Point de presse de M. Paul St-Pierre Plamondon, chef du troisième groupe d’opposition
Version préliminaire
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Le mercredi 26 novembre 2025, 12 h 45
Hall principal de l'hôtel du Parlement,
hôtel du Parlement
12 h 39 (version non révisée)
(Douze heures quarante-quatre minutes)
Le Modérateur : Alors,
bonjour à tous et bienvenue à ce point de presse du Parti Québécois. Prendra la
parole, lors de ce point de presse, le chef du Parti québécois et député de
Camille Laurin, Paul St-Pierre Plamondon. Le sujet aujourd'hui dépôt d'une
pétition pour la mise en place de mesures pour contrer les risques liés à la
consommation de drogue chez les jeunes. Il est accompagné aujourd'hui de deux
parents qui sont endeuillés par la perte d'un enfant victime d'une surdose, alors
Mme Phoudsady Vanny et M. Christian Boivin. Alors, M. Plamondon.
M. St-Pierre Plamondon : Merci.
Donc, je suis aujourd'hui présent pour vous parler d'une pétition qu'on a
déposée ce matin, une pétition qui découle d'une rencontre qui m'a beaucoup
marqué à l'été 2024...
12 h 44 (version non révisée)
M. St-Pierre Plamondon :
...On
va juste laisser passer. Je...
Journaliste
:
...
M. St-Pierre Plamondon :
Exact.
C'est la féérie du temps des fêtes. Une rencontre avec Mme Vanny qui m'a
beaucoup marqué à l'été 2024. C'est un sujet, donc, que j'ai appris à
connaître, celui de jeunes qui meurent en grand nombre en raison de surdose de
drogues le plus souvent vendues sur les médias sociaux désormais, ça peut être
dans la rue, mais le plus souvent en lien avec l'utilisation des médias sociaux.
C'est pourquoi, ce matin, je suis
accompagné de Mme Vanny, qui est la mère de Nikian, et de M. Boivin, qui est le
père de Mathis. Et les deux sont... ont perdu leur enfant en raison d'une prise
de drogue dans un contexte qui est absolument nouveau et menaçant pour notre
jeunesse.
Je vous donne quelques indicateurs, là.
Donc, depuis 2020, au Québec, des nitazènes ont été détectés dans 90 cas
de surdoses mortelles. C'est la drogue qui... qui a tué Nikian et Mathis. Puis,
sur... à l'échelle du Québec, en 12 mois, il y a 638 décès liés à...
aux drogues, mais quand on regarde les 29 ans et moins, c'est quand même,
sur une base annuelle, 72 décès de jeunes par surdose ou par utilisation d'une
drogue qui clairement ne correspond pas à ce que le jeune pense acheter au
moment de... de la transaction. 144 visites avec interventions d'urgence par
mois en moyenne en 2024. Et il y a vraiment une augmentation, donc on parle d'une
hausse substantielle de ce phénomène-là. Il faut, donc, agir urgemment.
Puis je ramène une réflexion sur c'est
quoi le rôle de l'État québécois. L'État est là d'abord et avant tout, non pas
pour faire des chèques à des compagnies puis se vanter de jouer dans l'économie
à coup de... d'interventions sur le pif de l'un ou de l'autre, l'État est là d'abord
et avant tout pour protéger son monde, protéger la santé et la sécurité des
gens, et à commencer par la santé et la sécurité de nos jeunes. Si on ne fait
plus ça, on sert à quoi et quel est le sens de notre société?
Donc, les chiffres sont nombreux, ça m'amène
donc... sont nombreux et très convaincants sur des tendances lourdes et
inacceptables.
Ça m'amène à prendre tout de suite des
engagements, dans l'éventualité, si les gens le choisissent, là, d'un
gouvernement du Parti québécois, on va prioriser une approche médicale à la
crise des opioïdes.
C'est-à-dire, on va tenter par tous les
moyens de traiter la... la toxicomanie pour ceux qui sont aux prises avec cette
situation-là. On va resserrer les règles de prescription de médicaments en lien
avec le phénomène de surprescription qu'on a... dont on a déjà traité au
conseil national il y a un peu plus d'un an, agir en... avec plus de prévention
pour sensibiliser ces jeunes-là aux risques de la drogue, augmenter les
ressources en dépendance dans les CLSC et les écoles, améliorer la
collaboration entre le réseau de la santé, les organismes communautaires et les
écoles. Et finalement, un truc que... que j'ajoute, là, mais qui va de soi
parce que je l'ai déjà dit, se pencher sur les médias sociaux et le rôle de ces
médias sociaux là chez les jeunes de 16 ans et moins.
On voit que plusieurs pays réglementent.
Vous savez que les écrans et les jeunes, c'est un sujet sur lequel je me penche
depuis plusieurs années. Quand il est question d'un réseau social qui s'appelle
Telegram, qui est ouvertement lié à des activités criminelles, et que les
policiers répondent : Bien, on ne peut pas faire grand-chose, et ils ont
directement accès aux jeunes, il y a un moment donné, il va falloir se pencher
sur ces médias sociaux là et serrer la vis, agir. Parce qu'on peut essayer de
prévenir puis d'agir sur le terrain, ce qui est très difficile pour les parents
d'aujourd'hui, c'est que ce qui se passe sur le téléphone du jeune, tu peux
difficilement le contrôler par rapport à l'époque où on disait aux jeunes :
Tiens-toi pas avec des bums puis ne va pas aux arcades, là. Dans mon temps, c'était
ça, la prévention : Ne va pas aux arcades, il y a des bums. Aujourd'hui,
tout se passe là-dessus, et c'est très difficile de suivre et de savoir en
temps utile. Et, les conséquences, c'est 72 jeunes qu'on perd par surdose
par année. Si on n'a pas d'intérêt pour ça, c'est quoi, le sens de notre
engagement envers la société puis notre avenir?
Donc, c'est un sujet qui est touchant et c'est
pour ça que je laisse un témoignage à chacun des... des parents sur ce
sujet-là.
Mme Vanny (Phoudsady) :
Bonjour. Alors, moi, suite au décès de mon fils de... de 19 ans, je me
suis donné comme mission d'être la voix qu'il n'est plus. Et, portée par les
paroles de mon fils de 10 ans, son plus jeune frère, au moment de sa mort,
c'est que : Maman, Nikian a été sacrifié pour qu'on sauve d'autres
enfants, alors je suis ici pour vous dire...
12 h 49 (version non révisée)
Une voix : ...il n'y a pas
juste une victime, il y en a plusieurs, il y a les parents, la fratrie, les
amis et toute une collectivité aussi qui vient avec ce genre de drame. Alors
pour une mère endeuillée qui vit la douleur la plus abyssale qui soit, de
perdre un enfant... la main tendue de M. Plamondon a été très salvatrice pour
moi. Et ça a juste donné le feu, là, ça a juste mis plus de carburant dans mon
feu intérieur pour aller de l'avant, pour me pencher sur tout ce qui... tout,
pardon, ce qui touche le côté addictif de notre société. Parce qu'on le sait,
on ne se le cachera pas, on vit dans une société addictogène, anxiogène. Alors,
avec tous les changements climatiques, politiques, économiques, les jeunes, de
nos jours, bien, vont essayer de s'anesthésier de n'importe quelle façon, vont
trouver n'importe quel médium, que ce soit réseaux sociaux, jeux en ligne,
pornographie, cannabis, drogues illicites.
M.
St-Pierre
Plamondon : Alcool.
Une voix : Oui, alcool, également.
On se doit, tu sais, de ne pas repousser ce discours-là, de faire l'économie de
ce discours-là. Donc, Nikian, en 2024, lors de son décès, la coroner nous a dit
que c'étaient deux cas par jour. C'est vraiment, vraiment trop, là, tu sais.
Donc, la situation, on le sait, qu'elle est alarmante. On doit briser le tabou,
puis ça doit passer non pas par la répression, mais par l'éducation. Je nous
souhaite que l'enseignement des drogues fasse partie du cursus scolaire de tous
les enfants du Québec. Il faut les aider à comprendre les conséquences de ces
drogues-là, parce qu'à l'heure où ça va, là, il y a des molécules qui poussent,
autant qu'il y a de dealers qui arrivent sur le chemin, à toutes les semaines,
à tous les jours. C'est comme un pissenlit, tu en arraches un, il y en a trois
qui repoussent, là. Alors, c'est ça, donc, plus l'enfant va être... va
comprendre les conséquences de ces drogues-là, puis il va développer son esprit
critique, et plus il va certainement retarder la prise de cette première drogue,
et plus on va en sauver. Alors, ça dépasse... cet enjeu de société dépasse tout
clivage politique, selon moi. Alors, c'est ça, je nous souhaite de prendre soin
de nos enfants. Merci.
Une voix : Merci, Vanny. Oui,
bien, je pense qu'aujourd'hui on dépose une pétition, puis c'est superimportant
de connaître l'état de la situation. C'est ça, le problème. Puis on le voit, je
veux dire, là, on parle de l'état de la santé mentale des jeunes, qu'est-ce qui
se passe avec les surdoses. On a des statistiques, mais on n'a pas le portrait
global. Puis, si on veut agir de façon concertée, s'assurer que chaque jeune ait
droit à de l'information qu'il a de besoin... Parce que moi, je parle aux
jeunes, je le vois, malheureusement, ils n'ont pas l'information, ils ne savent
pas, tu sais. Je leur donne une conférence qui est difficile, ils sortent de là :
Oh mon Dieu! Si j'avais su. Bien, pourquoi vous ne le savez pas? Donc, si on
met en place des outils nous permettant de savoir, un, c'est quoi l'état de la
situation, qu'est-ce qui fonctionne, qu'est-ce qui ne fonctionne pas, parce que,
dans n'importe quoi, il y a des choses qui fonctionnent et qui ne fonctionnent
pas... Il faut le savoir, je veux dire, puis je vais reprendre d'autres
exemples, mais les statistiques sur le cancer, on n'a pas assez de suivi... C;'est
toutes des choses que meilleur est le suivi, meilleure est l'information qu'on
a, meilleure est l'action qui est posée et plus d'impact qu'elle a.
Donc, aujourd'hui, ce que fait le Parti
québécois en déposant cette pétition-là, bien, je trouve que c'est un pas dans
la bonne direction, c'est faire avancer le gouvernement puis aider à sauver nos
jeunes. Merci. Merci beaucoup.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup. On va être prêts à prendre vos questions sur le sujet du jour. Merci
beaucoup. Une question, une sous-question.
Journaliste : Oui. Bonjour.
Valérie Gaudreau, journal Le Soleil. M. St-Pierre Plamondon, dans l'objet
de la pétition, évidemment, il y a tout un volet de prévention. Est-ce qu'il y
a un volet de répression? Est-ce que vous faites appel aux corps policiers, par
exemple, pour la prévention?
M.
St-Pierre
Plamondon :Bien, évidemment, c'est
toujours une combinaison entre les ressources policières qui font de la
prévention et de la répression du crime et l'intervention du communautaire, des
écoles. Donc, c'est très rare, sur ces questions sociales là, en criminalité,
qu'une seule approche va donner les résultats escomptés, il faut vraiment aussi
augmenter la collaboration et la coordination, de ces acteurs-là. C'est le sens
de notre engagement, là, d'agir sur tous les angles.
Journaliste : Avez-vous l'impression
que le gouvernement actuel, en fait, en fait trop peu?
M.
St-Pierre
Plamondon :Ça dépend comment on voit
la société. Si... J'entendais le premier ministre se vanter de notre
performance économique par rapport au Canada, puis, dans les faits, tu sais, on
était à 1 % de croissance du PIB, puis là on débat de ça. Mais, si notre
vision de la société, c'est ça, pendant que des dizaines d'enfants meurent
empoisonnés par de la drogue vendue en ligne, puis ça, ça nous intéresse peu, il
y a quelque chose qui ne fonctionne pas sur à quoi sert un gouvernement. C'est
quoi, le sens de la vie puis c'est quoi, le sens, pour une société...
12 h 54 (version non révisée)
M. St-Pierre Plamondon : ...si
ta priorité ce n'est pas que tes enfants soient protégés de la mort en raison d'un
comportement criminel vraiment dégoûtant dans ce qu'il y a de pire, là, parce
qu'il faut bien comprendre ce qui se passe ici, là, ce n'est pas qu'on se sert
des drogues pis que le jeune le plus souvent en prend trop intentionnellement,
là. Ce qui arrive c'est qu'on dit aux jeunes ceci est une... est telle drogue,
puis finalement c'est d'autres choses ou c'est une forme fentanyl quatre fois
plus puissant que ce qu'ils pensent consommer, puis le jeune, il le prend, puis
il s'éteint en s'endormant dans la minute qui suit. C'est fini. Sa vie est
finie.
Journaliste
: Sur le
plan humain, vous êtes pères de jeunes enfants, vous dites : J'ai appris
dans les dernières semaines avec cette... de côtoyer ces parents endeuillés, qu'est-ce
que ça vous fait comme père?
M. St-Pierre Plamondon : Je
pense... il y a beaucoup de parents en ce moment au Québec qui veulent, mais
ils ne savent pas comment réagir. C'est... ce phénomène-là de drogue, j'ai
parlé de la santé mentale des jeunes, j'ai parlé... on a parlé aussi de l'anxiété,
des témoignages aussi de parents qui sont devant des enfants qui ont d'autres
troubles comportementaux, des témoignages du milieu du travail ou du milieu
universitaire où est-ce que les jeunes, ils arrivent, puis ils ne sont pas
prêts. Ils vivent beaucoup d'anxiété.
J'espère que... si on a la chance de
former le gouvernement, on va amener une autre perspective sur le sens d'être
un gouvernement et que l'effort, la volonté collective de dire non à l'exploitation
sexuelle des enfants, à l'exploitation des enfants par le crime organisé à des
fins de commettre des crimes, j'ai déjà parlé de ce phénomène-là, la protection
des enfants par rapport à des drogues illicites. Je veux dire, si, ça, ça ne
nous mobilise pas, je ne comprends même pas le but de l'exercice démocratique,
donc ça me touche beaucoup. J'en parle avec d'autres parents, lesquels sont
assez au dépourvu, peu importe l'âge de leurs enfants. Et mon espoir, c'est que
si jamais on forme le gouvernement, on va prendre ça de front avec des
résultats, ce ne sera jamais parfait, la criminalité sera toujours présente,
mais au moins on va en faire une priorité collective et on va, en ce sens,
retrouver un sens comme société.
Journaliste : Vous donniez l'exemple
de l'achat finalement de drogue qui n'est pas ce qu'on pensait que c'était.
Même avec la prévention, l'information, ça reste quand même que les adolescents
font des expériences et qu'ils vont se retrouver...
M. St-Pierre Plamondon : Ils
en ont toujours fait.
Journaliste : ...avec de la
drogue qui n'est pas ce qu'elle... ce qu'elle devrait être, donc vous ne pensez
pas qu'il faudrait mettre plus en répression pour s'assurer que ces drogues-là ne
se retrouvent pas dans la rue?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
c'est-à-dire que le facteur médias sociaux a facilité, puis a rendu beaucoup
plus occulte cette vente-là. Donc quand on essaie de comprendre pourquoi il y a
une augmentation d'un phénomène qui a toujours existé, puis dans mon temps, bien,
je n'étais peut-être pas le plus rebelle de la gang, là, mais dans mon temps,
tu sais, c'était plus fumer un joint, là, puis c'était... Là on est
complètement ailleurs.
Ce ne sera jamais parfait, mais il y a un
phénomène d'accélération qui vient de nouvelles technologies, des nouvelles
technologies qui sont déjà en train d'atteindre la santé mentale de cette jeune
génération, mais qui en plus, causent leur mort à travers ces drogues-là. Si on
agit là-dessus, on agit dans les écoles, on a des équipes de terrain, puis on a
des policiers qui ont les ressources, puis la mission de vraiment freiner ce
phénomène-là, je ne vous dis pas qu'on va arriver à zéro, mais on ne sera pas à
72 jeunes de mort par année.
Donc je pense que la mesure, ce sera ça, dans
l'éventualité d'un gouvernement du Parti québécois qui prend à cœur et qui
prend de front ces questions-là, ce sera est-ce qu'on est capable de faire
baisser le nombre de jeunes qui succombent à chaque année de ces overdoses-là?
C'est ça, l'objectif pour les prochaines années, en ce qui me concerne.
Journaliste : Puis vous avez
parlé dans vos engagements d'avoir une approche médicale de la toxicomanie. Est-ce
qu'avec une approche médicale, on est dans la gestion des méfaits, dans avoir
des sites de consommation supervisés davantage répartis sur le territoire?
M. St-Pierre Plamondon : C'est-à-dire
que c'est les deux. Il y a une gestion puis un encadrement d'habitudes qui sont
déjà là pour réduire les méfaits. Mais il y a aussi, il doit y avoir, une
volonté de sortir de la dépendance et des addictions, les gens. Donc on ne peut
pas non plus simplement avoir un bassin de personnes qui a des addictions
toujours plus grand et penser que l'État va être capable de suivre le rythme et
que ces gens-là vont être protégés pour autant...
13 h (version non révisée)
M.
St-Pierre
Plamondon :...force est de constater,
j'ai trouvé le point de Mme Vanny tellement vrai. Ça dépasse les drogues, là.
Il y a de plus en plus d'addictions dans notre société qui témoignent d'un mal-être,
et il va falloir aller à la source, et ça veut dire, notamment, aider les gens
à sortir de l'addiction autant que de gérer les méfaits, et la réalité qu'il y
en a qui sont là-dedans en ce moment puis qu'on ne peut pas les laisser
complètement en marge pour autant, là.
Journaliste : Mais est-ce que
le PQ ferait davantage d'ouvertures de sites de consommation supervisée?
M.
St-Pierre
Plamondon :Je ne sais pas si on a... Dans
le cadre du projet de loi n° 103 dont on parlait tantôt, justement, je ne
pense pas qu'on a de position...
Journaliste : C'est à 150
mètres des écoles, mais ça ne dit pas qu'on n'en fait pas.
M.
St-Pierre
Plamondon :En nombre, je ne pense pas
que ça a été débattu. Je vais... je vais vous revenir, je... À ma connaissance,
on n'a pas de... pris de position en ce sens-là.
Journaliste : Bonjour. Quel
devrait être le rôle de l'école? Est-ce que l'école devrait en faire plus, et,
si oui, quoi? Puis peut-être prendre la parole tour à tour, là-dessus, sur le
rôle de l'école?
M.
St-Pierre
Plamondon :Bien, il se fait déjà des
choses, mais comment expliquer que 72 jeunes, cette année, ont succombé à une
prise de drogue, le plus souvent, en ligne, en n'ayant aucune garantie, là?
Comment se fait-il qu'on est à 72? Il y a quand même un message qui ne passe
pas, là. Donc, est-ce que l'école peut en faire plus? Certainement, mais, tu
sais, je n'ai pas la prétention d'être un expert sur quelle approche pourrait
être bonifiée. Ça, ça doit venir des éducateurs, là.
Mais, dans toute chose, ça part de la
volonté politique. Prenez, par exemple, la fois où est-ce que j'ai dit qu'il
fallait limiter le temps d'écran des jeunes puis retirer les téléphones des
écoles. La CAQ a ri de nous autres, littéralement, en Chambre. On a... on l'a
sur «tape», ils riaient de nous autres, et, finalement, ils ont fini par le
faire un an et demi plus tard, sous les applaudissements, en disant que c'était
eux. Puis c'est bien correct si c'était eux, là, le point ici étant que les
changements sociaux partent d'abord d'une volonté politique. Moi, ce que je dis
ce matin, c'est que, si on n'a pas de volonté politique pour ça, tu sais, je
veux dire, qu'est-ce qu'il reste? Donc, il y aura une... une volonté politique,
puis on verra ensuite, avec plein d'experts, on bonifie comment la prévention,
parce que le résultat n'est pas acceptable.
M. Boivin (Christian) : Moi,
je peux dire deux mots là-dessus.
M.
St-Pierre
Plamondon : Allez-y.
M. Boivin (Christian) : Bien,
un des problèmes avec l'école, moi, ce que je crois, c'est que, présentement, puis
c'était dans le rapport du coroner sur l'accident de Mathis, c'est à géométrie
variable. Donc, il y a des écoles qui ont des programmes en place, ont des
organismes communautaires qui viennent faire de la prévention, qui s'occupent
de... Il y a des intervenants sur place, de l'organisme, il y a des
travailleurs de rue. Puis là, après ça, on va aller dans... dans un autre
quartier, puis, malheureusement, des fois, un quartier défavorisé, bien là, l'école,
ils n'ont aucune... il n'y a... Ce n'est pas une directive, présentement, du
ministère de l'Éducation. C'est que c'est l'école qui décide, peut-être le
CSSS. Si on avait quelque chose d'uniformisé, où tous les jeunes ont un droit
égal à la même information...
Parce qu'un des problèmes... Pourquoi Nikian
et Mathis ont a eu ces accidents-là, c'est qu'ils étaient mal informés. Si on
commence jeune à leur dire : Malheureusement, aujourd'hui, la drogue est
dangereuse, il y a de la toxicité. Tu penses acheter quelque chose sur le
marché noir. Mathis pensait que c'était de l'OxyContin, Nikian, il pensait que c'était
du Dilaudid, deux opioïdes, ce n'est pas bon, mais qui ne les auraient pas tués.
Mais non, dans les deux cas, c'était plus fort que le fentanyl. Mais les
jeunes, on ne les informe pas assez de c'est quoi, la contamination des drogues.
Donc, si on est capables, au moins, d'avoir
un minimum pour tous les jeunes du Québec, là, on va avoir un pas par en avant,
puis ils vont tous partir sur un pied égal, peu importe la classe sociale, ou
quoi que ce soit. C'est que tout le monde a la chance d'avoir accès à l'information.
Puis, après ça, s'il y en a qui décide d'aller plus loin, de s'informer plus
loin, parce qu'on pique la curiosité, bien, ça va juste créer un ensemble... de
dire : Aïe! fais attention. Tu sais, si les jeunes, entre eux, disent :
Oh! non, non, tu ne devrais pas prendre ça à soir, tu n'as pas lu le cours, là,
qu'on a eu l'autre jour? Mais là, présentement, ce n'est pas ça, ce n'est pas...
ce n'est pas ça. Voilà.
Mme Vanny (Phoudsady) : D'où
l'importance de la création de l'observatoire, travailler avec le scientifique.
Ces gens-là vont pouvoir mieux aiguiller, mieux outiller, justement, le corps
professoral, les parents aussi, parce que les parents, aussi, doivent aussi...
ils ont leur part de responsabilité, ils doivent connaître les molécules,
doivent être au fait de ce qui se passe.
M.
St-Pierre
Plamondon :Puis on ne l'est pas puis
on ne le sait pas.
M. Boivin (Christian) :
...c'est le problème.
Mme Vanny (Phoudsady) : C'est
ça. On sait que l'expérience, ça ne se transmet pas, mais le jeune va le faire
quand même. Alors...
Journaliste : ...on
parlait... on mentionnait une directive ministérielle. Est-ce qu'on devrait
avoir une... est-ce que le ministre devrait envoyer une directive au réseau
pour qu'il y ait plus d'information?
M.
St-Pierre
Plamondon :Bien oui, standardiser, comme
on vient de dire, mais fixer des objectifs. On a la même approche au Parti
québécois sur l'itinérance, là. Donc, moi, un sujet que je trouve absolument
inacceptable pour une société riche, c'est des taux d'itinérance toujours en
croissance puis des gens qui... qu'on laisse vivre dans la rue. Mais c'est quoi,
les... les histoires à succès des pays qui ont vraiment eu un impact? Ils se
fixent des objectifs, ils vont chercher l'expertise, puis là ils mettent tout
le monde dans cette même...
13 h 05 (version non révisée)
M. St-Pierre Plamondon : ...Donc,
évidemment que ça prend une directive. Puis ça ne veut pas dire que le
politique prône avoir cette expertise-là. Il vient, il rassemble, puis il dit :
Bien, tous ceux qui ont l'expertise, vous allez m'expliquer comment ça va
passer de 72 à moins de la moitié de ça. C'est ça, l'objectif, puis, à ce
moment-là, on laisse les gens travailler, mais, je pense, ce qui arrive, c'est :
quand les phénomènes technologiques ou environnementaux changent, des fois on
se fait surprendre, comme société, puis on se réveille un beau matin puis il y
a des phénomènes absolument inacceptables qui ont pris place, qui ne devraient
jamais s'installer dans notre société parce que c'est inacceptable.
Journaliste : Puis peut-être
comme dernière question, est-ce que... puis corrigez-moi si j'ai mal compris,
mais est-ce que je comprends que c'est un peu moins un problème de dépendance à
ces drogues-là puis c'est plus un problème de, possiblement, prendre une drogue
une fois, mais ne pas savoir ce qu'il y a dedans, puis que la drogue,
finalement, est mortelle?
M. St-Pierre Plamondon : Je
vais laisser...
M. Boivin (Christian) : Je
peux y aller pour celle-là, oui. C'est un peu le mélange des deux. Un, si on
prend le cas de Mathis, il était au niveau expériences, ça faisait six mois qu'il
avait commencé à essayer des drogues. C'est certain... Puis, des fois, avec du
recul, on essaie de comprendre ce qui aurait pu se passer. C'est certain que
Mathis, si ça ne l'avait pas tué, là... Mettons, moi, quand je parle aux
jeunes, je dis... bien, tu sais, en réduction des méfaits, tu dis : Réduis
les quantités. Si Mathis avait cassé son comprimé en quatre, il ne serait peut-être
pas mort, mais ça aurait développé une dépendance très rapide. Les drogues qu'on
parle, les opioïdes de synthèse qu'on parle aujourd'hui, les nitazènes, ça crée
une dépendance extrêmement forte, pas traitable avec la méthadone ou la suboxone.
Donc, c'est un peu un mélange des deux. Donc, il y en a plusieurs qui décèdent
à cause que c'est une première fois, puis qu'ils essaient quelque chose, puis
que, surtout, ils ne sont pas habitués de prendre des opioïdes. Donc, la
première fois, notre corps n'est pas habitué, les risques de décès sont
beaucoup plus grands. Mais l'autre chose, c'est qu'on va développer une
dépendance ou, suite à une prescription d'opioïdes pour un mal de dos, ça va
développer une dépendance, puis le médecin va arrêter de prescrire, la personne
va aller sur le marché noir, va tomber sur un comprimé contaminé puis va
décéder d'une surdose. Donc, c'est un mélange des deux. On a vraiment... La
toxicité des drogues, c'est... le gros problème, c'est que ce qu'il y a... ce
qui est dans la rue présentement est mortel.
Journaliste : Si je peux me
permettre, avez-vous un message à dire aux parents? Parce que, souvent, ce qu'on
entend, c'est : Moi, dans mon temps, justement, ce n'était pas ce type de
drogues là, ce n'était pas ça. Donc, il n'y a peut-être pas une réalisation de
la réalité actuelle que les jeunes vivent. Avez-vous un message, un «wake-up
call» à faire aux parents?
M. Boivin (Christian) : Oui,
oui, un message, oui, très important. Si... La crise des opioïdes, on en entend
parler, tout ça, mais, moi, comme parent, ce que je me suis rendu compte, c'est
que je n'étais pas assez informé. Il ne faut pas attendre que ça arrive. Lisez
sur la crise des opioïdes, lisez sur c'est quoi, la toxicité des drogues, apprendre
à reconnaître les symptômes d'une surdose, parce que, si notre enfant est en
surdose puis on ne connaît pas les symptômes, on va dire : Bien, il va
aller se coucher, ça va faire du bien. Non, il va décéder. Donc, c'est s'informer.
La clé pour les parents, c'est de ne pas avoir peur de regarder des reportages,
de lire des articles de c'est quoi, les drogues, tu sais, parce que,
malheureusement... Moi, j'ai 52 ans. Il y avait cinq drogues quand j'étais
jeune. Aujourd'hui, il y en a 25 puis il y en a une nouvelle à toutes les deux
semaines. Donc, il faut qu'ils s'informent. Je pense que la clé pour les
parents, c'est s'informer, oui.
Mme Vanny (Phoudsady) : Mais
moi, j'ajouterais aussi, là, de ne pas... de ne pas rompre le lien avec l'enfant,
l'adolescent surtout, parce qu'on n'est pas les acteurs principaux de leur vie,
là, à cet âge-là, on n'est que des figurants. Alors, honnêtement, on ne peut
pas devenir un parent policier ni un parent thérapeute. Il faut aller chercher
de l'aide aussi, ça, c'est superimportant, de ne pas être isolé, mais de
reconnaître les signes. L'enfant qui s'isole, qui ne voit plus ses amis, qui a
des... qui se lève tard... Tu sais, des fois, c'est tellement multifactoriel, l'idée
de dire : Écoute, je vais l'essayer, là... tu sais, comme : Ça ne va
pas bien, je vais l'essayer.
M. Boivin (Christian) : La
vie va vite.
Mme Vanny (Phoudsady) : Bien
oui, c'est ça. Alors, je pense vraiment, là, qu'il faut... il faut vraiment
être alerte à ça puis être à l'écoute, là.
Le Modérateur : Merci beaucoup.
C'est ce qui met fin à ce point de presse.
(Fin à 13 h 09)