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(Douze heures une minute)
Le Modérateur
: Bonjour,
tout le monde. Bienvenue à ce point de presse de Québec solidaire. Prendront la
parole, dans l'ordre, Ruba Ghazal, porte-parole de Québec solidaire, Nancy
Boucher, Louise Riendeau, porte-parole du Regroupement des maisons pour femmes
victimes de violence conjugale, et enfin Ketleen Montrose, coordonnatrice des
dossiers politiques pour l'Alliance des maisons d'hébergement de deuxième
étape. Mme Ghazal.
Mme Ghazal : Merci, Victor.
Merci beaucoup. Merci, Louise, merci, Ketleen, merci beaucoup, Nancy, d'être
ici. On est en plein milieu des 12 jours d'action contre les violences
faites aux femmes, et ce samedi 6 décembre, on commémore le 36e anniversaire
de la tuerie de Polytechnique. Évidemment, j'aimerais qu'on soit ailleurs, mais,
malheureusement, il reste encore tellement de travail à faire pour protéger la
sécurité des femmes.
Il y a deux mois, le Québec a été secoué
par un 16e féminicide, celui de Gabie Renaud. J'ai participé à une marche
qui a été organisée par sa sœur, Rachel Renaud, à Saint-Jérôme, et c'est là que
j'ai rencontré Nancy, puis on s'était échangé nos numéros de téléphone. Je vais
lui céder la parole dans un instant, mais, juste avant, je veux vous dire ce
qui m'a le plus marqué dans la prise de parole courageuse de Nancy. Elle nous l'a
dit, elle nous l'a répété : Notre système, il est brisé. J'ai été sidérée
parce que tout le monde savait que ça allait arriver, hein, le crime contre
Nancy... contre Gabie, pardon, mais la justice, elle n'a pas été capable de la
protéger. Nancy en sait quelque chose. Je vais lui céder la parole.
Mme Boucher (Nancy) : Merci. Donc,
bonjour à tous, je m'appelle Nancy. Je suis une survivante de violence
conjugale et ex-conjointe de Jonathan Blanchet. Aujourd'hui, je suis ici pour
toutes celles qui n'ont pas de voix, pour toutes celles qui ont dénoncé mais
qui n'ont pas su être écoutées, pour toutes celles qui ont... à qui on a enlevé
le privilège de parler, et pour répondre à une question que beaucoup se posent :
Comment a-t-on pu échapper avec Jonathan Blanchet... Je veux vous amener
pendant quelques minutes dans la réalité d'une femme qui vit de la violence, pas
dans les statistiques, pas dans les dossiers, dans la vraie vie, dans ce qu'on
ressent et aux obstacles que la justice nous impose quand on dénonce.
Dénoncer, c'est ouvrir sa vie, c'est
accepter d'être jugé, critiqué, parfois isolé, c'est revivre sa violence encore
et encore... excusez, pardon. De revivre la violence encore et encore, mais
aussi avancer malgré la peur en espérant une seule chose, qu'il y ait un
changement, qu'il y ait une protection, qu'il y ait une justice. Les femmes
veulent être entendues, elle veut être impliquée dans le processus, elles
veulent être écoutées et soutenues. Elles veulent se sentir que leur vie
compte, elles veulent croire que cette fois, elles seront protégées. Dénoncer
un conjoint violent, c'est un acte d'un courage immense et c'est... et c'est
l'un des plus risqués.
Pendant 25... 25 ans, Jonathan a
traversé notre système comme on traverse une porte tournante. Sa première
arrestation remonte à 1999. À son actif, on retrouve, notamment, 34 dossiers,
76 chefs d'accusation, 14 voies de fait, 9 menaces de mort ou de
lésions corporelles, 21 bris de probation, 29 arrêts de procédure, 13 bris
de condition, 3 acquittements et 13 sentences suspendues. Ces
sentences sont, notamment, réservées aux premiers délits, dont Jonathan a
bénéficié jusqu'en 2016. Et malgré tout ça, presque rien. Des amendes, des
probations, des travaux communautaires. 17... 17 ans de petites tapes sur
les doigts, sa première peine de détention n'est arrivée qu'en 2017, trouvez
l'erreur. Il y a une méchante gang qui y ont échappé. Pas une fois, pas deux
fois, durant 25 ans, il a recommencé sans arrêt, ça nous... ça nous dit
long. Le système a protégé l'agresseur plus que les victimes. Il a continué
parce que la Cour le lui a permis et c'est comme ça qu'on crée des
multirécidivistes. Imaginez ce que ça représente de voir l'homme qui vous a
brisé revoir... recevoir chance après chance, à chaque remise, vous perdez du
souffle, à chaque chef abandonné, vous perdez la confiance, à chaque condition violée
sans conséquence, vous perdez un peu de la sécurité et à force de perdre, vous
avez l'impression de vous perdre vous-même.
Durant mes quatre années de couple avec
Jonathan, j'ai vu des failles graves dans le système. J'ai vu des ententes
entre procureurs et avocats, j'ai vu des remises à répétition, j'ai vu des
chefs abandonnés, j'ai vu des changements d'avocats, j'ai vu la violation
ignorée, j'ai même vu le choix stratégique de juges pour plaider coupable. Et à
chaque fois, la même question revenait : Comment un homme avec un dossier
pareil peut-il jouer aussi facilement avec le système? Je reconnais qu'il y a
eu des avancées, les tribunaux spécialisés, la poursuite verticale, la
formation supplémentaire de policiers, les investissements dans... dans les
centres d'hébergement pour femmes, les bracelets antirapprochements. C'est
important, c'est nécessaire, mais ce n'est pas suffisant. Parce que le cœur du
problème reste intact, ce sont les juges, les procureurs, les avocats. Ce sont
eux qui les remettent, ces hommes, en liberté. Ce sont eux qui leur permettent
de jouer avec le système et d'en bénéficier. Pourquoi former uniquement les
policiers, pas ceux qui déterminent les peines? Pourquoi les mêmes scénarios
reviennent-ils encore et encore lorsqu'on parle de féminicides? Tout est clair,
ce qui ne l'est pas, c'est pourquoi la justice reste aussi passive. Tout est...
L'arrêt Corbett, les libérations conditionnelles, la libération d'office,
peut-on, s'il vous plaît, remettre ça en question? Excusez-moi. Comment peut-on
juger un homme sans regarder son passé alors que son passé dit clairement qu'il
est dangereux? Comment peut-on traiter un multirécidiviste comme s'il en était
à son premier délit? Comment peut-on continuer à offrir du deux pour un, des peines
suspendues, des libérations rapides, des libérations d'office à des hommes qui
ne changeront jamais? Comment accepter qu'un système conçu pour aider devienne,
pour certains, un passeport pour recommencer? Je ne suis pas ici pour dire que
personne ne peut changer. Je ne suis pas ici pour dire que tous les hommes
violents sont irrécupérables. Je suis ici pour dire une seule chose, il existe
des hommes qui ne changeront jamais, et quand eux ne changent pas, ce sont les
femmes qui en paient le prix.
Aujourd'hui, je propose de cesser de
mettre l'accent sur les réinsertions pour les agresseurs multirécidivistes, de
mettre fin aux remises d'audience interminables, que les juges prennent
connaissance plus rapidement des dossiers, de retirer le deux pour un en préventif
pour les multirécidivistes, de mettre fin à la libération d'office pour les
individus à haut risque, d'imposer des peines complètes sans possibilité de
remise en liberté au sixième ou au tiers de leur sentence, de créer un registre
d'hommes violents, de reconnaître la catégorie criminels dangereux à contrôler,
d'imposer des suivis rigoureux avec les agents de libération conditionnelle,
formations en prévention dans les écoles, et surtout, renverser la loi Corbett.
Le cas de Jonathan n'est pas un cas isolé.
Il expose des failles graves dans notre système. Si je parle aujourd'hui, c'est
pour une raison. Pour que d'autres femmes ne vivent pas ce que j'ai vécu, plus
jamais seules, plus jamais ignorées. Les femmes méritent un système qui agit,
pas un système qui s'excuse. Pas une de plus. Merci.
Mme Riendeau (Louise) : Bonjour.
À chaque féminicide, on se demande qu'est-ce qui aurait pu être fait pour
éviter cette mort-là. Le décès de Gabie Renaud est particulièrement troublant.
L'auteur avait été accusé 16 fois pour bris de conditions. Le traitement
des bris de condition est un des éléments qui minent le plus la confiance des
victimes dans le système de justice. Dans bien des situations, lorsque les
policiers enregistrent une plainte, ils relâchent l'auteur avec une promesse de
comparaître. Ce qui veut dire qu'il ne comparaîtra pas tout de suite devant le
tribunal qui... et on prive ainsi le tribunal et l'ensemble des acteurs de la
possibilité d'évaluer les risques que cet homme-là comporte. Je parle de
possibilité parce que même si le ministère de la Sécurité publique a mis en
place un service d'évaluation des risques pour les conjoints violents à l'étape
de la remise en liberté, cette évaluation-là, malheureusement, est volontaire.
Mais mieux vaut une évaluation volontaire que pas d'évaluation du tout. En tout
cas, c'est du moins ce qu'on se dit. Si le conjoint est remis en liberté avec
une promesse de comparaître, pour plusieurs, c'est comme s'il n'y avait pas de
conséquences. Alors, ils ont le sentiment de gagner sur leur victime, de gagner
sur le système de justice aussi. Et ça, ça augmente leur sentiment de
légitimité d'utiliser la violence, et ça fait qu'ils sont davantage dangereux
que d'autres contrevenants.
Il faut se rappeler que quand un conjoint
est arrêté pour violence conjugale, quand il y a des premières accusations,
souvent c'est quelqu'un qui a commis plusieurs agressions qui n'ont pas
nécessairement été rapportées. Certaines peuvent être des infractions au Code
criminel, d'autres peuvent être des manifestations de contrôle coercitif qui ne
sont toujours pas criminalisées. Le Comité d'examen des décès liés à la
violence conjugale, qui relève du Bureau du coroner, dans son deuxième rapport,
rappelait que dans toutes les situations qui ont été étudiées, il y avait des
antécédents de violence conjugale contre la partenaire. Et dans le quart des
situations, il y avait eu des antécédents face à une autre conjointe par le
passé. Donc, avant de remettre en liberté un auteur de violence conjugale, il
faut faire une évaluation sérieuse des risques pour la sécurité de la victime.
Pour ça, il faut mieux former les policiers. Il faut leur donner des directives
claires pour procéder à cette évaluation-là.
Et dans les cas de bris de conditions,
nous, on pense que dans tous les cas, les contrevenants devraient comparaître
détenus, ce qui donnerait une chance au système de faire l'évaluation dont je
vous ai parlé. Par ailleurs, pour que ça fasse une différence, il faut aussi
rappeler aux procureurs l'importance de signaler au Tribunal les risques,
l'évaluation qui a été faite, les craintes de la victime, la présence de
contrôles coercitifs. Il faut aussi les encourager à l'utiliser, à la demander,
l'évaluation qui est possible à l'étape de la remise en liberté. Et si les
conjointes ont des craintes, si elles hésitent à collaborer, bien, il faut les
réseauter avec des ressources qui vont les aider à mettre en place un filet de
sécurité, qui vont les aider à persévérer et donc, qui va peut-être nous amener
à une issue de procès qui aura des conséquences.
Tout ça, c'est déjà dans les directives du
DPCP, mais avec la surcharge de travail qu'on constate chez les procureurs, il
est possible qu'à l'heure actuelle, il baisse la garde. Tout ce dont je vous
parle se passe avant procès, mais il faut de la cohérence d'un bout à l'autre
du processus. On apprenait dans La Presse hier qu'il y a eu des directives de
données aux agents de probation pour faire moins d'évaluations des risques
auprès des contrevenants pour quand les peines sont de neuf mois et moins, de
ne plus communiquer systématiquement avec les victimes pour savoir s'il y a des
changements, si les conditions sont respectées. Alors que nous, on revendique
une meilleure évaluation des risques pour la sécurité des victimes au début du
processus judiciaire, on apprenait hier qu'au fond, ceux qui sont trouvés
coupables, on va moins les évaluer. Donc, c'est un peu comme si la main gauche
ne savait pas ce que fait la main droite. Et c'est d'autant plus surprenant que
M. Legault a dit qu'une de ses priorités à l'ouverture de la nouvelle session,
c'était la sécurité. Donc, on se dit il faut vraiment que les bottines suivent
les babines et qu'on soit cohérent avec ça. Donc, si on veut vraiment assurer
une meilleure sécurité des victimes, on ne peut pas faire d'économies sur leur
dos. On a besoin de mieux évaluer les conjoints violents pour s'assurer que les
mesures qu'on va prendre vont assurer la sécurité des victimes. On a besoin de
formations, de directives pour tous les acteurs judiciaires et on a besoin de
suffisamment de personnel pour que les policiers, les procureurs, les agents
correctionnels travaillent en cohérence du début à la fin du processus
judiciaire.
Mme Montrose (Ketleen) : Je
tiens d'abord à exprimer notre solidarité avec Nancy Boucher. Ce témoignage
nous rappelle douloureusement que les violences conjugales perpétuées par des
hommes avec un lourd passif de violences peuvent mener jusqu'à l'irréparable.
L'Alliance des maisons d'hébergement de 2e étape pour femmes et
enfants de victimes de violence conjugale unit sa voix à celle de Nancy Boucher
et à toutes les femmes. Nous entendons quotidiennement de la part des femmes
hébergées dans nos maisons membres des récits de comportements précurseurs de féminicides
semblables à ceux observés par ce témoignage. Ces femmes rapportent des bris de
condition, de la violence, de la surveillance constante et des menaces
persistantes. Car oui, quitter un milieu violent ne met pas fin au danger.
Parfois, c'est là qu'il commence. On parle de violence conjugale
post-séparation, une réalité concrète et souvent trop méconnue. Il s'agit d'un
engrenage de stratégies, de pressions, de menaces qui s'accumulent et qui
augmentent souvent post-séparation.
Dans le cadre des 12 jours d'action
contre les violences conjugales faites aux femmes, l'Alliance a lancé une
campagne interactive intitulée «12 jours, 12 voix... Je le quitte, il
continue...» qui vise à sensibiliser le public à cette réalité. Pour les femmes
en maison de 2e étape, c'est précisément à ce moment que le
risque culmine et augmente. Nos maisons collaborent avec de nombreux
partenaires pour défendre la sécurité de ces femmes. Pourtant, beaucoup cessent
de dénoncer les bris de conditions, découragées par l'impunité et l'escalade
des menaces. Et ce constat, comme l'a mentionné ma collègue Louise, est
d'autant plus préoccupant qu'on apprenait cette semaine que le Québec assouplit
déjà le suivi de personnes considérées à haut risque. Dans certains cas, même
les consultations auprès des victimes, y compris lorsque des bracelets
antirapprochement sont en jeu, ne sont pas systématiques. Quand les mesures de
protection diminuent, le risque augmente pour les femmes également.
Dans les maisons de 2e étape,
nous voyons chaque jour les conséquences de ces... systémiques. Cette réalité
confirme l'importance d'un système de justice renforcé qui protège efficacement
les victimes. Trop souvent, la violence n'est pas dénoncée parce que les
victimes n'ont pas confiance en la justice. Les tribunaux spécialisés, bien
qu'il suscite encore des questions quant à leur implantation et leur
déploiement, représentent une démarche importante pour offrir accompagnement,
soutien psychosocial et protection, et pour dire aux femmes surtout, votre voix
compte, votre sécurité compte. Donc, les maisons de 2e étape
sont essentielles pour rétablir un filet de sécurité.
Nous soutenons ainsi la mise en place de
directives fermes aux policiers et procureurs pour qu'ils s'opposent plus
systématiquement à la remise en liberté des auteurs, demandent des évaluations
et assurent leur comparution rapide devant un juge pour que la sécurité des
femmes ne soit plus une responsabilité qu'elles portent seules. Il faut une
réponse collective où la justice, la santé, les services policiers et également
les maisons d'hébergement et le soutien à long terme travaillent ensemble.
Mme Ghazal : Bien, merci.
Merci beaucoup, mesdames. Merci, Nancy aussi. Encore une fois, je souligne ton
courage. Comme l'a dit Louise tout à l'heure, le premier ministre en début de
cette législature, il a dit que ses priorités, c'est la sécurité et c'est
l'égalité entre les femmes et les hommes. Donc, aujourd'hui, je l'interpelle
personnellement pour qu'il pose des gestes concrets pour protéger la vie des
femmes. Il peut faire et il doit faire deux choses. La première : les
récidivistes, bien, doivent rester en prison. Il est hors de question qu'un
multirécidiviste comme Jonathan soit mis comme ça en liberté et pour qu'un
drame arrive. En ce moment, les intervenants du système judiciaire n'ont pas
les outils suffisants pour protéger les victimes. La deuxième demande que je
fais à François Legault, c'est d'adopter la loi Gabie Renaud calquée sur le
modèle de la loi de Claire en Saskatchewan et en Angleterre. Ça permettrait aux
femmes victimes, mais aussi à leurs proches et aux policiers de pouvoir
vérifier les antécédents des hommes violents. Hier, là, ça a été mentionné à
quelques reprises, on apprenait que la CAQ assouplit la surveillance, puis le
suivi des hommes violents pour faire des économies. C'est totalement
inacceptable. La sécurité des femmes, ce n'est pas juste une ligne dans un
budget, c'est des vies humaines et on en a déjà assez perdu comme ça. On n'a
pas pu sauver malheureusement Gabie Renaud, mais on peut au moins faire tous
les efforts, mettre tout en œuvre pour éviter qu'il y en ait une de plus qui
meurt aux mains d'un conjoint violent. J'espère que François Legault est à
l'écoute et à l'écoute de Nancy, est à l'écoute aussi des intervenantes en
maison d'hébergement et qu'il va agir en conséquence pour protéger les femmes
victimes.
La Modératrice
: Merci.
Mme Ghazal : Merci.
La Modératrice
: On
prendrait vos questions.
Journaliste : Bonjour.
Valérie Gaudreau, au journal Le Soleil. Cette notion de loi Gabie Renaud
que vous évoquez, Mme Ghazal, est-ce que c'est déjà, comme, dans l'air? Parce
que c'est la première fois que vous vous en parlez dans l'enceinte de
l'Assemblée nationale.
Mme Ghazal : Je pense que
c'est la première fois que je la nomme comme ça, ce qui existe, c'est la loi de
Claire qui existe en Saskatchewan, puis aussi en Angleterre où est-ce que quand...
c'est plate parce que le fardeau est sur les femmes, mais quand même, chaque
mesure permet d'avancer. C'est une façon pour les femmes ou aussi leur... les
gens de leur famille quand ils ont des doutes, bien qu'ils puissent aller
vérifier les antécédents, puis que ce soit justifié qu'elles aient le droit de
le faire. Je ne sais pas si tu veux ajouter quelque chose là-dessus?
Mme Riendeau (Louise) : Le
Comité d'examen des décès liés à la violence conjugale a recommandé au
gouvernement d'adopter une telle loi. Je sais qu'il y a eu des réflexions qui
ont été faites au ministère de la Sécurité publique, donc on attend un peu les
conclusions.
Journaliste : Louise, pendant
que vous êtes là, dans les centres d'hébergement, dans la société civile qui
s'occupent des... est-ce qu'on peut documenter... on a l'impression qu'il y en
a plus de récidives, de féminicides, en même temps il y a des avancées, vous
avez nommé toutes les quatre quand même des nouveautés. Pourquoi il y en a
encore autant?
Mme Riendeau (Louise) : Bien
pourquoi, c'est une grande question pourquoi il y en a encore autant. On avait
réussi au Québec à diminuer le nombre de féminicides avant la pandémie. Depuis
la pandémie, on a vu le nombre augmenté. Ce que ça nous dit, c'est qu'il faut
continuer à travailler, qu'il faut continuer à faire de la prévention. Tu sais,
on parle beaucoup des influenceurs qui veulent ramener à un rôle traditionnel
des hommes et des femmes et qui, malheureusement, ont un impact sur les jeunes
hommes. Donc il faut travailler dans les écoles avec les jeunes pour qu'ils
voient qu'établir des relations égalitaires dans un couple, c'est bien plus
agréable que de contrôler sa partenaire, même si le contrôle nous apporte des
impacts positifs à court terme.
Journaliste : Merci.
Journaliste : Bonjour à vous.
Mme Ghazal, juste vous entendre, quand vous dites le système est brisé, puis on
a parlé quand même de quelques avancées mais qui sont insuffisantes, c'est quoi
les fondements du système qui font qu'on a l'impression qu'on en échappe,
finalement, trop souvent?
Mme Ghazal : Bien, par
exemple, juste le cas de Gabie Renaud ça tellement marqué l'imaginaire parce
que son conjoint était multirécidiviste, et a brisé toutes les conditions, pas
une, pas deux, pour trois, seize fois. Et Nancy a nommé tous les faits d'armes
de cet homme-là, criminel, et malgré tout, on n'a pas fait les vérifications
suffisantes, puis on l'a laissé aller dans la nature, puis il est arrivé ce qui
est arrivé, alors que, je veux dire, il y a eu des gens qui avaient sonné la
sonnette d'alarme, là, allumé la sonnette d'alarme. Donc, c'est dans ce sens-là
que c'est brisé. Puis là, ce qu'on apprend hier dans la presse, c'est
totalement choquant parce qu'on a un déficit historique causé par la mauvaise
gestion du gouvernement de la CAQ. On décide de faire payer les femmes et leur
sécurité en faisant moins de vérifications, moins de... c'est ça, de
vérifications et moins... le filet, là, de sécurité pour les femmes est réduit
par cette directive-là. On veut exactement le contraire. Au contraire, il faut
encore plus de vérifications et d'évaluations des risques des hommes violents
pour ne pas, après ça, qu'une autre femme, qu'un 17e féminicide se
produise. Donc, c'est pour ça qu'on sonne l'alarme, puis que je le fais
aujourd'hui, puis que j'interpelle François Legault, pour ne pas qu'on se dise :
Après, à la fin de l'année, il y en a eu 17, il y en a eu 20. On ne veut pas en
avoir une de plus, il ne faut pas que ça reste un slogan. Puis pour ça, bien, ce
qui a été demandé hier, ça devrait être renversé et le gouvernement devrait
dire : Non, non, non, c'est un service public, là, la sécurité publique,
puis on ne va pas couper là-dedans parce qu'on met les femmes à risque.
Journaliste
: Merci.
Mme Ghazal : Merci.
Le Modérateur
: Merci, tout
le monde.
(Fin à 12 h 24)