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Point de presse de M. Christian Dubé, porte-parole du deuxième groupe d'opposition pour le Conseil du trésor

Version finale

Le mardi 19 mars 2013, 11 h 15

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures seize minutes)

M. Dubé: Alors, bonjour à tous, ce matin. Peut-être, en commençant, pour détendre l'atmosphère, je vous dirais qu'après avoir pris connaissance, dans les dernières heures, du communiqué sur le logiciel libre, je vous dirais que ce n'est pas ce matin que M. Bédard peut sortir sur son balcon puis annoncer: Vive le logiciel libre!
Je pense que M. Bédard est en train de faire, selon moi, un autre recul sur un élément important de ce qui pourrait être fait, de ce qui a été présenté par le Parti québécois dans les dernières semaines, puis je pense qu'il est encore une fois en train de s'attacher les mains avec les grands fournisseurs informatiques, sans les nommer, au détriment du logiciel libre.
Pourquoi je dis qu'encore une fois c'est un recul? Il faut mettre en contexte... il faut mettre en contexte que le choix que le gouvernement a en ce moment sur les logiciels libres, c'est de continuer avec ces grandes firmes informatiques là dans les logiciels que l'on connaît tous, en fait, qui sont les logiciels de bureau qui nous permettent de faire notre traitement de texte, etc., et qui sont répandus tout partout dans le gouvernement. Et la dépense qu'on imagine ou qu'on va avoir à faire dans les prochaines semaines, prochains mois, on parle d'un montant, là, ce n'est pas des pinottes, là, on parle de 1,4 milliard de dollars.
Donc, l'annonce que vous avez vue ce matin, d'un côté dit: On est pour le logiciel libre, on veut investir dans ça, on va faire des projets pilotes, etc. Mais, dans la vraie vie, c'est ce que vous ne voyez pas dans l'annonce qui est important. Ce n'est pas l'annonce qui est là, c'est ce qui n'est pas dans l'annonce. Et ce qui va arriver dans les prochains jours, parce que tout le monde est quand même de plus en plus conscients, vous le savez, on a posé cette question-là depuis des semaines, depuis des mois, c'est combien le gouvernement va avoir à débourser pour renouveler tout son portefeuille de logiciels de bureau. C'est le fameux 1,4 milliard.
Alors, si l'annonce de ce matin dit une chose, et que, dans les prochaines semaines, c'est-à-dire avant la fin du décret, le fameux décret qui vient à terme le 31 mars, bien, on dépense encore 1,4 milliard de façon mur à mur dans tous les ministères, dans tous les organismes du gouvernement, bien, l'annonce que vous avez eue ce matin, ce n'est qu'un écran de fumée parce qu'en vraie vie ce n'est pas ça.
Et moi, ce qui me préoccupe, puis je vais me permettre, si vous me permettez, je vais me permettre de citer quelqu'un que vous connaissez bien, qui est Mme Malavoy, qui, en novembre 2011 - puis excusez-moi si je vais lire un petit peu, là - mais que, le 17 novembre, elle a dit à Mme Courchesne, elle a dit: «Ce qu'il manque à ce gouvernement, c'est de la volonté, c'est du courage, c'est de la capacité de vaincre les résistances au changement, c'est la capacité de confronter les lobbys des grands logiciels propriétaires. Pourquoi la ministre Courchesne dit-elle une chose et fait le contraire dans un décret?»
Et ce qu'elle demandait, puis moi, je le redemande à M. Bédard, qu'il réponde à la question de Mme Malavoy, que Mme Malavoy posait il y a un an, parce qu'elle est en train de contourner la loi n° 133 puis elle est en train de dire exactement ce qu'ils ne voulaient pas faire il y a quelques années. Elle est en train de refaire la même chose.
Alors, moi, ce que je soupçonne, c'est que le gouvernement est encore en train malheureusement de s'attacher les mains. Je comprends les gens du logiciel libre qui sont inquiets. Si le gouvernement voulait être réaliste... puis moi, je vous demande - je sais que vous avez beaucoup d'intérêt pour ce dossier-là - ce que je vous demande, c'est - puis moi, je vais continuer de le faire, notre parti va continuer de le faire - mais de surveiller vraiment les prochains jours, qu'est-ce qu'il va arriver d'ici le 31 mars. Parce que si, d'ici le 31 mars, ce qu'on entend, c'est qu'on dépense encore 1,4 milliard pour faire du mur-à-mur, bien, ce qu'on va avoir entendu aujourd'hui puis dans les derniers jours, c'est de la frime puis c'est malheureusement ça qui nous inquiète beaucoup.
Laissez-moi vous donner peut-être une mauvaise comparaison. Vous savez comment on a appris les mesures de l'aide sociale dans les dernières semaines. Il a fallu regarder dans la Gazette puis aller voir les petites lignes de ce qu'il se passait vraiment. Moi, vous savez, ce qui m'inquiète, là, c'est que je pense qu'on va peut-être voir la même chose avec une dépense de 1,4 milliard, puis vous comprenez comment c'est gros, là. Xe n'est pas seulement l'argent qu'on donne à la compagnie XYZ, mais c'est tous les logiciels de mission qu'il faut mettre à jour avec ces mises à jour là. Il faut, en plus, aller entraîner tout le personnel. On parle des centaines de milliers d'ordinateurs qui doivent être faits là-dessus puis c'est malheureusement probablement dans la Gazette officielle que vous allez voir ça, quand il va être trop tard pour le faire.
Alors, je le redemande et j'apprécie beaucoup que tout le monde suive ça de près dans les prochains jours. J'espère qu'il ne faudra pas attendre la publication de la Gazette officielle pour voir vraiment si la politique du gouvernement en termes de logiciels libres qu'on a entendu parler ce matin, c'est de la frime ou s'il y a une volonté réelle de changer les choses.

M. Boivin (Simon): Est-ce que vous ne pensez pas qu'il y aurait un risque associé à une implantation à grande échelle, de façon soudaine, là, de logiciels libres pour tous les postes informatiques, les 700 000 dont on parle qui doivent être... qui doivent migrer? Et, avec la formation que ça implique aussi pour les gens qui doivent s'habituer à ça, ce n'est pas un risque aussi associé à ça puis une dépense associée à ça?

M. Dubé: Bien, il y a un risque, à mon avis, d'aller à un mur-à-mur des deux côtés. Si on disait qu'on va mur à mur dans le logiciel libre aujourd'hui, je vous dirais qu'à mon avis c'est aussi fou puis ça ne fait pas plus de sens que d'aller mur à mur avec les logiciels propriétaires comme je pense qu'ils vont faire.
Nous, on... Rappelez-vous, dans les crédits, il y a à peu près un mois, lorsqu'on discutait ce sujet-là, là, puis on n'avait pas beaucoup d'informations, on a dit qu'il devrait y avoir même une extension. On était prêts à donner une extension au décret qui finit dans quelques semaines, en autant qu'en échange il y avait une garantie d'en mettre une proportion importante pour tester ça. Mais entre un petit projet pilote de 10 millions puis un projet pilote sérieux dans un ministère comme l'Éducation, c'est là que je pense qu'il faut trouver cet équilibre-là, dire: Qu'est-ce qu'on va faire dans les trois prochaines années pour mettre un sérieux là-dedans? Alors, tout un ou tout l'autre, ce n'est pas bon.
Mais c'est quoi cette proportion? Bon, l'industrie dit que c'est 700 millions du 1,4 milliard. Moi, je suis un peu mal placé, là, pour vous dire... c'est-u la bonne proportion? Mais un juste équilibre entre les deux, je pense, aurait été raisonnable, puis, moi, c'est ça que je nous demande de suivre dans les prochains jours.

M. Boivin (Simon): Mais le ministre parle de faire des projets-phares, pas seulement des projets pilotes, mais des projets-phares dans différents ministères, dont au Revenu. Ça, vous ne pensez pas que c'est une façon de, par étapes, établir la crédibilité d'un logiciel libre qui commence à être implanté puis, par la suite, ouvrir un peu plus? Il faut aller... ouvrir plus grandement?

M. Dubé: Oui, mais où est l'argent? Si vous me dites qu'on va le faire, bien, je vais dire: Montrez-moi, dans le 1,4 milliard, y a-tu 200 millions, 500 millions qui est mis là-dedans au cours des deux prochaines années. Mais, si on dit que ça va prendre deux ans, dépenser le 1,4 milliard, bien, je peux vous dire que c'est de la frime, ce qu'on se fait dire là, là. C'est exactement ça.
C'est pour ça que vous allez voir, dans les prochains jours, puis je pense que vous allez voir qu'on va surveiller ça de proche pour voir, dans la petite gazette, là, ce qui est écrit en lettres fines, combien de cette marge de manoeuvre là, là, le gouvernement s'est gardée pour faire vraiment ces projets-phares-là. Ça fait qu'entre l'annonce, ce qu'on dit puis ce qu'on va vraiment faire, c'est ça que je pense qu'il faut surveiller très, très fortement dans les prochains jours.

M. Boivin (Simon): Est-ce que vous vous attendez à une augmentation des bordereaux de commande du Centre de services partagés vers les grands fournisseurs d'ici le 31 mars, parce que c'est la date à laquelle le décret...

M. Dubé: S'ils sont sérieux - puis j'apprécie votre question - je pense qu'ils devraient dire, premièrement: On devrait retarder le décret un peu, hein, on devrait se donner plus de manoeuvre pour bien négocier avec ces firmes-là et de dire maintenant... Prenons l'exemple du projet-phare en éducation, si c'en est un, ce n'est pas parce que le fournisseur de logiciels dit: Je ne le supporte plus à partir de telle date, mais je serais d'accord à vous dire: Bien, écoutez, oui, je suis capable de prendre un risque. Moi, M. Bédard, moi, la ministre de l'Éducation, Mme Lavoie... Mme Malavoy, je suis prêt à prendre un risque. Ça se peut que mon logiciel plante, mais c'est peut-être moins grave dans une maternelle que dans un hôpital. Et avec quoi je suis prêt à faire ça et je suis prêt à dire qu'il y a 300 millions, 400 millions, 500 millions du 1,4 milliard que je ne mets pas dans le logiciel propriétaire, mais que je vais vraiment mettre dans mon ministère de l'Éducation?
C'est pour ça que je vous dis, c'est dans les prochaines semaines, puis j'espère que le gouvernement va avoir la maturité et, je dirais, le professionnalisme d'être transparent et de faire les bonnes décisions qu'il doit faire. C'est beaucoup d'argent, là. 1,4 milliard, c'est beaucoup d'argent, puis je ne pense pas qu'ils ont l'air d'être sérieux dans ce principe-là en ce moment.

M. Journet (Paul): Est-ce qu'on a des ressources, en ce moment, pour faire cette transition-là vers le logiciel libre? Parce que j'imagine qu'il y a beaucoup de formation qui serait nécessaire, peut-être aussi une certaine expertise pour installer ça. Donc, peut-être deux questions: Est-ce qu'on a les ressources et puis est-ce qu'on est capable d'évaluer les coûts pour faire cette transition-là?

M. Dubé: En fait, votre question est très bonne. On a autant des ressources dans le logiciel libre qu'on les a dans les logiciels propriétaires. Vous savez, c'est des ressources qui sont différentes, mais on a... si je regarde au Québec puis si je regarde en Amérique, il y a des gouvernements qui sont rendus tellement loin dans le logiciel libre que, moi, c'est la dernière de mes préoccupations. L'expertise, elle est là, elle est là dans les grandes firmes externes, elle est là, mais il faut avoir la volonté de faire ça.
Alors, moi, ce n'est pas une question d'expertise, c'est une question de dire: Est-ce qu'on veut aller là? Je pense que la résistance, je vais me permettre de dire qu'elle vient beaucoup de la machine gouvernementale. Et malheureusement il ne semble pas y avoir la volonté du gouvernement de dire: On va challenger un petit peu cette machine gouvernementale là. Mais je vous dirais bien humblement que je ne pense pas que c'est une question d'expertise. Merci beaucoup.

(Fin à 11 h 26)

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