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Point de presse de M. Alexandre Cloutier, porte-parole de l'opposition officielle en matière d'éducation, de recherche et de persévérance scolaire

Version finale

Le lundi 21 septembre 2015, 10 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Dix heures deux minutes)

M. Cloutier : Alors, bonjour à vous tous. Vous avez vu, au cours des dernières semaines, on a fait la démonstration que les coupures du gouvernement libéral étaient bien concrètes dans la vie des élèves au Québec et particulièrement ceux qui ont besoin d'aide pour la persévérance scolaire.

En cette rentrée, ce sont des centaines de spécialistes qui ont été coupés : orthophonistes, orthopédagogues, psychoéducateurs, psychologues, éducateurs spécialisés, etc. Il y a même des classes spécialisées qui ont été fermées. Comme si ce n'était pas assez, le gouvernement actuel propose l'abolition de 2 000 enseignants spécialisés. Il propose également d'augmenter le nombre d'élèves par classe et il propose également de revoir la pondération pour les élèves en difficulté.

Mais, comme si ce n'était pas assez, dans les derniers mois, le gouvernement libéral a laissé carrément tomber tous les organismes qui luttent contre le décrochage scolaire partout à travers le Québec. Sur les 20 instances régionales de concertation qui travaillent pour la persévérance scolaire, la moitié a pratiquement cessé leurs activités et celles qui restent sont carrément en mode survie.

Permettez-moi de faire un petit retour en arrière avec vous. Souvenez-vous, en 1996, toute la fierté régionale des gens du Saguenay—Lac-Saint-Jean qui s'est mobilisé pour lutter contre le décrochage scolaire. On a cité en long et en large l'exemple du CREPAS chez nous, l'exemple de la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean qui avait un des pires taux de réussite scolaire; aujourd'hui, une des régions qui fait le mieux. Dans cette même foulée, en 2009, suite au rapport du groupe d'action pour la persévérance scolaire qui était piloté, à l'époque, par Jacques Ménard, c'est tout le Québec qui s'est pris en main et c'est là qu'on a vu apparaître la création d'instances un peu partout à travers le Québec. On s'est donné, à ce moment-là, l'objectif de réussite scolaire à la hauteur 80 % pour 2020. Donc, l'exemple du CREPAS a fait boule de neige, puis là on a vu apparaître, partout sur le territoire québécois, toutes sortes d'organismes qui se sont pris en main pour lutter contre le décrochage. On a décidé d'agir sur tous les déterminants liés à la persévérance, soient l'individu, les milieux de vie, la concertation entre les acteurs, l'organisation des services et le contexte global.

Depuis 2009, c'est plus de 100 millions qui ont été investis dans 1 600 projets à travers le Québec. Puis là je vous donne des exemples bien concrets : des programmes de tutorat; de l'aide au soutien aux devoirs, des projets d'entrepreneuriat au secondaire; des activités parascolaires à caractère sportif, scientifique, artistique, et culturel; des projets d'éveil à la lecture et à l'écriture ainsi que des ateliers de soutien; sans compter un thème important pour les organismes lié à la conciliation travail-études. Donc, les fonds pour ces organismes provenaient essentiellement du programme Réunir Réussir, un partenariat de 50 millions financé à parts égales entre la fondation Chagnon et le gouvernement du Québec et, deuxièmement, par l'ensemble des partenaires régionaux mobilisés, dont les CRE, les forums jeunesse, les carrefours jeunesse-emploi, les commissions scolaires, les cégeps, les universités.

Or, toute cette mobilisation en faveur de la réussite de nos jeunes est carrément en train de tomber. L'organisme Réunir Réussir va cesser ses activités mercredi prochain. Le gouvernement du Québec a décidé, sans annonce, sans consultation, de retirer ses billes et de ne pas renouveler sa participation au projet. Au même moment, les CRE, les forums jeunesse, les commissions scolaires, les cégeps, les universités ont pour leur part cessé de financer les organismes régionaux de lutte au décrochage soit parce qu'ils sont des organismes qui ont carrément été abolis ou soit parce qu'eux-mêmes sont victimes de coupures importantes.

Ainsi, les 20 organismes régionaux de lutte au décrochage scolaire... près de la moitié ont pratiquement cessé leurs activités et l'autre moitié sont en mode survie. Ceux qui restent fonctionnent avec un budget largement réduit, en ne sachant pas s'ils pourront poursuivre leurs activités l'année prochaine.

Et là je vous donne des exemples bien concrets. Pour la grande région de Québec, l'organisme La persévérance, c'est Capitale!, qui a investi 3,2 millions pour la persévérance scolaire depuis cinq ans, c'est carrément aboli, ils ont cessé leurs activités. Même chose pour Réussite Laval qui avait vu le jour au printemps 2010 avec un budget de plusieurs millions. Ils ont cessé leurs activités. Même chose pour Action réussite en Abitibi qui a dû mettre la clé dans la porte il y a quelques semaines après avoir investi 4 millions de dollars dans la communauté et rejoint plus de 20 000 élèves qui avaient besoin des services. Le Réseau réussite Montréal vient de passer de 12 employés à six employés. Même chose pour le CREPAS qui a carrément dû couper le deux tiers de ses employés, le CREPAS qui était l'exemple québécois d'un organisme qui avait particulièrement bien réussi. Et, sur la Côte-Nord, on a réussi à prolonger la survie de l'organisme pour un an mais avec un budget réduit de l'ordre de 75 %.

Ce n'est pas compliqué, le ministre de l'Éducation, responsable de la réussite scolaire, avec l'ensemble de leurs coupures et là avec l'abandon des organismes, est carrément en train de devenir le ministre responsable du décrochage au Québec.

Je demande aujourd'hui au premier ministre du Québec et au ministre de l'Éducation de trouver un fonds d'urgence pour venir sauver les organismes du milieu qui luttent pour la réussite scolaire de nos jeunes. Vous savez que le Québec a bien fait par le passé, on était sur la bonne voie. Il n'en demeure pas moins qu'on a encore un taux de diplomation qui est inférieur à l'Ontario et que le décrochage a un coût social énorme au Québec.

Je vais vous dire qu'on en a assez des beaux discours du premier ministre. Dans le discours inaugural de M. Couillard, il fait directement référence à la réussite scolaire observée dans les régions du Québec, et, en campagne électorale, leur plateforme électorale, ils prennent l'engagement de soutenir les projets issus de la communauté, et on donne l'exemple du CREPAS au Saguenay—Lac-Saint-Jean. Alors, le premier ministre fait exactement le contraire de ce qu'il a dit durant la campagne électorale. Il coupe en éducation, et, malheureusement, tout ça aura des conséquences néfastes pour l'avenir de nos jeunes.

La Modératrice : Donc, pour la période de questions, une question, une sous-question. On va commencer avec le micro de gauche, Jocelyne Richer, La Presse canadienne.

M. Cloutier : Bonjour.

Mme Richer (Jocelyne) : Quel est l'intérêt du gouvernement de se priver des fonds d'expertise de la fondation Chagnon?

M. Cloutier : Mais, en fait, le gouvernement coupe dans la réussite scolaire. Ils ont décidé de se retirer. On laisse carrément tomber les organismes actuels, et ils tombent un après l'autre, là. En ce moment, là, à chaque mois qui passe, il y a des nouveaux organismes qui sont laissés tomber. Le gouvernement n'a donné aucune explication quant à sa participation ou non ou au renouvellement de sa participation à la fondation Chagnon, mais, en laissant tomber toutes les ententes spécifiques dans les régions et en coupant, comme ils le font, les commissions scolaires, ça fait en sorte que tout le financement parallèle également des différents organismes est en train de tomber.

Mme Richer (Jocelyne) : Est-ce que vous en concluez que le gouvernement renonce à lutter contre le décrochage scolaire?

M. Cloutier : Absolument, sans aucun doute, parce qu'on ne peut pas couper dans les orthopédagogues, dans les psychoéducateurs d'un côté, on ne peut pas vouloir augmenter le nombre d'élèves par classe, plus couper 2 000 postes d'enseignants spécialistes, puis, en plus de ça, couper toute la mobilisation régionale, puis prétendre qu'on fait de la réussite scolaire un enjeu prioritaire au Québec. Ça, c'est vraiment un double discours. Le premier ministre est démasqué, il y a des limites à tout, là, puis c'est pour ça qu'on demande une intervention d'urgence.

La Modératrice : Micro de droite, Régys Caron, Journal de Québec.

M. Caron (Régys) : Bonjour, M. Cloutier. Quelles seront les conséquences de ça, pensez-vous?

M. Cloutier : Bien, écoutez, ce n'est pas compliqué. Le Saguenay—Lac-Saint-Jean était une des régions qui avait un sérieux problème de réussite. Or, il y a eu une mobilisation régionale des intervenants avec la chambre de commerce, avec le CSSS régional, avec l'ensemble des intervenants du milieu pour, à chaque année, réussir à augmenter ton taux de réussite.

Inévitablement, si tu coupes tout ton soutien qui est parallèle au réseau éducatif, c'est certain que ça va avoir des impacts majeurs sur le taux de diplomation de nos jeunes. Or, le Québec est en train de se tirer dans le pied sur le plan économique parce qu'indirectement c'est moins de jeunes qui vont avoir une formation de qualité en bout de course. Le gouvernement actuel fait exactement le contraire de ce qu'il devrait faire.

M. Caron (Régys) : Le ministre de l'Éducation, est-ce qu'il ne se trouve pas au Conseil du trésor, finalement, M. Cloutier?

M. Cloutier : Le ministre de l'Éducation agit de manière irresponsable, va devenir le ministre responsable du décrochage et se fait dicter son agenda par le président du Conseil du trésor. Il arrive, à un moment donné, il faut être capable de mettre son pied dans la porte et dire : Assez, c'est assez, parce que là, en bout de course, sur le moyen et long termes, c'est l'ensemble de la société québécoise qui va payer le prix de ces mauvaises décisions.

La Modératrice : Micro de gauche.

Journaliste : Oui, bonjour. Quelques précisions, là. On parle annuellement, là, de quelles sommes dont on...

M. Cloutier : On a les sommes sur cinq ans. Donc, c'est 100 millions sur cinq ans, depuis 2009, qui ont été investis... Pardon, j'ai dit 2009, mais c'est 2010. 100 millions, depuis 2010, qui a été investi par l'ensemble du réseau, c'est-à-dire à la fois le programme Réunir Réussir, mais également tout le financement qui provenait par les ententes spécifiques avec les CRE, avec les commissions scolaires, avec les cégeps, avec les universités. C'est carrément ça qui est en train de tomber.

Journaliste : Il y a eu 50 millions du programme, là, donc, 25, 25 de ce côté-là...

M. Cloutier : C'est exactement ça.

Journaliste : Et puis il y a eu un autre 50 millions qui a été rajouté par les CRE puis les commissions scolaires, etc.

M. Cloutier : Exactement, puis les universités. Puis, comme ce sont des modèles qui sont régionaux, bien, évidemment, le pourcentage peut varier puisqu'il y a plusieurs organismes qui sont impliqués. Mais ce qui est incroyable, c'est que tout ça tombe sans que le gouvernement réagisse puis sans que le ministre de l'Éducation dise : Écoutez, là, on a fait de la réussite scolaire une priorité au Québec, on a réussi tranquillement à rattraper notre retard, mais on a encore un retard collectivement. Il faut être fiers de ce qu'on a fait depuis le rapport Parent puis de toutes les avancées, mais, en même temps, là, on est carrément en train de laisser tomber le réseau, ce qui est complètement fou.

La Modératrice : Pascal Poinlane.

M. Poinlane (Pascal) : Vous demandez une intervention d'urgence. Est-ce que c'est rétablir les sommes dont vous venez de parler ou autre chose? Qu'est-ce que vous voyez?

M. Cloutier : Bien, c'est de sauver le réseau qui se préoccupe de la réussite de nos élèves au Québec. C'est ça qu'on veut. Bien là, on est en train de congédier toutes les ressources, l'expertise qu'on a réussi à définir dans les dernières années. C'est ça qui est en train de tomber.

M. Poinlane (Pascal) : Mais comment précisément pensez-vous que le ministre pourrait revenir en arrière ou corriger le tir?

M. Cloutier : Bien, qu'il sorte l'argent nécessaire, qu'il investisse puis qu'il sauve les organismes. C'est à lui à mettre son pied à terre puis dire : Ça n'a pas de bon sens, ce qui est en train de se passer. Les ententes spécifiques, là, il y a une partie qui est financée par le ministère. Ces argents-là n'arrivaient pas du régional, c'étaient des ententes qui étaient négociées avec le gouvernement du Québec. Il y a donc des sommes. Qu'est-ce qu'ils font avec le secrétariat à l'action jeunesse, le 25 %, là... c'est-à-dire le 25 millions dont on vient de discuter ensemble? Cette somme-là provenait du secrétariat à l'action jeunesse. Ils font quoi maintenant avec ces sommes-là qui allaient directement... et qui servaient directement à financer les organismes d'un milieu qui s'était...

Puis ce n'est pas comme si, non plus, on n'avait pas prouvé que ça fonctionnait. Le travail de ces organismes-là sur le terrain a fait ses preuves. Évidemment, ce n'est pas juste leur travail à eux, c'est le travail des enseignants, c'est le travail des spécialistes, etc., mais le milieu, lorsqu'il se prend en main, par définition, ça donne aussi des bons résultats.

M. Poinlane (Pascal) : Et — désolé, une petite complémentaire — pouvez-vous refaire pour nous le chemin de l'effet domino, là, dont vous vous avez parlé un peu plus tôt, qui mène au manque à gagner, là? Je ne suis pas sûr que je vous ai suivi dans… des sommes qui manquent, là.

M. Cloutier : Bien, en fait, les sommes qui manquent, essentiellement, il y a une partie importante qui provenait du fonds Réunir Réussir. C'était une somme, grosso modo, de 50 millions qui était financée à même 50-50 avec le gouvernement du Québec. Mais le reste, c'était vraiment des ententes du milieu.

Donc, par exemple, la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean, que je connais mieux, signait un partenariat avec les CRE par une entente spécifique; ensuite, ils négociaient avec le forum jeunesse ou les carrefours jeunesse-emploi et recevaient d'autres sommes; ensuite, avec les commissions scolaires, les cégeps, les universités. Ça, ça pouvait combler pour un autre 50 %, grosso modo, ça variait évidemment d'une région à l'autre. Mais tout ça est en train de tomber, évidemment. Il n'y a plus de forums jeunesse, les CRE ont été abolies, les ententes spécifiques, on leur a mis fin. Alors, tout le financement de ces organismes-là est en train de tomber, et, comme il tombe, bien, les organismes tombent eux aussi. Mais ce qui est fou, c'est que tu as un ministre qui voit ça aller, là, qui reçoit ça sur une base régulière, là, qui voit les organismes qui faisaient un excellent travail et que son propre gouvernement vantait les mérites, mais il ne réagit pas. C'est ça qui n'a pas de bon sens.

Journaliste : J'aurais une question sur un autre sujet, M. Cloutier. Est-ce qu'il n'y a pas un problème dans le code d'éthique des députés, le fait qu'il permet, qu'il n'interdit pas qu'ils puissent se magasiner un emploi pendant qu'ils siègent ici, à l'Assemblée nationale, qu'ils préparent leur sortie?

M. Cloutier : Moi, j'ai vu comme vous ce matin, là, l'article auquel vous faites référence. Moi, ce qui me surprend surtout, c'est que tu as un député qui est... C'est vrai que c'est surprenant. Mais l'autre élément, c'est le fait que ça soit rendu public, un processus qui normalement est supposé être hyperconfidentiel, celui du processus d'application pour devenir un juge, soit à la Cour du Québec ou à la... J'imagine que, dans ce cas-là, ça devait être la Cour du Québec, mais encore je n'ai pas l'information. Mais le simple fait que cette information-là soit dévoilée, ça montre aussi qu'il y a un problème d'étanchéité.

Journaliste : Est-ce qu'il ne faudrait pas resserrer le code d'éthique?

M. Cloutier : On aura la chance de répondre.

La Modératrice : Une autre question sur le sujet?

Journaliste : Yes. You know, it's come out in the Journal de Montréal today that there has been a significant drop, or it's been dropping for 10 years, the number of students who are able to finish their CEGEP within two or three years. Now, these numbers date back to 2013, so before the cuts. What do you make of this information?

M. Cloutier : Well, what I'm saying is that there's also a problem of young students to be able to be... to have access to that diploma in a time period that is reasonable. I mean, that's an important subject that we need to work on and that's very important, I think, that we increase the diploma.

Journaliste : Why should you care whether it takes two or three years or more for someone to get a CEGEP degree?

M. Cloutier : Well, because we don't live in an isolated planet, and everywhere else seems to do better than here, in Québec, but, I mean, the situation is going to get worse. What we are saying right now is that there are cuts in the services for orientation, and, of course, that will have impact on the capacity of students to make good choice. And I'm very afraid that the situation is going to get worse because of the cut of this Government.

Journaliste : I also have a question on another subject. The sovereignist movement has been trying for years to deflect, to get rid of these attacks that they've gotten from some adversaries of being racist. Now, the Bloc québécois has had to pull a candidate because of support for the Front national, another one supports PEGIDA. Are you worried that these kinds of incidents might tarnish the sovereignist movement?

M. Cloutier : Well, what I'm saying… that those comments of those approval has not its place in our movement. It has to be condemned and it has to be fight. And there were no hesitation with M. Duceppe taking action, and I think he has made the right move.

La Modératrice : Merci beaucoup.

(Fin à 10 h 19)


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