Point de presse de M. François Legault, chef du deuxième groupe d'opposition, et de M. Gérard Deltell, leader parlementaire du deuxième groupe d'opposition
Version finale
Le vendredi 14 juin 2013, 9 h
Hall principal de l'hôtel du Parlement,
hôtel du Parlement
(Neuf heures une minute)
M. Legault: Bonjour, tout le monde. On est ici ce matin pour dresser le bilan de la dernière session, des derniers six mois. Évidemment, la fin de la session parlementaire, ça ne veut pas dire que les politiciens partent en vacances, mais vous allez avoir un congé de période de questions pendant quelques mois.
Avant de parler de ce qui nous distingue à l'Assemblée nationale, peut-être quand même souligner que les partis se sont entendus sur quelques sujets.
D'abord, un projet de loi important sur les élections à date fixe. Je pense qu'il était temps que le Québec adopte ce genre de façon de faire. Je rappelle que c'est la Coalition avenir Québec qui a proposé le premier lundi d'octobre. Le Parti québécois avait proposé fin septembre, mais nous, on croyait que c'était important de démarrer la campagne électorale après la fête du Travail, le moment, là, où les vacances, au Québec, finissent, pour la plupart.
L'autre projet de loi, évidemment, sur la mort dans la dignité, je pense qu'il y a beaucoup de travail qui avait été fait. Je vois un des anciens députés du PQ, Benoit Charette, qui est avec nous maintenant, qui avait travaillé beaucoup. Je pense qu'il faut féliciter tous les partis d'avoir réussi à relever le défi de ce sujet qui n'est évidemment pas facile. Donc, même si on n'est pas toujours exemplaires à l'Assemblée nationale, c'est un bon exemple où on a réussi à s'entendre.
Maintenant, avant de parler de politique, j'aimerais vous parler quelques minutes de la situation au Québec, parce qu'on devrait tenir compte de la situation au Québec avant de prendre des décisions politiques.
D'abord, la situation économique. Même s'il y a des belles choses qui se font au Québec en économie, il reste que tout est loin d'être parfait. Je le répète souvent, puis c'est probablement la raison pourquoi je suis revenu en politique, l'écart de richesse avec le reste du Canada, qui était à 17 % il y a 10 ans, est maintenant à 23 %. C'est pour ça qu'on reçoit 7,5 milliards de péréquation, parce qu'on est moins riches que les autres provinces. C'est inacceptable, c'est gênant. C'est une question de fierté, ça devrait être la priorité.
L'autre chose qui est importante de dire, c'est que la tendance des derniers mois n'est pas bonne. Depuis le début de l'année 2013, le Canada a créé plus de 80 000 emplois. Nous, au Québec, on en a perdu 1 600, et, malgré la petite croissance de 1 % des premiers mois, il reste que tous les économistes prévoient que, pour les deux prochaines années, la croissance économique va être moins grande au Québec que dans le reste du Canada. Donc, ça veut dire, malheureusement, que si on ne fait rien, l'écart de richesse va continue de grandir avec le reste du Canada, puis ça, bien, il faut arrêter ça.
En ce qui concerne la coalition, je pense qu'il n'y a pas personne qui peut dire qu'on n'a pas été actifs, qu'on a eu peur de proposer des choses. On a eu une opposition qui était constructive, qui a été vigilante. On a travaillé sur trois grands dossiers. Le premier dossier, et puis peut-être lequel... celui sur lequel je suis le plus fier, c'est le projet Saint-Laurent. Je peux vous dire, là, que plusieurs des personnes qui sont ici puis l'équipe de recherche, il y a eu des milliers d'heures - je pèse bien mes mots, là - des milliers d'heures de mises sur le projet Saint-Laurent. On a fait des sorties sur les ondes d'innovation. On a fait des sorties aussi sur le financement de la recherche puis des universités. Je trouve ça peut-être malheureux qu'on n'en ait pas beaucoup parlé, mais je pense qu'avec notre proposition, juste sur la recherche universitaire, ajouter 600 millions de dollars par année dans les universités, on a fait plus avec cette proposition-là que ce que Pierre Duchesne puis le PQ ont pu faire durant le fameux sommet où on a parlé seulement que des frais de scolarité.
Évidemment, concernant le projet Saint-Laurent, on reste fixés sur l'objectif d'ici le mois... d'ici l'automne, de déposer un livre qui va devenir, là, un plan détaillé, un plan d'abord économique pour relancer l'économie du Québec puis éliminer cet écart de richesse avec le reste du Canada.
Deuxième sujet sur lequel on a travaillé, évidemment, intégrité. On a talonné, de toutes les façons possibles, le gouvernement pour que les sommes qui nous ont été volées soient remboursées. Je vois bien les commentaires de certains, là, mais ce que je peux vous assurer, c'est que, si j'étais premier ministre du Québec, déjà les entreprises auraient été poursuivies, puis je serais actuellement en négociation avec ces entreprises pour fixer le montant des remboursements. Pourquoi que c'est... Excusez. Pourquoi que c'est important d'agir rapidement? D'abord, parce qu'on a besoin. On estime à un minimum de 2 milliards de dollars l'argent qu'on peut aller chercher puis on a besoin de cet argent-là.
Deuxièmement, même pour les entreprises, c'est important de tourner la page. On ne peut pas être dans un flou, comme on voit actuellement, qui affecte la crédibilité de la plupart des grandes firmes de génie, par exemple, qui ont à faire affaire au niveau international avec cette mauvaise réputation. Donc, actuellement, c'est inacceptable ce que le Parti québécois dit, c'est-à-dire de reporter à plus tard le travail qui est à faire pour aller chercher les sommes qu'on s'est fait voler.
Troisième dossier sur lequel on a continué de marteler, évidemment, on l'avait dit beaucoup pendant la campagne électorale, nous, on pense, à la Coalition avenir Québec, qu'on a besoin de faire un ménage dans la bureaucratie et dans le gaspillage pour réduire les taxes des contribuables. Évidemment, là, ce n'est pas ça qui s'est produit. Il y a eu des promesses reniées. Je pense qu'on est le seul parti, de loin, qui défend les contribuables. On l'a vu encore au cours des derniers jours, le Parti libéral est contre toute coupure dans les dépenses et n'est pas prêt à faire le travail pour réduire la bureaucratie, le gaspillage puis, éventuellement, les taxes des contribuables. On va continuer d'être les seuls défenseurs des contribuables.
En fait, on en a fait tellement durant la session qu'il y a certains d'entre vous qui ont trouvé qu'on en faisait trop. Je pense que c'est une mentalité de vieille politique, une mentalité où on défend le statu quo à la petite semaine, et ce n'est sûrement pas pour ça que je suis revenu en politique. Et je préfère me faire dire qu'on agit trop que de me faire dire qu'on n'agit pas assez.
Maintenant, du côté du gouvernement du Parti québécois, ils ont été incapables de prendre des décisions, incapables de faire preuve de leadership. Et ce qui est surtout frappant, puis ce que je retiens de cette session puis de l'autre avant, c'est que le Parti québécois a renié toutes ses promesses importantes de la campagne électorale. Le Parti québécois a été élu sous de fausses représentations. Ce que le Parti québécois avait dit durant la campagne électorale, c'est qu'il réduirait les taxes, qu'il abolirait la taxe santé. Mme Marois l'a répété des dizaines si ce n'est pas des centaines de fois durant la campagne électorale. Il y a des gens qui ont voté parce qu'ils voulaient abolir la taxe santé; Ça n'a pas été fait.
Et pire, ce qu'on a vu au cours des derniers jours, c'est que Mme Marois est en train de sous-contracter des hausses de taxes scolaires très importantes, là. Dans certains cas, on parle de 20 % à 30 %. Toutes les commissions scolaires n'ont pas encore envoyé leur compte de taxe, elles doivent le faire d'ici le premier juillet. Mais c'est une très mauvaise surprise que les contribuables vont avoir dans leurs boîtes aux lettres au cours des prochaines semaines, ça va être un méchant cadeau pour leurs vacances. Donc, encore une fois, le PQ, comme le Parti libéral, c'est un parti qui a juste une solution à tous les problèmes: taxer plus les contribuables.
L'autre sujet, évidemment, important concernant le Parti québécois, aucune vision concernant l'économie. Écoutez, là, c'était désespérant de voir le napperon de politiques industrielles, avec 18 cases vides, qui a été présenté par le gouvernement. C'était incroyable aussi de voir son projet de banque de développement, où c'était juste un brassage de structures sans aucun nouveau programme, aucune nouvelle approche, un projet de loi d'ailleurs qui a été dénoncé par à peu près tous les intervenants du monde économique. Puis concernant les annonces d'investissements des derniers jours, bien, c'est du recyclage total de vieilles annonces qui avaient déjà été faites par l'ancien gouvernement.
Au plan des ressources naturelles, bien, on a eu droit à un fiasco, le fiasco de Martine Ouellet qui a non seulement gelé tous les projets miniers pendant neuf mois, mais il y a encore de l'incertitude. Il y a un projet de loi qui n'est toujours pas adopté. Donc, on a vraiment créé, là, une incertitude qui a gelé les projets dans le secteur minier.
Et ce qu'on a vu au cours des derniers jours, c'est qu'il y a un autre fiasco qui se prépare, le fiasco des hydrocarbures. C'est clair, là, que le Parti québécois veut bloquer le développement pétrolier sur Anticosti. Bloquer pourquoi? Parce que le caucus du Parti québécois est bloqué puis que Mme Marois n'est pas capable de trancher entre la frange réaliste puis la frange radicale de son parti. Et, pendant ce temps-là, bien, le développement économique attend.
Toujours concernant le gouvernement du Parti québécois, pour ce qui est de l'intégrité puis de la gouvernance, bien, ce qu'on a eu droit, c'est des chantiers, des commissions partisanes, des comités, des forums, des sommets, mais rien de concret.
Prenez Montréal. Là, quoique Jean-François Lisée, hier, se rallie à notre position, il continue de dire qu'il va agir après les élections du mois de novembre. Tout le monde comprend. Et puis là-dessus, là, je le répète, là, la chambre de commerce, la Fédération des chambres de commerce, tout le monde à Montréal, là, puis, si vous faisiez un sondage, ce serait clair, la grande majorité des Montréalais étaient d'accord avec nos propositions. Mais ce qu'on sait, là, c'est que, l'inaction du Parti québécois, ça vient reporter tous les changements à Montréal de quatre ans, parce que ce n'est pas vrai qu'après avoir élu 103 nouvelles personnes on va être capable de demander à la moitié de ces personnes-là de se retirer puis de s'en aller chez eux. C'est, en pratique, là, impossible. Donc, l'immobilisme du Parti québécois va geler le développement à Montréal encore pour quatre ans. Bon.
Concernant la collusion, j'en ai parlé tantôt, les arguments de Bertrand St-Arnaud puis de Mme Marois sont faux. En plus, les délais courts... et il y a des entreprises, incluant les entreprises de M. Accurso, qui commencent déjà à transférer des actifs, donc il y a une urgence d'agir. Et non seulement le Parti québécois n'agit pas, mais, pire que ça, actuellement, ce qu'on apprend, c'est qu'ils ont des rencontres avec des grandes firmes de génie pour contourner leur propre loi 1 pour que ces entreprises puissent continuer à opérer comme si de rien n'était, sans avoir remboursé l'argent volé.
Concernant le Parti libéral, bien, écoutez, on avait Jean Charest qui disait qu'il avait les deux mains sur le volant, maintenant on a Philippe Couillard qui est en train de s'endormir au volant. On avait Jean Charest, où c'était la négligence et l'arrogance, maintenant on a Philippe Couillard, où c'est le silence et l'indifférence.
Philippe Couillard est allé à la pêche aux idées dans les régions. Il semble qu'il est revenu bredouille de cette pêche, et c'est peut-être mieux comme ça, parce que les trois seules fois où on a entendu parler de Philippe Couillard au cours des six derniers mois, c'est: un, quand il a parlé du dossier constitutionnel; deux, quand il a évoqué la possibilité que Nathalie Normandeau revienne comme candidate du Parti libéral; puis trois, bien, c'est quand il a proposé que la date des élections tienne compte des fêtes religieuses. Ça fait que peut-être, dans le fond, que c'est mieux qu'il ne mette pas sur la table des idées.
Mais ce que je crois, c'est que, pour être premier ministre du Québec, il faut mériter d'être premier ministre. Et, actuellement, je ne peux pas croire que la stratégie d'hibernation de Philippe Couillard, qui ne veut pas se prononcer sur rien, qui ne propose aucun changement, qui espère être élu par acclamation, je ne peux pas croire que ça va durer. Et je pense que c'est une bonne chose que Philippe Couillard aime la pêche parce qu'il va devoir se mouiller au cours des prochaines semaines, des prochains mois.
Et c'est dommage de le dire, c'est dommage pour les Québécois, mais les Québécois sont insatisfaits de ce qu'ils voient à l'Assemblée nationale. Insatisfaits... aussi insatisfaits du Parti québécois, après neuf mois, que l'insatisfaction qu'ils avaient à l'égard du Parti libéral après neuf ans. Et je pense que les Québécois ont raison d'être insatisfaits. On a actuellement un gouvernement du Parti québécois qui est incapable d'avancer sans trébucher puis on a une opposition officielle qui attend que le pouvoir lui tombe du ciel.
Écoutez, je l'ai dit à plusieurs reprises, je suis revenu en politique pour arrêter ce déclin tranquille au Québec, pas pour l'accélérer comme l'a fait le Parti québécois ou pour l'entretenir comme le propose le Parti libéral.
J'ai une équipe extraordinaire, qui est compétente, qui est déterminée, qui a le courage de faire les changements nécessaires au Québec. Donc, je vous promets que les prochains mois vont être occupés. On n'arrêtera pas de lancer des idées. C'est pour ça que je suis ici, pour faire le ménage dans la corruption, faire le ménage dans la bureaucratie et le gaspillage, redémarrer l'économie du Québec et s'assurer que les Québécois retrouvent confiance et voient que tout est possible au Québec.
Sur ça, je passe la parole à notre leader, Gérard Deltell, qui va vous parler un peu plus longuement des travaux qu'on a eus durant la session.
M. Deltell: Merci, M. Legault. Alors, bonjour, mes chers amis. Salutations à Pierre, le cameraman de Radio-Canada, qui en est à ses derniers tours de manivelle ce matin. Bon succès, Pierre, dans ta retraite... jeune, mais ta retraite.
Alors, oui, la coalition a été une opposition proactive, une opposition réaliste et responsable. Nous avons déposé pas moins de cinq projets de loi. Et nous avons fait les recherches, c'est fort probablement la première fois qu'un deuxième groupe d'opposition dépose autant de projets de loi pour, justement, faire avancer le Québec dans le bon sens. Projets de loi pour étendre les pouvoirs du Vérificateur général, pouvoirs du Protecteur du citoyen, une meilleure protection des dénonciateurs, revoir les primes de départ et avantages financiers aux députés et mieux encadrer les nominations partisanes.
Grâce au travail des députés de la Coalition avenir Québec, il y a des éléments qui sont survenus par notre initiative et qui ont fait avancer le Québec. D'abord, le directeur général du CHUM qui a dû défendre sa gestion devant les élus, le vote sur les campus qui a finalement été étendu aux centres de formation professionnelle, ce que le Parti québécois avait complètement oublié.
On était d'accord avec le principe d'ouvrir des boîtes de scrutin, en fait d'ouvrir des urnes et des endroits où les gens peuvent aller voter dans les... pour les élèves adultes dans les cégeps, les universités. Mais c'est épouvantable de voir qu'on avait mis de côté les centres de formation professionnelle. C'est 142 000 élèves adultes à qui on refusait ce droit-là, mais il faut comprendre aussi que ce n'était peut-être pas l'endroit où il y avait le plus de carrés rouges. Alors, on a rappelé le PQ à l'ordre, puis finalement ils ont été d'accord avec notre proposition. Et aussi, bien, vous l'avez vu hier... la semaine dernière, les commissions scolaires qui ont été rappelées à l'ordre par l'Assemblée nationale pour cause d'outrage.
Aussi, bien, c'est la Coalition avenir Québec qui a été la seule, pendant la période de questions, à défendre le portefeuille des contribuables avec le maintien de la taxe santé, la hausse de la taxe scolaire, la hausse de la taxe sur l'essence et les hausses de tarifs d'électricité causées par les contrats de gré à gré.
Et aussi la coalition a été le seul parti à avoir le courage d'aborder des enjeux importants et essentiels comme, par exemple, réclamer le remboursement de l'argent volé, réduire le nombre d'élus à Montréal et faire le ménage dans la bureaucratie. On ne peut que se désoler de voir que l'opposition officielle a manqué à sa tâche d'opposition qui se veut réaliste, responsable mais aussi constructive.
Et j'en ai pour vous deux exemples. On a vu que les libéraux se sont opposés pour s'opposer systématiquement et de façon parfois brutale, sans nécessairement vouloir amener des choses positives, ce que nous, nous avons fait. Les deux exemples que je veux vous amener, c'est le projet de loi n° 14, dans un premier de temps, où d'entrée de jeu les libéraux ont dit: Non, on est contre, on est contre, on est contre. Nous, ce que nous avons fait, grâce à notre députée Nathalie Roy, on a amené des propositions. On a identifié exactement les ennuis qu'on voyait et on a fait notre travail rigoureux.
Prenez la question des enfants des militaires. C'est Nathalie Roy et Éric Caire qui ont fait le travail auprès de la population, tenu des assemblées, déposé une pétition pour convaincre le gouvernement que ça n'avait strictement aucun bon sens. Qu'ont fait les libéraux là-dessus? Rien du tout. Ils se sont opposés pour s'opposer. Pire, ils avaient annoncé qu'ils allaient faire un filibust, comme on appelle, c'est-à-dire que tous les députés allaient prendre la parole en Chambre, puis un beau matin, après une trentaine de députés, O.K., c'est beau, c'est fini, merci, bonsoir. Ce n'est pas une façon de faire en politique, et nous trouvons ça dommage.
Même chose aussi, on l'a tous vu la semaine dernière, avec la question des élections à date fixe, où la semaine dernière ils nous sont arrivés en surprise avec la question du calendrier religieux. Ils ont tenus, de façon très féroce, ce point de vue là pendant quatre jours de temps, pour finalement faire marche arrière.
Mais pire et vraiment pire, au moment même où Philippe Couillard disait en point de presse, juste ici, de l'autre bord de la rue, au moment même où Philippe Couillard disait qu'il maintenait la demande des calendriers religieux, au même moment ici, en commission parlementaire, Robert Dutil déposait un amendement où on retirait la question des calendriers religieux. Alors, c'est qui qui dirige au Parti libéral? Ils ont un chef qui est là, qui a été nommé, qu'on ne voit nulle part, mais, à chaque fois qu'il prend la parole, c'est pour être contredit par ses propres députés. Très désolant.
Donc, nous sommes très fiers de notre travail que nous avons fait et nous sommes, plus que jamais, le parti de l'économie et de l'intégrité. Près de la moitié des questions qu'on a posées en Chambre portaient sur ces thèmes. Merci.
Le Modérateur: On va passer à la période de questions. Alain Laforest.
M. Laforest (Alain): Bonjour à tous. M. Legault, quelle est votre erreur de la session?
M. Legault: Bien, écoutez, l'erreur de la session, ce n'était pas voulu, évidemment, on a perdu un député. Ça a été difficile. Je pense qu'on l'a gérée comme il faut, rapidement, mais évidemment que ça a été un moment difficile pour l'équipe. Et, par contre, on a agi de façon responsable.
M. Laforest (Alain): Quelle note sur dix vous vous donnez pour cette session parlementaire? Et là vous n'avez pas le choix de me répondre, vous m'avez répondu sur Twitter, M. Legault. Vous avez le choix...
M. Legault: Oui, oui. C'est avec un petit bonhomme sourire.
M. Laforest (Alain): Je mets le Twitter ou vous me répondez. Vous avez le choix.
M. Legault: Sans donner une note, je pense que, comme je le disais tantôt, le Parti québécois a été élu sous de fausses représentations. Je ne pense qu'on puisse donner de note à M. Couillard parce qu'il était absent des cours. Et, bien, je pense qu'on a eu une bonne note, là. On a travaillé fort sur le projet Saint-Laurent. Puis il y en a qui trouvent qu'on a trop proposé, qu'on a trop agi; moi, j'aime ça.
Le Modérateur: Julien Lafille.
M. Lafille (Julien): M. Legault, donc, pour résumer, vous dites: Pauline Marois est en mode reculons, Philippe Couillard en mode hibernation. François Legault, lui, est en quel mode?
M. Legault: Bien, on est en mode proposition, d'action. On a proposé... puis écoutez, là, ce n'est pas rien, on va avoir un livre, là, avec un plan détaillé sur un projet économique, le projet Saint-Laurent, pour créer, entre autres, une vallée de l'innovation au Québec. Je pense qu'il n'y a aucun des deux autres partis qui arrivent à la cheville de ce qu'on a proposé en économie.
Je pense que, je l'ai dit tantôt, en matière de lutte à la corruption, on a presque fait le travail de Bertrand St-Arnaud en lui donnant un avis juridique. Si j'étais premier ministre, j'aurais déjà poursuivi les compagnies qui nous ont volés puis je serais en train de négocier, parce qu'on a besoin de cet argent-là, puis les compagnies ont besoin d'être capables de continuer à faire des affaires. On ne peut pas mettre en faillite toutes nos grandes entreprises de génie. Mais actuellement, là, l'immobilisme du Parti québécois, ça coûte cher.
M. Lafille (Julien): Au-delà de la perte de M. Ratthé, est-ce que vous avez des regrets par rapport à cette session, des choses que vous auriez voulu faire que vous n'avez pas pu faire?
M. Legault: Non, je n'en vois pas d'autres, là. Écoutez, on a proposé, proposé, proposé. C'est ce qu'on devrait faire, là. Je sais que... Je vois deux spinneux libéraux et deux spinneux péquistes là-bas qui essaient de dire le contraire, là, mais écoutez-les pas, hein?
Le Modérateur: Gilbert Lavoie.
M. Lavoie (Gilbert): M. Legault, je reprends vos propos. Philippe Couillard est en mode hibernation et Mme Marois est en mode reculons. Comment expliquez-vous, dans les circonstances, votre difficulté à la fois dans les sondages et le financement populaire?
M. Legault: Bien, d'abord, pour ce qui est du financement populaire, on n'a pas vraiment commencé notre campagne. On va... On a laissé les gens souffler, là, on a eu quand même une campagne électorale à l'automne. Mais moi, je suis confiant qu'on va atteindre nos objectifs à l'automne. Même dans mon propre comté, là, l'activité va avoir lieu à l'automne, donc on n'a pas vraiment commencé.
Maintenant, bien, écoutez, les gens sont très cyniques, c'est très difficile. Regardez, là, je vais vous donner un exemple, prenez l'exemple de notre proposition en matière de financement de la recherche et des universités. Je n'ai pas vu beaucoup, dans les médias, notre proposition. Donc, c'est difficile, là, de parler d'économie, de parler de propositions constructives. Il y a du cynisme. Les gens mettent tous les politiciens dans le même paquet, donc il y a du travail à faire pour aller rejoindre la population. Je pense que ce qui est arrivé avec la commission Charbonneau, ce qui était arrivé même avec le scandale des commandites, ça n'aide pas l'ensemble des partis. On est plus sur des impressions.
Actuellement, il y a comme une espèce de lune de miel avec Philippe Couillard. Sincèrement, là, je ne pense pas que les gens appuient les idées de Philippe Couillard. Il n'en a pas dit une, ça fait qu'il faut, à un moment donné, quand même se rendre compte que c'est difficile de percer le mur de l'indifférence.
M. Lavoie (Gilbert): Et la CAQ s'est souvent vantée, avec raison, d'avoir été la première à demander une enquête sur l'industrie de la construction. À part ce qu'on a appris au municipal, quelle est votre impression de ce qu'on a appris, au niveau provincial, de la commission Charbonneau jusqu'à maintenant? Est-ce que vous avez l'impression que les politiciens, au niveau provincial, sortent blanchis de l'opération jusqu'à maintenant ou si vos soupçons sont toujours là?
M. Legault: Bon, d'abord, la commission n'est pas terminée. On a commencé par les municipalités. Maintenant, j'ai été très surpris de la réaction de M. Couillard concernant les extras parce que c'est comme s'il niait qu'il y avait un problème. Je veux dire, on a dit, suite à un rapport de KPMG: Les extras ont doublé. Et, Philippe Couillard a dit: C'est parce qu'il y avait plus de contrats, ce qui est archi faux. Donc, ça veut dire qu'il ne connaît pas le dossier puis qu'il nie le problème. Quand on nie le problème, on ne peut pas travailler sur les solutions.
Maintenant, pour ce qui est du Parti québécois, ils ne sont pas convaincants. Sylvain Gaudreault a continué de donner des extras. Puis en plus, bien, on se retrouve dans une situation où je n'ai pas l'impression, là, qu'on a rebâti la compétence du ministère des Transports, parce que, vous savez, un ingénieur d'expérience, là, devrait voir quand les prix sont soufflés de 20 % à 30 %. Donc, il y a toute la partie corruption, collusion, là, mais il y a la partie compétence sur laquelle le Parti québécois n'a pas travaillé. Ils ont essayé de travailler sur un projet de loi un peu Ponce Pilate pour dire: On va tout mettre ça dans une agence de transports, comme ça, on ne sera plus responsables de rien. C'est une mauvaise idée, là. Qu'on s'assoit avec les syndicats, qu'on négocie des meilleurs salaires pour les ingénieurs d'expérience, des salaires compétitifs avec le privé; vous allez voir que l'argent qu'on va récupérer, là, va être beaucoup plus que ces augmentations de salaire pour des ingénieurs d'expérience.
Mais on voit, là, que c'est une équipe d'amateurs, des gens qui n'ont pas d'expérience. Je m'excuse de le dire, là, mais on le voit, les ministres, là, ils n'ont jamais géré une organisation, jamais géré une entreprise. C'est comme s'ils étaient encore à l'école en train d'apprendre, là. On a besoin d'un gouvernement compétent, qui est capable de façon concrète, d'abord d'aller chercher l'argent qu'on s'est fait voler puis, deuxièmement, mettre les gens compétents à la bonne place, accompagner les municipalités aussi.
Il a fallu insister pour dire: Écoutez, là, à Montréal, il faut envoyer quelqu'un, quelqu'un de compétent qui va aller s'assurer que ça fonctionne. Mais ça ne fonctionnera pas à Montréal, là, tant qu'on va éparpiller les contrats dans les arrondissements puis qu'on va permettre à tout le monde de faire n'importe quoi n'importe comment. Mais là, encore là, là, on dirait qu'on a un gouvernement qui agit un peu comme un observateur. Des fois, quand j'entends certains ministres répondre, là, on dirait qu'il sont encore dans l'opposition. C'est toujours soit la faute des libéraux ou la faute d'Ottawa.
Le Modérateur: Martine Biron.
Mme Biron (Martine): Bonjour, M. Legault.
M. Legault: Bonjour.
Mme Biron (Martine): Vous dites que les citoyens sont cyniques. Est-ce que je comprends que ce cynisme de la population fait que, vous, la CAQ, vous êtes dans le même paquet que les autres, c'est-à-dire que la perception des citoyens cyniques fait qu'elle met la CAQ dans le même paquet que les autres? C'est ça que vous...
M. Legault: Quand je regarde, là, les sondages - puis bon, évidemment, à l'interne, on en fait aussi - ce qu'on se rend compte, on voit que les gens, d'abord, n'ont pas de position très ferme sur le parti qu'ils appuient. Donc, c'est très, très fragile, les niveaux d'appui qu'on voit actuellement. Puis on voit surtout que, quand on commence à tester un certain nombre d'idées, malheureusement, les gens ne tranchent pas sur la base d'idées. Ils tranchent... bon, le Parti libéral, c'est un vieux parti, il a des habitudes de ce côté-là. Mais il va falloir, à un moment donné, qu'on réussisse à avoir les vrais débats sur l'économie, les vrais débats sur la bonne gestion des finances publiques. Actuellement, c'est difficile. C'est difficile pour tous les partis.
Mme Biron (Martine): Vous avez quand même dominé dans les sondages pendant une bonne année, avant la dernière élection, alors les gens étaient prêts à vous écouter, à vous entendre. Il y a quelque chose qui n'a pas marché dans votre programme de communication, ne serait-ce que... Qu'est-ce qui ne marche pas? Qu'est-ce qui fait que ce que vous avez dit n'a pas réussi à passer et que votre message n'est pas entendu?
M. Legault: Écoutez, vous irez voir, là, ce que j'ai dit à l'époque. Quand on était à 40 %, 47 % d'appui, je disais: Soyons prudents. Je le disais à nous-mêmes, là, parce que les gens sont sur des impressions. Donc, je ne change pas de discours aujourd'hui, là. Les gens veulent de la nouveauté pour de la nouveauté, mais il faut, à un moment donné, avoir un débat d'idées, là. Qu'est-ce qu'on fait pour éliminer l'écart de richesse? Qu'est-ce qu'on fait pour mieux gérer? C'est là-dessus qu'il faut avoir des débats.
Mais là, pour l'instant, les gens sont sur des impressions, pensent que tous les politiciens que ça fait plus que six qu'ils voient, ils doivent faire partie de la vieille gang puis ils sont pourris...
Mme Biron (Martine): ...ce que vous n'avez pas réussi à faire, si cette impression-là persiste, parce que les gens étaient prêts à vous entendre, compte tenu des sondages...
M. Legault: Ah! Bien, ils sont prêts à entendre Couillard, ils sont prêts à entendre tout le monde...
Mme Biron (Martine): Mais il y a quelque chose que...
M. Legault: ...mais ils ne les entendent pas.
Mme Biron (Martine): Qu'est-ce que vous n'avez pas fait? Où avez-vous échoué dans ce...
M. Legault: Bien, c'est difficile. C'est difficile. Je reviens avec mon exemple, là. L'innovation, là, c'est la clé de notre avenir, O.K.? Sincèrement, là, on a parlé de zones d'innovation, on a parlé de financement de recherche, là. Je n'ai pas vu, ni dans les médias électroniques ni dans les médias écrits, un débat sur comment on fait une société d'innovation au Québec, comment on fait pour avoir des emplois de qualité, comment... Ces débats-là n'ont pas lieu. On est toujours dans la controverse, dans des dossiers plus quotidiens. Puis je ne veux pas blâmer les journalistes, loin de là, mais la population est cynique, s'intéresse moins à ces sujets-là.
Le Modérateur: Michel Pépin.
M. Pépin (Michel): Bonjour à tous. Bonjour, M. Legault. Amateurs, en parlant des ministres actuels, un gouvernement à reculons, des ministres pas nécessairement compétents, là, si j'ai bien compris ce que vous avez dit. Alors, pourquoi ne pas déclencher des élections, M. Legault, dans ce contexte-là? C'est un gouvernement qui ne fonctionne pas à votre goût. Vous avez la possibilité de...
M. Legault: Je me demandais: Comment ça se fait que ce n'est pas arrivé encore, cette question-là? Écoutez, je pense qu'évidemment, je viens de le dire, on a besoin de faire connaître les différentes propositions. Je pense qu'il y aura un moment déterminant, critique lors du dépôt du prochain budget. Parce que, quand on dépose un budget, on dépose des choix de société. Donc, printemps 2014, je pense que ça sera là le moment de vérité.
M. Pépin (Michel): Alors, ça pose la question: Qu'est-ce que vous allez accomplir et qu'est-ce que cette Assemblée nationale va accomplir d'ici là? Ça ne dépend pas juste de vous, mais vous savez un peu ce qu'il y a dans l'assiette, à peu près, là. Qu'est-ce qui vous intéresse sur ce qui s'en vient, là? Qu'est-ce qui est important qu'on fasse d'ici le printemps pour éviter que tout le monde et tout le Québec perde son temps, là, si tout est bloqué, hein, par exemple? Ça peut arriver, là. On voit bien qu'il y a des projets de loi, on en arrache, ce n'est pas facile. Est-ce que cette Assemblée-là pourra avancer jusqu'au printemps 2014? Et de quelle façon?
M. Legault: Écoutez, prenons les trois sujets. Le projet Saint-Laurent, on va avoir un livre, avec un plan détaillé, chiffré. J'espère que le Parti québécois va copier notre projet. Donc, ça, ça ne peut pas être plus concret.
Deuxièmement, concernant le remboursement des sommes volées, on a payé, là, 4 000 $ à un avocat pour qu'il fasse un avis juridique pour aider Bertrand St-Arnaud, pour le faire bouger, parce que c'est important de bouger rapidement et pour le gouvernement et pour les entreprises. Ça, c'est la deuxième chose.
Troisième chose, le ménage pour réduire les impôts et les taxes. On a peut-être payé le prix lors de la dernière campagne électorale, mais on a été tellement concrets dans les commissions scolaires, dans les agences de santé. Qu'est-ce qui arrive chez Hydro-Québec, là? Le Parti québécois a repris notre approche sur le nombre d'employés, mais on dirait qu'il n'y a rien qui se passe. Mais on ne peut pas nous accuser de ne pas être constructifs, on va continuer de l'être, puis j'espère que le Parti québécois va nous voler nos idées. Ils ont essayé de le faire avec le guichet unique, mais ils l'ont mal fait.
M. Pépin (Michel): Je ne prétends pas que vous n'êtes pas constructifs, bien sûr, sauf que vous êtes pris avec un... ce n'est pas vous qui déterminez l'agenda de cette Assemblée, hein?
M. Legault: Un quoi?
M. Pépin (Michel): Ce n'est pas vous qui déterminez l'agenda de cette Assemblée, c'est le gouvernement. Il y a un projet de loi sur les mines, il y a un projet de loi sur les valeurs québécoises qui s'en vient, il y a le n° 14 qui est... bon, qui est toujours dans le décor et il y aura d'autres... sans doute, d'autres éléments. Par exemple, là-dessus, là comment vous vivez avec ces projets de loi là? Est-ce que vous croyez que ça peut aboutir, tout ça?
M. Legault: Prenez-les un par un. Le projet de loi sur les mines, j'étais plus pressé que le Parti québécois. J'ai dit, là: Il y a des imperfections dans le projet qui a été déposé, là, mais, moi, j'ai suggéré qu'on trouve un moyen de l'adopter dès ce printemps. Je trouve, c'est une erreur de reporter ça à l'automne parce que ça reporte des projets de développement.
Prenez le projet de loi n° 14, on a proposé des amendements. Jean-François Lisée a écrit une longue lettre dans The Gazette pour dire qu'il était d'accord avec nos amendements. Là, il semble y avoir eu une chicane à l'interne, puis on n'en a plus entendu parler. C'est eux autres qui l'ont retiré.
Prenez le projet sur les valeurs québécoises, on est prêts, depuis trois mois, on a eu la discussion à l'interne, on est prêts à faire notre proposition. Bernard Drainville, qui avait promis un projet de loi ce printemps, il repousse ça encore à l'automne. Écoutez, là, on fait notre possible, là, mais il faut quand même qu'il y ait un petit peu de collaboration de la part du gouvernement, qu'il arrête, là, de tout pelleter par en avant, puis de nommer Mme Carbonneau sur des commissions, puis de passer les patates chaudes à Claudette Carbonneau.
Le Modérateur: Patrice Bergeron. Bien, peut-être des questions et rapides et réponses rapides.
M. Bergeron (Patrice): Je vais en poser juste une, d'abord. Et réponse rapide. Bonjour, M. Legault, Mmes et MM. les députés. Vous avez été durs, voire très durs envers le gouvernement et vous avez été particulièrement acerbes contre Philippe Couillard, voire assassin même. Pourquoi? C'est votre menace principale ou...
M. Legault: On ne le voit pas. On dirait que c'est le bonhomme Sept-Heures, là, c'est l'homme invisible.
M. Bergeron (Patrice): ...envers Couillard qu'envers le gouvernement, on a l'impression là.
M. Legault: Je pense, c'est égal. Oui, égal, là. Mais écoutez, là, moi, je n'en reviens pas que quelqu'un veuille être premier ministre puis être élu par acclamation en n'ayant rien dit. Tu sais, il n'a rien dit pendant la course à la chefferie puis il n'a rien dit depuis qu'il est chef. À un moment donné, là, on ne peut pas juste dire: Oui, on est le parti de l'économie, mais je n'ai rien à proposer.
Prenez sur la corruption. L'avez-vous entendu, Philippe Couillard, faire un commentaire sur la lutte à la corruption? Il n'a rien, rien dit. Il se cache. Il a peur qu'on lui parle de M. Porter. Écoutez, là, il va falloir, à un moment donné, s'il veut être premier ministre, qu'il arrête d'hiberner.
M. Bergeron (Patrice): Ça vous fâche qu'il soit populaire malgré tout, quoi, ou...
M. Legault: Non, parce que j'ai connu la même chose. Je sais que les lunes de miel, ça dure un certain temps.
Le Modérateur: Tommy Chouinard.
M. Chouinard (Tommy): Bonjour, M. Legault. Les critiques que vous faites aujourd'hui à Philippe Couillard, c'est exactement les mêmes critiques qu'on a entendait à l'époque où, vous, vous faisiez votre propre tournée du Québec. On disait: M. Legault, va falloir qu'il se mouille à un moment donné. C'était vraiment le même type de discours. Est-ce que... Pourquoi lui reprochez-vous tant finalement d'adopter la même stratégie que, lui, il avait adopté? Est-ce que c'est parce qu'au fond le... vous êtes déçu que ce soit lui qui ait la faveur populaire en ce moment et pas vous?
M. Legault: Moi, je vous invite, là, à aller voir les quatre documents que j'ai sortis lorsqu'on a créé l'organisme sans but lucratif. O.K.? Je vous invite à aller les voir, là, puis de me dire ensuite qu'il n'y avait pas de proposition, d'idée dans ces documents-là. On a sorti un document sur l'éducation, on a proposé d'abolir les commissions scolaires, d'évaluer les enseignants, on a proposé des mesures, donc, en éducation, on a proposé des mesures en santé concernant les médecins de famille, on a proposé des mesures en économie, là, avec Charles Sirois, là - je me souviens de ma sortie, là, c'était très détaillé - même en culture.
Est-ce que Philippe Couillard a fait ça, là? Je n'ai pas vu une idée. Mais déjà, dans l'organisme sans but lucratif, là, j'avais déposé des idées. Ce que Jean Charest demandait, c'est que je sois à l'Assemblée nationale. C'est différent que de dire: Il n'a pas d'idée.
M. Chouinard (Tommy): Vous avez expliqué en substance, tantôt, que si vous n'avez pas actuellement la faveur populaire, c'est que la population est cynique, s'intéresse moins aux sujets que vous présentez. Alors, qu'allez-vous faire de différent pour justement renverser cette tendance-là?
M. Legault: Bien, écoutez, là, on a utilisé la publicité, hein? On va continuer à marteler. Il y a un livre qui va sortir sur le projet Saint-Laurent à l'automne. On espère que le plus de gens possible vont le lire. Donc, on va continuer de marteler, mais, écoutez, c'est difficile de lutter contre le cynisme. C'est probablement le plus grand défi de toute la classe politique de lutter contre le cynisme.
Le Modérateur: Jean-Luc Lavallée.
M. Lavallée (Jean-Luc): Rapidement, sur le projet Saint-Laurent, je ne vous reprocherai pas d'avoir des idées et de les proposer, mais il y a une réalité qui est implacable, vous êtes le deuxième groupe d'opposition. Nous ne sommes pas en campagne électorale, et pour certains, ça tombe un peu à plat. N'auriez-vous pas dû attendre la prochaine campagne électorale avant de présenter ce plan d'envergure là et garder cette carte-là dans votre jeu?
M. Legault: Bien là, êtes-vous en train de me dire qu'on ne devrait pas proposer d'idées avant la campagne électorale?
M. Lavallée (Jean-Luc): Pas du tout, non, justement.
M. Legault: Bon. Moi, je pense que ça, c'est la vieille façon de faire. Il va falloir vous habituer à la nouvelle façon de faire. Nous, on propose puis on va continuer de proposer à l'automne. Donc, plus les gens auront de temps pour assimiler ces propositions, mieux ça sera, là. Moi, je n'ai pas l'intention de cacher ça jusqu'à la prochaine campagne électorale.
M. Lavallée (Jean-Luc): Mais êtes-vous satisfait de la réception du public?
M. Legault: C'est difficile. C'est difficile d'avoir des débats, là, sur l'économie. C'est difficile d'avoir des débats sur la bonne gestion. Malheureusement, là, il faut continuer. On va travailler encore plus fort.
Le Modérateur: Dernière question en français, Michel Corbeil.
M. Corbeil (Michel): Bonjour, M. Legault. Vous parlez de faire le ménage dans la fonction publique, en tout cas dans la bureaucratie. Est-ce qu'il y a des secteurs, comme l'ingénierie, où vous voyez une exception? Il va falloir embaucher, il va falloir relever les salaires. Est-ce qu'il y en a d'autres exemples comme ceux-là?
M. Legault: Absolument. Quand on dit de faire le ménage, c'est le ménage dans la bureaucratie puis le gaspillage. Mais en ingénierie, là, c'est totalement inacceptable qu'au cours des dernières années libérales on ait perdu tous les ingénieurs d'expérience qui sont allés dans le privé parce que leur salaire était le double de ce qu'ils avaient au ministère des Transports. Donc, là-dessus, là, c'était une mauvaise décision, parce qu'on a perdu 10 fois, 100 fois plus qu'on aurait dû payer comme augmentation de salaire à ces ingénieurs.
M. Corbeil (Michel): Est-ce que ça vous inquiète d'être bloqués depuis un bon moment à moins de 30 % et même moins que ça?
M. Legault: Écoutez, ce qu'on voit, là, dans l'analyse des sondages, c'est que c'est très fragile, donc le vote, là, aux trois grands partis est très fragile. C'est comme des montagnes russes, là, il faut avoir le coeur solide, mais je ne suis pas inquiet.
Le Modérateur: Max Harrold.
M. Harrold (Max): Well, Mr. Couillard is the one who is ahead in the polls, and yet you're saying he's the one who is asleep at the wheel. So I'm wondering what is it exactly about his strategy that you see is so wrong.
M. Legault: He sleeps at the wheel, but we cannot accept that. Mr. Couillard has to tell us, if he wants to become Premier, he needs to tell us what he proposes for the economy, for fighting corruption. But we haven't heard him in the last nine months.
M. Harrold (Max): ...it's a good strategy, it keeps him...
M. Legault: I think, at the end of the day, and I've seen that personally, people will want to see ideas. And I think and I hope that you will convince him to tell us what he thinks about these subjects. So I think it's maybe a good strategy short-term, but long-term, that's not what we need in Québec.
M. Harrold (Max): Before the PQ Government, you described Mme Marois as flailing all over the place. What is it exactly that you think is the worst thing about the PQ Government in the past?
M. Legault: She didn't respect promises she made during the electoral campaign. She promised to abolish the health care tax. She didn't do so and, right now, she's increasing by 20% to 30% school taxes. So it's like the Liberal Party. The only solution to all problems is increasing taxes and it's against what she promised.
M. Harrold (Max): In your brand, Sir, how would you describe her right now in the views of the public? What is your main message?
M. Legault: During the electoral campaign, we said we will make the cleanup, cleanup in corruption, cleanup in bureaucracy. Now, we're adding to that the Saint Lawrence Project, which is a project to have an economy that will be able to meet the challenges of innovation in the future.
Le Modérateur: Caroline Plante.
Mme Plante (Caroline): Mr. Legault, hi. Bonjour. You say that you've forced the PQ to backtrack on a number of measures in Bill 14 and you talk about military families, for example. But we know that military families will just be pushed over to another bill. So what have you really accomplished with Bill 14?
M. Legault: So far, the Parti québécois decided to postpone the Bill 14 to next fall. But we've asked amendments. Mr. Lisée said in The Gazette that he was open for these amendments but it looks like there was a fight after that within the Parti québécois, and they decided to postpone everything. So right now, there's no damage.
Mme Plante (Caroline): So looking ahead to the next session, how do you see the fall session? It looks like there's a lot of sensitive hot potato issues that will be discussed. It looks like a very busy session, you know, with the Charter of Québec's values, the language Bill, dying with dignity. How do you see that unfolding and how close are we to an election campaign?
M. Legault: I think that, for the next session, we should have one focus: Economy. In the first six months of the year, we haven't created one job in Québec and there were 80,000 jobs created in Canada. So we really have to do something for the economy of Québec and that should be the top priority.
Le Modérateur: Angelica.
Mme Montgomery (Angelica): Are we going in an election campaign?
M. Legault: I think that the truth moment will be next spring, with the next budget.
Mme Montgomery (Angelica): Yes. Going on that, the upcoming session, we already know that there's a lot of very intense things that are going to be coming up. And the Liberals now have a leader. How intense do you think that this is going to be?
M. Legault: What's the name of the leader, again, hein?
Mme Montgomery (Angelica): My question stands: How intense do you think this is going to be?
M. Legault: I hope that Mr. Couillard will start telling us his ideas and telling us what he thinks about corruption, what he thinks about, concretely, the economy, what do we have to do. But I hope that we will start having debates.
Mme Montgomery (Angelica): I have some breaking news actually, because FIFA has just announced that Canadians are allowed to wear turbans on the soccer field. They have issued an official press release on the subject. Why do you... What should... What do you think should happen now and what do you make of the fact it had to go this far?
M. Legault: What I said since the beginning, since day one is the same: The Québec fédération should decide, and we'll approve what they will decide. That's it.
Mme Montgomery (Angelica): So the fact that FIFA says it's allowed now, Québec shouldn't have to listen to them?
M. Legault: It's the Québec federation who should decide.
Le Modérateur: Shawn Lyons.
M. Lyons (Shawn): Mr. Legault, this is report card time. So it's time for you to issue your report card for your party and the other main parties. Out of ten, what marks do you give them all?
M. Legault: OK. I don't want to give mark, but I think nobody can say that we haven't proposed many subjects. We tabled four bills... projects of bills. We tabled the Saint Lawrence Project, we tabled an opinion for fighting corruption. So I think we had a good session.
Regarding the Parti québécois, they broke their promises, so they shouldn't have a good note. And regarding Mr. Couillard, we can not give him a note, he was absent.
M. Lyons (Shawn): Speaking of that, I mean, when you were speaking before, you were focussing your harshest attacks on the Liberals, even more so than the Parti québécois. Do you see them as your main adversary right now, the main roadblock for you to move higher?
M. Legault: I think that we have to fight against the Government not doing anything and we have to fight against also the Liberal Party not proposing any changes. So we are the only party proposing changes and changes that are needed desperately in Québec.
M. Deltell: Merci.
M. Legault: Bon, merci tout le monde.
(Fin à 9 h 48)