Point de presse de M. François Legault, chef du deuxième groupe d'opposition
Version finale
Le vendredi 7 décembre 2012, 9 h
Hall principal de l'hôtel du Parlement,
hôtel du Parlement
(Neuf heures deux minutes)
M. Legault: Bonjour, tout le monde. Essentiellement, on peut résumer la session parlementaire en disant qu'on a eu affaire à un gouvernement qui est déconnecté, un gouvernement qui semble vivre sur une dimension parallèle. On l'a vu, entre autres, avec le budget, le Parti québécois avait fait des promesses électorales qui relevaient de la science-fiction. Évidemment, ils ont été obligés de mettre la plupart de ces promesses aux poubelles. Malheureusement, par contre, avant de mettre certaines promesses aux poubelles, ils ont créé de l'incertitude économique fiscale qui a eu des effets négatifs.
Quand on parle d'être déconnecté, évidemment, on a atteint le comble hier quand on a entendu Mme Marois dire qu'elle était surprise de la réaction des Québécois sur le contrat à vie, à 170 000 $, qu'elle avait donné à André Boisclair. Il faut vraiment, là, respectueusement, avoir quelqu'un qui est déconnecté de la réalité pour être surprise de la réaction de la population.
On a vu un gouvernement qui a manqué de jugement. On l'a vu entre autres avec toutes les histoires de copinage. Encore là, je pense qu'il faut être déconnecté pour ne pas comprendre que les Québécois sont tannés de ces retours d'ascenseur. On a commencé avec la nomination de Nicolas Girard qui n'a vraiment aucune compétence pour gérer 300 employés, puis ça s'est terminé, évidemment, avec le dossier d'André Boisclair.
Comme manque de jugement aussi, bien, évidemment, la nomination de Daniel Breton. Je pense que n'importe qui aurait pu voir, là, que Daniel Breton, c'était une bombe à retardement. On ne nomme pas ce genre de personne comme ministre. Il me semble que c'est assez évident. Mme Marois dit que c'est de la sagesse de reculer continuellement. Moi, je pense qu'il y a des limites à avoir un gouvernement qui gère par essai et erreur tout le temps.
Donc, un gouvernement déconnecté, un gouvernement qui manque de jugement, mais aussi, et c'est peut-être ce qu'il y a de plus inquiétant, un gouvernement qui manque de vision.
D'abord, on l'a vu dans le projet de loi n° 1, on avait proposé, avec Jacques Duchesneau, un projet de loi n° 1 où il y avait 10 composantes. Or, le Parti québécois en a choisi une, une sur 10, une mesure qui concerne l'accréditation des fournisseurs du gouvernement. On ne peut pas être contre ça, là, mais c'est à peu près 10 % du travail. Donc, évidemment, manque de vision globale dans la lutte à la corruption.
Si j'avais un bon point à donner au gouvernement, projet de loi n° 2, on a - puis je pense qu'il faut dire aussi un gros merci à Gérard Deltell - on a réussi à bonifier ce projet de loi non seulement en mettant un plafond individuel, mais un plafond global, par contre, encore là, incomplet.
Je pense que tout le monde va être d'accord pour dire que cet automne, ce qui a frappé les Québécois, c'est ce qui s'est passé à Montréal, à Laval. Or, le gouvernement du Parti québécois n'a pas été foutu de déposer le début du commencement d'une mesure pour ce qui est du financement des partis municipaux.
Quand on parle de manque de vision, bien, ce qu'on a vu, encore cette semaine, concernant les universités, le gouvernement du Parti québécois s'est fait rappeler à l'ordre par 50 personnalités, 50 leaders de notre société qui sont unanimes, qui le disent clairement dans leur lettre: Il y a sous-financement des universités et c'est urgent de le régler. Or, non seulement le Parti québécois a préféré mettre le peu de marges de manoeuvre qui sont disponibles dans le gel des frais de scolarité puis la bonification des prêts et bourses, mais, en plus, ils ont nié le sous-financement et ils se préparent maintenant à des coupures. Je peux vous dire, là, par expérience - et puis je sais que Mme Marois aussi est passée par le ministère de l'Éducation - avec ce qui est annoncé dans les universités, c'est clair que ça va toucher aux services aux étudiants, puis ça, c'est une mauvaise nouvelle pour l'avenir du Québec.
Toujours dans ce qui est le manque de vision, évidemment, aucun plan de redressement économique. Vous le savez, c'est peut-être le dossier qui me tient le plus à coeur. On vit actuellement un déclin tranquille économique. À chaque année, l'écart de richesse du Québec avec les autres États en Amérique du Nord s'agrandit. Moi, jamais je ne vais baisser les bras et me dire qu'on est condamnés au Québec, à chaque année, à avoir une croissance économique qui est moins grande que les autres États en Amérique du Nord.
Or, dans le budget qui a été déposé par Nicolas Marceau, on prévoit, pour les deux prochaines années, que l'écart de richesse va s'agrandir parce que la croissance économique va être moins grande au Québec que dans les autres États en Amérique du Nord. Je veux vous dire déjà, là, qu'au cours des prochaines semaines, évidemment avant la prochaine session du mois de février, j'ai déjà plusieurs rencontres de prévues avec des gens du monde économique, et on va mettre vraiment la priorité de ce côté-là, de façon constructive. Quand on va revenir, au mois de février, on va proposer plusieurs mesures de relance économique, là. Je veux que ça devienne la priorité, l'obsession de tous les Québécois au Québec, se dire qu'on est capables d'avoir une croissance économique aussi bonne au Québec que dans les autres États en Amérique du Nord.
Donc, je conclus en vous disant qu'on a eu affaire à un gouvernement qui est déconnecté, un gouvernement qui est prisonnier des vieux réflexes, un vieux parti qui n'est pas capable de nous donner les outils puis les moyens pour être capables de relever les défis du XXIe siècle.
Et, en terminant, par contre, je veux dire un bon mot à notre équipe. Je pense qu'on a fait mentir plusieurs sceptiques. Nouvelle équipe de députés, nouvelle équipe aussi en support à la Coalition avenir Québec. Je pense qu'on peut être fiers, puis les 1,2 million personnes qui ont voté pour la Coalition avenir Québec peuvent, je pense, être satisfaits de la façon dont ils ont été représentés. Ces personnes voulaient qu'on représente le changement, qu'on représente une voix pour que notre nation soit forte et prospère. Je pense qu'ils ont eu, de ce côté-là, ce pourquoi ils avaient voté.
Donc, peut-être, en terminant, bien, un mot pour mes collègues puis, en même temps, un petit rappel de la campagne électorale. Je pense que c'est de plus en plus clair et puis vous le savez pourquoi vous avez été choisis, n'oubliez-le jamais. C'est assez, il faut que ça change.
Le Modérateur: On va passer à la période de questions. On va y aller en alternance. Alain Laforest.
M. Laforest (Alain): M. Legault, vous venez de dire que le projet de loi n° 2 n'allait pas assez loin. Pourquoi vous avez voté pour?
M. Legault: Non. Attendez une minute. J'ai dit qu'on ne s'est pas occupé du financement des partis municipaux.
M. Laforest (Alain): Pourquoi vous avez voté pour?
M. Legault: Bien, parce que, écoutez, là, on ne peut pas... quand il y a une partie qui est bonne, on ne peut pas être contre une partie qui est bonne, on peut dire que c'est incomplet. Je pense que le parti... ce qui a été fait pour les partis provinciaux, c'est une bonne chose, mais on aurait dû s'attaquer aussi aux partis municipaux.
M. Laforest (Alain): Est-ce que vous croyez qu'on pourrait le faire, vous pourriez déposer un projet de loi...
M. Legault: Bien, si le Parti québécois n'agit pas puis si Bernard Drainville a besoin d'inspiration, bien, on lui donnera des idées au retour.
Le Modérateur: Jean-Luc Lavallée.
M. Lavallée (Jean-Luc): M. Legault, vous avez fait surtout le bilan du gouvernement, mais j'aimerais vous entendre sur votre propre bilan. Êtes-vous satisfait de votre performance depuis votre retour sur les banquettes du Parlement?
M. Legault: Bien, j'ai l'ai dit tantôt, je pense qu'on a réussi à bonifier des projets de loi, entre autres, sur le financement des partis politiques. On a tenu à nos principes contrairement au Parti libéral. On a essayé de faire des propositions concernant l'économie, mais on va en faire encore plus au retour. Moi, je suis content, entre autres, du travail qui a été fait par Jacques Duchesneau dans le projet de loi n° 1 pour essayer de le bonifier, quoiqu'il est encore très incomplet puis que plusieurs de nos amendements ont été malheureusement refusés par Stéphane Bédard.
On a, avec Gérard Deltell, bonifié le projet de loi n° 2. Je pense que Christian Dubé a réussi à faire comprendre à Agnès Maltais que, quand on donne le choix aux employeurs de faire affaire directement avec les syndicats, que ce n'est pas une bonne idée même de donner le choix. Donc, moi, je suis content. Je pense qu'on a surpris beaucoup de personnes avec la qualité des députés qu'on a.
M. Lavallée (Jean-Luc): Mais là vous parlez de votre équipe. Moi, je vous parle de vous. Comment vous évaluez votre propre performance?
M. Legault: ...moi? Ah! Bien là, je vous laisse choisir, je vous laisse m'évaluer. Oui.
Le Modérateur: Julie Dufresne.
Mme Dufresne (Julie): Bonjour, M. Legault.
M. Legault: Bonjour.
Mme Dufresne (Julie): À la lumière de ce qu'on a entendu cet automne - on a eu une session chargée à la commission Charbonneau et ce qu'on a vu ici, à l'Assemblée nationale - vous donnez combien de temps de survie à ce gouvernement?
M. Legault: Bien, écoutez, là, je pense qu'il faut être réaliste, là. On l'a vu, le Parti libéral n'a pas de chef, le Parti libéral n'a pas l'air de vouloir aller en élection. On dit qu'il y en a pour un an avec la commission Charbonneau. Donc, moi, je ne m'attends pas à avoir d'élection prochainement.
Mme Dufresne (Julie): Pas prochainement, c'est-à-dire pas...
M. Legault: Pas au cours de la prochaine année.
Mme Dufresne (Julie): D'accord. Et à quoi est-ce que vous voudriez que les Québécois réfléchissent durant le temps des fêtes, à la lumière, toujours, de ce qu'ils ont vu cet automne?
M. Legault: Oui. Bien, je pense qu'il faut que les Québécois se disent: On ne pourra pas continuer à être moins riches que les autres États en Amérique du Nord puis garder les mêmes programmes sociaux, par exemple, que dans le reste du Canada. À un moment donné, il y a une limite à l'endettement. C'est le genre de dossier dont on ne veut pas parler.
Évidemment, on a vu que le Parti québécois a frappé la dure réalité des finances publiques. Il faut, à un moment donné, créer de la richesse au Québec. Il faut être capable d'attirer plus d'investissements, il faut avoir plus d'entrepreneurs. Ce ne sont pas des ennemis, les entrepreneurs. Ce sont des gens qu'on a besoin pour être capable de garder nos programmes sociaux. Si j'avais une chose, là, à laquelle je souhaiterais que les Québécois réfléchissent, c'est ça.
Mme Dufresne (Julie): Vous pensez qu'ils vont parler de ça devant la dinde et les atocas?
M. Legault: Bien, je pense qu'à un moment donné les Québécois réalisent de plus en plus qu'on est moins riches, donc qu'ils en ont moins dans leurs poches, que leur argent est mal dépensé et qu'il faudrait changer l'approche, qu'il faudrait mieux gérer. C'est peut-être plate d'entendre parler de bonne gestion, mais il faut faire les bons choix. Avant de couper dans les universités, là, peut-être qu'on serait mieux de couper dans les commissions scolaires puis dans la bureaucratie des agences de santé. C'est à ça, là, qu'il faut réfléchir. Comment on fait pour que chaque Québécois ait plus d'argent dans ses poches à la fin de la semaine?
Le Modérateur: Hugo Lavallée.
M. Lavallée (Hugo): Bonjour, M. Legault. Vous disiez tout à l'heure que le gouvernement a multiplié les reculs depuis son entrée en fonction, avec Daniel Breton, avec André Boisclair. Est-ce que ce n'est pas le signe que le gouvernement est à l'écoute de la population? Qu'est-ce que vous auriez préféré? Un gouvernement qui s'entête?
M. Legault: Bien, je pense qu'il y a une limite à gérer par essais-erreurs, hein? On a tous appris ça à l'école, là, qu'il y a des choses qu'on peut y aller par essais-erreurs, mais on ne peut pas gouverner le Québec par essais-erreurs. On essaie quelque chose puis, si ça ne marche pas, on fait le contraire. À un moment donné, là, il faut essayer de réfléchir un petit peu avant d'agir et avoir un certain jugement. Je veux dire, comment se fait-il que le Parti québécois n'a pas vu que les Québécois sont tannés du copinage? Comment se fait-il qu'on est allés nommer Nicolas Girard qui a comme grande qualité d'avoir été député défait du Parti québécois? Comment se fait-il qu'on ait donné une job à vie à André Boisclair? Comment ça se fait qu'on n'a pas, finalement, réfléchi avant d'agir? Donc, il y a une limite, là, à gérer par essais et erreurs.
M. Lavallée (Hugo): Et, sur la question de la croissance économique, vous dites que c'est un peu le grand oublié de la session parlementaire. Pourtant, c'est vous qui avez, on dirait, le plus envie de retourner en élection. Vous avez voté contre le budget, même si c'était possible que ça aurait fait tomber le gouvernement. Vous ne pensez pas que des élections à répétition, justement, comme vous semblez le souhaiter, nuiraient à l'économie du Québec?
M. Legault: Je ne pense pas, parce que, bien honnêtement, actuellement, là, le budget du Parti québécois, c'est un échec annoncé. On dit: Dans les deux prochaines années, l'écart de richesse du Québec avec les autres États va augmenter, la croissance économique au Québec va être inférieure à celle des autres États en Amérique du Nord. Donc, il est temps qu'on propose des mesures. Je n'ai pas entendu, là, M. Marceau, Mme Zakaïb nous dire exactement ce qu'ils vont faire avec Investissement Québec puis la Banque de développement du Québec, puis ils n'ont donné aucun moyen financier pour agir. On n'a pas touché, là, au crédit d'impôt aux entreprises, qui coûte 2 milliards par année puis qui ne fonctionne pas.
À un moment donné, il faut poser des gestes. Il y a une certaine urgence d'agir. Puis moi, là, je ne peux pas accepter de baisser les bras puis dire: On va tous accepter que, pour les 16 prochains mois, le Québec continue de sous-performer. Il faut, à un moment donné, agir, puis la seule façon de le faire, c'est de changer de gouvernement.
Le Modérateur: Jessica Nadeau.
Mme Nadeau (Jessica): M. Legault, en campagne électorale, vous avez répété à maintes et maintes reprises que votre première priorité, c'était la lutte à la corruption et aussi l'éducation. Et là vous nous parlez de l'économie qui doit devenir l'obsession de tous les Québécois, qui va être votre priorité. Comment expliquez-vous ce changement de cap? Est-ce qu'on parle d'un recul?
M. Legault: Si vous vous rappelez, parce que vous étiez un bon bout de temps sur l'autobus, j'ai dit: Il y a comme une priorité de faire un ménage, mais l'objectif, à long terme, c'est de créer de la richesse. Donc, il faut être capable de faire le ménage, puis Jacques Duchesneau va déposer, à la prochaine session, un projet de loi n° 1 complet, pas avec un élément sur 10, pas avec 10 % des éléments nécessaires, mais 100 % des éléments nécessaires. Mais il faut aussi améliorer notre richesse au Québec, relancer notre économie. Donc, il y en a un qui est plus du ménage puis l'autre qui est plus faire avancer le Québec.
Mme Nadeau (Jessica): Vous avez aussi parlé des nominations partisanes du PQ, vous avez nommé Nicolas Girard et M. Boisclair. Vous avez dit: De Nicolas Girard jusqu'à M. Boisclair. Mais je ne vous ai pas entendu, il me semble, commenter pendant la session sur d'autres gens. Est-ce qu'il y en a d'autres? Parce que vous avez parlé «de... à».
M. Legault: Bien, écoutez, il y en a d'autres qui ont été nommés, là. On sait qu'ils vont rencontrer le DPI, Françoise Mercure... on me dit Françoise Mercure. Mais, écoutez, il y en a plusieurs, là, qui sont moins connus. Disons que les deux qui étaient les plus connus, c'est Nicolas Girard et André Boisclair.
Le Modérateur: Michel Pépin.
M. Pépin (Michel): Bonjour, M. Legault, bonjour à vos collègues. C'est votre première session, là, comme chef de la Coalition avenir Québec, la première session où il y a des députés élus sous la bannière de la Coalition avenir Québec. On est dans un système qui a tendance à favoriser, dit-on, là, et c'est ce qu'on croit percevoir, deux partis, hein, plus que d'autre chose. Dans ce contexte-là, comment vous voyez, vous, les perspectives pour la Coalition avenir Québec, la place de la Coalition avenir Québec dans un système où, justement, c'est deux partis? Là, vous êtes un peu la troisième roue. Comment vous voyez ca, vous?
M. Legault: Bien, effectivement, ce n'est pas facile d'être temporairement dans un système à trois partis. Mais il faut comprendre, depuis 35 ans au Québec, on est divisés entre souverainistes et fédéralistes. Donc, on essaie, là, de changer ce paradigme-là. Dans notre équipe, là, on a des fédéralistes et des souverainistes, et ce qu'on veut, nous, c'est que le Québec se rassemble autour de certains objectifs pour, entre autres, lutter contre la corruption, le gaspillage, relancer l'économie du Québec pour être capable de retrouver la confiance puis la fierté d'être Québécois. Puis nous, on pense que ce n'est pas le temps d'être divisés sur la question constitutionnelle.
Donc, effectivement, là, c'est un changement complet de perspective au Québec. Moi, je continue à avoir confiance que, lors de la prochaine élection, on va réussir à convaincre une majorité de Québécois de laisser cette division souverainiste, fédéraliste. D'ailleurs, on le voit, hein? Le Parti québécois... Pourquoi le Parti québécois est si désemparé? C'est parce qu'ils voient très bien, là, ils ne sont pas capables de faire avancer la souveraineté, puis la seule chose qui lie ces personnes-là, c'est la souveraineté du Québec. Donc, c'est pour ça, c'est une des raisons d'ailleurs, je pense, pourquoi le Parti québécois puis le gouvernement Marois ne s'en va nulle part, parce que leur objectif premier, leur article 1, ils voient que c'est dans un cul-de-sac. Donc, ce projet est dans un cul-de-sac, le Québec gouverné par Mme Marois est dans un cul-de-sac, puis la seule façon de s'en sortir, c'est de sortir de ce débat fédéraliste, souverainiste, de mettre les priorités ailleurs.
C'est ce qu'on essaie de faire, puis je pense qu'on a surpris. Il y avait des gens qui se disaient: Ça ne sera pas possible de mettre des députés, dans une même équipe, qui sont fédéralistes et souverainistes. Je pense que, pour avoir parlé à certains d'entre vous individuellement, je pense qu'il y en a plusieurs, là, qui ont été surpris de la cohésion qu'on avait à la coalition. Moi, je pense qu'on est capables, au Québec, de présenter une option qui est plus un changement dans la gouvernance, dans le développement du Québec puis je pense que de plus en plus de gens se rendent compte c'est la seule façon de relancer le Québec.
M. Pépin (Michel): Vous comptez probablement, là, des souverainistes parmi vos députés, mais vous n'êtes pas un parti souverainiste pour autant. Je pense que c'est assez clair de ce côté-là. Vous mettez de l'avant l'économie comme principal cheval de bataille de votre parti. Est-ce que ça ne vous fait pas un concurrent direct du Parti libéral, dans ce contexte-là? Est-ce que, pour vous, ce n'est pas remplacer le Parti libéral, votre objectif ultime, M. Legault?
M. Legault: Bien, écoutez, d'abord, le Parti libéral a gouverné pendant neuf ans, puis, pendant ces neuf années, l'écart de richesse du Québec s'est agrandi. Donc, c'est un échec au point de vue économique. Ça, c'est la première chose. Deuxième chose, le Parti libéral actuel n'est pas nationaliste comme l'était Jean Lesage. Ça, c'est clair. Puis, en plus, moi, je crois qu'un peu comme ce qu'on a vu à Ottawa avec le scandale des commandites, ce qui sort à chaque semaine avec la commission Charbonneau va affecter la confiance de la population à l'égard de la marque de commerce Parti libéral du Québec, peu importe qui sera le chef au mois de mars prochain.
M. Pépin (Michel): Et à votre bénéfice, probablement.
M. Legault: On l'espère!
Le Modérateur: Tommy Chouinard.
M. Chouinard (Tommy): Bonjour, M. Legault. Une question de précision. Tantôt, vous avez dit, après avoir fait une analyse de ce que pourrait être le comportement du Parti libéral au cours de la prochaine année, que vous ne vous attendiez pas, donc, à des élections au cours de la prochaine année. Mais moi, je veux bien comprendre. De votre côté, est-ce que vous allez utiliser toutes les occasions, faire... donc, faire en sorte que le gouvernement tombe, à toutes les occasions au cours de la prochaine année?
M. Legault: Moi, je suis un gars pragmatique, hein, vous le savez, je suis un comptable, comme le disent souvent les personnes. Je pense qu'il faut être clair, là. Je ne vois pas le Parti libéral, ni le Parti québécois d'ailleurs, souhaiter puis poser des gestes pour avoir une élection en 2013.
Donc, j'accepte ça, et c'est d'ailleurs pourquoi, autant dans le domaine de la lutte à la corruption que dans le domaine du développement économique, on va essayer de contribuer en proposant des mesures concrètes puis on espère que le Parti québécois va nous voler des idées parce qu'on est là pour le bien du Québec.
M. Chouinard (Tommy): ...vous avez encore dit le Parti libéral puis le Parti québécois. Là, vous, là... Vous, je comprends que, chaque fois, vous allez voter dans le sens de faire tomber le gouvernement.
M. Legault: Ça va être du cas par cas. Quand on est capables de faire avancer le Québec, on va voter en faveur des propositions qui sont là.
M. Chouinard (Tommy): Quand vous dites la nécessité de changer de gouvernement, là, ça tient le jour où il faut beau pour la CAQ, puis, le jour où il fait moins beau pour la CAQ, ça ne tient plus?
M. Legault: Non, non. Je pense que, s'il y a quelque chose qui est clair, puis qu'on a vu dans la dernière session, c'est que le seul parti qui a respecté ses principes, c'est la Coalition avenir Québec. C'est ce qu'on va continuer de faire. Puis, quand ça va être bon - dans le placement syndical, dans le projet de loi n° 2, peu importe - on va voter pour, puis, quand c'est mauvais pour le bien commun des Québécois, on va voter contre, c'est tout.
M. Chouinard (Tommy): Vous le savez, une course à la direction d'un parti est susceptible de créer un certain enthousiasme pour ce parti. Là, on peut toujours sortir différents exemples, là, mais supposons qu'à la fin de la course au leadership du Parti libéral, il y a un nouveau chef qui a un certain enthousiasme et que cette équipe-là décide de provoquer la chute du gouvernement, vous, est-ce que vous allez dire: Ah! Bien oui, c'est une bonne idée, allons en élection?
M. Legault: D'abord, je n'anticipe pas de course au leadership à la coalition.
M. Chouinard (Tommy): Non, je comprends... Mais je pense que vous comprenez ma question, M. Legault.
M. Legault: Deuxièmement, je pense que vous oubliez la commission Charbonneau. Je pense que, que ce soit Philippe Couillard ou que ce soit Raymond Bachand...
M. Chouinard (Tommy): M. Legault, s'il vous plaît...
M. Legault: ...ou Pierre Moreau, il y a, pour toute l'année 2013, la commission Charbonneau, puis, à chaque jour, les libéraux vont se demander: Qu'est-ce qui va sortir aujourd'hui et ils ne prendront pas la chance d'aller en élection.
M. Chouinard (Tommy): Et à ma question: Si ça devait arriver?
M. Legault: Bien, écoutez, avec les «si», on va à Paris, hein? Vous en parlerez à Jean-François Lisée.
Journaliste: Bonjour M. Legault. Bonjour à tous vos députés. On vous a parfois entendu dire que votre franchise ou votre excès de franchise a pu être difficilement perçu ou a pu vous nuire peut-être pendant la campagne électorale. M. Dubé, encore hier, y a fait allusion. S'il y avait des choses à refaire, vous les referiez différemment? Vous seriez moins franc ou... Qu'est-ce que vous feriez différemment?
M. Legault: Non. Je pense qu'il faut juste être patient. Ce n'est pas ma première qualité, là, mais j'y travaille. Mais c'est certain, là, que les Québécois sont en train de réaliser, avec le gouvernement de Mme Marois, que beaucoup de choses qu'on disait pendant la campagne électorale, bien, c'est la réalité, puis ce que disait Mme Marois, c'était de la science-fiction. Donc, je pense aussi que les Québécois sont en train de se rendre compte que ceux qui avaient raison pendant la campagne électorale, c'étaient les représentants de la Coalition avenir Québec. Donc, je pense qu'il faut laisser du temps au temps.
Le Modérateur: Tim Duboyce.
M. Duboyce (Tim): Hello, Mr. Legault. What would you say is the signature characteristic of the PQ's Government over the last tree months?
M. Legault: OK. I think that we have a Government disconnected with the population. Right now, we have seen it with the budget. They had promises that were impossible and they had to put them in the garbage. We saw that with some nominations. I don't understand... I still don't understand how Mrs. Marois could have said yesterday that she was surprised of the reaction of the population with the nomination of André Boisclair. I'm surprised of that.
And I think that what is clear also is that we have a Government with no vision. No vision for universities, no vision for the economy, so I think that right now, we will try in 2013 to table some concrete measures to increase the development of our economy, because I cannot accept that Québec continues to be underperforming compared to the rest of North America.
M. Duboyce (Tim): Do you think that this Government will wind up overlasting its welcome because the Liberal Party will be too fearful of triggering another election?
M. Legault: Yes. I think we have to be pragmatic. The Liberal Party, even if they'll have a race ending in next March, I don't see how, during 2013, with the Charbonneau Commission, how they can take the chance to push for an election. So I think we'll unfortunately have to suffer this government for the next year.
Le Modérateur: Caroline Plante.
Mme Plante (Caroline): Mr. Legault, how difficult is it to be a third party?
M. Legault: I think that right now we are trying to change way of seeing the politic in Québec. Since 35 years, Quebeckers have been divided between sovereignists and federalists. And, right now, what we try to do is to put together sovereignists and federalists in the same party, but having common goals, especially for the economic development, and I think that, right now, it's not an easy change. But I'm positive that, in the next months or years, the population will understand that it's about time that we put all Quebeckers together, English speaking Quebeckers, French speaking Quebeckers, all together for the best of Québec.
Mme Plante (Caroline): Do you think you are getting your points across and would you do things differently in the next session and this spring?
M. Legault: Yes, I think that the population is understanding more and more that we cannot continue. And I think that even people at the Parti québécois, they understand that they are going nowhere with their option. So I think that it's a good opportunity for us to get the support of a majority of the population and make those changes to be proud to be Quebeckers all together.
Le Modérateur: Et le chanceux, avec la dernière question, Kevin Dougherty.
M. Dougherty (Kevin): Yes. Mr. Legault, you don't see an election in 2013. Do you... and you explained very well the dynamics, you know, the Charbonneau commission, the Liberals would be scared. When do you... How long do you see this Government lasting? And this is a minority Government, a very fragile minority Government, I'd say, as well. But how long do you think it would last?
M. Legault: Until the end of the Charbonneau Commission. I think that it should be somewhere in 2014, where this commission will end.
M. Dougherty (Kevin): And you said that you hope that the PQ steals your ideas. You're a third party, that's a third party approach, you know, a government... a party that wants to take power presents itself as an alternate government. Are you afraid that you might be typecasted as a third party, and then, going into the next election, you'll emerge again as the third party?
M. Legault: No. I like that the Parti québécois takes our ideas and I think that right now we will always have a major difference with the Parti québécois: The option, the constitutional option. So I have no fear of being similar to the Parti québécois.
M. Dougherty (Kevin): But, you, aren't you afraid that you'll be shunted off to the third party status next time as well? I mean, like the NDP in Ottawa or, you know, like the Créditistes, Reform Party that... with the ideas... You know, Preston Manning had the ideas: You have to balance the budget, and it happened. They stole his ideas...
M. Legault: Yes, but, in the rest of Canada, you don't have this division between sovereignists and federalists or, at least... of course, we had the Bloc québécois, but there's still this fight between the left parties, the NDP and the Liberal Party. It's not the same dynamic in Québec. I think that, right now, we will always be different of the Parti québécois, for sure. Merci. Joyeuses fêtes, oui. Merci beaucoup.
(Fin à 9 h 30)