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Point de presse de M. Amir Khadir, député de Mercier

Version finale

Le mardi 1 octobre 2013, 15 h 23

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Quinze heures vingt-trois minutes)

M. Khadir : Alors, bonjour. Merci d’être là. Nous avons entendu encore plusieurs révélations, au cours des derniers jours, sur le financement illégal des partis politiques. On le savait pour le Parti libéral, hein? Rappelez-vous le rapport du Directeur général des élections : de 2006 à 2011, le Parti libéral est allé chercher 7 millions de dollars, plus de 7 millions, en financement sectoriel. Ça, ça veut dire illégitime, des prête-noms, on ramasse de l’argent sale pour gagner ses élections. Le Parti québécois en a ramassé 2 millions pendant ces années-là. Là, on parle des années où le Parti libéral est au pouvoir, le Parti québécois est dans l’opposition. Malgré tout, le Parti québécois a réussi à en gagner 2 millions. Donc, c’est une pratique qui avait cours jusqu’en 2011, d’accord? Ceux qui plaident l’ignorance aujourd’hui, là, c’est un peu difficile de les croire.

Ensuite, même l’ADQ, nous nous rappelons de ce qu’a révélé les enquêtes journalistiques sur Tony Accurso, le financement obtenu par Mario Dumont en 2003 puis ensuite en 2007, où l’ADQ était susceptible, enfin, avait de bonnes chances de gagner ses élections, peut-être même accéder, donc, au pouvoir.

Mais une chose simple a été oubliée, lorsqu’on entend beaucoup de commentateurs, c’est qu’il y a un parti à l’Assemblée nationale… Ce n’est pas tous les partis qui sont dans le même bateau, c’est les vieux partis, très proches des élites économiques, qui se sont laissés happer par cette logique de financement sectoriel. Il y a un parti qui n’a jamais trempé dans le financement illégal, dans les prête-noms, dans le favoritisme, dans l’acceptation de dons venant d’entreprises en retour de faveurs, en retour de représentations, c’est Québec solidaire. Et je pense que c’est important, c’est une information publique essentielle. Lorsqu’on parle aujourd’hui du fait que toute la classe politique, entre guillemets, est entachée, toute cette classe politique exclut Québec solidaire. Québec solidaire n’a jamais reçu de don illégal et Québec solidaire a été le premier à dévoiler, justement, tout le stratagème du financement, de le mettre en évidence par un rapport — vous vous rappelez — en 2010 sur tout le mécanisme des prête-noms qui, aujourd’hui, se voit confirmé par les enquêtes de la commission Charbonneau, par les enquêtes de la DGEQ qui nous a révélé l’ampleur du phénomène en avril dernier.

Et j’aimerais appeler aussi la population et les journalistes de nous concentrer sur ce fait-là, c’est-à-dire qu’aujourd’hui au Québec le débat ne doit pas être alentour de la cocaïne de M. Boisclair, dans quelle séquence les choses se sont passées. L’essentiel, c’est de savoir qui, parmi les responsables aujourd’hui, hein… il y a des responsables de chaque parti, il y a M. Couillard, il y a M. Legault, il y a Mme Marois. Il y a trois chefs de partis qui sont aujourd’hui chefs de partis, dirigent des grandes formations politiques au Québec. Ce qu’on doit savoir : Est-ce qu’ils étaient, est-ce qu’elle était au courant de ces stratagèmes? Quelle part ils et elle ont joué dans ces stratagèmes? Puisqu’après tout, à la fin des années 90, au début des années 2000, tout au cours des années 2000, on sait aujourd’hui que le Parti québécois, le Parti libéral et même l’ADQ se prêtaient à du financement illégal. Merci de votre attention.

M. Boivin (Simon) : Est-ce que vous allez prendre leur parole s’ils vous disent qu’ils ignoraient ce qui se passait en matière de financement?

M. Khadir : Bien, il faut qu’ils s’expliquent. Ça ne peut pas être juste une parole, hein? Il faudrait qu’ils s’expliquent. Vous vous rappelez les révélations d’un de vos collègues, M. Lessard, sur la campagne à la chefferie de Mme Marois. Là, on ne parle pas de l’organisation dans son ensemble, là, on parle de campagne à la chefferie, donc centrée alentour de la personne qui est en lice. Et, lors de cette campagne-là, il y a eu allègrement des contributions venant des firmes de génie-conseil, dans une proportion absolument… enfin, tout à fait symptomatique du financement sectoriel venant… et illégal.

Donc, il faut qu’on nous explique comment tout ça a pu se passer. Mario Dumont accepte à demi-mot aujourd’hui en disant que l’on s’est fait avoir, on est un peu victimes. Je n’aime pas beaucoup cette notion-là, parce qu’on n’est pas victime vraiment quand on se rend au restaurant de Tony Accurso pour ramasser 14 000 $ — je ne sais plus quel montant, je pense, c’était alentour de ces eaux-là — pour l’ADQ. On sait ce qu’on fait. Mais, hormis ça, au moins Mario Dumont l’a admis.

Je n’ai pas entendu ça de M. Couillard. Il était ministre au plus fort de ces campagnes de financement du Parti libéral. Il allait aux mêmes cocktails de financement. Juste de dire qu’il n’était pas au courant, ça ne suffit pas. Comment il explique qu’il n’était pas au courant? Alors, est-ce que cette absence, cette ignorance ne frise pas l’incompétence, si c’est réel? Comment est-ce qu’un ministre si haut placé, ou Mme Marois qui fait sa course de chefferie, peut ignorer que c’est comme ça qu’on procède pour ramasser de l’argent?

M. Lavallée (Jean-Luc) : Quand vous dites : ceux qui plaident l’ignorance, c’est un peu difficile de les croire, vous visez les trois chefs de parti actuels?

M. Khadir : Je leur demande des explications, oui. C’est impossible de plaider l’ignorance. Il faut qu’ils nous expliquent comment ils ont été tenus ignorants et qu’est-ce qu’ils ont fait pour tenir responsables ceux qui le savaient. Et qui était responsable, si eux ignoraient? Si Mme Marois ignorait, si M. Couillard ignorait, si M. Legault ignorait alors qu’il était au Parti québécois, bien, qu’ils nous disent qui n’ignoraient pas, qui faisaient ça? C’étaient qui les responsables?

M. Lavoie (Gilbert) : Est-ce que vous estimez que la commission Charbonneau devrait entendre les chefs de parti?

M. Khadir : Je pense qu’on doit en arriver là le plus rapidement possible. Je souhaite… On l’a mentionné en début de session d’ailleurs, je crois que la commission Charbonneau a une fonction hautement politique. Ce n’est pas une commission judiciaire tout à fait, c’est une commission politique pour se défaire de la corruption, pour s’assurer qu’à l’avenir on ne répétera pas les mêmes erreurs.

Mais, pour le faire, il faut que les Québécois fassent les bons choix, c’est-à-dire qu’on ne peut pas laisser dans l’impunité électorale et politique les principaux acteurs de cette corruption et de cette collusion qui passaient nécessairement par les partis politiques et leur financement. Et donc, avant le prochain rendez-vous électoral, je pense que c’est salutaire pour le Québec de savoir ce qui s’est passé au niveau du gouvernement du Parti québécois et au niveau du gouvernement du Parti libéral lorsqu’ils étaient au pouvoir.

M. Lavoie (Gilbert) : Donc, les chefs de parti devraient…

M. Khadir : Je pense que oui, absolument. Bien, le plus rapidement possible, on doit en arriver là. Moi, ce que je pense, c’est qu’au bout du processus d’investigation de ce qui s’est passé au niveau du gouvernement québécois, bien sûr, comme ça couvre 15 ans, le Parti québécois et le Parti libéral doivent nécessairement être questionnés sur ces pratiques-là. Et c’est sûr que M. Couillard, comme Mme Marois, était présent au plus fort de tout ça.

M. Lavoie (Gilbert) : Mais il faudra aussi, à ce moment-là, théoriquement, faire revenir les anciens chefs de parti comme Jean Charest…

M. Khadir : Sans doute. Ce qui est encore…

M. Lavoie (Gilbert) : …Lucien Bouchard, peut-être tout ce monde-là.

M. Khadir : Mais ce qui est encore plus important, c’est ceux qui sont là, en position de décider. On peut rallonger la liste, mais ce qui est important, c’est que ceux qui sont aujourd’hui en position de décider... si on ne rétablit pas correctement les faits, les mêmes erreurs peuvent être produites.

M. Journet (Paul) : Peut-être une dernière sur le sujet puis ensuite une autre sur un autre sujet, si vous permettez. On sait que, selon l’agenda prévu de la commission Charbonneau, ce qui se passe sur la scène provinciale, on prévoit s’y attaquer au début de l’hiver. S’il y a des élections qui se déroulent cet automne, alors qu’on n’aura pas commencé à jeter cet éclairage-là, est-ce que...

M. Khadir : C’est dommage pour la démocratie québécoise.

M. Journet (Paul) : Mais est-ce que c’est tellement dommage, selon vous, que, bref, il faudrait éviter d’avoir des élections cet automne justement pour attendre d’avoir cet éclairage-là de la commission?

M. Khadir : Regardez, les élections ne peuvent pas uniquement dépendre de la commission, d’accord, et des révélations qui y seront faites ou qui seront plus substanciées. Il peut... Moi, je ne prévois pas les prochaines semaines ou les prochains mois, je ne peux pas prédire ce qui va arriver, mais il se peut que ça s’impose pour différents motifs. Mais je crois qu’il aurait été souhaitable, qu’il est souhaitable aujourd’hui que le plus rapidement la commission se penche sur les décisions au niveau du gouvernement québécois.

C’est sûr que, sur la scène municipale, on commence à comprendre pas mal les mécanismes. Les principaux acteurs ont été identifiés et les principaux... les villes principales, où ça avait des conséquences énormes, ça a été élucidé, soit par la commission, soit par l’UPAC et les descentes à Laval, par exemple.

Pour la démocratie québécoise, pour les milliards de dollars des contrats publics dans les années à venir, c’est important que le public, la population, les citoyens, quand ils vont aux urnes, lors des prochaines élections qui s’en viennent, disposent d’une information adéquate sur la véritable responsabilité des responsables politiques d’aujourd’hui surtout : M. Legault, M. Couillard, Mme Marois.

M. Journet (Paul) : Maintenant, si vous permettez, sur un autre sujet, j’aimerais vous poser une question au sujet des Femen, parce que, sauf erreur, vous êtes le seul parti politique à l’Assemblée nationale qui propose de sortir le crucifix du salon bleu pour le placer dans les couloirs, avec les autres artefacts de notre patrimoine...

M. Khadir : Objets de valeur historique, oui.

M. Journet (Paul) : ...en ce sens-là. Qu’est-ce que vous pensez de leur sortie contre le crucifix?

M. Khadir : De la sortie de… Ah! Des gens…

M. Journet (Paul) : Bien, je ne sais pas si vous êtes au...

M. Khadir : Non, non. Je suis arrivé sur l’entrefaite. Ils étaient déjà... Je ne l’ai pas vu, mais on m’a raconté qu’il y avait eu des Femen, c’est ça, des...

M. Journet (Paul) : Oui. Ce n’est pas très compliqué à vous résumer, là. Il y a eu des Femen qui ont fait...

M. Khadir : La contestation de différents, je dirais, consensus sociaux ou décisions politiques se fait de différentes manières. On est dans une société qui valorise la dissidence des opinions, et ça s’exprime de différentes manières. Alors, ce n’est pas le choix que j’aurais fait. D’ailleurs...

Une voix : ...

M. Khadir : Non, non, mais, sérieusement...

Une voix : ...

M. Khadir : Oui, mais on peut montrer d’autres parties que les seins, n’est-ce pas? Alors, j’aurais... On sait que des hommes et des femmes, parfois, se mettent à nu pour attirer l’attention. Ce n’est pas mon choix, ce n’est pas mon genre, mais je respecte, dans la société, cette capacité de certaines gens d’exprimer leurs idées de différentes manières. Je pense que, dans une société civilisée, on peut, disons, tolérer ça.

M. Lavoie (Gilbert) : …ce n’est pas pire de lancer le soutien-gorge qu’une paire de souliers.

M. Khadir : Je vous assure que, si j’en avais un, c’est ça que j’aurais lancé sur la figure de M. Bush. Il l’aurait d’ailleurs plus apprécié lui aussi.

(Fin à 15 h 33)

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