Point de presse de Mme Karine Vallières, députée de Richmond
Version finale
Le mardi 9 avril 2013, 15 h 20
Salle Bernard-Lalonde (1.131),
hôtel du Parlement
(Quinze heures vingt minutes)
Mme Vallières: Merci. Alors, bonjour, tout le monde. Merci d'être là. Écoutez, je veux réagir à la sortie qu'a faite Mme Maltais juste avant la période de questions, aujourd'hui. Honnêtement, je suis vraiment des plus déçues de cette sortie-là. On s'attendait vraiment à plus, alors, pour moi, c'est vraiment carrément une autre déception. Et c'est carrément insultant, tout simplement, ce qu'elle vient de nous annoncer aujourd'hui. Depuis le 27 février, donc 41 jours, qu'on la talonne, les organismes, le Conseil du statut de la femme, la Commission des droits, etc., j'en passe énormément, on s'entend tous pour dire que ce règlement-là n'a pas de sens et qu'elle devrait nous écouter et reculer.
Donc, elle sent la soupe chaude, évidemment, Mme Maltais, là-dedans, alors elle nous arrive avec des aménagements qui, somme toute, sont cosmétiques seulement aujourd'hui dans ce qu'elle nous annonce, avant même la fin des consultations, hein, en plus. Donc, je pense qu'elle essaie tout simplement de venir gagner du temps ici aujourd'hui. Il n'y a absolument rien de nouveau. C'est, pour moi, là, carrément une tentative de diversion.
Alors, le fond est le même: il y aura des coupures. Et en plus, à la réponse d'une question que je lui ai posée à la période de questions, elle nous dit, non, qu'elle ne renoncera pas au règlement, mais en plus qu'il n'y a pas de coupures à l'aide sociale. Donc, je m'excuse, mais, le 20 millions, il y a vraiment un moins en avant. Donc, si elle ne sait pas ce que ça veut dire, on pourrait lui expliquer. Alors, c'est vraiment des coupures qui auront place, et, ça, on ne peut pas le cacher, là.
Alors, ce avec quoi elle est arrivée en communiqué aujourd'hui en point de presse, on parle des personnes seules. C'est un dossier que le Parti libéral du Québec avait déjà commencé à regarder, s'y attardait déjà. Il a été reconnu qu'on a fait énormément pour les familles au cours des 10 dernières années, suite à la mise en place de la nouvelle loi sur la pauvreté. Et donc c'était le prochain plan d'action, alors... Et, dans ce même communiqué là, Mme Maltais nous mentionne que... elle cite, en fait, Alain Noël, hein, pour dire qu'on pourrait, par exemple, accomplir pour les personnes seules ce qui a été fait pour les familles au Québec. Si elle avait lu juste un petit peu plus la recommandation de M. Noël, c'est justement d'aller de l'avant avec le même type de mesures qui ont été mises en place pour les familles au Québec. Alors, on ne les a pas coupées, on a majoré les montants qu'ils recevaient pour les enfants, pour les familles.
Alors, c'est vraiment aberrant, tout ça. Aujourd'hui, c'est vraiment de la poudre aux yeux, on essaie de calmer le jeu, tout simplement. Alors, comme je le disais tout à l'heure, Mme Maltais, ce qu'elle nous a proposé, c'est un plat carrément indigeste. Et là ce qu'elle fait aujourd'hui avec son point de presse, c'est tout simplement nous obliger à le manger avec encore plus des petites bouchées. C'est vraiment insultant, comme je disais tout à l'heure.
Ma demande, là, elle est simple et claire. On demande tout simplement à Mme Maltais et au gouvernement péquiste de retirer son projet de règlement et de renoncer à ces coupures. Et, en ce sens, sachez qu'il y a une motion qui a déjà été mentionnée pour demain - et je peux vous la lire, là - dans les affaires inscrites par les députés de l'opposition officielle. Donc, motion de demain:
«Que l'Assemblée nationale dénonce le double discours du gouvernement péquiste, qui, d'un côté, dénonce les réformes touchant les bénéficiaires de l'assurance-emploi mises en place par le gouvernement fédéral sans études préalables et, de l'autre côté, s'attaque lui-même aux prestataires de l'aide sociale sans donner les statistiques à l'appui;
«Que l'Assemblée nationale exige de la ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale qu'elle renonce à son projet de Règlement modifiant le règlement sur l'aide aux personnes et aux familles, dont certains éléments sont susceptibles de contrevenir à plusieurs dispositions de la Charte des droits et libertés de la personne.»
Alors, voilà.
Mme Nadeau (Jessica): Mais, Mme Vallières, vous êtes les premiers à critiquer le gouvernement quand il recule puis à dire: Le gouvernement n'arrête pas de reculer. Et là vous lui demandez de reculer et vous chialez parce qu'il ne recule pas. Est-ce que le gouvernement n'est pas pris dans une situation, là, entre l'arbre et l'écorce, là?
Mme Vallières: Est-ce qu'il faudrait peut-être... Je repose la question au gouvernement: Est-ce qu'il ne faudrait pas qu'ils reculent sur des mesures où ils ont besoin de reculer, justement?
M. Lavallée (Hugo): Mais vous n'êtes pas satisfaite, quand même, des assouplissements qui ont été annoncés aujourd'hui? Entre autres, la ministre qui dit: Bien, pour les gens qui ont déjà entre 55 et 58 ans, on va considérer que c'est un droit acquis pour eux, on ne va pas pénaliser non plus les gens qui sont avec un enfant dont les deux membres sont sur l'aide sociale, les deux membres du couple, vous ne voyez pas là, quand même, des signes de progrès?
Mme Vallières: Il n'y a rien de nouveau dans ces parties-là, là. Ce qui a changé, ce sont des dates par rapport aux couples sans enfants. Au lieu d'être coupés au 1er juin, ils vont l'être au 30 septembre. Par rapport aux 55 et 58 ans, elle l'avait déjà mentionné, que, les gens qui y étaient déjà, ça allait être un droit acquis. Mais ça ne change pas la quantité phénoménale de personnes qui vont se retrouver à avoir des pertes financières tangibles et qui ne seront pas capables de se loger, de se nourrir adéquatement à partir du 1er juin, là.
Mme Nadeau (Jessica): Mais ce n'est pas mieux que rien, ce qui a été annoncé aujourd'hui? C'est quand même un petit pas, là.
Mme Vallières: Non, je pense que... Dans des circonstances comme celles-là, pourquoi elle n'a pas attendu la fin des consultations? Il y a encore des groupes qui ont des mémoires à déposer. Elle ne prend pas le temps d'écouter tout le monde. Je pense que c'est tout simplement... elle sent la soupe chaude, elle veut donner un petit nanan pour calmer tout le monde.
Je pense qu'elle devrait se rasseoir, analyser ses choses comme ça, prendre le temps de regarder quels sont les chiffres, quelles sont les mesures qu'on veut mettre en place. S'il y a quelque chose à faire avec les personnes seules, pourquoi elle ne l'a pas analysé au tout départ avec les mesures qu'elle allait mettre en place dans son fameux règlement, qu'elle nous a servi en cachette? Donc, tout ça se fait tout croche. Ça fait que qu'ils prennent le temps de regarder leurs affaires. C'est à eux de gérer, c'est eux qui sont au gouvernement aujourd'hui.
Mme Prince (Véronique): Vous ne voulez pas attendre en mai avant de dire que vous êtes déçue, attendre de voir qu'est-ce qui va être annoncé comme enveloppe en mai? Ce ne serait pas le moment plutôt de lancer d'autres mises en garde d'ici là ou déjà vous savez que ça ne fera pas l'affaire, ce qui va être annoncé au mois de mai?
Mme Vallières: Attendons de voir. Il faut laisser la chance au coureur là-dessus. Mais elle lance des miettes comme ça. Elle vient d'ores et déjà nous mentionner qu'elle n'a pas l'intention de renoncer sur son règlement. Donc, en ce sens-là, c'est déjà une déception, de toute façon. Et, si ce ne sont que ces miettes-là qu'elle sert aux gens, ils n'auront rien de plus et, somme toute, à la fin du mois, ils ne seront pas capables de se loger, de se nourrir.
Et, dans des conditions comme celles-là, comment veut-elle les inciter à retourner au travail? Donc, même Alain Noël, comme je le disais tout à l'heure, est un de ceux qui préconisent d'aider, de façon financière, d'une façon plus accrue pour qu'ils puissent réintégrer le marché du travail éventuellement.
M. Robillard (Alexandre): Est-ce que le gouvernement a les moyens de bonifier la prestation pour les personnes seules, comme Mme Maltais a l'intention de le faire?
Mme Vallières: Ça, c'est à voir. Comme je n'étais pas là dans les analyses qui étaient faites par le Parti libéral du Québec, où en étaient les données, etc... Est-ce qu'on a les moyens, par contre, d'appauvrir les plus pauvres encore? Je lance la question à Mme Maltais aussi.
M. Lavallée (Hugo): Bien, vous, vous feriez quoi exactement pour améliorer le retour à l'emploi des assistés sociaux alors?
Mme Vallières: Je n'ai rien à dire contre les mesures d'aide à l'emploi que Mme Maltais veut mettre en place. On en mettait également, donc, ça, il faut les continuer. Mais, moi, ce que je dis, c'est qu'avec ces mesures-là il ne faut pas venir leur dire: On va te pénaliser si tu ne te sers pas des mesures à l'emploi. Ce qu'il faut leur dire, c'est: On va t'aider. Tu vas, en plus, avoir des mesures d'aide à l'emploi, tu vas réintégrer le marché du travail. Les statistiques sont là.
Les 55 ans à 58 ans, oui, on en a de plus en plus besoin sur le marché du travail, mais pour ça il faut juste les y pousser un petit peu plus en les aidant et non pas en y allant de façon coercitive, là.
M. Lavallée (Hugo): Avec la carotte, pas le bâton, là, c'est ça?
Le Modérateur: Plus de questions. Merci beaucoup.
Mme Vallières: Merci.
(Fin à 15 h 27)