(Treize heures quarante-quatre minutes)
Mme Thériault
: Bonjour.
Merci d'être ici. Je tenais à vous rencontrer pour vous informer que, dans
l'heure qui a suivi l'évasion, j'ai été prévenue par le ministère de la
Sécurité publique des événements survenus au centre de détention de Québec.
Depuis ce moment, nous sommes en constante communication. Je tiens à rassurer
la population, tous les effectifs et les moyens d'enquête sont mobilisés au
maximum pour retrouver les trois fugitifs. Les corps policiers du Québec et du Canada,
via la GRC, les agences frontalières, les partenaires outrefrontières, tous
sont mobilisés. Également, le ministre fédéral de la Sécurité publique, M.
Blaney, nous a fait part de sa collaboration. Je peux aussi mentionner que les
mandats d'arrestation sont pancanadiens et sont publics. D'ailleurs, les trois
suspects sont sur la liste des 10 criminels les plus recherchés. Bref, tous les
intervenants sont à pied d'oeuvre pour retrouver les trois prévenus qui se sont
évadés, et ça demeure la priorité.
Je tiens à dire que nous recevons beaucoup d'informations,
que ce soit de sources policières ou citoyennes, et qu'elles sont toutes vérifiées.
C'est tout ce que je peux dire concernant les interventions policières pour ne
pas nuire à celles-ci. Nous ne voulons donner aucun indice, aucun outil, aucun renseignement
aux fugitifs présentement en liberté. Les bandits nous écoutent. Ils sont à la
recherche d'informations, et ce n'est pas vrai que nous allons donner
l'information qu'ils recherchent, car celle-ci mettrait en danger la sécurité
du public.
De plus, nous avons l'obligation de
respecter l'ordonnance de non-publication du jugement de mars dernier sur les
conditions de détention des trois prévenus. Présentement, tout est frappé d'une
ordonnance de non-publication, que ce soit les requêtes qui ont été présentées
par les prévenus, les jugements qui en découlent. Tout est lié au procès qui se
déroule actuellement. Vous comprendrez que l'ordonnance de non-publication
s'applique à tous les éléments qui entourent les conditions de détention des
prévenus ordonnées par la cour en mars dernier.
Je réitère donc mon appel à tous à la
prudence pour tout commentaire qui sera fait sur la place publique. Néanmoins,
je veux des réponses et je sais que le public a droit d'avoir en sa possession
toute l'information requise. Toutefois, vous comprendrez que nous ne pouvons
rendre toute l'information publique pour des raisons évidentes de sécurité et
pour ne pas faire avorter le procès qui est en cours.
À la suite des événements survenus le 17
mars 2013 au centre de détention de Saint-Jérôme, selon les informations qui
m'ont été transmises, absolument rien n'aurait été fait, et je veux savoir
pourquoi. Deux questions viennent immédiatement à l'esprit. Un : Quelles
sont les mesures administratives qui ont été mises en place depuis l'évasion de
Saint-Jérôme? Et la deuxième : Comment le processus administratif s'est
articulé depuis le jugement de mars dernier sur les conditions de détention des
trois fugitifs? Ce sont des questions légitimes et sur lesquelles je veux des
réponses.
Depuis les événements de samedi, à ma
demande, tous les directeurs des établissements de détention ont été rejoints
par le ministère de la Sécurité publique. J'ai insisté pour que des consignes
leur soient rappelées, particulièrement concernant la gestion des sorties des
prévenus et des détenus dans les cours extérieures de nos centres de détention.
J'ai demandé au sous-ministre de la
Sécurité publique d'identifier en priorité, et je vous précise que cela
n'avait pas été fait à la suite de l'évasion du centre de Saint-Jérôme, donc
d'identifier en priorité certains centres de détention où seront installés des
équipements qui empêcheront l'atterrissage d'hélicoptères pour éviter
exactement le genre de situation qui s'est produit samedi dernier.
J'ai demandé au sous-ministre de la
Sécurité publique de contacter tous les directeurs des établissements afin que
ceux-ci évaluent le nombre de prévenus et de détenus qui sont à haut risque
d'évasion et qui sont liés au crime organisé. À ma demande, le ministère de la
Sécurité publique a déjà ciblé en priorité certains centres de détention et les
secteurs où les prisonniers se retrouvent.
J'ai déjà demandé au ministère de mettre
en place des mesures transitoires dans ces lieux de détention. D'ici à ce que
les correctifs soient apportés et que les mesures permanentes de sécurité
soient déployées, hier, à ma demande, le sous-ministre de la Sécurité publique
a communiqué avec Nav Canada, l'autorité responsable de la navigation aérienne,
afin de faire déclarer des interdictions de vol au-dessus de certains centres
de détention. NavCan a confirmé ce matin qu'elle acceptait de mettre en place
des zones d'exclusion qui seront déployées graduellement, selon les priorités
identifiées par le ministère.
Vous comprendrez que je ne dévoilerai pas
la stratégie aux bandits. Je ne mettrai pas en péril la sécurité des centres de
détention du Québec en rendant publiques des informations sensibles. J'ai tenu
à vous rencontrer pour rassurer la population, mais aussi pour vous faire part
des mesures mises en place depuis samedi soir. Non seulement j'insiste pour
vous dire que nous mettons tout en oeuvre pour mettre la main au collet de ces
fugitifs, mais également je tenais à vous informer des mesures qui ont été
prises pour accroître immédiatement la sécurité dans nos centres de détention.
De plus, soyez assurés que le gouvernement ne ménage aucun effort pour
retrouver les fugitifs qui sont en cavale. Merci de votre attention.
M. Laforest (Alain)
:
Mme Thériault, vous avez brisé l'ordonnance de non-publication hier. C'est ce
qu'on comprend?
Mme Thériault
: Non,
pas du tout.
M. Laforest (Alain)
:
Bien, vous nous avez donné des informations sur les cotes de sécurité. Vous
avez dit que c'était un juge, vous avez que c'était vendredi...
Mme Thériault
: Je n'ai
pas brisé l'ordonnance de non-publication. Et vous comprendrez que toutes les
questions que vous me poserez concernant le jugement, les conditions, les
prisonniers, elles n'auront aucune de ma part.
M. Chouinard (Tommy)
:
Pourquoi le centre de détention de Québec a abaissé la cote de sécurité de ces
trois détenus-là, alors qu'ils étaient considérés par la Sûreté du Québec comme
étant à haut risque d'évasion?
Mme Thériault
: C'est
touché par l'ordonnance de non-publication qui est devant nous…
M. Chouinard (Tommy)
:
…administratives du centre de détention.
Mme Thériault
: …et
vous comprendrez que je ne mettrai pas en péril le procès qui se déroule
présentement.
M. Robillard (Alexandre)
:
Mais hier vous avez dit que ce n'était pas normal, Mme Thériault. Vous
avez dit que ce n'était pas normal, cette décision-là.
Mme Thériault
: Il y a
toujours des décisions qui peuvent être questionnables. Ce que je vous dis
aujourd'hui, c'est qu'il y a une ordonnance de non-publication et que j'entends
bien ne pas commenter ce qui touche au procès, de près ou de loin, incluant les
conditions de détention des prévenus.
M. Salvet (Jean-Marc)
:
Selon vous, qu'est-ce que va changer l'interdiction de vol au-dessus de
certains centres de détention concrètement?
Mme Thériault
: Ce
qu'elle va changer, c'est qu'à partir du moment où aucun avion ou hélicoptère
n'a le droit de survoler un espace défini, ça permet vraiment aux gens qui sont
en place, à partir du moment où on voit qu'il y a un appareil dans l'espace
aérien, de voir venir et de se préparer. Ça donne au moins le temps de
réaction, et je vous dis que c'est une mesure qui est temporaire, le temps que
le ministère installe les installations comme telles qu'on doit… pour
sécuriser.
M. Salvet (Jean-Marc)
:
…ça n'empêche pas un hélicoptère d'atterrir dans un secteur.
Mme Thériault
: Mais on
le voit venir. C'est ça, la différence. C'est que, s'il y a du trafic aérien,
on ne peut pas déceler ce qui est anormal. À partir du moment où le trafic
aérien est à zéro, du moment qu'on voit la pointe d'un avion ou d'un
hélicoptère, il y a des lumières qui vont s'allumer. On va dire : Il y a quelque
chose de pas normal, il ne devrait pas y avoir aucun appareil dans l'espace de
la prison, et c'est exactement ce qu'on recherche avec cette mesure-là. C'est
une mesure qui est temporaire.
M. Ouellet (Martin)
:
Madame, ce genre de système là existe déjà en ce qui concerne les pénitenciers
fédéraux, hein? C'est…
Mme Thériault
: Oui,
oui.
M. Ouellet (Martin)
:
Mais est-ce que vous avez simplement demandé à Nav Canada d'appliquer cette
mesure-là? Il n'y a pas eu de trouble?
Mme Thériault
: On a
demandé à Nav Canada de l'appliquer puisqu'on a eu deux évasions avec des
hélicoptères, la première au mois de mars 2013 et celle-là. Donc, deux…
M. Ouellet (Martin)
:
Il n'y a jamais eu de demande avant?
Mme Thériault
: Il y a
eu une demande avant par écrit, sept mois après le premier événement. Donc,
vous comprendrez que, comme ministre de la Sécurité publique, ma priorité était
de… comment peut-on faire pour empêcher que ça se reproduise une troisième
fois, et c'étaient les questions des oppositions…
M. Ouellet (Martin)
:
Mais est-ce que ça vous prend la permission du fédéral pour ça?
Mme Thériault
: Bien
oui, absolument, parce qu'il faut recenser, il faut définir la zone, il faut
envoyer les messages à tous ceux qui conduisent des appareils, donc… et ça,
c'est de compétence fédérale, et l'organisme qui chapeaute ça, c'est Nav
Canada.
M. Salvet (Jean-Marc)
:
J'imagine qu'il y a un certain délai dans l'application. C'est quand,
l'application de ça?
Mme Thériault
: Ça sera
mis graduellement. Le ministère… à partir du moment où on va cibler les centres
et qu'on va dire : Bien, il y a x nombre de centres, vous me permettrez de
ne pas vous dire lesquels et combien…
Journaliste
: …deux
mois, ça?
Mme Thériault
: Non,
non, immédiatement. À partir de… Regardez, le centre de Québec, ça a été fait
presque immédiatement, à l'intérieur de 24 heures. Donc, vous comprendrez
que là, ce qu'on veut, c'est de s'assurer d'avoir des mesures qui sont
temporaires, le temps qu'on puisse installer la balance des équipements qui
empêcheraient des hélicoptères d'atterrir, et ça, c'est un peu plus compliqué
qu'on pense. C'est sûr qu'il y a des grandes cours, il y a des secteurs, donc il
faut identifier parce que ce n'est pas n'importe qui qui va s'évader en
hélicoptère, ça demande des moyens financiers qui sont assez considérables.
Donc, ce qu'on a commencé par faire, c'est identifier les prévenus et les détenus
qui sont liés au crime organisé et qui auraient les moyens de se payer une
évasion en hélicoptère, et ça, c'est la base.
M. Laforest (Alain)
:
Est-ce que les agents correctionnels vont être mieux armés, madame? Est-ce
qu'ils seront mieux armés? Parce qu'actuellement ils ont des pistolets, là.
Mme Thériault
: Pour
répondre à votre question, je vous ferais remarquer que, si les agents
correctionnels avaient été armés lorsque Saint-Jérôme est arrivé… il y avait un
pilote qui était pris en otage. Donc, à partir du moment où on peut faire une
intervention ailleurs, donc empêcher les hélicoptères d'atterrir, c'est le but
visé par ce que je vous dis aujourd'hui.
M. Robillard (Alexandre)
:
Hier, vous avez dit qu'il y avait un plan d'action qui n'avait été pas encore
mis en oeuvre. Aujourd'hui, vous dites : Il n'y a rien qui a été fait.
Mme Thériault
: Non. Ce
que je vous dis, c'est que, sous le précédent gouvernement, il n'y a… aucune
mesure n'a été mise en oeuvre pour faire en sorte que ça ne se reproduise plus.
Même l'ancien ministre, le député de Verchères, a dit que c'est comme c'est
pratiquement… ça ne peut pas se reproduire. Bien, il y avait presque zéro
chance que ça se reproduise.
M. Robillard (Alexandre)
:
Mais il y a un plan.
Mme Thériault
: Donc,
il n'y a rien à ma connaissance. Là, moi, j'ai posé les questions : Est-ce
qu'on a demandé à modifier des choses? Et la réponse a été non, il n'y avait
rien qui avait été fait.
M. Robillard (Alexandre)
:
Hier, vous avez dit qu'il y a un plan. Est-ce qu'il y a un plan?
Mme Thériault
: Quand
je vous ai parlé du plan d'hier, c'étaient les discussions avec les différents
centres correctionnels, donc nos établissements, pour savoir où sont les
détenus qui sont à risque parce que c'est important à savoir aussi. Ce n'est
pas dans les 18 centres correctionnels qu'il peut y avoir des tentatives
d'évasion. Donc, il faut commencer par cibler les gens, après ça, savoir où
est-ce qu'ils sont. Est-ce qu'ils sont dans des secteurs? Donc, ça, ça fait
partie des mesures de sécurité. Est-ce qu'on peut rehausser des mesures de
sécurité tout dépendant où sont les prévenus? La réponse, c'est oui.
M. Robillard (Alexandre)
:
Vous avez dit hier que la décision sur la reclassification de la cote de
sécurité, ça avait été rendu vendredi dernier. Là, aujourd'hui, vous nous dites
que c'était le 24 mars.
Mme Thériault
: Là,
vous allez me permettre…
M. Robillard (Alexandre)
:
Comment ça se fait que…
Mme Thériault
: Vous
allez me permettre de ne pas commenter. On va… Vous allez directement sur ce
qui est sous l'ordonnance de non-publication. Je ne répondrai pas à votre
question.
M. Chouinard (Tommy)
: …l'abaissement
de la cote de sécurité, les conditions…
Mme Thériault
: Je ne
répondrai pas… je ne répondrai pas à votre question. Toute la…
M. Chouinard (Tommy)
:
Mme Thériault, est-ce exact que les…
Mme Thériault
: Toutes
les conditions de sécurité qui sont liées aux conditions des détenus sont
frappées de l'ordonnance de non-publication.
M. Robillard (Alexandre)
:
Avez-vous été mal informée? Est-ce que vous avez été mal informée?
M. Chouinard (Tommy)
: …technicalité
administrative. Ma question : Est-ce qu'il est exact de dire que c'est
révisé hebdomadairement, la cote de sécurité accordée à des détenus dans les
centres de détention?
Mme Thériault
: Je ne
répondrai pas à cette question-là parce que je ne veux pas nuire au procès qui
est en cours….
M. Chouinard (Tommy)
: …la
révision des cotes de sécurité…
Mme Thériault
: …et je
ne vous donnerai pas d'information qui pourrait risquer de faire avorter le
procès.
M. Salvet (Jean-Marc)
:
Mais, Mme Thériault, est-ce que des agents ou des directeurs ont pu faire
l'objet de menaces?
Mme Thériault
: Je n'ai
pas été informée s'il y a des gens qui ont été l'objet de menaces et, si jamais
c'était le cas, j'apprécierais énormément qu'on communique avec le ministère.
M. Chouinard (Tommy)
:
...vous nous disiez hier que, dans... la cote de la sécurité avait été abaissée
à la suite de la décision d'un juge. Hier, vous nous avez dit : C'est la
cour qui a décidé d'abaisser la cote de sécurité. Quand la cour décide qu'on
tourne à gauche, on tourne à gauche; quand elle décide de tourner à droite, on
tourne à droite. C'est ce que vous avez dit.
Mme Thériault
: Votre
question est exactement là où je n'irai pas. Je ne ferai pas avorter le procès.
Il y a une ordonnance de non-publication, donc je n'y vais pas.
M. Harrold (Max) : Le coût des
nouveaux équipements, est-ce que vous l'avez, un coût, un estimé? Combien ça va
coûter de...
Mme Thériault
: Écoutez,
c'est à l'interne au ministère. Je n'ai pas eu cette information-là.
M. Harrold (Max) : Les
cellulaires, brouiller les cellulaires autour des prisons, est-ce que ça, c'est
une option?
Mme Thériault
: Les
brouilleurs d'ondes, il y a beaucoup d'avis qui sont très partagés là-dessus. À
partir du moment où on brouille les ondes, on brouille également les
communications entre les différents agents des services correctionnels, les
policiers qui viennent porter les prévenus et les détenus, la population qui
vit dans l'entourage de la prison, alors que vous comprendrez que le vrai
problème, c'est les cellulaires qui rentrent à l'intérieur. C'est un faux
problème. Donc, vous comprendrez...
M. Gagnon (Marc-André) : ...de
se cacher derrière les interdits de publication pour informer la population.
Mme Thériault
: Vous
comprendrez que présentement la priorité du gouvernement, c'est de retrouver
les fugitifs, première des choses; deuxième des choses, de donner suite à une
situation qui aurait dû être réglée par le précédent gouvernement, qui n'a rien
fait au cours des 15 derniers mois. Donc, ma priorité...
M. Laforest (Alain)
: Est-ce
que vous êtes obligée de demander, Mme Thériault, une augmentation de budget
pour répondre aux mesures...
M. Robillard (Alexandre)
:
Est-ce qu'il y a eu de la confusion hier, Mme Thériault?
Mme Thériault
: La
confusion qu'il y a eue hier, je vous ferai remarquer que c'est les gens du Parti
québécois qui véhiculaient l'information comme quoi que l'équipement avait été
acheté et entreposé, alors qu'il n'y a aucun équipement qui a été acheté ni
entreposé. C'est de l'information qui est totalement fausse.
M. Laforest (Alain)
:
Mais on ne vous l'avait pas dit avant que vous veniez nous parler? Le ministère
ne vous avait pas mise au courant avant de venir nous parler?
Mme Thériault
: On
prend une dernière question.
M. Gagnon (Marc-André) : Pour
l'image du Québec à l'étranger, est-ce que ce n'est pas dommageable, ça, quand
même, deux évasions en moins de 15 mois?
Mme Thériault
: Moi, je
pense que l'idéal, c'est qu'il n'y a pas d'évasion du tout. Malheureusement, on
ne vit pas dans un monde parfait, et ce qui est important, c'est qu'on n'ait
pas d'autre évasion, qu'on prenne les moyens pour éviter que ça se reproduise. Merci.
M. Bovet (Sébastien)
:
Est-ce que les agents correctionnels ont le droit de tirer à vue, Mme
Thériault? Est-ce que les agents correctionnels... Vous ne savez pas ou c'est
non?
Mme Thériault
: Bonne
journée.
(Fin à 13 h 59)