(Quatorze heures trente-six minutes)
M.
Turcotte
:
Donc, bonjour à vous toutes et à vous tous. Je vais vous présenter, tout
d'abord, Élise-Ariane Cabirol, qui est présidente de la table de concertation
des forums régionaux du Québec, ainsi que Jean-Mathieu Chénier, qui est le
président de la Table jeunesse de l'Outaouais, donc nous allons céder la... et
Manon Massé, députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques. On va commencer avec
Mme Cabirol, qui est la présidente de la table, pour prendre la parole.
Mme Cabirol
(Élise-Ariane) : Parfait. Merci, M. Turcotte. Hier, le gouvernement
a prétendu nous annoncer une vision commune. Pendant l'annonce de l'abolition
des forums jeunesse, on a prononcé les mots «par et pour les jeunes» en parlant
du démantèlement de 19 conseils d'administration de jeunes et l'envoi de
sommes aux carrefours jeunesse-emploi.
Au-delà du
réseau des forums jeunesse, il y a une idée qui m'importe particulièrement et
qui importe à tous les membres du réseau des forums jeunesse, c'est l'idée que
des jeunes de 35 ans et moins sont les mieux placés pour déterminer ce qui
est bon pour eux.
Les forums
jeunesse, ce n'était pas un «focus group» ou un siège jeunesse réservé, ce
n'était pas non plus 50 % de sièges aux jeunes ou un beau jeune qu'on
invite à figurer sur une photo pour faire baisser la moyenne d'âge; 100 %
des administrateurs des forums jeunesse avaient 35 ans ou moins,
100 % des administrateurs du réseau national des forums jeunesse et de la
Table de concertation avaient 35 ans ou moins et étaient des bénévoles
également.
La
coconstruction des politiques publiques, elle doit se faire entre les jeunes et
le gouvernement, pas entre le gouvernement et des gens qui prétendent parler au
nom des jeunes. Prendre une décision comme fermer le réseau des forums
jeunesse, c'est une erreur, et entendre l'attaché du premier ministre dire que
former des conseils d'élèves, outiller des jeunes à poser leur candidature au
municipal, c'est seulement des frais d'administration, c'est une insulte à
l'intelligence des jeunes Québécois et Québécoises.
C'est un peu
ironique que les forums jeunesse aient été créés pour établir un pont entre les
jeunes et les lieux décisionnels où ils étaient sous-représentés, et que, dans
la situation actuelle, la décision se soit prise sans même que le premier
ministre — et le ministre de la jeunesse — accepte de nous
rencontrer.
M. le premier
ministre, je vais vous dire ce que je vous aurais dit si j'avais eu la chance
de vous rencontrer, si vous aviez accepté de me rencontrer. Vous pouvez parler
de réduction de frais d'administration, mais je ne suis pas un frais
d'administration, ni nos employés. Je suis une jeune mère, une jeune
professionnelle qui travaille dans le milieu de la santé, qui donne de mon
temps sans compter depuis plusieurs années.
Les forums
jeunesse, c'était 80 employés qui rencontraient des jeunes directement sur
le terrain pour les outiller, les aider, les accompagner, les pousser à se
dépasser, c'était surtout 300 jeunes qui donnaient gratuitement de leur
temps, de leur vision, de leur voix et leurs compétences au développement de
leurs régions et du Québec en entier. Le Québec n'a pas les moyens de se priver
de cette énergie, de cette relève.
Cette décision,
malheureusement en contradiction avec le coeur même de notre mission, qui est
de favoriser la participation citoyenne des jeunes, entretient et alimente,
malheureusement, le cynisme de toute une génération.
M. le premier ministre, le gouvernement
annoncera qu'il amorce un travail sur sa nouvelle Stratégie d'action jeunesse.
Encore en février, votre cabinet demandait aux forums jeunesse de l'aider à
consulter tous les types de jeunes de toutes les régions. Il n'est pas trop
tard pour revenir sur votre décision, il n'est pas trop tard pour redonner aux
forums jeunesse et aux jeunes qui s'y impliquent des moyens de réellement
coconstruire la prochaine politique jeunesse avec vous, pour nous. Merci.
M. Chénier (Jean-Mathieu) :
Parfait. Donc, Jean-Mathieu Chénier, président de la Table jeunesse Outaouais
et aussi lauréat prix Hommage bénévolat-Québec, catégorie Jeune Bénévole — Claude-Masson.
Donc, moi, je viens parler aussi de la
philosophie «par et pour les jeunes», en réitérant l'inconséquence de recevoir
un prix, la semaine passée, des mains du ministre Sam Hamad pour me féliciter,
moi, mais féliciter aussi Félix, qui est avec nous, et deux autres jeunes, donc
quatre lauréats, jeunes, qui étaient en lien avec les forums jeunesse, pour
nous féliciter de notre implication auprès de cette même jeunesse-là. Et la
chose qu'il faut comprendre, c'est que cette implication-là se passe grâce à la
philosophie «par et pour les jeunes», qui créé des conseils d'administration
jeunesse et qui permet aux jeunes comme moi d'avoir une place dans les processus
décisionnels qui touchent la recherche de solutions et la création
d'initiatives pour faire face aux défis des jeunes partout au Québec.
Donc, je trouve inconséquent de nous avoir
honorés pour ces actions-là, et, du même coup, enlever, en éliminant le financement
aux forums jeunesse, tous les outils et le support qu'on recevait afin que
notre engagement puisse avoir un réel impact et des conséquences concrètes sur
la vie des jeunes Québécois et Québécoises.
En plus, je veux aussi affirmer à M. Sam
Hamad et au premier ministre Philippe Couillard que cette décision-là, en plus
d'être inconséquente avec les prix qui ont été remis la semaine passée, est
définitivement des plus démobilisatrices, et c'est ça qui le plus frustrant. Il
y a 300 jeunes bénévoles au Québec qui veulent encourager la participation citoyenne,
et cette décision-là et tout le contexte dans lequel cette décision-là s'est
prise, du fait qu'on n'a jamais été consultés, ça nous envoie le message que la
participation citoyenne maintenant, selon le gouvernement libéral, ça se résume
à voter à chaque quatre ans, et ça finit là. Et, je m'excuse, mais les jeunes
veulent avoir une part… veulent prendre une part beaucoup plus active dans la démocratie
et veulent pouvoir influencer les décisions qui les touchent beaucoup plus qu'à
chaque quatre ans.
Donc, je vais me retenir là pour ne pas
être trop fâché, mais je pense qu'au nom des 300 jeunes bénévoles impliqués au
sein des conseils d'administration des forums jeunesse, je réitère le fait
qu'on n'aurait pas pu avoir une décision plus démobilisatrice, ce qui ne veut
pas dire qu'on va lâcher puis qu'on va laisser tomber. On va continuer, mais le
gouvernement ne vient définitivement pas de nous aider à trouver cette
inspiration et cette motivation-là.
M.
Turcotte
:
Bien, bonjour à vous tous. Donc, comme député porte-parole de l'opposition
officielle en matière de jeunesse, j'ai dit hier que c'était une triste journée
pour les jeunes et pour les régions du Québec, je le réitère aujourd'hui.
Vous voyez avec nous différents jeunes de
différentes régions du Québec qui se sont mobilisés, qui se mobilisent, qui
font de la participation citoyenne un cheval de bataille. Et je considère que
toute cette implication jeunesse, à travers le Québec… que trouve écho… les
forums jeunesse régionaux, est mise à mal aujourd'hui par le gouvernement
libéral.
Non seulement que le gouvernement libéral
n'a pas… ce n'est pas suffisant pour lui de bâillonner l'Assemblée nationale,
il bâillonne encore, par cette décision, la jeunesse du Québec. Nous dénonçons
le choix du gouvernement libéral d'abolir les forums jeunesse régionaux parce
que c'est de l'action citoyenne, c'est de l'action bénévole, mais c'est aussi
des investissements concrets dans nos régions, dans nos projets de jeunes, dans
leur leitmotiv, le «par et pour les jeunes», qui ne sera jamais assez répété.
Donc, nous dénonçons cette décision. Lors
des crédits Jeunesse, dans quelques minutes, je poserai des questions au
premier ministre, qui est aussi, soi-disant, ministre responsable de la jeunesse,
qui n'a toujours pas daigné parler de la jeunesse et… de participer, même, à
l'annonce, cette triste annonce. Je vais lui poser des questions et je vous
invite, d'ailleurs, à suivre ces travaux. Ma collègue Manon Massé, qui veut se
joindre...
Mme Massé : Absolument.
Bonjour, tout le monde, merci de nous alerter, hein? On a un rôle d'alerte
comme citoyens et citoyennes, et vous y êtes pour quelque chose aujourd'hui.
Pour ma part, bien sûr, Québec solidaire,
on se désole, parce qu'encore une fois on confond le service à la population à
l'engagement citoyen, et c'est ça que ces jeunes-là viennent de nous dire. C'est-à-dire,
oui, il y avait des emplois, oui, il y avait du service à la collectivité
auprès des jeunes, il y avait, mais surtout, du «par et pour les jeunes». Et c'est
ça qui est désolant, parce que ce gouvernement-là nous habitue de plus en plus
à faire comme si la société civile, c'était un mal, ce n'était pas correct. Ce
avec quoi, vous comprendrez… qu'on s'oppose complètement.
Pour moi, ce qui s'est passé hier est quelque
chose de complètement cavalier. Ces gens-là demandaient de rencontrer le
premier ministre, responsable de la jeunesse, depuis des semaines, depuis des
mois, même pas plus tard que la semaine passée si ma mémoire est bonne. Ça veut
dire que ce premier ministre là, responsable de la jeunesse, de l'avenir du
Québec, savait que les jeunes voulaient lui parler. Il a envoyé M. Hamad
faire la sale job. Le ministre, qui est premier, responsable de la jeunesse,
est un trouillard. Il n'a pas osé confronter ces gens-là probablement parce
qu'il sait qu'ils ont raison.
Dans ma circonscription, ça s'illustre de
façon très claire. Le Forum jeunesse de l'île de Montréal soutient un groupe
qui peine à naître parce que, d'année en année, on ne finance plus les groupes
communautaires, qui est un groupe de jeunes personnes trans. Ce groupe-là a
reçu l'appui du Forum jeunesse de Montréal, 55 000 $ par année. Ils
venaient de se faire dire qu'ils seraient... ils s'engageaient sur trois ans
dans la mesure où le groupe faisait les efforts d'aller chercher d'autre
financement, ce qu'ils ont fait. Ils ont réussi, à ce 55 000 $ là,
d'aller chercher un autre 35 000 $ auprès de la communauté parce
qu'on trouve que c'est important que ce groupe-là naisse. Il s'appelle Astérisk.
Bien, ce groupe-là est aujourd'hui dans le flou complet. Que va-t-il arriver?
Qu'en sera-t-il? Et bien sûr nous chercherons des réponses durant l'étude des
crédits.
M. Robillard (Alexandre)
:
Est-ce que c'est possible d'avoir peut-être une explication sur le moment où
cette décision-là a commencé à se profiler à l'horizon? Parce que, si vous avez
essayé de rencontrer M. Couillard depuis quelque temps, c'est parce que
vous aviez déjà des signes avant-coureurs de quelque chose. Est-ce que vous
pouvez nous préciser un peu? On a demandé à M. Hamad depuis quand c'était
dans les plans, là.
Mme Cabirol (Élise-Ariane) :
Bien, j'aimerais bien avoir la réponse à cette question, depuis quand c'est
dans les cartons. On n'en a aucune idée. Il n'y a personne qui a voulu nous
informer de ça au Parti libéral.
Nous, ce qui s'est passé pour nous, c'est
que, depuis le mois de janvier, février, on reçoit des signaux qui sont très
positifs de la part de l'administration, le Secrétariat à la jeunesse, qui est
notre bailleur de fonds, nous disant : Vous faites partie de nos projets,
vous êtes le fer de lance de la prochaine Stratégie d'action jeunesse. On veut
continuer à travailler avec vous, vous faites du bon travail. Certains forums
avaient même reçu une lettre qui confirmait qu'ils recevraient des subventions
pour continuer leur travail à partir du 1er avril.
Donc, nous, on n'était pas trop inquiets,
jusqu'à temps qu'on reçoive un signal qui a commencé à nous inquiéter, qui
était le report de rencontre avec le secrétaire adjoint du Secrétariat à la
jeunesse où ils devaient nous annoncer ce qui allait advenir de nous. On
s'était fait parler d'une coupe possible de 5 % de financement, donc on
travaillait avec ce scénario-là pour voir de quelle façon on allait pouvoir,
nous aussi, contribuer à l'effort budgétaire qui était demandé par le
gouvernement, puis finalement c'est tombé silence radio. On a eu report de
rencontre en report de rencontre. À chaque semaine, on nous disait : Vous
aurez des nouvelles la semaine prochaine.
À partir du 1er avril, certains
forums n'étaient plus en mesure d'assumer leurs activités, il n'y avait plus de
financement qui rentrait. Certains ont dû fermer leurs portes. Tous les autres
étaient laissés dans l'incertitude, avec des administrateurs qui devaient
prendre des décisions difficiles, à savoir s'ils poursuivent les activités avec
les employés ou non. Puis finalement la nouvelle, on l'a reçue à peu près en
même temps que tout le monde, le matin même. Hier matin, le réseau a été
informé de cette nouvelle-là, puis, quelques minutes plus tard, c'était une
nouvelle publique.
M. Robillard (Alexandre)
:
Puis, selon vous, est-ce que le gouvernement réalise des économies avec cette
restructuration-là?
Mme Cabirol (Élise-Ariane) : Absolument
pas. C'est ce qui nous désole. Financièrement, les crédits étaient là, les
crédits faisaient partie du dernier budget, ont été octroyés au Secrétariat à
la jeunesse pour les forums jeunesse. Les forums jeunesse, ça représente
14 millions : 4 millions qui va à soutenir les employés, les
actions directement sur le terrain, puis un 10 millions qui est un fonds
pour réaliser des projets. Ce que le gouvernement a annoncé hier, c'est
20 millions de dollars, donc cherchons l'économie. Puis d'autant plus
qu'on se préoccupe un peu de quelle façon pourront être réalisés des gains
d'efficience quand on parle de 19 structures qui fonctionnent bien, qui roulent
à deux ou trois employés, donc des structures très souples et très légères,
puis on transfère ça vers 110 structures au Québec. Donc, on se questionne
beaucoup où sont les gains d'efficience et où sont les gains d'argent de la
part du gouvernement.
M. Robillard (Alexandre)
:
Tout à l'heure, M. Hamad disait : Bon, il va y avoir des coups de fil
qui vont être faits pour les employés des… puis les bénévoles aussi. Est-ce que
ça, c'est quelque chose de nouveau ou ça a déjà été… Avez-vous espoir que ça va
se concrétiser avec des résultats…
Mme Cabirol (Élise-Ariane) :
Qu'est-ce que vous voulez dire par «les coups de fil»?
M. Robillard (Alexandre)
:
Bien, M. Hamad, tout à l'heure, il semblait dire que les 80 employés des
forums…
Mme Cabirol (Élise-Ariane) :
Pourraient avoir des emplois?
M. Robillard (Alexandre)
:
…pourraient, et ce, en priorité pour embaucher…
Mme Cabirol (Élise-Ariane) :
Bien, écoutez, je pense que ça serait un bel exemple…
M. Robillard (Alexandre)
:
…déjà eu des indications dans ce sens-là?
Mme Cabirol (Élise-Ariane) :
On n'en a eu aucune, mais ça démontrerait très bien qu'on est en train de déshabiller
un pour habiller l'autre, qu'on déconstruit quelque part pour tenter de
reconstruire quelque part. Puis la déconstruction qui même à la construction,
inévitablement elle va mener à une perte de temps, une perte d'énergie et
possiblement une perte d'argent pour le gouvernement du Québec.
M.
Turcotte
:
Bien, juste là-dessus, là, moi, ce que je crois, là, qu'il faut dire : C'est
une chose de dire que les carrefours jeunesse-emploi appelleront les forums
jeunesse, mais ce n'est pas le temps. Ce qui devait être fait, c'est le premier
ministre, qui est le ministre responsable de la jeunesse, il devait prendre son
téléphone ou prendre sa limousine puis aller rencontrer les gens, sur le
terrain, des forums jeunesse-emploi… pas des… forums jeunesse, des forums jeunesse
régionaux, pardonnez-moi.
Puis l'autre chose, avec le projet de loi
n° 28, avec l'abolition des CRE, des CLD, c'est comme si les forums
jeunesse avaient été oubliés dans le saccage des régions du Parti libéral, et
puis là il y a quelqu'un qui s'est réveillé après avoir envoyé une lettre de
confirmation de leur budget — parce qu'à la fin février plusieurs
forums jeunesse ont reçu une lettre pour confirmer leur budget pour l'année
2015‑2016 — et là, tout d'un coup, on apprend que, là, ils ne l'ont
plus, le budget, puis qu'ils n'existent plus. Qu'est-ce qui s'est passé entre
la fin février et aujourd'hui? Moi, je crois que c'est une commande politique,
parce qu'il y a des gens qui se sont réveillés au Parti libéral puis il a dit :
C'est vrai, il y a des forums jeunesse qu'on a oublié de fermer.
Mme Cabirol (Élise-Ariane) :
Si je peux me permettre, je rajouterais aussi que, si le gouvernement pense que
les carrefours jeunesse-emploi devraient réembaucher les employés des forums
jeunesse, je pense que ça démontre bien où elle est, l'expertise, de qu'elle
façon elle a été développée, à quel point on était efficaces dans notre
travail. Donc, pourquoi ne pas garder ces gens-là dans les forums jeunesse, qui
ont une structure souple, légère, qui accomplissent leur mandat, qui sont
reconnus par leurs partenaires partout au Québec?
M. Chénier (Jean-Mathieu) : Et
qui laissent la place aux jeunes à l'intérieur de ça.
Mme Cabirol (Élise-Ariane) :
Aux jeunes. Bien oui, tout à fait, c'est ça, évidemment. Merci.
Le Modérateur
: Mme
Biron.
Mme Biron (Martine)
:
Les forums jeunesse, si je comprends bien, relèvent des CRE, c'est ça?
Mme Cabirol (Élise-Ariane) :
Certains relevaient des CRE, certains étaient des organismes indépendants. On
avait un réseau à deux structures, un peu.
Mme Biron (Martine)
:
C'est des budgets qui venaient des CRE, c'est ça?
Mme Cabirol (Élise-Ariane) : Non,
non, non. Le budget venait directement du Secrétariat à la jeunesse. L'entente
était signée pour certains forums à travers la CRE. Donc, il y avait la CRE, le
forum et le SAJ qui étaient les signataires de la convention, mais les forums
avaient toujours une belle autonomie par rapport à la CRE dans la prise de
décisions.
Mme Biron (Martine)
: Ça,
je comprends ça. Mais, à partir du moment où on démantèle les CRE, ça met les
forums en suspens, c'est ça que je comprends?
Mme Cabirol (Élise-Ariane) :
Bien, les forums se sont tous...
M.
Turcotte
:
Administrativement seulement, dans certains cas.
Mme Biron (Martine)
: Administrativement.
Alors, pourquoi est-ce que, si les carrefours, il y en a plus que des forums — je
comprends qu'il y en a 110 versus 19 — et se voient octroyer une
augmentation de budget, pourquoi est-ce que les carrefours ne pourraient pas
faire la même job que les forums?
Mme Cabirol (Élise-Ariane) :
Bien, on va vraiment revenir sur la question du... Bien, moi...
M.
Turcotte
:
Bien, ça, je peux... bien, je peux le dire. Dans l'annonce qui a été faite, qui
est un peu floue, là, du ministre Hamad, 15 millions pour aider
directement les jeunes, qui ont été mis de côté par la réforme des carrefours
jeunesse-emploi de l'automne dernier, il faut se le rappeler, donc, ça, là, ça
ne vient pas aider ce que les forums jeunesse faisaient, là. Ça n'a pas
rapport. Ça, c'est d'autre chose. Aider des jeunes qui sont décrocheurs ou se
trouver un emploi, puis tout ça, là, ça, c'est des jeunes qui ont été mis de
côté par la réforme des carrefours jeunesse-emploi. 15 millions vont à ça
et 5 millions vont pour des projets dans la communauté. Je vous rappelle,
tantôt, le chiffre qui a été mentionné, qui était 10 millions pour les
projets dans la communauté, donc c'est une perte de 5 millions pour les
projets dans les communautés...
Mme Biron (Martine)
:
En tout respect, là... Parce que, là, M. Hamad vient de passer avant vous,
vous l'avez peut-être écouté. Ce qu'il dit, lui, c'est que ça coûte 14 millions
pour les forums, vous confirmez ce chiffre-là, 4 millions dans l'administration,
10 millions dans les projets. Ce que M. Hamad dit, c'est que non
seulement ce 14 millions là sera transféré dans les carrefours, mais il y
aura une augmentation du budget de 6 millions et qu'on coupe ces 4 millions
en administration pour les envoyer directement sur le terrain.
M.
Turcotte
:
Mais ce n'est pas vrai.
Mme Biron (Martine)
:
Alors, lui, il dit : C'est un plus. Alors, ce que je vous demande, c'est :
C'est quoi, la différence? Pourquoi...
M.
Turcotte
:
Bien, c'est parce que le 4 millions pour les forums jeunesse régionaux
servait à faire de la participation citoyenne, de la participation électorale,
des projets dans la communauté, donc d'inciter les jeunes à s'impliquer, ce que
les carrefours jeunesse-emploi n'ont pas comme mandat. Les carrefours
jeunesse-emploi ont pour mandat d'aider des jeunes à se trouver un emploi, à
retourner aux études ou des projets entrepreneuriaux.
D'ailleurs, si vous avez vu, Martine
Morrissette, qui est la fondatrice du premier carrefour jeunesse-emploi au Québec,
de celui de l'Outaouais, ce matin, a fait une sortie pour dire que c'est une
triste nouvelle et qu'elle considère que c'est deux missions complètement
différentes, qui ont un même but, d'aider la jeunesse, mais c'est deux missions
complètement différentes et que, par cette décision le gouvernement veut se
racheter d'avoir fait la réforme des carrefours jeunesse-emploi. Mais ce n'est
pas une raison, selon moi, de mettre à mal les forums jeunesse, qui ont un
mandat complètement différent des carrefours jeunesse-emploi.
M. Chénier (Jean-Mathieu) :
Et, juste pour… je ne veux pas trop…
M.
Turcotte
: Va
dans le micro, va dans le micro.
M. Chénier (Jean-Mathieu) :
…mais on revient avec le principe «par et pour les jeunes». Les forums jeunesse
avaient une gouvernance, c'étaient des conseils d'administration formés
d'administrateurs âgés entre 12 et 35 ans. Pour ce qui est de la
gouvernance des carrefours jeunesse-emploi, il n'y a pas cette nécessité que
les administrateurs, administratrices soient des jeunes âgés de 12 à
35 ans. Donc, on évacue le «par et pour les jeunes», on va peut-être
essayer de l'intégrer d'une manière esthétique, mais la gouvernance des
carrefours jeunesse-emploi n'est pas la même gouvernance que les forums.
Mme Biron (Martine)
: …vous
dites «question esthétique», là…
M. Chénier (Jean-Mathieu) :
Bien, c'est qu'on ne sait pas…
Mme Biron (Martine)
:
Bien, M. Hamad vient de nous dire que le mandat des carrefours jeunesse
sera agrandi, élargi, là, et qu'il prendra aussi…
M. Chénier (Jean-Mathieu) :
Donc, est-ce que M. Hamad a parlé d'une refonte de la gouvernance des
carrefours jeunesse-emploi?
Mme Biron (Martine)
:
C'est pour ça que je vous pose la question, là. Vous pensez «back à back», lui,
il dit : Je transfère plus d'argent dans les carrefours puis j'élargis le
mandat. Vous, vous dites que c'est un mandat esthétique.
M. Chénier (Jean-Mathieu) :
Non, non. Moi, qu'est-ce que je dis, c'est la gouvernance de «par et pour les
jeunes» qui n'est pas là. Même s'il y a transfert d'argent, cet argent-là n'est
plus géré par des jeunes ou exclusivement par des jeunes. C'est ça, là, une des
grosses différences.
Mme Cabirol (Élise-Ariane) :
Puis, en se privant de la gestion par et pour les jeunes, on se prive, d'une
part, d'une gestion qui est plus efficiente — je reviens sur ce
mot-là parce que je sais qu'il est d'actualité, une gestion qui est
efficiente — parce que les jeunes sont nécessairement les mieux
placés pour identifier eux-mêmes quels sont leurs besoins et non pas se le
faire dire par quelqu'un d'autre, quels sont leurs besoins, identifier des
structures… des solutions qui vont être innovantes, qui vont avoir de l'audace,
qui nous permettent d'aller plus loin.
On se prive également d'un aspect très
important, qui est celui de la formation de la relève, ce que faisaient très
bien les forums jeunesse régionaux du Québec. Les forums jeunesse permettent à
des jeunes de vivre une expérience sur un conseil d'administration parmi des
pairs, où c'est un peu plus facile d'expérimenter, de prendre des chances, de
rater son coup puis finalement de devenir, à terme, un citoyen qui est en
mesure de prendre la parole publiquement, de construire son opinion, de
participer à des conseils d'administration puis d'aller contribuer à la société
québécoise.
Mme Plante (Caroline)
: Can somebody tell me, in English, why this is so
upsetting?
M. Chénier
(Jean-Mathieu) : I can try. Le représentant de l'Outaouais va
s'essayer. Why are we upset is because the basis of the «forums jeunesse» was
for and by young people, and that philosophy is gone now. We had a board of
administrators that were only young people, between 12 and 35 years old,
that were trying to find solutions to the challenges that youth across Québec
are facing. And right now the money is transferred to a youth organism, but not
an organism managed by youth, and that's the big difference.
So, we… it's like we say
that young people don't have anymore to say in the solution, and in the
programs, and politics we will impose to them.
Mme Plante (Caroline)
: But if the carrefours' mandate is being widened, aren't you hopeful
that they will be able to do some...
M. Chénier
(Jean-Mathieu) : The mandate is something, but — I don't know how to say that — the «gouvernance», the fact
that the board of the «carrefours jeunesse-emploi» are not only young people, those are people that are specialized,
sometimes, with social, professional reinsertion — I don't know if it's the right word — but they are not young people. They definitely have their role in
the society of Québec, but there's two... we're seeing two
different roles and we think that those two roles are necessary for the youth
of Québec to grow and become
able to support and develop the Québec like it needs to be.
Mme Plante (Caroline)
: When you talk about governance or administration, is that the only sticking point?
M. Chénier
(Jean-Mathieu) : No, it's definitely not the
only sticking point. The fact… the whole process, the way that it was done, the
way that we were not included, the way that, during months, we were kept in
silence, we were asking questions, and stuff like this, without any answer, that's another point
where it's sticking, donc le «par et pour les jeunes».
Mme Massé : From the Prime Minister.
M. Chénier
(Jean-Mathieu) : Yes, from the Prime Minister. The Prime
Minister didn't answer our call. Est-ce qu'il y a d'autres choses que «le par et pour pour les jeunes»?
La façon...
Mme Cabirol
(Élise-Ariane) : Bien, l'expertise, la
participation citoyenne.
M. Chénier
(Jean-Mathieu) : Ah! And the fact that there's the knowledge to do the
«participation citoyenne», the knowledge is in the «forums jeunesse». Why we
take out the money from there and giving it to some other organisms that don't
have that knowledge? It will cost more money to gain that knowledge and it's a
way that we're undressing the «forums jeunesse» to dress the «carrefours
jeunesse-emploi» that we undressed a couple of months ago.
And, at the same time,
while we are doing this, the youth are losing their voice totally because we
pass from organism managed by youth to a youth organism that do stuff for youth
but not by the young people of Québec.
Mme Plante (Caroline)
:
Thank you. And, Mme Massé, we've asked MNAs from all parties to react to
this CROP poll today…
Mme Massé :
To react to?
Mme Plante (Caroline)
:
To the CROP poll today. What are your thoughts about... on whether… Péladeau
led PQ… would be able to do well in the next election? The score's at 30%. What
are your thoughts on that poll?
Mme Massé :
Let's say that I think the Parti québécois, the members have a deal to do in
the next few weeks, and they have to chose their chief, and probably they're
going to look what's the impact on the society, but it's not to Québec
solidaire to say something about that. This is their choice, and I think
they're ready to do it now.
Mme Plante (Caroline)
:
Are you surprised that Mr. Péladeau is not getting
a high score, he's getting a 30 % score?
Mme Massé : I
can't say nothing on that one. Truly, I don't have any opinion. Merci
beaucoup.
(Fin à 15 heures)