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Point de presse de M. Amir Khadir, député de Mercier et de Mme Françoise David, députée de Gouin

Version finale

Le mercredi 8 mai 2013, 15 h 50

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Quinze heures quarante-neuf minutes)

Mme David: Bonjour. Alors, écoutez, nous sommes ici, Amir Khadir et moi, pour réagir, donc, à l'annonce que vient de faire le ministre de la Sécurité publique, annonce très décevante - nous sommes très au clair là-dessus - très décevante. La demande de très, très nombreux groupes et aussi de Québec solidaire, c'était une enquête publique, pas des réunions à huis clos avec des gens qui ne sont même pas obligés de venir rencontrer les trois commissaires, hein? Par exemple, du côté policier, si on ne veut pas répondre, on n'a même pas besoin de venir. Alors, ça, c'est vraiment un problème sur la méthode de travail.
Deuxième problème d'égale difficulté: le mandat. On croirait entendre un ministre nous parler de gens qui vont nous faire des thèses de doctorat sur la sociologie du printemps érable. Mais ce n'est pas ça que le gens demandent puis ce n'est pas ça qu'on demande. On demande une enquête publique sur les agissements de la police, sur les nombreux dérapages qui ont eu lieu durant ce qu'on a qualifié de printemps érable. C'est ça, la demande. Et, à cette demande, finalement, le ministre ne répond pas. Les trois commissaires ont un mandat immensément large, y compris d'aller voir ce qui se passe ailleurs, etc. Ce n'est pas ca, la question.
Troisièmement, ce qui est assez navrant dans tout ça, c'est qu'à chaque fois que le ministre de la Sécurité publique ou tout autre personne de ce gouvernement - j'ai vu Mme Marois le faire au Sommet sur l'enseignement supérieur - à chaque fois qu'il parle des événements du printemps dernier, c'est toujours pour qualifier ça de crise sans précédent, épouvantable, et le ministre disait tout à l'heure: Il faut savoir en détecter les signes avant-coureurs pour prévenir ce genre de crise. Nous convenons à Québec solidaire que ça a été un printemps un peu intense. Il y a eu des difficultés, c'est certain, il y a eu des dérapages policiers, il y a eu des problèmes parfois de l'autre côté aussi, mais il y a eu surtout 95 % de manifestations tout à fait pacifiques, rassemblant des centaines de milliers de personnes et, finalement, un renouveau social qui a amené des milliers de jeunes à voter, le 4 septembre dernier. Alors que beaucoup de jeunes ne votaient pas, nous avons rehaussé de façon spectaculaire le niveau de vote. Un gouvernement a été battu, un autre est entré, les droits de scolarité ont été abolis. Enfin, il faudrait arrêter de parler du printemps érable uniquement comme d'une crise sociale.
Alors, nous aurions vraiment souhaité une commission d'enquête publique avec des pouvoirs contraignants pour que les gens à qui on demandait de venir témoigner soient obligés de le faire.

M. Journet (Paul): Vous n'avez pas, quand même... Vous avez entendu la réponse du ministre Bergeron sur pourquoi il ne fait pas une enquête publique. Il dit qu'il craint pour les éléments de preuve dans les processus, qu'ils soient déontologiques, disciplinaires ou peut-être même criminels. Le risque, il demeure. Qu'est-ce que vous répondez à ça, parce que...

M. Khadir: Regardez, j'ai cru entendre... Quand j'ai entendu mon ami Stéphane Bergeron vous répondre avec ces réponses dilatoires, qui tentait d'éviter de répondre à la chose, j'ai cru entendre un ministre libéral. J'ai cru entendre, en fait, le ministre de la Sécurité publique du temps libéral. Et, quand j'ai compris ce que le ministre Bergeron nous annonçait aujourd'hui comme commission, bien, je me suis dit: Si Stéphane était encore dans l'opposition et critique en matière de sécurité publique, il aurait probablement traité ça comme il l'a fait l'autre fois, d'une «patente à gosses pour noyer le poisson».
Ce qu'on veut savoir, c'est que les dérives qui ont fait que ce qui était un printemps, un renouveau de la jeunesse québécoise et qui aurait pu se passer autrement, est devenu une véritable crise, si on en croit Mme Marois et M. Bergeron, bien, c'est des dérives de la police, pour l'essentiel. Oui, il y a eu des débordements, mais, au lieu de les contrôler de manière raisonnée et raisonnable, on a assisté à une dérive policière et répressive qui a fait qu'aujourd'hui on en est là puis on veut savoir les tenants et aboutissants de cette dérive, quelles commandes politiques et quelles responsabilités, et les... ce qui a été utilisé, ce qui a été fait par la police, que ça ne se reproduise plus. Une répression sévère des gens qui ont perdu... des jeunes qui ont perdu leur oeil, qui ont eu le crâne fracturé, la mâchoire fracturée, on ne veut pas avoir ça comme réponse de l'État à des demandes avec lesquelles l'État n'a pas à être d'accord, mais à des demandes raisonnables.

Mme Prince (Véronique): Est-ce que vous trouvez que les trois personnes qui font partie du comité, c'est trois personnes qui sont suffisamment neutres pour faire la lumière là-dessus?

Mme David: Écoutez, sur la composition du comité, ça, nous allons le regarder. On ne trouvera... De toute façon, soyons clairs, là, il n'y a personne qui est neutre au Québec, personne, face à ce qui s'est passé le printemps dernier. Alors, je sais bien qu'il y a d'autres partis d'opposition qui vont déchirer leur chemise en disant: Oui, mais, là-dedans, il y a peut-être des gens plus proches du PQ, etc. Essayez donc de trouver une seule personne, hein, qui n'a pas de position intérieure, là, face au printemps dernier. À notre avis, le débat, ce n'est pas ça. Le débat, c'est sur le mandat du comité et c'est sur les contraintes qu'il a, ce comité, par rapport à ce qu'aurait dû être, ce que devrait être une véritable commission d'enquête publique.

M. Pépin (Michel): Donc, contraintes... parce que j'ai manqué un petit peu le début, peut-être, de la question de mon ami Paul.

M. Journet (Paul): ...

M. Pépin (Michel): O.K. D'accord. Vous voudriez avoir une commission d'enquête publique...

Mme David: Oui, et indépendante.

M. Pépin (Michel): ...en vertu de la Loi sur les commissions d'enquête.

Mme David: Absolument. De la même façon, mon collègue le disait tout à l'heure, que les péquistes, dans l'opposition, ont réclamé pendant des années une commission d'enquête publique indépendante, qui finalement existe, qui est la commission Charbonneau, de la même façon, beaucoup de groupes et Québec solidaire demandent une commission d'enquête publique et indépendante sur les agissements de la police au printemps 2012.

M. Journet (Paul): Juste pour compléter. La commission d'enquête publique...

M. Khadir: Et, pour votre information, il y en a eu...

M. Journet (Paul): ...indépendante, est-ce que vous souhaitez sur les agissements de la... les corps policiers mais aussi des manifestants?

Mme David: Mais ça va nécessairement venir dans le débat. Si une commission d'enquête publique et indépendante observe les agissements policiers, mais, évidemment, les policiers vont venir expliquer qu'ils faisaient leur travail dans tel contexte et qu'il s'est passé telle chose. Cela ne l'exclut pas. Mais nous pensons, nous, que le projecteur doit être remis, d'abord et avant tout, sur les agissements policiers.

M. Pépin (Michel): Oui. Vous comprenez que, quand on détermine un mandat, quand le gouvernement détermine un mandat, bien sûr, il peut y avoir des sujets et incidents, là, qui peuvent être abordés, mais le mandat est extrêmement important, là, si on dit strictement... Et, à votre avis, ça ne devrait être que les agissements des policiers. Est-ce qu'on doit... devrait examiner... Première question, un petit b: Est-ce qu'on devrait examiner, comme on le fait dans le mandat actuel, là - on parle de l'ensemble des facteurs, ça semble inclure des facteurs politiques, là, si je comprends bien - mais l'ensemble des facteurs liés à cette cause, liés à cette crise sociale? Est-ce que vous allez... Ça, est-ce que vous êtes d'accord avec ça, là? Comment vous voyez ça?

Mme David: Écoutez, qu'il y ait, en toile de fond, un décor politique et un décor social, tout le monde va en convenir. Ça ne sera pas très long, là, pour que cette commission... enfin, cette commission, je ne sais pas si on doit l'appeler une commission d'enquête quand c'est à huis clos à ce point-là, mais ce ne sera pas bien, bien long, là, pour elle, de se dire: Oui, il y a là un gouvernement qui a refusé de discuter avec sa jeunesse. Bon. Est-ce qu'on est bien plus avancés, là, une fois qu'on s'est dit ça et puis d'observer, là - j'ai pris ça en note, là - le rôle des médias sociaux? Bien oui, tout le monde a utilisé les médias sociaux, de tous les côtés.
L'important, là, c'est ça qui était la demande des groupes, c'est ça qu'est la demande de Québec solidaire, c'est une commission d'enquête publique et indépendante sur les agissements de la police. Mais on est extrêmement conscients que, ce faisant, et ce n'est pas incident, ce n'est pas par extension, ce faisant, évidemment, une telle commission d'enquête regarderait le contexte, qu'est-ce que la police devait faire à tel moment devant tel type de manifestant. C'est évident que ça en fait partie.

M. Khadir: Rappelons-nous qu'il y a à peine cinq ans on a eu une commission publique - je ne me rappelle plus du nom du juge, je pense, Poitras - sur les événements dans Montréal-Nord, une petite émeute de quelques jours et, évidemment, un dérapage policier, comme on l'a constaté. On a eu une commission publique où les gens sont venus se faire entendre. Au minimum, sur quelque chose qui a occupé les Québécois pendant six mois, puis autant de, je dirais, de comportements que le bon sens même rejetait, de la part des policiers, avec des balles de plastique tirées sur les jeunes, qui a crevé des yeux, qui a cassé des têtes, qui a cassé des bras, bien, on veut savoir pourquoi ça a été fait et dans quelles circonstances ils ont été amenés à faire ça.

M. Pépin (Michel): Est-ce que ça vous a étonné... J'ai soulevé la question directement avec le ministre Bergeron, à savoir s'il souhaitait, par cette question-là, soulever auprès de cette commission spéciale d'examen, à savoir si l'usage d'armes genre ARWEN, là, justement avec, bon, balles de plastique, tout ça, s'il souhaitait avoir des recommandations à cet égard-là. Je n'ai pas eu de réponse vraiment formelle par rapport à ça. Mais est-ce que vous croyez qu'on doit avoir des dispositions claires, des recommandations précises?

M. Khadir: Le mandat, justement, c'est ça qui... Quand je vous dis que, si Stéphane était là, connaissant la rigueur et l'intelligence de Stéphane, la première critique qu'il aurait opposé à sa propre annonce de commission, c'est que c'est une patente à gosses pour noyer le poisson. Parce que c'est là, les véritables questions. Pourquoi il n'a pas été capable de répondre à votre question? Le vrai poisson, c'est ça.
On veut savoir pourquoi on a utilisé des armes aussi létales, aussi dangereuses pour répondre à une demande qui vient de nos jeunes, de la société. Parce que beaucoup de gens ont dit : Une société, un État qui n'est pas capable de régler une crise politique à laquelle il faut une réponse politique, par le dialogue, par le débat démocratique et qui est obligée de recourir à la violence, bien, ça ne nous ressemble pas. C'est à cette question que la commission doit répondre. Pourquoi on a fait ça? Pourquoi on a utilisé ces balles? Pourquoi on a utilisé autant de répression avec autant de dégâts?

Mme David: Merci.

M. Khadir: Merci de votre attention.

(Fin à 15 h 59)

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