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Point de presse de M. Robert Poëti, porte-parole de l'opposition officielle en matière de sécurité publique

Version finale

Le mercredi 8 mai 2013, 16 h 30

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Seize heures vingt-six minutes)

M. Poëti: Alors, bonjour à vous tous. Écoutez, l'expérience politique, hein, ça s'acquiert au fil des jours, alors j'en ai eu toute une aujourd'hui, une expérience politique. En fait, ce qu'on a entendu aujourd'hui, ce n'est pas le ministre de la Sécurité publique, c'est le député péquiste de Verchères. C'est ça qu'on a entendu clairement. En fait, ce qui a été étonnant et probablement la ligne que je vais retenir, la meilleure, c'est un journaliste qui lui a posée, en disant: Dans votre préambule, M. Bergeron, vous soulignez le Parti libéral et vous soulignez la loi n° 78 et, du même jet, en des termes à peine voilés, vous demandez à cette commission d'enquête secrète d'essayer de comprendre quelles sont les causes et raisons de ce qu'on a connu au printemps dernier.
Alors, dans le début de son préambule, il a donné, en fait, la réponse de ce qu'il veut avoir de cette commission. C'est assez décevant et c'est malheureux. Il faut que le ministre comprenne qu'aujourd'hui il a perdu la confiance des 15 000 policiers du Québec. Ça, c'est clair, qu'il le réalise. Il a perdu aussi la confiance des commerçants de Montréal, des citoyens qui ont été pris dans le métro de Montréal, de tous ceux qui ont vécu les événements dramatiques du dernier printemps dans le métro, qui ont du sortir en catastrophe en se demandant ce qui se passait. Il a perdu la confiance des usagers des ponts de Montréal, il a perdu la confiance des résidents de Montréal qui auraient voulu avoir un peu de paix.
Et ça, pour moi, pour le député de Verchères, de créer cette commission... et, encore là, deuxième étonnement, mais majeur, la première ministre qui a dit: Tolérance zéro, transparence à 100 %; on va faire une espèce de commission secrète, une commission secrète, c'est-à-dire à huis clos, parce qu'on ne voudrait pas que les gens qui y viennent témoigner soient attaqués ou soient poursuivis par des policiers. Il y a une nette différence entre la commission Charbonneau, où des gens de la mafia, identifiés, là, sont venus nous dire, là, qu'ils faisaient de la collusion, de la corruption, des menaces, des vols, de la malversation, et ces gens-là font ça en public, et des gens qui se disent avoir été maltraités ou qui ont connu des moments difficiles dans une manifestation et qui mettent responsables les policiers vont pouvoir le faire d'une façon secrète, à huis clos. Écoutez, mon étonnement, encore une fois, je pense qu'on est devant, ici, aujourd'hui, d'une récupération politique injustifiable.
Les gens du Parti québécois ont le droit d'avoir des opinions. Ils ont porté le carré rouge, ils se sont promenés avec les étudiants. Il y a des organisations syndicales qui l'ont dit, là, je n'invente rien, ont appuyé les manifestations, ont payé des autobus, ont payé des choses pour aider à ces manifestations-là, et on demande à une présidente, une ancienne présidente d'un syndicat de venir s'asseoir pour écouter sur le travail des policiers. Écoutez, j'ai du respect pour sa compétence au niveau syndical, c'est une grande dame du syndicat, mais en quoi elle est capable de comprendre le travail opérationnel des policiers? Là, je me questionne énormément.
Pour la neutralité, évidemment, de M. Ménard... et M. Bergeron a, en fait, demandé qui pourrait mettre en doute... Ce n'est pas une question de mettre en doute. M. Ménard était le ministre de la Sécurité publique du gouvernement péquiste. Ça ne lui enlève pas sa capacité d'analyser les choses librement, mais là, si on voulait parler de neutralité et de transparence à 100 %, peut-être qu'on ne l'a pas tout à fait fait dans le choix.
Alors, ce qui m'embête dans tout ça, c'est qu'effectivement il n'y a pas plus d'une semaine, le ministre de la Sécurité publique encensait le travail des enquêteurs au niveau du Bureau des enquêtes indépendantes, de façon générale encensait le travail des policiers. Et aujourd'hui ce qu'il fait, parce qu'il a reçu une tonne de courriels, évidemment envoyés toujours par les mêmes organisations, par les mêmes gens qui réclament une enquête publique... et là, bien, qu'est-ce qu'on fait? On dit: Bien, on va faire une enquête indépendante.
Écoutez, vraiment, ce qu'on voit ici aujourd'hui est surprenant, étonnant et inacceptable. Et je ne vois pas où on va arriver avec ça quand on comprend... Le 400 000 $, plus ou moins, là, qu'ils les donnent aux CLSC. Ça presse, on a besoin de cet argent-là dans les hôpitaux, on a besoin de gens, parce que les coupures, c'est ce que ça fait.
La crise qu'on a connue le printemps dernier, les gens connaissent les tenants et les aboutissants de ça. Maintenant, si on veut travailler sur... si on veut comprendre les organisations policières, bien, écoutez, regardons ce que les organisations policières font.
Mais est-ce que vous croyez que des policiers vont venir témoigner? Est-ce que vous croyez que les gens... en fait, parce qu'on l'a toujours dit, et je l'ai répété tout le long de la crise, même avant d'être en politique, on fait affaire à un petit groupe de gens malhonnêtes, des bandits, des crapules qui viennent s'infiltrer souvent à l'intérieur. Est-ce que vous pensez qu'un seul d'entre eux va venir s'asseoir là? Est-ce que vous pensez que Gabriel Nadeau-Dubois, qui n'a jamais été capable, une seule fois, de décrier la violence qui était faite dans les rues de Montréal, va devenir un témoin important dans cette commission d'enquête là à huis clos?
Vraiment, pour moi, il n'y a pas de sérieux là du tout. Je pense que c'est dépenser inutilement l'argent des contribuables. C'est une récupération politique insoutenable. D'ailleurs, les citoyens ne sont pas dupes, là, ils voient très bien ce que c'est. Je l'ai dit tantôt, vous savez, la politique, ça s'apprend. Mais quand je vois ces choses-là, je comprends exactement ce qu'il ne faut pas faire. C'est, pour moi, une façon vraiment détournée d'utiliser de la politique à mauvais escient.
Mais vous avez posé les questions pertinentes, vous n'avez eu, en fait, aucune réponse de ce ministre-là qui dit: Bien, en fait, je ne le sais pas qu'est-ce qu'ils vont dire, peut-être qu'ils vont dire qu'ils ont bien travaillé, les policiers. Avec un sourire en coin. Pour moi, c'est assez surprenant. Mais les citoyens du Québec qui ont vécu cette crise-là, qui en avaient assez, comprennent très bien ce qui s'est passé. Je ne pense pas qu'ils avaient besoin de dépenser 500 000 $ pour comprendre ça.

Mme Prince (Véronique): Le ministre de la Sécurité publique dit qu'il ne cherche pas de coupable, mais, tout de suite après, on a vu Pierre Duchesne qui jetait déjà le blâme sur le Parti libéral. Est-ce que vous avez l'impression que vous allez être un petit peu...

M. Poëti: Non seulement le ministre a dit qu'il ne cherchait pas de coupable, mais, dans la phrase suivante, a cité le Parti libéral, en des termes à peine voilés, comme étant les responsables de cette crise-là. Qu'est-ce qu'il veut exactement? Comment il fonctionne? C'est un recul sur une question et sur une réponse dans le même souffle de citation. Vraiment, on a droit à absolument tout aujourd'hui, vraiment. Les citoyens seront sûrement très déçus de ça. Je le suis, moi, personnellement. Et au niveau de la joute politique, là, moi, je peux comprendre, là, les gens. Je peux comprendre le ministre de Verchères de plaider pour le Parti québécois, mais je ne peux pas comprendre, quand il représente l'ensemble des citoyens du Québec, comme sa première ministre lui a dit, de prendre une action comme celle-là.

M. Journet (Paul): Si je comprends, corrigez-moi si je me trompe, là, mais, selon vous, si je vous ai bien compris, il n'y avait pas... il n'y a pas lieu de faire une enquête. On n'a qu'à se fier au processus en déontologie, et criminel s'il y a lieu, mais il n'y a pas lieu de faire une commission d'enquête ou une commission d'examen sur les événements du printemps.

M. Poëti: Écoutez, le travail policier est un des travaux au Québec les plus encadrés, avec différents tribunaux civils, criminels et administratifs. Je réitère, un policier qui ne fait pas bien son travail, on peut porter plainte en déontologie. Un policier qui ne fait pas bien son travail et sur lequel on aurait des soupçons qu'il a commis un acte criminel, il y a les poursuites criminelles. Un policier qui ne fait pas bien son travail à l'intérieur d'un corps de police et que ce corps de police là a des doutes sur son travail, a la discipline interne. Et un citoyen qui se serait senti lésé par un policier dans ses fonctions peut le poursuivre au civil également. Je connais peu de métiers, de professions qui ont autant cet encadrement-là.
Et, écoutez, je ne veux pas la citer, mais je faisais partie de cette conversation-là, vendredi dernier, ici, au Parlement, où on recevait des jeunes écoliers pour le tribunal, si vous voulez, de... pour les jeunes, de comprendre l'Assemblée nationale, et j'étais à un dîner, et il y avait la Protectrice du citoyen qui était là. Je suis allé la saluer. Et vous savez le commentaire qu'elle m'a fait? Elle m'a dit: Vous savez, M. Poëti, je vous ai entendu dire justement les raisons sur lesquelles vous croyez qu'une commission d'enquête sur le travail des policiers n'est pas justifiable. Vous avez parlé de la discipline, de la déontologie, des poursuites criminelles et civiles. Elle dit: Je pense comme vous. Et d'ailleurs, c'est sur une lettre de ce type-là que j'ai répondu.
Alors, vous lui poserez la question. Elle croit également que le processus, et c'est ce qu'elle m'a dit vendredi - et je vous fais une confidence qui n'en est pas une, parce que c'est une discussion que j'ai eue avec elle - c'est elle qui m'a soulevé le point à l'effet que les policiers sont très bien encadrés.
Maintenant, s'il y a aussi une problématique, les gens peuvent aller au Protecteur du citoyen, alors un autre tribunal, si vous voulez. Alors, à partir de là, pour moi, cette commission-là, secrète, et qu'on ne permettra pas aux citoyens d'entendre et de voir, est-ce que... Honnêtement, je ne comprends pas.

M. Journet (Paul): La protectrice, quand même... On peut-u juste préciser? La protectrice, c'est assez important. Vous êtes en train de nous dire que la Protectrice du citoyen vous a dit qu'une commission d'examen... d'enquête sur le printemps est inutile.

M. Poëti: Ce n'est pas ce qu'elle m'a... Ce qu'elle m'a dit quand on s'est parlés, elle m'a dit qu'elle avait entendu mes propos sur l'encadrement qui est alentour des policiers lorsqu'ils sont... lorsqu'ils travaillent, et elle a dit: Je suis de votre avis. C'est ce qu'elle m'a dit. Pour le restant, vous communiquerez avec elle. C'est ce qu'elle m'a dit vendredi ici.
Donc, si la Protectrice du citoyen, qui est quand même, là, une entité importante, là, pour les droits des citoyens au Québec, là, pense que le milieu policier est encadré suffisamment, bien, à mon avis, écoutez, je pense que ça répond à la question que le ministre semble se poser, dont il a lui-même donné la réponse dans le même souffle en début d'entrevue.

Mme Nadeau (Jessica): Mais est-ce que vous en avez contre le... parce que vous dites: On n'a pas nécessairement... le travail est bien encadré, et c'est une commission secrète. C'est quoi, le problème? Est-ce que c'est le côté secret ou c'est le fait que ça ne prend pas de commission du tout? C'est sur ça que j'aimerais préciser.

M. Poëti: Bien, écoutez, le problème, il est simple. En fait, il est à deux volets, hein, si vous voulez. On n'a pas besoin d'une commission comme celle-là d'aucune façon parce que le travail des policiers est déjà très bien encadré. Ça, c'est la réponse et c'est pourquoi aujourd'hui je suis ici devant vous. Alors...

Mme Nadeau (Jessica): Mais pourquoi que le secret vous achale?

M. Poëti: Bien, c'est encore pire. Bien, pourquoi il m'achale? Parce que c'est encore pire de penser que, si on faisait une commission, on va la faire à huis clos. Est-ce que... Qu'est-ce que vous en pensez, vous-mêmes? Qu'est-ce que les citoyens du Québec pensent de ça? C'est comme si on avait fait Charbonneau à huis clos. Mais, savez-vous, Charbonneau, on vient asseoir des gens de la mafia, là, on vient asseoir des gens qui sont accusés et qui viennent dévoiler des choses graves, criminelles, et ils font ça à la télévision. Et un citoyen qui, dans une rue, lors d'une manifestation, aurait été malmené par un policier, va pouvoir le faire à huis clos parce que la pression policière serait trop forte sur lui. Vraiment, vraiment, c'est très drôle.

M. Dougherty (Kevin): Est-ce que vous avez un deuxième choix, un plan b? C'est-à-dire, s'il veut faire une enquête, d'abord faire une enquête publique et nommer quelqu'un d'autre comme, je ne sais pas, M. Prud'homme, quelqu'un... non, peut-être pas, mais, en tout cas, quelqu'un de votre milieu, le milieu de la police, admettons.

M. Poëti: Bien, écoutez, bien non, parce que là on dirait évidemment que le milieu policier serait biaisé, là. On dirait: Écoutez, c'est un ancien policier.
Ce que je pense, c'est qu'on n'a pas besoin d'une commission d'enquête sur le travail des policiers d'aucune façon. Il est déjà encadré, utilisons ça. Alors, si on pense que la déontologie policière, c'est quelque chose qui ne fait pas son travail, que le ministre s'en occupe. S'il pense que les procureurs de la couronne, quand ils reçoivent des plaintes des policiers sur d'autres policiers, ils le font mal, qu'il s'en occupe, le ministre. S'il pense que les poursuites civiles sont biaisées et que personne...
Écoutez, là, on a eu 19 groupes qui sont venus au Bureau des enquêtes indépendantes nous donner des mémoires, dont des policiers. Ici même, à la ville de Québec, le syndicat est venu nous donner un document qui parlait de 45 ou 46 policiers qui ont été enquêtés, six qui ont été congédiés, une trentaine suspendus. On parle d'un seul corps de police. Ça peut être inquiétant. La bonne nouvelle, c'est que les actions sont prises. La bonne nouvelle, lorsqu'un policier commet des actes dérogatoires, bien, non seulement il n'est pas accepté par ses confrères, mais souvent il est congédié ou suspendu.
Alors, c'est pour ça que je vous dis: Il existe actuellement tout ce qu'il faut au Québec pour ça. Je pense que c'est un rattrapage politique vraiment inacceptable et surprenant. Et qu'on prenne 500 000 $ pour ça, qu'on se dépêche à donner ça aux CLSC pour engager des infirmières.

Le Modérateur: Est-ce qu'il y a d'autres questions? Merci beaucoup.

(Fin à 16 h 39)

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