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Point de presse de M. Jean-Marc Fournier, chef de l'opposition officielle, et de M. Marc Tanguay, porte-parole de l'opposition officielle pour la Charte de la langue française et en matière de laïcité

Version finale

Le jeudi 3 octobre 2013, 9 h 30

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Neuf heures trente et une minutes)

M. Fournier : Merci beaucoup. Une très courte déclaration, puis, ensuite, on va prendre quelques-unes de vos questions avant d’aller à la période de questions.

La position de Jacques Parizeau de ce matin constitue certainement un sévère rappel à l’ordre au Parti québécois. Le code vestimentaire dessiné par le Parti québécois est un champ de bataille électorale qui fait mal à la cohésion sociale du Québec. Que ce soit clair, nous voulons réaffirmer la position du Parti libéral du Québec : oui au visage découvert, oui à la neutralité de l’État, oui à l’égalité hommes-femmes, oui aux balises d’accommodement, non à la présence de l’État dans le garde-robe des Québécois.

Ça peut être simplement dit, mais ça met en relief notamment les droits et libertés des Québécois tels que reconnus dans la charte québécoise des droits et libertés, dans la Charte canadienne des droits et libertés et dans la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations unies. Je suis prêt à prendre vos questions.

M. Lacroix (Louis) : Il va quand même plus loin que vous, M. Fournier, là. Lui, il s’accote sur le rapport Bouchard-Taylor quand même.

M. Fournier : Je constate, dans la position de M. Parizeau, qu’il fait une remontrance au Parti québécois sur les excès de son champ de bataille électorale. Cela dit, le code vestimentaire reste un champ de bataille électorale qui, comme on l’a vu, constitue des menaces à la cohésion sociale. Le ministre responsable note lui-même qu’il doit faire des rappels à l’ordre dans la communauté.

M. Lavallée (Jean-Luc) : Quel est l’impact de sa sortie, selon vous? Parce que vous dites : C’est une remontrance. Donc, c’est un camouflet au PQ?

M. Fournier : Bien, je ne peux pas présumer de la façon dont le Parti québécois va réagir. Ce n’est pas la première fois, d’autres avant, de la famille de grande mouvance souverainiste ou de la famille, plus précisément, du Parti québécois, ont déjà fait des sorties : Mme Mourani, M. Dorion, enfin, bien d’autres, vous les connaissez. Je n’ai pas vu jusqu’ici que cela avait arrêté la route que le Parti québécois, Mme Marois, M. Drainville notamment, avaient choisie. Je n’ai pas vu ça, mais c’est à eux de nous dire si cela va les faire réfléchir.

M. Salvet (Jean-Marc) : Est-ce qu’il est exclu que vous alliez jusqu’à l’interdiction de port de signes religieux chez les fonctions désignées par Bouchard-Taylor et que rappelle M. Parizeau ce matin?

M. Fournier :Je pense que la déclaration que j’ai faite tantôt est suffisamment claire pour vous dire que ce qui fait consensus au Québec et ce qui fait consensus à l’Assemblée nationale pourrait nous amener à poser immédiatement un geste. Le code vestimentaire ne fait vraiment pas consensus. Il est une atteinte, il est une discrimination à l’égard de ceux qui perdraient leur emploi s’ils ne répondent pas à ce code vestimentaire, ce qui ne correspond pas aux droits et libertés protégés…

M. Salvet (Jean-Marc) :Pour quelque fonction que ce soit.

M. Fournier : …conséquemment, s’il y a un geste à poser pour se retirer de ce champ de bataille électorale qui fait mal à la cohésion sociale, ce serait que le Parti québécois constate que, lorsqu’on est en ces matières, premièrement, on doit rechercher l’unanimité de la Chambre. C’est vrai même si c’était un gouvernement majoritaire, alors, à plus juste titre, parce que c’est un gouvernement minoritaire. Et il y a là quand même beaucoup de matières avec lesquelles on s’entend, matières dans lesquelles M. Parizeau semble donner le signal qu’elles sont importantes, et que, là-dessus, il y a de l’action.

Alors, je crois que plutôt que de mettre le doigt sur les éléments qui ne font pas consensus, on devrait se saisir de tout ce qui fait consensus pour faire avancer le Québec. Mais je vais vous faire une prédiction. Le Parti québécois ne veut pas un consensus, le Parti québécois veut gratter le bobo parce que c’est ça, son champ de bataille électorale.

Mme Prince (Véronique) : M. Fournier, justement, les ministres à qui on a parlé, la ligne qu’on nous donne ce matin, c’est : Bien, M. Parizeau est un citoyen comme tout le monde, il a le droit de s’exprimer. Est-ce que c’est vraiment un citoyen comme tout le monde, et son opinion se fond dans le reste de la société?

M. Fournier : Écoutez, c’est, bien sûr, leur interprétation, mais, vous et moi, et seulement vous et moi, est-ce qu’on peut imaginer que Mme Marois, M. Drainville, lorsqu’ils ont appris que M. Parizeau voulait faire entendre sa voix, n’en ont pas un peu discuté entre eux? Est-ce que vous pensez vraiment que, pour eux, toute déclaration de M. Parizeau n’a pas un effet immédiatement sur leur propre position? Honnêtement, là, on peut bien faire des déclarations avec la langue de bois, mais il y a des limites.

Mme Biron (Martine) : Mais ça doit quand même être important, vous faites… vous convoquez une conférence de presse…

M. Fournier : Bien sûr, bien sûr. La réponse que je viens de vous faire va dans ce sens-là, Mme Biron, bien évidemment.

Mme Biron (Martine) : …pour vous, l’importance de la contribution de M. Parizeau?

M. Fournier : Bien, je crois que la voix de M. Parizeau amène le Parti québécois à une réflexion. Je ne suis pas sûr qu’ils la font, si je comprends bien ce que vous me dites. Vous dites que leur première réaction est à l’effet que c’est une voix parmi tant d’autres, c’est ce que vous me dites. Je réponds : Pensez-vous vraiment que, pour eux, la voix de M. Parizeau est une simple voix? Et puis peut-être que je me suis mal exprimé, je vous ai posé une question, mais qui avait, je pense, une réponse. Évidemment, qu’il y a… la voix de M. Parizeau au sein du PQ est importante. Donc, j’espère que ça va les amener à réfléchir.

Des voix : …

M. Fournier : Je m’excuse... Un à la fois...

M. Chouinard (Tommy) : Vous vous réjouissez qu’il y ait des sons de cloche différents qui proviennent, donc, du camp souverainiste, de par Mme Mourani, M. Dorion, maintenant M. Parizeau. Pourquoi, dans votre propre famille, ce n’est pas possible d’entendre Mme Houda-Pepin là-dessus?

M. Fournier : Alors, commençons par le début. Je ne me réjouis pas qu’il y ait des voix qui...

M. Chouinard (Tommy) : ...

M. Fournier : Non, mais je....

M. Chouinard (Tommy) : Vous soulignez qu’il y a des voix autres. Oourquoi ce n’est pas possible d’en avoir chez vous?

M. Fournier : Permettez-moi, si vous me le permettez, je trouve ça intéressant, comme débat. Je ne veux pas me réjouir ou souligner autrement que de dire ceci : Dans ces matières, on ne doit pas chercher la division, mais le rassemblement, le consensus. Ce qu’on constate, avec ces voix, c’est qu’il n’y a pas de consensus vers cette position. Cela nous ramène à un comportement d’un gouvernement en ces matières — je parle de droits et libertés — en ces matières fondamentales. Ce comportement devrait rechercher le consensus. J’ai énuméré les éléments de consensus, je tends la main au gouvernement pour se saisir de ces éléments de consensus et de laisser de côté tout ce qui amène des points de vue divergents qui affectent la cohésion sociale. C’est dans ce sens-là que je le fais.

Maintenant, pour ce qui est du caucus du Parti libéral du Québec et de Mme Houda-Pepin, le caucus a discuté de ces éléments-là. La position que je vous affirme ici est la position du caucus. Mme Houda-Pepin a confirmé et affirmé qu’elle prendrait parole lorsqu’elle verrait le projet de loi, et nous avons hâte aussi de voir si ce projet de loi va s’attaquer ou se reposer sur les éléments de consensus ou plutôt gratter les éléments de division. Et il y aura d’autres commentaires qui viendront, et elle fera ses commentaires à ce moment-là, tout simplement. C’est son choix.

Journaliste : Une question...

M. Fournier : Je veux juste être sûr que je vous... que je ne puisse pas…

M. Lacroix (Louis) : Oui. C’est parce que ça fait deux jours de suite, M. Fournier, que vous parlez de champ de bataille électorale. Vous êtes convaincu qu’on s’en va en élection bientôt?

M. Fournier : Écoutez, je suis convaincu comme vous l’êtes, mais les pronostics sont autant les miens que les vôtres, pour avoir discuté avec quelques-uns de vos confrères dans les corridors et avec plein d’autres personnes sur le terrain. Et ce qu’on constate, en ce moment, c’est qu’on part une guerre dans le domaine de l’éducation, on avait déjà parti une guerre sur la question des droits et libertés des Québécois. On constate que nous avons une situation économique qui est, avouons-le, catastrophique.

La semaine dernière, ce n’est quand même pas rien, la semaine dernière, Mme Marois a dit, une journée : Je garde le cap sur le déficit zéro. Trois jours après, le ministère des Finances nous dit que ce déficit est à 1,8 milliard. Je crois que le Parti québécois a un calendrier électoral pour masquer le fiasco économique, et ce calendrier électoral est bâti sur des guerres sur d’autres sujets. M. Couillard a déjà utilisé l’expression du «wag the dog». J’ai l’impression qu’il y a des metteurs en scène au bunker de Mme Marois.

M. Lavallée (Jean-Luc) : Une question pour M. Tanguay, si vous permettez. Dimanche dernier, vous avez associé la charte des valeurs québécoises à du nationalisme ethnique, sur Twitter. J’aimerais vous entendre sur votre déclaration.

M. Tanguay : J’ai eu l’occasion de faire écho aux propos de Maria Mourani qui l’avait fait, et, malheureusement pour le Parti québécois, ils ne peuvent pas me chasser de mon caucus. Maria Mourani a eu l’occasion de préciser sa pensée dans des débats, entre autres avec Louise Beaudoin, et force est de constater que le ministre en charge de la démocratie au Québec — et je ne vous parle pas du site Internet dont, peut-être, on aura les résumés — a eu l’occasion de constater, et non pas de condamner, il n’a jamais condamné l’exclusion de Maria Mourani. Alors, je faisais écho aux propos de Maria Mourani et j’aimerais qu’elle puisse étayer le tout, mais force est de constater que, dans la famille souverainiste, elle n’a plus droit de cité.

M. Lavallée (Jean-Luc) : Mais est-ce que vous endossez ça? Est-ce que c’est du nationalisme ethnique?

M. Tanguay : Écoutez, je pense que c’est important de reconnaître que le gouvernement doit tabler sur ce qui nous rassemble, les points qui ont été soulignés, entre autres par M. Parizeau ce matin et qui est un clair rappel à l’ordre. Alors, en ce sens-là, je pense que c’est important pour le gouvernement de revenir à la raison et de faire en sorte de tabler sur ce qui nous unit, et, vous savez…

M. Lavallée (Jean-Luc) : Mais vous ne répondez pas à la question. Est-ce que…

M. Tanguay : …Maria Mourani, je faisais écho à l’analyse de Maria Mourani et sur l’aspect extrêmement divisif, extrêmement divisif. Et je pense que le ministre et le gouvernement du Parti québécois doivent se rendre compte qu’ils divisent grandement la population au Québec.

M. Lavallée (Jean-Luc) : …même reprendre les mêmes propos nationalistes…

M. Tanguay : J’ai eu l’occasion de faire écho des propos de Mme Mourani, et, en ce sens-là, elle aura l’occasion, j’ose le souhaiter, d’étayer sa position.

M. Fournier : Et clairement.

Le Modérateur : On va passer en anglais.

M. Fournier : Et clairement, si vous me permettez, pour ajouter ma voix, c’est un nationalisme d’exclusion.

M. Pépin (Michel) : M. Tanguay, il me semble que le Parti libéral et l’ancien gouvernement libéral…

M. Fournier : Après ça, je pense que… je m’excuse, à cause de l’heure, on va passer en anglais après. C’est ça? Allez-y.

M. Pépin (Michel) : Rapidement. Il me semble, vous n’avez pas donné l’exemple. Vous avez adopté une loi au printemps dernier, enfin, oui, un an et demi en fait, en matière de droits et libertés sans unanimité, là. Vous n’avez pas donné l’exemple en cette matière.

M. Fournier : Ah! C’est bien, c’est intéressant que vous souleviez ça. Honnêtement, la loi qui a été déposée respectait la charte. D’ailleurs, c’est intéressant de noter, certains ont dit que de ne pas donner le trajet était une atteinte à la liberté d’expression. Le test a déjà été passé en d’autres juridictions sur donner les trajets, mais c’était… mais c’est votre question…

M. Pépin (Michel) : Mais il y a beaucoup d’aspects dans cette loi-là, là. On pourrait parler du droit d’association, on pourrait parler de différentes questions, et il n’y a pas de jugement en cette matière-là…

M. Fournier : Et je n’ai aucun problème.

M. Pépin (Michel) : Ça touchait la question des droits et libertés, et vous n’avez pas eu l’unanimité, n’est-ce pas?

M. Fournier : Je n’ai aucun problème de vous dire qu’il me semble bien étonnant que le parti politique qui était devant nous et formait l’opposition à l’époque a soulevé ce genre d’argument, alors que le droit d’association continuait d’exister, alors que ce qui était nié par les cours de justice, dois-je ajouter, c’était que ce droit n’allait pas jusqu’à empêcher les autres à leur liberté d’assister à leurs cours. Ça, c’est que les cours de justice ont dit.

Le Parti québécois, à l’époque, s’est drapé dans la charte québécoise, la charte canadienne, même la déclaration universelle. Il n’y a rien de plus clair, si vous allez lire tous ces documents, sur la liberté de manifester ses croyances religieuses. Rien de plus clair. Même des juridictions en France ont répété cela dernièrement. Et, à la fin du jour, la discussion qu’on a en ce moment, elle est sérieuse. Est-ce que l’État doit intervenir dans le garde-robe des Québécois? Il y a des limites. Un État qui plonge ses mains de plus en plus profondément dans la poche des Québécois, c’est une chose, mais lorsqu’il est rendu à intervenir dans le coeur et dans l’âme des Québécois, c’est quand même une autre dimension.

M. Harrold (Max) : Mr. Fournier, what is the impact of a former Premier, M. Parizeau, coming out and saying that the charter has to be softened?

M. Fournier : Well, I think that Mr. Parizeau is saying to Mme Marois : Enough is enough. You are going too far. And that brings us to what should be the position of a government in those matters of fundamental rights and liberties. It should be not to look at what is a conflict and, more than that, work to aggravate the conflict, but to look at what is the consensus.

And there is a consensus on some points, many points, four points in fact. But there’s one point where there is no consensus at all : the fact that our Declaration of Rights and Liberties allows people of rights and liberties about their own religion and they should not be discriminated about those rights.

The proposition of Mme Marois is to exclude people of a right to work because of an electoral agenda that she’s got. It is the wrong thing to do.

M. Harrold (Max) : Do you think that this position that we’re hearing, that the opt-out clause might be removed this morning, is that part of the election machine gearing up, do you think?

M. Fournier : It’s about a debate that we’ve got, a discussion that we’ve got, you and me, at this moment about rights and liberties. Yesterday, we had a discussion about the conflict they are creating in education. You know what? It’s the same war that they are inventing just to avoid people to see the economic fiasco that we are in in Québec. They don’t have nothing to say about the economy and they want to hide the fact that it’s going in the wrong direction. We are going in a recession direction. They don’t want to talk about that, they want to have an election to avoid a discussion on economy. And they choose what? They choose to create wars against Quebeckers. It’s a sad day and a sad week for Québec.

Mme Montgomery (Angelica) : Can we talk about Parizeau again? Because we’ve heard these criticisms before from different people about this charter. The PQ hasn’t really reacted to it. Why would this be any different if you think it would…

M. Fournier : Well, Mr. Parizeau is not an ordinary citizen for the PQ. He is someone who intervened very often and said things that have some influence in the PQ. I hope that what he said today about the fact that there are things that have consensus, we should work on that… That’s what we said. And he said to the PQ : You are going very too far.

So let’s conclude about his intervention that why not give Québec a break. There’s consensus, work on that. And those who are… the points that are not in the consensus, let’s avoid that, because we are talking about fundamental rights and liberty. And I conclude…

Mme Montgomery (Angelica) : What kind of decision does this put the PQ in?

M. Fournier : I just want to conclude. You know what means «fundamental»? It’s fundamental.

M. Lyons (Shawn) : …you are saying all this plays into electoral politics, the PQ wants to hold an election, but when M. Parizeau speaks around election time, it tends to hurt the PQ. So where do you think that plays in to this whole electoral…

M. Fournier : Well, the agenda about this charter of values, that is more a vestimentary code — if I can use that expression, I’m not sure — it’s about… it’s a clothes code…

Une voix : Dress code.

M. Fournier : Dress code. They choose to put a dress code in the debate, and that dress code, it is the problem. That is the problem, that is where there is a conflict. And you asked questions to M. Drainville this morning, yesterday also. You see that, in the society, that creates big problems to citizens. So why not listen to the call of M. Parizeau who said : Work on consensus, don’t work on things that divide Quebeckers. I hope they are going to listen to.

M. Lyons (Shawn) : But do you think this hurts or helps them?

M. Fournier : Well, that’s for them to decide. If the PQ decides this morning that creating war field for electoral reasons is a wrong thing, that will be good. If they decide that they continue on that, because they want to avoid the discussion on economy, that will be bad for them and bad for Québec. Why not decide here that, when we talk about fundamental rights and liberty, we consider them fundamental. Thank you very much.

(Fin à 9 h 47)

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