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Point de presse de Mme Lise Thériault, ministre de la Sécurité publique

Version finale

Le mardi 10 juin 2014, 13 h 45

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Treize heures quarante-quatre minutes)

Mme Thériault : Bonjour. Merci d'être ici. Je tenais à vous rencontrer pour vous informer que, dans l'heure qui a suivi l'évasion, j'ai été prévenue par le ministère de la Sécurité publique des événements survenus au centre de détention de Québec. Depuis ce moment, nous sommes en constante communication. Je tiens à rassurer la population, tous les effectifs et les moyens d'enquête sont mobilisés au maximum pour retrouver les trois fugitifs. Les corps policiers du Québec et du Canada, via la GRC, les agences frontalières, les partenaires outrefrontières, tous sont mobilisés. Également, le ministre fédéral de la Sécurité publique, M. Blaney, nous a fait part de sa collaboration. Je peux aussi mentionner que les mandats d'arrestation sont pancanadiens et sont publics. D'ailleurs, les trois suspects sont sur la liste des 10 criminels les plus recherchés. Bref, tous les intervenants sont à pied d'oeuvre pour retrouver les trois prévenus qui se sont évadés, et ça demeure la priorité.

Je tiens à dire que nous recevons beaucoup d'informations, que ce soit de sources policières ou citoyennes, et qu'elles sont toutes vérifiées. C'est tout ce que je peux dire concernant les interventions policières pour ne pas nuire à celles-ci. Nous ne voulons donner aucun indice, aucun outil, aucun renseignement aux fugitifs présentement en liberté. Les bandits nous écoutent. Ils sont à la recherche d'informations, et ce n'est pas vrai que nous allons donner l'information qu'ils recherchent, car celle-ci mettrait en danger la sécurité du public.

De plus, nous avons l'obligation de respecter l'ordonnance de non-publication du jugement de mars dernier sur les conditions de détention des trois prévenus. Présentement, tout est frappé d'une ordonnance de non-publication, que ce soit les requêtes qui ont été présentées par les prévenus, les jugements qui en découlent. Tout est lié au procès qui se déroule actuellement. Vous comprendrez que l'ordonnance de non-publication s'applique à tous les éléments qui entourent les conditions de détention des prévenus ordonnées par la cour en mars dernier.

Je réitère donc mon appel à tous à la prudence pour tout commentaire qui sera fait sur la place publique. Néanmoins, je veux des réponses et je sais que le public a droit d'avoir en sa possession toute l'information requise. Toutefois, vous comprendrez que nous ne pouvons rendre toute l'information publique pour des raisons évidentes de sécurité et pour ne pas faire avorter le procès qui est en cours.

À la suite des événements survenus le 17 mars 2013 au centre de détention de Saint-Jérôme, selon les informations qui m'ont été transmises, absolument rien n'aurait été fait, et je veux savoir pourquoi. Deux questions viennent immédiatement à l'esprit. Un : Quelles sont les mesures administratives qui ont été mises en place depuis l'évasion de Saint-Jérôme? Et la deuxième : Comment le processus administratif s'est articulé depuis le jugement de mars dernier sur les conditions de détention des trois fugitifs? Ce sont des questions légitimes et sur lesquelles je veux des réponses.

Depuis les événements de samedi, à ma demande, tous les directeurs des établissements de détention ont été rejoints par le ministère de la Sécurité publique. J'ai insisté pour que des consignes leur soient rappelées, particulièrement concernant la gestion des sorties des prévenus et des détenus dans les cours extérieures de nos centres de détention.

J'ai demandé au sous-ministre de la Sécurité publique d'identifier en priorité, et je vous précise que cela n'avait pas été fait à la suite de l'évasion du centre de Saint-Jérôme, donc d'identifier en priorité certains centres de détention où seront installés des équipements qui empêcheront l'atterrissage d'hélicoptères pour éviter exactement le genre de situation qui s'est produit samedi dernier.

J'ai demandé au sous-ministre de la Sécurité publique de contacter tous les directeurs des établissements afin que ceux-ci évaluent le nombre de prévenus et de détenus qui sont à haut risque d'évasion et qui sont liés au crime organisé. À ma demande, le ministère de la Sécurité publique a déjà ciblé en priorité certains centres de détention et les secteurs où les prisonniers se retrouvent.

J'ai déjà demandé au ministère de mettre en place des mesures transitoires dans ces lieux de détention. D'ici à ce que les correctifs soient apportés et que les mesures permanentes de sécurité soient déployées, hier, à ma demande, le sous-ministre de la Sécurité publique a communiqué avec Nav Canada, l'autorité responsable de la navigation aérienne, afin de faire déclarer des interdictions de vol au-dessus de certains centres de détention. NavCan a confirmé ce matin qu'elle acceptait de mettre en place des zones d'exclusion qui seront déployées graduellement, selon les priorités identifiées par le ministère.

Vous comprendrez que je ne dévoilerai pas la stratégie aux bandits. Je ne mettrai pas en péril la sécurité des centres de détention du Québec en rendant publiques des informations sensibles. J'ai tenu à vous rencontrer pour rassurer la population, mais aussi pour vous faire part des mesures mises en place depuis samedi soir. Non seulement j'insiste pour vous dire que nous mettons tout en oeuvre pour mettre la main au collet de ces fugitifs, mais également je tenais à vous informer des mesures qui ont été prises pour accroître immédiatement la sécurité dans nos centres de détention. De plus, soyez assurés que le gouvernement ne ménage aucun effort pour retrouver les fugitifs qui sont en cavale. Merci de votre attention.

M. Laforest (Alain) : Mme Thériault, vous avez brisé l'ordonnance de non-publication hier. C'est ce qu'on comprend?

Mme Thériault : Non, pas du tout.

M. Laforest (Alain) : Bien, vous nous avez donné des informations sur les cotes de sécurité. Vous avez dit que c'était un juge, vous avez que c'était vendredi...

Mme Thériault : Je n'ai pas brisé l'ordonnance de non-publication. Et vous comprendrez que toutes les questions que vous me poserez concernant le jugement, les conditions, les prisonniers, elles n'auront aucune de ma part.

M. Chouinard (Tommy) : Pourquoi le centre de détention de Québec a abaissé la cote de sécurité de ces trois détenus-là, alors qu'ils étaient considérés par la Sûreté du Québec comme étant à haut risque d'évasion?

Mme Thériault : C'est touché par l'ordonnance de non-publication qui est devant nous…

M. Chouinard (Tommy) : …administratives du centre de détention.

Mme Thériault : …et vous comprendrez que je ne mettrai pas en péril le procès qui se déroule présentement.

M. Robillard (Alexandre) : Mais hier vous avez dit que ce n'était pas normal, Mme Thériault. Vous avez dit que ce n'était pas normal, cette décision-là.

Mme Thériault : Il y a toujours des décisions qui peuvent être questionnables. Ce que je vous dis aujourd'hui, c'est qu'il y a une ordonnance de non-publication et que j'entends bien ne pas commenter ce qui touche au procès, de près ou de loin, incluant les conditions de détention des prévenus.

M. Salvet (Jean-Marc) : Selon vous, qu'est-ce que va changer l'interdiction de vol au-dessus de certains centres de détention concrètement?

Mme Thériault : Ce qu'elle va changer, c'est qu'à partir du moment où aucun avion ou hélicoptère n'a le droit de survoler un espace défini, ça permet vraiment aux gens qui sont en place, à partir du moment où on voit qu'il y a un appareil dans l'espace aérien, de voir venir et de se préparer. Ça donne au moins le temps de réaction, et je vous dis que c'est une mesure qui est temporaire, le temps que le ministère installe les installations comme telles qu'on doit… pour sécuriser.

M. Salvet (Jean-Marc) : …ça n'empêche pas un hélicoptère d'atterrir dans un secteur.

Mme Thériault : Mais on le voit venir. C'est ça, la différence. C'est que, s'il y a du trafic aérien, on ne peut pas déceler ce qui est anormal. À partir du moment où le trafic aérien est à zéro, du moment qu'on voit la pointe d'un avion ou d'un hélicoptère, il y a des lumières qui vont s'allumer. On va dire : Il y a quelque chose de pas normal, il ne devrait pas y avoir aucun appareil dans l'espace de la prison, et c'est exactement ce qu'on recherche avec cette mesure-là. C'est une mesure qui est temporaire.

M. Ouellet (Martin) : Madame, ce genre de système là existe déjà en ce qui concerne les pénitenciers fédéraux, hein? C'est…

Mme Thériault : Oui, oui.

M. Ouellet (Martin) : Mais est-ce que vous avez simplement demandé à Nav Canada d'appliquer cette mesure-là? Il n'y a pas eu de trouble?

Mme Thériault : On a demandé à Nav Canada de l'appliquer puisqu'on a eu deux évasions avec des hélicoptères, la première au mois de mars 2013 et celle-là. Donc, deux…

M. Ouellet (Martin) : Il n'y a jamais eu de demande avant?

Mme Thériault : Il y a eu une demande avant par écrit, sept mois après le premier événement. Donc, vous comprendrez que, comme ministre de la Sécurité publique, ma priorité était de… comment peut-on faire pour empêcher que ça se reproduise une troisième fois, et c'étaient les questions des oppositions…

M. Ouellet (Martin) : Mais est-ce que ça vous prend la permission du fédéral pour ça?

Mme Thériault : Bien oui, absolument, parce qu'il faut recenser, il faut définir la zone, il faut envoyer les messages à tous ceux qui conduisent des appareils, donc… et ça, c'est de compétence fédérale, et l'organisme qui chapeaute ça, c'est Nav Canada.

M. Salvet (Jean-Marc) : J'imagine qu'il y a un certain délai dans l'application. C'est quand, l'application de ça?

Mme Thériault : Ça sera mis graduellement. Le ministère… à partir du moment où on va cibler les centres et qu'on va dire : Bien, il y a x nombre de centres, vous me permettrez de ne pas vous dire lesquels et combien…

Journaliste : …deux mois, ça?

Mme Thériault : Non, non, immédiatement. À partir de… Regardez, le centre de Québec, ça a été fait presque immédiatement, à l'intérieur de 24 heures. Donc, vous comprendrez que là, ce qu'on veut, c'est de s'assurer d'avoir des mesures qui sont temporaires, le temps qu'on puisse installer la balance des équipements qui empêcheraient des hélicoptères d'atterrir, et ça, c'est un peu plus compliqué qu'on pense. C'est sûr qu'il y a des grandes cours, il y a des secteurs, donc il faut identifier parce que ce n'est pas n'importe qui qui  va s'évader en hélicoptère, ça demande des moyens financiers qui sont assez considérables. Donc, ce qu'on a commencé par faire, c'est identifier les prévenus et les détenus qui sont liés au crime organisé et qui auraient les moyens de se payer une évasion en hélicoptère, et ça, c'est la base.

M. Laforest (Alain) : Est-ce que les agents correctionnels vont être mieux armés, madame? Est-ce qu'ils seront mieux armés? Parce qu'actuellement ils ont des pistolets, là.

Mme Thériault : Pour répondre à votre question, je vous ferais remarquer que, si les agents correctionnels avaient été armés lorsque Saint-Jérôme est arrivé… il y avait un pilote qui était pris en otage. Donc, à partir du moment où on peut faire une intervention ailleurs, donc empêcher les hélicoptères d'atterrir, c'est le but visé par ce que je vous dis aujourd'hui.

M. Robillard (Alexandre) : Hier, vous avez dit qu'il y avait un plan d'action qui n'avait été pas encore mis en oeuvre. Aujourd'hui, vous dites : Il n'y a rien qui a été fait.

Mme Thériault : Non. Ce que je vous dis, c'est que, sous le précédent gouvernement, il n'y a… aucune mesure n'a été mise en oeuvre pour faire en sorte que ça ne se reproduise plus. Même l'ancien ministre, le député de Verchères, a dit que c'est comme c'est pratiquement… ça ne peut pas se reproduire. Bien, il y avait presque zéro chance que ça se reproduise.

M. Robillard (Alexandre) : Mais il y a un plan.

Mme Thériault : Donc, il n'y a rien à ma connaissance. Là, moi, j'ai posé les questions : Est-ce qu'on a demandé à modifier des choses? Et la réponse a été non, il n'y avait rien qui avait été fait.

M. Robillard (Alexandre) : Hier, vous avez dit qu'il y a un plan. Est-ce qu'il y a un plan?

Mme Thériault : Quand je vous ai parlé du plan d'hier, c'étaient les discussions avec les différents centres correctionnels, donc nos établissements, pour savoir où sont les détenus qui sont à risque parce que c'est important à savoir aussi. Ce n'est pas dans les 18 centres correctionnels qu'il peut y avoir des tentatives d'évasion. Donc, il faut commencer par cibler les gens, après ça, savoir où est-ce qu'ils sont. Est-ce qu'ils sont dans des secteurs? Donc, ça, ça fait partie des mesures de sécurité. Est-ce qu'on peut rehausser des mesures de sécurité tout dépendant où sont les prévenus? La réponse, c'est oui.

M. Robillard (Alexandre) : Vous avez dit hier que la décision sur la reclassification de la cote de sécurité, ça avait été rendu vendredi dernier. Là, aujourd'hui, vous nous dites que c'était le 24 mars.

Mme Thériault : Là, vous allez me permettre…

M. Robillard (Alexandre) : Comment ça se fait que…

Mme Thériault : Vous allez me permettre de ne pas commenter. On va… Vous allez directement sur ce qui est sous l'ordonnance de non-publication. Je ne répondrai pas à votre question.

M. Chouinard (Tommy) : …l'abaissement de la cote de sécurité, les conditions…

Mme Thériault : Je ne répondrai pas… je ne répondrai pas à votre question. Toute la…

M. Chouinard (Tommy) : Mme Thériault, est-ce exact que les…

Mme Thériault : Toutes les conditions de sécurité qui sont liées aux conditions des détenus sont frappées de l'ordonnance de non-publication.

M. Robillard (Alexandre) : Avez-vous été mal informée? Est-ce que vous avez été mal informée?

M. Chouinard (Tommy) : …technicalité administrative. Ma question : Est-ce qu'il est exact de dire que c'est révisé hebdomadairement, la cote de sécurité accordée à des détenus dans les centres de détention?

Mme Thériault : Je ne répondrai pas à cette question-là parce que je ne veux pas nuire au procès qui est en cours….

M. Chouinard (Tommy) : …la révision des cotes de sécurité…

Mme Thériault : …et je ne vous donnerai pas d'information qui pourrait risquer de faire avorter le procès.

M. Salvet (Jean-Marc) : Mais, Mme Thériault, est-ce que des agents ou des directeurs ont pu faire l'objet de menaces?

Mme Thériault : Je n'ai pas été informée s'il y a des gens qui ont été l'objet de menaces et, si jamais c'était le cas, j'apprécierais énormément qu'on communique avec le ministère.

M. Chouinard (Tommy) : ...vous nous disiez hier que, dans... la cote de la sécurité avait été abaissée à la suite de la décision d'un juge. Hier, vous nous avez dit : C'est la cour qui a décidé d'abaisser la cote de sécurité. Quand la cour décide qu'on tourne à gauche, on tourne à gauche; quand elle décide de tourner à droite, on tourne à droite. C'est ce que vous avez dit.

Mme Thériault : Votre question est exactement là où je n'irai pas. Je ne ferai pas avorter le procès. Il y a une ordonnance de non-publication, donc je n'y vais pas.

M. Harrold (Max) : Le coût des nouveaux équipements, est-ce que vous l'avez, un coût, un estimé? Combien ça va coûter de...

Mme Thériault : Écoutez, c'est à l'interne au ministère. Je n'ai pas eu cette information-là.

M. Harrold (Max) : Les cellulaires, brouiller les cellulaires autour des prisons, est-ce que ça, c'est une option?

Mme Thériault : Les brouilleurs d'ondes, il y a beaucoup d'avis qui sont très partagés là-dessus. À partir du moment où on brouille les ondes, on brouille également les communications entre les différents agents des services correctionnels, les policiers qui viennent porter les prévenus et les détenus, la population qui vit dans l'entourage de la prison, alors que vous comprendrez que le vrai problème, c'est les cellulaires qui rentrent à l'intérieur. C'est un faux problème. Donc, vous comprendrez...

M. Gagnon (Marc-André) : ...de se cacher derrière les interdits de publication pour informer la population.

Mme Thériault : Vous comprendrez que présentement la priorité du gouvernement, c'est de retrouver les fugitifs, première des choses; deuxième des choses, de donner suite à une situation qui aurait dû être réglée par le précédent gouvernement, qui n'a rien fait au cours des 15 derniers mois. Donc, ma priorité...

M. Laforest (Alain) : Est-ce que vous êtes obligée de demander, Mme Thériault, une augmentation de budget pour répondre aux mesures...

M. Robillard (Alexandre) : Est-ce qu'il y a eu de la confusion hier, Mme Thériault?

Mme Thériault : La confusion qu'il y a eue hier, je vous ferai remarquer que c'est les gens du Parti québécois qui véhiculaient l'information comme quoi que l'équipement avait été acheté et entreposé, alors qu'il n'y a aucun équipement qui a été acheté ni entreposé. C'est de l'information qui est totalement fausse.

M. Laforest (Alain) : Mais on ne vous l'avait pas dit avant que vous veniez nous parler? Le ministère ne vous avait pas mise au courant avant de venir nous parler?

Mme Thériault : On prend une dernière question.

M. Gagnon (Marc-André) : Pour l'image du Québec à l'étranger, est-ce que ce n'est pas dommageable, ça, quand même, deux évasions en moins de 15 mois?

Mme Thériault : Moi, je pense que l'idéal, c'est qu'il n'y a pas d'évasion du tout. Malheureusement, on ne vit pas dans un monde parfait, et ce qui est important, c'est qu'on n'ait pas d'autre évasion, qu'on prenne les moyens pour éviter que ça se reproduise. Merci.

M. Bovet (Sébastien) : Est-ce que les agents correctionnels ont le droit de tirer à vue, Mme Thériault? Est-ce que les agents correctionnels... Vous ne savez pas ou c'est non?

Mme Thériault : Bonne journée.

(Fin à 13 h 59)

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