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Point de presse de M. Gaétan Lelièvre, porte-parole de l'opposition officielle en matière d'affaires municipales et de développement des régions, et M. François Gendron, député d'Abitibi-Ouest

Version finale

Le jeudi 26 février 2015, 9 h 30

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Neuf heures trente-huit minutes)

M. Gendron : Alors, merci. Très simplement, je suis très, très heureux d'accueillir quatre représentants importants de l'Abitibi-Témiscamingue, qui sont ici ce matin à l'Assemblée nationale pour nous présenter leur manifeste concernant Touche pas à ma région!, toute la problématique des mesures d'austérité de ce gouvernement-là. Et je tiens à vous dire très rapidement, être heureux de les accueillir, c'est une chose, mais ces gens-là ont un mandat de leurs représentants, on va expliquera ça plus en détail, et ce qui est important, c'est de convenir aujourd'hui que le manifeste, essentiellement, c'est une réaction étoffée sur les conséquences de ces mesures d'austérité là.

Ce manifeste a été signé par plus de 6 000 personnes, alors 6 000 personnes, dans un temps assez rapide, en Abitibi-Témiscamingue, qui ont manifesté, par leur signature, un engagement solennel envers certains principes qui sont les nôtres depuis plusieurs années. Alors, ils vont vous en parler. Moi, je ne veux pas prendre leur place, mais je suis très heureux de les accueillir et je les félicite de leur action parce que c'est une action très mobilisante, qui a regroupé toutes sortes d'intervenants de l'ensemble de l'Abitibi. Il n'y a pas de politique là-dedans, il n'y a que des gens déterminés, et je leur laisse la parole. Merci.

La Modératrice : Merci, M. Gendron. Maintenant prendra la parole, de la coalition Touche pas à ma région!, M. Émilien Larochelle.

M. Larochelle (Émilien) : Bonjour. Aujourd'hui, on vient présenter, comme M. François Gendron vient de le mentionner, une pétition, là, de 6 000 personnes, et nous avons reçu le mandat de venir ici présenter les difficultés que nous avons rencontrées suite aux mesures d'austérité qui ont été mises en place, là, par le gouvernement actuellement.

Et, vous savez, en Abitibi-Témiscamingue, on a pris l'habitude, au fil des ans, de travailler en concertation. Avec les annonces qui ont été faites dernièrement, avec l'abolition des CRE, on perdait notre instance de concertation. Et, pour nous, c'est une chose qui est très importante. C'est parce qu'on est habitués de travailler en collégialité, donc travailler autant avec les élus que les instances civiles. Et la société civile, en Abitibi-Témiscamingue, c'est un élément important de notre fonctionnement et c'est pour cette raison-là qu'aujourd'hui on vient annoncer qu'on a 6 000 personnes qui ont signé. Vous savez, 6 000 personnes qui signent un manifeste en Abitibi-Témiscamingue, ça représente beaucoup de personnes, et, de plus en plus, les gens sont mobilisés et veulent signifier à ce gouvernement-là qu'on veut changer.

Mais il n'y a pas rien que des mauvaises nouvelles. La bonne nouvelle, c'est que, le 5 février dernier, on a eu une rencontre avec notre premier ministre, qui nous a signifié qu'il était ouvert à ce qu'on ait notre… qu'on recrée un organisme de concertation régional. Et ça, pour nous, c'était une nouvelle qui était bien, bien importante.

Bon, maintenant, quand on regarde dans le projet de loi qui a été avancé puis on regarde les déclarations que le ministre Moreau effectue, bien, on ne voit pas de lien de cause à effet. Donc, pour dire comme on a l'habitude de dire chez nous, on voudrait que les bottines suivent les babines. Autrement dit, notre premier ministre nous a indiqué qu'il avait une ouverture à ce qu'on ait un organe de concertation et qu'il était prêt à le reconnaître. Donc, pour nous, ça, c'est la première chose qui est la plus importante. Bon. Deuxièmement, bien là, pour calmer l'inquiétude des gens qui nous ont mandatés ici ce matin, bien, on aimerait bien avoir une réponse positive gouvernementale dans le projet de loi, qu'il y ait des amendements qui soient apportés ou autre chose. Donc, pour nous, ça, c'est l'objet principal de notre présence ici ce matin.

Et au niveau des coupures de service, bien, écoutez, on ne peut pas dire que c'est juste des coupures qui viennent enlever le gras, parce que, là, le gras, il a été enlevé. On est rendu à l'os. Et, si on regarde, il y a certaines coupures, là, qu'on se pose la question pour quelle raison que ça a été fait. Si on regarde, par exemple, Place aux jeunes, qui travaille pour ramener des jeunes en région, bon, à Rouyn-Noranda, là, on a annoncé que c'était pour être coupé; à Val-d'Or, c'est déjà fait. Donc, il reste trois autres territoires, là, à définir.

Pour quelle raison qu'ils sont coupés? Parce qu'apparemment qu'ils ont fait du très bon travail et qu'ils ont réussi à attirer plein de jeunes et d'immigrants dans notre région, et apparemment, là, que ce n'est pas suffisant pour conserver, là, ces services-là. Et on ne parle pas de Valorisation Abitibi-Témiscamingue, qui est un organisme qui a été créé en 2006, justement, pour mettre un peu de fierté puis travailler sur la dévitalisation, bien, des villages.

Donc, je finirais là-dessus. Je vous remercie de votre attention.

La Modératrice : Merci beaucoup, M. Larochelle. Prendra maintenant la parole M. Paul-Émile Barbeau, de la coalition Touche pas à ma région! également.

M. Barbeau (Paul-Émile) : Mon engagement s'est fait à titre de citoyen. Ce qui frappe dans cette démarche-là, c'est le manque de cohésion qu'il y a dans toutes les mesures, de la façon avec laquelle elles sont prises.

Nous avons, dans un très court laps de temps, réussi, à partir de 40 personnes pour meubler et, très rapidement, rassembler 300 autres, pour monter jusqu'à être 500 000… 5 000 — 500 000, excusez-moi — 5 000 dans la rue pour manifester. Non pas que l'on ne comprend pas que l'on doive être sérieux au point de vue des finances publiques, mais plutôt de manifester notre désir de participer. Nous avons le droit de participer aux décisions chez nous.

Actuellement, de la façon avec laquelle les choses sont faites, on nous enlève nos outils, on les répartit d'une façon qui est tout à fait aléatoire. Par exemple, au Témiscamingue, on sait que l'agriculture est un phénomène très important. C'est la base de notre économie. Les bureaux sont rendus, en Abitibi, à Rouyn. Alors, j'ai bien hâte de voir les bureaux pour les mines arriver au Témiscamingue, où on n'a pas d'expertise.

Donc, nous voulons garder nos outils. On nous dit : Oui, bâtissez votre maison, mais on nous enlève nos marteaux. On a un engagement moral du premier ministre, on attend maintenant du concret. Merci beaucoup.

La Modératrice : Merci beaucoup, M. Barbeau. Maintenant prendra la parole M. Gilles Chapadeau, également de Touche pas à ma région!

M. Chapadeau (Gilles) : Alors, merci. Écoutez, je suis très fier d'être ici ce matin au nom des 6 000 signataires, mais au nom de tous ces gens-là qui se sont mobilisés en Abitibi-Témiscamingue. Effectivement, François en a parlé, Paul-Émile en a parlé, on a une histoire. On a 50 ans d'histoire.

L'Abitibi-Témiscamingue s'est bâtie avec la concertation, que ce soit à travers du Conseil économique régional du Nord-Ouest québécois; par la suite, il y a eu le Conseil régional de développement de l'Abitibi-Témiscamingue et la CRE. Dans toutes ces instances-là, l'Abitibi-Témiscamingue a toujours choisi de travailler de concert avec les élus et les acteurs en développement. Ça a toujours été le choix de l'Abitibi-Témiscamingue. On a 50 ans d'histoire de concertation, et c'est comme ça que la région s'est développée.

Ce qu'on ne veut pas aujourd'hui, c'est se faire imposer un modèle qui ne nous ressemble pas. Ce qui nous ressemble, c'est ce qu'on a dit dans notre manifeste. On veut travailler de concert, ensemble, tant les élus que la société civile, et ne surtout pas se faire imposer un modèle.

Maintenant, Émilien en a parlé, le premier ministre s'est engagé. Maintenant, il y a des messages, qui ne sont pas tout à fait cohérents, qui viennent de la part du gouvernement. M. Moreau dit quelque chose, dit qu'on ne comprend pas, les régions ne comprennent pas, l'Abitibi-Témiscamingue ne comprend pas, donc... et le premier ministre semble, lui, comprendre qu'on comprend bien. Donc, il serait intéressant qu'ils puissent se concerter eux et qu'on puisse avoir un message cohérent. C'est que les gens de ma région attendent.

La Modératrice : Merci, M. Chapadeau. Maintenant, pour conclure, M. Gaétan Lelièvre, député de Gaspé et porte-parole en matière de régions.

M. Lelièvre : Bonjour. Écoutez, ça me fait plaisir d'être ici ce matin à titre de porte-parole de l'opposition officielle pour le dossier des régions et des affaires municipales.

Je pense que tout a été dit. Moi, je considère que c'est très important qu'on soit ici ce matin, comme opposition, pour appuyer les gens de l'Abitibi-Témiscamingue qui viennent, dans le fond, livrer un témoignage de ce qu'ils vivent chez eux. C'est le message qu'on entend dans l'ensemble du Québec, mais je vous dirais qu'en Abitibi-Témiscamingue, ces gens-là, la population a été, jusqu'à aujourd'hui, parmi les pionniers à s'être levé debout pour dire haut et fort que l'action gouvernementale présentement, dans les régions, est dévastatrice. Et ces gens-là nous ont exprimé chacun, avec des exemples concrets, comment s'appliquaient, dans le fond, ces mesures de démolition des régions carrément chez eux. 5 000 personnes qui ont signé une pétition, tout près de 6 000, c'est quand même beaucoup de monde. Si on mettait ça à l'échelle de Montréal, au-delà de 100 000 signatures.

Donc, c'est un cri du coeur, c'est un cri important que l'Abitibi-Témiscamingue lance au gouvernement. Et vous avez entendu, parmi les témoignages, on parle d'impact dans le tourisme, on parle d'impact dans l'occupation du territoire et surtout ne pas oublier que la société civile veut être impliquée en Abitibi-Témiscamingue dans le modèle de concertation régionale, et le gouvernement doit écouter cette demande-là.

Vous savez, ce qu'on... dans le fond, ce qu'on a ce matin comme cri du coeur, c'est une demande d'ouverture, d'écoute de la part du gouvernement pour respecter le modèle de concertation, le modèle d'intersectorialité, le modèle de prise en main d'une région depuis plus de 50 ans. Et le gouvernement a l'obligation d'écouter ses partenaires de tous les secteurs d'activité. Merci.

La Modératrice : Merci, M. Lelièvre. En fait, il me reste quelqu'un pour terminer. Il s'agit du maire de Malartic, M. Martin Ferron.

M. Ferron (Martin) : Eh bien, merci. Je représente ici ce matin, bien sûr, la coalition Touche pas à ma région!, mais également les élus qui sont sur la table de la CRE.

Les élus m'ont demandé de les représenter aujourd'hui pour passer le message suivant. Les élus de l'Abitibi-Témiscamingue, les maires, les mairesses qui sont en place dans le milieu travaillent ensemble, travaillent en développement régional, travaillent au niveau de notre économie. Couper les liens, de ne plus pouvoir travailler ensemble au développement régional, dans une concertation régionale, va ralentir notre développement économique, va ralentir toutes les facettes du développement régional. C'est pour ça que l'enjeu est tellement important, de garder une organisation structurée pour pouvoir parler au nom de tout l'ensemble des maires d'une seule voix et non de travailler de façon séparée, en silo. Ce qui est important, c'est de s'unir pour pouvoir avancer dans notre développement économique.

Le message est le suivant, c'est garder une entité régionale de développement via un regroupement de la société civile, que ce soit au niveau de la santé, de l'éducation... Toutes les facettes demandent cette concertation régionale là. Alors, le message est le suivant, c'est : Donner les moyens et reconnaître une telle organisation en Abitibi-Témiscamingue et dans les autres régions également du Québec, c'est la seule façon qu'on peut aller de l'avant dans notre développement. Merci.

La Modératrice : Merci beaucoup.

(Fin à 9 h 49)

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