(Onze heures cinq minutes)
Mme David
: J’ai posé
une question, ce matin, au ministre de la Culture sur le moment où il va se
décider enfin à déposer un projet de loi pour réglementer le prix du livre
neuf. Une collègue de la CAQ l’avait fait avant pour lui dire : Surtout,
ne réglementez pas le livre neuf. Évidemment, moi, j’ai dit : Oui, on doit
réglementer le prix du livre neuf. C’est ce que le milieu attend.
Il y a des actions, dans le milieu du livre,
éditeurs, libraires, auteurs, distributeurs, un rare consensus, qui n’est pas
unanimité, là, mais un rare consensus, là, jamais atteint au Québec depuis un
an ou deux. On ajoute à ça les bibliothèques publiques, etc., les gens veulent
cette réglementation. Et tout ce que le ministre a trouvé à répondre, aussi
bien à ma collègue de la CAQ qu’à moi, c’est : Il y aura quelque chose
incessamment, très vite, rapidement. Mais, en fait, c’est ce qu’il dit depuis
deux mois, alors que la commission parlementaire est terminée. Le Salon du
livre de Montréal ouvre ce soir. Le ministre de la Culture va certainement
aller faire un tour au Salon du livre. Je ne peux pas croire que tout ce qu’il
aura à dire aux auteurs, libraires, distributeurs, etc., ça va être : On
verra.
Il est évident que son lit n’est pas fait.
Il est évident que le gouvernement du Québec hésite profondément entre
réglementer ou ne pas réglementer, malgré des appels pressants du milieu,
malgré que le ministre ait déclaré, à la fin de la commission parlementaire,
qu’il entendait la voix des acteurs du milieu puis qui lui disent : Il
faut sauver la librairie agréée, il faut sauver la diversité du livre au Québec.
Et ça ne se fera pas si on ne réglemente pas. Les multinationales vont
réglementer elles-mêmes, elles vont dicter elles-mêmes le prix des livres.
Donc, en fait, c’est extrêmement décevant,
de la part d’un ministre qui vient du monde de la culture, d’un gouvernement
qui s’est toujours targué d’avoir les artistes de son côté et d’aimer le monde
de la culture. Je n’en reviens pas de l’immobilisme du gouvernement dans ce
dossier-là. Je trouve ça, en fait, extrêmement choquant.
M. Chouinard (Tommy)
:
Qu’est-ce qui explique, selon vous, qu’un parti qui avait des positions assez
arrêtées et connues quand il était dans l’opposition, une fois au gouvernement,
ce n’est plus très clair, là?
Mme David
: Bien, je
vous rappelle quelque chose. En campagne électorale, en 2012, moi, j’avais fait
une sortie sur la culture et particulièrement sur le livre, et, à Québec
solidaire on s’était prononcés pour la réglementation du prix du livre neuf.
Ce que le Parti québécois s’était engagé à
faire, c’était une consultation sur le sujet, mais pas de réglementer
directement le livre neuf. Ça, il n’a jamais pris de position claire là-dessus.
Il a dit : Je veux consulter. Il consulte, 90 % des gens du milieu
lui disent : oui, il faut le faire, et il hésite encore à le faire. Et je
suis convaincu qu’il hésite à le faire à cause des arguments populistes de la
CAQ qui dit : Ah! Mais les consommateurs vont devoir payer plus cher.
C’est sûr qu’à court terme ça veut dire
que, pour quelques mois, on ne pourra pas acheter chez Costco à un prix… à
moins 30 % de sa valeur. On peut quand même l’acheter à moins 10 %,
on peut attendre quelques mois avant de l’acheter, mais surtout, ce que le
ministre sait, ce qu’ils savent tous au gouvernement, c’est que, ça, c’est le
court terme. À moyen terme, si on tue la librairie indépendante, bien, c’est
Costco puis Wal-Mart qui vont fixer les prix, puis ça ne sera pas à la baisse.
(Fin à 11 h 9)