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(Neuf heures six minutes)
La Modératrice : Alors, bonjour,
tout le monde. Bienvenue à ce point de presse de Québec solidaire. Prendront la
parole, dans l'ordre, Sol Zanetti, porte-parole de Québec solidaire, Flora
Dommanget, présidente de l'Union étudiante du Québec, Christopher Zéphyr,
président de la Fédération étudiante collégiale du Québec.
M. Zanetti : Alors, bonjour.
Merci, tout le monde, d'être présents aujourd'hui pour ce point de presse, qui
s'inscrit vraiment bien dans les 12 jours d'action contre la violence faite aux
femmes, un point de presse qui réunit ici, aujourd'hui, plusieurs associations
étudiantes, et nationales et locales, du Québec, donc l'Union étudiante du
Québec, la FECQ, dont les présidente et président sont ici aujourd'hui. Il y a
aussi des représentants de la FAÉCUM, à Montréal, de l'Association étudiante de
Polytechnique et de la CADEUL, à l'Université Laval, à Québec. Donc, merci à
tout le monde de s'être déplacés pour ce sujet vraiment important.
On vient ici rappeler au gouvernement l'importance
d'agir contre les violences à caractère sexuel en enseignement supérieur, et on
vient le rappeler à ses propres engagements, qu'il a abandonnés pour une
bouchée de pain. C'est complètement inacceptable. Alors, je rappelle que, dans
son plan d'action 2022-2027, le gouvernement s'était engagé à faire une enquête
nationale sur les VACS pour être capables d'avoir des données qui permettent
aux universités, aux... à tous les... et au réseau collégial, à tout l'enseignement
supérieur de faire des plans d'action qui sont cohérents et qui sont efficaces
pour contrer les violences à caractère sexuel.
On sait que c'est... les établissements d'enseignement
supérieur sont obligés de mettre en place des plans d'action, mais sans données
fiables, uniformes, sur... sur l'ensemble du territoire, il n'est pas possible
de vraiment faire des plans d'action qui seront parfaitement efficaces. Et l'engagement
de la CAQ, c'était de faire cette enquête-là, qui coûte seulement 1,2 million de
dollars. Alors, 1,2 million de dollars, c'est le montant qui a été...
finalement, que la CAQ refuse de mettre pour contrer efficacement contre les VACS
dans l'enseignement supérieur. C'est complètement inacceptable. C'est des
économies de bouts de chandelle, qui n'ont pas de bon sens. Il faut donc que...
j'appelle aujourd'hui le gouvernement à revenir en arrière sur cette décision
et à respecter ses engagements. 1,2 million de dollars pour avoir des
données, pour être capables d'agir de façon efficace, pour prévenir des
agressions qui brisent des vies, c'est absolument essentiel. Et pour vous en
parler davantage, je vais laisser la place à Flora Dommanget, présidente de l'UEQ.
Mme Dommanget (Flora) : Bonjour
à vous. Je m'appelle Flora Dommanget et je suis présidente de l'Union étudiante
du Québec. Donc, l'UEQ regroupe 15 associations étudiantes universitaires et
représente près de 117 000 personnes étudiantes à travers le Québec, de
Rouyn-Noranda à Chicoutimi, en passant par Gatineau, Montréal, Sherbrooke,
Drummondville et Lévis.
Aujourd'hui, aux côtés de Québec
solidaire, la Fédération étudiante collégiale du Québec et nos associations
étudiantes, nous dénonçons l'annulation de l'enquête nationale sur les
violences à caractère sexuel en enseignement supérieur. En effet, c'est suite à
une demande d'accès à l'information que nous avons... que nous avons confirmé
que la précédente ministre de l'Enseignement supérieur avait résilié, en secret,
l'entente de service avec l'Institut de la statistique du Québec, annulant, de
ce fait, l'enquête, donc, en juillet 2024.
Il a fallu une demande d'accès à l'information
à l'automne dernier pour savoir qu'il n'y avait plus d'enquête et que l'engagement
n'était pas respecté. L'UEQ avait interpelé publiquement la ministre à ce sujet,
mais notre demande de rétablir l'enquête a été... a été faite sans réponse.
Pourtant, cette enquête est la pierre angulaire du plan d'action de la lutte
contre les violences à caractère sexuel. Sans portrait clair de la situation,
il est impossible de cibler efficacement nos interventions. Sans suivi, il est
impossible d'évaluer l'impact réel des mesures mises en place dans nos
établissements d'enseignement supérieur. L'UEQ a effectué un sondage éclair cet
été, et a... et révèle déjà des problèmes inquiétants. 46 % des répondants
ne connaissent pas les ressources disponibles dans leur établissement pour
signaler des violences. 12 % disent qu'il serait improbable de dénoncer
des VACS, principalement par crainte de représailles. Ce n'est que la pointe de
l'iceberg. Seule une enquête nationale peut nous donner un portrait complet et
permettre d'agir avec sérieux.
Le gouvernement de la CAQ se doit de
prendre au sérieux les violences à caractère sexuel en enseignement supérieur.
L'annulation de cette enquête envoie un message troublant à la communauté
étudiante. Elle alimente le cynisme et donne l'impression que le gouvernement
de François Legault préfère choisir une stratégie d'aveuglement volontaire en
matière de violence à caractère sexuel, comme si, en l'absence de données, le
problème disparaissait. Avec la nouvelle ministre de l'Enseignement supérieur,
qui est d'ailleurs la dernière ministre responsable de la Condition féminine
avant le remaniement, nous avons l'opportunité d'avoir enfin une alliée qui
prend à cœur la lutte contre les violences à caractère sexuel, principalement
touchées par les femmes. Nous espérons voir rapidement son leadership se
traduire par le rétablissement et la tenue de cette enquête nationale.
Le gouvernement doit placer la sécurité de
la communauté étudiante au cœur de ses priorités. Cela passe par le financement
et le retour immédiat de l'Enquête nationale sur les violences à caractère
sexuel en enseignement supérieur. Merci. Je laisse la place, la parole à la
Fédération étudiante collégiale du Québec.
M. Zéphyr (Christopher) : Bonjour,
je m'appelle Christopher Zéphyr et je suis président de la Fédération étudiante
collégiale du Québec. La FECQ représente plus de 70 000 personnes
étudiantes au sein de 30 associations étudiantes, réparties à travers 13 régions
administratives de l'Abitibi jusqu'en Gaspésie.
Aujourd'hui, aux côtés de Québec
solidaire, de l'Union étudiante du Québec et de plusieurs associations
étudiantes, nous tirons la sonnette d'alarme. Annuler l'Enquête nationale sur
les violences à caractère sexuel, c'est abandonner la population étudiante,
c'est abandonner des jeunes qui entrent dans le milieu de l'enseignement
supérieur à 17, 18, 19 ans, auxquels on demande de faire confiance à leur
établissement, souvent sans leur offrir les outils pour se protéger, se faire
entendre ou obtenir de l'aide.
Cette annulation n'a pas été annoncée
publiquement. Elle a été faite discrètement, à l'abri des regards, comme si la
transparence n'avait pas lieu d'être. Quand on parle de violences à caractère
sexuel dans le réseau collégial, on parle d'une réalité souvent invisible. Les
personnes étudiantes collégiales sont à un moment charnière de leur vie. Elles
arrivent dans un nouvel environnement, découvrent l'indépendance, apprennent à
naviguer avec des relations adultes, des contextes sociaux et des dynamiques de
pouvoir, et quand une violence survient, beaucoup ne savent même pas vers qui
se tourner.
Dans les différents établissements
collégiaux, les ressources dédiées sont souvent sous financées, isolées ou mal
connues. Les écarts entre les établissements sont immenses. Certains ont des
équipes solides et certains ont des protocoles clairs, d'autres n'ont qu'un
seul intervenant pour tout le campus, sans mécanisme pour évaluer ce qui
fonctionne réellement, sans enquête nationale, impossible de mesurer cet écart,
impossible d'exiger des comptes, impossible de se protéger.
En annulant cette enquête dans le secret,
sans consultation ni préavis, le gouvernement de la CAQ envoie un message
clair : la prévention des violences, la dignité des victimes et la
sécurité sur les campus sont négociables. Et ce message-là, la génération
collégiale le reçoit en pleine figure. On nous dit que cette annulation permet
d'économiser 1,2 million de dollars. Je l'ai dit sans détour : Quelle
économie justifie de laisser une personne survivante sans recours? On ne parle
pas de chiffres, on parle de vies humaines, de trajectoires brisées, de
programmes abandonnés, de rêves écartés.
Une enquête nationale est un outil
essentiel de gouvernance publique et de protection de nos communautés
étudiantes. Sans elle, tout le réseau fonctionne à l'aveugle, et la
responsabilité du problème repose sur les victimes au lieu de reposer sur les
institutions : Les demandes sont claires et raisonnables : le
rétablissement immédiat de l'Enquête nationale sur les violences à caractère
sexuel sans délai et sans alternative de sa portée initiale. Parce que le
Québec a une responsabilité envers la jeunesse, parce que les établissements
doivent être soutenus, parce que la sécurité des campus n'est pas un enjeu
secondaire ou optionnel, elle conditionne la réussite, la persévérance et le
bien-être de toute une génération. L'enquête nationale doit revenir et, cette
fois-ci, il faudra en assumer les conclusions. Merci.
La Modératrice
: Merci.
Merci, tout le monde. Je vais ouvrir une période de questions, si possible de
vous nommer et de dire à qui s'adresse la question.
Journaliste
: Bonjour à
vous. Rémi Léonard, Le Soleil. Je me demandais, d'abord, vous, vous
dites qu'il y a déjà des plans d'action en place malgré tout. Pouvez-vous nous
dire quels sont ces plans d'action là et en quoi ils pourraient être bonifiés
avec l'enquête nationale? Donc, qu'est-ce qui se fait déjà, finalement, puis
comment on pourrait l'améliorer?
Mme Dommanget (Flora) : Oui.
Donc, en fait, il y a un plan d'action pour lutter contre... lutter et prévenir
les violences à caractère sexuel en enseignement supérieur. Donc, c'est un plan
d'action qui vient à échéance en 2027. Ca fait qu'ici il y a plusieurs mesures
qui permettent notamment d'avoir des formations ou ce genre de processus dans
les établissements. Avec une enquête, en fait, ça nous permettrait de voir si
ça fonctionne, s'il y a encore des zones d'ombre qui ne sont pas couvertes, tu
sais. Nous, on parle beaucoup des représailles, que c'est quelque chose qu'il
faudrait peut-être pousser un peu plus. Ça fait qu'avoir une enquête nationale
ça nous permet d'avoir des données puis de voir comment, tu sais, on pourrait
améliorer la situation puis voir s'il y a encore des zones floues.
Journaliste : ...exemples
d'actions, par exemple, dans ce plan d'action là, j'imagine, il y a des actions
concrètes, détaillées. Donc, qu'est-ce qui... qu'est-ce qui se fait en ce
moment?
Mme Dommanget (Flora) : Oui.
Donc, dans ce plan d'action, c'est ça, il y a des formations qui sont prévues
pour, donc, l'ensemble de la communauté en enseignement supérieur, ça fait...
que ce soient les profs, les personnes étudiantes, etc. Il va y avoir également
des politiques et des règlements institutionnels pour pouvoir accompagner
correctement quand il y a, bien, des situations de violence à caractère sexuel.
Ça fait que c'est tous ces genres d'actions qui sont prévus dans le plan
d'action.
Journaliste : Parfait. Merci.
Puis pour M. Zanetti, peut-être, vous disiez : Ce n'est pas un énorme
montant, effectivement. Est-ce que vous croyez que c'est... la volonté de ne
pas faire cette enquête-là, c'est plutôt par après, parce qu'on ne souhaite pas
agir, parce que cette enquête-là pourrait commander, donc, plus d'actions, plus
de financement pour agir?
M. Zanetti : Bien, on peut se
poser la question. C'est un 1,2 million de dollars qui sert à avoir
des données, qui sert à peaufiner des plans d'action, mais qui sert aussi à
avoir l'heure juste sur la réalité. Alors, moi, je pense que c'est bizarre de
ne pas... que le gouvernement ne veuille pas avoir l'heure juste sur la
réalité. Est-ce que c'est un signe que, de toute façon, il ne veut pas subir
plus de pression pour agir contre les violences à caractère sexuel? On peut se
poser la question.
Merci. Ça va? Terminé? Ah! non. OK.
Journaliste : ...malheureusement,
un petit peu. Juste me résumer un peu, justement, à quel point ça... c'est
dommageable pour les étudiants. Je sais que ça a été mentionné dans
l'ouverture, là, mais, pour les étudiants, de voir... de voir ça disparaître,
en fait.
M. Zanetti : Veux-tu y aller?
Mme Dommanget (Flora) : Oui,
je peux y aller. Oui, bien, c'est vraiment problématique, parce que ça veut
dire, en fait, qu'ici le gouvernement ne prend pas à cœur ce qui se passe
concrètement dans le réseau de l'enseignement supérieur. Tu sais, la communauté
étudiante s'était fait promettre d'avoir des données, de voir s'il y avait des
problèmes encore actuels, si les mesures mises en place sont assez efficaces.
Là, le fait de ne pas avoir d'enquête nationale, bien, on navigue en zone
floue, on ne sait pas qu'est-ce qui est bon, qu'est-ce qui est... qu'est-ce qui
fonctionne, qu'est-ce qui ne fonctionne pas. Ça fait que c'est vraiment un
abandon, encore une fois, de la part du gouvernement là-dessus.
Journaliste : ...le sérieux
qu'on comprend aussi, là, du côté du gouvernement... Est-ce que ça, ça vous...
ça vous décourage de voir que peut-être qu'on prend moins au sérieux ces
violences-là?
Mme Dommanget (Flora) : Oui,
c'est ça. Bien, ça veut dire que, vraiment, c'est invisibiliser le problème
ici. Tu sais, c'est... si on n'a pas de données, c'est comme si on
disait : Bien, il n'y a pas de problème. Sauf que, bien, il y a forcément
un problème, sinon, il n'y aurait pas eu toutes ces actions qui soient mises en
place.
M. Zanetti : En ce moment, on
est en plein cœur des 12 journées pour... d'action contre les violences à
caractère sexuel et les violences faites aux femmes, en général, et ce serait
un moment idéal pour le gouvernement de faire une action très concrète. Rares
sont les actions qui peuvent être faites contre la violence qui sont aussi pas
chères que celle-là. 1,2 million, là, sur un budget de plus de
140 milliards, ce n'est rien du tout. Alors là, le gouvernement a une
occasion de faire un geste extrêmement fort, à très, très, très peu de frais,
envers la communauté étudiante du Québec, pour montrer qu'il les respecte,
qu'il se soucie d'elles et d'eux. Est ce que je pourrais avoir.
Journaliste : Est-ce que je
pourrais avoir un... en anglais aussi? Est-ce qu'il y a quelqu'un dans... parmi
vous, qui... Non?
M. Zanetti : Je pourrais,
mais je vais vous laisser aller. Christopher?
Mme Dommanget (Flora) : Moins
à l'aise, mais...
M. Zanetti : Oui, OK. Je peux faire un...
Journaliste
: ...how important is
it, you know, to have this inquiry, and what does it mean to... well, to see
the Government cutting those...
those funds?
M. Zanetti : Juste avant de
partir, mettons, le... en anglais, «violence à caractère sexuel», ce serait
comment que je dirais ça?
Journaliste
: Sexual
violence, sexual violence.
Mme Dommanget (Flora) : ...
M. Zanetti : On sexual
assaults, OK, inquiry on... national inquiry on sexual violence. OK. The Government
did have this engagement to do this national inquiry on sexual assaults in
universities and cégeps, and he abandoned it. For $1.2 million, it's
absolutely nothing. It's completely irrational to do so. Right now, we are...
we are in the middle of the 12 days for action against violence against women.
It would be the perfect timing, for the Government, to say: OK, we're doing something really important. And that
doesn't cost anything. $1.2 million for the budget of the Government, it's completely nothing, because
we are hearing all those testimonies about horrible stories that happen in the
universities and the cégeps, but we don't have national data to press the Government to act, so this is a huge
problem. It costs us almost nothing. They have to act.
Journaliste
: So, it's kind of, like... it's not even worth $1.2 million to
make light of the situations in colleges and universities. It's the message
that it sends.
M. Zanetti : Yes, it is shocking. It is shocking that the Government is trying to save
$1.2 million on that. It tells a lot about how he cares about sexual
violences.
Le Modérateur
: Merci.
(Fin à 9 h 20)