Conférence de presse de M. Claude Béchard, ministre de l'Emploi, de la Solidarité sociale et de la Famille
Dévoilement des grandes orientations du Plan gouvernemental pour l'emploi
Version finale
Le jeudi 20 janvier 2005, 10 h 05
Salle Evelyn-Dumas (1.30),
édifice Pamphile-Le May
(Dix heures cinq minutes)
M. Béchard: Vous êtes prêts? Tout le monde est prêt? Bien, bonjour... bonjour à tous. Bienvenue. Aujourd'hui, c'est une journée importante parce qu'on a décidé de lancer le plan gouvernemental pour l'emploi qui se veut, je dirais, un plan stratégique, un exercice de planification stratégique depuis qu'on est arrivé au gouvernement, qui est dû à plusieurs raisons. D'abord, bien sûr, au cours des dernières années, on a fait beaucoup de progrès au niveau de l'emploi. On compte de moins en moins de chômeurs et il y a 34 300 chômeurs de moins en 2004 versus 2003. La population active a atteint de nouveaux sommets en 2004 et le taux d'emploi aussi à 60,3 % a atteint de nouveaux sommets. Mais ce qu'on remarque, c'est que malgré les efforts au niveau de la croissance économique, malgré une conjoncture économique favorable, on a beaucoup de difficulté, pour ne pas dire qu'on n'y est pas arrivé, à faire descendre le taux de chômage en bas de 8 %. Il y a comme, au Québec, là, autour de 8 %, une difficulté que malgré le meilleur contexte possible, on n'est pas capable de descendre en dessous. Il y a plusieurs raisons et une de ces raisons-là est reliée, selon nous, à la qualification de la main-d'oeuvre. Et c'est pour ça que, comme gouvernement, on a décidé de voir, dans chacun des ministères, comment on peut revoir dans le fond ce qui se fait au niveau du développement et de la qualification de la main-d'oeuvre. Et juste pour vous donner un chiffre, environ, là, il se dépense pas loin de 5 milliards de dollars au Québec en préparation, en formation et en qualification de la main-d'oeuvre. C'est donc beaucoup d'argent. Et la question que nous nous sommes posé, c'est: est-ce qu'on peut faire mieux avec mieux avec ces sommes-là? Est-ce qu'on peut faire les choses un peu différemment pour que, dans des périodes de croissance économique, nous soyons capables de casser ce fameux 8 % là de taux de chômage?
Il y a des conséquences. Évidemment, dans plusieurs régions, moi, c'est une chose qui m'a frappé depuis que je suis ministre de l'Emploi, c'est qu'on se retrouve, même s'il y a des perspectives d'emploi intéressantes, même s'il y a des opportunités de développement, il y a des projets de développement économique et de création d'emplois qui ne se font pas par manque de main-d'oeuvre qualifiée et par le doute que certaines entreprises peuvent avoir sur le fait: est-ce que nous aurons suffisamment d'employés pour réussir à combler un besoin de main-d'oeuvre? Et, selon les derniers chiffres, là, qu'on a fait sortir de ce matin, de tous les emplois qui sont à combler dans toutes les régions du Québec dans les centres locaux d'emplois, on parle de 30 000 emplois, et ça, c'est à peu près un tiers de tous les emplois qui sont disponibles, donc on affiche à peu près un tiers. C'est donc dire qu'aujourd'hui même au Québec, il y a près de 100 000 emplois qui sont disponibles. Et, si ces 100 000 emplois là étaient comblés, bien, le taux de chômage ne serait pas autour de 8, %, il serait beaucoup plus autour de 6,5 %.
Donc, là, voici le contexte dans lequel nous avons travaillé pour mettre en place ce plan stratégique au niveau de la qualification de la main-d'oeuvre.
Bien sûr, il y a aussi les perspectives. Quand on regarde, là, d'ici 2004-2008 - c'est bien sûr une bonne nouvelle, ce sont des nouvelles encourageantes - il y aura 640 000 emplois de disponibles dans toutes les régions du Québec, donc 260 000 nouveaux emplois, mais aussi un défi important pour le Québec, 380 000 emplois à combler suite à des départs à la retraite. Donc, cette situation-là est particulière au Québec. Et dans les 500 métiers et professions sur lesquels nous nous sommes penchés, il y en a au-delà de 120 qui offrent des perspectives d'emploi qualifiées de très favorables ou de favorables, que vous avez, là, dans les documents qui vous sont déposés. C'est donc dire qu'il y a des emplois disponibles et il faut maintenant s'attaquer à former les gens, à former les jeunes, à reformer les gens qui sont déjà en emploi, mais aussi à regarder au niveau des travailleurs plus âgés comment on peut continuer de les réintégrer, de les garder dans le marché du travail le plus longtemps possible de façon volontaire, avec des formules de retraite progressive.
Donc, il y a 640 000 emplois. Il y a, je dirais, un problème structurel au niveau du développement économique pour réussir à casser le fameux 8 % de chômage. Et ce que nous avons fait ce matin et dans les derniers mois, c'est un exercice avec tous les ministères dans l'ensemble du gouvernement pour réussir aussi avec nos partenaires du marché du travail, pour déposer un plan gouvernemental pour l'emploi.
Les orientations majeures sont bien sûr l'amélioration du niveau de qualification de la main-d'oeuvre, l'accroissement du taux d'activité parmi les personnes les moins favorisées au niveau de l'emploi et le renforcement économique du Québec par la création et l'expansion d'entreprises, trois orientations majeures supportées par 19 propositions qui vous ont été présentées. Mais juste pour faire le tour de quelques-unes de ces propositions-là, d'abord vous dire qu'il faut, d'ici un an, avec nos partenaires du marché du travail, élaborer une stratégie de qualification et, je dirais, de requalification aussi de la main-d'oeuvre. Et ça, ça se fera par le gouvernement du Québec, mais en collaboration avec la table des partenaires du marché du travail.
On réalisera aussi une démarche de prospection et de connaissance du marché du travail sur un horizon de 10 ans. Maintenant, on le fait sur cinq ans, nous voulons le faire sur 10 ans. Pourquoi sur 10 ans? Il y a présentement la moitié des emplois qui, dans 15 ans, seront en place au Québec que l'on ne connaît pas présentement. Dans 15 ans, là, la moitié des emplois qui seront au Québec, on ne les connaît pas encore. On ne connaît pas les qualifications, on ne connaît pas ce qui est nécessaire pour occuper ces emplois-là, d'où l'importance de procéder non plus par cinq ans comme on le fait, mais par 10 ans.
Autre point. Dans l'orientation 2, pour attirer et conserver davantage de personnes sur le marché du travail, on doit proposer, d'ici décembre 2005, des principes directeurs et une démarche structurée pour mettre à jour l'ensemble des instruments qui concernent le marché du travail, des instruments d'intervention; bien sûr, instruments économiques, mais aussi instruments au niveau de la qualification de la main-d'oeuvre. Et un des points, c'est, si on veut, la révision totale et complète du coffre à outils d'Emploi-Québec. Pourquoi? Vous voyez, dans le plan stratégique, nous voulons le faire, on dit qu'on va le faire. Dans l'orientation plus précise dans ce qu'on va faire au niveau du ministère, déjà un des points que l'on connaît - je vais vous donner deux exemples - c'est qu'il va falloir passer beaucoup plus de la formation, si on veut, théorique présentement, en classe, dans la qualification de la main-d'oeuvre à de la formation en entreprise. Donc, de plus en plus, Emploi-Québec va travailler avec les entreprises, mais aussi dans les entreprises.
Et, deuxième point, au niveau de la qualification de la main-d'oeuvre: il va falloir intervenir de façon plus précise dans les secteurs, de façon plus, je vous dirais, structurée pour nous assurer que tous les instruments sont revus. Et moi, je donne toujours l'exemple, on a présentement, pour former des classes ou des groupes... si on dit qu'il faut 10 personnes, bien, c'est très difficile de partir un groupe à huit ou neuf personnes. On va changer ces orientations-là parce qu'on se rend compte que, si on ne part pas avec sept, huit personnes au lieu de 10 dans certaines régions, dans deux ans, on n'aura même plus l'opportunité de le partir avec un ou deux. Alors, il faut revoir aussi nos critères en termes de départ de groupes, d'admissibilité, donc voici, là, ce qui va être la suite de ce plan de stratégie au niveau de l'emploi, par exemple chez Emploi-Québec, mais aussi dans d'autres ministères il y a d'autres interventions de ce niveau-là.
Bien sûr, on parle au niveau d'attirer et de conserver davantage de personnes sur le marché du travail, de la nécessité de travailler avec le gouvernement fédéral pour accroître les sommes qui sont reliées à l'entente sur le développement de la main-d'oeuvre. On a mentionné à plusieurs reprises qu'il y avait un besoin ou une nécessité d'avoir un 200 millions supplémentaire de la part du gouvernement fédéral. 200 millions qui est déjà dans l'entente, qui est déjà convenu, c'est d'augmenter tel que prévu la contribution du gouvernement fédéral de 0,6 % à 0,8 % de toutes les sommes qui sont dépensées au niveau de l'assurance-emploi en matière de qualification de la main-d'oeuvre. Et déjà, hier soir, je parlais à Mme Robillard, ce matin, je rencontrais M. Lapierre, les discussions sont lancées là-dessus, et nous souhaitons évidemment que ces sommes-là puissent revenir au Québec pour augmenter notre niveau d'intervention et faire en sorte qu'on puisse avoir davantage d'outils.
Je vous dirais aussi, en lien avec ce point-là, que les discussions sont relancées et vont relativement bien aussi au niveau des travailleurs âgés parce que bien qu'on veut avoir une stratégie pour garder les travailleurs âgés le plus longtemps possible de façon volontaire sur le marché du travail, on doit avoir des programmes de requalification, de reclassement, ça, c'est les programmes, je dirais, qui touchent davantage les 45-55 ans, mais aussi tel qu'on l'avait convenu au Forum des générations, nous devons travailler pour avoir un programme de soutien au revenu du travailleur âgé. Il y a des gens qui ont passé 20, 25 ans, 30 ans dans la même entreprise, et c'est d'ailleurs une problématique qu'on voit actuellement dans le domaine du textile, et qui après ces 25, 30 années là, parce qu'il y a une reconfiguration de l'économie québécoise, perdent leur emploi, et les stratégies de requalification, de reclassement ne fonctionnent pas. Ces gens-là se retrouveraient dans la situation dramatique de devoir liquider le peu de REER qu'ils ont de peine et de misère amassés, le peu d'acquis qu'ils ont et malheureusement, dans bien des cas, devoir finir sur la sécurité du revenu. Alors, c'est une drôle de fin de carrière et c'est exactement le problème auquel on veut remédier et qui, autant de notre côté que du côté de M. Lapierre et Mme Robillard, d'après les informations qu'on a, on a eues encore ce matin, est aussi dans leurs priorités. Il faut aider ces travailleurs-là pour qui malheureusement le reclassement n'est pas une option et il faut, bien qu'on veut dire qu'on manque de main-d'oeuvre, qu'on a besoin de tout le monde, on a quand même à ce niveau-là, je pense, une nécessité de reconnaître les capacités qu'ont certaines personnes et d'éviter de leur mettre des embûches et leur permettre de finir leur carrière dans la dignité par des moyens plus souples qu'une requalification ou l'obligation de se retrouver un emploi.
Il y a aussi un des beaux exemples pour lequel ce travail-là était nécessaire. Nous-mêmes, au sein du gouvernement du Québec, il n'y avait pas un seul et même site sur lequel on pouvait voir tous les emplois et toutes les possibilités d'emploi que le gouvernement du Québec offrait. Donc, nous allons concentrer sur le site d'Emploi-Québec Placement en ligne tous les emplois disponibles dans toutes les régions pour le gouvernement du Québec. Ce qui sera accessible sur Internet sera plus facile à faire. C'est donc dire que nous-mêmes, comme gouvernement, nous avions un certain nombre de devoirs à faire et nous allons les faire.
En ce qui a trait à la contribution au développement économique et régional, il y a toute la question de la stratégie du ministère du Développement économique et régional en ce qui a trait à l'entrepreneurship, au démarrage d'entreprise, à la compétitivité, les travaux qu'on entame et qu'on a entamés avec nos partenaires syndicaux et patronaux dont le comité a été formé, la productivité de nos entreprises, la relève entrepreneuriale et les nouvelles entreprises. Pourquoi relève entrepreneuriale? Autant on parle de créer des petites, des moyennes entreprises, autant dans plusieurs régions présentement la problématique est carrément la relève de ces entreprises-là, et nous assurer, que ce soit dans la famille, que ce soit dans la municipalité, dans les régions, qu'on réussisse à avoir une relève à ces entrepreneurs-là qui ont bâti la première génération de l'entreprise, mais qui malheureusement se retrouvent présentement devant le choix de vendre carrément à des intérêts étrangers pour garder les emplois au Québec, ce qui est un moindre mal; dans certains cas, carrément à des entreprises qui reçoivent des offres, mais que, là, visent à éliminer un concurrent du marché plutôt qu'à garder les emplois au Québec; ou carrément, dans d'autres cas, à des entreprises qui souhaitent vendre, qui souhaitent que l'entreprise demeure au Québec mais qui ne trouvent personne. Alors, voici un des problèmes qui sera relevé entre autres par le ministère du Développement économique et régional.
Et, en terminant, je veux vous mentionner que ce plan-là, c'est bel et bien une planification stratégique du gouvernement du Québec en ce qui a trait au développement de l'emploi et de la main-d'oeuvre qui va faire en sorte que chacun des ministères, à partir d'aujourd'hui, devra dans chacune de ses politiques, devra dans chacun de ses plans de développement économique ou même de développement à tous les niveaux intégrer des objectifs spécifiques favorisant l'emploi dans les politiques sectorielles, dans leurs orientations et aussi dans leurs stratégies. C'est un exercice auquel tous les ministères seront maintenant confrontés, et que finalement le développement de l'emploi, comme on le voit dans le secteur de la santé, dans le secteur de l'éducation avec certaines orientations, ce n'est plus uniquement deux ou trois ministères, mais c'est aussi l'affaire de tous les ministères du gouvernement du Québec parce que, oui, on a l'objectif de nous assurer qu'on répond aux besoins avec les 640 000 emplois qui sont disponibles, mais nous devons aussi faire en sorte qu'en période de croissance économique le Québec et ses régions puissent réussir à diminuer, à passer le taux de chômage en bas du 8 %, qui semble être une barrière, là, psychologique depuis 1976, depuis qu'on compile des chiffres de chômage au Québec. On n'a pas réussi à descendre en bas de ce taux-là, et c'est ce qu'on souhaite faire. Alors, merci. Si vous avez des questions.
M. DeSouza (Mike): En français, Robert Plouffe.
M. Plouffe (Robert): M. Béchard, honnêtement, je ne vois vraiment rien de transcendant dans vos stratégies d'emploi, là. On va prendre votre chiffre du 6,5 % de chômage si on avait, donc, près de 100 000 emplois de comblés, là. Voulez-vous me dire pourquoi ils ne sont pas comblés, ces emplois-là? C'est-tu parce que les emplois sont plates, c'est-tu parce que la main-d'oeuvre n'est pas formée, n'est pas adéquate, c'est quoi, exactement?
M. Béchard: C'est carrément, dans bien des cas, là, parce que la main-d'oeuvre n'est pas qualifiée pour ces emplois-là. On le voit dans plusieurs domaines. Il y a des emplois qui se perdent au Québec dans les secteurs traditionnels, il y a des emplois à côté qui sont disponibles dans des secteurs qui demandent un peu plus de qualifications, et les gens ne sont pas capables de postuler ou ne postulent pas parce qu'ils n'ont pas la qualification requise pour les occuper. Et quand on parle d'un taux de chômage qui est autour de 8,5 %, et on regarde, s'il n'y avait pas d'emploi de disponible, puis ce sont de bons emplois, là, ce n'est pas des emplois uniquement, je vous dirais, au salaire minimum. Ce sont de bons emplois qui sont disponibles, qui ne sont pas occupés parce qu'il n'y a pas de main-d'oeuvre qualifiée pour le faire. Et ça, on l'observe de plus en plus en région. Donc, il faut augmenter la mobilité de notre main-d'oeuvre et la qualification de notre main-d'oeuvre et ça, ça va... c'est le lot de toutes les économies.
Au Québec, là, quand on regarde les perspectives à long terme, de plus en plus, les emplois moins qualifiés, il va en avoir en moins grand nombre, on s'en va de plus en plus dans les emplois techniques, professionnels et tout ça.
Donc, il faut se donner les capacités d'atteindre ces objectifs-là. Et dans plusieurs régions, l'exemple que je donnais tantôt, il y a des possibilités d'avoir des formations, mais on n'a pas assez d'étudiants ou de gens pour remplir le quota pour partir un cours. Mais ça, il faut l'enlever, ces critères-là pour nous assurer qu'on qualifie le plus de monde possible.
M. Plouffe (Robert): Si vous me le permettez, vous parlez de qualification de main-d'oeuvre, là, ça revient, ça revient, ça revient, vous parlez même de qualification. On pense aux gens d'Huntingdon qui ont perdu leurs emplois, là. Mais, moi, je ne vois rien dans votre stratégie pour justement l'augmenter, cette qualification-là, ou faire en... Qu'est-ce que vous proposez aux gens âgés ou je ne sais pas, moi, à l'autre qui n'a pas la qualification pour l'utiliser et le remplir, cet emploi-là. Je ne vois rien dans votre...
M. Béchard: Bien, oui, bien, entendons-nous bien. Ça, ici, ce matin, c'est, je dirais, la planification stratégique, ce sont les perspectives. En termes pratiques, par exemple, ce que je vous mentionnais en termes d'exemples, quand on dit qu'il faut diminuer les nombres requis en termes de personnes dans un groupe pour partir la formation, il faut aller de plus en plus dans les entreprises pour former les gens. Ça, ça fait partie de la révision du panier d'outils du gouvernement du Québec et du ministère de l'Emploi, Solidarité sociale et Famille. Je vous dirais: Ça, c'est l'étape qui concerne notre ministère, qui nous concerne nous, mais qui découle de ce plan stratégique-là ce matin. Même chose au niveau de la relève entrepreneuriale. Ce matin, on dit: Il faut s'attaquer à ce problème-là. Le rôle du ministère du Développement économique et régional, c'est de s'attaquer à cette problématique-là et d'avoir des outils pour le faire.
M. DeSouza (Mike): Pierre, de Radio-Canada.
M. Bouillon (Pierre): M. Béchard, pour aider les travailleurs de 20, 25, 30 ans d'ancienneté, dans le textile, par exemple, qui risquent de tomber dans une trappe de pauvreté, vous en parlez avec le fédéral, concrètement à quelles mesures songez-vous?
M. Béchard: Bien, il y a, je dirais, des mesures dans ces cas-là à deux niveaux: premier niveau, c'est de voir avec les personnes que l'on peut qualifier ou requalifier de voir avec ces gens-là ce qu'on peut faire, les ramener sur le marché du travail. Il y a des gens qui ont... je dirais, il y a deux tranches: il y a 45 ans, 55 ans, sur lesquelles il y a des possibilités d'intervention selon les formations de base qu'il y a eu et qu'on peut les ramener sur le marché du travail dans des emplois connexes. Il y a l'autre problématique des travailleurs qui sont plus âgés qui sont à deux, trois ans de leur retraite et qui, pour toutes sortes de raisons soit une requalification ou une recherche d'emploi, feraient en sorte qu'ils se trouvaient un emploi au moment où ils prendraient leur retraite. Alors, il faut avoir un pont, et c'est là qu'on parle d'un programme de soutien au revenu pour les travailleurs âgés et d'un problème, je dirais, de requalification pour les travailleurs qui sont un petit peu moins âgés.
Et il y a déjà certains exemples de ce qu'on a fait. Par exemple, au niveau du Groupe Cavalier Textiles à Sherbrooke où, je dirais, l'usine qui, au moment où on parlait de fermeture, on parlait de problématiques particulières, il y a eu des interventions dans ce sens-là et au lieu d'avoir 187 personnes, c'est maintenant 235 personnes qui travaillent dans cette entreprise-là. Donc, oui, on intervient sur la main-d'oeuvre, mais aussi sur les façons de faire de l'entreprise pour trouver peut-être un secteur de niche, un nouveau secteur d'intervention ou de travail ou un nouveau marché pour l'entreprise, et ça, ça fait partie des outils qu'Emploi-Québec va continuer. Je dirais, on les expérimentait et on les mettait en place, maintenant on veut qu'on les développe encore plus, et ça, bien sûr avec l'aide du gouvernement fédéral en ce qui a trait aux travailleurs âgés.
M. Bouillon (Pierre): Juste un mot, le soutien au revenu, là, avez-vous chiffré ce soutien au revenu? Ça se ferait comment ce soutien au revenu?
M. Béchard: Bien, écoutez, à date, là, on ne l'a pas chiffré. Ça dépend, je dirais, de chacun des cas qui est amené. Ce qu'on veut nous assurer, c'est que les personnes puissent se rendre à leur retraite avec un revenu qui varie entre les revenus de sécurité du revenu et d'assurance-emploi, mais surtout qu'ils n'aient pas à liquider leurs actifs pour avoir accès à ces sources de revenus là ni à liquider leur REER, et tout ça. Donc, c'est de fournir un pont, là, pour permettre aux gens de se rendre à leur retraite sans pénaliser la retraite et que finalement ils ne soient pas obligés, pendant ces deux, trois ans là, de tout manger ce qu'ils ont accumulé à petit salaire de façon très, très difficile, pendant 20, 25 ans.
M. DeSouza (Mike): Gérard Deltell.
M. Deltell (Gérard): M. Béchard, comme ministre de l'Emploi, de la Solidarité sociale, vous êtes un des ministres les plus importants du gouvernement. Quand on vous écoute en Chambre...
M. Béchard: Ça, c'est les fleurs, le pot s'en vient.
M. Deltell (Gérard): Ça ne sera pas long. À vous, je ne le sais pas trop, mais ça s'en vient.
Une voix: ...
M. Deltell (Gérard): Quand on vous écoute - ça a été subtil, oui - quand on vous voit...
M. Béchard: Au moins, il y avait des fleurs, il y en a qui n'en ont pas avant.
M. Deltell (Gérard): Ça s'en vient. Quand on vous écoute en Chambre, vous êtes un des ministres les plus politiques, les plus partisans, vous avez la dent longue. Vous aimez ça mordre dans l'opposition puis vous aimez ça faire de grand discours politiques partisans.
M. Béchard: Là, on tombe dans le pot.
M. Deltell (Gérard): Quand vous voyez ce qui s'est passé avec le Suroît puis les écoles juives, comment ça se fait que votre gouvernement n'est pas capable d'avoir ce doigté politique élémentaire? Étiez-vous prêt, vous?
M. Béchard: Moi, je suis prêt. On est toujours prêts et je suis prêt. Dans le plan pour l'emploi qu'on a présenté ce matin, M. Deltell, c'est un plan, je dirais, stratégique. On a regardé, là... C'est sûr, les gens disent que ça prend du temps, mais prenons l'exemple de ce matin, là. On a fait le constat pendant les six premiers mois. Moi, à un moment donné, j'ai dit: Nous avons présentement la meilleure situation économique possible. Comment ça qu'on ne descend pas en bas de 8 %? Comment ça qu'on a 100 000 emplois qui sont disponibles puis qu'on n'est pas capables de les remplir? Bien là, on est repartis. On a fait un exercice de planification stratégique. On a mis tous les ministères dans le coup, on y va.
Et sur les autres dossiers, je pense qu'il y a beaucoup de choses qui ont été dites dans les derniers jours là-dessus. On est revenu hier sur la décision et je pense que ce matin, bien, c'est le temps de passer à autre chose. Le dossier est réglé. On attend d'autres propositions des commissions scolaires, des milieux pour favoriser le rapprochement entre les communautés. Mais, moi, en ce qui me concerne, ce matin, le plan pour l'emploi, j'en suis très content.
M. Deltell (Gérard): Mais commencez-vous à sentir la soupe chaude, là? On est quasiment à mi-mandat, là.
M. Béchard: Ah non! Moi, je vous dirais, écoutez, là, il faut faire attention, là. Tout gouvernement qui gouverne, là, pendant les cinq ans de gouvernement, la soupe risque d'être chaude à tout moment et je pense que c'est à ça qu'il faut être préparé comme gouvernement. Il faut être capable de prendre les décisions, de prendre les bonnes décisions, et je pense qu'hier c'était un geste de maturité qu'on a eu. À un moment donné, il y a une décision qui est... avec des moyens qui n'étaient pas adéquats. Bien, on est capable de revenir puis de dire: Bien, voici, on y va d'une autre façon. Alors, moi, je pense que c'est aussi un signe de maturité gouvernementale.
M. DeSouza (Mike): Pierre-Yvon Bégin.
M. Bégin (Pierre Yvon): M. Béchard, les producteurs agricoles vous ont rencontré pour parler de leur problème de main-d'oeuvre. Ils ont de la difficulté à trouver des ouvriers. Je regarde votre plan. La seule mesure que je vois, c'est vous parlez de La Financière agricole qui met 40 000 $ pour la relève. Ça existe déjà. Alors, dites-moi, dans votre plan, qu'est-ce qui fait que, demain matin, les gens en région, les producteurs agricoles vont avoir des solutions à leur problème de main-d'oeuvre?
M. Béchard: Je vais vous donner un exemple. Comme vous le mentionnez, on est dans la planification stratégique. Sur le terrain, un des exemples que m'ont ramené à plusieurs reprises les producteurs agricoles c'est au niveau bien sûr de la main-d'oeuvre, de la qualification et tout ça. Ça, avec certaines institutions, on regarde pour les programmes, les bureaux d'Emploi-Québec, la flexibilité. Mais deux exemples: on a, dans le Bas-Saint-Laurent, présentement, un projet pilote au niveau d'Emploi-Québec où on combine les secteurs, c'est-à-dire qu'un travailleur qui devait travailler uniquement, par exemple, en acériculture au niveau des érablières, n'avait pas assez de semaines pour le chômage. Bien là, on le combine avec les possibilités dans des entreprises agricoles pour qu'il fasse plus de temps, et ça, c'est à l'essai. Il faut combiner la main-d'oeuvre, il faut la former pour qu'ils fassent les deux.
Autre exemple, on nous dit: On a beaucoup de problèmes à trouver des travailleurs pour faire les récoltes, entre autres parce qu'au niveau de la sécurité du revenu il y a un plafond de 200 $ de gain net par mois. Si on le mettait par année, ce serait déjà mieux. Bien justement, on est en train de voir pour le mettre par année pour faire en sorte que les gens qui, à 200 $ par mois pendant 12 mois, avaient un maximum de 2 400 $ de gain possible sur la sécurité du revenu, bien au lieu de le limiter uniquement par mois, qu'on le mette sur une autre échelle, donc pour aider le secteur agricole.
Donc voici, là, dans les faits, comment se traduit ce plan d'orientation stratégique.
M. DeSouza (Mike): Rhéal Séguin.
M. Séguin (Rhéal): M. Béchard, souvent dans le passé, on a expliqué le fameux 8 % par un problème structurel dans l'économie canadienne, c'est-à-dire que d'autres provinces ont profité des politiques gouvernementales fédérales et le Québec n'a pas su obtenir sa part de ces politiques-là, du moins, pour influencer l'orientation du fédéral; l'Ontario par rapport à l'automobile et tout ça.
Est-ce que vous voyez de quoi au gouvernement fédéral un changement de politique économique qui va venir donner le coup de pouce nécessaire pour atteindre l'objectif du 6 % que vous misez dans votre programme?
M. Béchard: Bien, un des changements importants, puis je ne veux pas aller trop loin dans d'autres dossiers, on voit l'importance qu'a accordée le gouvernement fédéral au secteur aéronautique avec les offres à Bombardier, mais plus concrètement, moi, en ce qui me concerne, là moi...
M. Séguin (Rhéal): La politique n'est toujours pas dévoilée.
M. Béchard: Oui, bien ça, c'est comme je vous dis, là, c'est à eux de le dévoiler. Là, vous me demandez des signaux, il y en a un là. Mais moi, un signal que j'ai vu de changement de ton, je vous dirais, depuis quelques mois, avec entre autres M. Lapierre, et je vous dirais depuis que Mme Robillard est arrivée, c'est ce qui en trait... en ce qui a trait aux 200 millions $ qui nous manquent au Québec dans l'entente sur le développement de la main-d'oeuvre pour justement qualifier nos gens, parce qu'on a... le problème au Québec de la démographie où nos travailleurs vieillissent davantage, ils sont plus vieux, si on veut, que la moyenne canadienne, mais aussi le problème de qualification et ça, ce 200 millions $ là, va nous permettre de faire beaucoup plus d'interventions quand je vous parlais de qualification en entreprise. Voici une belle façon pour le gouvernement fédéral de nous aider en respectant nos compétences. Qu'on ait ce 200 millions $ là, puis on va faire plus d'interventions encore au niveau des entreprises pour aider les gens à se qualifier tout au long de leur vie et il y aura là un signal pour le gouvernement fédéral d'aider, je dirais, le gouvernement du Québec à casser cette barrière-là du 8 %.
M. Séguin (Rhéal): ...nous justement du 200 millions $. Il s'agit de quoi exactement? Est-ce que vous pensez de l'avoir cette année? Est-ce que les négociations sont suffisamment avancées? Est-ce que c'est 200 millions $ par année que vous estimez obtenir?
M. Béchard: Oui. Présentement, là, dans l'entente Québec-Ottawa sur la main-d'oeuvre, quand elle a été signée, on le disait que c'était 0,6 % des sommes qui sont versées à l'assurance-emploi qui peuvent aller dans la qualification de la main-d'oeuvre au Québec. Mais dans l'entente, on parle d'un 0,8. On a mis un 0,6 un peu pour voir: Bien, regardons ce que ça va donner, puis à maturité, on passera à 0,8. Là, on est à maturité. On est rendu là et moi, ça fait depuis un an et demi, là, que je suis en poste et quelques mois après, j'ai mentionné... quand on a eu la première crise du crabe, c'était le plus bel exemple de l'utilité de ce 200 millions $ là et des efforts que nous on a à faire pour requalifier nos travailleurs âgés dans des secteurs plus sensibles - Ça, c'était saisonnier, on va le vivre avec le textile aussi - et où ce sont des interventions d'Emploi-Québec et du gouvernement du Québec. Là, ce n'est pas l'assurance-emploi, puis ce n'est pas le gouvernement fédéral qui peut venir régler ça, c'est nous avec nos opérations qui pouvons le faire. Et comme il y en a de plus en plus parce que des secteurs manufacturiers qui sont de plus en plus fragiles et qu'il faut reconvertir, même chose au niveau des emplois saisonniers. Bien, là, voici un 200 millions que si on fait... puis c'est déjà prévu dans l'entente, on n'a pas besoin de modifier la loi, on n'a pas besoin de rien modifier, c'est déjà là.
On a des discussions, j'en ai reparlé ce matin avec M. Lapierre, hier avec Mme Robillard, et on va négocier. Moi, je souhaite l'avoir. Est-ce que ce sera dans les prochains mois? Moi, j'aimerais l'avoir dans la prochaine année budgétaire, que ce soit de façon graduelle ou autre. Mais, voici un exemple, là, où comment le gouvernement fédéral pourrait nous aider à relever le défi de la qualification de la main-d'oeuvre.
M. Séguin (Rhéal): Juste, dernière question, sans le 200 millions, est-ce que vous pouvez atteindre votre objectif de 6 %?
M. Béchard: On va essayer de l'atteindre. Je dirais qu'on... Écoutez, on a quand même un 5 milliards, là, quand je parlais de tout ce qui peut être dépensé en préparation, en qualification et en formation de la main-d'oeuvre. Mais, c'est certain que ça donnerait un coup de pouce, entre autres dans des secteurs où il faut, je dirais, des interventions plus pointues, où parfois ça va coûter plus cher à former, reformer 10, 15 travailleurs de l'industrie du crabe pour aller, par exemple, dans une autre industrie en région. Quand je parlais tantôt de la combinaison des secteurs d'activité, mais quelqu'un que ça fait 15 ans qui travaille en forêt, tu ne l'envoies pas dans une ferme laitière le lendemain matin. Il y a une qualification à faire, une préparation à faire, et voici le genre d'intervention qu'on pourrait faire plus rapidement avec ces sommes-là.
M. DeSouza (Mike): Rémi Nadeau.
M. Nadeau (Rémi): Oui. Juste une précision, vous aviez dit à l'Assemblée nationale, avant Noël, là, que vous étiez à quelques semaines de présenter un plan pour l'emploi. Or, vous êtes d'accord pour dire, ce matin, que ce sont des orientations qui vont mener ultimement à un véritable plan pour l'emploi avec des mesures précises. Mais, on n'est pas... ce n'est pas ça encore.
M. Béchard: Bien, c'est parce que je dirais, on a présentement... je dirais que c'est un exercice de planification stratégique. Moi, je me rends... je calcule qu'on a le plan gouvernemental pour l'emploi et, dans les prochaines semaines, il y aura un plan chacun des ministères pour l'emploi. Quand on parle les points au niveau du développement économique, même au niveau d'Emploi-Québec, j'ai donné quelques exemples du coffre à outils, de ce qu'on veut faire de façon différente. Dans le secteur du textile et du vêtement, on a présentement, là, un plan précis pour ce secteur-là qui est au Conseil du trésor. Donc, tout ça c'est, je dirais, l'orientation globale de comment le gouvernement du Québec va travailler de façon stratégique au niveau de la préparation et de la qualification de la main-d'oeuvre. Et, là, chacun des ministères, dans chacun... ou chacun des secteurs, il va y avoir des plans plus particuliers.
M. Nadeau (Rémi): Bon. J'ai une précision pour l'orientation 2, proposition 9. Est-ce que vous entendez par là que, par exemple, un employeur pourrait recevoir l'équivalent d'un chèque d'aide sociale que quelqu'un reçoit pour pouvoir justement employer cette personne-là? Est-ce qu'on parle autrement dit de transférer l'argent qui devrait aller à quelqu'un qui reçoit de l'aide sociale à quelqu'un qui pourrait l'employer?
M. Béchard: Non. Sur les barèmes de base, non. Je vous dirais que ce qu'on vise, là... par exemple, quand on avait dans les... Le plus bel exemple, c'est la conciliation travail-études, où il y a la prestation de base au niveau de... le programme, là, qu'on a lancé pour les jeunes, leur permettre... les jeunes qui sont sur la sécurité du revenu, de leur permettre de continuer et de terminer leurs études en même temps qu'ils occupent un emploi. Bien, pour nous, il y a le barème de base qui est là. Mais au lieu d'investir, nous, dans des programmes qui nous appartiennent, bien, on se met en partenariat avec la commission scolaire, on se met en partenariat avec une entreprise et on l'aide. Donc, ce n'est pas un transfert des barèmes de base ou quoi que ce soit, c'est beaucoup plus dans les interventions. Au lieu de dire: Bien, vas-y, là, puis on va te donner un 100 $, un 150 $ ou un 200 $ de plus, bien, on dit: Vas-y, oui, on va te le donner, mais en plus on va combiner avec une entreprise, on va combiner avec la commission scolaire pour que tu puisses acquérir non pas uniquement une expérience de travail, mais également un diplôme d'études.
M. DeSouza (Mike): Jean Thivierge.
M. Thivierge (Jean): M. Béchard, je regarde votre liste des pistes d'action proposées. Je regarde la proposition 1: Le gouvernement du Québec proposera, d'ici à la fin de l'année 2005, une stratégie de qualification. Proposition 5: Le gouvernement du Québec proposera, d'ici à décembre 2005, des principes directeurs, etc. Dans le cadre des... Proposition 15: Dans le cadre des consultations prébudgétaires, certaines propositions concernant des mesures...
M. Béchard, ça va faire bientôt deux ans que vous êtes là, là. Pourquoi vous n'étiez pas prêts à nous annoncer des décisions et que vous êtes encore, au bout de deux ans, à nous parler d'orientations stratégiques pour des mesures qui vont commencer à prendre effet peut-être en 2006, sinon 2007, ou que sais-je?
M. Béchard: Bon, il y a...
M. Thivierge (Jean): Les gens vont être déçus, là, de voir ça, parce que vous ne nous annoncez pas de mesures, vous nous annoncez vos réflexions.
M. Béchard: Non. Bien, je vous dirais qu'on annonce...
M. Thivierge (Jean): Votre planification.
M. Béchard: Oui, c'est la planification stratégique, là, et je vous l'ai montrée dans plusieurs exemples qui se font déjà dans les ministères, mais ce qu'on avait besoin comme gouvernement, c'est un cadre général d'intervention. Et je vous ai donné, et je vous le redonne, l'exemple que, comme gouvernement, il n'y ait pas un endroit, un seul et unique site Internet sur lequel on retrouve tous les emplois disponibles au gouvernement du Québec, ça donne juste la pointe de tout ce qu'il y avait à faire.
M. Thivierge (Jean): Mais ça, vous avez dû le voir quand vous êtes arrivé, M. Béchard...
M. Béchard: Oui, mais pour le faire...
M. Thivierge (Jean): ...que les emplois n'étaient pas regroupés. Ça ne prend pas deux ans pour le voir, ça.
M. Béchard: Bien, ça ne prend pas deux ans pour le voir, mais dès qu'on l'a vu, on est intervenu puis on l'a fait. Même chose au niveau de la croissance économique, quand je dis qu'on a eu des difficultés à passer en dessous du 8 % et quand je vous dis que, dans certaines régions, au niveau des groupes, il faut diminuer le nombre de personnes dans les groupes pour réussir à partir les groupes quand même, il faut le faire; il faut le faire aussi avec nos partenaires du marché de l'emploi, du marché du travail. Alors, il y a une série de propositions qui sont là et qui... Nous, ce qu'on vise, par exemple, sur les perspectives, elles étaient faites sur cinq ans, les perspectives de main-d'oeuvre, les secteurs à développer, les endroits où on doit orienter davantage les étudiants, mais là, sur cinq ans, ce n'est pas suffisant, il faut le faire sur 10 ans. Parce que, comme je le mentionnais, on a à peu près la moitié des emplois qui vont être là dans 15 ans qu'on ne connaît pas actuellement. Alors, il y a une série de constats qui sont là qu'aujourd'hui on lance et qui vont continuer d'être...
M. Thivierge (Jean): Mais, M. Béchard, est-ce que vous comprenez que les gens qui vous écoutent, là, aujourd'hui, ce qu'ils attendaient, là, c'étaient des mesures précises et non pas qu'il va y avoir éventuellement une stratégie pour ci ou pour ça? Est-ce que vous comprenez ça que les gens attendaient des mesures, que vous n'annoncez pas de mesures?
M. Béchard: Oui, mais, par exemple, ces mesures-là comme par exemple on a vu dans le secteur du textile, comme on l'a vu précédemment dans le secteur du crabe, dans d'autres domaines, les mesures sont là. Quand je parlais de l'entreprise de Sherbrooke sur laquelle on est intervenus et qu'au lieu d'avoir 185 emplois, on est au-dessus de 200 emplois, il y a déjà des choses qui se font. Ce qu'on présente ce matin, c'est de dire: nous allons maintenant intervenir de façon plus stratégique dans tous les secteurs, avec tous les ministères pour que les exemples qui ont été des succès, bien, que ça devienne l'exemple qu'on va suivre partout.
Et pour les gens qui se retrouvent en difficulté, puis on l'a vu avec Huntingdon, on est capables d'intervenir, mais est-ce que le modèle, par exemple, d'intervention qui est dans le cas d'Huntingdon avec Développement économique, avec le ministère de l'Emploi, peut devenir un modèle qui va se répéter plus souvent, pas uniquement de façon exceptionnelle, mais plus régulièrement avant qu'on ait le nez collé sur le problème? Mais, c'est à ça que répond le plan ce matin, voici comment le gouvernement va intervenir à l'avenir dans ces dossiers-là.
M. DeSouza (Mike): O.K. On va passer en anglais. John Grant.
M. Grant (John): Mr. Béchard, in the preparation of this document and this plan, how was the process to do this different from the process that went into making a decision, to integrate Jewish schools?
M. Béchard: Well, it's a really long process because we have to look at what are the needs of the labor market, what is the possibility that we have on the intervention, what will be the perspective for the next 15 years, so it's a very long process. And to have a good result, it's only a decision from one department, it's a governmental decision which includes all the departments and that's really long and though way to have this king of document.
M. Grant (John): Is it the better way to do it?
M. Béchard: Ah, it's a good way to do it, but, you know, it all depends on the kind of decision, and like I said, you know, there some decisions which are department decisions, some others which are governmental decisions, and this one is a governmental decision and that's not because it's not... I didn't mean that some department decisions have no impact on all the government.
M. DeSouza (Mike): Félix Tremblay.
M. Tremblay (Félix): Mr. Béchard, I'd like to know quite simply how can a government come to push forward and bulldoze through a measure that is disapproved by 90 % of the population and disapproved by the president of the Conseil du trésor? Can you explain me that?
M. Béchard: Ah, you're talking about the...
M. Tremblay (Félix): The increased funding to Jewish private schools.
M. Béchard: Well, I think on this issue we had a good meeting at the Cabinet yesterday. And after the meeting, I think it's a sign of maturity to be able to say: O.K. It was a good objective but maybe not good tools, and we're looking at some other tools to be able to have the result that we want. And I think that the subject was there and, for me, now, we have to look at the future. Maybe it was a decision that we early put on the table, we have some new discussions on it and there's a new decision, and I hope that this morning a lot of people are happy and agree with our decision.
M. Tremblay (Félix): Would you have like to have seen that measure go thought Cabinet? Would you have like to be able to express yourself on it?
M. Béchard: Well, I don't want to go back on the past, you know, it's a department decision. And, you know, there're some decisions that we are looking in my department, and sometimes there's some impact on the rest of the Government, some other time, no, so it all depends on the decision.
But what is really important is to be able to see when we are taking some good decisions or some bad decisions to be able to be close to the population, close to the Quebeckers and be able to say: O.K. Now, if it's a bad tool, we will look to some better way to do the same thing.
M. Tremblay (Félix): You're talking about being close... I'm sorry.
M. DeSouza (Mike): Tim.
M. Duboyce (Tim): M. Béchard, you say it's a sign of maturity that the Cabinet was able to do this. Maturity often comes from lessons learned. Do you think the Premier learned a lesson?
M. Béchard: I think that it's not the question of the Premier, I think that everybody learned the decision, you know, learned from this thing. It's...
M. Duboyce (Tim): What do you think the Cabinet learned?
M. Béchard: Well, you know, I think that all the decisions could have a big impact. And, you know, we are in position, as a government, in each of our department, we have a lot of decisions to take, and sometimes we just have to look with more... to see what will be the real impact. And I think that we'll see, and the future may be... some other way to do the things, but we have to look at the future.
M. Duboyce (Tim): What do you mean: some other way?
M. Béchard: Oh, no, it's just for an example. In my department, sometimes I could take some decision when I think there will be no impact and everybody will agree. And after one or two weeks, I will see that there are some other consequence. So, I just think that we learn from it and we will see what will... in the future to try to have a better decision.
M. DeSouza (Mike): Kristy Rich.
Mme Rich (Kristy): M. Béchard, just on that same topic, what do you think it says about the Premier's strategy or the way that the Premier operates, and that the Jewish schools decision was refused by Mme Jérôme-Forget but then passed when she was away on vacation? What does that say about the way the Premier operates in that the Jewish schools' decision was refused by Mme Jérôme-Forget, but then passed when she was away on vacation? How... what's to say with the way Premier operates?
M. Béchard: I think that... We looked at the files yesterday, we changed the decision and now, we have to look at the future. I think I'm not here to having an autopsy of the decision. I'm here to work for the employment and as a member of government yesterday, we... everybody who have something to say on this issue said it and we changed the decision and I think that this morning, it's time to look at the future.
Mme Rich (Kristy): About the subject today, the employment, why do you think it is that Quebec is not able to pass this 8 % of unemployment?
M. Béchard: Well, I think that one of the reason is the qualification. We have to make more qualification, give more tools to the workers to change their career to have a new employment to have new job in new sector. And you know, there's... the half of all the job who will be there in 15 years that we never know now, so we have to have as a government better tools to look what will be the needs of the labor market, how we could help the workers to be with a good qualification and that's why we have this plan today.
Mme Rich (Kristy): Why are there not more concrete measures in this? I mean, a lot of this had already been announced at the Forum of generations.
M. Béchard: Because it's a strategic plan, you know. It's the way that all the government will work for the next years. And each department will have to have more specific propositions, some specific program to review. In our sector that will be the same thing. And I think that now, we put on the table the plan to work in the next years and I think that now all the department will works on this... with this kind of map.
M. DeSouza (Mike): ...one more question in English please. Rhéal Séguin.
M. Séguin (Rhéal): What are you doing differently than the PQ government did?
M. Béchard: Yes. I think for example, we will work more for the qualification of each people. We will look at more qualification in each enterprise. We will try to have some new tools and see that no... One of the biggest difference I think it's to be able to say that the government will not do anything alone. We want to do more things with more enterprise with all partner in each enterprise, you know. We have to make confidence in those people, you know.
In the past and one of the bad thing, the worse thing of the past it's, you know, if the qualification was not give by the government, we were not sure that's a good qualification. But now we have to look at... in some enterprise and some business who have better tools that we have to give qualification. It's sure that we have to look if our money is with good... well spending.
But at the end of the day, I think that for the people, it's really important to be able to count on each enterprise, on the tools that they have and we will be partner. And that's one of the big difference if we look what we want to do and what it was done in the past.
M. Séguin (Rhéal): ...will be able to dictate or at least define along with the Government their needs, and you will respond to those specific needs?
M. Béchard: We will try to respond to those specific needs because they're some other things that we have to look and a lot of cases, we don't the same equipment and the highest technology equipment that some businesses have and we have to make this Government say that: O.K. Now, we will work with you. And you know, a lot of businesses say: Don't try to give the qualification of the people in thinking that when they will go out of your place, they will be able to make the job. That will not be the case. Give them a good basis formation, some good tools and after that we will make the job because we are at a technology level that you don't have and that we are not able to have as Government. So, that's one of the differences and the orientations that we will put in place with this plan.
M. Séguin (Rhéal): Thank you.
M. Béchard: Merci beaucoup.
(Fin à 10 h 46)