Point de presse de M. Stéphane Billette, porte-parole de l'opposition officielle en matière d'agriculture et de pêcheries
Version finale
Le mercredi 12 juin 2013, 13 h
Hall principal de l'hôtel du Parlement,
hôtel du Parlement
(Treize heures cinq minutes)
M. Couillard (Philippe): Alors, bonjour, tout le monde. Je suis heureux de m'adresser à vous, en cette presque fin de session, avec mes collègues de l'aile parlementaire. Je profite, toujours, pour vous indiquer qu'il y aura, vendredi, un bilan législatif fait par l'aile parlementaire, M. Fournier et ses officiers, étant donné que, vendredi, je suis à la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. Je voulais prendre l'occasion également, aujourd'hui, de m'entretenir avec vous de ce qu'on est en train de faire, plus largement, au parti, également d'un sujet législatif, suite au dépôt du projet de loi ce matin.
Alors, depuis mon élection à titre de chef du parti, le 17 mars, donc il y a bientôt trois mois, on n'a pas chômé. J'ai moi-même parcouru une grande partie du Québec depuis avril, huit régions... des centaines de militants et de sympathisants, rencontré également des gens des milieux socioéconomiques. Et la suite de la tournée, bien sûr, au cours des prochaines semaines, on va continuer pendant l'été jusqu'à l'automne. Et ça nous permet de parler, d'abord, aux régions, parler à nos militants, parce qu'on a, en cours, eu un changement très important dans le parti, changement dans nos façons de faire. Et ce changement se fait, bien sûr, en collaboration avec Saul Polo et son équipe à la présidence du Parti libéral du Québec. Vous savez qu'on a apporté déjà plusieurs changements dans notre organisation: on a nommé une nouvelle directrice générale, Marie-Ève Ringuette; une nouvelle organisatrice en chef, Josée Lévesque. Il y a de nouveaux députés, qui m'accompagnent aujourd'hui, au Comité exécutif: Lucie Charlebois, Robert Dutil, Kathleen Weil. Stéphane Billette sera le président de notre campagne électorale, il sera appuyé par Pierre Paradis, comme conseiller spécial; et Sam Hamad, avec Marie Montpetit de la Commission politique, s'occupe de piloter la gestation ou la formation du programme électoral. Filomena, à ma gauche, est la députée marraine de la Commission-Jeunesse. On a formé également, au caucus, un caucus des régions, qui sera coprésidé par Jean D'Amour et Dominique Vien, et Mme Houda-Pepin présidera notre grand congrès d'orientation, probablement au début 2014, qui mettra fin à toute la démarche, en cours, de transformation. C'est donc une équipe expérimentée et renouvelée à la fois qui m'entoure.
Quant au renouvellement de notre parti - on en avait parlé pendant la campagne à la direction - il a débuté, il va se poursuivre par l'intermédiaire de groupes comportant des parlementaires et des militants du parti. On va, bien sûr, vouloir moderniser le parti dans ses relations, également, avec ses militants partout au Québec, dans toutes nos régions. On prépare également un programme de gouvernement, un programme de gouvernement qui est fait, également, en collaboration entre nos députés et les militants des commissions politiques, autant la commission politique nationale que les commissions politiques régionales, de façon à ce que les militants de toutes les régions aient la capacité et la possibilité de contribuer à la préparation d'un programme de gouvernement qui reflétera leurs réalités et leurs priorités.
Il y a des événements à venir. Je sais que, comme membres des médias, vous voudrez y assister. Il y a, le samedi 15 juin, qui approche rapidement, le premier Conseil général que je tiendrai, à titre de chef du Parti libéral du Québec, où on aura l'occasion de discuter de l'identité libérale - quelles sont les orientations, les valeurs profondes du Parti libéral du Québec - revenir là-dessus, bien sûr, avec nos militants, mais vous verrez qu'on le fera de façon assez innovante puisqu'on aura des conférenciers extérieurs pour nous parler de cette question-là et on aura également un dialogue avec des militants, qui sera très instructif et assez nouveau. Je pense que vous conviendrez avec moi que c'est assez rare que les partis politiques se livrent à ce type d'exercice en public, sous l'oeil des médias et de la population.
Plus tard dans l'été, il y a notre congrès d'aile jeunesse, au mois d'août, qui porte sur un thème de première importance pour l'ensemble des Québécois, celui de la mobilité sociale; ça veut dire la question des inégalités, la façon dont ces inégalités peuvent être combattues et également la façon dont on peut les prévenir.
On ajoute également un nouveau type d'activité à notre liste, qui est déjà assez longue, une activité qu'on veut rendre annuelle. Il s'agira d'un symposium, d'une conférence qu'on va tenir dans un milieu d'enseignement, dans laquelle on va inviter des gens, des conférenciers du monde entier, qui viendront nous parler des grandes tendances mondiales. Cette année, ce sera sur la question du développement économique, de l'innovation et du développement durable. On veut faire de cet exercice un exercice annuel, un peu comme l'université d'été du Parti libéral du Québec, où on va étudier, avec des gens extérieurs à nous, mais des gens qui sont des experts et qui viendront nous parler des nouvelles pratiques et des grandes tendances.
Il y aura des colloques régionaux à l'automne, dans la plupart de nos régions, et ça nous amène au grand congrès des membres, au congrès d'orientation, début 2014, qui sera présidé par Mme Houda-Pepin, où on adoptera les changements de la constitution du parti et également les éléments qui resteront à préciser quant aux programmes de gouvernement, qu'on aura également touchés dans un autre conseil général au mois de décembre.
Vous savez, quand on sort de l'environnement de l'Assemblée nationale et qu'on va sur le terrain, on voit d'abord beaucoup de réussites liées au dynamisme de nos entrepreneurs et des gens des régions, particulièrement. J'étais à La Pocatière, hier. C'est un endroit extraordinaire, un foyer d'innovation en région qu'il vaut la peine de citer en exemple partout au Québec. Mais il y a également, sur le terrain, beaucoup de déception quant à la gestion de l'économie par le Parti québécois et la sensation d'un net recul. L'incertitude a ralenti les investissements privés, on le sait déjà, mais ça s'exprime en termes très concrets lorsqu'on parle aux entrepreneurs en région.
Ainsi, j'ai eu l'occasion de rencontrer des entrepreneurs, dont un, récemment, en Gaspésie, qui fabrique des maisons mobiles, des maisons usinées, dont une grande partie du chiffre d'affaires était en relation avec les activités du Plan Nord. Étant donné le ralentissement marqué du Plan Nord, il a vu ses activités fortement diminuées. J'ai entendu ce genre de commentaires dans plusieurs autres régions du Québec.
Vous le savez, depuis janvier, il y a eu des pertes d'emploi au Québec, alors qu'ailleurs au Canada on en a gagnés. Voyons, voir, la tendance des prochains mois, mais il y a de quoi, ici, être préoccupés et être vigilants.
Il y a également un aspect sur lequel je veux attirer votre attention, ce sont - on y a fait allusion ce matin à l'Assemblée - des coupes massives dans les services publics. Et là je vais reconnaître là un comportement assez classique du Parti québécois, que j'ai connu lors de mon premier passage en politique et que je reconnais encore aujourd'hui: c'est que, lorsque ce parti est dans l'opposition, il développe un discours de défense des services publics, accusant le gouvernement - le gouvernement libéral, à l'époque - et maintenant, et dans les derniers mois, de ne pas investir assez dans les services publics, donc veut dégager une image de social-démocratie et de progressisme. Mais finalement ce qu'on constate à chaque fois, c'est que c'est une social-démocratie et un progressisme de façade. Pourquoi? Parce que, quand on ne génère pas les revenus, quand on ne génère pas l'activité économique, la richesse et les revenus de l'État, on n'est pas capables de financer les services publics. Et ça finit, encore maintenant, comme ça a été le cas auparavant, par des coupes massives, notamment en santé et en éducation. Et je pense que c'est un point à relever et qui est une constante dans le comportement politique du parti au pouvoir actuellement.
Je voudrais enfin vous parler du projet de loi qui a été déposé ce matin, la Loi concernant les soins de fin de vie. Je voudrais souligner le travail non partisan de très haute qualité de la commission parlementaire itinérante qui s'est penchée sur cette question-là. De notre côté, il y a bien sûr Mme Vallée, Mme Gaudreault et Geoff Kelley, qui étaient membres de cette commission. Je pense que toute la population a apprécié l'exercice lui-même et bien sûr le sujet qui était discuté quant à sa délicatesse, mais l'exercice lui-même de type non partisan. Ce projet de loi interpelle chacun d'entre nous. On a tous connu quelqu'un dans notre famille... On va tous, un jour, chacun d'entre nous, traverser ce difficile passage et on est tous, donc, directement interpellés par cette question-là. C'est un sujet qui est très délicat pour les familles du Québec, un sujet, j'insiste, qui ne doit pas être traité de façon partisane, mais avec compassion.
Alors, dans le but que les députés de notre formation politique puissent refléter le plus fidèlement possible la multiplicité des points de vue, j'annonce que les votes qui se tiendront sur ce projet de loi se feront selon la conscience de chaque élu de notre formation politique. Merci de votre attention.
Le Modérateur: On va passer maintenant à la période des questions. À votre droite, M. Couillard, Alain Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain): Bonjour, M. Couillard.
M. Couillard (Philippe): Bonjour, M. Laforest.
M. Laforest (Alain): Mme Marois vous a - et, aux autres aussi, bonjour - accusé ce matin de bloquer le développement de la Gaspésie - vous en revenez - parce qu'hier vous avez empêché le fait qu'on puisse signer des contrats de gré à gré, entre autres avec les Micmacs.
M. Couillard (Philippe): Bien, voilà, encore une fois, une démonstration de l'improvisation puis du caractère brouillon de ce gouvernement-là. Je rappelle, en passant - ce qui n'est pas anodin - que c'est les amendements présentés par le gouvernement... ont été déclarés irrecevables, certains d'entre eux, par le président de la commission, premièrement.
Deuxièmement, lorsque vous regardez la distribution des 800 mégawatts dont il est question, les 450 mégawatts qui sont réservés comme étant toujours sujets aux appels d'offres - donc absolument pas touchés par le phénomène de contrats de gré à gré - sont les mégawatts qui sont destinés au Bas-Saint-Laurent, à la Gaspésie et à d'autres régions du Québec. Donc, c'est complètement faux de dire que cet enjeu met en péril le développement de la région.
J'en arrive, de cette région-là, et, croyez-moi, ils partagent l'inquiétude dont je vous parlais quant à leur avenir économique, notamment en rapport avec les politiques gouvernementales. La partie qui est touchée par l'amendement éventuel - parce que le ministre lui-même l'a retirée, je le répète - c'est la partie qui touche les Micmacs - vous avez raison - et la possibilité pour l'Hydro-Québec de participer à la production éolienne. Donc, de lier, là, la discussion sur cet amendement au développement régional du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie, c'est faux, c'est inadéquat comme analyse et ça démontre, encore une fois, le caractère brouillon et improvisé de ce gouvernement.
M. Laforest (Alain): Si le gouvernement voulait aller rapidement, justement pour permettre des contrats de gré à gré avec les Micmacs, vous êtes d'accord contre... Hier, votre porte-parole et ancien ministre des Finances, M. Bachand, a invité le gouvernement à aller rapidement et qu'il allait l'appuyer. Votre position, c'est quoi?
M. Couillard (Philippe): Bien, il faut qu'il y ait un nouveau projet de loi. On va le discuter. Je réitère le côté brouillon de l'exercice, en toute fin de session, d'arriver avec un enjeu d'une si grande importance, littéralement à la dernière minute, alors qu'on me dit - je n'étais pas à la commission, mais on m'a fait état des travaux - que le président de la commission lui-même a jugé ces trois amendements irrecevables. Donc, je pense que...
M. Laforest (Alain): ...il y a quand même eu un débat de une heure, M. Couillard, là, là-dessus, là. Si vous dites: Ce n'était pas recevable, vos députés ont questionné le ministre là-dessus pendant une heure...
M. Couillard (Philippe): Je recommence...
M. Laforest (Alain): ...même si ce n'était pas recevable.
M. Couillard (Philippe): Je reviens sur cette question, M. Laforest. Il est totalement faux de lier la décision d'orientation qu'on a prise avec le développement économique du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie.
Le Modérateur: À votre gauche, Geneviève Lajoie, Journal de Québec.
M. Couillard (Philippe): Bonjour.
Mme Lajoie (Geneviève): Bonjour, M. Couillard. Je voudrais revenir un peu sur ce qui s'est passé avec le projet de loi sur les élections à date fixe. Est-ce que vous avez pris une position, au début, pour... Parce que ça pouvait peut-être arriver, cette élection-là, en 2016, sur une fête juive. Vous êtes revenus, vous avez reculé ensuite, puis finalement le projet de loi va être adopté. Est-ce que c'est... N'avez-vous pas... Il n'y a pas eu un problème dans la stratégie du Parti libéral dans ce dossier-là?
M. Couillard (Philippe): Depuis le début, on a insisté sur notre objectif qui est de favoriser une participation électorale maximale, comme on l'a fait dans le passé avec les jeunes et les milieux d'enseignement, comme on l'a fait avec les personnes âgées, comme on le fait avec le vote, également, à l'étranger... des Québécois qui sont à l'étranger actuellement. On revient sur cet objectif fondamental de participation maximale, et surtout de ne pas créer de conditions qui mettent en jeu la participation électorale, et ça dépasse de loin la question que vous avez mentionnée.
Mais je voudrais dire également que je suis heureux de la conclusion des travaux, je suis heureux de la façon dont la commission s'est terminée. Pourquoi? Parce qu'on a reconnu le bien-fondé de notre demande qui était de redonner une plage au Directeur général des élections pour déplacer la date de l'élection de une semaine en cas d'une situation particulière.
D'autre part, j'ai également noté les remarques du Directeur général des élections, qu'il était possible de faire un vote par anticipation à géométrie variable - de façon beaucoup plus importante que ce qu'on fait actuellement - qui permettra de prendre acte de l'ensemble des situations.
Alors, nous, notre position demeure la même: on veut une participation électorale maximale. Je suis content de la façon dont la discussion s'est terminée en commission. Je pense que le gouvernement, également, a été ouvert, il faut le dire. On a eu une bonne conversation, et ça se termine, quant à moi, de la bonne façon.
Mme Lajoie (Geneviève): Mais même la communauté juive n'était pas d'accord avec vous là-dessus. Ils disaient qu'ils avaient amplement le temps d'aller voter par anticipation.
M. Couillard (Philippe): La question n'est pas une communauté religieuse ou ethnique, la question est la participation électorale.
Autre question?
Le Modérateur: Robert Dutrisac, du Devoir, à votre droite.
M. Dutrisac (Robert): Bonjour messieurs, messieurs dames, M. Couillard. On a vu tout le débat qui entoure la question du turban et du soccer, toutes les passions que ça soulève. On sait que le gouvernement du Parti québécois veut présenter des propositions en matière d'accommodements raisonnables, d'avoir une consultation là-dessus. Pensez-vous que c'est possible d'avoir un débat rationnel sur ces questions-là sans que ça soulève, justement, de part et d'autre, des passions, sans que ça soulève des divisions?
M. Couillard (Philippe): C'est une question, M. Dutrisac, essentielle pour notre vie en société. L'exercice de la politique, c'est largement la définition de la vie commune et des conditions de la vie commune.
J'ai déjà indiqué qu'au Parti libéral du Québec - j'en ai parlé pendant la campagne et après la campagne à la direction - nous allions avoir cette conversation, parce que nous avons, chez nous également, des représentants des diverses communautés qui composent le Québec. C'est une question excessivement importante, notamment la question de la neutralité religieuse de l'État, qu'on va aborder avec sérieux, et, s'il y a des propositions gouvernementales, on les étudiera également avec sérieux.
Cependant, je ne peux faire autrement que de noter une tentative de diversion, actuellement, des sujets fondamentaux qui inquiètent les Québécois - comme l'emploi, la qualité de vie dans les régions, notamment, l'incertitude économique - vers des sujets plus contentieux, également une façon de procéder qui n'est pas surprenante.
M. Dutrisac (Robert): Mais vous croyez qu'on peut avoir un débat...
M. Couillard (Philippe): Absolument. Si on place les questions au bon endroit... La neutralité religieuse de l'État, je pense que c'est une valeur ou un principe envers lequel l'ensemble des Québécois - ou la majorité des Québécois - sont attachés. Comme d'habitude, tout est dans le comment, tout est dans la façon dont on veut incarner ce principe-là. Mais je suis pour une discussion ouverte sur cette question-là. Nous l'aurons, d'ailleurs, à l'intérieur de notre parti.
Le Modérateur: Tommy Chouinard, La Presse.
M. Chouinard (Tommy): Bonjour, M. Couillard.
M. Couillard (Philippe): Bonjour.
M. Chouinard (Tommy): Vous venez d'annoncer qu'il y aura vote libre, donc, sur le projet de loi sur les soins de fin de vie. Est-ce que c'est une demande qui émane de membres de votre caucus? Est-ce qu'il y a des députés qui sont mal à l'aise avec cette ouverture que fait le gouvernement Marois?
M. Couillard (Philippe): C'est une demande ou une décision qui s'appuie également sur des précédents. Si vous faites l'examen des questions sur lesquelles, dans divers Parlements - que ce soit au fédéral ou dans d'autres Parlements - il y a eu des votes libres sur les enjeux particuliers, vous constaterez que ce sont des enjeux très profonds sur le plan des valeurs et de la conscience personnelle. Rappelons le débat sur la peine de mort, qui date de plusieurs années mais qui s'est fait de cette façon; rappelons le dossier de l'avortement, qui s'est également fait de cette façon. Même l'adoption d'un drapeau national au Canada, dans les années 60, s'est fait de cette question.
On est dans un ordre de problème, de question, de discussion qui relève de la conscience personnelle au plus haut niveau, de la nécessité, pour chacun des députés, de refléter l'opinion des commettants qui les envoient à l'Assemblée nationale, et je crois que c'est dans l'intérêt du débat qu'on procède de cette façon-là.
J'ajouterais que la plupart des députés n'ont pas d'opinion formée encore sur la finalité ou la fin de ce débat. Il va y avoir un débat parlementaire qui va se poursuivre. La population va se faire entendre. C'est excessivement important que ça se fasse de façon sereine et, encore une fois, selon la conscience de chacun.
M. Chouinard (Tommy): Il y en a qui sont contre?
M. Couillard (Philippe): Pardon?
M. Chouinard (Tommy): Est-ce qu'il y en a qui sont contre?
M. Couillard (Philippe): Il y a une diversité d'opinions à l'intérieur du caucus. Vous comprendrez que je ne vous parlerai pas des discussions de caucus ici. Mais ça reflète, à mon avis, la diversité d'opinions qui existe dans la société.
M. Chouinard (Tommy): Mais j'aimerais vous parler du financement du Parti libéral. Pourquoi, selon vous, le parti n'arrive plus à récolter des dons dans une proportion... et là, au-delà du plafond, là, pourquoi n'arrive plus à récolter des dons comme il le faisait auparavant? Qu'est-ce qui explique cette situation?
M. Couillard (Philippe): Alors, d'abord, je voudrais vous faire part d'une expérience... de deux expériences récentes, d'ailleurs, avec des collègues qui sont soit ici, soit avec moi, devant vous. Mais j'ai fait deux événements successifs - un en Montérégie, un à Laval - où, chaque fois, il y avait 300 militants, 300 personnes qui venaient contribuer au financement populaire. Je n'ai aucune inquiétude là-dessus.
Vous devez également considérer le fait que les efforts de financement de notre parti ont été interrompus pendant plusieurs mois en raison de la course à la direction du parti et que, pendant cette période, les trois équipes de chacun des candidats ont fait des levées de fonds qui ont été assez considérables dans leur total, de sorte qu'il est faux de dire qu'il n'y a pas de support de financement pour le parti. Il est faux de dire que nous ne sommes pas capables de fonctionner avec les nouvelles règles. Je suis personnellement très heureux des nouvelles règles de financement. On a des événements intéressants avec une participation variée. Et vous allez voir qu'on va bien réussir ce travail-là.
M. Chouinard (Tommy): Les dernières données qu'on voit, comparativement aux autres partis, ce n'est pas une source d'inquiétude pour vous?
M. Couillard (Philippe): Bien, je le sais parce que je vais sur le terrain et je vois les événements. Je participe aux événements, où je vois beaucoup de personnes. Et je vous parlais de la Montérégie et de Laval comme exemples. Il faut laisser passer l'époque ou le résidu, si je peux dire, de la campagne à la direction, l'arrivée d'un nouveau chef, d'une nouvelle équipe. On va avoir d'ailleurs... Vous verrez, au Conseil général de samedi, il y aura une conversation sur les nouvelles règles de financement, les façons de faire. Encore une fois, je suis... nous sommes très heureux de fonctionner dans cet environnement-là.
Le Modérateur: Davide Gentile, Radio-Canada.
M. Gentile (Davide): M. Couillard, sur l'aide médicale à mourir, sur le principe, est-ce que, comme médecin, comme chef du parti, vous êtes pour ce qui est déposé? Et est-ce que vous avez déjà des inquiétudes quant à l'application qu'on pourrait en faire?
M. Couillard (Philippe): Alors, je ne vous donnerai pas mon opinion personnelle aujourd'hui, parce que je veux lire comme il faut le projet de loi, puis je veux écouter la population, et je veux écouter les débats, également, parlementaires qui auront lieu, je l'espère, avec la plus grande ouverture possible et de façon non partisane. Je vous dirais que, comme chacun d'entre nous, j'ai été personnellement touché par ces situations, lorsque des membres de ma famille ont dû faire ce passage difficile, et c'est clairement des moments qui sont très douloureux pour les familles, et notamment pour la personne qui le vit.
J'ai également, à titre de médecin, pratiqué la neurochirurgie pendant 20 ans. Pendant ces 20 années là, j'ai eu contact régulier, presque hebdomadaire, avec des gens en situation de fin de vie. J'ai donc un vécu personnel de ce genre de situations là, mais je n'ai pas l'intention de communiquer de façon autoritaire mon vécu, mon opinion auprès des membres de notre parti ou des députés. Lorsque j'interviendrai parmi eux, ce sera de façon personnelle et non pas pour leur dicter une ligne de conduite. C'est très important.
M. Gentile (Davide): Donc, est-ce que, pour l'instant, vous pensez qu'il pourrait y avoir des ajustements demandés par des membres de votre caucus ou une remise en question du principe fondamental?
M. Couillard (Philippe): On va d'abord lire le projet de loi. On va l'aborder, je le répète, de façon constructive et non partisane. Et je pense qu'on va écouter également... Il y aura des consultations, les gens vont se présenter en commission. C'est un sujet excessivement important et délicat, on ne doit pas le traiter avec précipitation.
Le Modérateur: Dernière question en français à votre gauche. Hugo Lavallée, Radio-Canada.
M. Lavallée (Hugo): Bonjour, M. Couillard.
M. Couillard (Philippe): Bonjour.
M. Lavallée (Hugo): Je voulais vous entendre sur le rapport KPMG-Secor qui a été rendu public ce matin. On apprend qu'en 2009, au ministère des Transports, il y avait 68 contrats où il y avait des dépassements de coûts de plus de 10 %, avec des avenants, entre autres. C'est passé à 159 en 2012, à l'époque, sous l'administration libérale. Est-ce que ça ne vous inquiète pas de voir cette hausse des dépassements de coûts au ministère des Transports?
M. Couillard (Philippe): Bien, on veut d'abord que les contrats soient gérés de façon la plus rigoureuse possible, et c'est le cas pour tous les Québécois. Je note également que c'est une période où il y avait beaucoup de travaux d'infrastructure par rapport à la période actuelle où il y a des coupes en investissement d'infrastructure. Je note également que, dans les quelques mois qui ont passé, le gouvernement actuel a déjà autorisé des dépassements du même niveau que la moyenne des neuf dernières années. Alors, je pense, ça doit être pris en considération. Ça ne veut pas dire qu'on autorise... on est contents de ces pratiques-là, elles doivent être contrôlées au maximum, mais il y a toujours des imprévus dans les contrats. Mais il faut le contrôler de façon maximale.
M. Lavallée (Hugo): Et je vous ramène à la question du projet de loi sur les élections à date fixe. Certains ont vu, dans la modification que vous vouliez apporter en ce qui concerne les fêtes religieuses, une certaine preuve que ça traduisait une très grande proximité entre le Parti libéral et la communauté juive. Est-ce que cette proximité-là est si grande qu'on l'a décrite dans les journaux, d'une part, et est-ce qu'il n'y a pas là une maladresse?
M. Couillard (Philippe): On a une proximité avec toutes les communautés du Québec, avec les Québécois de toutes les origines et toutes les régions. Et moi-même qui habite en région, je le sais que nos idées sont partagées par tous les Québécois de partout, de toutes les origines.
Encore une fois, ce qu'on voulait mettre de l'avant, c'était le principe important d'une participation électorale maximale. Je répète que je suis, nous sommes, je suis très heureux de la conclusion de ce débat en commission. Merci.
Le Modérateur: Philip Authier, à la gauche, de la Gazette. On va passer en anglais.
M. Authier (Philip): In English, right?
Le Modérateur: Yes.
M. Authier (Philip): Hello, Mr. Couillard.
M. Couillard (Philippe): Hello.
M. Authier (Philip): I understand we are not going to be seeing you here Friday for the end of the session, so I'm going to ask you the question now. Can you hear me?
M. Couillard (Philippe): I can hear you but there's a lot of surrounding noise.
M. Authier (Philip): I said: I understand you will not be here Friday for the end of the session...
M. Couillard (Philippe): Because of the Board of Trade.
M. Authier (Philip): ...because of your speech at the Board of Trade of Montréal, so I'm going to ask you the questions now.
How would you qualify the Premier's performance, the Government's performance over this last session? You talked about... In your speech at the «Chambre de commerce» in Québec last Friday, you talked about them being adrift and...
M. Couillard (Philippe): Yes.
M. Authier (Philip): Can you...
M. Couillard (Philippe): Well, I think it's a...
M. Authier (Philip): What's your assessment of their performance?
M. Couillard (Philippe): I think it's a Government that can be define as being rudderless, very hard to keep on the same orientations, flip-flopping at very high intervals. That's something that is felt on the ground.
When I go around Québec, I meet people. I meet business people but citizens too, who worry about this impression that Québec is sliding back in terms of the economy.
I mentioned earlier, in French, this example of a businessman in Gaspésie who gave me a clear example of how the delays in the mining industry in the Plan Nord are affecting people in the South. This person is working in a business that sells prefabricated homes and lots of his business came from the North. And, in recent months he has seen a significant decline in his business level. This is something that is felt all around Québec. And you add to this the uncertainty on the fiscal policy, the long period of uncertainty on the mining industry, and, as I said in French, the significant cuts now in health care and education from a party that likes to describe itself as being progressist or social democratic, who is now obviously showing that if you cannot generate the revenues and the economic activity to pay for social expenses, then you have to cut. And this is what they are doing again. It is exactly the same scenario that we saw in the 90's and the beginning of the year 2000.
M. Authier (Philip): And, in a larger political perspective, we are seeing a lot seesawing, a lot of ups and downs in your popularity and the CAQ's popularity. It seems to be quite a battle for the francophone vote of Québec and... Quebeckers seem to, at some point, want you and, at some other point, they want Mr. Legault. What's your perspective on that? What are you doing to convince them that you are going to be the right guy to be the next premier?
M. Couillard (Philippe): So, what we are doing is, again, going around Québec and talking not only about our policies, but about our values. And I would challenge other parties to answer that question: What are their values? We believe fundamentally in the value of economic development as a lever for the progress of Québec. Also, we believe in the value of our belonging to a Canadian Federation, and also in values like tolerance, inclusion and individual freedoms. And I've seen and I've heard that these values and principles are shared by Quebeckers from all origins and from all regions. That is what I'm doing. I'm going out there, talking about what the Liberal party stands for in terms of principles and how it translates into policies. That's the right way to do politics.
Le Modérateur: À votre droite, Shawn Lyons, de CBC.
M. Lyons (Shawn): Mr. Couillard, on the end-of-life bill, why have you decided to give your MNAs a free vote when this bill finally comes up for a final vote?
M. Couillard (Philippe): Well, I think my MNAs... our MNAs, rather, don't need my permission to do that. It's a very serious issue that is very deep in each of us. And not only each of us personally but, for MNAs who are representing people who elected them to represent them at the Assembly, it adds to the depth of the issue.
It ranks, in my view, at the same level as the question of death penalty, abortion. These large, deep moral issues have to be dealt in a totally nonpartisan way. And I am very happy that each of our members are going to be able to vote according to their conscience and according to what they feel on the ground.
M. Lyons (Shawn): How important is it to you as a physician that we settle this issue and come to some sort of regulated settlement?
M. Couillard (Philippe): Well, as I've said earlier, we all have lived through these circumstances individually, in our families. It's important to say, although it's obvious - but it needs to be said - we will all, each of us, go through that period at one point. I've practiced neurosurgery during 20 years but I've dealt almost on a weekly basis with end-of-life situations, so I've got my own perspective. But I don't want to use this professional perspective as a way for me to impose my point of view to the group. I want each of us to think about the issue according to their conscience and what they feel on the ground.
M. Lyons (Shawn): And on the principle? I know you're not going to talk, you won't give us an opinion, one way or another, on the bill itself, but there is a principle issue here. How concerned are you that this is going to spark another fight with the federal Government over jurisdictional issues?
M. Couillard (Philippe): I think we should leave this question aside and concentrate on the substance of the issue. Essentially, as I see it, is... All those practices we know exist at some points in our society between physicians, patients and their families, to what extent do they need to be codified in law? That's the essential debate. And how does it need to be translated in law? And this is why we have to take our time. This is not something that we should deal with too fast. It takes time and, again, I want to do it... we want to do it in a totally nonpartisan way.
Le Modérateur: Dernière question à votre gauche, Max Harrold, CTV.
M. Harrold (Max): Mr. Couillard, will you be discussing this weekend, in terms of liberal values... Are liberal values those that would ban Sikhs from soccer fields? Will you be trying to come down on this debate between the Canadian soccer group and the Québec soccer group?
M. Couillard (Philippe): Well, it has to be put in the right box. What we're going to be discussing in our party, not necessarily only Saturday... On Saturday, we will have a discussion with our members on broader issues of our values, regarding our values. And I'll describe how we are going to study each of these themes, one of them being called Identity, Language, Culture, in which we're going to study the subset question, very important, of religious neutrality of the State. This question of soccer is not a question dealing with the neutrality of the State; it's a question of sports, regulations in sport, and safety. That's all.
M. Harrold (Max): OK. In terms of the right-to-die legislation, the dying with dignity, it seems like such a messy emotional issue for everybody. Do you really think... How important do you think it is that we figure out a framework for this type of thing?
M. Couillard (Philippe): That's the whole essence of discussion. The commission has done a remarkable work. And I think it's been approved by the majority of Quebeckers, whatever the party they come from. They've been around Québec. We have three members on that commission. They've done excellent work. They came out with a consensus in the commission. But we have to be careful not to translate this consensus at the commission into a wider or broader consensus in the broader population. This discussion needs to be held, I'm happy that's going to happen. The whole center of the issue, the core of the issue is: do we need to put legislation around the way end-of-life care is done, is dealt with in Québec? That's the essential issue. We should not be discussing this from the angle of federal-provincial relations.
M. Harrold (Max): I'm a little surprised. You are a doctor; I would think that you would be like, right there, telling us...
M. Couillard (Philippe): Well, it could be easy for me to do this. Because I'm the leader of the party, I would put pressure, directly or indirectly, on my colleagues to take information that I'm giving them from my own point of view and experience which will be different from other doctors. Because I've heard doctors on both sides of the issue. So, again, I want to keep this issue as free as possible for my colleagues. I will state my opinion privately with them eventually and publicly too. When vote will come, I would not take advantage of the fact that I may not be at the Assembly the day the vote comes. I will state my position but at the end of the process. Merci.
Le Modérateur: Ceci met fin au point de presse. Merci beaucoup.
(Fin à 13 h 33)