(Quatorze heures quarante minutes)
M. Legault
: Bonjour, tout
le monde. Écoutez, on voit aujourd'hui que le gouvernement du Parti québécois a
complètement perdu le contrôle des finances publiques du Québec. Il avait
promis un budget équilibré. Il ne livre pas ni cette année ni l'année
prochaine. Il a perdu le contrôle des revenus, il a perdu le contrôle des
dépenses et il a perdu le contrôle des immobilisations. Résultat : on voit
que, sur les deux prochaines années, la dette du Québec va augmenter de
14 milliards de dollars. C'est énorme. Et M. Marceau, qui nous dit
depuis des mois que tout va bien, bien, il s'est endormi au volant, puis là il
se réveille, puis il nous dit qu'on va s'en va direct dans le mur.
Et donc le Parti québécois continue
l'oeuvre du Parti libéral. Donc, on continue à endetter le Québec, on continue
à endetter les familles du Québec et surtout on continue à endetter les enfants
du Québec. Donc, l'héritage que laissent le Parti libéral et le Parti québécois
est un héritage qui sera lourd, un héritage qu'on paiera longtemps.
Sur ce, je laisse la parole à Christian
Dubé, qui va vous donner un petit peu plus de détails sur nos positions.
M. Dubé
: Alors,
bonjour, tout le monde. Ce n'est pas une très belle journée, quand on regarde
ce que vous vous êtes fait dire dans les dernières minutes par M. Marceau.
Premièrement, sur le contrôle des
dépenses. Vous le savez, ça fait un an que je demande les dépenses consolidées
pour qu'on ait l'ensemble global de ce qui se passe. Ce qu'on vient de se faire
dire aujourd'hui, c'est que ce gouvernement-là a le contrôle des dépenses. Je
vous le dis clairement, c'est faux, c'est archifaux.
Je vais vous montrer un document. Si je peux prendre... ici, s'il vous plaît. La
croissance des dépenses consolidées pour l'année 2013‑2014 : 3,3 %.
Dans le budget qui nous avait été déposé, cette croissance-là, elle était à
2,3 %. La différence de 2,3 % à 3,3 %, c'est 1 % sur
80 milliards de dépenses, ce qui veut dire au moins 800 millions.
Comment peut-il, dans la même phrase, dans le même communiqué de presse, vous
dire que le déficit, ce n'est qu'un problème de revenus, quand il n'a pas
respecté les dépenses de plus de 1 %? Alors, je vous le dis pour être très
clair, ce gouvernement-là ne contrôle pas les dépenses. C'est faux, c'est archifaux.
Alors, deuxièmement, on va parler de la
dette. Sur la dette, ce gouvernement-là nous a dit : On n'est pas inquiets
avec les agences de crédit, tout va très bien, la dette va commencer à baisser.
Regardez sur le tableau que vous avez ici, à ma droite : l'année 2013‑2014,
c'était la première année où, avec un déficit zéro, on avait une baisse de ce
qu'on appelle — c'est simple, là — la dette brute sur le
PIB, hein, c'était la première année. Puis je peux vous le montrer, là, dans...
deux fois : il nous l'a dit en novembre 2012, il vous l'a dit en mars
2013. Et, quand vous regardez le résultat réel, ça n'a pas baissé, ça a
augmenté. Alors, quand il vous dit que tout va bien, puis que les dépenses sont
sous contrôle, et que la dette est sous contrôle, je ne sais pas sur quelle
planète il est, il est complètement non crédible. Et moi, ce que je vous dis :
J'espère qu'il y a quelqu'un qui va lui dire, dans son gouvernement, que ça ne
marche pas. Et moi, ce qui m'inquiète — puis je terminerais là-dessus
très doucement — ce qui m'inquiète, c'est de ne pas voir
M. Bédard avec lui aujourd'hui. M. Bédard, c'est lui qui est là pour
être... supposé être... s'occuper des dépenses. Rappelez-vous qu'il était là quand c'était le temps du budget.
Maintenant que le budget ne balance pas ni dans les revenus, ni dans les
dépenses, ni dans la dette, où il est, M. Bédard? Merci.
M. Caron (Régys)
: Vous
suggérez qu'il coupe les dépenses davantage?
M. Dubé
: Bien,
écoutez, écoutez, ce qu'il nous avait dit, pour avoir un budget équilibré, il
fallait avoir une croissance des dépenses de 2,3 %. Quand on est arrivés
au mois de mars... Puis je vais vous dire, là, dans l'entreprise, qu'est-ce
qu'on fait, hein? Mon vendeur, il vient me voir, moi, comme P.D.G., puis il me
dit : Écoutez, M. Dubé, là, j'avais prévu des dépenses de 2,3 %,
ça va être 2,6 %. C'est ça qui est arrivé, au mois de mars. Je lui dis : Par contre, monsieur le vendeur, est-ce que vous
allez avoir encore un équilibre budgétaire? Pas de
problème, je suis obligé d'augmenter mes dépenses un petit peu,
l'économie va moins bien, je vais passer de 2,3 % à 2,6 %, mais je
vais avoir encore un équilibre budgétaire. C'est ça qu'il nous a dit.
Et là, tout d'un
coup — je ne sais pas dans quel mois c'est arrivé, là — ce n'est plus 2,6 %, c'est rendu
à 3,3 %. Et il ment, il ment, et je le redis, parce qu'il nous dit dans le
même communiqué : Le problème du déficit, ce n'est pas un problème de dépenses,
c'est un problème de revenus. Écoutez, là, ça ne marche pas, son affaire. Et
moi, je suis obligé de vous dire que, quand le Vérificateur général va passer,
on va peut-être avoir des grosses surprises. Puis ce n'est pas pour rien qu'ils
ont retardé le processus. Moi… On va attendre le processus budgétaire, c'est
triste, mais c'est comme ça. Je n'aime pas ça, dire ça aujourd'hui, mais je n'ai
plus confiance en notre ministre des Finances, et,
c'est triste, c'est comme ça.
Mme Prince (Véronique)
:
M. Legault, vous avez dit que le déficit zéro en 2013‑2014, c'était non
négociable.
M. Legault
:
Absolument.
Mme Prince (Véronique)
:
Donc, ça veut dire que vous allez voter contre au prochain budget?
M. Legault
: On n'a pas
changé d'idée là-dessus. On croit toujours que c'est possible de revoir les
façons de faire, c'est possible de réduire la croissance des dépenses, c'est
possible d'accélérer les revenus. Ça a été fait dans d'autres pays, entre
autres, je pense, dans les pays scandinaves. Il s'agit d'avoir de la vision, de
l'ambition puis le courage de changer les façons de faire. Donc, il n'est pas
trop tard, mais il va falloir que le Parti québécois se réveille et change sa
direction.
M. Lavallée (Hugo)
: Est-ce
que ça a été une erreur, M. Legault, de hausser la TVQ?
M. Legault
: Dans quel…
à quel moment?
M. Lavallée (Hugo)
: Récemment,
là, les deux points de pourcentage ces dernières années. Parce que M. Marceau
nous dit que ça a peut-être eu un effet inverse de ce qui était recherché,
c'est-à-dire qu'il y a des consommateurs… épargnent plus.
M. Legault
: Bien, il
faut comprendre, là, que c'était pour remplacer les points qui avaient été
laissés par le gouvernement fédéral. Donc, au net, il n'y avait pas d'impact à
ce moment-là sur le consommateur. Mais, quand M. Marceau nous dit que le
problème, c'est un problème d'inflation mondiale, pourquoi le Québec est la
seule province avec une croissance inférieure à 1 %? Je veux dire, il y a
un problème de confiance au Québec. Quand les gens n'ont pas confiance, ils
épargnent plus — on voit ce qui arrive — puis ils
consomment moins. Donc, le problème au Québec, là, vient du climat d'affaires
puis vient du fait aussi que, comme le gouvernement, les ménages sont endettés, parce qu'ils n'ont pas de marge de manoeuvre.
M. Séguin (Rhéal)
:
Vous dites que ce gouvernement-là ment, vous dites qu'il n'a aucune
crédibilité. Comment peut-on penser que, lors du prochain budget, vous pourriez
appuyer un tel gouvernement?
M. Legault
: Ça sera
difficile s'il n'y a pas de changement de cap, effectivement.
Journaliste : Bien, ça ne se
fera pas en six mois, là.
Journaliste : Mais il y a en
un, changement de cap.
M. Séguin (Rhéal)
:
Excusez…
M. Legault
: Écoutez,
là, il reste quatre mois pour l'année en cours puis l'année prochaine n'est pas
commencée encore, là. Donc, si ça a été possible d'être fait en Suède, pourquoi
ça ne serait pas possible d'être fait au Québec?
Regardez en Suède, là… Prenez juste le dossier
de la santé : au Québec, il y a 60 000 non-soignants; en Suède, pour une population de 1 million de
plus, il y en a juste 36 000. Ça, c'est des milliards de dollars. Donc, c'est
possible de changer les façons de faire. Puis écoutez, il n'y a pas personne
ici qui va me convaincre, là, qu'il n'y a pas de gaspillage nulle part au
Québec, on en a des exemples à chaque jour.
M. Lessard (Denis)
:
Mais, pour une réponse sans équivoque, là, s'il y a un déficit dans le prochain
budget, la CAQ va voter contre?
M. Legault
: C'est ce
qu'on a dit, puis on n'a pas changé d'idée là-dessus.
M. Caron (Régys)
:
Quand l'économie est au ralenti, n'est-il pas de mise d'augmenter les dépenses
un peu pour les gouvernements?
M. Legault
: Bien, écoutez,
pourquoi l'économie est au ralenti? D'abord, au ralenti dans les régions
ressources, parce qu'il y a un projet de loi qui ne faisait pas de sens, puis
merci à François Bonnardel, qui est en train d'essayer de trouver une solution
pour avancer. Mais, quand les règles du jeu ne sont pas claires, bien, il n'y a
plus d'investissement privé, on a un problème avec les investissements privés.
Puis ce qu'ils ont fait à l'automne
dernier, ça fait encore mal, et il y a encore une perte de confiance, entre autres
à Montréal, dans tout le monde des affaires. Donc, il y a un ralentissement qui
est unique au Québec. La province de Québec est la seule province qui a une
croissance en bas de 1 %. Donc, il y a un problème qui est spécifique au
Québec. M. Marceau ne peut pas dire : Ah! C'est un problème
d'inflation mondial ou nord-américain. C'est faux. Il ment quand il dit ça.
M. Lavallée (Hugo)
: Est-ce
que réduire trop les dépenses ne risquerait pas d'entraîner le Québec en
récession?
M. Legault
: Il ne les
réduit pas, il augmente les dépenses, cette
année, de 3,3 %. 3,3 %! On est supposé être un pays, là, une province
qui est endettée, hein, parce qu'il y a la dette du Canada, il y a la dette du
Québec qui s'ajoute. Encore, dans les documents de M. Marceau, là, quand
on regarde les provinces une par une, de loin, le Québec est la province avec la plus grosse dette.Puis, pendant ce temps-là, on augmente les dépenses
de 3,3 %. Puis l'année passée, c'était 2 %, donc il a perdu le
contrôle cette année.Il y a-tu eu du
pelletage de l'année passée pour fermer les livres puis les mettre cette année?
Comme dit Christian, nous, on est rendus, là, qu'on attend le Vérificateur
général, parce qu'on n'a plus confiance. Je
pense que Nicolas Marceau, malheureusement, a perdu toute crédibilité.
M. Lavallée (Hugo)
:
Mais est-ce que, si on réduisait les dépenses cette
année au lieu de les augmenter, il n'y aurait pas un risque de retomber
en récession?
M. Legault
: On ne
parle pas de réduire les dépenses, on parle de réduire la croissance des
dépenses. Ça n'a pas de bon sens, dans la situation actuelle du Québec, avec la
dette qu'on connaît, d'augmenter les dépenses de 3,3 %, ça n'a pas de bon
sens. Puis que le PIB croisse, cette année, seulement de 0,9 %, ça veut
dire qu'il y a un problème dans la croissance des revenus, il y a un problème dans l'économie.
Quand
Mme Marois est bien fière de dire : Oui, mais les emplois ne vont pas
si mal, je comprends, c'est des emplois qui sont créés dans la fonction
publique avec de l'argent emprunté. Ce n'est pas comme ça qu'on crée de la
richesse. On crée de la richesse en créant des emplois dans le secteur privé,
puis ça, il ne s'en crée presque pas au Québec parce que les gens d'affaires n'ont
pas confiance dans le PQ.
M. Lavallée (Jean-Luc) :Dans les circonstances, auriez-vous préféré que
M. Marceau impose des compressions?
M. Legault
: Écoutez,
il y a deux problèmes : il y a un problème dans les revenus, il y a un
problème dans les dépenses puis là il y a un problème aussi dans les
immobilisations. Tu sais, là, je comprends, il y a un déficit, cette année, de
2,5 milliards puis de 1,7 l'année prochaine, mais la dette augmente de 14 milliards.
Donc, ce n'est pas juste le déficit, là, on a un problème avec les immobilisations.
Ce qu'on disait cette semaine, là, quand
on a sorti notre liste de dépenses qui sont annoncées depuis trois mois, depuis
trois mois Mme Marois est allée à peu
près sur toutes les tribunes de toutes les régions du Québec
annoncer, juste en trois mois, 10 milliards. Puis, quand je lui pose une question
à l'Assemblée nationale, elle me dit : Bien, vous n'avez pas compris, là,
ce n'est pas des dépenses courantes, c'est des dépenses d'immobilisations. Aïe! Réveillez-vous, là, économie 101! Ça augmente la dette : 14 milliards.
M. Lavallée (Jean-Luc) :Ça, c'est le constat. La solution, est-ce que
ça aurait été, selon vous, aussi d'imposer des compressions massives?
M. Legault
: Ce qu'on
dit, nous, c'est que c'est possible de revoir les façons de faire, de réduire
la bureaucratie sans toucher aux services. C'est ça qu'il faut faire. Puis, on
a la chance, à part de ça, qu'actuellement les baby-boomers sont en train de
prendre leur retraite, donc il y a de l'attrition qui pourrait être faite. Mais
il n'y a rien de ça, là, il n'y a aucun courage, aucune vision de la part de ce
gouvernement-là.
M. Caron (Régys)
: Vous
pensez aux conventions collectives, là, M. Legault, en disant ça.
M. Legault
: Non, pas
du tout, on parle d'attrition, on ne parle pas de conventions collectives, là.
Le Modérateur
:
Questions en anglais. Dernière question en français.
Journaliste : Est-ce que vous
croyez que la croissance va doubler l'an prochain? Vous, est-ce que vous y
croyez, ça, qu'on va passer de 0,9 % à 1,8 %?
M. Legault
: M. Marceau
s'est complètement trompé par rapport à ce qu'il disait au mois de septembre.
Ça fait que, s'il a de la misère à prévoir pour les deux prochains mois, là, pour l'année prochaine j'ai des doutes que la
croissance va s'accélérer. Mais, même si les chiffres étaient vrais, remarquez
que la croissance prévue l'année prochaine est beaucoup plus faible au Québec
que dans le reste du Canada. Ça veut dire quoi, ça? Ça veut dire que l'écart de
richesse va continuer de grandir entre le Québec puis le reste du Canada, donc
plus de péréquation. Pour un gouvernement souverainiste, là, ce n'est pas
fameux, ça.
Mme Plante (Caroline)
: Mr. Legault, what will be the impact of
postponing the zero deficit?
M. Legault
:
I think that we'll have to see if there will be an impact on the «cote de
crédit», on the…
Mme Plante
(Caroline)
: Credit ratings.
M. Legault
:
…credit ratings, because right now it was clear in all the reports that they
were tabling on a zero deficit this year. But what we
see also is the debt; the debt is increasing by $14 billion for the next two years, soit's
not only $1 billion or $2 billion of
deficit. Also they are putting a lot of money in the fixed assets.
Mme Plante (Caroline)
:
Do you believe Mr. Marceau when he says he has a good plan to return to a
balanced budget, he's banking on mining royalties, the tax on alcohol?
M. Legault
:
We can only look at the facts, and the facts are that, this year, expenses will
increase by 3.3%, 1% more than the forecast, and the revenues are under the
forecast also. So, right now, they are off budget for the revenues, for the
expenses and for the fixed assets.
M. Harrold (Max) :
He says that consumer spending is low and so that's why… that's the big reason,
right, and he says that we are attached tothe
other economies, that there has been a sluggish growth since 2008. Why do you
find that so hard to believe?
M. Legault
:
It's hard to believe because we are the only State in all North America growing as less than 1 %. So how
come this doesn't apply to other States in North
America? It's because people, they don't have a lot of confidence in the
future, so they don't buy products, they save some money more than expected, we see that in the documents.And why is that? Because they have a very large debt
and because they have no confidence in the future.
Mme Plante (Caroline)
:
Just maybe, going back on the impacts, for Quebeckers watching at home, we're
talking about credit rating and all of that, but what would be the concrete
impact for…
M. Legault
:
I think that people, they know, with a family budget, what it means to increase
your debt. Now, what we're saying is that we're increasing the debt of Québec
by $14 billion for the next two years. So people, they can understand that
we will leave this debt to our children and I'm sure that that's not what they
look for. Merci.
(Fin à 14 h 55)