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Point de presse de Mme Pauline Marois, première ministre, et de M. Stéphane Bédard, leader parlementaire du gouvernement

Version finale

Le vendredi 7 décembre 2012, 14 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Treize heures cinquante-neuf minutes)

Mme Barrette (Marie): Bon, alors, bonjour tout le monde. On va débuter par une déclaration de Mme Marois, par la suite M. Bédard et période de questions en français pour débuter, en anglais par la suite: une question, une sous-question. Mme Marois.

Mme Marois: Merci, Marie. Alors, bonjour. Après les 100 premiers jours, il est temps de faire le bilan du nouveau gouvernement. Dans un contexte minoritaire où bien des gens croyaient que le gouvernement serait incapable d'avancer, il y a eu, au contraire, beaucoup d'action. En trois mois, nous avons fait reculer la corruption, changé les règles de financement des partis et le plafonnement des dépenses électorales, mis de l'ordre dans les finances, soutenu la croissance économique, nous avons rétabli la paix sociale, redonné de l'air aux familles, renforcé la place du français et défendu les intérêts du Québec sur toutes les tribunes.

À l'occasion du discours d'ouverture de la session parlementaire, j'ai affirmé que l'action gouvernementale allait s'appuyer sur quatre piliers: l'intégrité, la prospérité, la solidarité et l'identité. Après seulement trois mois, le Québec a avancé dans chacun de ces domaines.
Notre premier engagement était de lutter contre la corruption et de moderniser la démocratie. Le gouvernement du Parti québécois a fait mieux pour lutter contre la corruption en trois mois que le gouvernement précédent en neuf ans. Avant même de former le gouvernement, nous avons obtenu de haute lutte la création de la commission Charbonneau, qui produira et commence déjà à produire des effets.
Le message de lutte contre la corruption envoyé par le gouvernement produit aussi des résultats. Des changements importants se sont produits à Montréal, à Laval, à Mascouche. Les perquisitions menées par les policiers montrent que plus personne n'est à l'abri ou au-dessus des lois. Après seulement 100 jours, la corruption recule. Pour restaurer l'intégrité et moderniser notre démocratie, nous avons déposé des projets de loi majeurs.
Le projet de loi n° 1, pour l'intégrité en matière de contrats publics, fait en sorte qu'il n'y aura plus d'échappatoires pour les entreprises fautives. Les Québécois en auront enfin pour leur argent. Adopté à l'unanimité, le projet de loi n° 2 est une réforme majeure du financement des partis politiques. En limitant les dons à 100 $, nous pourrons enfin sortir l'influence de l'argent de la politique. Le projet de loi n° 3 instaure les élections à date fixe, une modernisation de notre système démocratique attendue depuis longtemps. Le projet de loi n° 8 permet aux municipalités qui veulent refuser une soumission douteuse de le faire. Le projet de loi n° 10 permet de relever un élu municipal de ses fonctions, ce qui évitera, à l'avenir, la situation inacceptable que les citoyens de Mascouche ont subie trop longtemps. Et enfin nous avons réglé la question du placement syndical.
Au cours des neuf dernières années, la corruption s'était installée, le climat était de plus en plus malsain. Depuis le 4 septembre, la corruption recule. Je suis très fière de tout ce que l'équipe gouvernementale a accompli en si peu de temps pour restaurer l'intégrité au Québec.
Le Parti québécois s'était également engagé à mettre le Québec sur la voie d'une prospérité durable pour tous les Québécois en redressant nos finances et en accélérant la croissance économique. Pour nous assurer d'atteindre l'équilibre budgétaire et de réparer les dégâts laissés par l'ancien gouvernement, il nous a fallu déposer un budget dès l'automne. Ce budget a été très bien accueilli. C'est un budget responsable, axé sur le contrôle rigoureux des dépenses publiques, sur un plan de réduction de la dette.
C'est le cas, par exemple, pour les infrastructures dont les processus de décision ont été revus. Seulement pour la route des monts Otish, le gouvernement a fait épargner 124 millions de dollars aux Québécois. Je souligne que les investissements dans nos infrastructures demeurent considérables, avec des dépenses moyennes de 9,5 milliards par année.
Pour accélérer la croissance économique, le gouvernement mise sur les investissements privés. Nous avons mis en place des mesures fiscales très agressives, par exemple un congé d'impôt de 10 ans pour les investissements de 300 millions de dollars et plus.
En ce qui a trait aux ressources naturelles, nous avons pris des décisions majeures, responsables qui étaient attendues depuis longtemps. Nous avons sorti le Québec du nucléaire et de l'amiante. Prendre ces deux décisions demandait un certain courage. Comme prévu, nous avons créé un fonds de 200 millions pour la région touchée par le déclassement de la centrale de Gentilly et un autre 50 millions pour le région de l'amiante.
Nous avons mis en place les conditions pour créer de la richesse. Nous avons prévu 125 millions de dollars pour la recherche dans le secteur biopharmaceutique. Nous avons créé un fonds de 200 millions de dollars pour l'électrification des transports et les technologies propres, un secteur d'avenir pour le Québec. Pour favoriser et coordonner le développement du Nord pour tous, nous avons créé le Secrétariat au développement nordique. En seulement trois mois, le gouvernement a jeté les bases d'une prospérité durable pour toutes les Québécoises et tous les Québécois.
Le troisième pilier de notre action est celui de la solidarité. Sur ce plan, le contraste avec l'ancien gouvernement est frappant. Souvenons-nous de l'état de crise dans lequel était plongé le Québec il y a à peine quelques mois: les manifestations, les affrontements, la division. Depuis le 4 septembre, la paix sociale est revenue, et ça fait du bien.
Comme promis, des dispositions de la loi n° 78 ont été abrogées, la hausse des droits de scolarité, abolie et la démarche menant à la tenue d'un sommet sur l'enseignement supérieur, lancée. Et puis, avec le projet de loi n° 13, qui permettra aux étudiants de voter dans les cégeps et les universités, nous favoriserons le vote des jeunes.
Je m'étais aussi engagée à aider les familles, en particulier celles de la classe moyenne. Nous avons fait beaucoup en trois mois. La nouvelle contribution santé signifie une baisse de taxes pour 3,1 millions de Québécois. Pour eux, c'est une avancée qui compte. L'annulation de la hausse de 20 % des tarifs d'électricité, remplacée par une indexation, c'est une économie de plusieurs centaines de dollars pour les familles. À cela s'ajoute le crédit d'impôt pour les activités physiques et artistiques des enfants. Ces trois mesures vont aider les familles de la classe moyenne à boucler leurs fins de mois. De ça aussi, je suis très fière.
La création de 28 000 nouvelles places en garderie est en train de se concrétiser. Ça fait des années que les parents attendent ça. Ils vont enfin avoir une place pour leurs enfants. Nous avons également créé des groupes de médecine familiale. Le plan d'action pour la première ligne en santé fera en sorte que, d'ici deux ans, 750 000 Québécois de plus auront accès à un médecin de famille. Le gouvernement ajoute aussi 110 millions de dollars pour les soins à domicile pour nos aînés, les personnes en perte d'autonomie et les aidants naturels. Nous ajoutons 3 000 logements sociaux. Tout en contrôlant rigoureusement les dépenses de l'État, les crédits pour la santé, l'éducation, la culture et la famille ont été augmentés. Les familles québécoises de la classe moyenne sont les grandes gagnantes de notre budget.
Dernier pilier de l'action gouvernementale, l'identité. Après neuf ans de torpeur sur ce front, le Québec a recommencé à avancer.
Mercredi, nous avons déposé un projet de loi très important pour renforcer la Charte de la langue française. C'était la première fois depuis 35 ans qu'un gouvernement procédait à une réforme de la loi 101 pour la renforcer. Le projet de loi permettra de valoriser et de protéger le français comme langue de travail, langue d'enseignement, langue de service dans le commerce. Cette volonté que nous avons de valoriser et de protéger le français est vitale pour l'avenir de notre nation.
Le gouvernement a été présent autant au niveau international qu'au Canada. En trois mois, j'aurai représenté le Québec sur trois continents: l'Afrique à l'occasion du Sommet de la Francophonie, l'Europe à l'occasion d'une visite fructueuse à Paris qui aura permis au Québec de rétablir la position de non-indifférence et de non-ingérence de la France et aux États-Unis avec cette visite à New York que j'effectuerai la semaine prochaine. Le gouvernement profite de toutes les tribunes pour défendre les intérêts du Québec partout tout le temps.
Et enfin le gouvernement a démontré sa volonté de donner un nouveau souffle aux relations avec les nations autochtones et les nations inuites. J'ai eu une première rencontre très cordiale et prometteuse avec le grand chef du Grand Conseil des Cris, Matthew Coon Come, et avec le chef de l'Assemblée des premières nations du Québec et du Labrador, Ghislain Picard. J'ai aussi participé, avec de nombreux ministres, au Sommet sur le territoire et les ressources avec les premières nations dans le but de relancer nos relations sur de nouvelles bases.
On peut dire sans risque de se tromper que le Québec s'est remis en marche et que bien des choses ont changé depuis le 4 septembre. Après des mois et des mois de crise sous l'ancien gouvernement, le Québec a maintenant retrouvé la paix sociale. Ça fait du bien. Après s'être étendues pendant neuf ans, la collusion et la corruption reculent. Les finances publiques sont maintenant sous contrôle, et les conditions propices à une prospérité durable pour tous sont en place. La solidarité a retrouvé ses droits, les familles de la classe moyenne peuvent mieux respirer, le Québec est en train de reprendre confiance, de retrouver l'espoir, et ça, c'est le chemin le plus sûr pour nous convaincre de redevenir maîtres de notre destin.
J'invite donc tous les Québécois à profiter du temps des fêtes pour examiner tout le chemin que nous avons parcouru ensemble depuis trois mois. Il aura fallu à peine 100 jours pour remettre le Québec en marche, et notre action ne fait que débuter.
Mme Barrette (Marie): Merci, madame.

M. Bédard: Je pense que tout a été dit. Au niveau parlementaire, constatez que l'ambiance est beaucoup mieux, effectivement. Le ton, parfois, peut augmenter, mais l'ambiance, elle, elle est bonne. Regardez ce qui se passe à Ottawa. Au contraire, je pense que le climat au Québec, comme le disait Mme Marois, s'est assaini, mais, à l'Assemblée, il s'est assaini. On n'est plus dans les histoires de corruption, dans les histoires de contrats liés à du financement aux partis politiques, à des places en garderie données liées à de l'argent donné aux partis politiques.
Donc, vous voyez à quel point, malgré, parfois, la vigueur des échanges, le fond, par contre, lui, reste sain. Et on parle de questions qui sont beaucoup plus intéressantes pour les Québécois: l'avenir du nucléaire, l'amiante. C'est des questions, je pense, qui ont été au coeur de plusieurs débats et qui montrent la différence entre le Parti québécois, et le Parti libéral, ainsi que la Coalition avenir Québec.
Finalement, c'est quand même costaud, ce qu'on a fait en quelques semaines, il faut se le dire. Ça a pris de la cohésion. Mme Marois avait les idées claires, c'est clair, parce que les mots d'ordre ont été donnés, et ça fait un bilan, en très peu de temps, assez impressionnant: le discours inaugural - parce qu'en termes parlementaires vous savez que c'est des heures... c'est 25 heures - un budget adopté. 9 lois sur 15 ont été adoptées, Mme Marois en a fait mention tantôt.
Un seul regret: le projet de loi n° 10, concernant les élus municipaux. Malheureusement, on ne comprend pas la position des autres partis politiques, je vous dirais, de ne pas avoir procédé à l'adoption de ce projet de loi. Il aurait été utile. Bien qu'il y ait un cas de figure qui soit tombé, il y en a d'autres qui peuvent se produire, et je pense que ça aurait été une bonne marque au niveau d'un message à envoyer, sur l'intégrité, additionnel. Malgré qu'avec le projet de loi n° 1, le projet de loi n° 2, avec le projet de loi aux Affaires municipales aussi, sur l'omnibus concernant les contrats, concernant les processus d'appel d'offres, nous avons envoyé un message clair partout... évidemment, dans la fonction publique mais, je pense, dans tout le Québec, que l'intégrité était notre priorité, et nous avons agi en ce sens.
La loi n° 1... Et là vous me permettrez... Ça n'enlève rien à tous les autres projets de loi. Au contraire, on a eu des pièces... Mais c'était quand même costaud. C'était un défi important et c'est une façon différente d'entrevoir les contrats publics. Il y a un côté innovateur là-dedans qui amenait plus de risques. Je pense que nous avons eu un bon résultat.
Donc, c'est un bilan, comme le disait Mme Marois, qui est chargé mais qui est à la hauteur des attentes de la population du Québec. Voilà.

Mme Barrette (Marie): Merci, M. Bédard.

Mme Marois: Tu as oublié les crédits. Il a oublié les crédits. Alors, nous avons déposé les crédits pour 2013-2014, accompagnant ainsi... ou concrétisant ainsi les prévisions annoncées dans le budget en termes de revenus et de dépenses.

Mme Barrette (Marie): Période de questions. Alain Laforest.

M. Laforest (Alain): Bonjour, Mme Marois.

Mme Marois: Oui. Bonjour, M. Laforest.

M. Laforest (Alain): L'opposition laisse entendre, cependant, que vous avez reculé beaucoup durant cette première session.

Mme Marois: Bien, moi, je crois qu'on a avancé beaucoup. On a fait reculer deux choses. On a fait reculer la corruption et on a stoppé le rythme d'endettement du Québec. Et même qu'à l'année 2013-2014 nous aurons un budget équilibré. Ce n'était pas parti comme ça sous l'ancien gouvernement.
Donc, nous avons fait reculer la corruption, nous avons stoppé la progression de la dette... c'est-à-dire du déséquilibre au niveau des budgets, et nous avons remis le Québec en marche: le français, les services de garde, la lutte contre la corruption, une invitation aux grands décideurs économiques à investir dans l'économie québécoise par des crédits de taxe aux grands investissements, des investissements dans les familles québécoises, en annonçant l'ouverture de 28 000 nouvelles places. Je crois que le Québec a recommencé à avancer.

M. Laforest (Alain): Au niveau des nominations partisanes, vous les avez dénoncées, vous avez créé un comité de sages hier.

Mme Marois: Oui.

M. Laforest (Alain): N'empêche que vous avez nommé un député défait, Nicolas Girard, à la tête de l'AMT et que vous avez changé d'idée concernant André Boisclair.

Mme Marois: Je crois d'abord que, dans le cas de ces deux nominations, c'étaient et ce sont des nominations de gens compétents, capables de faire le travail. Ça, à mes yeux, ce sera toujours la première raison qui sera mise de l'avant pour nommer des gens à des postes de responsabilité. C'est ce que nous avons fait dans le cas de Nicolas Girard et c'est ce que nous avons fait aussi dans le cas d'André Boisclair.
Et, dans le cas d'André Boisclair, je me suis assurée que, pour la suite des choses et même dans son cas, nous allions avoir des critères objectifs lorsque nous voudrions nommer ou faire entrer dans la fonction publique des personnes de grande qualité autrement que par la progression à l'intérieur de la fonction publique. Un comité a été annoncé. J'en annoncerai la composition bientôt et j'en attendrai des résultats pour le mois de mars.

Mme Barrette (Marie): Merci. Tommy Chouinard.

M. Chouinard (Tommy): Oui. Bonjour, Mme Marois.

Mme Marois: Bonjour.

M. Chouinard (Tommy): Lorsqu'on vous questionne sur les reculs qu'il y a eu, vous répondez qu'il y a eu des avancées, mais j'aimerais savoir: Reconnaissez-vous qu'il y en a eu, des reculs, des moments difficiles? Puis à quoi vous les attribuez?
Mme Marois: Écoutez, moi... D'abord, un, on pourrait en prendre un exemple. Prenons ce que les gens disent: la taxe santé. La taxe santé a été modifiée. Elle est progressive, maintenant. Il y a 1 million de Québécois qui ne paieront plus un sou; il y en a 2 millions qui vont payer moins cher. On demande une contribution à la classe plus aisée, aux gens qui ont de plus hauts revenus. L'opposition nous a dit: On va vous défaire si vous allez au bout de cette proposition que vous avez déposée.
Moi, je crois qu'il est sage pour un gouvernement de se mettre à l'écoute de la population. Ce n'est pas seulement vrai pour un gouvernement minoritaire, ça devrait être vrai tout le temps, qu'un gouvernement puisse écouter la population et corriger le tir lorsque c'est nécessaire. Nous ne laisserons pas les choses se détériorer et s'envenimer lorsqu'on pense qu'il faut faire autrement.
On a eu un gouvernement qui, pendant neuf ans, a laissé pourrir des situations, s'est entêté. La commission Charbonneau est sans doute le plus bel exemple de cet entêtement, qui a tellement nuit à l'image du Québec. Alors, on ne fera pas de... on n'agira pas de la même façon. Et donc, s'il y a des ajustements à faire, je vous annonce à l'avance que j'en ferai.

M. Chouinard (Tommy): Et j'aimerais parler du dossier des redevances minières. Est-ce qu'on doit s'attendre à un nouveau recul? Parce que vous avez un rapport qui dit que votre position n'est pas la bonne?

Mme Marois: Alors, d'abord, en trois mois, nous ne pouvions tout faire, on s'entend, et tout ce qu'on a promis ou ce qu'on a pris comme engagement pour un mandat de quatre ans. Parce que les engagements que prend un parti politique, c'est des engagements qui, normalement, se réalisent sur quatre ans. Alors, nous en avons réalisé un bon nombre déjà en trois mois.
La question des redevances minières sera abordée au début de l'année prochaine, en 2013. Nous allons associer l'industrie minière à ce débat, à cette discussion, et le gouvernement prendra ses décisions.
Mais je peux vous dire qu'il y aura des modifications aux politiques relatives aux redevances minières. Quand on sait comment, actuellement, la moitié des mines en opération ne paient pas de redevances, ne paient aucune redevance, quand on sait qu'on a une soixantaine de sites miniers qui malheureusement ont été laissés à l'abandon, et c'est le Québec qui devra assumer le coût de restauration de ces sites-là - on parle de milliards de dollars - alors, nous allons agir sur le front des redevances dès le début de l'année prochaine.

M. Chouinard (Tommy): Dans le sens de vos engagements électoraux?

Mme Marois: Ça ira dans le sens de nos engagements électoraux...

M. Chouinard (Tommy): ...engagements électoraux?

Mme Barrette (Marie): Merci, M. Chouinard.

Mme Marois: ...en prenant... Vous avez entendu la ministre des Ressources naturelles qui a très sagement indiqué aux gens de l'industrie qu'elle était prête à un dialogue, à une discussion. Il pourrait y avoir des modulations, par exemple, dans les redevances appliquées pour certains minerais, mais l'esprit de ce que nous avons proposé sera respecté.

Mme Barrette (Marie): Julie Dufresne.

Mme Dufresne (Julie): Bonjour, Mme Marois.

Mme Marois: Bonjour.

Mme Dufresne (Julie): Est-ce que c'est plus difficile que pensiez, être première ministre?

Mme Marois: Non. Assez étonnamment, non. Parce que, d'abord, j'ai vécu près de premiers ministres, que j'ai accompagnés de toutes sortes de manières: comme ministre à la Santé, à l'Éducation, même comme vice-première ministre, dans le dernier mandat, avec M. Landry, comme ministre des Finances. Donc, je savais exactement en quoi consistait le travail.
Et, à partir, je dirais, de l'idéal que nous poursuivons, des projets que je voudrais voir se réaliser pour mieux servir les Québécois et les Québécoises, je savais qu'en cours de route il y aurait des embûches, il y aurait des difficultés, que parfois il faudrait prendre quelques détours pour arriver à l'objectif. Mais l'important, c'est de ne jamais perdre la vision, la perspective et les objectifs que nous poursuivons.
Et, sur les quatre piliers, qui comportent, dans chacun des cas, des engagements, qu'il s'agisse de l'intégrité, de la solidarité sociale, de la création de la richesse ou de l'identité, je crois qu'on a posé les gestes dans le sens des engagements que nous avons pris.

Mme Dufresne (Julie): Et, si vous aviez à faire un bulletin de performance de vos ministres, est-ce qu'ils auraient la note de passage, tous et chacun d'entre eux?

Mme Marois: Ils auraient la note de passage et même un peu plus, puis-je vous dire. Ils ont travaillé très fort. Très fort. Êtes-vous... Ça va, ça?

Des voix: Ha, ha, ha!

Mme Marois: Ah! J'ai dit la note de passage? Plus que la note de passage. C'est ça que je voulais dire. Excusez-moi. Et c'était vraiment le sens de...
Non, écoutez, très sérieusement, les ministres se sont mis très rapidement au travail. J'ai vu des gens, là, s'approprier leurs dossiers en quelques semaines, aller au front avec des lois, alors qu'ils n'avaient pas nécessairement l'expérience de débattre de projets de loi en étant responsables de la défense de leurs lois. J'ai vu des ministres, au Conseil des ministres, très rigoureux dans tous les échanges qu'on a eus.
Préparer des crédits en quelques mois, c'est un exercice très exigeant. Je l'ai fait à plusieurs reprises et, dans tous les cas, malgré ce qu'on en a dit, je peux vous dire que ça a été fait avec beaucoup de sérieux, beaucoup de rigueur. Et le résultat, c'est qu'on arrive avec un budget responsable et rigoureux et on a, de toutes sortes de façons, évité que les citoyens et les citoyennes ne soient touchés par des efforts, je dirais, budgétaires que l'on s'imposait nous-mêmes.

Mme Dufresne (Julie): Vous n'avez donc aucun reproche à leur adresser.

Mme Marois: Je n'ai pas de reproches à leur adresser.

Mme Barrette (Marie): Merci. Charles.

Journaliste: Bonjour. J'aimerais revenir sur la démission de Daniel Breton. Lorsque vous avez annoncé votre Conseil des ministres, on parlait d'un Conseil des ministres qui était très vert, avec Mme Ouellet, M. Breton. Bon, là, M. Breton est parti, on a ouvert la porte à l'exploitation du pétrole sur Anticosti; récemment, un barrage à Val-Jalbert. Est-ce que le dossier de l'environnement a pâti, finalement, du départ de M. Breton?

Mme Marois: D'abord, je veux dire une première chose: Je suis triste de ce qui est arrivé à Daniel Breton. Je crois que c'est un homme généreux, c'est un homme engagé, c'est un homme qui a à coeur le Québec, qui a à coeur l'environnement. Et il est toujours au sein de mon équipe et il pourra toujours être utile en ces matières.
Sur l'environnement, nous allons garder le cap. Nous allons garder le cap avec une politique d'indépendance énergétique. Déjà, dans le budget, on a annoncé un 200 millions pour le transport électrique. Dans le cas de la centrale, entre autres, de Val-Jalbert, je dois vous dire que c'est un projet qui était déjà engagé depuis un long moment par l'ancien gouvernement. Le BAPE a été consulté, a donné un avis favorable, une très grande majorité de gens de la communauté, y compris la nation autochtone concernée, à Mashteuiatsh, qui sont d'accord avec le projet. Le ministère des Affaires culturelles a même été consulté sur la partie esthétique du projet. Et nous avons pris la décision d'autoriser ce projet.
Quant aux autres projets qui sont actuellement sous étude, nous ferons le point plus tard pour savoir ce que nous ferons de ce côté-là.

Journaliste: On sait qu'au départ vous avez fait beaucoup d'annonces.

Mme Marois: M. Breton était là quand j'ai annoncé que, dans des conditions, évidemment, qui vont respecter l'environnement, nous étions prêts à procéder à l'exploitation du pétrole après les études, évidemment, environnementales, qui devront se faire de toute façon.

Journaliste: Lors de la première journée, finalement, vous avez annoncé quand même plusieurs choses très importantes. Après ça, on a l'impression que ça a ralentit. Est-ce que vous avez mal évalué ce qu'il était possible de faire avec un gouvernement minoritaire?

Mme Marois: J'allais dire: C'est que les gens n'étaient pas habitués à ce qu'on respecte nos engagements et qu'on annonce rapidement des engagements qui, on le savait, allaient provoquer des oppositions. Et puis je les comprends, en plus, les oppositions, parce que des gens, à Gentilly, dans la région de l'Amiante, ont été inquiets pour leurs emplois et le demeurent. Mais cependant nous avons immédiatement rendu disponibles, par exemple dans ces deux cas-là, des fonds de diversification économique.
D'entrée de jeu, la première loi qui a été déposée, c'est une loi contre la corruption, hein, sur les contrats donnés par les institutions publiques.
Alors, je crois qu'on a quand même maintenu le rythme. Les premiers jours, on a annoncé des décisions difficiles, on a préparé la rentrée parlementaire, on a déposé le budget, déposé des projets de loi, déposé les crédits. Moi, je n'ai pas eu le sentiment... Je peux me tromper, là, évidemment, je suis à l'intérieur, puis des fois à l'intérieur on a moins de sens critique, mais moi, j'ai l'impression qu'on n'a pas beaucoup arrêté depuis trois mois. En tout cas, j'en connais qui sont bien fatigués puis qui sont bien contents d'arriver à Noël.

M. Lavallée (Hugo): Hugo Lavallée, Radio-Canada. Bonjour, Mme Marois.

Mme Marois: Bonjour.

M. Lavallée (Hugo): Vous justifiez certains des reculs que vous avez dû effectuer, par exemple sur la Charte de la langue française ou même, à l'instant, sur la taxe santé, par le fait que vous étiez dans une position minoritaire, que vous auriez pu être défaits. Est-ce que justement votre incapacité à réaliser certains engagements, du fait que vous étiez minoritaires, vous fait regretter de ne pas avoir conclu d'ententes avec d'autres partis politiques proches de vous avant les dernières élections?

Mme Marois: Bon, d'abord, minoritaire ou pas - je vais répéter ce que je disais tout à l'heure - minoritaire ou pas, je crois qu'un gouvernement a le devoir de rester à l'écoute de la population. Et, dans les cas que vous soulignez, qu'il s'agisse de la loi 101 au cégep, qu'il s'agisse de la taxe santé, il y avait des oppositions très importantes. Et, si je regarde du côté du cégep, par exemple, notre situation de minoritaires nous amenait à conclure qu'à l'évidence on n'aurait pas pu passer la loi révisant la loi 101 si on avait introduit cela. Et la ministre responsable de la Charte de la langue française a rencontré plus de 300 intervenants, autant des personnes, que des groupes, que des associations, que des représentants d'institution, et, à l'évidence, il n'y avait non seulement aucune unanimité, mais il y avait une objection très significative.
Alors, pour moi, ce qui est important, c'est que le français recommence à avancer. Nous nous sommes attaqués à ce que nous pouvons faire, et ça concerne aussi la langue à l'école, ça concerne la langue dans les commerces, ça concerne la langue de travail. Et je suis persuadée que, ce faisant, nous allons respecter les engagements que nous avons pris de faire en sorte que le français, ce soit la langue commune, la langue publique, la langue officielle du Québec.

M. Lavallée (Hugo): Mais ce n'était pas ça, la question, sur le français, c'était si vous aviez des regrets de ne pas avoir fait d'alliances.

Mme Marois: De ne pas... Ah, les regrets. Non, je n'ai pas nécessairement eu de regrets. Quand vous regardez ce que l'on fait à l'Assemblée nationale, plusieurs des lois - écoutez, neuf sur 15, ce n'est pas trop mal, quand même - neuf lois sur 15 ont été adoptées parce qu'on a su écouter l'opposition, parce qu'on a reçu des amendements dans certains cas. Je crois que toutes les lois ont été bonifiées d'une façon quelconque à l'occasion des travaux.
Et on aurait souhaité que plus de lois soient adoptées. Mon leader faisait référence à la loi qui concerne la possibilité de relever un élu municipal de ses fonctions s'il est poursuivi au criminel pour des actes posés dans le cadre de ses fonctions ou reliés à ses fonctions. Mais sinon on a quand même obtenu, sur des projets très importants, une collaboration de l'opposition parce qu'on est restés ouverts et à l'écoute aussi.

M. Lavallée (Hugo): Et donc, toujours partant du principe que vous êtes minoritaires, quel est votre pronostic sur la possibilité qu'il y ait des élections en 2013...

Mme Marois: Bon, alors, moi, d'abord, il y a une chose, je vais continuer à faire mon travail de première ministre du Québec en mettant de l'avant les autres engagements que nous n'avons pas encore présentés ou concrétisés. Et moi, je souhaite que, faisant bien notre travail, nous continuerons d'avoir l'appui de la population et même l'appui de l'opposition, mais je ne peux me prononcer sur le fait qu'il y ait une élection ou pas. Si les oppositions décident de nous renverser, elles peuvent le faire par n'importe quelle motion qu'elles présenteraient, de non-confiance, à l'Assemblée nationale.
Mais moi, j'espère que nous continuions à bien travailler, à écouter la population québécoise et que nous offrions des réponses aux problèmes qu'ils vivent et aux projets qu'ils veulent que nous réalisions avec eux.

Mme Barrette (Marie): Alexandre Robillard.

Mme Marois: Bonjour, M. Robillard.

M. Robillard (Alexandre): Bonjour. Mme Marois, j'aimerais ça savoir: Est-ce que vous êtes d'accord avec M. Duceppe quand il dit que les alliances devraient se préparer entre les élections? Puis, si oui, est-ce que vous avez des projets en ce sens ou fait des gestes?

Mme Marois: Bon, d'abord, il y en a eu, des gestes, dans le passé, de posés qui n'ont pas donné les résultats escomptés, et pour l'instant il n'y a pas eu de propositions qui sont sur la table et qui vont dans ce sens-là.

M. Robillard (Alexandre): Mais êtes-vous d'accord avec M. Duceppe que ça se prépare entre les élections?

Mme Marois: Il n'y a pas de temps où ça se prépare. Moi, je crois que tous les moments peuvent être bons si on décide d'aller dans cette perspective-là.

M. Robillard (Alexandre): Sur les nominations. Vous avez sorti une liste d'une trentaine de noms de personnes... de membres du personnel libéral, là, qui ont accédé à des emplois supérieurs. J'aimerais ça savoir: Est-ce que c'est parce que vous trouvez que ces nominations-là, c'est des nominations politiques et que ça teinte la haute fonction publique?

Mme Marois: Bon. Oui, c'est bien sûr que ça teinte la haute fonction publique. Et surtout ce sont des nominations, pour la plupart, je crois... celles qui sont sur la liste, là, qui était disponible, ce sont toutes des nominations à des niveaux d'emploi supérieurs. Toutes, là, au complet. Et personne n'a rien dit au moment où ça s'est fait. Mais c'est sûr que ça teinte une fonction publique.
Cependant, je vous dirais que le premier critère, à la limite, peu importe qu'on ait une couleur politique ou pas... Moi, je crois que le premier critère, ça demeure la compétence et la capacité d'accomplir la tâche qui nous est confiée. Et, dans certains cas, très honnêtement, nonobstant le fait que c'étaient des gens qui étaient associés au Parti libéral, parce qu'ils étaient dans des cabinets, ils servaient comme attachés politiques, le premier critère, ça reste la compétence et, dans mon cas, ça le restera tout le temps.

M. Robillard (Alexandre): Donc, dans ce sens-là, vous seriez ouverte à dépolitiser davantage la haute fonction publique en retirant au Conseil des ministres le pouvoir de nommer comme ça, de titulariser?

Mme Marois: Jamais. Il ne s'agit pas de politiser la fonction publique.

M. Robillard (Alexandre): Teinté sur...

Mme Marois: Oui, mais, attention, c'est la responsabilité d'un gouvernement qui veut avoir les meilleures personnes aux bons endroits, avec les meilleures compétences possibles, pour que nous puissions accomplir les tâches que nous avons à accomplir. Alors, est-ce qu'on va dire à un patron d'une grande entreprise: Vous ne choisissez plus vos vice-présidents, vous ne choisissez plus vos cadres supérieurs? C'est impossible.

Mme Barrette (Marie): Merci. Madame...

M. Robillard (Alexandre): ...en campagne électorale...

Mme Barrette (Marie): Je m'excuse. Pardon, M. Robillard, ça fait trois questions, s'il vous plaît. Merci. Il y a d'autres...

M. Robillard (Alexandre): ...des PDG de sociétés d'État. Vous avez dit qu'ils iraient en commission parlementaire. Ça s'en vient quand, ça?

Mme Marois: L'avenir dure longtemps. Il y a encore des engagements que nous réaliserons dans les prochains mois, dans les prochaines années.

Mme Barrette (Marie): Merci. Madame...

Journaliste: Mme Marois, votre gouvernement a été la cible de beaucoup de critiques des oppositions, et de la population dans certains cas. Vous avez vous-même reconnu un certain nombre d'erreurs. Est-ce que vous avez tiré une leçon de tout ça?

Mme Marois: Je dirais, j'ai plutôt eu, me semble-t-il, bien humblement et bien simplement, la bonne attitude. Quand on entend des gens manifester des oppositions qui, dans certains cas, avaient des fondements, bien je me dis: Il faut être capable des les écouter. Puis, je vous le redis, je vais continuer à travailler comme ça parce que j'ai vu un gouvernement qui a littéralement laissé traîner, laisser pourrir des situations, qui s'est entêté. Il s'est entêté à tel point qu'on a vécu l'une des pires crises sociales que le Québec n'ait jamais connues au printemps dernier. J'espère que jamais, jamais mon gouvernement n'agira de cette façon-là. Alors, je vais continuer à rester à l'écoute, et parfois, par rapport à certaines orientations que nous proposons, il y aura des ajustements.

Journaliste: Parfait. Dans votre façon de gouverner, allez-vous changer un certain nombre de choses, par exemple à la prochaine session, en tenant compte de toutes les critiques qui ont été portées contre vous?

Mme Marois: Bien, écoutez, encore une fois, je suis prête, bien humblement, à travailler encore mieux que nous travaillons maintenant. Mais il reste que la façon dont nous avons travaillé a donné des résultats.
Moi, je n'en connais pas, honnêtement, de gouvernements qui, dans les trois premiers mois... Puis il faut être de bon compte, hein? Le Conseil des ministres a été constitué le 20 septembre, 20 septembre. On n'a même pas 100 jours encore. Si on partait du Conseil des ministres, on serait au 23 décembre pour les 100 jours. Je n'en connais pas beaucoup qui ont été aussi efficaces et qui ont posé autant de gestes majeurs et importants.
Bon, mais, qu'on reste à l'écoute des gens et qu'on puisse corriger le tir, ça, je vous le dis, je vais continuer à le faire.

Journaliste: Dernière chose. M. Nicolas Girard... Enfin M. Legault a demandé la démission de Nicolas Girard. Est-ce que c'est quelque chose que vous envisagez?

Mme Marois: Pas vraiment, non. Non.

Mme Barrette (Marie): Patrice Robitaille.

M. Bergeron (Patrice): Non, Bergeron.

Mme Barrette (Marie): Pardon. Excusez.

M. Bergeron (Patrice): Bonjour, Mme Marois.

Mme Marois: Bonjour, M. Bergeron.

M. Bergeron (Patrice): C'était Antoine. Mais bonjour, Mme Marois. Vous avez dit, lors de votre caucus à Drummondville, que vous auriez peut-être montré moins d'empressement à la suite des réactions de la population après les décisions que vous avez prises. Qu'est-ce que vous feriez différemment, après... En analysant, là, les 100 derniers jours, là, qu'est-ce que vous feriez différemment pour éviter, justement, ces...

Mme Marois: Bon. C'est toujours un peu difficile de répondre à cette question-là, mais ce que je peux vous dire, peut-être qu'on les annoncerait une semaine après l'autre plutôt que de les annoncer toutes en même temps, par exemple, dans certains cas. Je peux vous dire ça. C'est plus, peut-être, de cet ordre-là.
Parce que, pour le reste, quand on dépose, par exemple, sur la question de la taxe santé - je vais revenir sur celle-là parce qu'elle est souvent prise en exemple comme mesure - quand on dépose le projet sur la taxe santé ou qu'on annonce qu'on va le faire, on est strictement en ligne avec nos engagements. On se comprend? Bon, certains ont dit: La question de la rétroactivité... Bien, nous, on croyait que, disant que ça allait s'appliquer maintenant, ça entendait ça. Bon, parfait. Admettons. Donc, on ne dit pas. Mais, à sa face même, il y a les oppositions qui disent: Il n'est pas question, on a aussi des représentations de la population, et moi, je crois que c'était correct de faire ce que nous avons fait. On a respecté les principes, très fermes sur les principes, souples sur les moyens.
Est-ce que j'aurais procédé autrement? C'est un peu... Je ne pense pas parce qu'on l'a fait très franchement, à visière levée. Puis, encore une fois, c'était un engagement, et je pense que vous auriez été les premiers à nous reprocher qu'on ne l'ait pas déposé en disant: Vous traînez. Vous avez dit que, les premiers 100 jours, vous feriez ça. On l'a fait. Après ça, les gens ont dit: Ce n'est pas ça qu'on voulait, tatata, alors on l'a corrigé. Et moi, je crois que c'est correct, tu sais?
Et on va continuer à faire comme ça, je vous le dis, parce que je pense qu'il faut être capable de rester branché sur le monde. Puis je leur ai demandé de le faire. Vous m'avez entendu peut-être, déjà. J'ai dit: Là, il faut qu'on reste un gouvernement de proximité. Parlez aux gens, allez sur le terrain. C'est comme ça qu'on va être un meilleur gouvernement puis que la population va nous faire confiance, parce qu'on va être capables de les écouter puis de leur faire confiance à eux autres aussi.

M. Bergeron (Patrice): Vous avez dit que vous avez accompli beaucoup de travail dans les 100 derniers jours. Mais comment vous expliquez, alors, qu'il reste un fond de grogne ou de scepticisme dans la population actuellement?

Mme Marois: Bien, on va laisser la population s'exprimer éventuellement. Mais, pour l'instant, moi, ce que je me fais dire, là... Depuis trois jours, j'ai rencontré probablement 800... non, 1 000 personnes. Je ne leur ai pas toutes parlé les unes après les autres, mais... J'ai été devant la Fédération des infirmiers et infirmières du Québec, j'ai été devant l'UPA, et l'accueil était plutôt très, très, très chaleureux et très positif. Et, quand je vais sur le terrain rencontrer parfois des gens qui sont plus près de nous mais parfois des gens qui sont de simples citoyens dans des institutions, dans des organisations, en tout cas, ce que je ressens, moi, et ce qu'on me dit... Lâchez pas. C'est ça qu'on me dit.

Mme Barrette (Marie): Une dernière en français. Michel Corbeil.

M. Corbeil (Michel): Bonjour, Mme Marois.

Mme Marois: Oui. Bonjour, Michel.

M. Corbeil (Michel): Vous avez vanté les nombreux gestes que vous avez posés comme gouvernement. Est-ce que vous auriez agi autrement si vous aviez été majoritaires?

Mme Marois: Je ne crois pas. Je ne crois pas. D'abord, on ne pouvait pas en faire plus. Je crois qu'on ne pouvait pas. Techniquement, physiquement, législativement parlant, on ne pouvait pas en faire plus, je peux vous...

Une Voix: Budgétairement.

Mme Marois: Budgétairement parlant, on ne pouvait pas en faire plus. En fait, on ne s'est pas empêchés de déposer des projets, comme gouvernement minoritaire, sauf peut-être d'introduire la question des cégeps dans la loi 101. Parce que, là, on savait très clairement que c'était complètement rejeté, etc. Bien, enfin, complètement... par un grand nombre de personnes consultées, et, l'opposition, c'était clair, il n'y aurait pas de nouvelle loi 101 s'il y avait les cégeps.
Sinon, je vous dirais, je pense qu'on a présenté les engagements, les lois que nous voulions présenter dans les premiers mois de notre mandat et on n'a pas tenu compte du fait qu'on était minoritaires. Une fois dans le mandat, c'est sûr qu'on a dû ajuster des choses à cause de cela et à cause de l'écoute que l'on a à l'égard de la population.

M. Corbeil (Michel): Compte tenu du contexte politique, est-ce que vous vous attendez à des élections en 2013?

Mme Marois: Écoutez, tout est possible. Quant à moi, je vais continuer à faire mon travail comme si j'étais à la tête d'un gouvernement qui a trois ans devant lui.

Une voix: Il va y avoir des élections municipales.

Mme Marois: Ah oui! C'est vrai, il va y avoir des élections municipales aussi, par ailleurs.

Journaliste: Bonjour, Mme Marois.

Mme Marois: Yes.

Journaliste: Do you acknowledge that your transition to power has been difficult or do you really see it differently? Because the opposition is characterizing you are as a leader who is lacking judgement, who is disconnected from the population. And they're surprised by this, they say, because of your years of experience in politics.

Mme Marois: If I have been disconnected from the population, I will not change my mind about certain projects of law or certain measures we presented. I think that is exactly the contrary. I have listened to the population. And, in some projects, we changed some aspects of our laws or of our taxes, if you think about health taxes, but I think we respected our promises. And we presented 15 laws, we presented a budget, we tabled our credits, we announced the concretization of 28 000 new places in day care centers, we announced the new measures for great corporations if they want to invest private investments, we announced a tax credit, we tabled a new project for the Law 101. We made a lot of job.

Journaliste: So, you're proud of your Government and your actions, though you've been accused of backtracking, consistently.

Mme Marois: I am very proud of the results of the action of my Government, that is not perfect, but nobody is perfect, no government is perfect. But we try to be, we would like to be. But we do our best.

Mme Barrette (Marie): Merci. Angelica.

Mme Montgomery (Angelica): Yes. You had talked about the stubbornness of the Liberal Government - stubbornness... «entêtement» - of the Liberal Government...

Mme Marois: Thank you. Thank you very much.

Mme Montgomery (Angelica): Je vais vous aider quand je peux.

Mme Marois: Merci.

Mme Montgomery (Angelica): ...the stubbornness of the Liberal Government and how you have learned from that to make your own adjustments. Can you talk a little bit about it?

Mme Marois: Yes. Because the last Government didn't accept to change his mind about many issues, many major issues if you think about the students during the last spring, if you think about the inquiry on the construction industry and the financing of the political parties. You have a lot of examples. And that think that was very bad for the Québec society, so I decided that will not be the case for our Government. And I assure you that will not be the case in the future.
So, it will be possible, in the next months, we change our mind on some subjects because the population will say to us: That is not the good thing, the right thing to do. And I think it's normal and it's necessary to act in this perspective.

Mme Montgomery (Angelica): And two big changes that we have seen this fall are the Charbonneau Commission and the end of the student crisis. How much influence do you think you're party has had on those two subjects?

Mme Marois: I think we had a very important influence. We were not alone on the «commission Charbonneau», because I think that 70 %... 80 % of the population wanted to have this commission, other parties in the National Assembly wanted this commission, but we didn't stop to ask questions, in the National Assembly, to the Government. And I think we helped to obtain this inquiry, this «commission Charbonneau».
And, about the students, I am sure they stopped their opposition, at the end of the summer... they stopped their - comment on dit ça? - their movement at the end of august because we said: If we are elected, we will change the Law 78 - the Law 12 now - we will cancel the increasing of the tuition fees. And I think we had a real influence on the decisions of the students.

Mme Barrette (Marie): Merci. Deux dernières. Kevin Dougherty.

Mme Marois: Bonjour, Kevin.

M. Dougherty (Kevin): Mme Marois, des lecteurs de mon journal, la Gazette, ils ne sont pas contre le français, je dirais, je pense que c'est vrai, mais ils trouvent que l'anglais, c'est perçu comme le problème, le fait qu'on parle plus anglais à Montréal, tandis qu'on parle beaucoup de français à Montréal quand même. Ils trouvent que c'est injuste.
Et une des choses, dans la loi n° 14, que je trouve peut-être une... une anomalie, pardon, c'est qu'il y a une obligation pour des anglophones au cégep de connaître le français, il y a une option, une possibilité pour des francophones au cégep d'apprendre l'anglais. C'est-à-dire que des diplômés des cégeps anglophones seront bilingues, donc auront un avantage sur le marché du travail contre les diplômés des cégeps francophones, qui n'apprennent que le français. Est-ce que ça ne fait pas un problème?

Mme Marois: Non, je ne crois pas que ce soit un problème. D'abord, les cégeps sont soutenus par de l'argent public. La langue officielle du Québec, c'est le français. Et je crois que, dans nos institutions publiques, on doit s'assurer que, même quand on étudie en anglais, on doive apprendre la langue commune, le français.
Nous allons offrir plus d'options pour les francophones qui fréquentent les cégeps en français d'avoir accès à des cours en anglais parce que nous croyons aussi que, pour les personnes - je dis bien pour les personnes - c'est un avantage que d'être bilingue, même que d'être trilingue.
Mais il me semble qu'il faut être clair: nous voulons continuer de vivre en français, de travailler en français au Québec, de communiquer en français dans les commerces, dans le monde du travail. Et je crois que nous avons raison, que c'est justifié de demander aux jeunes qui fréquentent les cégeps anglophones de sortir de l'école avec une connaissance adéquate du français.

M. Dougherty (Kevin): Mais je pense qu'on n'est pas contre le fait de vivre en français.

Mme Marois: J'ai compris. Je sais ça aussi. Je suis d'accord avec vous.

M. Dougherty (Kevin): Oui. O.K. Je vais poser une question en anglais pour vous permettre de pratiquer votre anglais.

Mme Marois: Ah! J'aimais ça. J'aimais ça. Non, allez.

M. Dougherty (Kevin): So, today we are talking about the first 100 days, which have been fairly intense. How do you see the second 100 days? You're going to have the hearings on Bill 14, for instance.

Mme Marois: We will be better and we will continue to be so active.
No, first of all, some laws have been tabled at this session, but they don't have been adopted, so we will have to work. If you take the example of the 14 law, the law on the French language, we will have a major consultation during the next session. So, we have a lot of work to do. We will have discussions about the royalties on the natural resources. So, I think we have a lot of job to do.

Une voix: ...

Mme Marois: Pardon?

M. Marceau: La Banque de développement.

Mme Marois: Yes, sure. We will create la Banque de développement économique du Québec. So, I think we will be very active, we will continue with the same... rhythm? I'm not sure.

M. Dougherty (Kevin): It is not necessary.

Mme Marois: It's not necessary.

Mme Barrette (Marie): Merci. Dernière. Caroline Plante.

Mme Plante (Caroline): Premier, your mandate began with a very tragic event at the Métropolis, and there's an opinion piece, in Le Devoir today, blaming the English media. Do you think that the English media are partly responsible for what happened on September 4th?

Mme Marois: No, I don't think so. But, one thing that I'm sure, that was a... Comment on dit ça, en anglais, un attentat?

Une voix: ...

Mme Marois: Attentat. I'm sure it was an attentat. I'm sure of that. Maybe the people had some psychological problem. I don't know, we will see. But I'm sure because, you know, when he came and tried to kill me - that was the case - badly, he killed another person and he injured another one. That was, I think, an attentat.

Mme Plante (Caroline): And, this morning, the Liberals slammed your Government on the way that you communicated certain information. They said that you purposely hid some information. They talked about the credits, they talked about the double nomination of Mr. Boisclair. Will you change your communication strategies next spring?

Mme Marois: I think we will improve our communication strategy. But, until now, we tried to do the right thing and to adopt the right policy, the right way to do our communication. But, if it is possible to improve these ways to communicate, we will do that.

Mme Plante (Caroline): Thank you.

Mme Marois: Merci beaucoup. Merci. Bon Noël! Là, vous pouvez applaudir.

(Fin à 14 h 47)

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