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(Onze heures trente et une minutes)
Le Modérateur : Bonjour, tout
le monde. Bienvenue à ce point de presse de Québec solidaire. Prendront la
parole, dans l'ordre, Alexandre Leduc, député d'Hochelaga-Maisonneuve, suivi d'Élizabeth
Brosseau, directrice générale de Ma place au travail, ainsi que Mariève
Péloquin, co-instigatrice du mouvement Valorisons ma profession.
M. Leduc : Merci, Nicolas.
Bonjour, tout le monde. J'espère que vous allez bien. Je suis très fier de
déposer aujourd'hui le projet de loi n° 195, qui va
traiter des agences de placement de personnel dans le réseau de services
éducatifs à l'enfance, dans le réseau de CPE en particulier. C'est un phénomène
qui est très mal connu et qui mérite qu'on s'y penche davantage. On a tous
connu le fléau des agences de placement de personnel dans le réseau de la
santé. C'était un phénomène marginal qui avait pris beaucoup d'essor, qui avait
pris beaucoup de place, entre autres parce que le réseau de la santé allait
mal. Il a fallu intervenir de manière assez musclée avec une loi en 2022 pour
endiguer le problème. Et, dans les différentes rencontres que j'ai eues depuis
que je suis responsable du dossier famille, on me parle de la montée rapide des
agences de placement de personnel dans le réseau de services de garde éducatifs
à l'enfance. Ce n'est pas surprenant. Un peu comme le réseau de la santé, le
réseau a aussi de la misère, le réseau souffre en ce moment et il y en a qui
profitent de ça pour faire la piasse, mais ce n'est pas normal.
J'ai demandé des chiffres l'an dernier à
la précédente ministre de la Famille et elle n'en avait pas. C'était marginal,
qu'elle me disait. Je lui avais soumis qu'elle devrait regarder ça de manière
beaucoup plus attentive, beaucoup plus en détail. Lors du dernier grand rendez-vous
de l'AQCPE, au mois d'octobre, j'ai parlé à des dizaines et des dizaines de
directrices de CPE de différentes régions et presque tout le monde avait
recours à de la main-d'oeuvre indépendante, et ils en avaient de plus en plus
recours d'ailleurs, beaucoup à travers des agences de placement, donc des
agences privées, quelques-unes à travers des OBNL régional, ce qui leur évitait
dans leur cas des coûts monstrueux de surfacturation.
J'ai aussi appris par la même occasion que
le ministère avait pour la première fois demandé aux 1 700 CPE du Québec
qui sont, au moment où on se parle, en train de faire leur reddition de comptes
au ministère... elle avait donc demandé des chiffres plus détaillés sur leur
recours à de la main-d'oeuvre indépendante, signe que le ministère s'intéresse
de plus en plus au phénomène. Mon projet de loi se veut donc à la fois une
sonnette d'alarme et aussi une piste de solution. Donc, il faut qu'on en parle,
c'est de plus en plus présent, et il faut qu'on intervienne.
On s'est inspiré, dans la rédaction du
projet de loi, de ce qui avait été fait, donc en 2022, sur le réseau de la
santé pour l'écrire, et on a donc vu déjà des résultats au mois de septembre.
Il y a eu des articles qui parlaient que le ministère de la Santé, que le
gouvernement avait économisé 700 millions de dollars depuis la fin
des agences en santé.
Quelqu'un qui ne pouvait pas être là
aujourd'hui a insisté pour m'écrire une lettre. C'est le directeur d'un CPE
dans mon quartier, le CPE La Ruche, Sébastien Breton. Donc, il m'a écrit une
lettre, je vous lis un petit extrait : «Les services éducatifs à la petite
enfance connaissent de nombreux enjeux et les services de remplacement à but
lucratif ont certainement des conséquences significatives pour de nombreux
milieux. Pour notre centre de la petite enfance, ce sont trois impacts majeurs
et très concrets : une augmentation des dépenses avec un surcoût de plus
de 100 000 $ cette année; une baisse des revenus car nous perdons un
peu plus de 60 000 $ par subvention par année et une pression très
importante sur la qualité et la stabilité des services». J'ai relancé M. Breton,
et il m'expliquait donc que c'est 400 000 $ qu'il doit donner aux
agences de placement cette année, c'est en augmentation croissante depuis les
cinq dernières années, et, de ce 400 000 $, il m'expliquait que ça
coûte à peu près 25 % à 30 % plus cher payer une éducatrice via une
agence qu'une éducatrice qui travaille de manière régulière pour un CPE. C'est
donc un surcoût qui peut monter jusqu'à 30 %. On a d'autres témoignages.
Un autre CPE qui dit que c'était... près de 40 % de surcoût en matière
d'agence de placement de personnel. C'est beaucoup d'argent. Il faut
intervenir. Ça pousse comme la mauvaise herbe. C'est le temps d'agir avant que
ça devienne trop gros, comme ça l'est devenu dans le réseau de la santé.
Je terminerai en disant... en rappelant
que la moitié des CPE sont en déficit en ce moment au Québec, et qu'au lieu de
mettre à la porte des éducatrices à cause de la fin du PEQ ou de menacer d'en
congédier davantage à cause de leur voile, le gouvernement devrait d'abord se
concentrer sur ce phénomène et agir rapidement. Je donne donc la parole aux
deux merveilleux groupes qui ont accepté de venir, en point de presse, avec
nous aujourd'hui.
Mme Brosseau (Élizabeth) :
Merci, Alexandre. Ma place au travail est heureuse d'appuyer le projet de loi
qui vise à limiter le recours aux agences de placement privé dans le réseau des
services de garde éducatifs à l'enfance. On a un projet, en ce moment, en
cours, qui est une consultation citoyenne sur l'avenir du réseau des services
éducatifs à la petite enfance, imaginée par et avec les parents. Donc, en fait,
le plus gros... la plus grosse cause d'insatisfaction des parents en ce moment,
c'est la stabilité du personnel. Il y a un parent sur cinq qui mentionne...
l'instabilité du personnel comme étant un élément d'insatisfaction. Quand on
demande aux parents : Quel réseau imaginez-vous pour l'avenir du Québec?
Le premier élément qui ressort, c'est la qualité de l'encadrement, et ça, ça passe
par la stabilité du personnel, par le soin qu'on est capable de donner aux
enfants dans l'accompagnement au niveau des plans de développement.
La troisième clé qui fait rêver les
parents pour le réseau de l'avenir des services de garde éducatifs, c'est l'accessibilité.
Et quand on entend que la moitié des CPE sont en déficit au Québec, ça a un
enjeu majeur. Puis je rappelle que nos CPE sont gouvernés, entre autres, par
des parents mobilisés dans leur communauté et qui doivent porter aussi le coût
de ces déficits-là et qui doivent porter le coût supplémentaire d'organiser des
campagnes de financement, quand les déficits causés, entre autres par le
recours aux agences de placement, s'accentuent, ça fait trop lourd.
Donc, la voix des parents appuie
aujourd'hui le projet de loi qui constitue, pour nous, une des mesures qui va
permettre d'adresser, en fait, les éléments qui sont manquants dans le réseau,
en ce moment, pour un réseau de qualité abordable, inclusif et accessible.
Mme Péloquin (Mariève) : Comme
Élizabeth vient de le dire, les parents constatent, eux aussi, qu'il y a un
manque de stabilité dans les milieux. Et... ça nous inquiète profondément,
c'est l'impact sur les enfants, parce que, pour être disponibles à
l'apprentissage, les tout-petits ont besoin de relation, d'attachement stable
et d'une continuité pédagogique dans leur environnement quotidien.
Aujourd'hui, on est ici pour une chose
très claire, très simple, en petite enfance, ce sont les relations humaines qui
font la différence. Les enfants ont besoin de personnes éducatrices qualifiées,
stables, disponibles émotionnellement. Et pour... et, pourtant, notre réseau
repose encore souvent sur des équipes à bout de souffle : le manque de
personnel, la surcharge, l'instabilité. Et ce n'est pas... nouveau, mais c'est
rendu chronique, c'est devenu chronique. Alors, oui, les agences de placement
privées ont été et sont encore utilisées. Parfois, c'est la seule option pour
garder les portes ouvertes. Mais ce n'est pas une solution durable, ce n'est pas
ce que méritent nos enfants. Et chaque dollar versé à une entreprise privée,
c'est 1 $ de moins pour bâtir un service public fort, stable, axé sur la
qualité éducative.
La question qu'on pose est simple...
Voulons-nous investir, en tant que société, dans le bien commun ou dans des
solutions temporaires? Le projet de loi déposé pour encadrer leur usage, on
l'appuie. C'est un signal fort. On veut un réseau plus stable, plus cohérent,
plus équitable et plus respectueux des droits des enfants et de celles qui les
accompagnent. Mais il ne faut pas s'arrêter là, encadrer les agences, c'est
bien, bâtir un réseau solide, c'est primordial. Et ça, ça passe par des
conditions de travail à la hauteur de la mission par une vraie reconnaissance
du rôle éducatif et par un financement qui reflète ce qu'on veut vraiment
offrir aux enfants de la qualité. Merci.
M. Leduc : Peut-être, en
conclusion. Merci, Mariève, merci, Élizabeth. Il y a plein de problèmes, hein,
dans le réseau des services éducatifs à l'enfance. Il y a plein de solutions qu'il
faut mettre de l'avant. Aujourd'hui, on en met une, hein, c'est une pierre dans
l'édifice qui nous reste à construire collectivement pour redonner ses lettres
de noblesse au réseau qui faisait l'envie du monde entier, qui fait encore
l'envie de plusieurs endroits, mais qui a perdu un peu de son... de sa superbe,
je pense, dans les dernières années.
Donc, encore une fois, est-ce que c'est
normal qu'on dépense des centaines de milliers de dollars dans des agences par
CPE? Est-ce que c'est normal qu'on n'ait pas une... une qualité et une
stabilité à offrir à nos enfants dans les CPE du Québec? C'est quelque chose
qui est sur notre radar depuis un certain temps. On a compris que le ministère
travaillait sur les chiffres, on a entendu parler de peut-être des chiffres
plus complets au mois de février. Il est temps d'agir maintenant. Québec
solidaire propose une solution très simple, et on a hâte de collaborer avec le
gouvernement pour la mettre en application. Merci.
Le Modérateur : Merci
beaucoup, tout le monde.
(Fin à 11 h 41)