ça qu'il... qu'il faut que les gens comprennent.

Et ça fonctionne ailleurs. Alors, pourquoi ça ne fonctionnerait pas au Québec? Ça fonctionne en Écosse, ça fonctionne en Allemagne, ça fonctionne en Nouvelle-Zélande, sans compter toutes les autres sociétés où ils ont des modes de scrutin proportionnel différents, mais ces trois-là, c'est des modes de scrutin qui nous inspirent, parce que c'étaient des modèles politiques ou, en fait, des modèles électoraux comme celui qu'on a actuellement qui a été modifié pour le meilleur.

M. Duhaime (Éric) : Je veux juste ajouter que, pour l'absence du Parti québécois ici aujourd'hui, j'espère juste que Paul St-Pierre Plamondon n'est pas en train de se transformer en François Legault, parce qu'on sait que M. Legault, comme... comme Paul St-Pierre Plamondon, à une autre époque, hein, était favorable à une réforme du mode de scrutin. Il avait même signé un engagement ferme et solennel. Et aujourd'hui on voit ce qui est arrivé. Et de voir que le Parti québécois refuse de participer aujourd'hui au point de presse, moi, ça m'inquiète, et j'espère que ce n'est pas un signe annonciateur d'un autre recul de la part du Parti québécois. Merci.

Journaliste : Puis, Mme Blanchette Vézina, vous vous êtes déplacée pour nous dire... on connaît la position que François Legault a prise, mais le caucus de la CAQ, lui, a-t-il un appétit pour une réforme du mode de scrutin?

Mme Blanchette Vézina : Bien, moi, je n'étais pas de... Je suis de celles qui sont arrivées lorsque l'engagement avait été pris de ne pas faire cette réforme, mais c'est un sujet qui est discuté, qui est réfléchi, qui, pour certains, il y a de l'intérêt, là. Donc, c'est pour ça aussi qu'on envoie un peu le message aux... aux partis au pouvoir, au gouvernement, c'est qu'il y a de l'intérêt et il peut y avoir de la place pour un parti comme la CAQ aux prochaines élections ou après, même s'ils ont moins de pourcentage de voix qu'aujourd'hui. Donc, la réforme du mode de scrutin pourrait les avantager. Alors, pourquoi ne pas le faire maintenant, comme M. Charbonneau le mentionne, régler ça avant la prochaine élection et qu'on n'en parle plus pour l'année...


 
 

11 h 24 (version non révisée)

Journaliste : Oui. Olivier Lemieux, Radio-Canada. Peut-être une complémentaire pour vous, M. Duhaime. On connaît essentiellement la chanson, là. Les partis d'opposition plaident pour une réforme, justement, dans l'opposition. Et une fois au pouvoir, on trouve que le système a beaucoup de bienfaits. On vous entendu évidemment à plusieurs reprises plaider pour une réforme du mode de scrutin. Mais même vous, vous nous dites que, dans une situation plus avantageuse, vous ne vous changeriez pas d'idée.

M. Duhaime (Éric) : Bien, d'abord, je n'ai pas pris position lors de la dernière campagne électorale. Je pense qu'on était le seul parti qui n'avait pas pris d'engagement ni d'un côté ni de l'autre pour la simple et bonne raison que je ne voulais justement pas être comme tous les autres, c'est-à-dire promettre une réforme du mode de scrutin puis me... François Legault le dire, ou Justin Trudeau le dire au lendemain de l'élection et devenir un ardent défenseur du statu quo. Donc, je ne l'avais pas fait parce que je voulais que ce soit les militants qui décident. On a fait un colloque sur la réforme démocratique. M. Charbonneau a d'ailleurs participé à notre activité. On a aussi eu un conseil général, M. Charbonneau est même venu s'adresser aux militants au conseil général, on a eu un congrès où, très, très majoritairement, près de 80 % de nos membres ont appuyé l'idée d'une réforme du mode de scrutin. Donc, aujourd'hui, si je suis ici aujourd'hui, je ne parle pas en mon nom personnel, je parle au nom de l'institution que je représente, le Parti conservateur du Québec. Et la position, elle est ferme, effectivement.

Journaliste : Mais donc ça ne pourrait pas changer. Parce que même vos militants, dans une situation plus avantageuse, pourraient dire : Hey! Sais-tu quoi? Maintenant, ça va bien. On n'y touche plus.

M. Duhaime (Éric) : C'est ça. Bien, ce que j'ai compris, là, la façon quand il y a des reculs, habituellement, c'est beaucoup parce que quand le premier ministre arrive au caucus, tous ces députés qui ont été élus avec le mode de scrutin historique trouvent que c'est une bien bonne idée, puis que c'est très bon, le mode de scrutin pour les avoir élus. Puis je pense que la pression vient davantage du caucus, là, que de la base militante comme telle, là. Donc, mais je... Non, c'est sûr et certain que c'est un engagement qui est ferme. Puis je n'ai pas l'intention de reculer. Vous me connaissez, je suis un gars de conviction. Ce n'est pas... J'ai bien des défauts, là, mais j'ai celui de tenir mes engagements.

Journaliste : Peut-être, M. Leduc. On comprend l'appui, là, je ne veux pas dire théorique, mais l'appui du Parti québécois. Qu'il ne soit pas ici, est-ce que vous ne pensez pas que ça enlève, disons à tout le moins, de l'impact à votre sortie?

M. Leduc : Bien, on les a invités. Je vous invite à les contacter pour qu'ils puissent expliquer leur absence. C'est sûr que, tu sais, si je reprends un peu ce que mon collègue, ce que M. Duhaime disait à l'instant. Historiquement, ça a souvent bloqué, la chute d'une réforme par rapport à un parti qui l'avait promis, avec le caucus. C'est là que ça bloque souvent. C'est donc un test de leadership du premier ministre qui avait promis la réforme du scrutin, de voir s'il est capable d'asseoir son leadership sur son caucus et de la faire, la réforme, malgré que son caucus ait envie de la laisser tomber. Cet échec-là... Ce leadership-là a échoué avec M. Lévesque à l'époque, malheureusement. Il a échoué chez M. Charest aussi. Il a donc échoué avec M. Legault. Donc, il appartiendra à n'importe quel autre chef de parti, fût-il M. St-Pierre Plamondon, fût-il Mme Ghazal, fut-il M. Duhaime ou peu importe, appartiendra à ce chef de parti là, qui aura promis la réforme, de faire... d'asseoir un test de leadership auprès de ses collègues. Et j'invite donc les futurs chefs de parti dans cette position-là à réfléchir à la situation suivante qui est celle de la CAQ, un parti, comme on le disait tantôt, qui est menacé de disparition si jamais c'est ça qui se passe en octobre prochain. Je ne sais pas si c'est dans les annales de l'histoire de l'Assemblée nationale, il y a eu quelque chose de similaire, où est ce qu'un parti va avoir passé de 90 sièges à l'élection précédente à zéro. Quelle situation complètement hallucinante!

Et il y a une chose que j'invite tout le monde à réfléchir, là, le bipartisme, c'est terminé au Québec. Il y a eu une phase où est-ce qu'on se demandait si c'était juste une phase. C'est terminé, le bipartisme. Il y a plusieurs partis politiques au Québec, bien implantés, qui ont leur propre réseau, leur propre idéologie, leur propre façon de fonctionner, puis c'est très bien comme ça. Malheureusement, notre système n'est pas adapté à cette réalité-là. Alors, il faut juste qu'on adapte le système à la nouvelle réalité. On est en retard. On aurait dû le faire dans le passé, mais le bipartisme est là pour rester. Et le plus tôt on va le mettre à jour, la réforme électorale, pour reconnaître ce bipartisme... ce pluralisme-là, le mieux le Québec va se porter, le plus il y aura, je pense, des initiatives transpartisanes de ce genre-là. Et c'est ce qu'on souhaite qu'il se passe d'ici la fin de la législature. Merci.

M. Charbonneau (Jean-Pierre) :Juste une chose que je voudrais ajouter si tu me permets.  C'est la culture politique qu'il faut changer. Et la culture politique va changer au Québec le jour où les partis vont se rendre compte qu'on vit dans une démocratie représentative. Et qu'est ce que ça veut dire, ce concept-là, cette expression d'une démocratie représentative? Ça veut dire que le Parlement doit être représentatif des votes des citoyens et des citoyennes. Ça veut dire que chaque grande tendance politique doit être présente à l'Assemblée nationale, et débattre, et organiser le bien commun en fonction non seulement de leurs intérêts partisans ou de leur vision partisane, mais également dans l'intérêt supérieur de la nation. Et c'est ça, une vraie...


 
 

11 h 29 (version non révisée)

M. Charbonneau (Jean-Pierre) :...démocratie représentative, pourquoi ça fonctionne dans les autres sociétés et la plupart des grandes sociétés occidentales sont régies par des modes de scrutin de type proportionnel, ce n'est pas des pays du Tiers-Monde, ce n'est pas des gens qui sont en élection à chaque fois, régulièrement, mais c'est des sociétés où des compromis sont possibles. Est-ce qu'il n'y a pas... Il y a des rivalités politiques? Bien sûr. Est-ce qu'il y a des combats politiques? Bien sûr. Mais en bout de piste, il y a une façon de se comporter dans la plupart de ces sociétés-là qui devraient nous... faire envie et qui devraient nous rappeler que ce n'est pas normal, que quand tu as moins de 40 % du vote, que tu aies 80 % des députés. C'est ça notre réalité actuellement et ça l'est depuis toujours. Ce n'est pas normal et c'est ça qu'il faut changer et ça prend juste, un jour, un monarque élu, parce que dans notre système parlementaire britannique, le premier ministre est un monarque élu, il est de droit divin, ses ministres... ses ministres, il peut les démettre quand il veut, le jour où un premier ministre décidera qu'il va respecter sa parole, vraiment, puis qu'il va faire en sorte que ce qu'il a dit, il l'a fait, les choses vont changer, puis elles peuvent changer rapidement et pourraient même changer en moins d'un an si le chef du gouvernement actuel revenait sur son engagement de ne rien faire et revenait à ces vertus de départ qui était de le faire et d'être meilleur que René Lévesque et que tous les autres.

Une voix : Merci beaucoup.

M. Leduc : Bien, merci, tout le monde. Bonne journée.

Mme Blanchette Vézina : Merci, tout le monde.

(Fin à 11 h 31)  


 
 

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