(Onze heures vingt-deux minutes)
Mme David (Gouin) : Alors,
bonjour. Mme Richard et moi-même sommes très heureuses d'être entourées par des
travailleuses, travailleurs de la Côte-Nord, plus précisément du comté de Duplessis.
Donc, on parle de Sept-Îles, Port-Cartier et toute la Basse-Côte-Nord. Si nous
sommes ensemble ce matin, c'est parce que conjointement nous avons déposé une
motion en Chambre qui demande au ministre… au président du Conseil du trésor,
très clairement, là, de renoncer à son intention de couper la prime de
rétention des travailleuses et travailleurs de la Côte-Nord qui travaillent
dans les services publics.
Pour le bénéfice des gens qui nous
écoutent ou qui nous liront, c'est une prime importante, qui touche 2 500
syndiqués, hommes et femmes. C'est une prime à laquelle ils ont droit depuis 40
ans et que le gouvernement voudrait couper probablement dans toute la série,
hein, des primes et des coupes qu'il veut faire dans sa négociation avec les
travailleuses, travailleurs du secteur public.
Alors, pour moi, pour nous, c'est totalement
inacceptable. Si cette prime devait être coupée, on parle d'un appauvrissement
de 4 000 $ par année par travailleuse, travailleur. Écoutez, là, on
n'est même pas dans… il n'y a pas suffisamment d'augmentation de salaire pour
accoter le coût de la vie, on recule, on s'appauvrit. Donc, c'est parfaitement
inacceptable, et je pense que c'est important, ce matin, de dire toute notre
solidarité à l'égard des travailleuses et travailleurs.
Yvon Payeur, président du syndicat des
techniciens et professionnels de la santé et des services sociaux de la
Côte-Nord, va donc prendre tout de suite la parole, suivi de Mme Richard.
M. Payeur (Yvon) : En premier
lieu, je voudrais remercier nos deux députées ici qui nous appuient ainsi que
leurs partis. Je pense que c'est important de sentir un appui réel de nos
députés. On est ici, nous, depuis dimanche. On a fait une vigile en avant de l'Assemblée
nationale pour ramener concrètement sur la place publique l'enjeu de notre
prime d'attraction et de rétention de 8 %. Présentement, on a rencontré M.
Coiteux. On lui a expliqué clairement c'était quoi, nos attentes, c'est quoi,
les objectifs, c'est quoi que ça allait enlever si cette prime-là n'était pas
maintenue, c'est quoi, tout le processus qui reste à arriver, la rétention de
personnel qui allait venir à zéro. Ça fait que, tout ça, M. Coiteux est bien au
courant.
On a réussi à amener ça sur la place
publique, et aujourd'hui, ce qu'on sait, c'est que ça s'en va à la négociation.
Il y a 2 500 personnes sur la Côte-Nord qui vivent de l'insécurité par
rapport à cette prime-là. C'est un montant très important de leur budget. Donc,
2 500 personnes qui vivent de l'insécurité. M. Coiteux, il faut que ça
cesse, il faut avoir des réponses à ça pour rassurer nos 2 500 personnes.
Merci beaucoup.
Mme Richard : Merci. J'étais
contente ce matin de m'associer avec ma collègue la députée de Gouin pour cette
motion. Il faut savoir que, sur la Côte-Nord, présentement, la situation
économique est extrêmement difficile. La prime de rétention, c'est
10 millions, 10 millions qui servent à la région de Sept-Îles et de
Port-Cartier. C'est 10 millions de plus dans la poche des travailleurs et
des travailleuses de la fonction publique. Cette prime, c'est une prime de
rétention, c'est une prime aussi pour du recrutement. Le coût de la vie est
extrêmement élevé sur la Côte-Nord. Juste en coûts de construction d'une
maison, c'est près de 30 % de plus que n'importe quel endroit au Québec.
Donc, cette prime-là, il y a un historique derrière tout ça.
Et c'est vraiment dommage que le président
du Conseil du trésor ne comprenne pas l'importance, pour les gens de Sept-Îles
et de Port-Cartier… Enlever cette prime-là va faire un mal considérable à la
région. On a déjà des gens qui sont extrêmement inquiets, qui pensent à
quitter, et c'est difficile, le recrutement, dans une région comme la mienne.
Donc, moi aussi, je lance un appel à M. Coiteux, le président du Conseil du
trésor, pour qu'il regarde la situation de près et que les gens chez nous
puissent conserver cette prime. Ce qu'il faut savoir, c'est que, si cette prime
devait être annulée, en bout de piste, en 2019, les gens de Port-Cartier et de
Sept-Îles qui sont touchés, ce serait 5 % de moins que ce qu'ils font
comme salaire aujourd'hui. C'est inadmissible.
M. Poinlane (Pascal)
:
Je n'ai pas vraiment de question là-dessus.
Mme David (Gouin) : Non?
J'aimerais peut-être ajouter… parce qu'en fait ce sont les travailleurs qui me
l'ont dit. On apprend toujours à rencontrer les gens des régions. Il y a une
raison pour laquelle elle existe, cette prime de rétention. Il y a, bien sûr,
l'éloignement, les prix très élevés, etc., mais il y a aussi la compétitivité
des salaires, de la rémunération dans le secteur public par rapport aux grandes
entreprises minières, par exemple, qui sont sur la Côte-Nord. Ce n'est pas si
facile, faire du recrutement. Par exemple, on me disait, un comptable sur la
Côte-Nord qui travaille à son compte va gagner beaucoup plus d'argent qu'un
professeur de comptabilité au cégep. Et il y a plein de domaines comme ça où ça
n'est pas facile de recruter et de garder des gens.
Alors, si, en plus, on leur dit : Il
n'y a plus de prime de rétention, comme disait Lorraine, il peut y avoir des
départs de travailleuses, travailleurs vers des centres où c'est plus facile,
où les prix sont moins élevés, etc., et là on touche aussi à la qualité des
services publics. Alors, ça, il faut y penser aussi. Voilà, c'est ce que je
voulais ajouter.
M. Poinlane (Pascal)
:
Combien le gouvernement économise-t-il avec cette...
Mme David (Gouin) :
10 millions.
Mme Richard :
10 millions.
Mme David (Gouin) : Bon. Quand
on sait qu'il est capable de donner 200 millions aux minières,
400 millions à la cimenterie de Port-Daniel, il m'apparaît que
10 millions aux travailleuses, travailleurs de la Côte-Nord, ce n'est pas
énorme.
Mme Richard : Moi, j'aimerais...
Oui, j'aimerais que le président du Conseil du trésor regarde cette situation
pour les travailleurs et les travailleuses de la région Côte-Nord comme le
ministre de la Santé, M. Barrette, l'a fait quand il a négocié avec les
médecins. C'est deux poids, deux mesures.
M. Poinlane (Pascal)
:
Est-ce que cette prime-là existe pour d'autres régions?
Mme Richard : Non. Non.
M. Poinlane (Pascal)
:
C'était uniquement pour la Côte-Nord.
Mme Richard : Exactement, parce
qu'on a des spécificités qui sont propres. Vous savez, si je vous donne
l'exemple de Blanc-Sablon, vous avez une prime d'éloignement. Ce n'est pas la
même chose que la prime de rétention et la prime de recrutement. C'est
complètement différent.
(Fin à 11 h 29)