(Quatorze heures quarante minutes)
M. Péladeau : Alors, bonjour à
tous et à toutes. L'objectif de la session parlementaire à venir est clair :
le Parti québécois sera le reflet des préoccupations des citoyens et des citoyennes.
Nous sommes sur le terrain. Nous sommes en contact avec les Québécoises et les Québécois.
Tout au long de l'été, nous avons parcouru les différentes régions à la
rencontre des citoyennes et des citoyens. Nous leur avons parlé, mais surtout
nous les avons écoutés. L'austérité libérale… Eh bien, l'austérité libérale
fait mal dans toutes les régions. Les Québécoises et les Québécois sont
préoccupés notamment en ce qui concerne l'éducation, la santé et l'économie.
En éducation, personne ne comprend les
décisions du gouvernement. Personne ne comprend les coupes dans ce qu'il y a de
plus important dans une collectivité, cet investissement dans l'éducation.
Pourquoi rendre les conditions de travail des enseignants et des enseignantes
encore plus difficiles en augmentant les ratios profs-élèves, en coupant les
services offerts aux élèves en difficulté d'apprentissage ainsi que les
enseignants et les enseignantes ressources? Personne ne comprend les décisions
du premier ministre libéral Philippe Couillard, lui qui a pourtant bénéficié
d'une éducation de qualité. Il incarne désormais un manque de générosité et
l'incapacité de donner au suivant ce qu'il a lui-même reçu.
En santé, la réforme unilatérale du ministre
Barrette suscite d'énormes craintes. Ce qu'on ressent sur le terrain, c'est
l'abandon des services de proximité au profit d'une approche
hospitalo-centriste. En région, pour avoir accès à des soins, ce n'est pas
normal d'être obligé de faire des dizaines, voire des centaines de kilomètres,
alors que les citoyens et les citoyennes souhaitent avoir des soins là où ils
se trouvent.
En matière d'économie, au Québec, l'emploi
est en panne. De grandes entreprises cessent leurs activités. Le premier
ministre n'entend pas la population. Je lui ai tendu la main à maintes reprises
et, comme je l'ai mentionné à Rimouski, devant son refus de réunir les
décideurs économiques à l'occasion d'un sommet sur le plein emploi, j'irai
moi-même à leur rencontre.
J'annonce également que je forme un comité
d'action économique composé de collègues députés qui seront réunis autour du
député de Rousseau, Nicolas Marceau. Je vous communiquerai les détails de ce
comité, son mandat et ses objectifs ultérieurement.
Être proche des gens, c'est aussi
travailler à la convergence des forces souverainistes. J'ai confié ce mandat à
notre collègue la députée de Joliette, Véronique Hivon. Il faut et il nous faut
savoir travailler ensemble pour bâtir notre pays. Et j'irai d'ailleurs avec
Véronique dimanche prochain au lancement du livre d'Option nationale qui
portera sur les raisons de faire l'indépendance.
Le Parti québécois sera la voix des
Québécoises et des Québécois qui ne sont pas entendus par le gouvernement
Couillard. Nous serons la voix des patients, des travailleurs, des familles,
des parents, des aînés, des enseignants, des infirmières, des pharmaciens et
des entrepreneurs. Merci.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup. On va y aller avec la période de questions. Merci beaucoup de vous
limiter à une question et une sous-question. Je vous remercie d'avance de votre
collaboration. Et on débute par le micro de droite, M. Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain)
:
Bonjour à vous tous. M. Péladeau, est-ce que vous cautionnez le mouvement de
débrayage du 30 septembre des enseignants?
M. Péladeau : Écoutez, j'ai
des parents… pardon, j'ai des enfants, moi, qui vont à l'école et tristement,
malheureusement, la semaine dernière, je n'étais pas présent lorsqu'une chaîne
humaine a été formée autour de l'école de mes enfants. Je peux vous dire que
j'aurais été présent. Je pense que c'est important de mettre en valeur le rôle essentiel
des enseignants et des enseignantes, le rôle des parents, l'attention que nous
devons avoir à l'endroit des élèves. Je peux vous affirmer que le Parti
québécois va toujours continuer dans la perspective qui a été celle, historique,
du maintien et de la continuation des efforts que nous devons faire pour la
collectivité et l'investissement dans le domaine de l'éducation.
M. Laforest (Alain)
: Vous
avez nommé Mme Véronique Hivon responsable de la convergence des forces souverainistes.
Elle avait déjà entrepris le travail avec l'équipe de M. Cloutier. Mme David
nous a dit ce matin que Québec solidaire était là pour rester et que les brebis
égarées étaient peut-être au Parti québécois. Alors, est-ce que cette convergence-là
ne va pas être difficile?
M. Péladeau : Écoutez, vous
savez, nous, nous respectons les allégeances politiques de chacun, mais ce que
nous souhaitons, et je vais laisser le soin à Véronique également, donc, de
vous entretenir sur cette question, c'est de nous engager vers le
rassemblement. Nous partageons un objectif commun, celui de la liberté, celui
de la formation d'un pays, celui de l'indépendance et de la souveraineté. Et le
Parti québécois n'a pas le monopole en cette matière. Il nous apparaît
essentiel et incontournable, justement, que nous nous rassemblions tous ensemble
pour cet objectif.
Mme
Hivon
:
C'est un geste très fort qui a été posé par M. Péladeau, donc de vraiment
nommer quelqu'un de responsable de l'enjeu de la convergence, du rassemblement
des forces souverainistes. Dès qu'il est arrivé comme chef, il en a fait une
priorité.
L'idée, c'est justement de ne pas appeler
des brebis égarées à revenir vers nous, mais plutôt de dire que, nous, nous
tendons la main, nous voulons travailler avec tous les souverainistes, les
chefs souverainistes, c'est une chose, mais toutes les personnes
individuellement qui portent ce projet-là. On veut travailler tous ensemble à
repartir, à refonder le dialogue avec la population autour de ce projet
fondamental pour l'avenir du Québec qu'est la souveraineté.
Le Modérateur
: Merci.
M. Lavallée, Radio-Canada.
M. Lavallée (Hugo)
:
Bonjour, M. Péladeau. On apprenait hier votre volonté de mettre sur pied une
école permanente pour former les gens à la souveraineté du Québec. Est-ce que
vous êtes en mesure de préciser le mandat de cette école-là? Parce que déjà les
libéraux s'inquiétaient, là, d'un possible endoctrinement de la jeunesse
québécoise.
M. Péladeau : Ah oui! Alors, je
pense que les libéraux devraient plutôt s'inquiéter des écoles. C'est une préoccupation
majeure de l'ensemble de la population. Ceci étant, vous savez, il existe,
depuis des décennies, un parti, qui s'appelle le Parti québécois, qui a
vocation à s'engager pour faire l'indépendance du Québec. Nous avons eu
récemment, avec la conférence des présidents qui s'est tenue au collège de
l'Assomption, une bonne rencontre, une rencontre d'organisation. C'est dans les
formes et les manières de faire en sorte que nous nous engagions à défendre
notre option politique, et nous avons bien l'intention de le faire. Nous
l'avons fait avec les dirigeants du Parti québécois, vous savez qu'il y a une
nouvelle équipe qui est en place, et nous allons continuer à le faire avec les
présidents des associations de chacune des circonscriptions du Québec.
M. Lavallée (Hugo)
:
Vous n'avez pas caché, lors du caucus à Rimouski, qu'une de vos cibles
électorales était la CAQ et ses électeurs. Vous disiez qu'il y avait un
potentiel certainement pour le Parti québécois. De quelle manière est-ce que
votre lecture des choses a évolué, là, à la lumière des dernières propositions
de la CAQ sur le front constitutionnel?
M. Péladeau : Écoutez, je
pense que ce qu'il est important de souligner puis… bien, peut-être de faire
une précision à propos des propos auxquels vous faites référence à Rimouski. Vous
savez, nous partageons énormément de choses, donc les électeurs ou les
sympathisants caquistes, avec ceux et celles qui se sont engagés au Parti
québécois. Nous partageons cette volonté de nous enrichir collectivement. Nous
partageons cette volonté de protéger les intérêts des Québécois et des Québécoises.
Je suis convaincu, par exemple, que nous partageons, si on prend un exemple
précis, cette aberration que de confier la perception de nos impôts à Ottawa,
j'en ai l'intime conviction.
Alors, ce sont des éléments qui font en
sorte , justement, que nous souhaitons rassembler le plus grand nombre de
nationalistes, de souverainistes et d'indépendantistes pour faire en sorte
justement que nous nous engagions à continuer à défendre les intérêts des Québécois
et des Québécoises, et la meilleure façon de défendre les intérêts des Québécois
et des Québécoises, c'est de faire du Québec un pays.
Le Modérateur
: Merci,
Mme Lajoie, Journal de Montréal.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Bonjour. Écoutez, M. Péladeau, vous avez remanié votre cabinet fantôme. Vous êtes
député de Saint-Jérôme. Pourquoi est-ce que vous vous êtes gardé la responsabilité
de la Capitale-Nationale? Quels intérêts avez-vous à Québec pour garder cette responsabilité?
C'est un peu...
M. Péladeau : Parce que Québec
est une ville merveilleuse et c'est le coeur du pays. Non? Vous ne la
connaissez pas, cette chanson-là?
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Non. Mais encore?
M. Péladeau : C'est une très
belle chanson. Écoutez, la Capitale-Nationale est notre capitale nationale,
comme évidemment l'expression le veut, et, oui, j'ai l'intention de m'impliquer
davantage, comme je l'ai fait également dans le passé. C'est très important
symboliquement, mais également économiquement. Vous savez, depuis des dizaines
d'années, il y a eu une recomposition significative de l'économie du Québec.
C'est le pays de nos entrepreneurs aussi. Il y a vraiment une émancipation, une
prise en charge de notre destinée économique, et j'en suis évidemment fort
ravi. J'ai eu l'occasion, donc, et je continue évidemment d'avoir un moment,
quand même, relativement étendu à Québec. J'ai beaucoup de plaisir à travailler
avec notre collègue la députée de Taschereau, Agnès Maltais. Et je persiste à
penser qu'il y a d'importants gains à faire au niveau de notre capitale nationale,
mais, en même temps aussi, que nous devons nous impliquer encore davantage pour
les mois et les années qui viennent.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Vous parlez de gains à faire, vous parlez de… Pour le Parti québécois, donc, le
fait que vous soyez responsable, que vous soyez davantage présent, vous pensez
que le PQ peut faire des gains à Québec? C'est ce que vous dites?
M. Péladeau : Oui.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
O.K. Est-ce que…
Le Modérateur
: Une dernière
question, Mme Lajoie.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Vous avez parlé d'alliance avec les autres partis souverainistes. Si Québec
solidaire dit qu'il est là pour rester, quel genre d'alliance êtes-vous prêts à
former avec les autres partis souverainistes?
M. Péladeau : Véronique.
Mme
Hivon
: Il
ne faut pas voir le mouvement qui est amorcé par le prisme d'une simple
question d'alliances. Justement, je pense qu'une erreur dans le passé, ça a été
de partir du prisme de l'alliance électorale. Ce n'est pas ça qui est en jeu
ici. Comme le dit M. Péladeau, ces partis-là existent. On n'est pas en train de
remettre leur existence en question. Ce que l'on souhaite, c'est pouvoir
travailler ensemble, justement, au-delà des allégeances partisanes, sur ce qui
nous rassemble, nos points de convergence. Et le plus grand point de
convergence, c'est qu'on croit que le Québec serait beaucoup plus fort, se
développerait beaucoup mieux, que les gens seraient beaucoup mieux dans un
Québec souverain. Et c'est là-dessus, c'est ça, le sens du travail qu'on
amorce.
Le Modérateur
: Merci.
Martine Biron.
M. Péladeau : Et
permettez-moi, Mme Lajoie, justement, un rapprochement, puis ça peut vous aider
dans votre réflexion. En Catalogne, c'est effectivement ce qui se produit. Il y
a deux partis qui sont souverainistes, et ils sont ensemble pour justement
faire en sorte de rencontrer les objectifs qui sont les leurs, c'est-à-dire que
la Catalogne devienne un pays.
Le Modérateur
: Merci.
Mme Biron, Radio-Canada.
Mme Biron (Martine)
:
Bonjour, messieurs, madame. Félicitations pour vos nouvelles fonctions. M.
Péladeau, j'aimerais ça revenir sur cette école de la souveraineté. Est-ce que
vous pourriez préciser davantage votre pensée? Est-ce que vous voulez avoir
pignon sur rue, organiser des séminaires? Comment est-ce que vous voyez ça,
plus concrètement, là?
M. Péladeau : Bien, écoutez,
là, il y a comme une fixation sur le terme «école». Je dirais, c'est plutôt une
formation, et la formation, ça fait essentiellement partie de l'action
politique d'un parti politique. Alors, c'est dans cet esprit-là que nous nous
engageons. C'est dans cet esprit-là… Et, vous le savez, j'ai été quand même
assez fréquemment clair sur le fait que je souhaite — et je l'ai
effectué, donc — faire des tournées, aller à la rencontre des
militants et des militantes, faire des assemblées citoyennes. Ça fait trois ou
quatre, ou quatre ou cinq, là, que j'ai l'occasion d'organiser, à Sept-Îles, à
Havre-Saint-Pierre, Paspébiac, et il y en aura d'autres.
Ce qui est intéressant, évidemment, donc,
dans ces réunions, c'est que, oui, il n'y a pas de doute, il y a un certain
nombre de militants et de militantes du Parti québécois, mais pas uniquement,
et nous nous... on se rend compte actuellement que, de plus en plus, le format
est intéressant.
Il faut justement parfaire notre
réflexion, construire notre argumentaire. Nous avons un travail à effectuer,
celui de nous engager, donc, dans l'indépendance ou vers l'indépendance du
Québec, et donc, en conséquence, de faire le nécessaire pour y arriver.
Mme Biron (Martine)
: Quand
vous prononcez les mots «formation» puis qu'on pense à école, évidemment on
pense aux jeunes qui sont un peu votre talon d'Achille, finalement, au Parti
québécois. Est-ce que c'est un peu par ce biais-là? Est-ce que c'est...
M. Péladeau : Non. Vous savez,
la formation, ça existe à tous les niveaux. Maintenant, si vous dites qu'il y a
un défi au niveau de la jeunesse, nul ne va dire l'inverse, au contraire. Nous
savons que c'est certainement, donc, une portion très importante de la
population, que nous devons faire en sorte de développer le discours approprié.
Moi, je dirais que le cynisme développé
par les libéraux depuis plus d'une dizaine d'années a éloigné les jeunes de la
politique, et notre intention, et notamment avec Alexandre, c'est de faire en
sorte d'aller à la rencontre des jeunes et de le combattre, ce cynisme-là,
parce que la démocratie s'érode lorsqu'effectivement le cynisme s'installe. Et,
s'il y a un mal qui guette effectivement une collectivité, bien, c'est de la
déliquescence de sa démocratie.
Le Modérateur
:
Dernière question.
Mme Biron (Martine) : ...juste
pour être clair, est-ce que vous organiseriez des séminaires de formation
itinérants? Ce serait itinérant ou...
M. Péladeau : Écoutez, on va
voir ça avec le parti. Le parti a une équipe de direction. Ce sont des
discussions qui ont lieu également avec les présidents de circonscription. Vous
savez, le Parti québécois est le parti qui a la base militante la plus
importante. Ça a toujours été un parti populaire, et nous avons avons
l'intention qu'il le demeure, et donc, en conséquence, ces décisions ou ces
orientations et suggestions seront déterminées en collaboration avec les
membres du Parti québécois. Merci.
Le Modérateur
: M.
Pépin, Radio-Canada.
M. Pépin (Michel)
:
Bonjour, madame, messieurs, M. le chef de l'opposition officielle. Dites-moi en
quoi cette session, qui est véritablement votre première reprise des travaux
parlementaires, là, sous votre autorité, si vous me permettez, en quoi
sera-t-elle différente de celles qu'on a pu voir précédemment au Parti
québécois? Je vous ai entendu, bien sûr, tout à l'heure évoquer le projet de
loi n° 20, la réforme que vous qualifiez d'unilatérale du ministre
Barrette, ce qui se passe en éducation et tout ça, mais qu'est-ce qui sera
véritablement différent avec Pierre Karl Péladeau?
M. Péladeau : Il y a, je
pense... bien, deux choses, mais ce n'est pas complètement différent parce que
mon prédécesseur, Stéphane Bédard, a fait un travail exceptionnel, et tout l'ensemble
de la députation, durant les sessions précédentes... au fur et à mesure que
nous avons connu l'agenda, l'agenda qui était inconnu de notre députation
parce que ce n'était pas l'agenda de la campagne électorale de Philippe
Couillard le candidat... or, au fur et à mesure, nous l'avons connu, et c'est
dorénavant clair, net et précis, c'est l'austérité. Et donc, en conséquence,
nous allons combattre et continuons à combattre l'austérité puisque nous
considérons que c'est une stratégie et une politique qui est néfaste aux
intérêts des Québécois et des Québécoises. Et j'en veux particulièrement... Et
je demanderais peut-être à Alexandre de pouvoir prendre la parole sur
l'éducation.
L'éducation, j'ai essayé de mettre
davantage un petit peu l'emphase là-dessus tout à l'heure, mais c'est le pire
investissement qu'une collectivité peut faire, c'est son désinvestissement à
l'endroit de son éducation. Alexandre.
M. Cloutier : Vous avez
entendu tout à l'heure notre chef être très clair sur l'importance de
l'éducation au Québec. On va être une opposition efficace, structurée. On
entend défendre haut et fort et combattre surtout ce que le gouvernement
libéral essaie de faire présentement. On va combattre cette volonté d'augmenter
le nombre d'élèves par classe. On va combattre cette volonté de vouloir couper
tous azimuts, particulièrement aux élèves qui ont des plus grandes difficultés,
puis on va aussi soutenir cette proposition ou plutôt combattre la proposition
du gouvernement à l'effet qu'ils veulent dorénavant comptabiliser de la même
manière des élèves en difficulté.
Alors, vous aurez compris que le thème de
l'éducation va être au coeur de cette session parlementaire et que le Parti
québécois, comme toujours, va défendre le système d'éducation pour qu'il soit
bonifié. Et, comme vous le savez, l'éducation, bien, c'est l'investissement
dans nos jeunes.
M. Pépin (Michel)
: M.
Péladeau, il y a également des acteurs sociaux qui s'intéressent aux questions
d'austérité, probablement à très court terme. Bien sûr, il y a des négociations
dans le secteur public. Vous ne semblez pas trop vouloir vous en mêler. Il y a
des parents aussi qui sont là, qui s'associent d'une certaine manière à ces
préoccupations liées à ces négociations dans le secteur public. Il y a une
certaine convergence. Votre place dans cette convergence avec ces acteurs
sociaux dans la lutte contre l'austérité du gouvernement Couillard telle que
vous la présentez, quelle est cette place-là, véritablement?
M. Péladeau : Oui. Écoutez,
mon collègue le député de Marie-Victorin et leader, donc, a eu l'occasion de
s'exprimer hier sur cette question. Je pense qu'il est important de réitérer le
principe suivant. C'est que nous sommes pour une clause d'appauvrissement zéro.
Vous savez, une négociation, ce n'est pas
simple. Il y a des centaines et des centaines de dispositions de convention
collective qui vont faire l'objet d'une négociation, mais il y a un principe
qui nous apparaît fondamental, celui de l'appauvrissement zéro, pour une raison
très simple. C'est que nous ne sommes pas d'avis que nous devions diminuer les
efforts en ce qui concerne la santé et l'éducation. Ce sont des missions de
l'État qui nous apparaissent fondamentales et, au fur et à mesure, et nous le
constatons... parce que le gouvernement Couillard, il est comme le gouvernement
Harper, ce qu'il souhaite, c'est diminuer le poids de l'État. La meilleure
façon d'y arriver, c'est justement de faire en sorte que les conditions de
travail des gens qui veulent s'engager pour le service public, elles ne soient
plus attrayantes. Et c'est ce qui est en train de se produire, et ça, nous
allons le combattre.
Le Modérateur
: Merci.
M. Bergeron, LaPresse canadienne.
M. Bergeron (Patrice)
:
Bonjour à tous. Bonjour, M. le chef de l'opposition. Vous avez dit tout à l'heure
que vous aviez comme objectif d'attirer les nationalistes à votre proposition.
Vous savez que la CAQ actuellement est en train de bâtir sa propre position
constitutionnelle et cherche aussi à séduire les souverainistes mous, les moins
pressés. Est-ce que vous ne craignez pas de vous ramasser, juste au bout du
compte, avec les caribous, finalement, de votre côté et les souverainistes purs
et durs dans une espèce de «crois ou meurs», et puis que les autres, les
nationalistes plus mous, s'en aillent vers la CAQ?
M. Péladeau : Vous aimez les
images, caribous, purs et durs, oui. Je préfère les purs et durs qu'aux mous et
corrompus. Moi aussi, je peux vous en balancer, des...
Non, écoutez, soyons sérieux. Donc, écoutez,
j'ai l'intention... et je pense que c'était assez clair, là, durant la campagne
à la direction, mais c'était vrai également pour mes collègues, le Parti
québécois a l'intention de s'engager fermement vers l'indépendance, vers la
défense des intérêts des Québécois et des Québécoises, et notre position
constitutionnelle est assez claire.
M. Bergeron (Patrice)
:
Et celle de la CAQ, qui chercherait maintenant à...
M. Péladeau : On verra bien, mais,
pour l'instant, ça ne semble pas très, très simple. Mais attendons. Ils vont peut-être
avoir les moyens de la simplifier, mais, pour l'instant, je ne le sais pas.
C'est la quadrature du cercle peut-être. Attendons. Ils sont censés éventuellement
la faire connaître.
Le Modérateur
:
Dernière question, M. Bergeron.
M. Bergeron (Patrice)
:
Et maintenant, quant à vos préparatifs pour la campagne de 2018, donc qu'on a
entendus, là, les rencontres que vous avez eues, l'école de formation que vous
voulez mettre sur pied, ou, en tout cas, les séminaires, ou la formation que
vous voulez établir avec vos militants, il y a des militants qui ont fait
circuler le mot de «machine de guerre». Est-ce qu'il n'y a pas quelque chose de
belliqueux là-dedans? Qu'est-ce que vous en pensez de cette qualification-là de
machine de guerre?
M. Péladeau : Bien, nous avons
l'intention de redonner au Parti québécois, justement, cette impulsion, cet
élan qui l'a toujours caractérisé, c'est-à-dire un parti politique qui est fier
de ses convictions, qui va défendre ses convictions. Et nous allons déployer
les efforts appropriés pour faire en sorte, justement, de nous engager vers la
démonstration des bienfaits et des bénéfices de l'indépendance du Québec et
nous allons le faire avec les membres, les sympathisants et les électeurs du Parti
québécois. Merci.
Le Modérateur
: Merci.
M. Croteau, LaPresse.
M. Croteau (Martin)
:
Bonjour, M. Péladeau. Bonjour à tous. Je voudrais revenir sur la question de la
convergence, si vous permettez. Vous dites que, d'une part, votre parti
s'engagera sur la voie de la convergence dans les prochains mois, et, de
l'autre, vous dites : Bien, on reconnaît ou on... l'existence, là, on
établit l'existence des partis, par exemple, Québec solidaire, Option
nationale, qui sont là. Est-ce que vous ne trouvez pas qu'il y a un risque pour
le Parti québécois avec la présence de plusieurs partis souverainistes dans le
paysage politique québécois?
M. Péladeau : Non, parce que
nous partageons le même objectif, c'est-à-dire de faire du Québec un pays, de
s'engager pour l'indépendance. Comme je vous l'ai mentionné tout à l'heure, il
n'y a pas une singularité en cette matière. Il y a des cas de figure où, effectivement,
plusieurs partis ont cette volonté, cette vocation de faire de leur nation un
pays, et, à cet égard, bon, il n'y a pas quelque chose de particulier ou de
singulier qu'on devrait retenir.
M. Croteau (Martin)
:
Mais encore faut-il prendre le pouvoir pour faire ça, et, en ayant plusieurs
partis souverainistes, est-ce que votre électorat, des gens qui seraient
susceptibles de voter pour vous, ne sont pas…
M. Péladeau : Les élections
vont avoir lieu en 2018, M. Croteau. Donc, on aura certainement l'occasion d'en
reparler.
M. Croteau (Martin)
: Mais
la convergence, justement… Pardonnez-moi si je ne suis pas clair dans mes
questions, mais quel est votre objectif avec cette convergence? Parce que vous
dites, Mme Hivon dit : Ce n'est pas un objectif d'alliance politique. Je
ne comprends pas…
M. Péladeau : De rassembler les
souverainistes, M. Croteau.
M. Croteau (Martin)
:
Sous votre parti?
M. Péladeau : Sous la volonté
de faire du Québec un pays, de nous engager tous ensemble pour faire du Québec
un pays, de rassembler les forces souverainistes.
Le Modérateur
: Merci.
M. Dutrisac, Le Devoir.
Journaliste
: …
M. Péladeau : Mme Hivon vous a
répondu, je l'ai répondu en respectant les entités politiques qui existent
aujourd'hui.
Le Modérateur
: M.
Dutrisac, Le Devoir.
M. Dutrisac (Robert)
: Bonjour,
messieurs, madame. M. Péladeau, M. Legault a dit récemment, justement, que la
démarche ou la stratégie, disons, qu'il a qualifiée de radicale, d'indépendance
du PQ va marginaliser le parti. Il y a M. Fournier qui a dit ce matin quelque
chose comme : Écoutez, le PQ prouve qu'il est décroché des véritables
réalités, des véritables préoccupations de la population. Est-ce que, justement,
cet objectif que vous avez, là, de remettre l'indépendance à l'avant-plan va
nuire à votre travail d'opposition?
M. Péladeau : Écoutez, là,
vous faites référence au leader du gouvernement. Je ne pense pas que ça soit
très surprenant qu'il dise ce qu'il a dit. Alors, bon, tu sais, nous allons
continuer à trop souvent l'écouter et puis, tu sais, peut-être dire un paquet
d'âneries, là, comme il le fait assez fréquemment.
Alors, qu'il fasse de la politique sur le
dos de 40 % des Québécois ou des Québécoises qui partagent également,
donc, cette volonté de faire la souveraineté… Ça varie entre 35 % et… bon,
je n'ai pas fait de sondage récemment, mais tous vont constater que ça
constitue quand même, malgré tout, une portion significative de la population.
Donc, le premier ministre Couillard a dit qu'il ne laisserait pas un pouce aux
souverainistes. Il était assez fort dans ses déclarations, mais j'aimerais
quand même rappeler au premier ministre qu'il est le premier ministre de tous
les Québécois et que, parmi les Québécois, bien, il y a un grand nombre de
souverainistes.
M. Dutrisac (Robert)
:
Vous connaissez, tout le monde connaît l'expression «bon gouvernement».
J'ai vu, dans votre présentation, que vous vous êtes associé à des enjeux gouvernementaux
réels et courants. Est-ce que, dans ce sens-là, comme on dit, bon gouvernement,
est-ce que vous avez l'intention d'être une bonne opposition conventionnelle,
disons?
M. Péladeau : Écoutez, là,
nous allons faire notre travail d'opposition. Nous sommes dans l'opposition
pour les trois années qui viennent, et c'est ce que, je pense, la population
souhaite que nous fassions, et nous allons le faire avec le plus de rigueur et
le plus de discipline possible, en sachant également aussi, en même temps, que
nous allons continuer notre action politique sur le terrain.
Le Modérateur
: Merci. M. Bélair-Cirino,
Le Devoir.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Oui, bonjour.
M. Péladeau : Bonjour.
M. Bélair-Cirino (Marco) : J'aimerais
qu'on joue à un exercice en cette rentrée scolaire.
M. Péladeau : O.K. À Génies en
herbe? Vous voulez jouer à Génies en herbe?
M. Bélair-Cirino (Marco) : Ça
va être un peu plus facile. Je vais me transformer, pour l'instant...
M. Péladeau : C'est un nouveau
format?
M. Bélair-Cirino (Marco) :
...de quelques secondes, en militant de Québec solidaire ou d'Option nationale.
Quel message vous me lancez aujourd'hui...
M. Péladeau : Écoutez, on ne
fera pas... on ne fera pas de... Non, non, mais il n'y a pas de jeu, là, ici.
On est en point de presse. Posez des questions, s'il vous plaît.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Très bien. Quel message vous lancez aujourd'hui aux militants de Québec
solidaire et d'Option nationale avec la désignation de Véronique Hivon comme
responsable de la convergence. Qu'est-ce que vous leur dites aujourd'hui?
M. Péladeau : Écoutez, vous
savez que Véronique a été active, avec Alexandre, durant la campagne à la
direction. Je l'ai été également. Véronique a beaucoup de talents et elle a
déjà été engagée dans cet exercice, et nous avons considéré que c'était celle
qui était en mesure de faire en sorte... parce que chacun... Je ne veux pas
diminuer, évidemment, le travail de mes collègues dans d'autres champs de
compétence, bien au contraire, mais, en même temps, il faut qu'il y ait
quelqu'un qui ait la responsabilité, et Véronique a certainement le meilleur
des profils pour y arriver.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Donc, je comprends que vous faites le pari aujourd'hui de... vous dites que
vous pouvez remporter les élections générales en 2018 avec un mandat clair tout
en ayant comme adversaire politique d'autres indépendantistes, donc Québec
solidaire et Option nationale, sur l'échiquier politique. Vous nous dites ça
aujourd'hui.
M. Péladeau : Écoutez, nous partageons
le même objectif. Alors, il n'y a pas de contradiction lorsque... si nous
partageons le même objectif, nous nous engageons vers la souveraineté, et c'est
à cet égard que nous allons travailler dans les années qui viennent pour
justement que cette convergence puisse se réaliser et se cristalliser en
fonction de ce que nous souhaitons.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Vous avez employé l'expression, un peu plus tôt — juste une
précision — l'expression «mous et corrompus». Je comprends «mous»
pour...
M. Péladeau : C'est une blague
pour «pur et dur», donc...
M. Bélair-Cirino (Marco) : On
ne fait pas d'exercice aujourd'hui, on est en politique, donc...
M. Péladeau : Oui, O.K. Bon, est-ce
que vous avez... On va passer aux questions an anglais, s'il vous plaît.
Le Modérateur
: Non, il
n'y a pas de questions en anglais. Il y aura M. Robillard, par contre, à
votre gauche, LaPresse canadienne.
M. Robillard (Alexandre)
:
Bonjour, M. Péladeau. Est-ce que vous pouvez nous donner un exemple ou
quelques exemples concrets de comment elle se matérialiserait, la convergence
des forces souverainistes?
M. Péladeau : Nous allons
engager des conversations, des discussions, des échanges avec les militants et
les militantes des différents partis politiques qui prônent et qui sont
d'accord avec ce que nous souhaitons se produire, c'est-à-dire la souveraineté
et l'indépendance du Québec.
M. Robillard (Alexandre)
:
Est-ce que, par exemple, il pourrait y avoir une convergence de… Mme Hivon, vous
vouliez ajouter quelque chose? O.K.
M. Péladeau : Bien, oui, elle
peut effectivement intervenir…
M. Robillard (Alexandre)
:
Je ne sais pas, là, je ne veux juste pas…
Mme
Hivon
:
Bien, écoutez…
M. Robillard (Alexandre)
:
Non, non, j'avais l'impression que vous vouliez parler. O.K., bien, il n'y a
pas de problème.
Mme
Hivon
: Non,
continuez. Bien, je ne veux pas interrompre votre question.
M. Robillard (Alexandre)
:
Je voulais savoir : Est-ce que, dans ce cas-là, concrètement, il pourrait
y avoir une convergence dans les discussions pour élaborer la stratégie
référendaire? Est-ce que ça, c'est, par exemple, un sujet sur lequel les
souverainistes de tous les partis pourraient travailler ensemble?
M. Péladeau : Bien, mon
sentiment, évidemment, c'est que, lorsque nous allons nous présenter aux
élections en 2018, nous allons avoir des réponses aux questions, et
indéniablement les questions concernant, donc, l'accession à l'indépendance
vont faire également l'objet de discussions.
M. Robillard (Alexandre)
:
…vous l'aurez fait à l'interne au Parti québécois, si je comprends bien, là.
M. Péladeau : Bien, c'est un
exercice… c'est une cible, entre guillemets, mouvante, donc nous avons trois
ans, donc, pour engager cet exercice. Nous avons trois ans pour parler à ceux
et celles qui partagent la même option politique, le même objectif, et nous
allons le faire peu importent les partis. C'est parce que, ce qui nous regroupe
et ce qui nous rassemble, c'est notre option politique.
M. Robillard (Alexandre)
:
Donc, est-ce qu'eux pourraient avoir une influence sur la stratégie
référendaire du Parti québécois? Est-ce que les autres formations
souverainistes…
M. Péladeau : Oui, certainement
que les citoyens et les citoyennes, les militants et les militantes d'autres
partis politiques vont enrichir la conversation, bien sûr.
Le Modérateur
:
Dernière question, M. Gentile.
M. Gentile (Davide) : Je
pense que, s'il y a beaucoup de questions là-dessus, c'est parce qu'on ne
comprend pas. Donc, l'objectif, c'est quoi? C'est de jaser, c'est de discuter
ou si c'est d'amener ces gens-là à rallier le Parti québécois à terme?
M. Péladeau : Véronique va
répéter ce que je disais antérieurement.
Mme
Hivon
: C'est
peut-être une nouvelle manière de penser, donc on vous invite aussi à embarquer
avec nous dans cette nouvelle approche. C'est justement de dire qu'il y a une
cause qui est plus grande que nous, qui est plus grande que nous dans nos
allégeances partisanes et que c'est peut-être en mettant de côté les ruptures,
les difficultés, les scissions qu'il a pu y avoir qu'on va être justement
capables de donner une force renouvelée au mouvement souverainiste. Et on peut
recommencer à parler, mais plus que parler, à travailler ensemble sur des
pistes d'action pour aller dialoguer avec les gens qui, justement, ne sont pas
des convaincus. C'est ça, l'objectif.
M. Gentile (Davide) : O.K.
Mais, aller dialoguer, ça veut dire que, quand vous parlez de fracture, vous ne
pensez pas que tout le monde peut être réuni, peut revenir au bercail au PQ.
Vous pensez qu'elles sont…
Mme
Hivon
: Non,
je dis qu'il faut tenter de mettre de côté les points de divergence pour
travailler ensemble sur ce qui nous unit, puis il y a une chose extraordinaire
qui nous unit, c'est de faire du Québec un pays. Donc, oui, on est capables,
puis, dans les derniers mois, je l'ai vu qu'on est capables de se parler
d'objectifs communs, de ce qui anime dans ce projet-là puis de comment on veut
aller à la rencontre des Québécois, un tronc commun qu'on pourrait imaginer,
dessiner les contours du pays du Québec. Il y a plein de choses qu'on peut
faire ensemble. Donc, c'est ça, l'idée, c'est de dire : On ne va pas être
juste dans la stratégie de l'alliance électorale. Ce n'est pas ça. C'est de
dire : Travaillons sur l'objectif qui nous unit, qui nous réunit, plutôt
que des éléments qui peuvent nous éloigner.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup, tout le monde. Bonne fin de journée.
M. Péladeau : Merci. Bonne fin
de journée, messieurs dames.
(Fin à 15 h 13)