Conférence de presse de Mme Françoise Gauthier, ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
Les modalités du programme d'aide aux producteurs bovins affectés par l'embargo
Version finale
Le mercredi 16 juillet 2003, 14 h 20
Salle Evelyn-Dumas (1.30),
édifice Pamphile-Le May
(Quatorze heures vingt minutes)
Mme Gauthier: Alors, bonjour. Justement, aujourd'hui, pour moi, c'est une bonne journée parce qu'on peut enfin annoncer un programme d'aide pour nos producteurs de l'industrie du bovin, et je suis assez contente des résultats auxquels nous sommes parvenus.
À ma droite, qui m'accompagne aujourd'hui, c'est M. Marc Dion effectivement, qui est responsable de la Direction générale des affaires économiques et scientifiques et technologiques du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. M. Dion, comme on vous l'a annoncé, pourra répondre à des questions plus techniques, là, sur l'application du programme.
D'entrée de jeu, je vous dirais que, comme vous le savez tous, depuis le 20 mai dernier, l'industrie bovine canadienne est aux prises avec un embargo décrété suite à la découverte d'un cas de maladie de la vache folle, qu'on appelle plus communément l'ESB. Aujourd'hui, je vous annonce que le Québec est la première province canadienne à s'entendre avec le fédéral concernant le programme d'aide aux producteurs affectés par l'embargo et décrété par d'autres pays.
Depuis le début de la crise, depuis le 20 mai dernier, avec mon ministère, nous avons mis toutes les énergies nécessaires pour trouver des solutions afin d'alléger les impacts économiques pour les producteurs et pour tous les membres de l'industrie.
Malgré cela, il faut savoir que notre industrie québécoise est très affectée, l'embargo a entraîné des conséquences immédiates pour une grande partie des intervenants concernés de près ou de loin par cette industrie. Je pense en premier lieu au secteur du veau de lait, du boeuf d'engraissement, de la vache de réforme, mais aussi du secteur de l'abattage ainsi que celui de la transformation, pour ne nommer que ceux-là.
Les impacts de cet embargo, au niveau canadien comme au Québec, mettent en péril la vitalité de cette industrie. C'est pourquoi la crise qui touche l'ensemble du Canada commandait que l'on prenne des mesures conjointement avec le gouvernement fédéral afin de trouver des solutions pour venir en aide aux producteurs et aux entreprises touchées. Nous avons d'abord rencontré les gens de l'industrie pour ensuite en évaluer les impacts. J'ai participé à toutes les conférences téléphoniques presque quotidiennes avec les autres ministres de l'Agriculture du Canada et avec M. Vanclief. Des fois, les conférences téléphoniques étaient jusqu'à deux fois par jour pour effectivement convaincre notre collègue fédéral qu'il devait y avoir la part du gouvernement canadien.
Je me suis rendue à Vancouver au début du mois de juin dernier où nous avons discuté pour la première fois de la possibilité d'un programme fédéral. Je vous le rappelle, nous vivons une crise canadienne, il fallait que le gouvernement fédéral s'implique financièrement. La semaine dernière, j'étais à Winnipeg dans le cadre d'une rencontre fédérale-provinciale-territoriale des ministres de l'Agriculture et nous en avons profité, avec M. Vanclief et les autres ministres, afin de finaliser les détails de l'entente.
Je vous annonce donc aujourd'hui que le Québec adhère à l'accord Canada-Québec établissant le programme de redressement de l'industrie dans le sillage de l'ESB. L'objectif du programme est d'aider à réduire la pression sur la filière bovine pendant que l'industrie se heurte aux frontières fermées de ses partenaires commerciaux, en premier lieu avec celle des États-Unis. De façon particulière, le programme vise à intensifier l'abattage de bovin canadien, à modérer l'accumulation continue de veau et bovin de boucherie, de modérer le flux sortant de bovin ou de boeuf à l'ouverture de la frontière américaine.
Pour mener à bien la poursuite de ces objectifs, le programme comprend deux volets: le volet abattage qui vise à compenser les producteurs d'une partie de la différence de prix sur les marchés depuis le début de la crise; le deuxième volet, le volet incitatif au stock et au prix, qui vise l'élimination des surplus d'inventaire de certains sous-produits de bovin de faible valeur. Ce volet s'adresse aux usines de conditionnement et de transformation de bovin.
Le programme couvrira le secteur du bovin d'abattage, des veaux de boucherie, des animaux de réforme, des autres ruminants dont le bison, les cervidés et les ovins. Le financement du programme sera assumé à 60 % par le gouvernement fédéral et à 40 % par le gouvernement du Québec. Concrètement, cela signifie que le programme mettra à la disposition des producteurs une aide de 51,1 millions de dollars, dont environ 20,5 millions de dollars proviendront du Québec. Un montant de 5,8 millions de dollars, dont 2,3 millions de dollars proviendront du Québec, sera également disponible pour venir en aide à l'industrie de la transformation. Cette aide constitue une contribution financière nouvelle par rapport aux programmes et aux mesures déjà existantes qui touchent la sécurité du revenu des entreprises agricoles.
Le programme s'applique à compter du 20 mai pour le volet 1, le Québec participera aux deux volets du programme. Le programme sera administré conjointement par La Financière agricole du Québec et le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Les efforts conjugués de nos deux gouvernements permettront aux producteurs bovin et à cette industrie en général de faire face à la crise déclenchée par l'embargo américain.
Enfin, je vous le rappelle, nous sommes la première province à régler les modalités de l'entente avec le gouvernement canadien. La négociation avec M. Vanclief a été franche et ouverte, et cela, à mon avis, augure bien pour assurer un suivi efficace de nos dossiers communs.
Enfin, je veux vous rappeler que cela ne règle pas tout le problème relié à la crise. Nous ne connaissons toujours pas quand sera levé l'embargo. Notre objectif demeure par contre celui de le faire lever, de faire lever l'embargo qui a été décrété par plusieurs pays dont les États-Unis.
À Winnipeg, nous avons discuté avec nos collègues des autres provinces et du fédéral, des solutions afin de trouver des moyens pour faire lever l'embargo au plus tôt. On se rappelle que cette crise, cet embargo a été levé pour des raisons scientifiques. Les analyses scientifiques démontrent qu'effectivement il n'y a plus de danger, et qu'effectivement il n'y a plus de raison scientifique pour maintenir cet embargo. Évidemment, M. Vanclief a le mandat très clair de nos collègues d'aller plaider devant nos partenaires américains et des autres pays, voire, aussi, les Japonais, les Mexicains, pour les convaincre que la nécessité de cet embargo n'a plus sa raison d'être.
Je suis prête, maintenant, à répondre à vos questions.
M. Deltell (Gérard): Mme la ministre, deux questions. Avec votre programme, est-ce que les producteurs agricoles vont être couverts, vont voir leurs pertes être couvertes à 100 %? C'est-à-dire que peu importe ce qui se serait passé, ça va être endossé?
Mme Gauthier: Non. Il faut voir que c'est un programme qui est à 90 %. Le producteur en subit un premier impact de 10 %, alors le 90 % est partagé 60-40. Et effectivement, c'est un programme qui est dégressif, dans le sens qu'il est basé sur un prix de référence, qui est un prix fixé par les américains, et plus l'écart entre le prix de référence et le prix du marché est grand, et moins la compensation va être au rendez-vous.
M. Deltell (Gérard): Compensé à 90 %. Deuxième question: Est-ce que ces mesures-là vont faire en sorte que la production va être ralentie ou maintenue au même rythme, comme s'il n'y avait pas de crise?
Mme Gauthier: En fait...
M. Deltell (Gérard): Parce que là, je crois que... Je ne suis pas vraiment un spécialiste, mais la question est de savoir, s'il n'y a pas de marché, pourquoi est-ce qu'on continue à produire tant de viande si, en bout de ligne, on n'est pas capable de la vendre ailleurs qu'au Canada?
Mme Gauthier: Bien, en fait, ce qu'il faut comprendre, c'est que, au moment où on se parle, les producteurs retiennent les veaux à l'abattage. Et ce que nous, on veut favoriser, c'est effectivement que les abattoirs puissent avoir un meilleur achalandage - si je peux m'exprimer ainsi - pour effectivement continuer l'industrie. C'est le premier objectif du premier volet du programme, c'est effectivement faire en sorte que nos producteurs gardent le moins longtemps leurs bêtes et les envoient davantage à l'abattage, parce que, au moment où on se parle, nos abattoirs ne fonctionnent qu'à 50 %.
M. Deltell (Gérard): Et, qu'est-ce qu'on fait avec la viande, si on ne peut pas la vendre aux États-Unis?
Mme Gauthier: Bien, écoutez, la viande, c'est le deuxième volet qui, effectivement, entre en ligne de compte au niveau des transformateurs et on apporte une aide aux stockage, là, des viandes, là, qui sont effectivement passées à l'abattoir. J'ai en tête, entre autres, le veau de lait. Évidemment, le veau de lait qui, par définition, se mange frais et se mange sorti de l'abattoir, bien évidemment, au moment où on se parle, il est congelé. Alors, il faut effectivement donner l'aide au transformateurs pour supporter l'inventaire des pièces ainsi produites.
M. Towner-Sarault (Frédéric): Mais, comment vous allez faire ça, cette aide-là que vous allez donner pour faire en sorte que les produits congelés sortent des frigidaires des abattoirs? Qu'est-ce que... Est-ce que vous allez racheter les produits?
Mme Gauthier: Non. Ce que, nous on dit, c'est que dans le volet 2, effectivement, on va donner de l'aide aux transformateurs pour supporter cet inventaire.
M. Lacombe (Réjean): Est-ce qu'au ministère, on a évalué les pertes que les producteurs ont eues depuis le 20 mai?
Mme Gauthier: Oui, effectivement, on a des chiffres. C'est assez important, je vous dirais. Écoutez, on évalue les pertes - tantôt je le disais d'entrée de jeu - on évalue les pertes au Québec à plus de 50 millions de dollars.
Une voix: Pour la période. Ça, c'est pour la période.
Mme Chagnon (Patricia): Pour l'industrie du boeuf en général.
Mme Gauthier: Oui.
Mme Chagnon (Patricia): Pour l'industrie du veau de lait ou du veau... du bovin, O.K.
Mme Gauthier: Du bovin, c'est ça.
Mme Chagnon (Patricia): J'imagine que l'argent compensé, est-ce que c'est en prévision que l'embargo va se terminer bientôt? Et si jamais ça se poursuit, est-ce que vous avez d'autres mesures à venir?
Mme Gauthier: En fait, le constat que nous avons fait à Winnipeg, c'est effectivement, c'est la phase 1 du programme parce qu'on est conscient - je le disais tantôt - que l'embargo devrait être levé dans les meilleurs délais compte tenu que cet embargo était basé sur des raisons scientifiques. Alors, l'enquête de la CIA qui a été menée de concert avec les partenaires américains, aussi des inspecteurs japonais qui étaient sur le territoire, ont démontré effectivement qu'il s'agissait d'un cas unique, que la situation était sous contrôle puis qu'il n'y avait pas d'autre cas et que la chaîne alimentaire était exempte. Et, dans ce sens-là, ce qu'on veut lancer comme message, c'est de faire en sorte de travailler pour la levée de l'embargo dans les plus brefs délais. Cependant, on est conscients aussi que les Américains et les Japonais voudront peut-être avoir des mesures de sécurité plus grandes. Et, en attendant, on a convenu aussi que, si jamais l'embargo n'était pas levé à court terme, on devrait se revoir, les ministres, régulièrement pour envisager un volet 2 au programme d'aide, évidemment.
M. Plouffe (Robert): Mme Gauthier, je voudrais juste être sûr pour les chiffres, là. Vous dites: C'est 50 millions, l'industrie... juste les producteurs de boeuf. C'est ça, 50 millions?
Mme Gauthier: Pour le coût total du programme, c'est 51,1 millions de dollars.
M. Plouffe (Robert): Ça, c'est votre programme que vous mettez en place. Mais on parle des pertes, là.
Mme Gauthier: Pardon?
M. Plouffe (Robert): Je vous parle, les pertes des producteurs?
Mme Gauthier: Pour les pertes des producteurs, c'est... Écoutez, les chiffres que nous avons, ce 51 millions là... les chiffres que nous avons avec les... qui est corroboré par les gens de la Fédération des producteurs de bovin, on estime des pertes aux alentours de 52 millions, 53 millions.
M. Plouffe (Robert): O.K. Là, ça, c'est juste les producteurs. Vous venez nous dire que nos abattoirs fonctionnent à 50 %. Donc, les transformateurs eux aussi subissent des pertes.
Mme Gauthier: Absolument.
M. Plouffe (Robert): Puis ça, ils ne sont pas comptés dans le 50 millions. Ce sera dans le volet 2, c'est ce que vous nous dites.
Mme Gauthier: C'est dans le volet 2, effectivement.
M. Plouffe (Robert): Et le volet 2 est prévu pour?
Mme Gauthier: Le volet 2, c'est prévu aussi... Ça fait partie de la même annonce. Le volet 2, c'est un programme qui va être administré par un programme du MAPAQ, et c'est le 5,8 millions, là, qu'on évalue l'ampleur des moyens... du fonds de soutien.
M. Plouffe (Robert): Et est-ce que nos producteurs vous disent... Ils peuvent encore supporter ça pendant combien de temps?
Mme Gauthier: Écoutez, ce que nos producteurs nous disaient, c'est qu'ils avaient hâte, effectivement, qu'on puisse faire une annonce pour les aider financièrement. C'est ça que nos producteurs nous disaient. Ce que nos producteurs nous disent aussi, c'est: Mettez de la pression, effectivement, pour faire lever l'embargo. Puis il y a une partie de nos producteurs qui nous disent aussi: Il devrait y avoir au moins, à tout le moins, une levée d'embargo partielle. Il faut voir aussi que, parallèlement à cela, il y a eu le régime La Financière, les régimes réguliers, la SRA, qui a quand même donné un certain versement, pour compenser la perte financière, à certains producteurs. Alors, ces versements-là ont été faits, si je ne m'abuse, au cours du mois de juin.
M. Grant (John): Mais, si l'embargo est basé sur les faits scientifiques, comment pouvez-vous entrevoir une levée partielle de l'embargo, là? C'est soit scientifique pour tout ou pour rien, là.
Mme Gauthier: Bien, je veux dire, à tout le moins, une chose est certaine, c'est que les bovins de 24 mois et moins... Parce que la crainte, la crainte des Japonais et des Américains, c'était que la maladie est transmise à cause de notre chaîne alimentaire animale. Or, on le sait, les bovins de 24 mois, surtout les veaux de lait, ne mangent pas de farine, sont nourris au lait. Et c'est dans ce sens-là qu'on disait: «Au moins, à tout le moins, évidemment, il n'y a pas de justification scientifique pour le maintien de l'embargo pour cette catégorie.» Mais ceci étant, depuis, on a le rapport d'experts qui ont été déposés, qui démontrent qu'effectivement la situation est sous contrôle. Et même, vous avez pu entendre, en fin de semaine, le représentant du gouvernement américain qui confirmait, effectivement, la qualité du boeuf canadien. Sauf que c'est un jeu politique qui se joue maintenant, et on souhaite, parce que le gouvernement américain a toujours dit que c'était pour des raisons scientifiques et, dans ce sens-là, si on continue leur logique, la levée de l'embargo devrait se faire. Mais les informations que j'ai, c'est qu'on voudrait que l'embargo soit levé en même temps du côté des Japonais et, évidemment, eux demandent des mesures de sécurité, par la suite, qu'on devra établir au Canada.
M. Plouffe (Robert): Mme Gauthier, je vous ai déjà posé la même question. Toujours dans cette même ligne-là, est-ce que vous avez tenté d'avoir pour le Québec, parce qu'on dit que le boeuf venait, donc, de l'Ouest, est-ce que vous avez tenté, vous, d'avoir une espèce, d'être exclus de cet embargo-là, puisque notre boeuf était de bonne qualité, puisqu'on n'avait pas ces problèmes-là, est-ce que vous avez tenté d'exclure des provinces, là, de cet embargo-là?
Mme Gauthier: Évidemment, comme je vous ai répondu aussi, c'est-à-dire que, vous parlez de la régionalisation, c'est comme ça que je dois comprendre votre question, vous me dites: Est-ce que vous avez tenté de régionaliser le Québec par rapport à l'ensemble du Canada? Effectivement, au MAPAQ, on a donné le mandat de monter un dossier. De monter un dossier qui se travaille en collaboration avec la CIA, je le dis et, effectivement, il y a une présentation administrative qui a été faite, au moment où on se parle. Mais il faut voir que, pour avoir un résultat concret sur la régionalisation, ça prend plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Évidemment, si l'embargo devait perdurer plusieurs mois encore, notre dossier sur la régionalisation deviendrait, évidemment, plus d'actualité, sauf que, au moment où on se parle, je vous dirais, M. Plouffe, qu'on a bon espoir qu'il y ait une levée d'embargo, là, dans les meilleurs délais. Mais, parallèlement à cela, évidemment, on travaille sur le dossier de la régionalisation.
M. Grant (John): Est-ce que les ministres, à votre réunion à Winnipeg, ont mis de l'avant l'idée de dire aux Canadiens, aux Québécois d'acheter canadien, acheter québécois, plutôt que d'acheter du boeuf américain et de dire à leurs supermarchés d'acheter autre chose que...
Mme Gauthier: Oui...
M. Grant (John): ...du boeuf américain?
Mme Gauthier: ...oui, il a été question beaucoup, puis peut-être que vous en avez eu vent, il a été question beaucoup aussi que le ministère Industrie et Commerce avait émis des permis d'importation supplémentaires. Et ce qu'on a convenu, c'est de dire à notre collègue M. Vanclief de parler avec son collègue au fédéral pour effectivement restreindre ses permis d'importation. Et on a aussi convenu de dire... Mais, au niveau de la consommation, la population canadienne, comme québécoise... je n'ai pas de mesure pour vous dire qu'ils auraient... qu'ils douteraient, là, de la qualité de notre viande. Même, d'ailleurs, je vous dirais, hier, dans le cadre d'une activité avec mon gouvernement, on était dans un restaurant qui avait acheté du boeuf québécois puis on le trouvait tous de très bonne qualité.
M. Deltell (Gérard): Mme la ministre, comment vous qualifiez l'attitude américaine et japonaise? Vous parlez de jeu politique, mais, au-delà de ça, là, comment ça se fait que ces gens-là imposent un embargo pour une question scientifique? La preuve scientifique est faite qu'il n'y a pas de problème, mais ils maintiennent encore l'embargo. Comment vous jugez leur attitude?
Mme Gauthier: Écoutez, je m'explique mal... Effectivement, je m'explique mal le maintien de l'embargo mais, cela étant, je sais aussi que l'industrie canadienne et américaine est une industrie liée, surtout dans l'Ouest canadien par rapport aux Américains. Je ne voudrais pas qualifier leur comportement. Ce que je vous dis, c'est, compte tenu de ce qu'ils nous ont toujours présenté, représenté, que c'était une décision qui était basée sur des raisons scientifiques, qu'on attendait des résultats scientifiques pour décider de la suite des choses, alors, moi, je me dis que, sur cette base-là, on devrait assister à une levée de l'embargo.
M. Deltell (Gérard): Pourquoi vous ne qualifiez pas, c'est nos producteurs qui souffrent actuellement, là? Pourquoi vous ne qualifiez pas leur attitude?
Mme Gauthier: Bien, parce que ce serait de mauvais aloi de qualifier leur attitude. Je veux dire, à partir du moment...
M. Deltell (Gérard): ...ce qu'ils font actuellement? Vous êtes ministre, madame.
Mme Gauthier: À partir du moment où il y a effectivement des raisons... il n'y a plus de raisons scientifiques pour maintenir l'embargo, ce que je dis au gouvernement américain, c'est: Vous n'avez plus de raisons de le tenir. Ceci étant, les relations intergouvernementales fédérales... intergouvernementales avec les autres pays, c'est la responsabilité du gouvernement fédéral. Et M. Vanclief, soyez certain, défend effectivement la position canadienne avec beaucoup d'énergie.
M. Lacombe (Réjean): Mme la ministre, avec ce que l'on a vécu et ce que l'on connaît, est-ce que vous avez l'intention, au ministère, de demander l'abolition de la farine animale comme alimentation pour les troupeaux québécois?
Mme Gauthier: Bien, on le sait, au Québec et au Canada, depuis 1998, je pense, il y a une législation qui effectivement interdit l'alimentation de farine animale provenant de bovins à des bovins. Et, davantage, nos producteurs au Québec ont tous signé des ententes écrites à l'effet qu'ils respecteraient la loi, et ils ne nourrissent pas leurs bovins avec de la farine bovine. Mais effectivement ça fait partie de mesures que nous devrons évaluer. Puis il en a été question beaucoup avec mes collègues à Winnipeg, de toute la question de la farine animale. Chez nous, au Québec, on a rencontré les gens de l'industrie, on a formé un comité pour voir dans l'avenir, à très court terme, comment on pourrait... comment on va pouvoir revoir cette façon de faire parce que, au niveau de la farine animale, effectivement, c'est une préoccupation des gouvernements canadien et québécois.
Mme Chagnon (Patricia): Mme la ministre, le total du programme, c'est 51,2 millions de dollars, 5,8 millions qui vont aller aux abattoirs, c'est bien ça?
Mme Gauthier: Le total du programme, c'est 58,2.
Mme Chagnon (Patricia): 58,2. Pour les abattoirs?
Mme Gauthier: Six... Pour les abattoirs, 5,8 millions, pardon.
Mme Chagnon (Patricia): Et pour la phase I? Pour les producteurs?
Mme Gauthier: 51,1.
Mme Chagnon (Patricia): 51,2.
Mme Gauthier: 51,1.
Mme Chagnon (Patricia): 51,1, oui.
M. Plouffe (Robert): ...virgule 9. Je ne sais pas, il manque une couple de millions. C'est peut-être pas grand-chose, mais comme vous budgétez très serré...
Mme Gauthier: Je ne vous ai pas parlé des frais d'administration.
Une voix: ...ça coûte cher les frais d'administration.
Mme Gauthier: On parle de 1,3 million pour des frais d'administration.
M. Plouffe (Robert): Il y a des gros salaires dans l'administration.
Mme Gauthier: Bien, en fait, c'est des chiffres qu'on a fait... on n'a pas inventé ça, c'est des chiffres qu'ils ont... on a travaillé avec les gens, des représentants de la Fédération.
Mme Hanes (Allison): Mme la ministre, est-ce que le 58,2 millions ça vient tout du fédéral ou est-ce qu'il y a une partie québécoise aussi?
Mme Gauthier: Non. C'est l'entièreté du programme d'aide pour le Québec.
Mme Hanes (Allison): Pour le fédéral?
Mme Gauthier: C'est 60 % pour le fédéral, 40 % pour le Québec.
Mme Hanes (Allison): 40 %. Parce qu'on n'a pas les chiffres écrits ici. Est-ce que vous pouvez répéter ça, c'est quoi la division?
Mme Gauthier: L'entièreté du programme, c'est 58,2. C'est l'entièreté des coûts pour le programme au Québec. Alors, c'est un programme à frais partagés 60-40 fédéral...
Mme Hanes (Allison): 60-40 fédéral.
Mme Chagnon (Patricia): Il y a une partie qui est payée par le ministère québécois, mais est-ce qu'il y a une partie de l'assurance?
Mme Gauthier: En fait, avec La Financière agricole, le volet I du programme est administré par La Financière agricole et il y a une partie effectivement de l'argent qui provient à même les fonds d'assurance, il y a une partie qui provient d'argent neuf du gouvernement du Québec.
Mme Chagnon (Patricia): Est-ce qu'il y a un pourcentage que le ministère va... C'est un peu technique là.
M. Dion (Marc): C'est fonction des volumes assurés.
Mme Chagnon (Patricia): Pardon?
M. Dion (Marc): C'est fonction des volumes assurés.
M. Deltell (Gérard): Ça veut dire combien le montant d'argent neuf que le gouvernement investit dans la crise, le gouvernement du Québec?
M. Dion (Marc): On évalue que, globalement, le gouvernement du Québec verse 23,3 millions de dollars dans le projet.
M. Plouffe (Robert): La Financière agricole, c'est sûr.
Mme Gauthier: Bien, pas nécessairement. Effectivement, il y a La Financière, il y a La Financière qui va administrer des programmes qu'on va bonifier, mais effectivement, le coût du programme, c'est 23,3 millions.
M. Deltell (Gérard): De l'argent neuf, il y en a combien là-dedans?
Mme Gauthier: Je ne pourrais pas vous répondre.
M. Plouffe (Robert): Mme Gauthier, vous connaissez peut-être l'agriculture maintenant que moi. Savez-vous si le lobby du boeuf est fort aux États-Unis et que tout ça finalement ça ne profite pas aux producteurs de boeuf américain?
Mme Gauthier: Pouvez-vous...
M. Plouffe (Robert): Le lobby du boeuf aux États-Unis, peut-être que c'est plus à eux que ça profite, et c'est peut-être eux qui font en sorte de dire qu'il ne faudrait pas que ça se règle vite, vite, vite.
M. Grant (John): À quel moment est-ce que vous allez dire que ce n'est pas la science, que c'est la politique américaine locale qui vous mène.
Mme Gauthier: Je vous dirais que, au moment où on se parle, la difficulté pour lever l'embargo, c'est que les Américains semblent dire qu'ils vont rendre leur décision tributaire à celle du Japon. C'est la difficulté que nous avons présentement, d'où la rencontre de la fin de semaine avec M. Vanclief et ses vis-à-vis japonais. C'est une grosse industrie, mais c'est interrelié avec des décisions qui sont prises avec nos partenaires japonais, américains. Et effectivement, les Américains, vous avez pu le lire comme moi et l'entendre comme moi, en fin de semaine, dire: On est satisfait des résultats des analyses qui sont faits au Canada. Maintenant, il faut essayer de convaincre les Japonais de faire lever l'embargo en même temps.
Une voix: ...
M. Gauthier: Oui, c'est ça. Ça va? Merci.
(Fin à 14 h 44)